Le Port de la drogue (Samuel Fuller - 1953)
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Le Port de la Drogue de Samuel Fuller.
Il n'y est absolument pas question de drogue, ni de port, mais d'"activités anti-américaines" comme aurait dit ce cher Joseph McC. Je pense que je reparlerai du film de façon plus développée lorsque je l'aurai revu, car la vision sans cesse interrompue que je viens de subir était loin d'être optimale.
Reste que même les pires conditions de visionnage ne peuvent endommager l'aura et le magnétisme de ce film admirable, remarquablement photographié, nerveux, sec, âpre et très violent. J'ai toujours adoré Richard Widmark, mais avec ce film, il monte encore dans mon estime. C'est un acteur époustouflant. Le couple qu'il forme avec Jean Peters dans le film est l'un des plus électriques et des plus fascinants du cinéma. Leur premier face-à-face, leur premier baiser est un sommet de tension érotique et de sensualité.
Il n'y est absolument pas question de drogue, ni de port, mais d'"activités anti-américaines" comme aurait dit ce cher Joseph McC. Je pense que je reparlerai du film de façon plus développée lorsque je l'aurai revu, car la vision sans cesse interrompue que je viens de subir était loin d'être optimale.
Reste que même les pires conditions de visionnage ne peuvent endommager l'aura et le magnétisme de ce film admirable, remarquablement photographié, nerveux, sec, âpre et très violent. J'ai toujours adoré Richard Widmark, mais avec ce film, il monte encore dans mon estime. C'est un acteur époustouflant. Le couple qu'il forme avec Jean Peters dans le film est l'un des plus électriques et des plus fascinants du cinéma. Leur premier face-à-face, leur premier baiser est un sommet de tension érotique et de sensualité.
- Seriez-vous lâche. Je connais vos griffes puissantes. Accrochez-les dans la vie. Défendez-vous! Effrayez la mort.
- Belle, si j'étais un homme, sans doute je ferais les choses que vous me dites. Mais les pauvres bêtes qui veulent prouver leur amour ne savent que se coucher par terre et mourir.
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Pickup on South Street (Le port de la drogue) - Samuel Fuller - 1953 - 4/10
Un film noir avec une fin heureuse, n'est-ce pas antinomique? Il est vrai que la fin n'est pas heureuse pour tout le monde. Plus qu'un film noir, il s'agit là d'une oeuvre à visée politique (de la propagande disons-le tout net), un film anti-reds. Et l'attaque, pour être primaire, se pose là, particulièrement grossière. Thelma Ritter l'avoue elle même : "je ne sais rien des communistes, mais ce que je sais, c'est que je les aime pas." La messe est dite.
Sinon, l'intrigue sent un peu le faisandé. La vision des communistes par Hollywood n'est pas la seule approximation.
La caméra par contre est assez bien utilisée, quelques plans sont dignes d'intérêt, voire jolis.
La mise en scène laisse à désirer. Jean Peters se laisse souvent aller, en fait des caisses, bien trop. Widmark fait peur, n'a rien d'un héros sympathique, on se demande qui sont les bad-guys et sans nul doute que Fuller avait d'autres espérances. Les tueurs comme les bagarres sont ridicules.
Seul Thelma Ritter surnage dans ce qui n'est pas loin d'être de la médiocrité. Son personnage bien noir, bien désespéré et fatigué trouve grace à mes yeux avec infiniment plus de crédibilité et de justesse.
D'aucuns évoquent le réalisme social mordant que Fuller dépeint. Est-ce suffisant? Pour ma part, non.
PS. Le titre français n'a rien à voir avec l'intrigue. Reliquat de la censure politique française tout aussi crétine de l'époque. Fallait pas taper sur les communistes : la version française a été expurgée du microfilm, remplacé par de la drogue.
Un film noir avec une fin heureuse, n'est-ce pas antinomique? Il est vrai que la fin n'est pas heureuse pour tout le monde. Plus qu'un film noir, il s'agit là d'une oeuvre à visée politique (de la propagande disons-le tout net), un film anti-reds. Et l'attaque, pour être primaire, se pose là, particulièrement grossière. Thelma Ritter l'avoue elle même : "je ne sais rien des communistes, mais ce que je sais, c'est que je les aime pas." La messe est dite.
Sinon, l'intrigue sent un peu le faisandé. La vision des communistes par Hollywood n'est pas la seule approximation.
La caméra par contre est assez bien utilisée, quelques plans sont dignes d'intérêt, voire jolis.
La mise en scène laisse à désirer. Jean Peters se laisse souvent aller, en fait des caisses, bien trop. Widmark fait peur, n'a rien d'un héros sympathique, on se demande qui sont les bad-guys et sans nul doute que Fuller avait d'autres espérances. Les tueurs comme les bagarres sont ridicules.
Seul Thelma Ritter surnage dans ce qui n'est pas loin d'être de la médiocrité. Son personnage bien noir, bien désespéré et fatigué trouve grace à mes yeux avec infiniment plus de crédibilité et de justesse.
D'aucuns évoquent le réalisme social mordant que Fuller dépeint. Est-ce suffisant? Pour ma part, non.
PS. Le titre français n'a rien à voir avec l'intrigue. Reliquat de la censure politique française tout aussi crétine de l'époque. Fallait pas taper sur les communistes : la version française a été expurgée du microfilm, remplacé par de la drogue.
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Perso j'ai adoré.
C'est souvent grossier, nettement caricatural, mais l'essentiel n'est pas là. Fuller filme comme personne, ses acteurs savent jouer avec classe, et son film est d'une inventivité constante. Alors bon d'accord, il faut sûrement déjà avoir une âme de déviant pour aimer ce film, mais nerd comme je suis j'ai pris mon pied de bout en bout. Bref un film excessif, auquel on peut ne pas accrocher (c'est vrai que la charge anti-rouge a autant de finesse qu'un tractopelle Caterpillar), mais qui emporte toute mon adhésion.
Les scènes de vols dans le métro et la brève baston finale sont des modèles du genre.
C'est souvent grossier, nettement caricatural, mais l'essentiel n'est pas là. Fuller filme comme personne, ses acteurs savent jouer avec classe, et son film est d'une inventivité constante. Alors bon d'accord, il faut sûrement déjà avoir une âme de déviant pour aimer ce film, mais nerd comme je suis j'ai pris mon pied de bout en bout. Bref un film excessif, auquel on peut ne pas accrocher (c'est vrai que la charge anti-rouge a autant de finesse qu'un tractopelle Caterpillar), mais qui emporte toute mon adhésion.
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"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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+1Joe Wilson a écrit :De toute façon, la charge anti-rouge n'est absolument pas une finalité. C'est un choix scénaristique assumé, mais en aucun cas cela ne devient l'essentiel du propos.
D'ailleurs je ne sais pas si Fuller voulait vraiment offrir un propos via son film.
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J'ai effacé malencontreusement mon premier message.MJ a écrit :+1Joe Wilson a écrit :De toute façon, la charge anti-rouge n'est absolument pas une finalité. C'est un choix scénaristique assumé, mais en aucun cas cela ne devient l'essentiel du propos.
D'ailleurs je ne sais pas si Fuller voulait vraiment offrir un propos via son film.
Fuller défend surtout dans Pickup on South Street l'honneur des humbles, des solidarités individuelles (Widmark/Peters/Ritter) dans un univers urbain qui les rejette et les méprise dans leur marginalité.
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Entièrement d'accord, mais est-ce vraiment un propos.
Moi je le perçois plutôt comme un commentaire qui "transpire" de lui, que comme une véritable thèse. Enfin bon, là n'est pas l'essentiel.
Moi je le perçois plutôt comme un commentaire qui "transpire" de lui, que comme une véritable thèse. Enfin bon, là n'est pas l'essentiel.
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Il est sûr qu'on n'est pas dans un film à thèse.MJ a écrit :Entièrement d'accord, mais est-ce vraiment un propos.
Moi je le perçois plutôt comme un commentaire qui "transpire" de lui, que comme une véritable thèse. Enfin bon, là n'est pas l'essentiel.
Mais j'utilise le terme "propos" dans un sens assez large : ce qui se dégage de la vision du film, ce qu'on peut en retirer...tout en sachant que Pickup on South Street procure un plaisir immédiat et une émotion qui se suffisent à eux-mêmes.
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Petite question encore, je me sens d'humeur tatillone:
Un film qui se termine bien est-il forcément mièvre ou optimiste?Alligator a écrit :Un film noir avec une fin heureuse, n'est-ce pas antinomique? Il est vrai que la fin n'est pas heureuse pour tout le monde. [...]
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Pardon, je me suis mal exprimé. Je voulais parler du genre. "Film noir" en tant que genre.MJ a écrit :Petite question encore, je me sens d'humeur tatillone:
Un film qui se termine bien est-il forcément mièvre ou optimiste?Alligator a écrit :Un film noir avec une fin heureuse, n'est-ce pas antinomique? Il est vrai que la fin n'est pas heureuse pour tout le monde. [...]
Pour le reste :
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Alligator, MJ, vos commentaires sur Le port de la drogue me font halluciner (normal vu le titre, hu hu). Là où vous parlez d'intrigue taillée à la serpe et de personnages peu crédibles, moi je vois une histoire épurée (ce qui est généralement une des marques de fabrique de Fuller) centrée sur la faune poisseuse des bas-fonds. On n'est pas dans un film "à message", mais bel et bien dans une course-poursuite/visite guidée de ce microcosme. Tout dépend ensuite de quelle quantité d'information vous avez besoin pour vous laisser embarquer, en fait: moi il m'en faut très peu, ça peut ne reposer que sur d'infimes détails, et Fuller me les donne.
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Pour embarquer il m'aurait fallu de la viande, du corps chez les personnages. Du réel. Je n'y ai vu que des images, des transparences. Sauf encore une fois avec Ritter. Widmark et Peters m'ont semblé presque vides, toc, plaqués sur des idées, pas sur une réalité sociale. J'ai pas vu les bas fonds poisseux j'y ai vu des acteurs qui font semblant.
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Re: Notez les films d'avril 2008
Revu Le Port de la Drogue de Samuel Fuller.
ça c'est du chef d'oeuvre qui ne vieillit pas d'un poil malgré son sujet anti-rouge. Richard Widmark (son meilleur rôle?) et Jean Peters sont exceptionnels, cette dernière ne s'est d'ailleurs pas ménagée pour le rôle: elle se prend une de ses roustes et n'est clairement pas doublée. Il y a une vraie violence et une sensualité incroyables pour l'époque.
Et puis la mise en scène de Fuller, moderne, vive et d'une grande économie: il suffit de voir la légendaire scène d'introduction du film (pas encore vu le bonus où Fuller commente cette scène mais j'en bave d'avance) ou
Vivement que certains de ses autres films des années 50 sortent enfin en DVD: Underworld USA, Park Row, Run of the Arrow (il semble qu'une édition Z2 UK existe mais qu'elle soit épuisée).
ça c'est du chef d'oeuvre qui ne vieillit pas d'un poil malgré son sujet anti-rouge. Richard Widmark (son meilleur rôle?) et Jean Peters sont exceptionnels, cette dernière ne s'est d'ailleurs pas ménagée pour le rôle: elle se prend une de ses roustes et n'est clairement pas doublée. Il y a une vraie violence et une sensualité incroyables pour l'époque.
Et puis la mise en scène de Fuller, moderne, vive et d'une grande économie: il suffit de voir la légendaire scène d'introduction du film (pas encore vu le bonus où Fuller commente cette scène mais j'en bave d'avance) ou
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Vivement que certains de ses autres films des années 50 sortent enfin en DVD: Underworld USA, Park Row, Run of the Arrow (il semble qu'une édition Z2 UK existe mais qu'elle soit épuisée).
Dernière modification par AtCloseRange le 1 mars 09, 12:43, modifié 1 fois.
Meilleur topic de l'univers
https://www.dvdclassik.com/forum/viewto ... 13&t=39694
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Re: Notez les films d'avril 2008
oui, surtout le premier.AtCloseRange a écrit : Vivement que certains de ses autres films des années 50 sortent enfin en DVD: Underworld USA, Park Row, Run of the Arrow (il semble qu'une édition Z2 UK existe mais qu'elle soit épuisée).