Edward G Robinson (1893-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Julien Léonard »

Guerre au crime (Bullets or ballots) - Réalisé par William Keighley / 1936 :

Image

Dans la veine du film anti-gangsters du milieu des années 30 (après l'instauration du code Hays, plus question de monter en épingle des films de gangsters violents), William Keighley a trouvé une place de choix. Après un G-Men ultra-efficace et stylisé (un écrin parfait pour James Cagney, le dur d'entre les durs), la Warner relance le principe avec Guerre au crime l'année suivante. Divertissement musclé dans lequel Edward G. Robinson s'en donne à coeur joie. Moins musclé mais tout aussi solide que G-Men, ainsi que détenteur d'un fond thématique plus fort, voilà un film policier fonceur et sans fioriture, décrivant une époque pleine de sarcasmes et socialement instable. Un flic infiltré démantèle un réseau de criminels et autres gangsters de la pire espèce, jusque dans les arcanes du pouvoir : chaud devant, Robinson va faire le ménage ! Autour de lui, Humphrey Bogart (nouvellement sous contrat avec la Warner, et du coup abonné aux rôles de gangsters) et la charmante Joan Blondell apportent leur abattage habituel. Une nouvelle fois, j'ai envie de dire que oui, Keighley n'est ni Curtiz ni Walsh, ni même Litvak, mais qu'il s'érige facilement dans le réseau des meilleurs techniciens de la Warner à l'époque. Entre 1935 et 1945, il va connaitre sa meilleure période et signer des films alertes, jouissifs, bien fichus et impressionnants. Son savoir-faire, mélange abrupt d'une excellente connaissance des techniques et d'une rythmique savamment orchestrée, fait de lui un artisan de premier ordre. Pas inoubliable, mais du solide !
Image
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24136
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Rick Blaine »

Comme souvent, et notamment pour Keighley, je suis pleinement d'accord avec toi. Le scénario de ce film est excellent, le traitement de Keighley est très efficace, ce film à franchement tout pour plaire.
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Julien Léonard »

Rick Blaine a écrit :Comme souvent, et notamment pour Keighley, je suis pleinement d'accord avec toi. Le scénario de ce film est excellent, le traitement de Keighley est très efficace, ce film à franchement tout pour plaire.
De la production courante, mais rondement menée. Avec ça, tu passes une soirée idéale ! :wink:
Image
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Ann Harding »

Image
Two Seconds (1932, M. LeRoy) avec Edward G. Robinson, Vivienne Osborne et Preston Foster

John Allen (E.G. Robinson), un ouvrier du bâtiment, a été condamné à mort par électrocution. Il se souvient juste avant son exécution des événements qui l'ont mené là. Tout a commencé avec sa rencontre avec Shirley (V. Osborne) une employée dans un dancing-hall...

Ce film de 67 min offre à Edward G. Robinson un rôle en or. Il est un simple ouvrier travaillant à la construction de gratte-ciel en binôme avec son ami Bud (P. Foster). Leur vie n'est guère passionnante, rythmée par le travail et des loisirs qui vont des paris au courses à la rencontre de filles. Robinson est d'ailleurs réticent. Il mène une vie sobre et réglée. Lui qui se croyait au-dessus de tout, va tomber dans les filets de Shirley (V. Osborne), une fille qu'on paie 5 cents pour danser avec. Elle le fait boire jusqu'à ce qu'il soit ivre mort. Les petits détails sont capitaux et pour cette scène, ils vont dans un speakeasy où l'alcool est servi dans une théière, comme on le faisait souvent durant la prohibition. Elle le traine ensuite chez un juge de paix qui les marie alors que John est à moitié inconscient. Puis, John va provoquer la mort de son ami Bud suite à une dispute. Il va sombrer dans la dépression incapable de reprendre son travail. Robinson joue remarquablement cette descente aux enfers d'un pauvre type désespéré qui ne supporte plus d'être un objet face à Shirley qui se moque de lui. Perdu dans sa folie, il va la tuer. Robinson occupe l'écran durant de longues minutes face au jury, écalairé par un spot comme au théâtre, alors qu'il explose émotionnellement, incapable de se contrôler. En voyant le film, je me suis rappelée de Fast Workers (1933, T. Browning) qui se déroule dans le même milieu de la construction et qui offre des similarités: deux amis séparés par une fille vénale (jouée par Mae Clarke). Mais, le film est postérieur et peut-être inspiré de celui-ci. Two Seconds est surtout l'occasion d'un formidable récital d'Edward G. Robinson, un acteur comme on n'en fait plus.
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24136
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Rick Blaine »

Ann Harding a écrit : Two Seconds est surtout l'occasion d'un formidable récital d'Edward G. Robinson, un acteur comme on n'en fait plus.

C'est également ce que j'ai pensé, c'est vraiment lui qui fait le film, il y est époustouflant!!
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Julien Léonard »

Le mystérieux docteur Clitterhouse (The amazing doctor Clitterhouse) - Réalisé par Anatole Litvak / 1938 :

Image

Une très jolie surprise que ce film de gangsters méconnu et original. Non dénué d'humour et de corrosion, le récit revient sur pas mal de questions morales tout à fait intéressantes. Du suspense, du rythme, une excellente mise en scène d'Anatole Litvak et un style Warner pur jus totalement jouissif (montage rapide, très bonne dynamique de l'histoire, dialogues vifs, répliques piquantes...). Reste aussi une distribution classe (Humphrey Bogart dans l'un de ses nombreux rôles de gangsters interchangeables des années 1930, Claire Trevor un peu sous-exploitée...) dominée par le toujours exceptionnel Edward G. Robinson. Cet acteur là est définitivement l'un des plus grands de son époque, l'avoir dans un film est un gage de qualité. Sa prestation toute en retenue est ici impressionnante.

On a vu plus agressif dans le genre à la Warner, mais rarement plus fou... et la fin en dit long sur l'état des institutions et la faculté de séparer un esprit sain de la folie dangereuse. Une étude clinique du milieu du gangstérisme qui finit dans un immense cloaque d'anarchie où la loi reste rivée sur ses paradoxes. Étonnant et totalement réussi.

----------

Larceny, Inc - Réalisé par Lloyd Bacon / 1942 :

Image

Un film de gangsters façon comédie, voire même screwball ! Pas toujours raffiné ni cohérent dans son déroulement, le film ne se veut de toute façon pas un chef-d'oeuvre. La mise en scène de Lloyd Bacon est efficace, sans génie notable, et le rythme bon enfant est soutenu tout du long. Là où le film fonctionne vraiment, c'est d'abord sur ses dialogues, très bien écrits, très drôles, avec pas mal de répliques à retenir, et ensuite sur ses situations en règle générale grotesques et à l’enchaînement enlevé. La prestation d'Edward G. Robinson est à elle seule un monument, comme toujours, mais il prouve ici qu'il peut assurer un rôle comique avec saveur et bon goût. En gangster dur à cuire et hargneux, mais aussi cupide et pressé, il fait des miracles : le plan où il s'affole pour demander à son acolyte de ranger son revolver dans la maroquinerie est hilarant, et l'emballage cadeau qu'il expédie à un client qu'il veut mettre dehors est tout simplement un moment d'anthologie. Les secondes rôles sont savoureux et l'on regrettera juste les apparitions d'un Jack Carson sous-employé. Sur un schéma que reprendra un film tel que Faites sauter la banque (avec De Funès, si si !), avec le projet de creuser une galerie jusque sous la banque voisine pour commettre un vol, Larceny, Inc brasse les scènes rocambolesques avec bonheur (le tuyau d'arrivée d'eau qui éclate, les travaux dans la rue, le bruit du marteau-piqueur qu'il faut étouffer...) et s'avère en fin de compte rondement mené et très agréable à suivre. En tout cas, j'ai eu pas mal de fous rires avec cette très bonne comédie.
Image
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Ann Harding »

Image
A Lady To Love (1930) de Victor Sjöström avec Edward G. Robinson, Vilma Banky et Robert Ames

Tony Patucci (E.G. Robinson) est viticulteur dans la Napa Valley en Californie. En visite à San Francisco, il remarque une jeune serveuse, Lena (V. Banky) et en tombe amoureux. Il lui envoie une lettre pour lui proposer de l'épouser. Mais, au lieu de joindre sa photo, se trouvant trop vieux et trop laid, il met celle de son ami Buck (R. Ames). Lena accepte et arrive à Napa...

En 1925, Sidney Howard, un dramaturge réputé de Broadway, avait écrit une pièce à succès They Knew What They Wanted qui reçut le prix Pulitzer. Dès 1928, le cinéma s'en empare avec une première adaptation muette de Rowland V. Lee, The Secret Hour, avec Pola Negri et Jean Hersholt. En 1930, Victor Sjöström réalise son premier film parlant à Hollywood avec A Lady To Love. Il repartira pour l'Europe immédiatement après. On sent que le grand Victor se désintéresse de ce cinéma parlant où les contraintes imposées par l'ingénieur du son doivent être écrasantes. Même si le montage est parfois assez bancal, la direction d'acteurs montre que Sjöström connait bien son métier. La pièce de Howard s'intéresse à un homme d'âge mûr qui cherche à se marier avec une femme bien plus jeune que lui. Il lui offre cependant une vie confortable dans sa maison de la Napa Valley comparée à celle qu'elle avait dans un petit restaurant populaire de San Francisco. Mais, Tony a trop peur de lui déplaire et préfère utiliser la photo de son ami Buck pour attirer la belle. Le choc est brutal lorsqu'elle arrive et qu'elle découvre que son futur époux n'est pas tout jeune et ne ressemble guère à la photo. Lena est furieuse contre Buck qui s'est prêté à cette masquarade, croit-elle. Mais, elle va néanmoins épouser Tony, bien que celui-ci soit immobilisé par une double fracture des jambes. Le soir-même de ses noces, Lena succombe au charme de Buck. Tony réalisera son infortune, mais lui demandera quand même de rester. Dans ce rôle fort en gueule, Edward G. Robinson utilise un accent italien à couper au couteau, et qui n'est pas très convaincant (pas plus que dans Tiger Shark !). Mais, Edward fait un numéro de cabotinage suffisamment carabiné pour qu'on s'intéresse à lui. Il remplit l'écran de sa forte présence, même s'il est couché durant une bonne partie du film. Face à lui, on pourrait craindre que la blonde hongroise Vilma Banky ne fasse pas le poids. En fait, pas du tout, elle réussit l'exploit de lui tenir tête et montre qu'elle n'avait pas grand chose à craindre du cinéma parlant. Vilma Banky avait été importée à Hollywood par Samuel Goldwyn en 1925 pour être la partenaire de Ronald Colman. Elle fut aussi la partenaire de Rudolph Valentino dans deux films, dont l'excellent The Eagle (L'Aigle noir, 1925). Dès sa première scène, on voit que sa voix grave et posée passe superbement au micro. Son accent, loin d'être rédhibitoire, lui donne un charme équivalent à celui de Garbo. Evitant toute emphase théâtrale, elle donne la réplique du tac au tac à un Robinson déchaîné auquel elle fait une toilette décapante dans son lit. Le film profite de ces années où la censure est légère pour nous montrer l'attraction entre Lena et Buck, bien que celle-ci soit mariée. Le ton du film reste assez léger et se termine par une réconciliation entre les deux époux mal assortis. Ce film est une vraie curiosité dans la carrière de Sjöström et de Robinson.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Supfiction »

Image
Hell on Frisco Bay de Frank Tuttle (1955)

L'argument :
Steve Rollins, policier, vient de purger deux ans de prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis. Libéré sur parole, il se met illico en quête du véritable coupable avec une seule et unique idée en tête : le tuer. Rien ni personne ne parvient à entamer sa détermination. Très vite, Steve se retrouve sur la piste d'un truand notoire, Amato. Ce dernier rackette impitoyablement les pêcheurs de la baie de San Francisco et le fils de l'un d'eux finit par le dénoncer comme le responsable du fameux meurtre. Rien ne va plus dans le gang d'Amato lorsqu'il abat un des gangsters travaillant à sa botte...

Edward G. Robinson est une nouvelle fois très impressionnant dans ce film même si d'après ce que j'ai lu, l'acteur était quelque-peu lassé de ce genre de rôle. Face à lui, un Alan Ladd déjà quelque-peu bouffie par l'alcool, si je ne m'abuse, mais plutôt convaincant et brutal comme il faut pour ce rôle même quand s'agit d'assommer des malabars à coups de poings, et ce en dépit de son petit gabarit. Ce n'est certes pas James Cagney mais il assure tout de même Alan et prouve qu'il n'était pas qu'une belle gueule. Il met même une dérouillée à un tout jeune Rod Taylor dans une arrière salle. Et il n'est pas plus tendre avec les femmes par moments, qu'il s'agisse de Joanne Dru (sa femme) ou de Jayne Mansfield (même pas créditée au générique) qu'il remet à sa place. Mais dans le genre brutal, le roi c'est bien sur Edward G. Robinson qui va même jusqu'à cogner Joanne Dru qui l'avait traité de paysan, insulte suprême!

Ladd venait de fonder en 1954 sa compagnie de production, Jaguar, avec le réalisateur Frank Tuttle.
Les deux hommes ne firent d'ailleurs pas de vieux os puisqu'ils disparurent 8 ans après seulement.
En 1951, Tuttle et Edward Dmytryk ont été "contraints" de dénoncer Jules Dassin comme étant un collègue communiste. Tuttle a été profondément marqué par cet épisode tragique.

De fait, un certain malaise se dégage de ce film crépusculaire, à l'image du personnage d'Alan Ladd préférant dormir à l’hôtel et ne pouvant rentrer chez lui ni regarder sa femme qui n'a pas pu attendre, restée sans nouvelle pendant les trois ans de son incarcération.
Image
La mise en scène est très discrète. Trop même, le film manquant cruellement de rythme, la faute il me semble aux trop nombreux dialogues entre mafieux.. pour tout dire je me suis endormi et j'ai du m'y prendre à deux fois pour finir alors que le film ne dure qu'une heure et demi. Dommage parce que la confrontation Ladd-Robinson vaut le coup. Malheureusement les deux acteurs ont très peu de scènes en commun, hormis le final qui se termine sur un port (comme dans L'affaire de la 99ème rue) avec une ultime scène d'action, monumentale (pour l'époque), sur un hors-bord et qui semble tout droit sortie d'un James Bond (ou du troisième Indiana Jones).
Image
Dernière modification par Supfiction le 12 juin 14, 22:04, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22217
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Les yeux de la nuit "Night Has a Thousand Eyes" (1948)

Message par Supfiction »

Image
Les yeux de la nuit "Night Has a Thousand Eyes" (1948)

Edward G.Robinson incarne John Triton, un mentalist (comme on dit désormais) qui exerce ses talents de voyant dans des spectacles de cabaret, avec ses partenaires Jenny et Whitney Courtland. Mais, un jour, il s'aperçoit que son cerveau est traversé par des visions de mort. En effet, plusieurs de ses prédictions se réalisent. Bientôt, il voit que Jenny, qu'il aime, doit mourir suite à son premier accouchement. Il décide alors de la quitter sans rien dire et de se retirer du monde, mais vingt ans plus tard, il revoit la fille de Jenny, orpheline de sa mère dès sa naissance...

Ce film est une sorte de croisement (cross-over comme on dit désormais) entre le film noir et le film fantastique, puisque jusqu'au bout tout est possible et le spectateur est poussé à entretenir le doute sur la véritable personnalité de John Triton.
Tout est trouble. Et les rôles antécédents de Robinson donnent de l'épaisseur à ce trouble. Est-il un dément ou un vrai voyant ? Un escroc diabolique convoitant la fortune de la fille de Jenny/Gail Russell ou un pauvre bougre héros sacrifié ? John Triton semble pourtant en apparence habité par le pressentiment de la fin, comme si un fatum inéluctable pesait sur lui..

Pas de doute pourtant, on est totalement dans les thématiques du noir.. bien qu'on ne soit un peu aussi dans la lignée des fantastiques français des années 40 (La main du diable, La beauté du diable, etc).

Même si j'ai un faible pour G. Robinson en chef mafieux plutôt qu'en loser pathétique (comme dans les deux Fritz Lang), l'acteur délivre ici une nouvelle fois ici une superbe prestation en incarnant cet homme déchiré par un don envahissant et des visions morbides, et qui tente désespérément d'empêcher l'inéluctable.

Le côté jouissif du film réside dans le fait que plus les protagonistes essayent d'empêcher les événements, plus ils semblent les provoquer involontairement. La scène où les policiers déplacent un pot de fleur pour ne pas que la vision de Robinson (un meurtre, une fleur écrasée et un vase brisé) se réalise, et qui de fait font tomber le vase avec les fleurs et écrasent l'une d'elles, est pour le moins savoureuse même si on le voit venir gros comme une maison.

On ne s'ennuie donc pas une seconde grâce à son casting (la douce Gail Russell, John Lund son amant forcement dubitatif et surtout Edward G. Robinson), une construction solide (commençant par un flashback) et un suspense (gentiment) angoissant à peu près maintenue jusqu'à la fin.

Image
Image
Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Jeremy Fox »

Blackmail de HC Potter 1936

Film vif et spectaculaire de la MGM dans lequel le comédien principal interprète un ex-taulard évadé qui est devenu (sous une fausse identité) un 'pompier volant', éteignant les incendies les plus violents (ceux des derricks notamment) grâce à son inventivité et son courage. Un ancien 'compagnon' de chaine vient le faire chanter mais, ne voulant pas trop rentrer dans la combine, notre héros se retrouve une nouvelle fois au bagne... Un scénario assez rocambolesque et parfois difficilement crédible mais bien enlevé et sans temps morts. Bonne interprétation d'ensemble, mise en scène correcte : un honnête divertissement.
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24136
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :Blackmail de HC Potter 1936

Film vif et spectaculaire de la MGM dans lequel le comédien principal interprète un ex-taulard évadé qui est devenu (sous une fausse identité) un 'pompier volant', éteignant les incendies les plus violents (ceux des derricks notamment) grâce à son inventivité et son courage. Un ancien 'compagnon' de chaine vient le faire chanter mais, ne voulant pas trop rentrer dans la combine, notre héros se retrouve une nouvelle fois au bagne... Un scénario assez rocambolesque et parfois difficilement crédible mais bien enlevé et sans temps morts. Bonne interprétation d'ensemble, mise en scène correcte : un honnête divertissement.
Ca a l'air chouette ce truc!En tous cas Robinson dans un film bien enlevé, ca a tout pour me divertir.
C'est édité quelque part?
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :C'est édité quelque part?
Je ne sais pas ; je ne sais même plus par quel biais il est arrivé chez moi :oops:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Notez les films naphtas de décembre 2008

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit :Illegal ( le témoin à abattre – Lewis Allen - 1955 )
Très bon film noir qui repose sur un scénario excellent et un Edward G Robinson dans l’un de ses meilleurs rôles.
L’histoire est celle d’un procureur qui condamne à la chaise électrique un homme qui se révélera innocent trop tard. Sous le poids de la culpabilité, il démissionne, sombre dans l’alcoolisme puis décide de défendre et de faire libérer tous les hommes venant le voir, même des crapules notoire.

Le script est vraiment bien dosé, assez intelligemment écrit tout en réservant bien sûr des péripéties bien divertissantes mais toujours exploitées en tenant compte des personnages ( la fausse histoire d’amour, les méthodes de Robinson pour faire innocenter ses clients, la course contre la montre finale, la conclusion ouverte ).
Ca donne un film sans temps mort et bien rythmé. Bien sur ce n’est pas la réalisation du siècle mais Allen sait placer sa caméra où il faut, sait maitriser la narration dense et surtout il montre qu’il respecte ses personnages.
Excellente série B. ( bon, on va encore dire que je fait du pléonasme :mrgreen: )

Pas mieux. Ah si, il ne faudrait pas oublier non plus ce casting de seconds rôles 4 étoiles (Hugh Marlowe, Albert Dekker, Edward Platt, Nina Foch, l'inquiétant Jan Merlin...) ni les excellents dialogues. Une très belle réussite du film noir dont j'aime beaucoup l'aspect un peu documentaire de la mise en scène.
Geoffrey Carter
Doublure lumière
Messages : 317
Inscription : 9 avr. 14, 15:57

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par Geoffrey Carter »

Tiger Shark (Le Harpon Rouge) 1932

Image
Scénario : Wells Root et John Lee Mahin, d’après Tuna de Houston Branch ; Photographie : Tony Gaudio ; Montage : Thomas Pratt ; Musique : Leo B. Forbstein ; Décors : Jack Okey ; Consultant pour la pêche en mer : capitaine Guy Silva ; Réalisateur seconde équipe : Richard Rosson ; Durée : 80 minutes pour une production First National Picture-Vitaphone pour Warner Bros.

Interprétation : Edward G. Robinson (Mike Mascarenas), Richard Arlen (Pipes), Zita Johann (Quita Silva).

Darryl F. Zanuck, dirigeant de la First National Warner Bros est globalement satisfait du travail d’Hawks depuis son arrivée aux studios et particulièrement de The Crowd Roars. Il lui propose donc de travailler avec Edward G. Robinson, l’une des principales vedettes de la firme après son interprétation du Petit César de Mervyn LeRoy. Hawks tourne alors Le Harpon Rouge (Tiger Shark). Avec ce film, le cinéaste se sépare pour la première fois depuis 1929 de Seton I. Miller, son scénariste attitré. Ce sont Wells Root et John Lee Mahin qui adaptent Tuna, une histoire d’Houston Branch (1899-1968), écrivain américain qui collabora aux scénarios de plus de cinquante films entre 1927 et 1958.

Mike Mascarenas et Pipes Boley sont deux pêcheurs de thon dans l’Océan Pacifique. Au cours d’une tempête, un requin arrache la main de Mike, qui est contraint à porter un crochet comme prothèse. Plus tard, lors d’une nouvelle expédition, un marin, Silva, est dévoré par les squales. Mike rend visite à la fille de la victime, Quita, dont il tombe amoureux. Il réussit à la séduire et finit par l’épouser. Après leur mariage, Quita comprend qu’elle aime Pipes et lui avoue. Ils entament une relation adultère. Cependant, Pipes est blessé à son tour au cours d’une pêche. Mike l’oblige à se faire soigner par Quita. Une fois son ami guéri, Mike emmène les deux amants en mer. Malheureusement pour eux, il les surprend échangeant un baiser…
Image
Profitant d’un scénario rappelant fortement A Girl in Every Port, Hawks tourne une version inversée et dramatisée de son œuvre précédente, là où le film muet ressemblait plutôt à une comédie. Cependant ici, la mutilation et le handicap sont les noyaux essentiels du récit. Mike est un homme frustré, son amputation exprimant d’autant mieux son caractère. Mais Quita et Pipes sont perturbés par leur amour l’un pour l’autre et l’absence du vrai père, bien que la complexité de leur passion adultère les rende moralement invalide. Car si Quita est traumatisée par l’ablation de son père dévoré par les requins et le glissement conséquent opéré sur Mike, son mari manchot (signe primaire d’impuissance), Pipes est également humilié d’aimer la femme de son ami, qui est aussi, pour lui, une figure imagée du père. Malgré son entêtement et sa ténacité, Mike ne peut jamais maîtriser l’univers selon son désir : ainsi sa timidité, son impotence et son aveuglement infantile le mettent d’entrée de jeu hors-compétition face à la force, au charme et à la jeunesse de son rival. Dans cette situation bloquée (au sens le plus freudien du terme), chaque point du triangle amoureux classique ne peut être qu’un jouet de la nature et de ses forces supérieures qu’incarnent, ici, l’océan et les requins. Les squales imposent en effet les données de base du drame et manœuvrent les structures mouvantes du récit par leurs fréquentes interventions sauvages, meurtrières et castratrices. Dans ses films précédents, Hawks n’avait pas vraiment joué de la nature. On y voyait des villes, des lieux clos (chambre, cantonnement, prison, garage), des ruines, des circuits automobiles et autres cabarets. En revanche, les quatre éléments y tenaient un rôle crucial : la terre (vue du ciel), le feu (crépitements de mitraillette, bombes et voiture en flamme), l’air surtout (les avions) et, dans une moindre mesure, l’eau qui n’avait d’importance que dans A Girl in Every Port, et encore, tout le film ayant été tourné en studio. Cette fois, l’eau tient son rôle de nature nourricière (la pêche aux thons) et dangereuse (les requins). Les personnages du film en sont les jouets, même si ce sont tous des professionnels comme l’étaient pilotes, gangsters et policiers dans les précédentes œuvres du cinéaste. Mais ici, ces pêcheurs participent à la vie sociale par leur travail. La caméra ne nous les montre donc pas comme des héros en mal d’émotions fortes. Elle filme la réalité de leurs gestes collectifs de manière documentaire. L’effet de réel est alors absolu et ce n’est que dans l’intimité qu’ils se comportent en gamins superstitieux, amoureux ou jaloux. D’ailleurs, la séquence où Mike jette à la porte le proxénète venu tenter sa future épouse démontre le mépris qu’il éprouve devant le vice.
Image
Le concept de l’idée fixe anime chaque personnage du Harpon Rouge. Mike en est la victime la plus incurable. En effet, il se polarise sur ces requins qui, en même temps qu’arracher sa main, lui ont ôté son intégralité en détériorant l’idée insistante qu’il se fait de la virilité. Son obsession devient alors inévitablement une névrose qui l’aveugle. Il ne peut plus analyser la réalité domestique ou professionnelle, que ce soit le transfert du père qu’il est pour Quita ou les rapports troubles que Pipes entretient avec elle. Victime des requins, il affiche ensuite une volonté suicidaire en cherchant à remplacer sa puissance perdue par une incontinence verbale et douloureuse. Mais, quoiqu’il puisse faire, son esprit est aussi irrémédiablement amputé que son corps. Avec tous ces éléments, Hawks affirme directement l’intérêt quelque peu morbide qu’il porte à l’impuissance et l’invalidité (thématique amorcée dès son premier film, The Road to Glory). Cela décale l’échafaudage des éléments reflétant un univers viril : ainsi, le motif principal qui émerge de cette tapisserie ingénieusement mise en scène, c’est la cristallisation aiguë de l’infirmité physique, mais également – et surtout – morale. Ses personnages y sont victimes de la nature extérieure, hostile et sauvage (tempête, requins, océan) et aussi des pulsions internes afférentes à l’être humain (jalousie, désir, blocage sexuel, besoin de vengeance). Une fois de plus, incapable d’harmoniser ces deux éléments, les protagonistes se comportent comme des enfants en voulant réinventer le monde en fonction de leurs fantasmes.
Image
Comme dans ses précédents films mettant en scène aviateurs et pilotes de course, le cinéaste se plaît à accoler la vérité du documentaire au romantisme de la mythologie inscrite dans la fiction. Il met également en évidence la faiblesse générale du mâle qui se cache derrière une force physique toute relative. En fait, ce sont la nature et la machine qui dominent les instincts de l’individu et Le Harpon Rouge nous dévoile le pessimisme effronté, cynique et désabusé de son auteur. Tous ces éléments font du treizième film d’Howard Hawks une œuvre complexe et fascinante, portée notamment par un Edward G. Robinson au meilleur de sa forme, même si on peut peut-être regretter l’absence de seconds rôles développés, comme l’auteur nous y habituera dans ses futurs chefs d’œuvres.
*********************************************
Image
Dernière modification par Geoffrey Carter le 19 juin 14, 13:18, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
tindersticks
Régisseur
Messages : 3259
Inscription : 2 oct. 12, 07:13

Re: Edward G Robinson (1893-1973)

Message par tindersticks »

Disponible aussi dans la collection Trésor Warner

Image
Répondre