Falstaff (Orson Welles - 1965)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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héni
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Falstaff (Orson Welles - 1965)

Message par héni »

RESUME:

Le fils du roi Henry 4 d'Angleterre, le jeune prince Harry, mène une vie de débauche en compagnie de vauriens dont le déjà vieux et obèse Jack falstaff (Orson Welles), l'homme de tous les excès.Tandis que le roi se désole de la conduite de son fils, une nouvelle guerre se prépare.Elle sera l'occasion pour Harry de se refaire une conduite.
A l'issue victorieuse du combat, le roi Henry 4 meurt et laisse la couronne entre les mains du jeune prince de Galles.
Dès lors, il renie sa vie passée et son compagnon de fête.


MA VISION DU FILM:


il est environ 00h00, je suis au fond de mon lit et ça y'est c'est parti, Falstaff tourne à plein régime sous le capot de mon lecteur DVD.

Shakespeare et Welles, deux noms que l'ont ne peut que facilement associé: l'influence du premier sur le second est indéniable, l'oeuvre de Welles étant profondement impregnée de celle du grand dramaturge, et ce malgré le fait que le cinéaste n'ait pu qu'aborder trois oeuvres de celui-ci: othello, Macbeth
et Falstaff.
En effet, dès son plus jeune âge, Welles pouvait déjà nous montrer toute l'admiration qu'il portait à l'égard de ce grand écrivain et ce fut surement l'une des découvertes les plus importantes de sa vie.
Dès les premières images, on ne peut pas se tromper, rares sont les films où les premières images,les premières secondes de musique, les premières secondes de dialogues, vous disent à voix haute: "ce n'est pas un film comme les autres".(même si tout les films sont différents bien entendu)
Welles a dit "Shakespeare est le plus grand homme qui ait vécu, et nous, nous sommes de pauvres taupes qui travaillons sous la terre".
Arrivé au premier quart d'heure du film, j'ai déjà envie de rectifier ses dires: "shakespeare et Welles sont les plus grands hommes qui ont vécu,...".

Falstaff est en fait un "assemblage" de plusieurs pièces de Shakespeare:
-Les joyeuses commères de Windsor.
-henry 4.
-Henry 5.
Et falstaff en est le moteur principal, ce bon vieux bougre qui n'a dieu que pour le vin et le mensonge en fais de lui un rôle taillé sur mesure pour Orson Welles.
Lui qui n'aimait pas se reconnaître à l'écran , et bien on peut dire qu'il est bien servi ici...
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Dès le début, on est plongé dans cet univers médieval et Welles lui donne une dimension toute à fais gigantesque,que ce soit par les plongées / contre plongée qui donne à Falstaff une allure de géant de pierre que par la mise en scène de la grande bataille qui en font de lui un nain totalement perdu prisonnier de son armure, lache et peureux.
Spectateur du drame lui faisant face, on sent son regard trouble et egarée.
On pourrait le blamer de ne pas prendre part à cette bataille et pourtant son humanité nous touche, l'humain confronté à sa peur de mourir, après tout pourquoi devrait-il se melêr à ces bêtes sauvages?
Welles nous montre l'homme tel qu'il est, égoiste intelligent et peureux (Falstaff), stupides et massacreurs (les chevaliers).
Par ailleurs la mise en scène est troublante et très proche de la mise en scène de Kurosawa pour Ran lors de la prise du chateau, sol fumant, une attention particulière pour les chevaux, des passages où les images ressortent d'autant plus que la musique est belle et qui rappelent le passage dans Ran où seules les images parlent.
Et en parlant d'images,les couleurs vives de ce noir et blanc sont tellement magnifiques, qu'on a l'impression de voir le rouge vif du sang des chevaliers,le vert éclatant de la forêt à la fois ensoleillée et ensomeillée (lors du cambriolage des voyageurs), en bref, un film où Welles nous sublime par des couleurs et des contrastes qui ne font qu'appuyer la dichotomie entre Le prince et son acolyte Falstaff, deux êtres qui par leur status social, leur morale, leurs centres d'intêret sont opposés mais qui pourtant sont liés d'une amitié qui n'est entretenue que par la joie de vivre.

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Cette recherche du prince, d'une vie beaucoup plus jouissive en compagnie de cette bande de vauriens, n'est en fait que la résultante d'un désinteressement prononcé à cette vie monotone et royale que son père le roi Henry 4 lui souhaitait au point même de renier son propre fils.
Falstaff qui est le chef de cette bande, occupe alors le rôle du père chaleureux et moins conventionné qui manque tant au jeune Harry(prince de Galles) dépourvu d'affection paternelle.
A cela, s'ajoute des costumes et décors sublimes tes que la foret où La bande à Falstaff s'adonnent à déposseder les voyageurs (on y voit presque un clin d'oeil à "robin des bois" où Falstaff serait Petit jean et où Le prince serait robin, toute la bande deguisée en moines), L'auberge où réside Falstaff qui renforce l'authenticité du film par rapport à l'époque.

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Enfin voilà, c'est un film à voir et à revoir et la scène de fin où Falstaff est petrifié, à genoux devant son nouveau roi est aussi un sentiment que j'éprouve à chaque fois que je me retrouve devant une oeuvre d'Orson welles.
D'ailleurs j'éprouve une tristesse particulière quant à cette scène car elle donne une image de l'homme assez navrante dans le sens où Le prince devenu Roi, retourne sa veste subitement laissant son comparse dans le désarroi total et allant même jusqu'à prendre une décision qui lui sera fatale.

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En espérant vous avoir donné envie de découvrir cette oeuvre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue) et vous avoir fait rafraichir la mémoire pour ceux qui l'auraient vu il y a quelques temps (n'est-ce pas Bruce? :D).
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

En éspèrant vous avoir donner envie de découvrir cette oeuvre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue)
Que oui! :D
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Flol
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Message par Flol »

héni a écrit :En éspèrant vous avoir donner envie de découvrir cette oeuvre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue)
J'avoue que oui aussi ! :shock:
De cette oeuvre, je ne connaissais que le nom (et le fait que Welles l'avait réalisé), mais ton post m'a donné franchement envie de découvrir ça !
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k-chan
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Message par k-chan »

*Falstaff/Chimes at midnight de Orson Welles (1966)

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Que dire devant un film de cette force ?
J'adore les adaptation shakespearienne, que ce soit de Welles, Laurence Olivier ou Kurosawa. Ici c'est plus un mix de plusieurs pièces. Et c'est franchement éblouissant à tout point de vue. J'ai juste un petit soucis avec Welles : la mise en scène de ses films me perturbe un peu. Ca me l'a fait la première fois que j'ai découvert Touch of evil/La soif du mal. Pour les autres films, aucuns soucis en fait, ca va, mais là ça c'est reproduit à la découverte de Falstaff. Tout ces plans dans tout les sens, cette caméra qui se balade de droite à gauche, qui tourne sur elle même à la fois... On est pas au théâtre du tout, quoi, alors qu'Othello, dont la mise en scène repose sur le montage de plans courts, no problemo. Enfin, pour Falstaff, c'était perturbant au départ, mais 1/2 heure après, c'était oublié. L'histoire est passionnante, quoiqu'un peu difficile à cerner au départ, et le film est visuellement sublime. Quant aux acteurs, ils sont vraiment excellants, Welles le premier en stupéfiant gros sac. Un gros bonhomme vulgaire, menteur et qui aime boire, mais qui a un coeur gros comme ça. Pour une fois, Welles se donne le rôle d'un personnage pour lequel nous avons une profonde et réelle sympathie. Bref, ce film qui mèle comique et tragédie est un chef-d'oeuvre, simplement.

Le hic, c'est que je me rend compte d'une chose à la découverte de ce film : si l'oeuvre d'Orson Welles est stupéfiante, finalement elle ne me touche pas énormément. J'adore sincèrement chacun de ses films, mais pris dans sa globalité, l'oeuvre de Welles n'a pas d'impact émotionnel réel sur moi. J'en suis le premier désolé.
Cela dit, il reste malgré tout un des réalisateurs que j'admire le plus.





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héni
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Message par héni »

Ratatouille a écrit :
héni a écrit :En éspèrant vous avoir donner envie de découvrir cette oeuvre (pour ceux qui ne l'auraient pas encore vue)
J'avoue que oui aussi ! :shock:
De cette oeuvre, je ne connaissais que le nom (et le fait que Welles l'avait réalisé), mais ton post m'a donné franchement envie de découvrir ça !
Et bien je m'en réjouis alors!! :wink:
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héni
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Message par héni »

k-chan a écrit : la mise en scène de ses films me perturbe un peu. Ca me l'a fait la première fois que j'ai découvert Touch of evil/La soif du mal. Pour les autres films, aucuns soucis en fait, ca va, mais là ça c'est reproduit à la découverte de Falstaff. Tout ces plans dans tout les sens, cette caméra qui se balade de droite à gauche, qui tourne sur elle même à la fois... On est pas au théâtre du tout, quoi...
Franchement et avec sincérité je n'ai rien compris du tout de ce que tu voulais dire. Peux-tu m'en dire plus stp?
k-chan a écrit : Pour une fois, Welles se donne le rôle d'un personnage pour lequel nous avons une profonde et réelle sympathie. Bref, ce film qui mèle comique et tragédie est un chef-d'oeuvre, simplement.
Je le trouve aussi attachant dans Othello car l'amour l'a rendu faible, et docile, ce qui pour ma part constitue une des plus grandes sympathies que je puisse porter à quelqu'un.
Mais il est vrai que ces rôles là sont très minimes.Je crois même qu'il n ' y a que ces deux films.
k-chan a écrit : Rare ?? Tu exagères Heni, surtout que ça ne veux pas dire grand chose ! Des films scotchants dès les premiers instants, il y en a des masses. Et certains ne tiennent pas forcément leur promesse au fil du déroulement de l'histoire.
Oh mais je confirme, pour moi rares ont été les films qui m'ont scotché dès les premières secondes surtout que Welles me surprend toujours au début de ses films.
Et même si j'éprouve une adoration pour d'autres films, ça n'a jamais été pour moi la même chose que les films d'Orson Welles.
D'ailleurs je n'ai éprouvé ça qu'avec Keaton,Chaplin et Orson Welles.Trois donc, ce qui pour moi n'est pas un très grand chiffre.
Dès le générique, je suis en joie.Les oeuvres d'Orson Welles ne te touchent peut-être pas, en tout cas moi j'y trouve mon compte.

k-chan a écrit :Là par contre je crie très sérieusement !!! Surpris Tu le sais, je ne suis absolument pas d'accord sur cette comparaison.
Comme toujours chez Kurosawa la caméra est statique tant que les personnages ne se déplacent pas, elle les suit quand eux se déplacent. Elle se fait oublier. Et pas de plans-séquence, sa mise en scène a toujours reposé sur la dynamique du montage. Lorsque les personnages sont filmés dans le château assailli, c'est très théâtrale. chaque plan est filmé comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre. Quant à l'absence totale d'effets sonores, si ce n'est la partition minimaliste de Toru Takemitsu, cela permet de souligner la vision du Seigneur Hidetora. Il est abasourdi, il ne comprend pas, il vit un cauchemard, ça parait iréel. Mais pourtant c'est bien réel, et il fini par bien se rendre à l'évidence (et là le son est revenu), ses propres fils l'attaquent. La compréhension l'amène à sombrer dans la folie. En fait, on a le temps de voir les choses, et les plans ne sont pas très serrés.
Alors que chez Welles, le montage lui l'est, lors de la bataille. Les plans en plongée et contre-plongée se succèdent violemment, tout cela dans un bruit du tonnerre, les coup pleuvent, ça frappe, ça frappe fort, violement. Les plans sont de plus en plus serré et c'est la confusion totale. La caméra se déplace, se faufile dans la bataille, certains plans sont en accélérés. C'est l'impression contraire que l'on ressent, pa rapport à la bataille de Ran . Ici c'est très rapide, et on a rien compris. On constate surtout à la fin l'hécatombe, au ralentis je crois même, alors que chez Kurosawa, c'est toute la bataille qui parait lente, on prend sont temps, on a même l'impression que tout s'est passé au ralentis quand on y repense (ça n'est pas le cas). Tout est entre-coupé par les va et viens des fils du seigneur et les généraux. Chez Welles c'est un combat réaliste, rapide et sec, c'est une violence éclair. Chez Kurosawa, ça tient du cauchemard, c'est lent et on a le temps de souffrir.
Bref, c'est très différent à mon sens, même si au final, dans les 2 cas c'est une bataille. Et c'est très meurtrier. Oui là, sur ce point ça se ressemble.
Sinon, et c'est un avis purement subjectif que j'emet là : si la bataille de Welles est fabuleuse, je ne trouve pas qu'elle fasse le poid face aux batailles de Ran. ( Mort de rire Embarassé )
Quant à la brume ou les sols fumant, ce n'est pas un détail comme cela qui va rapprocher ces scènes. On voit cela dans bien d'autres films. Et pour finir, je ne trouve pas que Welles porte un regard particulièremnt attentif au chevaux, comme tu peux le dire, contrairement à Kurosawa qui dans beaucoup de ses films, fait du cheval un être important. Il prend le temps de les filmer. J'ai des images fortes en tête : Que se soit Le chateau de l'araignée, Les sept Samouraïs, Kagemusha, Ran, La forteresse cachée où le cheval sauve l'homme, le trahie, meurt en tombant violemment au sol, tente de se relevé péniblement, hénie constemment... Welles n'a pas un regard si attentif.
Déjà dans un premier temps, je ne compare pas ces deux films, je dis tout simplement qu'il y a certaines choses qui m'ont tout de suite fais penser à Ran lorsque j'ai découvert le film.Et d'ailleurs en voulant argumenter sur le fait que tu n'es pas d'accord avec ça, tu viens de me refaire penser à quelquechose que je n'avais pas dite.
OUI, je perçois des similitudes quant aux deux scènes de batailles et la chose que tu as dites et qui renforcent ma pensée est le fait que la scène de bataille dans Ran est vue de façon subjective où la caméra serait la vision d'Hidetora, c'est-à-dire effacée, mort-vivante tout comme le visage d'Hidetora.
Dans Falstaff, la caméra prend peut-être part à la bataille mais elle le fait d'un manière assez détachée, et comme tu dis elle s'embrouille même avec ces plans plongées/contre plongées mais tout comme dans Ran (pour moi part en tout cas) elle représente cette vision ebourrifée de Falstaff caché derrière les arbres ne sachant pas trop ce qu'ils se passent à part que le spectacle qui se déroule devant ses yeux est violent.

Il est clair que ces deux oeuvres sont completements différentes, rien que par l'époque et le lieu, mais à ce moment précis du film, j'y note tout de même quelques caractères d'homogénéité.(et la mise en scène,si elle peut être contraire à certains moments, cela m'est parrue très intérrèssants justement).

k-chan a écrit :Sinon, et c'est un avis purement subjectif que j'emet là : si la bataille de Welles est fabuleuse, je ne trouve pas qu'elle fasse le poid face aux batailles de Ran..
Je ne pense pas que le but était d'en mettre plein la vue.et qu'à cela ne tienne, elle est pour moi tout aussi grande que celle de Kurosawa :p.

Et pour finir, je me souviens encore très bien de certains plans où se sont la souffrance des chevaux qui est mis en relief grace aux jeux de lumieres et aux contrastes qu'a pu donner Welles.
Par contre je sais pas si on restera coupain.ahaha :twisted:
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Melmoth
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Message par Melmoth »

Un film immense tourné avec trois bouts de ficelle (voir la scène de bataille qu'il tire de ses trois figurants dans un champ boueux). Des séquences innoubliables : les tourments du vieux rois, ses confrontations avec son fils, la mort de Hotspur. Et quel texte évidemment !
Je ne saurai dire pourquoi mais la destinée du Prince me parle particulièrement.

Chef d'oeuvre.

"
O, Harry, thou hast robb'd me of my youth!
I better brook the loss of brittle life
Than those proud titles thou hast won of me;
They wound my thoughts worse than sword my flesh:
But thought's the slave of life, and life time's fool;
And time, that takes survey of all the world,
Must have a stop. O, I could prophesy,
But that the earthy and cold hand of death
Lies on my tongue: no, Percy, thou art dust
And food for--
"
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héni
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Message par héni »

Melmoth a écrit :les tourments du vieux rois
Oui, surtout la scène ou il fais un monolgue devant la petite lucarne donnant vue à son royaume.
C'est fort émouvant.
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Melmoth
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Message par Melmoth »

héni a écrit :
Melmoth a écrit :les tourments du vieux rois
Oui, surtout la scène ou il fais un monolgue devant la petite lucarne donnant vue à son royaume.
C'est fort émouvant.
Absolument magnifique, quel texte, quelle belle langue superbement servie par le comédien.

Le sommeil dont jouissent les plus humbles et qui se refuse aux Rois...
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héni
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Message par héni »

Melmoth a écrit :
héni a écrit : Oui, surtout la scène ou il fais un monolgue devant la petite lucarne donnant vue à son royaume.
C'est fort émouvant.
Absolument magnifique, quel texte, quelle belle langue superbement servie par le comédien.

Le sommeil dont jouissent les plus humbles et qui se refuse aux Rois...
ahlàlà rien que d'entendre ça, j'ai envie de le revoir de suite!!
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k-chan
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Message par k-chan »

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blaisdell
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Message par blaisdell »

Puisque moi aussi je suis tombé amouereux de ce film découvert grâce à une vhs pourrie l'année dernière, je vais reproduire un petit texte que j'avais écrit alors:

Lorsqu'il entreprend ce film après le procès, Orson Welles choisit non pas d'adapter une pièce préexistente du grand Will. En effet, il se focalise sur un personnage secondaire présent dans plusieurs pièces de Shakespeare: John Falstaff. D'ailleurs, Verdi avait dèjà composé un opéra ayant pour sujet Falstaff.

Welles EST Falstaff et il ne perd pas l'occasion de faire une création de premier ordre à partir de ce personnage qui l'a passionné et qui est à sa (dé)mesure. Grâce entre autres à cette magistrale incarnation, nous avons accès à une face inattendue de la creation shakespearienne: la bouffonnerie, les beuveries, le ton picaresque.D'ailleurs, dans une interview qu'il avait accordée à France Inter il y a deux ans, le chanteur Alain Baschung expliquait que ce film lui avait révélé un aspect de Shakespeare qu'il ne connaissait pas.Et il avait raison !

Pourtant, le tragique n'est pas absent bien au contraire. John Falstaff finira mort de chagrin face à l'attitude ingrate de son ami devenu roi ,qui refuse de reconnaître son compagnon des beaux jours. Avec la mort de Falstaff, s'achèvera une époque plus sereine pour l'Angleterre mais moins joyeuse et moins fantaisiste aussi.

Le film est dont fascinant par son mélange virtuose des tons et des atmosphères et ses contrastes: entre l'humour et le drame, entre les intérieurs sombres et les grands espaces lumineux, entre le monde des tavernes et les arcanes du pouvoir. Le dialogue est comme il se doit d'une denité et d'une beauté constantes.Les images sont inventives évidemment de même que le montage très haché mais oh combien plus beau et inspiré que les montages hachés des productions hollywoodiennes actuelles.

Les acteurs sont remarquables autour du maître, surtout Keith Baxter en prince Hal et John Gielgud, le prince des acteurs shakespeariens. Les apparitions de Fernando Rey, Marina Vlady et surtout Jeanne Moreau sont très surprenantes.

La bataille de Shrewbury-où Welles s'est fait aider du maître espagnol de la série Z, Jess Franco!- est un moment incroyable malgrè le peu de moyens du film.Le sens de l'épique et de l'insolite présents durant tout le film sont alors à leur paroxysme: le metteur en scène mêle les corps des deux forces en présence, on ne les reconnaît d'ailleurs plus tant tous sont unis dans la mort et la décomposition.Pourtant aussitôt le côté bouffon presque parodique reprend le dessus: le duel à l'épée remporté ensuite par le prince Hal fait presque penser à MONTHY PYTHON SACRE GRAAL . De même pour cette séquence où l'on voit des trompettistes jouer a se tordre de douleur, de la même façon que les soldats romains qui jouent de la trompette dans les albums d'Astèrix.
Si Welles n'a jamais pu achever son DON QUICHOTTE, il y a assurément un peu de l'esprit de Cervantès qui passe grâce à ce mélange de comique, de parodie et de tragédie.D'ailleurs le tournage a eu lieu en Espagne.

Ainsi, le FALSTAFF de Welle témoigne de la rencontre fructueuse entre un génie du théâtre et un génie du cinéma.Personnellement, je trouve ici une émotion, une énergie, une humanité que je ne retrouve pas dans des oeuvres pourtant plus vantées de Welles. D'ailleurs les éxégètes de Welles comme Joseph Mac Bride ou Youssef Ishagpour considèrent eux aussi ce film comme le sommet de Welles.

Par conséquent FALSTAFF fait partie de ces films que je trouve inépuisables et qui constituent un choc dans une vie de cinéphile.

J'espère que vous l'avez bien compris: FALSTAFF EST UN CHEF D'OEUVRE ABSOLU !
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k-chan
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Message par k-chan »

Merci Blaisdell pour ton texte très intéressant. Tu décris très bien ce que je ressent devant ce film, et je n'aurais pas réussi à le dire aussi bien, n'ayant vu le film qu'une fois, il y a quelques jours.
Un des aspect les plus délicieux est en effet le ton du film, qui oscille entre comique bouffon et tragédie. Sur ce point il me rappelle Les sept samouraïs qui est sans doute mon film préféré.

Sinon, je suis triste que Jeanne Moreau n'est pas un rôle plus conscéquent. J'étais déjà frustré quand j'ai vu Le procès, et je croyais qu'ici elle serait plus présente, mais non. J'espère que dans Une histoire immortelle, elle a cette fois un rôle plus important.

Et pour finir, je ne sais pas à quel niveau je situerais Falstaff dans la filmographie de Welles, car j'aime tout ses films. D'un point de vue de l'émotion, de la curiosité et de l'excitation que l'intrigue a suscité chez moi, il se pourrait bien que ce soit ce film qui est en tête dans mon coeur également.
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Message par héni »

k-chan a écrit : Ce que je ressens devant la mise en scène d'un cinéaste, si elle me perturbe, je n'arrive pas forcement à bien l'exprimer. Disons que là, avec cette caméra qui se faufile partout, j'ai eu du mal à me concentrer sur l'intrigue, au départ. Et si je ne devais emmetre qu'une critique sur Welles, ça serait sur se point.
Mais si c'est ma phrase sur la non théâtralité qui tu ne piges pas, alors Ok, là je me suis emmélé les pinceaux, c'était mal ammené, même si ce n'est pas sans rapport. Je voulais également souligné le fait que je ne retrouve pas dans ce film Welles, d'un point de vue esthétique, et du fait que la caméra soit si mobile ; alors que je le retrouve mieux dans Othello ; un style théâtrale. Peut-être que je fais erreur, c'est juste ce que je ressens. Mais si tu ne comprend encore une fois pas de quoi je parle, ce qui ne me surprendrait pas (ben oui, à la longue), alors lit plus de livres analytiques sur Welles, sur Kurosawa, sur Shakespeare au cinéma, ça t'aidera, plutôt que ce soit moi qui sorte trois bafouilles.
k-chan evite de me prendre de haut,déjà d'une part parceque tu n'es pas plus haut et d'autre part car ce qui est noirci dans ton propos est hors sujet.
Je ne comprenais pas ta phrase, point barre alors arrete de chercher des points d'interrogation là où il n'y en a pas pour pretexte à jouer les enseignants.
k-chan a écrit : C'est marrant que tu répondes cela. Voilà ce que j'avais dis :
- "Ne me répond pas que c'est ton avis ! Vois comment tu formules ta phrase : tu poses les choses comme si c'était une évidence : "on ne peut pas se tromper, rare sont les films qui...". Donc permet moi de les réfuter. :wink: "
regarde l'énnoncé, j'avais bien marqué MA vision du film:

si j'utilise un "on" et pas un "je" c'est pour pas faire chier le lecteur, et l'amener a s'imiscer dans le film par mes écrits.
Si j'avais commencé toutes mes phrases par un "je" je pense pas qu'on aurait pris le temps de lire.
Alors avant de balancer ta sauce , essaye de comprendre la démarche.


Et dernière chose, comme tu dis, on est ici pour parler du film, pas pour essayer de contredire des propos qui en plus sont valables car ils ne tiennent qu'à moi.
Toi tu essayes d'universaliser ton propos(de plus rien que le début de ta réponse donne beaucoup d'éclaircissement quant à tes intentions "oh et puis si, je vais rétorquer"), moi pas.
je l'ai dis et redit ce que j'ai écris est:
MA VISION DU FILM.

Sinon blaisdel, j'ai bien aimé ce que tu as dis du film.
Surtout en ce qui concerne l'esprit Cervantes du film.
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