Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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RClaude
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

Si ma mémoire ne m'a pas lâché, l'un(e) des correspondant(e)s de ce forum anime aussi un site consacré au ballet, c'est bien ça ?
Il y a une jolie série de photos de ballerines à différentes époques et dans des espaces divers - classes, théâtres, music-hall, cinéma,... - ici:
http://0rchid-thief.livejournal.com/722209.html
Très cordialement.
RClaude
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

Dans un domaine cousin - le clip pop - je trouve le travail de reconstitution 60's avec tous les clins d'œil effectué pour cette chanson de Mlle Mareva Galanter ("Pourquoi pas moi") plutôt bluffant :
En revanche, même si on sent que Mareva veut bien faire, je suis pas vraiment emballé par le morceau. Il lui manque une production audacieuse peut-être: cet art qu'avaient les arrangeurs dans les années 60 en France...
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Si l’on soumettait des cinéphiles à un quizz et qu’on leur demandait ce qu’évoque pour eux le nom de Susanna Foster, décédée cette semaine à l’âge de 84 ans, je pense que beaucoup répondraient qu’elle fut la vedette de la version 1943 du fantôme de l’opéra, mais seraient bien en peine d’ajouter d’autres précisions, tant la carrière de cette chanteuse actrice fut courte et peu glorieuse.
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Née en 1924 dans une famille très pauvre, la jeune Susanna, fascinée par les divettes de l’écran comme Jeanette Macdonald prend très jeune des cours de chant. A l’âge de 12 ans, elle signe un contrat avec la MGM, qui cherche une remplaçante pour la jeune Deanna Durbin qui vient de quitter le studio pour l’Universal où elle remporte un succès éclatant. La gamine se retrouve sur les bancs de l’école des stars où les élèves enfants du studio tels Mickey Rooney, Judy Garland et plus tard Elizabeth Taylor étudient l’anglais et les mathématiques entre deux tournages. Le musical mis en chantier pour lancer l’adolescente est pourtant rapidement abandonné ; Susanna refuse de jouer dans the grand national sous prétexte que le film ne comporte pas de chansons (il verra le jour 7 ans plus tard avec Elizabeth Taylor).
Finalement c’est à la Paramount que l’actrice décroche enfin un rôle dans le biopic sur Victor Herbert, incarné par Allan Jones. Susanna s’y fait remarquer en chantant fort joliment la romance la plus connue du compositeur kiss me again.
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On raconte que le magnat de la presse Hearst et sa protégée Marion Davies, subjugués par la voix de l’adolescente lui auraient demandé de se produire pour eux en concert privé.
Après deux autres films à la Paramount, Susanna est embauchée par l’Universal pour remplacer Deanna Durbin dans son remake du fantôme de l’opéra en technicolor : une production prestigieuse (chose assez rare pour cette firme à cette époque) avec le célèbre Nelson Eddy. Un film d’horreur très musical, pas mal du tout, et programmé de temps en temps à la télé. La prestation et le ramage de la blonde Susanna recueillent les critiques les plus favorables et Louella Parsons, la fameuse échotière lui prédit un brillant avenir. Pourtant tout va s’écrouler.
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En fait, la firme réserve les meilleurs rôles à Deanna et ne laisse à Susanna et Gloria Jean que l’ivraie. Après une série de petits musicals assez mécaniques où elle joue les filles studieuses aux cotés du bondissant Donald o’Connor, et un film d’horreur avec Boris Karloff, l’Universal lui paie un séjour en Europe avec un grand professeur de chant (mesure publicitaire, ou volonté d’en faire une grande chanteuse d’opéra de l’écran ?). En tous les cas, on ne la reverra plus dans un film. Elle joue avec son mari dans une série d’opérette à travers les USA, dont une reprise de la fugue de Mariette.
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Après son divorce, l’ancienne star de l’Universal va tomber de Charybde en Scylla. Elle récupère la garde de ses frères et ses sœurs que sa mère alcoolique ne peut plus assumer. Alcool, dépression, déceptions sentimentales, jalousie de son ex-mari, délinquance et problèmes de drogue de ses enfants, précarité financière (à un moment elle a trouvé un job de réceptionniste) vont avoir raison de sa santé mentale. En 1982, Suzanna Foster est devenue SDF et passe les nuits dans sa voiture garée le long de la plage de Santa Monica. Elle est secourue par un fan qui l’héberge. Mais ce dernier atteint d’une tumeur au cerveau décède ; En 1992, de façon tout à fait inespérée, Susanna décroche un rôle dans le remake du film Détour avec un de ses fils pour partenaire. Néanmoins, c’est un échec. Ecrasée par le décès de son fils ainé (cirrhose du foie) et la dépression, l’actrice n’est plus ne mesure de jouer la comédie. Placée en maison de retraite, elle vient de nous quitter.
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Les critiques ont toujours souligné sa très jolie voix. Cela donne envie de se replonger sur ses quelques films et de réécouter ses enregistrements. Et aussi de découvrir « there’s music in magic » où elle se livrait à une délicieuse parodie de Marlène Dietrich.
Pour rendre hommage à sa maman, le fils de Susanna a placé sur youtube des extraits de ses films, des screen test et raretés . Incroyable:

Et on peut trouver un passage où la star d’autrefois chante, interviewée dans sa maison de retraite. Attention, c’est dur et très émouvant.
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Bien souvent nous avons évoqués dans ce topic de bien tristes destinées, et la vie d’artistes pour lesquels la gloire fut de courte durée. Afin d’insuffler un peu d’optimisme, si l’on abordait la trajectoire de la star argentine Mirtha Legrand, vedette de cinéma des années 40 et 50, et star de la télévision depuis maintenant 40 ans, dont les émissions portant souvent décriées affichent un insolent succès depuis des décennies. La reine Mirtha, la femme la plus connue d’Argentine ou l’histoire d’une réussite sur la longueur.
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Mirtha et sa sœur jumelle Silvia ont vu le jour en 1927. Les parents possèdent une bonne situation (papa libraire et maman directrice d’école). Néanmoins, après le divorce des parents, et le décès du papa, les affaires tournent mal pour les Legrand qui emménagent dans un quartier mal famé de Buenos aires. Pour arrondir les fins de mois, Mme Legrand trouve un job pour ses deux gamines dans différentes petites revues, afin de pouvoir leur financer des études au conservatoire d’art dramatique. Le fait qu’elles sont jumelles attire l’attention des badauds.
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Elles finissent par décrocher un petit rôle dans un film aux cotés de l’actrice comique Nini Marshall (surnommée Catita par le public). Les jolies blondinettes gazouillent gaiement dans ce spectacle facile. Le producteur Ricardo Cerebello flairant la bonne affaire décide de prendre le duo sous son aile et de bâtir à leur intension une série de films à l’eau de rose pour les deux jumelles. En 1942, Mirtha est la vedette du film « los marques orchideas », un énorme succès commercial qui lui vaudra un contrat de 5 ans. Alors que sa sœur Silvia préfère quitter le show business pour épouser un lieutenant, Mirtha se retrouve seule en piste.
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En 1945, elle épouse le réalisateur français Daniel Tinayre, âgé de 18 ans de plus qu’elle. Il s’agit davantage d’un mariage de raison que d’amour, comme le laissera entendre la star qui cherchait à assurer sa position financière. Les clichés de la cérémonie seront confiés en exclusivité au magazine radiolandia. Egalement scénariste et producteur, Daniel Tinayre, qui fut longtemps snobé par les critiques cinématographiques, a pourtant une parfaite maîtrise de ses films et un certain talent qui ne se limite pas à l’aspect commercial. Il met en vedette sa femme dans passeport pour Rio, où elle incarne une danseuse en danger après avoir été témoin d’un meurtre. La présence de l’acteur mexicain Arturo de Cordova assurera au film une sortie internationale ; ajoutons que les chansons étaient composées par Paul Misraki, le célèbre auteur des airs de l’orchestre de Ray Ventura, réfugié en Amérique du Sud pour échapper aux nazis.
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Au programme de Miss Legrand, on trouve évidemment des films musicaux avec tango en bruit de fond comme la doctoresse aime le tango, la p’tite dame du moulin rouge, la chaste Suzanne ou encore vidalita avec Fernando lamas, des screwballs comédies comme l’épouse dernier modèle (1952), où elle se déchaine en chipie, incapable de mener à bien les taches ménagères sous la houlette alerte de Carlos Schlieper. Coquine et farceuse, elle n’a pas son pareil pour se genre de comédies adaptées du théâtre de boulevard. Mais on peut préférer la vendeuse de rêve (1956) aimable fantaisie contant la romance d’une vendeuse d’un grand magasin avec le fils du patron. En 1952, le magazine l’écran français accueillait par une grimace la comédie SOS grand-mère, en prétendant que Mirtha y était « grasse ».
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En 1955, Mirtha tourne en Espagne le premier film espagnol en couleurs Mascarade d’amour, de Ladislao Vajda, une adaptation filmée d’une zarzuela, pas du tout désagréable, tournée en gevacolor. Récemment diffusé à la cinémathèque, ce film ne manque pas de charme et Miss Legrand, en fausse ingénue calculatrice ; Par contre, je la soupçonne d’être doublée pour les passages chantés. En 1955, Mirtha partage l’affiche avec les deux autres grandes stars de la période péroniste la chanteuse de tango Tita Merello et Zully Moreno, sorte de sosie d’Ann Sheridan, appuyée par le chef de la propagande du dictateur Juan Peron. La presse se gargarise d’une prétendue rivalité entre Mirtha et Zully.
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Afin de faire évoluer la carrière de sa femme, Daniel Tinayre abandonne les comédies sentimentales pour des drames un peu plus sulfureux. Dans le viol (la patota)1960, Mirtha est une prof d’un lycée sordide violée par plusieurs de ses élèves. On perçoit bien une atmosphère de malaise, qui fait songer un peu à graine de violence. Hélas, il est difficile d’apprécier les prises de vue de nuit, tant la bobine a souffert l’épreuve du temps (la plupart des films argentins mériteraient d’être sérieusement remasterisés).
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Avec Jean Paul Belmondo

En 1962, on retrouve Mirtha dans son film préféré et probablement son meilleur rôle, Filles de joie, l’adaptation d’un roman de gare de Guy des Cars. Sorti en France dans les réseaux de cinéma bis et rediffusé au festival du film d’Amiens, ce film semble t’il transcende le douteux matériel sur lequel il repose (la rivalité entre 2 jumelles, l’une bonne sœur, l’autre prostituée) en un mélo vibrant ; si quelqu’un l’a en VHS ou DVD, qu’il me contacte !
Dans ce film, Mirtha retrouve sa sœur Silvia sortie momentanément de sa retraite pour tenir le rôle de sa jumelle.
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Après la participation à un film à sketch un peu coquin de son mari l’amour en quarantaine (un gros succès commercial), Mirtha ne trouve plus guère de rôle dans les films de son mari qui se lance dans le genre érotique. Après l’échec de son dernier film en 1965, elle fait un peu de théâtre et triomphe dans la Lune était bleue et 40 carats.
Alors que beaucoup la croient fini, l’actrice va réussir une incroyable reconversion en animant à la télé argentine un show qui s’apparente beaucoup à vivement dimanche de Michel Drucker. Autour d’une bonne table, elle reçoit non seulement les gens du show business venus faire leur promo (pas seulement les stars locales mais aussi Alain Delon, Anthony Quinn, Catherine Deneuve, Julio Iglesias, etc..) et beaucoup de politiques venus utiliser cette formidable lucarne.
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La formule fonctionne depuis maintenant 40 ans sans discontinuer (sauf un petit hiatus à la mort de daniel Tinayre et du fils de Mirtha. Une pérennité dans le succès qui laisse pantois (elle détient le record de longévité pour une animatrice sur la même émission) et qui crée bien des jalousies. Celle qui fut comparée à Christine Okrent pour le mordant de ses interviews est détestée par toute une frange du public qui exècre son show people qui pue le luxe alors que l’Argentine connait depuis longtemps un marasme économique des plus alarmants. Elle est moquée par un nombre considérable d’internautes qui la détestent, délirent sur son âge et ses innombrables liftings et prétendent que sa sœur jumelle Silvia, qui a opté pour l’anonymat et vivrait dans un sombre cachot, avec un masque de fer pour dissimuler son âge. Certains ont même exposé une récente photo (truquée ?) de Silvia pour montrer à quoi ressemblerait Mirtha sans la chirurgie esthétique.
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Enfin, les chiens aboient, la caravane passe et Mirtha qui prétendait prendre sa retraite en 2008 pour ses 80 ans anime toujours « déjeunons avec Mirtha Legrand » sur America TV.
Il y a peu, la grande dame du petit écran a encore fait parler d’elle en insultant un technicien avec un langage très coloré alors qu’elle se croyait hors antenne. Mais cet incident lui a causé plus de publicité que de déconvenues.
En 2009, Mirtha devrait faire son retour sur scène dans une comédie musicale. On ne sait jamais si vous passez par Buenos Aires (rassurez vous, elle séjourne souvent à Paris, si vous souhaitez la rencontrer un jour…)


Extraits choisis de passeport pour Rio et d’autres films de la star.
RClaude
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

Pour marquer le centenaire de cette chère Carmen Miranda, j'ai déposé un lien vers votre présentation aux petits oignons:
http://pour15minutesdamour.blogspot.com ... iches.html
J'ai une question:
Selon vous, quel crédit historique et biographique doit-on accorder au livre culte "Hollywood Babylone" de Kenneth Anger ? L'exemple que vous mentionnez sur la dépendance médicamenteuse (réelle) de Carmen qui avalait des pilules avec de l'alcool et non pas de la poudre cachée dans les semelles compensées de ses shoes (version Anger) doit-il nous inciter à douter du bien-fondé d'autres affirmations contenues dans ce bouquin publié par Pauvert en 1959... ?
Très cordialement.
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

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Bonjour René Claude et merci pour tes encouragements.
Hollywood Babylone m'avait été offert par un ami, et j'avoue que j'avais fait un peu la grimace en voyant la photo trash de Jayne Mansfield en couverture.
Ce livre qui brasse un ramassis de ragots pas toujours vérifiés, canalise en fait une fascination morbide des spectateurs pour un monde de luxe censé être pourri et décadent sous le vernis clinquant.
Bien évidemment, certains faits colportés dans cet ouvrage (les morts par overdose de stars du muet...) reposent sur des faits réels, mais je ne pense pas que l'auteur se soit efforcé de faire une enquête véritable sur les sujets abordés : il se contente de rapporter certaines rumeurs, en favorisant les plus abjectes.
Dans un livre des années 70, Flesh and Fantasy de Penny Stalings avaient également répertoriées une série de rumeurs de l'époque. J'ai sélectionné ici les plus ridicules :
Shirley Temple était une naine.
Tony Curtis était le fils illégitime de Cornel Wilde ;
Simone Simon était la fille d'Hearst et de Marion Davies ;
John Cassavetes et Ben Gazzara étaient la même personne ;
le corps de Walt Disney a été conservé dans un congélateur afin de le resuciter quand la science sera capable de soigner le cancer dont il souffrait.
RClaude
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

Vous savez si c'est Danielle Darrieux qui chante dans ce passage ou si elle a été doublée ?
DD chantait bien, mais j'ai eu un doute...
[youtube][/youtube]
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

Oups ! Fausse manœuvre.
le lien vers singing DD or not :
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Tutut »

RClaude a écrit :Oups ! Fausse manœuvre.
le lien vers singing DD or not :

C'est bien elle qui chante, on peut retrouver ce titre dans la compil 2 CD de DD.
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Elle a d'ailleurs rarement aussi bien chanté que dans ce passage de retour à l'aube (et non du premier rendez-vous).
Lucienne Delyle et André Dassary ont enregistré la chanson à la même époque.
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Ann Harding
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Ann Harding »

Tiens, ça tombe bien! Voici encore un joli extrait de Danielle Darrieux chantant avec beaucoup de talent. :wink:

Dédé (1935) de René Guissart avec Danielle Darrieux, Albert Préjean et Claude Dauphin.


Cette charmante adaptation de l'opérette de Christiné et Willemetz suit les mésaventures de deux noceurs patentés: Robert Dauvergne (A. Préjean) et son ami André de la Huchette (C. Dauphin). Ce dernier achète un magasin de chaussure pour pouvoir y recevoir des 'poules' dans la réserve. C'est sans compter la charmante Denise (DD) qui va le faire changer d'avis. Le sujet est vraiment très léger, mais, le charme des interprètes fait beaucoup pour donner une belle vivacité à ce petit film. On y entend l'inusable tube: "Dans la vie faut pas s'en faire. Moi, je ne m'en fais pas!" chanté par un Préjean très en forme. Darrieux n'a presque rien à chanter, à part le joli couplet que vous pouvez voir ci-dessus dans YouTube. C'est évidemment un film de série réalisé par un chef opérateur; mais, c'est frais et charmant. :)
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Jacqueline François, très célèbre chanteuse des années 50 vient de nous quitter à l’âge de 87 ans, dans une discrétion absolue. C’est plutôt triste de constater à quel point cette information n’a pas été relayée par les médias, à part Le Monde avec une bonne semaine de retard. Et pourtant avec des titres comme Mlle de paris (1948), trois fois merci (1949), les lavandières du Portugal (1955) et la version française de lullaby of birdland, cette chanteuse de charme très distinguée au nez retroussé, avait acquis une immense popularité. Sans doute cette artiste n’avait pas su ni voulu comme certaines soigner ses relations avec le monde artistique et politique, et prendre tous les virages pour être toujours sur la brèche. Eh bien, dans ce topic sur les vedettes du film musical, elle ne sera pas oubliée !
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Née en 1922, dans une famille de la haute bourgeoisie (ses parents travaillent pour la brillantine Roja), la jeune femme étudie le piano et se passionne pour le jazz et la variété. En 1945, Jacqueline François remporte un radio crochet qui lui ouvre les portes du show business : en effet, à la libération, la plupart des chanteuses en vue sont inquiétées et interdites de scène temporairement pour avoir poursuivi leurs activités pendant l’occupation : c’est une aubaine pour les nouvelles qui ont le champ libre pour s’accaparer les adaptations de chansons américaines. La voix veloutée de Jacqueline François est idéale pour susurrer « it might as well be spring/c’est le printemps » du film State fair (1945), son premier succès. Jacques Cannetti, célèbre découvreur de talents (Brel, Ferré, les frères Jacques, F Leclerc…) mise gros sur elle. Charles Trenet déclare que « La rencontre de Jacqueline François et du microphone est une date dans l'histoire du disque, ils étaient fait l'un pour l'autre comme deux amants qui se cherchaient et de cette rencontre, de ces amants, naissent les plus jolies phrases qui aient jamais caressé une chanson."
Comment mieux qualifier la mélodieuse voix de Jacqueline après de telles louanges?
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En 1948, elle est la première chanteuse à enregistrer avec une très grande formation (l’orchestre de Paul Durand et 40 musiciens ) : un triomphe puisque le titre Mlle de paris (qui raconte les peines de cœur d’une cousette) remportera un succès mondial (aux USA par Patti Page, notamment). Elle l’interprète dans le film Scandale aux Champs Elysées, un mélo situé dans le monde de la haute couture.
Durant toutes les années 50, Jacqueline François va aligner les tubes à une cadence remarquable (trois fois merci, escale à Victoria, la marie vison, on ne sait jamais, la version française de lullaby of birdland, …) : elle sera la première artiste française à vendre plus d’un million de disque (les lavandières du Portugal) . Difficile performance à une époque où tous les français n’étaient pas équipés pour écouter de la musique et où beaucoup préféraient les partitions. Des chansonnettes parfois faciles mais si mélodieusement servies et si bien arrangées par un Michel Legrand débutant (superbe version de la valse des lilas, Jésus pardonne à mes péchés).
Pour mesurer la gloire de la chanteuse, il suffit de constater les pressages internationaux de ses 33 tours, ou de voir qu’elle fit même l’objet d’une figurine distribuée en cadeau dans les cafés Mokalux comme Martine Carol, Piaf, Montand et Line Renaud.
La star de la firme Polydor paraît occasionnellement en guest star dans des films musicaux comme Boum sur Paris (avec Piaf) ou dans des courts métrages.
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En 1955, Jacqueline obtient enfin un rôle principal dans une comédie romantique appelée comme par hasard Mlle de Paris, où elle joue son propre rôle et chante des 2 plus grand succès : Mlle de Paris et les lavandières du Portugal. Un divertissement des plus conventionnels mais pas désagréable et de surcroit tout à fait exportable.
Sur la longue liste de ses créations, on trouve quelques chansons de films comme Que sera sera, (de l’homme qui en savait trop) dont elle fera le succès en France, chiens perdus sans collier, les mains du vent (la vache et le prisonnier), mon oncle, la marche des anges (un taxi pour Tobrouk), j’aurais voulu danser (my fair lady), mandoline amoureuse (un roi à New York), tu ne peux pas te figurer (atoll K)…et beaucoup d’airs composés par Charles Aznavour, ami de la première heure.
Dans les années 50, la chanteuse s’exporte également avec succès (12 33T sortiront aux USA, fait très rare pour l’époque) : elle chante au Ed Sullivan show et dans les cabarets new-yorkais, enregistre en anglais (taking a chance of love tiré d’un petit coin aux cieux). On la retrouve dans un film mexicain avec d’autres stars internationales comme Yma Sumac ou Lola Beltran.
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Comme tous les autres chanteurs traditionnels, la carrière de Jacqueline François va subir de plein fouet la vague yéyé. Cela dit son immense popularité, et le soutien de son producteur et compagnon , l’ex guitariste Jean-Jacques Tilché (qui lancera Claude François en lui donnant le même pseudonyme que la chanteuse ) va lui permettre de résister quelques années de plus à la déferlante. C’est là qu’elle grave ses plus beaux disques : la VF de la fille d’Ipanema (accompagnée par Baden Powell) : une réussite et à mes yeux la meilleure version de par le monde de ce standard, la VF de too close for comfort (là aussi, un résultat splendide).
Puis, Jacqueline François va lentement disparaître des médias, hormis quelques furtifs passages à la télé : je me souviens très bien de ses apparitions très distinguées dans certaines émissions de Guy Lux, ou plus récemment de la chance aux chansons où Pascal Sevran la raillait car elle obligeait toute l’équipe à éteindre ses cigarettes.
Son souci de perfection, ses exigences lui vaudront une réputation de mauvais caractère qui ne l’ont probablement pas aidée dans le milieu artistique. Elle a gravé son dernier 45T en 1984.
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Le silence radio quasi total autour du décès d’une chanteuse qui fut si populaire pendant plus de 20 ans montre à quel point la gloire est éphémère et fragile et les mémoires courtes. Dommage car Mlle de paris chantait 100 fois mieux que Mlle from Armentières (Line Renaud).

Jacqueline chante le générique du film de Chaplin un roi à New-York
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Major Dundee
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Major Dundee »

Music Man a écrit :Jacqueline François, très célèbre chanteuse des années 50 vient de nous quitter à l’âge de 87 ans, dans une discrétion absolue. C’est plutôt triste de constater à quel point cette information n’a pas été relayée par les médias, à part Le Monde avec une bonne semaine de retard.
J'étais pas un grand fan :oops: mais ton texte m'a ramené à mon enfance et c'est vrai qu'elle passait souvent sur le poste de T.S.F de mes parents.
Donc merci pour cette bio (toujours très documentée), et surtout pour l'info car il est vrai que je n'avais rien lu ni entendu qui fasse référence à son décès.
R.I.P. Mlle de Paris.
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Merci Major.
:D Image
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Chanteuse espagnole et tragédienne, Raquel Meller fut une vedette incroyablement populaire dans les années 20, admirée par des artistes aussi renommés que Sarah Bernhardt qui lui trouvait du génie ou Charlie Chaplin. Ce dernier devait d’ailleurs reprendre le plus gros tube de la chanteuse « la violetera" pour illustrer son film les lumières de la ville (tout en ommétant au passage de mentionner le nom du compositeur da la chanson, ce qui lui vaudra un procès. Si certains de ses refrains font toujours partie du patrimoine musical espagnol, elle n’a jamais fait l’objet d’un festival ou d’un hommage par les cinémathèques internationales, que son immense succès passé justifierait amplement.
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Née en 1888 dans une famille très pauvre, Raquel chante toute jeune dans des cabarets des couplets (cuplé), refrains populaires un peu légers qu’elle transfigure par sa grâce et sa classe. Elle devient une grande vedette vers 1910 sous le pseudo de la belle Raquel (à l’époque où la belle Otéro célèbre cocotte enflamme le tout Paris). Une chanson un peu mélodramatique composée par José Padilla, el relicario la rend immensément populaire dans toute l’Espagne. Un refrain archi connu et maintes fois repris par la suite notamment par Gloria Lasso, Sara Montiel et Carmen Sevilla (qui tournera un film portant ce titre en 1970). Si l’on doit se fier aux disques qu’elle a laissé on peut rester un peu sceptique devant ses talents d’interprète et sa voix aigüe(qui ressemble un peu à celle de Rina Ketty), mais pour ses fans elle était inégalable.

En 1918, Raquel épouse l’ancien journaliste et ambassadeur en France du Guatemala Enrique Gomez Carillo, un dandy ami de Verlaine et d’Oscar Wilde, réputé pour ses nombreuses conquêtes féminines. La plus connue étant l’espionne Mata-Hari, dont il aurait été le dernier amant. La rumeur prétendra d’ailleurs que Raquel Meller , jalouse de l’ancienne copine de son mari l’aurait dénoncée auprès des autorités. Un roman sorti en 1962 accréditerait cette thèse. Pourtant dans une bio plus récente, sérieuse et documentée consacrée à l’espionne (qui d’ailleurs n’était pas très douée), Raquel Meller n’est pas du tout évoquée.
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En 1919, Raquel débute à l’écran dans la gitane blanche, un film espagnol qui sera largement exporté. Mais c’est en France sous la direction d’Henry Roussell que la belle chanteuse deviendra une gloire de l’écran.
Violettes impériales (1922) conte avec habileté les mésaventures d’une jeune vendeuse de violettes, ange gardien de l’impératrice Eugénie. L’image est splendide et d’un goût exquis (Jules Kruger se charge de la photo), les extérieurs splendides et la mise ne scène alerte et Raquel excellente.
Abel Gance d’ailleurs reconnaîtra toute l’admiration qu’il porte pour le cinéaste Roussell.
Avec le même réalisateur, l’actrice tournera plusieurs films (la terre promise, les opprimés).
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Elle triomphe sur les plus grandes scènes des USA, et signe un contrat en exclusivité avec les Schubert.
En 1926, elle participe aux premiers essais de cinéma parlant en jouant dans des courts métrages chantés pour la compagnie Movietone. Elle rencontre Charles Chaplin qui sous le charme, envisage de tourner un film sur Napoléon avec elle ! le projet ne se fera jamais mais il lui piquera sa chanson « la violetera » pour son film les lumières de la ville. Auréolée par son succès outre Atlantique, Raquel Meller revient en Europe fêtée comme un reine. Star jusqu’au bout des ongles, elle ne déplace jamais sans ses chihuahuas et ses caprices font la joie des journalistes. On la dit caractérielle et égocentrique. On lui prête des liaisons avec le roi Alfonso XIII et le dictateur Primo de Rivera.
En 1928, Raquel Meller tourne dans une adaptation de Carmen sous la direction de Jacques Feyder. Les exigences de la star rendront le tournage particulièrement pénible (elle insiste pour son personnage soit irréprochable sur un plan moral, et pour ne pas embrasser ses partenaires, ce qui paraît un peu délicat pour incarner la célèbre tentatrice du roman de Mérimée !). Si j’en crois les avis donnés par Ann et Bruce, l’actrice n’est pas du tout à sa place dans ce film, sauvé par de splendides extérieurs.
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Au début des années 30, Raquel Meller soucieuse de fidéliser son public français (elle passe désormais le plus clair de son temps dans sa villa de Villefranche sur mer), enregistre plusieurs chansons en français (dont l’amour qui passe que Lys Gauty servit bien mieux qu’elle à mon avis) et triomphe à l’Alcazar de Marseille. En 1932, l’actrice joue dans une adaptation parlante de Violettes impériales, toujours sous la direction d’Henry Roussell : les chansons de Raquel et notamment son incontournable violetera viennent à point nommer ponctuer un récit haut en couleur et qui a déjà fait ses preuves : le film est un triomphe sans précédent et figure toujours dans la liste des 50 plus gros succès du cinéma en France (performance remarquable quand on constate que la liste est composée surtout de films américains récents ou de Disney maintes fois rediffusés en salle). La popularité de la star est immense et égale à celle de Maurice Chevalier ou de Mistinguett : une biographie sort dans les librairies en 1931 . le grand artiste Sorolla (dont les oeuvres ont été exposées l’an dernier au grand palais) lui consacre un portrait.
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La guerre civile espagnole va interrompre le tournage de son prochain film. Même si elle est une grande admiratrice du général Franco, elle ne parviendra pas à revenir devant les caméras à la fin du conflit. Supplantée par des chanteuses plus jeunes, au style plus modernes comme Império Argentina et Estrellita Castro (qui n’hésiteront pas à tourner en Allemagne nazie en attendant que les studios espagnols ouvrent de nouveau), la chanteuse va progressivement tomber dans l’oubli.
A la fin des années 50, les cuplés qui faisaient la gloire de Raquel vont connaître un surprenant revival en Espagne (un front de conservatisme face à l’arrivée du rock ?), par l’intermédiaire de Lilian de Célis à la radio et Sara Montiel au cinéma. Raquel tentera de surfer sur la vague en essayant de donner des spectacles qui n’auront aucun succès, aussi l’ancienne vedette ne cachera pas sa colère contre l’usurpatrice Sara Montiel.
Néanmoins, contrairement à ce qui fut prétendu, Raquel Meller n’est pas morte dans la misère. En 1963, un film romanesque particulièrement mauvais (l’espionne de Madrid)sera librement inspiré de sa vie (et de sa rencontre avec Mata Hari) et son rôle tenu par…Sara Montiel !

Si une avenue de Villefranche sur mer porte encore son nom et une statue la représente à Barcelone (elle a fait l’objet d’un acte de vandalisme l’an dernier : la tête et le panier de violettes ont été arrachés), son mythe est très oublié y compris en Espagne (sauf chez les plus de 50 ans). Une comédie musicale basée sur sa vie lui rend néanmoins hommage à Madrid « pour les yeux de Raquel Meller »
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