Les vedettes féminines des films musicaux

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Ann Harding
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Ann Harding »

Merci Music Man pour ce portrait de Raquel Meller. J'ai appris beaucoup de choses que j'ignorais. :)
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Piquante et gouailleuse, la jolie Lyne Clevers, avait incontestablement de l’abattage ; C’est pour cette raison que parallèlement à sa carrière de chanteuse dans différentes revues la brunette aux yeux clairs a campé avec aplomb quelques rôles de femmes un peu délurées non seulement dans des comédies faciles des années 30 mais aussi dans deux chefs d’œuvres de Jacques Feyder : flash back sur la carrière de l’interprète des « mandarines ».
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Née en 1909, la petite orpheline est adoptée par un directeur de revues qui l’embauche dans ses spectacles. Au tout début des années 30, la jeune femme vole de ses propres ailes et chante dans plusieurs opérettes viennoises qui remportent un succès considérable à Paris (en 1935, elle joue à la Gaîté lyrique dans la chanson du bonheur de Franz Lehar). Elle enregistre également des duos avec Saint Granier, animateur de radio, interprète de Ramona.
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Son passage à Bobino en 1932 la consacre vedette de la chanson. Parmi ses nombreux disques, on note « ce petit chemin, qui sent la noisette » une composition de Mireille promise à une belle postérité. A son répertoire beaucoup de biguines et de rumbas (parfois parolées par le débutant Charles Trenet)
, musiques exotiques à la mode (notamment la fameuse cucaratcha) , des airs de l’orchestre de Ray Ventura ainsi que des chansons de film comme la version française de Continental tiré du film la joyeuse divorcée (1934) .
Mais c’est la chanson coquine « mandarines » que l’on associe le plus volontiers à la chanteuse. Elle y conte les aventures d’une vendeuse de fruits qui propose ses mandarines aux passants car « elles ont la peau fine et de jolis pépins ». Un paso-doble qui sera un des plus grand tube de l’ère des congés payés.
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En 1934, Lyne joue dans l’opérette Toi et Moi avec les duettistes Pills et Tabet. Curieusement, elle n’apparaît pas dans la version filmée (problème de calendrier ?). Car la vedette tourne pas mal pour le cinéma depuis amours viennoises (1931) une co-production franco allemande. En outre, ses choix sont loin d’être mauvais. Certes, on la retrouve parfois dans des comédies de bidasse comme cette Mamz’elle Spahi, sauvée par quelques scènes cocasses à condition de ne pas excéder par les pitreries de Noël Noël, qui annonce Jean Lefevbre. Déguisée en spahi avec Colette Darfeuil pour se venger de son amant qui compte la plaquer pour épouser une jeune fille vertueuse, elle ne manque pas de verve et de répondant. Mais l’actrice peut s’enorgueillir de paraître dans des films aussi prestigieux et réussis que le grand jeu (dans le rôle d’une entraîneuse) et surtout la kermesse héroïque de Feyder. Elle y est géniale en poissonnière gouailleuse qui fait remarquer à Françoise Rosay qu’il sera difficile de se passer des hommes dans tous les domaines.
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En 1933, elle participe au très beau film de Greville « Remous », une œuvre subtile et sensuelle (sur les frustrations de l’épouse d’un homme frappé d’impuissance à la suite d’un accident de la route) qui connaîtra le succès à l’étranger. Costumée en marin et adossée à un gouvernail, elle y interprète une tendre mélodie avec autant de talent qu’une Lucienne Boyer.
Lyne Clevers a également donné la réplique au grand Raimu dans Minuit place Pigalle, où elle arbore une robe osée dévoilant complètement un sein. On aimerait bien voir sa prestation dans les 28 jours de Clairette (1933), l’adaptation d’une vieille opérette à succès dont la vedette est la chanteuse Mireille.
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En 1938, elle est la vedette de la comédie 4H du matin dont elle chante l’air principal (aux cotés de Lucien Baroux). La même année, Lyne Clevers épouse l’industriel Bolloré, directeur des papiers à cigarette OCB et aïeul de Vincent Bolloré, PDG de Havas, une des plus grandes fortunes de France, ami de Nicolas Sarkozy.
Pendant la guerre, elle est obligée de se cacher pour échapper aux persécutions nazies, à cause de ses origines juives. A la libération, elle reprend sa place à la radio et profite du nouvel intérêt des français pour les airs exotiques et la vogue de la samba, en créant la version française du célèbre Tico Tico par ci, par là, air ô combien célèbre lui aussi et toute une série de refrains typiques. Pourtant, sa carrière va vite marquer le pas et la chanteuse abandonnera la scène après sa prestation à l’Olympia.
La vedette fantaisiste des années 30 a terminé sa vie à Chambourcy et son décès en 1991 est passé inaperçu. A ma connaissance, un seul CD dont le tirage fut limité a été consacré à cette chanteuse des années 30.
Music Man
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Message par Music Man »

Parmi les voluptueuses bombas latinas qui se sont illustrés dans le cinéma mexicain des années 40-50, et plus précisément le genre « rumbera« , la splendide Rosa Carmina mérite une mention spéciale. Plus sophistiquée et moins rustre que Maria Antonieta Pons, plus jolie que Meche Barba (qui ressemblait un peu à Martha Raye) et que la célèbre Ninon Sevilla (dont le sourire carnassier lui valut des comparaisons peu flatteuses avec notre Fernandel), la danseuse cubaine était sans doute plus d’allure et de classe que ses collègues. Abonnée aux rôles de vamps inaccessibles, gravitant dans des cabarets internationaux, elle possédait un sex-appeal certain mais finement dosé qui évoque Rita Hayworth et les étoiles d’Hollywood.
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En 1946, Juan Orol, fraîchement divorcé de la star Maria Antonieta Pons recherche une nouvelle danseuse cubaine pour remplacer son ex épouse dans son prochain film « un mujer de Oriente ». Un assistant repère l’oiseau rare lors d’une fête scolaire : une toute jeune danseuse de 16 ans au visage ravissant . Elle devient la star du nouveau film et aussi l’épouse du réalisateur (qui a toujours eu du mal à séparer vie privée et vie professionnelle) et signe un contrat pour 5 films. Orol ne ménage pas ses efforts pour imposer la vedette en engageant des chorégraphes africains pour donner un cachet plus authentique aux numéros typiques (et aussi pour faire taire les critiques très durs envers sa protégée, qui lui reprochent non seulement sa façon de jouer mais aussi de danser). Souvent, la belle actrice se voit confier des rôles d’indigènes ou de filles sauvages (La déesse de Tahiti, Sandra la fille de feu), comme Maria Antonieta Pons et surtout des personnages de vamps perfides, vedettes de cabaret.
Tania la belle sauvage nous conte la gloire et la décadence d’une danseuse peu farouche découverte par un riche producteur, qui finit sa vie alcoolique dans un cabaret sordide.
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Et comme souvent dans les rumberas , l’héroïne, même avec la meilleure volonté, est l’éternelle victime des circonstances, des hommes et de son destin.

Le scénarios sont édifiants, le but avoué étant de distraire un public populaire avide de péripéties et de rebondissements : le scénario de nuit de perdition est édifiant : Danseuse, témoin d’un meurtre crapuleux, elle se réfugie dans la maison de son producteur qui tente de profiter d‘elle : comme elle se refuse à lui, il met le feu à la maison. Tout le monde la croit morte, alors qu’elle poursuit sa carrière, masquée car son visage a été défiguré. Elle découvre alors que son mari a refait sa vie, et kidnappe son fils…
Sorti en DVD, avec sous titres anglais, en carne viva est l’histoire classique d’une fille mère abandonnée qui se suicide en se jetant du haut d’une falaise. Sa fille devenue une danseuse renommée, échappera d’un cheveu au même sort cruel. Rosa brille dans un charmant numéro où elle figure avec d’autres danseurs dans un tramway bondé reconstitué sur la scène du spectacle , où les passagers dansent le mambo avec entrain, les uns contre les autres.
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Si l’on se réfère aux critiques de l’époque, Sandra la fille de feu (1952) serait son meilleur rôle, révélant des qualités dramatiques insoupçonnées.
Plus que les rebondissements mélodramatiques les plus invraisemblables, les points forts des films de la belle Rosa sont les scènes de danse où sa classe et sa sensualité parvient à transfigurer des numéros que d’autres auraient fait basculer dans la vulgarité. Qu’elle se trémousse avec volupté, en exhibant son nombril (que les stars d’Hollywood étaient obligées de cacher!), c’est toujours avec grâce et talent.
Comme le raconte la vedette, il n’était pas rare dans les petits cinémas de quartier qu’après un numéro musical réussi, les spectateurs demandent à interromprent le film pour revoir le morceau!
On remarque également qu’Orol, soucieux d’ouvrir ses films aux marchés étrangers, n’hésite pas à incorporer dans les orchestrations des numéros musicaux des instruments comme la clarinette.
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Alors que les rumberas tombent en désuétude (moins à cause de la désaffection du public que d’une volonté politique d’assainir le cinéma et les cabarets mexicains), Rosa, à la croisée des chemins, décide de tenter sa chance à l’étranger (encouragée par le succès de Maria Felix en France, et de Katy Jurado aux USA). Le projet d’un film en France avec la vamp Viviane Romance échoue quand Juan Orol s’oppose au tournage, choqué par le scénario trop osé (une histoire d’une riche lesbienne amoureuse d’une artiste de cirque). Finalement, Rosa ne trouve qu’un rôle secondaire dans un musical allemand, « dites le en musique » (1956) dont la star est la suédoise Bibi Johns.

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La même année le volage Juan Orol quitte Rosa pour une petite chanteuse cubaine aux formes généreuses, Mary Esquivel qui va désormais la remplacer dans ses nouveaux films. Rosa ne trouve plus que des caméos dans l’un des derniers avatars du film rumbera « le cabaret des filles perdues » avec une Kitty de Hoyos déguisée en Marilyn, des revues filmées ou biopics comme Melodias eternales (1958) où elle offre un numéro coloré dans un décor vénitien . On retrouve ensuite la star dans quelques films d’horreur de série Z (l‘incroyable visage du docteur B), nouvelle spécialité d’un cinéma mexicain voguant vers de nouveaux horizons.
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Ici plus de méli-mélo dramatique mais un monstre qui suce le cerveau de ses victimes. Heureusement entre deux scènes d’épouvante, Rosa danse avec sensualité et rythme.
Dans les années 60, la danseuse va se tourner vers les cabarets dans des spectacles souvent fustigés par les ligues de décence. Dans les années 70, elle figure en second plan dans des « ficheras » , comédies érotiques bas de gamme se déroulant dans les cabarets avec la très dénudée Sasha Montenegro.
Puis on la retrouve jusqu’au début des années 90 dans des feuilletons mexicains à l’eau de rose qui font la honte de la télévision mexicaine (et que l’on diffuse parfois dans les DOM COM). Mais ceux qui veulent admirer la bomba latina au sommet de son talent et de beauté devront plutôt se tourner vers ses films des années 40.
RClaude
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Q: Rééditions numériques des chansons de Julie FEH Yeng... ?

Message par RClaude »

Bonjour ! J'ai besoin de vos ressources disco-filmographiques: je cherche une bonne compilation CD - ou des rééditions d'albums - de l'actrice-chanteuse chinoise Julie FEH Yeng, star des 50's et 60's. Elle a enregistré 6 albums mais je ne parviens pas à trouver des titres en ligne. Ma connaissance du chinois étant, hum, fort réduite (j'en ai fait un semestre à l'Uni en '79 !), je peine à trouver des pistes...
D'avance, merci + cordialement
RClaude
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par RClaude »

PS:
Sur la pulpeuse star chinoise surnommée la "Kim Novak asiatique":
http://softfilm.blogspot.com/search/lab ... Yeh%20Feng
Et mon modeste hommage:
http://pour15minutesdamour.blogspot.com ... -feng.html
Dans le merveilleux registre de la rumba "smoothy", le cinéma chinois de Hong Kong et de Taiwan des 50's est un trésor que je suis en train de découvrir grâce aux propositions avisées de l'ami Yves Arnold. La rumba played in free China est à ma connaissance une des meilleurs remèdes contre le stress et l'activisme contemporains. (avec les chansons de Dorothy Lamour)
Bien amicalement.
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

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Bonsoir René claude.
Tu trouveras une compil de la belle Julie Yeh sur Yes Asia. c'est un disquaire très sérieux qui propose un large choix de DVDs et CDs de Chine, japon, Corée. J'ai commandé une fois chez eux : frais de ports élévés mais envoi rapide.
http://www.yesasia.com/global/pathe-100 ... /info.html
Tutut
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Tutut »

RClaude a écrit :Dans le merveilleux registre de la rumba "smoothy", le cinéma chinois de Hong Kong et de Taiwan des 50's est un trésor que je suis en train de découvrir grâce aux propositions avisées de l'ami Yves Arnold. La rumba played in free China est à ma connaissance une des meilleurs remèdes contre le stress et l'activisme contemporains. (avec les chansons de Dorothy Lamour)
Bien amicalement.
Il existe aussi une compilation chez EMI dont tu peux écouter gratuitement des extraits et même télécharger, après paiement, les morceaux complets en mp3 ici, on peut encore la trouver en CD chez Buyoyo.

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Je ne connais pas trop cette artiste, mais on peut la voir danser dans Our Sister Hedy dans l'extrait ci dessous, le film se trouve encore à la vente chez Buyoyo ainsi que d'autres films qui sont aussi en vente sur Yesasia.



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Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Index en page 1)

Message par Music Man »

Des spectacles aussi légers que les comédies musicales sont-ils nocifs pour les masses? C’est vraiment ce qu’on pourrait se demander en analysant les réactions de certains hauts dignitaires russes devant le phénoménal succès de la chanteuse et actrice Lyudmila Gurchenko à la fin des années 50. Réduite pendant un temps à des rôles secondaires dans des drames ou films de guerre, l’actrice est parvenue dans les années 70 et 80 à retrouver les faveurs du public mais aussi les critiques les plus élogieuses en tournant avec le plus grands réalisateurs du pays. Souvent comparée à Marlène Dietrich, la star russe continue désormais sa carrière dans les music hall où son excentricité et ses nombreux liftings font encore parler dans la presse russe.
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Née en 1935 à Kharkov, dans une famille très pauvre, Lyudmila Gurchenko se souvient avec émotion des pénibles années de guerre, des rues poussiéreuses des logements communautaires et des potences sur les places. Son père parti au front, la petite fille chantait à l’occasion pour les soldats allemands afin de récolter un peu d’argent. A 18 ans, elle rejoint l’université des arts et débute à l’écran l’année suivante dans « le chemin de la vérité ». Mais c’est son second film qui va faire d’elle une étoile de première grandeur. Une nuit de carnaval (1956). Dans ce classique du cinéma russe, rediffusé régulièrement pour les fêtes de Noël, elle incarne une jeune fille qui désire monter avec son copain un spectacle, dans la plus pure tradition des musicals de la MGM avec Mickey Rooney et Judy Garland. Le ministre de la culture encourage le projet des jeunes gens en pensant qu’il s’agit d’un film de propagande, alors que leur seul but est de monter un divertissement plein de rythme, de fantaisie et de musique. Le succès de cette gentille satyre est immédiat, certaines répliques devant cultes. Chacun a sur les lèvres la chanson 5 minutes que Ludmilla fredonne si joliment et l’actrice devient la coqueluche de l’URSS. Elle enchaîne dès lors une tournée triomphale dans tout le pays avec au programme les chansons du film.
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Toutes les femmes envient l’incroyable finesse de sa taille (entre 45 et 50 cm), critère de beauté primordial en Russie.
Néanmoins, cet extraordinaire succès attise vite les jalousies et une véritable campagne anti Gurchenko est menée dans la presse : on lui reproche d’être trop payée trop dépensière, et de manquer de patriotisme. La nuit de carnaval est également décriée comme une œuvre copiant les films américains et leur vacuité culturelle. Rien de bon en somme pour l’éducation des masses.
Terni par ce battage médiatique, la fille à la guitare (1958) le deuxième musical de Gurchenko (avec le célèbre clown du cirque de Moscou Yuri Nikulin) ne remporte pas le succès escompté et la comédienne réduite à jouer des rôles secondaires dans des films plus sérieux.
On la retrouve ainsi dans le néo-réaliste « quartier des ouvriers »1965, l’excellent film de guerre « l’explosion blanche »1969 ou le troisième volet (le moins bon) de la série d’espionnage les justiciers insaisissables.
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En 1967, elle épouse en secondes noces, Josef Kozbon, le plus célèbre crooner russe, souvent comparé à Sinatra mais leur union (dont elle se souvient avec ironie) sera de courte durée .
Les années 70 marquent un retour au film musical et au succès. Après avoir joué dans l’opérette Mamzelle Nitouche , l’actrice aborde un tout autre genre musical avec Ma-ma sorti aux USA sous le titre Rock n’roll wolf. S’il sagit d’un comte de fée (le grand méchant loup veut kidnapper les enfants de dame Biquette alias Ludmilla -déguisée avec un chapeau à cornes), musicalement on est loin de Chantal Goya : ici c’est du rock voire du hard ! Incroyable. En outre, les parties dansées sont assurées par les ballets du Bolsena, ainsi que de grands artistes du patinage artistique et du cirque de Moscou. En somme une réunion de talents pour un film qui décoiffe. En dépit de l’accueil triomphal du film, dépassant de loin les frontières soviétiques, Ludmilla garde un bien mauvais souvenir du film car elle fut très gravement blessée à un pied par un clown en fin de tournage et vouée ensuite à une longue et pénible rééducation et d’innombrables opérations.
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Mais la comédienne revenue au sommet de sa gloire reste très active. Les réalisateurs les plus en vue lui confient des rôles dramatiques dont on retiendra « Sibériade« 1979 de Konchalovsky , prix spécial du jury à Cannes, saga familiale sur 3 générations qui sèmera la controverse en URSS , « la femme aimée du mécanicien Gravilova » 1981 de Todorovsky avec l‘ancien athlète Sergeï Shakurov - où elle incarne une femme solitaire toute dévouée à’un ouvrier de la marine marchande qui la plaque lors de son mariage pour revenir à la fin du film . L’actrice se déclarera pourtant insatisfaite de sa prestation estimant avoir été bridée par le metteur en scène)avec Sergei Shakurov un ancien athlète .
Sa prestation dans une gare pour deux (en femme dont l’existence est transfigurée par l’amour) de Edgar Razianov lui vaudra non seulement un immense succès populaire mais des prix d’interprétation à l’étranger (festival de Manille).
Dans les années 90, le cinéma soviétique est en plein désarroi et l’actrice peine désormais à trouver des rôles. Elle se tourne dorénavant sur les scènes tout en enregistrant des disques (chansons de guerre).
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Très soucieuse de son apparence physique Cette femme excentrique use et abuse de la chirurgie esthétique, testant les nouveaux traitements dans ce domaine. Comme chez Michael Jackson, l’abus des liftings se révèle à présent néfaste pour sa santé et cette lutte effrénée et vaine pour retenir sa jeunesse (ainsi qu’un goût douteux en matière vestimentaire) lui vaut également d’être la risée des jeunes générations.
Refusant de se retourner sur le passé, la Marlène Dietrich russe déclare vouloir seulement aller de l’avant et continuer sa carrière jusqu’au tombeau.

Ballin Mundson
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Message par Ballin Mundson »

Music Man a écrit : Image

Comme beaucoup de superstars du muet, on n’a plus guère l’occasion de revoir les films de celle qui fut à ses propres yeux « une grande artiste ». Dommage, car c’était vraiment une excellente actrice, et pas simplement une femme fatale fabriquée par les studios de cinéma. On peut également écouter ses disques repris en CD, à condition de n’être point rebuté par sa voix très rauque et chevrotante, mais emprunte du mystère d’une autre époque.
on peut écouter un CD de ses chansons , ici:
http://www.musicme.com/#/Pola-Negri/alb ... 12029.html
avec notamment ses chansons avec Boris Golovka et ses choeurs tziganes
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Adieu Gale Storm

Message par Music Man »

La chanteuse et actrice Gale Storm vient de nous quitter à l’âge de 87 ans. Elle est plus connue aux USA pour ses prestations dans des séries télé très populaires des années 50 que par ses films, car la pimpante brunette n’a tourné quasiment que pour les studios les moins prestigieux d’Hollywood (Monogram et Républic) dans des westerns et comédies musicales à budget très limité. Elle eut également son heure de gloire en tant que chanteuse lors des balbutiements du rock n’roll.
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Née en 1922, Gale Storm remporte un concours organisé par une radio dont le prix est un bout d’essai dans les studios de la RKO. Néanmoins, la firme ne va guère utiliser les talents de la jeune actrice et la congédier après 6 mois seulement et deux rôles minuscules. Faute de mieux, la jeune comédienne se rabat alors vers les petits studios, que l’on surnommait alors « Poverty row » pour trouver un emploi dans des westerns de série B ou Z aux cotés du cow-boy chantant Roy Rogers et de son beau cheval blanc.
Parmi les films de seconde zone auxquels se prêta la comédienne on relève « où sont vos enfants »(1942) un mélo particulièrement raté sur la délinquance juvénile, sujet toujours très attractif pour le public populaire. Elle chante plusieurs chansons dans Campus rythmn (1943) et incarne une jeune fille paralysée qu’un médecin tente remettre sur pieds dans l’espoir de vivre (1944) entourée d’une distribution assez prestigieuse pour un film issu des studios Monogram.
Qualifiée de reine des séries B, l’actrice a l’honneur d’être conviée à l’anniversaire du Président Roosevelt en 1945, parmi les plus grands artistes. La même année, on la retrouve dans Sue des bas-fonds, musical « belle époque » genre très populaire à la fin de la guerre : les numéros musicaux souffrent hélas de l’étroitesse des moyens et font pâle figure à coté des extravagances de la Fox.
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La carrière de Gale Storm se poursuit ensuite dans des studios plus prestigieux mais dans des westerns peu marquants. Son virage vers la télévision lui sera salutaire car elle connaîtra enfin la gloire nationale dans la série « ma petite Margie » inédite chez nous, aux cotés de Charles Farrell star du début des années 30. Prévue à l’origine comme bouche-trou du feuilleton I love Lucy, la sitcom marchera si bien qu’elle s’étendra sur 126 épisodes, qui seront longtemps rediffusés sur les chaînes américaines. Cette soudaine popularité l’encourage à tenter sa chance sur disque : le slow-rock « I hear you knocking at my door » est un tube qui s’écoule à 4 millions de copies. Elle le chante fort bien d’ailleurs.
Dans la même veine, l’artiste va enregistrer une série de préhistorocks ponctués de wap dee wap et de boo bi doo bi doo , à une époque où l’industrie du disque préférait confier à des artistes blancs des airs de rythm n’ blues crées par des blacks, en les édulcorant pour les rendre plus accessibles.
Heureusement, la tendance allait vite s’inverser, le grand public se tournant rapidement vers les créations originales. Au début des années 60, après la fin de son show télé, la vedette du petit écran se tourne vers les planches et joue dans diverses opérettes ou pièces de théâtre comme 40 carats.
Il semble que l’alcoolisme soit la raison essentielle du déclin de sa carrière. Une triste habitude qu’elle est parvenue à combattre après de multiples tentatives de cures de désintoxication.
Gale Storm, qui avait quitté les lumières du show business depuis bien longtemps est décédée à l’hôpital de causes naturelles. Je n'ai jamais vu les épisodes de la petite Margie mais les nostalgiques des fifties ne pourront qu'apprécier les quelques 45 T délicieusement datés que la miss a enregistré au sommet de sa gloire télévisuelle. (et notamment son adorable version de memories are made of this de Dean Martin)
Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Gale Storm)

Message par Music Man »

Artiste de talent et femme de conviction, Anna Prucnal n’a jamais cherché la facilité : ses choix artistiques courageux, élitistes et parfois déroutants ont même eu un impact dramatique sur sa vie personnelle. Mais comment une chanteuse aussi passionnée et anti-conformiste, connue pour ses interprétations de Brecht, Cocteau et Maïakovski , aurait elle pu se contenter d’une carrière linéaire et de rôles passe partout. Cette femme passionnée a parfois conjugué ses talents de comédienne et de chanteuse à l’écran. Elle nous revient pour une série de récitals au festival d’Avignon.
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Née en 1940 à Varsovie (pour reprendre le titre de son autobiographie), Anna Prucnal connaît une enfance tragique et misérable : son père un chirurgien juif entré dans la résistance est assassiné par les nazis et sa mère, d’origine noble, contrainte de faire des ménages. Boursière, elle étudie le chant lyrique à Berlin-est avant de faire ses classes au théâtre satirique de Varsovie. Remarquée pour la beauté de sa voix et de son physique, celle qu’on surnomme rapidement l’Audrey Hepburn polonaise débute à l’écran en 1962 dans Soleil et Ombre, œuvre antimilitariste où elle incarne la fille d’un soldat irradié atteint d’un cancer. L’année suivante, elle est l’héroïne d’une comédie au ton assez cynique « nouvelle aventure » et de smarkula, une charmante comédie romantique.

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A Berlin est, Anna joue dans une comédie musical de Joachim Hasler, Voyage dans un grand lit. On est toujours surpris de constater à quel point les comédies musicales tournées de l’autre coté du rideau de fer étaient novatrices et irrévérencieuses par rapport aux beach movies ouest-allemand pâlichons et extrêmement conventionnels. A un moment Anna et Eva Maria Hagen, la Bardot de la RDA se retrouvent même au lit avec le même marin. En outre, le film balance bien et musicalement, na paraît nullement décalé par rapport aux nouvelles mouvances musicales. Anna est piquante et craquante et on aurait aimé l’apprécier davantage dans de genre; mais toujours avide d’expériences nouvelles et non-conformistes, l’actrice vogue déjà vers de nouveaux horizons : lors du tournage, elle rencontre Jean Mailland cinéaste dont elle tombe amoureuse immédiatement et qu’elle va suivre jusqu’à Paris. Entre temps, elle tourne pour Wajda un téléfilm au ton très sarcastique sur un coureur automobile victime d’innombrables accidents et vivants grâce à de multiples dons d’organes ;
En France, Anna trouve d’abord quelques rôles dans des opérettes (la vie parisienne) et joue dans l’opéra de Claude Prey Donna Mobile en 1972.
En 1974, le cinéaste yougoslave Dusan Makavejev l’embauche pour Sweet Movie, un film qui va profondément marquer sa carrière et son destin. Cette œuvre provocante et délirante fera scandale lors de la projection à Cannes : gigantesque happening , déjanté et effrayant, c’est vraiment le film où tout peut arriver avec une audace incroyable comme on n’en voit plus guère sur nos écrans. Certaines scènes donnent littéralement envie de vomir, mais le moins qu’on puisse dire c’est que ce film ne peut laisser indifférent. Anna Prucnal y incarne une prostituée marxiste qui navigue sur une péniche avec Karl Marx en figure de proue et séduit à un marin de passage avant de l’assassiner froidement. Elle y chante brièvement de sa voix très perçante et fascine par sa présence et sa folie. Le passage où elle se libre à un strip tease, en robe de mariée devant des enfants provoquera pas mal de remous (c’est tout à fait le genre de passages qu’on n’oserait plus mettre en scène).

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Certaines scènes du film seront coupées lors de l’exploitation à la demande de Carole Laure, autre vedette du film. Ce qui n’empêchera pas ce film déroutant d’être toujours interdit en Angleterre. En Pologne , la réaction est vive : Anna Prucnal est interdite de séjour pour s’être prêtée à ce film jugé dégradant, immoral, pornographique et anti-communiste. Une sanction lourde de conséquence pour la comédienne qui ne pourra même pas se rendre au chevet de sa mère mourante ou rendre visite à sa sœur pendant plus de 15 ans!
Au cinéma , Anna Prucnal est remarquée pour son rôle de trotskiste dans le très bon film d’espionnage de Deville « le dossier51 » et a même l’honneur de jouer pour Fellini dans la cité des femmes, hélas un des moins bons film de ce génie du cinéma.
A la fin des années 70, Anna se lance dans le tour de chant dans une répertoire qui mêle avec bonheur opéra, jazz , poètes russes, chansons réalistes et folklore slave. L’indomptable artiste est peut être encore plus à son aise sans la joug d’un metteur en scène pour crier sa révolte et son exaltation entre violence et passion, lyrique et hystérie. Ses prestations étonnantes, notamment au théâtre de la ville à Paris, lui valent des critiques dithyrambiques. C’est désormais sur les scènes européennes que va se poursuivre la carrière de la chanteuse. Lors des mouvements de grève qui secouent la Pologne en 1980 et de la fondation de Solidarnosc l’artiste intervient dans de nombreux médias français pour soutenir ce mouvement de contestation, surtout après l’état de siège de 1981. L’effondrement du régime communiste en 1989 permet enfin à l’artiste polonaise d’effectue un retour en triomphatrice dans son pays natal. Elle célèbre le bicentenaire de la révolution française devant le château de Varsovie. Lors du passage de Lech Walesa à Paris en 1991, elle chante pour lui à l’Élysée.

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Si très rarement, on entre aperçoit Anna Prucnal au cinéma (elle chante, fort bien, dans un passage du film polonais obyatel swiata), c’est désormais dans des rôles minuscules. Peut être parce que la scène reste quand même le meilleur écrin pour sa démesure? Elle se produit en ce moment au festival d’Avignon avec des chansons composées par son mari.

Dernière modification par Music Man le 26 juil. 09, 11:30, modifié 1 fois.
Lord Henry
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Anna Prucnal)

Message par Lord Henry »

En 1974, le cinéaste yougoslave Dusan Makavejev l’embauche pour Sweet Movie. Certaines scènes sont tellement écoeurantes, qu‘en les visionnant on est pris d‘envie de vomir
Serait-ce de l'ironie?
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Music Man
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Anna Prucnal)

Message par Music Man »

Non, même pas, ça prouve surtout que je devrais prendre du temps pour me relire :wink:
julien
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Anna Prucnal)

Message par julien »

Music Man a écrit :Le passage où elle se libre à un strip tease, en robe de mariée devant des enfants provoquera pas mal de remous (c’est tout à fait le genre de passages qu’on n’oserait plus mettre en scène).
Surtout avec des chants religieux en fond sonore. :mrgreen:

je me rappelais plus qu'elle chantait dans Sweet Movie. C'est surtout Ann Lonnberg que l'on entend. Dommage d'ailleurs.
Music Man a écrit :
Génial. J'ignorais totalement l'existence de cette version italienne, traduite par Pasolini en plus, des mauvais Enfants de la vallée. Ça passe pas mal au piano. Ça donne quelque chose de plus romantique.
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Re: Les vedettes féminines des films musicaux (Sonja Ziemann)

Message par Music Man »

Spécialité teutonne à consommation strictement locale le « heimatfilm » ou film de terroir a pullulé sur les écrans germaniques pendant les années 50 : splendides paysages, jolis chalets dans les montagnes, tyroliennes et charmantes paysannes étaient les principaux ingrédients de ces concoctions en guimauve destinées à apporter un peu d’optimisme et de sérénité au public allemand après la fin de la seconde guerre mondiale. Même si elle s’est souvent défendue de n’être apparue que dans 2 films relevant de ce genre si spécifique, la très belle Sonja Ziemann est pourtant liée dans l’esprit du public allemand à ce type de spectacle. Comme elle le souligne dans sa biographie, cette actrice d’une grande beauté (son minois était probablement l’un des plus gracieux de tout le cinéma européen) s’est pourtant illustrée dans de nombreux autres productions, souvent musicales, avec quelques incartades à l’étranger, en France notamment.
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Née en 1925, Sonja Ziemann a suivi des cours de danse auprès de Tatjana Govski, avant de jouer les soubrettes dans des revues berlinoises au début des années 40. La très jeune artiste est aussitôt repérée par des producteurs qui lui offrent des petits rôles d’adolescentes dans des comédies tournées à Prague, le plus souvent. Mutine et espiègle, la jeune actrice a encore les joues rebondies d’une gamine, mais son charme opère déjà. Néanmoins, c’est après le conflit que sa carrière démarre vraiment : elle enchaîne les rôles dans toute une série d’opérettes filmées comme Une nuit de folie , les joyeuses commères de Windsor et surtout la fiancée de la forêt noire (1950) d’Hans Deppe scintillante niaiserie musicale et premier film allemand en couleurs d’après guerre. Sonja porte joliment le chapeau à pompons de la contrée et forme un joli couple avec le viril Rudolf Prack : le public en redemande.
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Verte est la vallée (1951), avec le même duo, aura encore davantage de succès (19 M de spectateurs!) et jettera toutes les fondations et les clichés du genre « heimatfilm » qui va sévir pour 10 ans outre-Rhin. Des vagabonds chantant des airs folkloriques, une histoire d’amour contrariée entre une bergère et un garde forestier lutant contre des braconniers, tous les ingrédients sont là pour distraire un public facile. Évidemment cela a vraiment mal vieilli même si on ne peut s’empêcher de trouver des similitudes entre ce genre de confiserie régionale et les feuilletons fleuves de l’été que nous proposent les chaînes télé depuis quelques années.
Désireuse de ne pas s’enfermer dans ce genre très limité et peu porteur, Sonja malgré le triomphe des films précités, se tourne vers les comédies, souvent musicales. Il s’agit souvent d’opérettes viennoises comme bal à l’opéra (1956) ou le bal de l’empereur (1956), spectacles colorés sur fond de valse et de quiproquos, pas du tout désagréables et plutôt bien ficelés. Le Tzaveritch (1954) avec un Luis Mariano moustachu est par contre une piteuse adaptation d’une oeuvre de Franz Lehar . Filmé en noir et blanc, l’opérette ma sœur et moi (1952) manque vraiment de lustre alors que jeunes filles de Hollande, image d’Epinal d’Amsterdam (avec Sonja dansant avec ses sabots et sa cornette) peut faire sourire au second degré.
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Dans un genre plus moderne, Sonja reprend le Teddy bear créé par Rosita Serrano dans le biopic consacré au compositeur des années 30 Theo Mackeben, Près de toi chéri (1954). Sa séquence, où déguisée en fillette, elle danse et chante avec un grand nounours en peluche est une des plus réussies du film. En visionnant le passage on sent bien que la belle savait fort bien danser et on ne peut que regretter de ne pas l’avoir vu davantage sur une piste de danse. Et ce n’est pas ses quelques pas furtifs dans « Nous irons à Hambourg »(1954), qui suffisent à combler notre apêtit.
Le cinéma allemand des années 50 n’étant guère novateur, l’actrice se prête aussi à de nombreux remakes de succès d’avant guère comme dactylo (1953) ou la bain dans la grange (1956).
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Elle s’essaie également au drame dans amour sans illusion dans le rôle très antipathique d’une petite garce qui couche avec le mari de sa sœur. Sa prestation est néanmoins inférieure à celle de sa partenaire, la grande comédienne Heidemarie Hatheyer, bien meilleure dans le rôle de l’épouse trompée. (Ajoutons que dans ce film, Sonja se retrouve enceinte de son beau frère et tente de se faire avorter). Je n’ai pas vu le remake de Grand Hôtel, classique hollywoodien des années 30, où Sonja reprend le rôle de Joan Crawford, mais il semble que les critiques de l’époque ont beaucoup apprécié son interprétation). Pour faire le tour des cinémas de genre , si féconds dans le cinéma allemand, Sonja a aussi joué dans des films de guerre, comme à l’ombre de l’armée rouge ou bataillon 999, exemples typiques et plutôt réussis d’un cinéma qui tente d’exorciser un passé douloureux. Enfin, autre genre très spécifique au cinéma allemand dans lequel Sonja a également trempé le film de (mauvaises) moeurs, en l’occurrence « fille interdite » qui traite d’avortement et de gynécologie.
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Dès 1952, la carrière de la star prend une dimension internationale. Elle joue dans une comédie anglaise (made in heaven en 1952), un film italien et plusieurs en France. Des films musicaux bas de gammes dont le pénible Tabarin dont la vedette est la remuante Annie Cordy. En revanche, Sonja est excellente dans Sérénade au Texas, un des seuls films regardables de Luis Mariano. Ce dernier, piètre acteur, a l’air presque ridicule, à coté de la magnifique Sonja, aussi belle que vive femme du far west et de l’irrésistible Bourvil.
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Évidemment les cinéphiles plus avertis, préfèreront de loin sa prestation aux cotés du James Dean polonais Zbigniew Cybulski dans le film polonais « le 8ème jour de la semaine », sombre tableau de la vie quotidienne à Varsovie, adapté d’un roman de Marek Hlasko, auteur rebelle qui deviendra le second mari de Sonja(le film sera longtemps interdit en Pologne) ou du Dernier passage , film d’espionnage américain sur fond de guerre froide avec le grand Richard Widmark.
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Alors que le cinéma allemand connaît une passe difficile, l’existence de la pauvre Sonja vire à la tragédie : son fils, né de son premier mariage, décède à 16 ans d’un cancer après de longues années de souffrance. Son second mari, alcoolique et drogué, se suicide en 1969. Son compagnon suivant trouve la mort dans un accident d’avion. Après quelques dernières apparitions dans des blockbusters internationaux comme le pont de Remagen et De Sade, Sonja Ziemann va essentiellement se consacrer au théâtre, dans des adaptations de Barillet et Grédy, voire des musicals comme my fair lady. (dont elle enregistre les principaux airs en allemand).
Depuis le décès de son troisième mari, l’acteur suisse Charles Régnier (qu’on a vu notamment dans la série de Angélique), Sonja Ziemann vit en maison de retraite car elle ne supporte plus la solitude.

Dernière modification par Music Man le 9 août 09, 22:10, modifié 2 fois.
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