Irving Cummings (1888-1959)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Irving Cummings (1888-1959)

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Lillian Russell (1940)

La vie professionnelle et amoureuse de la chanteuse Lillian Russell (Alice Faye), fille d'une suffragette qui avait postulée au poste de maire de New York à la fin du 19ème siècle et qui, à l'encontre des vœux de sa mère qui aurait rêvé en faire une chanteuse d’opéra, va pousser les portes du Music-Hall et devenir adulée durant plusieurs décennies à la fois pour son talent et son immense beauté. Elle aura tous les hommes à ses pieds et son succès ne se démentira jamais…

Dans le milieu des années 30, après le succès phénoménal rencontré par The Great Ziegfeld de Robert Z. Leonard déjà scénarisé par William Anthony McGuire, la MGM eut dans l’idée de produire un biopic dans le même style sur Lillian Russell avec Jeanette McDonald dans le rôle titre ; mais le projet tomba à l’eau et c’est Darryl F. Zanuck pour la Fox qui reprit le flambeau quelques temps plus tard. Au vu du sujet et des moyens mis en avant, on aurait pu s'attendre à un biopic flamboyant, mouvementé et dramatiquement puissant d’autant que le budget alloué au film était conséquent - l’un des plus gros pour la 20th Century Fox en cette année 1940 - et qu’à cette époque le studio s’était fait une spécialité des comédies musicales colorées voire chamarrées tellement les couleurs nous éclataient à la figure, peut-être encore plus que celles aujourd’hui plus célèbres - et ce n'est que justice - de la Major concurrente, la Metro Goldwyn Mayer ; pour en rester au seul Irving Cummings, il n’y a qu’à revoir That Night in Rio, Down Argentine Way ou The Dolly Sisters pour se rendre compte que si l’on peut penser que tous ces films tiennent encore le coup et peuvent toujours se savourer avec une certain délectation c’est principalement grâce à leur esthétique kitsch et bariolée dotée d’une brochette de couleurs véritablement étonnante, à 1000 lieues d’une palette pastel à la Vincente Minnelli par exemple.

Et donc pour en revenir à ceux qui auraient été en attente d'une biographie rutilante, vous pourrez repasser car il n'en est absolument rien ! Au contraire, il s’agit d’un film d’une part tourné en noir et blanc – ce qui s’avère un peu dommage au vu des costumes utilisés et des décors mis en place qui eussent pu briller bien plus intensément en Technicolor -, de l’autre une œuvre à l'image de son actrice principale qui trouve certainement ici son plus beau rôle, Alice Faye ; à son image, ce qui signifie doux, charmant, discret et un peu en retrait ; une comédienne qui me fait décidément penser à une autre au jeu un peu semblable, sorte d'idéal féminin pour les plus romantiques d'entre nous, diaphane, angélique et rêveur un peu en dehors de la réalité, la ravissante Gail Russell. On ne pouvait à mon avis faire choix plus judicieux qu'Alice Faye pour le rôle titre d'un film qui repose avant tout sur la gentillesse et la douceur d’une femme qui est aimée de tous. Alice Faye dira d’ailleurs que c’était la plus belle performance dramatique de sa carrière : "Playing Lillian Russell was a Challenge, but I was helped immeasurably by the director Irving Cummings, who had been an actor and really made the picture for me… He had know the real Lillian Russell, a great of the gay ‘90’s, and was able to advise me on her sense of humour and the way she worked". Et effectivement le réalisateur travailla au début du siècle aux côtés de cette star aujourd’hui méconnue, alors adolescent partageant avec elle l’affiche du film Wildfire en 1908. Contrairement à la majorité des films biographiques hollywoodiens, ici point de schéma traditionnel ascension/chute puisque Lillian Russell ne boira pas, ne se droguera pas, ne présentera aucun défauts apparents et restera constamment au sommet de sa gloire. Deuxième grosse originalité de ce biopic pas comme les autres, aucun pathos puisqu’à chaque fois qu’une séquence dramatique pourrait faire surface, les auteurs utilisent l’ellipse et passent immédiatement à autre chose.

Attention non plus de ne pas rechercher ici une grande vérité historique au sein cette version édulcorée de la vie de Lillian Russell, femme qui fut vedette de l’opérette à New York ainsi qu’en Europe à la fin du 19ème et début du 20ème siècle. Cette très grande star de l’époque eut au contraire une vie bien remplie et passablement tapageuse, ce qui se ressent difficilement à la vision de ce film. Connue pour sa beauté et son style ainsi que pour sa voix et sa présence scénique, elle était également considérée comme l'un des Sex-symbol de son époque, aussi bien appréciée des médias que du public. Elle épouse un compositeur (Don Ameche dans le film) qui sera arrêté pour bigamie avant de faire à nouveau quatre autres mariages. C’est sa voix qui est choisie par Graham Bell en 1890 lorsque ce dernier lance son service de téléphonie longue distance : de New York la chanteuse fait entendre une mélodie au public de Boston et Washington avec le Président de l'époque faisant partie des auditeurs. Durant 40 ans son compagnon est le millionnaire Jim Brady (Edward Arnold dans le film) qui la comble de cadeaux assurant ainsi son style de vie extravagant. Sa carrière sur scène dure 40 années pleines à craquer ; elle joue même au cinéma aux côtés de Lionel Barrymore. Dans les dernières années de sa vie, elle suit le modèle de sa mère, plaide donc pour le suffrage des femmes et devient une célèbre conférencière avant de recruter pour le corps des Marines des USA et de recueillir des fonds pour l’effort de guerre durant 14-18. Elle est également la première femme à diriger un spectacle à bord d’un paquebot en 1922... Autant dire qu'il y avait de quoi remplir un film de plus de trois heures avec force paillettes et éclats.

Comme nous l’écrivions juste avant, Irving Cummings et son scénariste choisissent au contraire d'utiliser l'ellipse à chaque séquence qui aurait pu s’avérer trop spectaculaire ou dramatique – le plus bel exemple étant celui de la mort du personnage joué par Don Ameche - et nous nous trouvons au final devant un film en demi-teinte, tout à fait charmant et foncièrement attachant pour qui aura accepté de se laisser bercer par ce ton pastel assez naïf et plein de bons sentiments mais jamais mièvre, au contraire d’une très grande délicatesse. Beaucoup y trouveront leur compte puisque l’on y parle de la place de la femme dans la société avec le couple des parents de Lillian dont la mère féministe de la première heure, on y croise une grand-mère donnant un baiser sur la bouche au jeune Henry Fonda en guise de message à sa petite fille (superbe Helen Westley), une mère venant se coucher auprès de sa fille adulte pour lui avouer sa fierté devant son succès alors qu'elle était au départ réticente à ce qu'elle fasse carrière dans le Music-Hall, deux vieux amis milliardaires amoureux de la même femme sans que ceci n'entame leur belle amitié (géniaux Edward Arnold et Warren William), un époux se 'tuant' à la tache au sens propre pour offrir à sa femme la plus belle des chansons (toujours élégant Don Ameche), un jeune journaliste timide et secrètement amouraché de l'actrice qui suivra ses pas pendant dans des années sans jamais (ou presque) se montrer ni se déclarer (Henry Fonda touchant en amoureux transi). Alice Faye domine ce formidable casting : elle n'en fait donc jamais trop que ce soit dans son jeu ou son chant ; elle ne pousse jamais sa voix envoutante de 'crooner' qui demeure constamment chaude et comme en retrait elle aussi ; on pourrait dire qu’elle est en gros l’équivalent de Frank Sinatra au féminin.

Les amateurs de musique risquent d'être un peu déçus car durant pourtant plus de deux heures de film nous n'y trouvons finalement que peu de numéros musicaux : notons quand même la sublime chanson Blue Lovebird qu'a composée Bronislau Kaper et qu'a écrite Gus Kahn ; la très charmante Adored One ; After the Ball qui sera reprise entre autres par Kathryn Grayson dans le sublime Show Boat de George Sidney ; ou enfin le fameux Bamboo Tree plus connu pour avoir été chanté par Judy Garland et Margaret O’ Brien dans le non moins magnifique Le Chant du Missouri (Meet me in St Louis) de Vincente Minnelli. Outre les fans de chansons, les spectateurs attirés par les puissants mélodrames risquent aussi de ressentir une forte déception puisqu'il n'y a quasiment aucune progression dramatique dans cette œuvre composée de finalement très peu de séquences, la plupart très bavardes sans aucune qui ne recherche à atteindre un quelconque climax. De plus nous ne trouvons aucun personnage négatif, pas même les producteurs au contraire plus proches de mécènes compréhensifs et pleins d'humanité (superbe Leo Carillo) que de véreux et ambitieux financiers. Enfin, même pour ceux qui auront été charmés, notons un gros point noir de cinq minutes qui semblent en durer beaucoup plus, une séquence qui vient un peu gâcher la fête, celle incongrue des vrais comiques Weber & Fields qui arrive de plus vers la fin du film et qui casse ce ton installé par le réalisateur, sorte de sketch pénible, peu drôle et interminable : pour sa défense, disons que l’humour de l’époque n’est peut-être plus vraiment le nôtre.

Une fois tous ces paramètres et éléments connus, soit vous vous ennuierez comme je l’ai souvent lu ici et là, soit comme moi vous vous laisserez porter par ce très beau portrait de femme ainsi que par tous ceux des hommes qui gravitent autour d'elle, le tout au milieu de décors et costumes somptueux : Darryl F. Zanuck n’a pas lésiné en ce qui concerne la méticuleuse reconstitution historique, le choix des costumes et le nombre de figurants. Surement le plus beau film du réalisateur du pourtant déjà délicieux Hollywood Cavalcade sur les débuts du cinéma au travers des personnages évoquant lointainement Mack Sennet et Mabel Normand ; il n’y est certes probablement pas pour grand-chose car sa mise en scène ne possède pas grand caractère ni spécialement d'ampleur mais la direction d’acteurs est tellement bonne et le scénario tellement bien écrit que l’on pourra ressortir de ce film le sourire aux lèvres et surtout l’envie de connaitre un peu mieux la carrière de Alice Faye.

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Re: Irving Cummings (1888-1959)

Message par Miss Nobody »

Jeremy Fox a écrit :
feb a écrit : Mais bénis soient le Technicolor et Orry-Kelly.
Ben oui quoi ! Du n'importe quoi de ce style, je suis preneur ! :mrgreen:
Je trouve ce technicolor chatoyant et ses petites poupées toutes en plume et en mousseline absolument ravissantes, moi aussi... mais quand même... les années folles quoi... :|
J'imagine qu'il n'était pas question de laisser Betty Grable porter des robes (ou une coiffure) toutes démodées...

Bon en me re-penchant sur la question (sur google images) et en revoyant le défilé impressionnant de costumes dans ce film (il y a même un numéro défilé de mode non ? j'avais complètement oublié), c'est vrai que c'est un vrai festival pour les yeux !

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Re: Irving Cummings (1888-1959)

Message par Miss Nobody »

Quelques critiques de films retrouvées sur le forum :
O'Malley - en 2019 a écrit : Vu hier Belle Star d'Irving Cummings et j'ai cru à un bon petit western sympathique durant les deux premiers tiers du film, malgré le jeu un peu trop outré de Gene Tierney que souligne justement Jeremy Fox dans sa chronique (mais pour moi, compensé par son irradiante beauté magnifiée par le Technicolor éblouissant de Natalie Kalmus)... sauf que la dernière demi-heure perd toute crédibilité avec la prise de conscience trop brusque et pas du tout crédible du personne principal. Le reste des péripéties s'enchaînent alors sans grand intérêt et c'est dommage tant la beauté de la photographie, des décors de la plantation et de certains extérieurs est un régal pour les yeux (surtout que nous avons droit à une copie HD superbe), le couple Gene Tieney- Randolph Scott est charmant et ce mélange d'Autant en emporte le vent et de western traditionnel ne manquait pas de curiosité et était rondement mené, avec un sens du dialogue très vif.
Miss Nobody - en 2015 a écrit : * Lillian Russell (Cummings)
Ce Biopic aseptisé de la vedette Lillian Russell, dont la vie mouvementée a été totalement réécrite pour coller à la personnalité lisse d’Alice Faye, est un musical à oublier. Si la première heure, qui retrace les premières marches de l’ascension de Lillian, est fade mais plutôt sympathique à suivre, la deuxième partie du film parvient à être encore plus conventionnelle et devient rapidement pénible. Il faut du courage pour tenir jusqu’au sketch final extrêmement lourd (et sans aucun lien avec le reste du film) du duo comique Weber and Fields. De ce ratage, on ne retiendra que le joli minois d’Alice Faye entonnant d’une voix suave et délicieuse (évidemment très éloignée de la véritable voix Lillian Russell) quelques standards de la Belle Epoque.
Cathy - en 2008 a écrit : Lillian Russell (1940) - Irvin Cummings

La vie romancée de Lillian Russell, vedette de l'Opérette à New York et en Europe à la fin du XIXè et début du XXème siècle.

Avis mitigé sur ce biopic. D'habitude, les biopics servent à montrer tous les numéros les plus extravagants de la carrière d'un artiste qu'il soit chanteur, compositeur, etc. Ici pas du tout, naturellement, il y a quelques numéros montrés, une évocation du vaudeville, mais finalement très peu au final, si ce n'est le numéro qui révèle la jeune Lillian Russell ou le numéro final et rien de bien mémorisable, hormis le fameux "After the ball" (que Kathryn Grayson chante également dans Show Boat) ou le "Bamboo Tree" (repris dans Meet me in Saint Louis par Margaret O Brien et Judy Garland).
La vie de l'artiste est considérablement édulcorée, on avance le "After the ball" chanté au Président des USA via téléphone, on supprime la bigamie de son mari (Don Ameche) qui meurt d'une crise cardiaque, on occulte ses maris. La relation amoureuse entre Lillian et Alex Moore est étendue durant tout le film. Bref comme d'habitude, c'est un peu du n'importe quoi au niveau de la réelle vie. On conserve par contre l'excentrique milliardaire interprété avec verve par Edward Arnold.
Le film accentue donc le côté dramatique de la vie de la chanteuse et non sa carrière. Il en demeure à ce moment-là un film agréable mais pas vraiment une comédie musicale. Alice Faye campe une charmante Lillian Russell avec une voix envoutante qui évoque par instant celle de Marlene Dietrich, Henry Fonda est dans son registre d'amoureux transi, quant à Don Ameche, il n'apparaît que brièvement dans le film. Les seconds rôles sont excellents comme Uma O Connor en servante, Warren William ou encore Helen Westley délicieuse grand-mère.
Si on attend un biopic traditionnel avec de nombreux numéros musicaux, on sort forcément déçu de la vision de ce film. Si on souhaite voir une vie romancée, le film est fort agréable.
Miss Nobody - en 2012 a écrit :* Les dolly sisters (Cummings)
Enième bluette pour mettre en vedette Betty Grable, ce double-biopic se révèle vraiment plaisant au final. Evidemment, les vraies vies des Dolly Sisters ont été très largement édulcorées : les deux belles brunes exotiques deviennent deux poupées blondes, les Roarings Twenties sont méconnaissables, les amants riches et nombreux sont transformés en deux gendres idéaux, et un joli happy-end est préféré au tragique suicide de Jenny. But who cares? Puisque les interprètes sont charmantes, les chansons et les numéros tout à fait réjouissants et qu'on ne s'ennuie pas une seconde...
Music Man - en 2012 a écrit : PAUVRE PETITE FILLE RICHE (poor little rich girl) de Irving CUMMINGS – 1936
Avec Shirley TEMPLE, Alice FAYE, Jack HALEY, Gloria STUART et Tony MARTIN

Barbara, la fille d’un très riche homme d’affaires se perd dans les rues de New York après que sa gouvernante ait été victime d’un grave accident. Elle est recueillie par un couple d’artistes qui compte bien utiliser ses talents de chanteuse pour percer enfin à la radio.

Remake d’un film muet avec Mary Pickford, Pauvre petite fille riche est un véhicule pour exploiter le talent de la gamine Shirley Temple au faite de son immense popularité. Elle a beaucoup d’aplomb, d’énergie et un soupçon de cabotinage mais elle parvient à rendre supportable cette histoire sans grand intérêt qui nous permet d’évoluer dans les coulisses d’une radio (comme dans pas mal de films musicaux des années 30 de la Fox et de la Warner) dont les émissions sont sponsorisées par des savons ou des produits alimentaires. Comme un brave petit ange, tout s’arrange autour d’elle : elle retrouve son papa, échappe au méchant qui voulait la kidnapper (un sadique ??), et aide le couple de chanteurs à atteindre la gloire. C’est bien conventionnel. Quelques chansons sympas (when I’m with you) et un hymne à la gloire des épinards (dans un couplet, Shirley au nom des enfants du monde, déclare la guerre aux épinards mais elle n’a pas le dessus). Le numéro final (military man) a parait-il réclamé des heures de tournage car les pas étaient trop compliqués à synchroniser. Pourtant le résultat n’est pas fantastique. Le DVD propose une version hideusement colorisée.
Jeremy Fox - en 2008 a écrit : Pauvre petite fille riche (Poor Little Rich Girl) de Irving Cummings (1936) 20TH CENTURY FOX

Petite fille gâtée, Barbara s'ennuie : elle a tout ce qu'elle veut sauf des amis. Son père décide de l'envoyer à l'école pour rencontrer d'autres camarades de son âge. Sur le chemin, sa gouvernante se fait renverser par un camion et la petite fille en profite pour partir à l'aventure dans les rues de la ville ; elle rencontre un saltimbanque miséreux et sa famille ainsi que deux minables artistes de music-hall...

L'histoire n'a aucun intérêt (pour ne pas dire qu'elle se révèle assez idiote), le scénario est rempli de bénaces larges comme le grand Canyon (La gouvernante a beau avoir été tuée par un camion, personne ne s'en soucie durant le reste du film) et les personnages masculins sont d'une rare fadeur, mais grâce à l'entrain de la jeune Shirley Temple, le charme déjà présent de la délicieuse Alice Faye et les excellentes mélodies de Mack Gordon (surtout 'But Definitely'), on ne s'ennuie pas un seul instant d'autant plus que ces dernières sont assez nombreuses et faciles à retenir. A signaler aussi un superbe numéro final de claquettes 'Military Man' d'autant plus impressionnant qu'on ne s'attendait pas à une telle virtuosité de la part de la jeune star. Sur les 8 films vus d'Irving Cummings, encore rien de mauvais à signaler.

J'évoquerais juste rapidement Stowaway, lui aussi avec Shirley Temple et Alice Faye car il ne s'agit pas à proprement parler d'une comédie musicale, la durée totale des séquences chantées devant à peine dépasser les 10 minutes. Film lui aussi agréable avec un scénario un peu plus 'recherché' mais dont la mise en scène de Wiliam Seiter ne possède pas l'allant de celle de Cummings.
Ann Harding - en 2011 a écrit :Attorney for the Defense (1932, Irving Cummings) avec Edmund Lowe, Constance Cummings et Evelyn Brent

William J. Burton (E. Lowe) est un procureur new-yorkais réputé pour obtenir facilement la condamnation des accusés qui passent devant lui. Mais, un jour, il fait condamner à mort James Wallace, qui se révèle plus tard innocent. Dégoûté, il quitte ses fonctions de procureur et devient avocat de la défense. Pour se racheter, il paie les études du fils du disparu, Paul Wallace et le considère comme son fils...

Cette série B produite par la Columbia se révèle être un excellent petit film criminel grâce au scénario de Jo Swerling. Irving Cummings, qui a toujours été un réalisateur peu en vue, avait déjà derrière lui une belle carrière au muet. Il bénéficie sur ce film du travail remarquable de Ted Tetzlaff derrière la caméra. Il joue habilement sur la caméra mobile (encore rare en ce début du parlant) ainsi que sur des clairs-obscurs qui annoncent le film noir. Les acteurs principaux ne sont pas de très grandes vedettes, mais ce sont tous des acteurs de grande qualité. Edmund Lowe était un acteur du muet et surtout connu pour son interprétation du Sergent Quirt dans What Price Glory? (1926, R. Walsh). Ici, il interprète avec brio le procureur redevenu avocat qui n'est pas si éloigné du John Barrymore de Counsellor-at-Law (1933, W. Wyler), une autre superbe réussite sur le milieu judiciaire. Autour de lui, s'agite la faune new-yorkaise comme la vénéneuse Val Lorraine, une créature cupide et dangereuse, jouée superbement par Evelyn Brent, qui montre là qu'elle n'a rien perdu de son talent depuis son apparition dans Underworld (1927, J. von Sternberg) avec le passage au parlant. En grand contraste, Dorothy Cummings est la fidèle secrétaire d'Edmund Lowe, qui aime en secret son patron. Si le film parcourt rapidement les années, il permet de se familiariser avec le système judiciaire américain où le procureur cherche systématiquement à obtenir une condamnation pour assurer sa réélection ou son passage au poste de gouverneur. Edmund Lowe va être transformé par la condamnation d'un innocent. Il devient ensuite un avocat intègre qui a renoncé à ses amitiés louches avec la pègre et à ses relations avec Val Lorraine. Le final du film montre l'avocat qui doit se défendre seul face au nouveau procureur. Il est accusé de meurtre. Nous savons qu'il est innocent, mais, nous ignorons qui est le coupable. En deux temps trois mouvements, il va confondre le meurtrier et enfoncer le procureur. Pour cela, il utilise parfois des méthodes qui font sourire. Avec un petit miroir, il envoie les rayons du soleil au-dessus des jurés provoquant leur inattention alors que le procureur débite son réquisitoire. Les scènes dans l'appartement de Val Lorraine possède une atmosphère fort étonnante pour l'époque. Les visages des acteurs disparaissent dans les ombres et semblent être tout droit sortis d'un film noir des années 40. Un très bon film.
Tom Peeping - en 2011 a écrit :Girls' dormitory (Irving Cummings, 1936) *
La Fox essaya de lancer la carrière de Simone Simon à Hollywood avec ce "vehicle" où l'élève d'un pensionnat alpin tombe amoureuse de son directeur. La conclusion peut surprendre. Simon m'exaspère comme presque toujours mais je voulais voir le film pour la première et courte apparition (à la fin du film) de Tyrone Power, rayonnant.
Music Man - en 2010 a écrit :BROKEN HEARTS OF BROADWAY de Irving CUMMINGS -1923
Avec Colleen MOORE et Johnnie WALKER

Une jeune actrice tente sa chance à Broadway. Contrairement à sa co-locataire qui n’hésite pas à sortir avec des producteurs pour promouvoir sa carrière, la jeune fille sage finit par être renvoyée d’une revue pour ne pas avoir été assez conciliante avec un monsieur haut placé.

Le thème de l’aspirante vedette a été traité des centaines de fois au cinéma, et souvent de façon plus remarquable. Si l’interprétation est correcte et l’histoire se laisse suivre, la réalisation d’I Cummings est assez insipide ; vers la fin du film, il a pris la curieuse option d’utiliser d’interminables cartons pour raconter certains évènements (comme l’emprisonnement de Colleen Moore soupçonnée de meurtre) qu’il aurait été plus judicieux de filmer. Les scènes de revue sont tournées de biais des coulisses, les aptitudes comiques de la facétieuse Colleen Moore ne semblent exploitées qu’occasionnellement, au détour de quelques gros plans. En définitive, ce n’est pas désagréable, mais on aurait pu mieux faire.
joe-ernst - en 2010 a écrit :Broken Hearts of Broadway (1923), d'Irving Cummings.

Colleen Moore n'a pas eu de chance avec la postérité. Son film le plus célèbre, Flaming Youth, a disparu, ainsi que la plupart de ceux qu'elle a tournés. Reste celui-ci qui, hélas, ne permet guère de deviner la grande star qu'elle fut. En effet son personnage, celui d'une jeune fille qui rêve de gloire à Broadway, est affreusement terne. Les autres comédiens ne sont guère mieux lotis dans ce mélodrame qui traîne en longueur. Reste quelques beaux plans, et c'est tout.
Cathy - en 2008 a écrit :Hollywood Cavalcade (1939) - Irving Cummings

A travers la carrière d'un réalisateur et de son actrice fétiche, l'évocation des slapsticks comédies de 1913 à 1927, sortie du Chanteur de Jazz

Le film n'est pas une comédie musicale, pas du tout, en plus la seule chanson interprétée par Alice Faye, Whispering qui rythme par ailleurs le film a été coupée ! Mais bon Alice Faye n'en demeure pas moins une des grandes actrices de musicals de la Fox, et je n'avais pas envie de mettre ce commentaire perdu dans le Film du mois.

Une fois encore Hollywood se penche sur sa naissance, et le film est excellent. Si l'héroine porte le nom d'une réelle actrice du cinéma muet, l'évocation n'est pas celle de sa carrière, mais plus celle des débuts du cinéma avec le réalisateur qui a inventé le comique "tarte à la crème", a refusé d'embaucher Rin Tin Tin etc. et la répercussion du cinéma sur le spectateur. D'ailleurs, il est intéressant de voir que le phénomène du Chanteur de Jazz est encore évoqué avec l'intégration d'un extrait du film, et l'engouement des spectateurs pour cette scène de chant juif. Il est aussi intéressant de voir l'intégration de ces morceaux de soit-disant cinéma muet recréés pour le film avec notamment Buster Keaton qui joue son propre rôle, le premier film tarte à la crème ou le "Hello, Police, Murder". Alice Faye est une de fois plus charmante en jeune actrice de théâtre qui vient au cinéma sans réelle conviction et Don Ameche parfait en réalisateur imbu de ses créations et qui oublie tous ses sentiments personnels pour son art. Hollywood n'est jamais meilleur que quand il se penche sur ses propres origines, même si la scène finale tombe un peu à plat et sonne de manière fort conventionnelle.
Cathy - en 2008 a écrit : Double Dynamite - (1951) - Irving Cummings
Il s'agit avant tout d'une comédie, effectivement dans la lignée des screwball que d'une comédie musicale. Evidemment le film est alerte, mais il faut apprécier cet humour-là, l'humour à la Groucho Marx qui seconde Frank Sinatra, une fois encore dadais de service, même si quelques répliques font mouche (et quelque part, je ne supporte pas la démarche de Groucho). Jane Russell est piquante à souhait et irresistible dans la scène du restaurant. Bref le film reste toutefois sympathique, mais je pense que j'ai été déçue surtout après avoir lu la critique dythirambique qu'en avait fait Jeremy (même si je sais pertinement que nous n'avons pas tout à fait les mêmes goûts).
Cathy - en 2008 a écrit :Une nuit à Rio - That night in Rio (1941) - Irving Cummings
Première version musicale de "On the Riviera", et sacrément meilleure que ce dernier, le casting tient quand même mieux la route, Irving Cummings arrive à garder le rythme de la comédie et la musique ne traine pas en longueur même si la seconde chanson interprétée par Carmen Miranda, lors de la soirée est un peu superflue. On pourra reprocher à Alice Faye une vulgarité certaine en Baronne alors que Gene Tierney est quand même plus le personnage, par contre il est évident que la première est plus à l'aise dans le côté comédie et peut également pousser de manière très agréable la chansonnette ! Don Ameche comme d'habitude en fait un peu des kilos, mais est totalement crédible en Baron Duarte/Larry Martin et Carme Miranda attire la sympathie malgré elle aussi ses grimaces et ses roulements d'yeux habituels. Bref malgré toutes ces réserves, That Night in Rio n'en demeure pas moins une très agréable comédie musicale avec également la participation de S Z Sakall, spécialiste de ce style de second rôle auquel il prête sa silhouette si particulière.
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Re: Irving Cummings (1888-1959)

Message par Jeremy Fox »

Retrouvé ça pour ma part
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La Reine des Rebelles (Belle Starr, 1941) d’Irving Cummings
20TH CENTURY FOX



Sortie USA : 12 septembre 1941


La 20th Century Fox ayant fait de Jesse James son premier vrai héros de western, elle décide deux ans après de retenter le coup avec un de ses pendants féminins espérant par la même occasion que le résultat sera à nouveau une grande réussite aussi bien artistique que financière. Il va sans dire pour les historiens pointilleux, qu’une fois encore, l’intrigue romancée du film n’a que peu à voir avec la réalité.

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20ème siècle dans le Missouri. Un noir en train de retourner la terre accompagnée de sa petite fille. Cette dernière trouve une poupée calcinée dans les ruines d’une ancienne riche demeure victorienne. Son père lui dit qu’elle appartenait à une belle dame blanche du nom de Belle Starr, une véritable légende. Sur ce, il se met à narrer à sa fille l’histoire de cette femme s’étant lancée dans le banditisme pour ses sincères convictions politiques… Belle Shirley (Gene Tierney), la guerre civile ayant pris fin, retrouve son frère Ed (Shepperd Strudwick) ainsi que son ami d’enfance, le major Thomas Crail (Dana Andrews) qui s’était engagé dans l’armée unioniste. Ed a beau lui annoncer la reddition du général Lee et la défaite de la confédération avec philosophie et sérénité croyant à l’avenir du pays, Belle ne veut rien entendre et, avec le souvenir en tête de son père pendu par les soldats nordistes, souhaite que le Missouri continue les hostilités. Justement, ce soir là elle fait la connaissance de l’ex capitaine sudiste Sam Starr (Randolph Scott) qui non seulement pense comme elle mais met ses idées à exécution, ayant décidé de poursuivre le combat en chassant les Carpetbaggers et autres Yankees de son état. Sa tête est évidemment mise à prix et il échappe par deux fois de peu à la pendaison. Le major Crail découvrant que Belle a soigné et surtout caché le fugitif décide d’incendier la maison de son amie pour obéir aux lois. Outrée, cette dernière épouse Sam, devient Belle Starr ‘The Bandit Queen’, et suit désormais son époux dans ses attaques et autres hold-up. Quand elle s’aperçoit que son époux accueille de plus en plus dans se rangs les pires hors-la-loi, choquée par les exactions commises alors et les actions entreprises dans des buts moins respectueux qu’au départ, elle décide de tout arrêter ; mais son destin tragique est déjà en marche…

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Tout était en place pour émouvoir, divertir et plaire au plus grand nombre : une histoire composée d’un portrait de femme forte et téméraire qui prend la voie de la rébellion pour venger la mort de son père et contrer les abus des Carpetbaggers, d’une romance et de multiples rebondissements ; une Gene Tierney qui avait fait une agréable impression dans le Frank James de Fritz Lang ; un Dana Andrews qui allait être de nouveau partenaire de l’actrice dans le mémorable Laura ; un Randolph Scott parfait l’année précédente dans son habit de confédéré dans Virginia City de Michael Curtiz ; une mise en scène signée Irving Cummings qui venait de nous offrir deux petits bijoux malheureusement méconnus, Hollywood Cavalcade, attachante chronique du cinéma muet puis Lilian Russell, beau portrait de la chanteuse en question avec Alice Faye dans son rôle le plus marquant ; un scénario adapté d’un roman de Niven Busch signé Lamar Trotti dont je n’arrête pas de vous rabattre les oreilles ayant écrit de pures merveilles pour John Ford (Drums Along the Mohawk) et surtout une bonne dizaine pour Henry King ; le Technicolor trois bandes inégalé et qui n’a pas fini de nous en mettre plein les yeux… Mais vous l’aurez deviné, s’il n’est aujourd’hui pas aussi réputé et connu que son illustre aîné, Le Brigand bien Aimé d’Henry King, c’est pour la bonne et simple raison que contrairement à lui, il ne répond à aucune de nos attentes et qu’il se révèle en définitive être un bien mauvais film, un Gone With the Wind du pauvre, du très pauvre !

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La première faute en incombe à une redoutable erreur de casting ; si je ne remets aucunement en cause le talent de Gene Tierney qui a illuminé de sa beauté et de son talent certains chefs-d’œuvre tel L’Aventure de Mme Muir de Joseph Mankiewicz, force est de constater qu’elle n’était pas du tout faite pour ce rôle ! Voulant jouer à la Scarlett O’Hara avec un accent du Sud qui ne lui sied guère, elle minaude sans scrupules dans la première partie mais sans la gouaille ni le charme de Vivien Leigh qui avait été parfaite dans un personnage presque similaire. Puis Belle devient hors-la-loi et on ne compte plus les roulements d’yeux, les agrandissements de bouche inopportunes, la voix qui force sur le haut-perché insupportable ; elle semble avoir été totalement mal dirigée et en tout cas sa Belle Starr pourrait bien être sa prestation la plus calamiteuse. Face à ce cabotinage intempestif et ce jeu d’actrice décalé, Randolph Scott semble gêné et du coup il en devient transparent. Quant à Dana Andrews, il n’a guère le temps de nous montrer son éventuel talent. A sauver néanmoins niveau interprétation, la sympathique prestation de Shepperd Strudwick dans la peau du personnage le plus modéré, celui du frère de Belle Starr ainsi que celle de Louise Beavers dans la peau de la nourrice noire, le pendant sobre (cette fois) de Hattie McDaniel dans Autant en Emporte le Vent. On ne retrouve la patte de Lamar Trotti que dans la description de ces deux protagonistes, la plus belle séquence du film pouvant être celle au cours de laquelle Belle vient se pelotonner dans les bras de sa gouvernante.

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Car autrement, alors que je n’ai pas arrêté d’en vanter les mérites par ailleurs, le scénariste a cette fois-ci faux sur toute la ligne d’autant qu’il y avait vraiment matière à écrire un western captivant. Il semble avoir bâclé son travail n’arrivant pas à nous rendre ses personnages principaux ni attachants ni intéressants (il aurait pour cela fallu les approfondir un minimum), les trous béants parsemant un scénario déjà passablement décousu . Les évènements s’enchaînent sans discontinuer mais sans non plus nous passionner, les motivations de certains protagonistes nous demeurent complètement obscures jusqu’à la fin (notamment celles de Sam Starr dont on a du mal à comprendre pourquoi il se fait arrêter si facilement et pourquoi d’ailleurs il continue son combat) et toutes les implications politiques et historiques sont tout simplement évacués (la venue parmi les rebelles de Starr des anciens condisciples de Quantrell aurait pu donner une idée à creuser ; il n’en est évidemment rien). Quant à l’intrigue romantique, on a vraiment du mal à y croire ! Il faut dire que le film se traîne malgré sa courte durée et n’arrive jamais à décoller, toutes les scènes mouvementées à peine amorcées, le cinéaste passe à autre chose ; incapacité d’Irving Cummings à boucler correctement une scène d’action ou manque de budget ? N’empêche qu’au bout du compte, quelle qu’en soit la raison, la mise en scène est inconsistante et c’est le spectateur qui en ressort lésé et frustré. Et il faut encore qu’il supporte un final qui n’en finit pas. Ce n’est pas un spoiler que de parler de la mort du personnage de Belle Starr car tout le monde sait que, dans les films hollywoodiens de l’époque, afin que la morale soit sauve, il fallait que le hors-la-loi (aussi sympathique soit-il) soit tué. Dans La Reine des Rebelles, cet évènement dramatique arrive un quart d’heure avant le The End et entre temps, il aura fallu supporter la tristesse de tous les autres protagonistes, tristesse qui ne nous touche guère puisque n’éprouvant déjà que peu d’empathie pour la plupart d’entre eux.

Pour nous consoler aussi, outre quelques belles séquences et un Technicolor rutilant, un thème musical facilement reconnaissable d’Alfred Newman et de belles images filmées par Ray Rennahan et Ernest Palmer. Néanmoins un gros ratage !
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Jeremy Fox
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Re: Irving Cummings (1888-1959)

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