Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Boubakar
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Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par Boubakar »

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Tiré du dernier roman, inachevé, de Scott Fitzgerald, on assiste à la vie de Monroe Stahr,directeur de production d'un important studio d'Hollywood dans les années 20 et 30.
Depuis la mort de sa femme il se lance à corps perdu dans le travail, et un jour, sur un plateau, il rencontre son sosie en la personne de Kathleen. Il lui arrache un rendez-vous et passe la nuit avec elle mais au matin elle a disparu.


Inspiré du célèbre producteur Irving Thalberg, directeur de production à la MGM au début du 20e siècle, le dernier film d'Elia Kazan nous présente le portrait d'un homme pour qui tout lui réussit, puis la spirale de la vie l'ammène à sa perte.
Le film réunit une distribution vraiment impressionnante ; De Niro, Mitchum, Curtis, Angelica Huston, Jeanne Moreau, Donald Pleasance, Dana Andrews, et dans un rôle assez court, Jack Nicholson.
Dans ce casting, et dans le film, on ressent comme une espèce de passage à témoin entre l'ancien et le "Nouvel" Hollywood, le tout orchestré de façon brillante par Elia Kazan.
D'une certaine façon, le film dégage un grand sentiment de nostalgie, tant par le personnage de De Niro que sur le fait qu'on revient assez souvent sur des évènements passés, et surtout,
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sur les touts derniers plans où, Stahr, déchu de son poste, parcourt une dernière fois les plateaux, en disant plusieurs fois "Je ne veux pas te perdre", et en entrant dans un studio où il disparaît dans le noir, signe d'une époque révolue, comme si Kazan savait que ça serait son dernier film.
A l'image du film, c'est vraiment une fin magnifique (tutoyant les sommets du Parrain 2).

C'est bourré de plusieurs moments fabuleux (la scène dans la maison en construction, la confrontation entre Nicholson et De Niro....), voire tragiques (la fin, la mort d'un producteur....), où l'on sent que les acteurs p prennent énormément plaisir à jouer. D'ailleurs, l'ensemble du cast est vraiment incroyable, surtout De Niro, extraordinaire, qui porte le film entier sur ses épaules.

Je ne connais pas tellement la filmographie de Kazan (Lys de Brooklyn, A l'est d'eden, Sur les quais, Un tramway nommé désir), mais pour moi, Le dernier nabab restera son meilleur film, une magnifique déclaration d'amour au cinéma.
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G.T.O
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Message par G.T.O »

J'aimerais le voir...
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Boubakar
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Message par Boubakar »

G.T.O a écrit :J'aimerais le voir...
il vient de sortir en Zone 2, à 13 euros :wink:
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k-chan
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Message par k-chan »

Boubakar a écrit :
G.T.O a écrit :J'aimerais le voir...
il vient de sortir en Zone 2, à 13 euros :wink:
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Il faudrait que je l'achète, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas revu ce film. Je l'ai encore en vhs je crois...
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Boubakar
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Message par Boubakar »

k-chan a écrit :Il faudrait que je l'achète, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas revu ce film. Je l'ai encore en vhs je crois...
Sur le dernier top Kazan (2003), le film n'est pas très bien classé :?
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtopic.php?t=5003
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Faut pas être surpris, le film est très rare.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

[quote="Grimmy"]Le dernier nabab de Elia Kazan (1976)

Le dernier film de Kazan est une merveille. C'est beau, c'est lent, c'est triste, c'est magnifique. Robert De Niro est absolument énorme (sa prestation semble une répétition de son personnage d'"Il était une fois en Amérique", il traverse le film avec une autorité indéniable en dépit de son jeune âge (33 ans le garçon !), puis au fur et à mesure que le film avance comme un fantôme. C'est du grand art. Et pour qui aime le cinéma, le voir donner la réplique à Robert Mitchum et Jack Nicholson est un grand moment ! Tous les acteurs sont excellents comme Tony Curtis en acteur comprenant qu'il est en train de devenir has been .Malheureusement beaucoup n'ont qu'une petite scène ou deux (il faut pas cligner des yeux sinon on rate Dana Andrews ou Ray Milland par exemple) et c'est bien dommage.
Bref : superbe !/quote]

Ah, cool !! :)
J'espère que sa sortie Z2 va permettre à beaucoup de (re)découvrir ce film fabuleux !!
Joe Wilson
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Message par Joe Wilson »

Un très beau film, précieux et rare, sur le sentiment de finitude. J'ai ressenti quelques craintes dans les premières minutes, face à des dialogues trop écrits et un rythme abrupt peu propice à retranscrire les flots de l'écriture fitzgeraldienne.
Mais après cette ouverture un peu décevante, le film parvient naturellement à trouver son chemin de croisière (dès la vision nocturne, quasi fantomatique, de Robert De Niro), dans une alchimie presque miraculeuse.
Car Le Dernier Nabab fonctionne à travers un agrégat de scènes poignantes pouvant sembler disparates. Ces émotions fugaces sont reliées par un fil extrêmement fragile mais indispensable. La nécessité de saisir la sensibilité de Monroe Stahr oblige Kazan à mettre de côté la narration et c'est un pari convaincant. C'est alors le constat d'un adieu permanent, une réflexion sur la nature de l'illusion, du rêve, et l'impossibilité de se faire comprendre. Stahr reste insaississable, sa quête incertaine : la très longue scène dans le bâtiment à peine ébauché est évidemment le centre du film. On y voit un défi lancé à la vie, un besoin de dépasser sa propre condition. Mais la recherche démesurée du producteur prend alors une dimension immatérielle, et son impuissance reflète la fin d'un monde.
Stahr veut faire vivre la toute puissance symbolique du cinéma...les deux séquences de jeu, lorsqu'il imagine une scène, sont absolument sidérantes, tant elles se font écho. Kazan pour son dernier film consacre alors l'imagination humaine même si celle-ci est liée à une souffrance.
De Niro, au visage encore juvénile, est grandiose par sa maturité. Son expression fascinante lui permet d'incarner un Monroe Stahr bouleversant dans ses déchiréments. On ressent alors une empathie exemplaire pour ce personnage complexe et à priori peu accessible.
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angel with dirty face
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par angel with dirty face »

Boubakar a écrit :Je ne connais pas tellement la filmographie de Kazan (Lys de Brooklyn, A l'est d'eden, Sur les quais, Un tramway nommé désir), mais pour moi, Le dernier nabab restera son meilleur film, une magnifique déclaration d'amour au cinéma.
Au sujet d'un post de blaisdell sur Le Dernier Nabab (dans une rubrique Elia Kazan), j'avais écrit:
angel with dirty face a écrit :
blaisdell a écrit :Malgré certaines critiques dithyrambiques, on le considère assez souvent comme le moins bon film de son auteur...
A mon avis ce n'est pas un très grand Kazan, mais ce n'est pas non plus un mauvais film. Le problème c'est qu'on attend toujours beaucoup d'un homme quand il s'appelle Elia Kazan, Billy Wilder ou Joseph Mankiewicz...
blaisdell a écrit :Un film serein mais profondément bouleversant , qui est certainement la plus convaincante transposition à l'écran de Fitzgerald.
Je suis d'accord avec toi. J'ai toujours trouvé les transpositions sur le grand écran des romans de Francis Scott Fitzgerald assez médiocres: The Great Gatsby (1949) de Elliott Nugent, Tender Is The Night (1962) de Henry King, The Great Gatsby (1974) de Jack Clayton dont le scénario était signé par Francis Ford Coppola, sans parler de la série télé "Tender Is The Night" (1985) de Robert Knights avec Peter Strauss, Mary Steenburgen et Sean Young... De toutes les transpositions, The Last Tycoon (1976), adaptation pas évidente parce que le roman est inachevé (l'auteur est mort en l'écrivant), est la plus intéressante.
Sinon même un film (biopic sur les dernères années de Fitzgerald) comme Beloved Infidel* (1959) de Henry King d'après le roman Sheilah Graham (dernière compagne de l'écrivain) est un ratage: Gregory Peck en Francis Scott Fitzgerald, c'était (à mon avis) une erreur de casting... Dommage parce que la photo de Leon Shamroy était superbe.

* Le film existe en zone 2, il est vendu sous le titre Un Matin Comme Les Autres.
Dans la rubrique Top Elia Kazan, j'avais conclu par
angel with dirty face a écrit :Concernant The Last Tycoon, c'est peut être la seule adaptation cinématograhique d'un roman de Francis Scott Fitzgerald que je trouve intéressante... Mais il n'est pas dans mon top.
Dans la rubrique sur Elia Kazan, les derniers messages concernaient Le Dernier Nabab...
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odelay
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Message par odelay »

J'ai découvert le film il y a peu. J'étais été très impressioné par sa description du milieu hollywoodien de l'époque, par le casting qui est à la hauteur des espérances qu'on peut avoir et par certaines scènes qui ont une véritables grâce.
Par contre j'ai été moins convaincu par tout ce qui concerne la romance entre De Niro et l'actrice dont j'ai oublié le nom. A part une superbe scène dans le bâtiment en construction où ils se retrouvent pour la première fois ensemble au bord de la mer, le reste de cette idylle avait tendance à devenir un peu ennuyeuse, et surtout pas à la hauteur de tout ce qui l'entourait. Peut être aussi la faute à une jeune actrice un peu palote et en deça de tout le reste du casting (ce qui n'est pas difficile, vu le niveau élevé de la distribution).
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Message par maximusleo »

J'ai découvert ce film en salle il y a quelques jours.
Superbe prestation de De Niro (comme d'hab ou presque)
La scène où il apprend au personnage d'auteur joué par Donald Pleasance ce qu'est le cinéma est excellente.
J'aime beaucoup le personnage de Robert Mitchum et son détachement.
Quelques scènes d'humour : staline et les homos ou la mort du monteur lors d'une projection ...
C'est vrai que l'histoire d'amour n'est pas très convaincante mais bon l'actrice a une belle paire de fesses.
Ca donne envie de lire des témoinages de gens qui ont connu ces studios durant les années 30-40.
On a envie d'en savoir plus sur les relations Producteur - metteur en scène - acteurs - auteurs
Si vous avez des titres de bouquins interressants sur ce sujet ...
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Message par maximusleo »

PS : A noter le petit rôle de John Carradine.
Hommage de Kazan je suppose à cet acteurs qui a connu cette grande époque des studios
angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

maximusleo a écrit : On a envie d'en savoir plus sur les relations Producteur - metteur en scène - acteurs - auteurs
Si vous avez des titres de bouquins interressants sur ce sujet ...
Le royaume de leurs rêves : La saga des Juifs qui ont fondé Hollywood de Neal Gabler

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Editeurs: Calmann-Lévy (sortie: 2005) prix : autour de 25 euros ou un peu moins... / En poche : Hachette - Pluriel (sortie: 2007) prix : autour de 11 ou 10 euros

Un bouquin très riche où le roman (The Last Tycoon) de Francis Scott Fitzgerald est souvent cité. Des portraits sublimes de Thalberg, Zukor, Laemmele, Mayer, Cohn et des frères Warner... Ce bouquin est une mine d'or qui ne se limite pas qu'à des portraits. Des chapitres entiers sur la politique des Studios, sur le style de chaque maison de production, ... Un livre indispensable!
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Message par maximusleo »

Merci
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Message par Lylah Clare »

maximusleo a écrit : On a envie d'en savoir plus sur les relations Producteur - metteur en scène - acteurs - auteurs
Si vous avez des titres de bouquins interressants sur ce sujet ...
On peut aussi préciser qu'un bouquin de Neal Gabler (est-ce le même ?) a inspiré un documentaire intéressant diffusé récemment sur la chaîne Histoire : Hollywoodism: Jews, Movies and the American Dream, datant de 1998, (autre titre : Hollywood, an empire of their own) sur la façon dont ces producteurs, tous immigrés juifs venant d'Europe centrale, ont paradoxalement contribué à forger le rêve américain en acier trempé que tout le monde connaît.
http://www.imdb.com/title/tt0141163/

qui semble difficile à trouver à la vente, si tu veux, tu peux essayer par là (à 21,99 $):

http://movies2.nytimes.com/gst/movies/d ... _id=161693

Il existe aussi un DVD Goldwyn - The Man and His Movies, au même prix http://www.amazon.com/Goldwyn-Man-Movie ... 665&sr=1-1

Par contre, ce dernier, je ne peux rien t'en dire, je ne l'ai pas vu.
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