Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

Lylah Clare a écrit :On peut aussi préciser qu'un bouquin de Neal Gabler (est-ce le même ?) a inspiré un documentaire intéressant diffusé récemment sur la chaîne Histoire : Hollywoodism: Jews, Movies and the American Dream, datant de 1998, (autre titre : Hollywood, an empire of their own) sur la façon dont ces producteurs, tous immigrés juifs venant d'Europe centrale, ont paradoxalement contribué à forger le rêve américain en acier trempé que tout le monde connaît.
C'est bien ce livre parce que la première édition américaine dont le titre est Hollywood, an empire of their own date de 1988... :wink:
mannhunter
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par mannhunter »

Bien aimé aussi...un peu longuet dans sa deuxième partie mais de beaux moments,une fin superbe et quel casting! :shock:
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Watkinssien
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par Watkinssien »

Le dernier film de Kazan, au départ oeuvre de commande, est finalement une réussite certaine, dans lequel on sent toutes les réflexions d'un metteur en scène aux aguets, profitant des thématiques fitzgeraldiennes pour poser une observation acérée, féroce du milieu du cinéma, ainsi que de tous ses domaines dépendants.

Le casting absolument fabuleux permet, sans aucun problème, de rester accroché à une histoire dense, volontairement lente et cruelle.
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Nestor Almendros
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par Nestor Almendros »

Assez d'accord avec Watkinssien sur le travail réflexif de Kazan à propos du cinéma. Il met en scène plusieurs séquences fort intéressantes sur le fonctionnement d'Hollywood qui m'ont rappelé la récente lecture de la bio de Zanuck (même si ce n'est pas de lui dont on parle ici, ça y ressemble suffisamment). Entre les caprices de star, les réunions d'exécutives, etc. on a quelques reconstitutions nostalgiques et probablement encore d'actualité.

Comme beaucoup j'ai apprecié la scène où De Niro "fait du cinéma" pour Donald Pleasence: ilcaptive l'attention du spectateur en créant un univers propre fait d'illusions. Et j'ai été touché par cette étrange histoire d'amour (qui traine un peu trop en longueur parfois, c'est vrai), celle d'un maître de l'illusion, justement, d'un créateur de rêve qui finit par croiser un rêve dans la réalité: une splendide beauté, mystérieuse et abstraite qui, si elle n'a pas convaincu tout le monde (moi si :fiou: ) est surtout filmée et mise en scène d'une façon tellement enivrante que sa beauté déjà troublante n'en est, pour moi, que plus impressionnante.

Pas convaincu sur toute la ligne mais content quand même de l'avoir enfin découvert. Et puis quel casting, en effet! (première fois que je vois Dana Andrews vieux... :? ).
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angel with dirty face
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par angel with dirty face »

Nestor Almendros a écrit :Il met en scène plusieurs séquences fort intéressantes sur le fonctionnement d'Hollywood qui m'ont rappelé la récente lecture de la bio de Zanuck (même si ce n'est pas de lui dont on parle ici, ça y ressemble suffisamment).
Si c'est Zanuck, Grandeur Et Décadence Du Dernier Nabab D'Hollywood de Léonard Mosley dont tu parles, c'est un livre passionnant! Dans le cas du roman de Francis Scott Fitzgerald, la principale source d'inspiration du chef de file de la Lost Generation pour son héros Monroe Stahr était le producteur Irving Thalberg.
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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas - Décembre 2009

Message par Kevin95 »

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The Last Tycoon (Elia Kazan) Image

La réputation du film de Kazan est surtout liée à son casting, véritable régal pour les yeux mais qui pouvait laisser craindre un film choral impersonnel. A ce propos je viens de voir que The Last Tycoon est assez mal vu aux Etats Unis, ce qui après découverte de l'œuvre ne m'étonne absolument pas. Non que le film soit "signe de la mort du talent d'Elia Kazan" (je l'ai lu) mais que son approche est loin d'être fédérateur.
C'est d'ailleurs ce qui m'a fait peur durant les vingt premières minutes, le visuel très propre (mais très froid), le jeu introvertie des comédiens et l'intrigue très psychologique (ce qui surprend quand on connait la fièvre qui envahit les autres films du réalisateurs), avant de comprendre le petit jeu qu'essaye de mettre en place le metteur en scène. A ce titre, The Last Tycoon peut être perçu comme l'antithèse émotionnelle d'un On the Waterfront par exemple car ici les émotions sont cachées, le bal des apparences à son maximum et les coups bas monnaie courante (là où les personnages prolétaires de On the Waterfront assumaient complètement leurs états d'âme et les extériorisant rendant leurs échanges violents visuellement et sentimentalement).
Ceux de The Last Tycoon eux, les camoufles par une apparence photogénique qu'ils confondent avec les produits qu'ils mettent en image sur l'écran. Et c'est bien là le nœud du problème, du moins celui du personnage de De Niro qui passe insensible d'un comédien cabotin à un metteur en scène qu'il vire au petit déjeuner et qui là dessus tombe amoureux sans jamais laisser apparaitre un sentiment. Bien sur tout va effondrer pour lui sans jamais que son décors en carton pâte n'en pâtisse (ses collègues sont toujours aussi froids et son majordome aux aguets) et ce n'est que sur la fin qu'il refoule un sentiment humain (enfin !) la colère qui va lui faire perdre son boulot de Dieu tout puissant. Cet homme qui juge des films en précisant si les auteurs connaissent vraiment le monde extérieur est lui tout sauf humain et le monde extérieur qui l'est tout autant lui rend bien, d'où une certaine pesanteur dans l'atmosphère du film (la réplique final remet cela dit, tout en cause).
Les thèmes brassés sont tout aussi profonds que les grands films de Kazan, ce qu'est The Last Tycoon à n'en pas douter.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Jean-Pierre Festina
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Re: Le Dernier nabab (Elia Kazan - 1976)

Message par Jean-Pierre Festina »

Vu hier soir à la suggestion de jailaflemme.
Le film a été très bien décrit par Kevin95 et Nestor Almendros, je vais juste y ajouter un petit ressenti - car évaluer ce drôle de film, qui évoque la démarche boîteuse et mystérieuse de Louise de Vilmorin, est une affaire de ressenti.
Tout semble déséquilibré ici : la faiblesse du matériau de départ (je raffole plus de l'univers de Scott Fitzgerald et de son romantisme que de ses qualités de romancier à proprement parler ; quant à Kazan, je ne l'aime pas tout court) qui semble hâtivement compensé par une pléiade de vedettes qui confine à l'enflure mégalomane. Un tel casting est rare, à moins de se remémorer les émissions "Questions pour un champion spécial vedettes" (je parle en termes d'exhaustivité). Ne parlons pas du rythme qui est, à certains moments, catastrophique.

J'en viens à la deuxième partie de ma critique, la plus importante ici, et qui concerne le lendemain du visionnage, comme après décantation. Contre toute attente, le charme du film est tenace, et l'on se prend à se demander si Kazan n'avait pas voulu donner au film une sorte d'équivalent de la part d'inachèvement du roman (que je n'ai pas lu). Un souvenir gracieux, et un drôle de goût de revenez-y. C'est peut-être un chef-d'oeuvre.
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
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