Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Supfiction
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Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Supfiction »

Je crée le topic pour centraliser les differents avis exprimés sur les topics :
Profondo Rosso a écrit :
Rick Blaine a écrit :Film du mois, peut être de l'année : Mandingo de Richard Fleischer. Extraordinaire.
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Bon ben pareil grosse claque ! Le truc impossible à refaire aujourd'hui, sur les seules vingt premières minutes tu es sûr d'avoir tout twitter et autres aux fesses (le remède de James Mason contre les rhumatisme :o :shock: :mrgreen: )
Borislehachoir a écrit :
julien a écrit :
On a pas dû voir le même film alors ! Mais tu as peut-être pris le film de manière trop littérale. Il y a quand même un côté grand guignol et un humour noir, très second degré, assez nettement revendiqué.
Défendre Mandingo - qui est un film exceptionnel au passage - en invoquant le sacro-saint second degré alors que c'est un film complètement viscéral, mais quelle connerie. Je sais pas comment tu fais pour en aligner autant parce que t'as une régularité de métronome. Mandingo c'est glaçant et y a rien de drôle - sauf peut-être pour ceux qui rigolent des scènes de viol - a voir des esclavagistes se comporter ben... comme des esclavagistes ? La force du film c'est que dans son contexte il ne diabolise pas le jeune propriétaire blanc, qui est sans doute un peu moins pire que la moyenne de l'époque et ne prend jamais de plaisir à faire souffrir ses esclaves, mais qu'en temps que représentant d'un système unique il se retrouve pourri par la force des choses.
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Supfiction
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Supfiction »

Pour ma part, une petite claque également tant le film est décapant.
Devant l'horreur des situations, il est vrai que l'on a spontanément envie de rire, peut-être par un mécanisme de défense (un peu comme devant certaines scènes du Salo de Pasolini) et de sidération devant le comportement des esclavagistes et leurs déviances. Car ce ne sont pas des esclavagistes sadiques et profondément méchants que l'on nous montre (comme c'est le cas dans Twelve years a slave qui pour cette raison est beaucoup moins fort) mais des individus totalement imprégnés d'un système de valeurs corrompues, traitant les noirs comme les fermiers traitent leurs bêtes pour l'exploitation agricole (le médecin qui les ausculte est d'ailleurs appelé vétérinaire).

Mais cette impression de quasi-comédie par moments est-elle une simple réaction du spectateur ou bien savamment entretenue par Richard Fleischer ? La bande son est sans doute un élément de réponse, qu'il s'agisse de la musique (mélange de country et de rythm'n blues) ou des dialogues de ces blancs visiblement peu éduqués et parlant un anglais très pauvre. Le jeu de Susan George (et un peu de James Mason néanmoins pour moi sans reproche) accentue cette impression qu'on est au bord de la farce. Comme si l'auteur voulait nous communiquer le sentiment que tout ça est trop ridicule pour être vrai sans pourtant et que pourtant ça l'est..
Dernière modification par Supfiction le 2 juil. 19, 16:51, modifié 1 fois.
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Watkinssien
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Watkinssien »

Une oeuvre complexe, déconcertante, qui malmène, macère, et pourtant la maîtrise d'un Fleischer vraiment en pleine forme dans sa période 70's nous permet de suivre sans heurts cette tragédie.
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Thaddeus
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Thaddeus »

Découvert récemment, ce fut une grosse claque et j'en ai même fait mon film du mois. Il est devenu sans doute mon favori de Richard Fleischer.
J'ai été proprement estomaqué par l'âpreté de l'entreprise, son refus de toute concession, son obstination à creuser jusqu'à l'os, jusqu'à la nausée, l'abomination du système esclavagiste. Je n'y ai pas perçu une once d'humour, mais l'objectivité presque clinique d'une analyse qui, comme le dit justement Supfiction, révèle le degré d'imprégnation culturelle de la domination blanche au sein des membres de cette plantation. Le parcours du personnage principal, et plus particulièrement ce que dévoile de façon presque empirique ses réactions et son comportement lors du dénouement, témoigne à cet égard d'une volonté remarquable de bousculer toutes les attentes et toutes les idées reçues de son spectateur, d'éprouver au maximum ses réflexes d'empathie et d'identification. Je crois n'avoir jamais vu, sur ce sujet-là, un film aussi fort, un traitement aussi radical et audacieux (si ce n'est avec Twelve Years a Slave).
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Alexandre Angel
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Alexandre Angel »

Thaddeus a écrit :Découvert récemment, ce fut une grosse claque et j'en ai même fait mon film du mois. Il est devenu sans doute mon favori de Richard Fleischer.
J'ai été proprement estomaqué par l'âpreté de l'entreprise, son refus de toute concession, son obstination à creuser jusqu'à l'os, jusqu'à la nausée, l'abomination du système esclavagiste. Je n'y ai pas perçu une once d'humour, mais l'objectivité presque clinique d'une analyse qui, comme le dit justement Supfiction, révèle le degré d'imprégnation culturelle de la domination blanche au sein des membres de cette plantation. Le parcours du personnage principal, et plus particulièrement ce que dévoile de façon presque empirique ses réactions et son comportement lors du dénouement, témoigne à cet égard d'une volonté remarquable de bousculer toutes les attentes et toutes les idées reçues de son spectateur, d'éprouver au maximum ses réflexes d'empathie et d'identification. Je crois n'avoir jamais vu, sur ce sujet-là, un film aussi fort, un traitement aussi radical et audacieux (si ce n'est avec Twelve Years a Slave).
Entièrement d'accord.
Sinon il te reste à découvrir Django Unchained, qui a aussi son mot à dire sur le sujet.
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Thaddeus
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Thaddeus »

Le mot en question, je le connais déjà.
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Pour rappel :
Quentin Tarantino a écrit :Comme à chaque fois que je fais un film, j'ai voulu faire le film que j'avais envie de voir et que personne n'avait fait exactement comme je l'avais rêvé. J'ai envie de donner la satisfaction au public d'une vengeance collective. La catharsis est un ressort essentiel de mon cinéma. C'est le film que je rêvais de voir, avec un héros qui venge les souffrances des Noirs américains. Oui, il y a beaucoup d'hémoglobine, mais c'est pour rire, avec des ralentis, des zooms. J'y accorde beaucoup d'importance, car, pour moi, cela fait partie intégrante du divertissement. Et puis il y a une violence brutale et crue, qui n'est pas amusante du tout. Celle des Blancs contre les Noirs.
Donc merci mais non. :mrgreen:
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Watkinssien
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Watkinssien »

Et c'est bien dommage de s'appuyer sur les mots de Tarantino, qui n'a jamais été le meilleur porte-parole de ses films.

Mais, ce n'est point grave, Mandingo est une réussite!
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Alexandre Angel
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Alexandre Angel »

Watkinssien a écrit :Et c'est bien dommage de s'appuyer sur les mots de Tarantino, qui n'a jamais été le meilleur porte-parole de ses films.
Tu m'ôtes les mots du clavier. Tu as tout à fait raison.
Le film en dit beaucoup plus, certes sous l'angle du spectacle, de l'humour, d'une certaine dérision, mais l'atmosphère vénéneuse de la plantation, la cruauté des maîtres, le personnage du régisseur nègre collabo (Samuel Jackson) : tout cela est sensationnel.

Et il y a plein d'autres choses qui n'ont pas de rapport direct avec l'esclavage qui sont des trouvailles formidables (le fameux "sketch" des mecs en cagoule).
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit :
Watkinssien a écrit :Et c'est bien dommage de s'appuyer sur les mots de Tarantino, qui n'a jamais été le meilleur porte-parole de ses films.
Tu m'ôtes les mots du clavier. Tu as tout à fait raison.
Le film en dit beaucoup plus, certes sous l'angle du spectacle, de l'humour, d'une certaine dérision, mais l'atmosphère vénéneuse de la plantation, la cruauté des maîtres, le personnage du régisseur nègre collabo (Samuel Jackson) : tout cela est sensationnel.

Et il y a plein d'autres choses qui n'ont pas de rapport direct avec l'esclavage qui sont des trouvailles formidables (le fameux "sketch" des mecs en cagoule).
Django me met mal à l'aise ce qui n'est pas le Mandingo qui se contente d'être sidérant.
La force de se film c'est de montrer les esclavagistes presque comme des victimes, des êtres faibles, lâches et des produits de leur environnement et non de simples sadiques assoiffés de haine et de sang. Le jeune propriétaire est un homme bon..
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qui pourtant commettra des atrocités parce que conditionner pour ça.
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Roilo Pintu
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Re: Mandingo (Richard Fleischer - 1975)

Message par Roilo Pintu »

Mandingo – Richard Fleisher (1975) : 8/10
Très bonne surprise ce mois-ci avec Mandingo . La réalité crue de l’esclavage, un film dur, violent, choquant, où les personnages comme les scène s’éloignent de ce qui a déjà été fait avant ou depuis, l’impression d’avoir vu, ce que je n’avais jamais vu avant. Entre les sévices, punitions, humiliations, viols, une eau bouillante qu’on n’oubliera pas, un beau et troublant chassé croisé de personnages loin de tout manichéisme, un choix souvent facile dans ce genre de films; Mandingo ne facilite pas les choses, un film complexe, déstabilisant et impressionnant, à l’image de la musique de Maurice Jarre, qui mélange les percussions, les cordes, la banjo et prolonge le malaise.
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