Le Jardin des Finzi-Contini (Vittorio de Sica - 1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Bartlebooth a écrit :Je trouve surtout ces deux films outrancièrement sentimentaux.
Coeur de pierre ! :twisted:
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Link Jones
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Message par Link Jones »

film diffusé au cinéma de minuit au début des années 1990, dont je viens de retrouver mon enregistrement bien caché en fin de K7. Magnifique redécouverte, film qui me touche beaucoup par son ton melancolique mis en valeur par la lumière particulière, ce magnifique jardin, ... dans une époque troublée et brutale que traverse l'Italie.

Image :wink:
blaisdell
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Message par blaisdell »

Link Jones a écrit :film diffusé au cinéma de minuit au début des années 1990, dont je viens de retrouver mon enregistrement bien caché en fin de K7. Magnifique redécouverte, film qui me touche beaucoup par son ton melancolique mis en valeur par la lumière particulière, ce magnifique jardin, ... dans une époque troublée et brutale que traverse l'Italie.

Image :wink:
Ah merci Link Jones! J'ai découvert ce film il y a quelques semaines et je voulais faire remonter ce topic mais je me suis dis que c'était inopportun car c'est un film qui n'a pas été beaucoup montré ces dernières années, même sur le câble d'ailleurs. Il y a une possibilité de voir ce film: un dvd zone 1 paru chez Columbia, avec des sous-titres anglais, paru en 2001. Mais s'il y a un film qui mériterait une ample diffusion, c'est celui-là!
J'avouerai aussi que je voulais voir ce film parce que je suis un fan de Dominique Sanda (comme deux ou trois autres forumeurs) et qu'il est vraiment triste de voir que la plupart de ses films ne sont jamais montrés alors qu'elle a une filmographie impressionnante: les plus beaux Bertolucci (LE CONFORMISTE, 1900), le plus beau De Sica (ce film), le plus beau Bolognini (L'HERITAGE), le plus beau Demy (UNE CHAMBRE EN VILLE) sans compter des rôles chez Huston, Bresson, Visconti, Duras, Deville, Frankenheimer, Risi, etc. Peut-être le fait de voir des acteurs comme elle et Helmut Berger que l'on a peu vu ces dernières années participe à cette mélancolie, cette nostalgie que l'on éprouve en voyant le film.

Lorsque De Sica tourne ce film en 1970, celà fait un bon moment qu'il n'a pas tourné un grand film- depuis MIRACLE A MILAN en 1951 voire peut-être LA CIOCIARA en 1960.Mais avec cette adaptation d'un très bon roman de Giorgio Bassani (disponible chez Folio) il peut donner libre court à son talent.
L'action se déroule à Ferrare en Italie, entre 1938 et 1943 alors que la guerre menace et que sont pris des décrets antiracistes qui font que les Juifs se voient fermés de nombreux lieux publics. Ils sont donc contraints à se regrouper entre eux dans ce jardin où la jeune et belle Micol Finzi Contini (Dominique Sanda) les convie à jouer au tennis. Dans ce somptueux domaine, ils peuvent profiter d'un cadre idyllique et symbolique (le jardin d'Eden) où ils oublient un temps les tourments du monde extérieur. Micol est adorée par Giorgio qu'elle connaît depuis l'enfance mais elle refuse ses avances au profit de Malnate (Fabio Testi) ce qu'il apprendra dans une scène incroyablement belle et pudique.De plus, Micol a une relation ambigüe,étrange avec son frère Alberto (Helmut Berger) qui meurt peu après emporté par la maladie.Après son rejet par Micol, Giorgio est poussé à s'éloigner du domaine des Finzi Contini alors même que l'environnement extérieur se fait toujours plus hostile et raciste.
SPOILER: les Finzi Contini sont parqués dans l'école où Micol a passé une partie de son enfance.Dans ce film où le mal ne montre pas son visage le destin des Finzi Contini est suggéré par une prière hébraïque dédiée aux déportés.Le film se finit par des images du jardin dévasté.

Ce film est donc une oeuvre bouleversante qui combine avec une élégance et une virtuosités appréciables les tourments existentiels des personnages, surtout cet non-histoire d'amour entre Micol et Giorgio qui fait penser à la non histoire d'amour Noodles-Deborah du IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE de Sergio Leone.Ici cette non histoire correspond à un conflit de classe et d'identité: la famille de Giorgio, les Bassani est très attachée à son identité, ce qui n'est pas le cas des Finzi Contini- d'ailleurs les comédiens choisis pour jouer les membres de cette famille sont éloignés des archétypes racistes véhiculés sur les juifs et rejoignent plutôt les critères des "aryens" blonds aux yeux bleus promus par ces mêmes théories racistes, notamment Helmut Berger qui avait marqué les esprits précédemment dans son rôle de ss fou furieux des DAMNES.
On ne peut être que touché par ce mélange de force, d'indignation contre la bête immonde et destructrice et de délicatesse dans les sentiments complexes décrits.Dans, ce film, De Sica a incroyablement réussi à transmettre ce sentiment du temps qui passe dans une atmosphère qui évoque Proust ou Scott Fitzgérald et ce sentiment d'inexorabilité de la plus grande tragédie de l'histoire.
LE JARDIN DES FINZI CONTINI fut un peu ce que LE PIANISTE de Polanski : un film qui a su toucher une large audience en ravivant une époque extrêmement brutale et terrifiante, en mettant en scène des jeunes gens qui seront victimes ou marqués à vie par le drame (Adrian Brody chez Polanski, Giorgoi ici), un film à juste titre très récompensé.
Malgrè une musique un peu trop envahissante et quelques coquetteries de style, il serait temps de ressuciter ce film-et pas seulement chez Brion à 1h du matin!- alors qu'on diffuse sans cesse des films beaucoup moins forts sur cette période terrible.
Link Jones
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Message par Link Jones »

Merci blaisdell, pour cette très belle description de ce film boulversant qui nous rappelle en effet les atrocités de cette époque.
Holly Golightly
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Message par Holly Golightly »

Carlotta Montay a écrit :Vittorio de Sica a également réalisé la Ciociara en 1960.

Sophia Loren (auréolée de nombreux prix pour ce rôle), y joue une "mère courage" qui, à la mort de son mari en 1943, fuit Rome bombardée avec sa fille Rosetta et se réfugie dans son village natal.
Jean-Paul Belmondo y interprète Michele, jeune paysan idéaliste.
De Sica souhaitait au départ Anna Magnani dans le rôle de la mère, Sophia Loren interprétant celui de la fille, mais A. Magnani refusa.
Dino Risi en a tourné un remake pour la télévision en 1988.
Très beau film. Sophia Loren est magnifique et Jean-Paul Belmondo est très touchant et marquant dans un rôle très court. Une des plus belles scènes de baiser du cinéma pour moi, mais aussi SPOILERS
une des scènes de viol les plus terribles du cinéma SPOILERS
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odelay
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Message par odelay »

Voilà un film que j'aimerais énormément voir.

Une diffusion TV ou un DVD ou une resortie, please!
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odelay
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Message par odelay »

Je crois que ça ne se rate pour ceux qui seront à Paris lundi : le film sera projeté lundi 9 juillet à 20h dans un ciné de St Michel (dont le nom l'échappe) dans le cadre de ciné-Paris avec une présentation de Domique Sanda 8)!!
Actrice totalement mythique et très rare (on ne l'a plus vu depuis Les rivières pourpre) et qui s'est éloignée du cinéma pour je crois aller vivre en Argentine.
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zybine
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Message par zybine »

Il me semble avoir vu des affiches indiquant une ressortie le 18 juillet prochain
maximusleo
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Message par maximusleo »

Pour les nordistes, Le jardin des Finzi Contini sera diffusé au Majestic à Lille en Septembre
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

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Un film vraiment superbe, digne et poignant. L'action est située à Ferrare en 1938. Le jardin des Finzi-Contini est un vaste domaine quasi edenique où un groupe de jeunes amis vient se retrouver, s'amuser et tenter de s'aimer. Au centre du récit, deux amis partagent de merveilleux souvenirs d'enfance. Le garçon souhaite aujourd'hui transformer cette amitié en amour ; la fille (Dominique Sanda) s'y refuse, trop attachée à préserver le passé, quitte à détruire leur relation présente.

Par une mise en scène parfaitement alerte et maîtrisée, De Sica décrit avec énormément de coeur et d'âme cette belle romance, rythmée par les teintes des différentes saisons. En soi, ça ferait déjà un très beau film. La trame s'enrichit du fait que ces personnages et leur famille sont juifs et que dans l'Italie de cette époque, les lois raciales qui avaient dans un premier temps été plus ou moins acceptées par tous, vont progressivement réveler leur vrai visage. Les droits fondamentaux de l'individu sont réduits à peau de chagrin, des rumeurs circulent.

Le film est d'autant plus bouleversant que ces faits sont montrés sans jamais surdramatiser, s'attachant au contraire à en démontrer l'horrible simplicité avec laquelle ils s'imposent. Dans sa description de cette époque, on n'est pas loin du très beau L'Ami retrouvé de Schatzberg. J'y repense souvent depuis que je l'ai vu, et il s'agit vraiment là d'une oeuvre profonde et magnifique.
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odelay
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Message par odelay »

Donc pour les parisiens qui voudraient découvrir le film en compagnie de Dominique Sanda qui fera la présentation, c'est au cinéma Le Saint Germain des près : place St Germain des prés. Métro St Germain.
Pas de réservation, scéance à 20h.

J'ai vraiment hâte de le voir, surtout après les commentaires qui ont été faits (je devais partir en vacances aujourd'hui, j'ai retardé de deux jours pour pouvoir être là).
Alfred Kralik
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Message par Alfred Kralik »

odelay a écrit :Je crois que ça ne se rate pour ceux qui seront à Paris lundi : le film sera projeté lundi 9 juillet à 20h dans un ciné de St Michel (dont le nom l'échappe) dans le cadre de ciné-Paris avec une présentation de Domique Sanda 8)!!
Actrice totalement mythique et très rare (on ne l'a plus vu depuis Les rivières pourpre) et qui s'est éloignée du cinéma pour je crois aller vivre en Argentine.
Et je vois ça aujourd'hui, moi ?! :cry:
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Message par Alfred Kralik »

"Le jardin des Finzi Contini" ressort donc en cet été 2007 et, bien sûr, je m'y suis précipité tant je regrettais que ce beau film triste soit devenu invisible.
La mini chronique de "blaisdell" de 2005 ci-dessus résume ma pensée sur cette belle oeuvre de Bassani dont l'adaptation cinématographique n'a finalement pas reçu l'aval de son auteur, mais on s'en fout finalement, n'est ce pas, puisque c'est si souvent le cas et que l'on pourra après le spectacle se procurer le roman chez folio pour un peu plus de 6 € ?!

Vu donc, hier : le film n'a rien perdu du charme suranné qui l'entourait déjà à l'époque.
On pourra lire dans Télérama, qui, l'été, redevient formidable, l'histoire du film et pourquoi la production fit appel à De Sica, ne me demandant pas mon avis, moi qui pense, bien sûr, que Visconti eût été le metteur en scène idéal.
On y apprendra ainsi que Testi, obscur mais bel acteur de polars et westerns fettucini, fut choisi à l'emporte pièce par le grand Vittorio qui, on l'admettra, avait un sacré sens du "casting", et que la Sanda, si simplement belle, rabattait, sans le savoir, des ragazzi pour Berger, alors au meilleur de sa beauté perverse.

En home-cinéphile-aussi, j'étais alléché par la restauration de la "pellicula" et, sur ce point, c'est une immense déception : en des temps où l'on fait des prodiges sur ce point (les mises au jour de "Vacances romaines" ou, récemment vus, des Lubitsch, par exemple, sont stupéfiantes !), on pourra être consterné de ce travail bâclé, surtout en ce qui concerne le son, saturé en aigus, agressif, massacrant la belle musique du fils De Sica.
Quant à l'image, elle ne rend pas justice, loin de là, à la photo "douce" du master original, nimbée de tâches et de rayures diverses qui font douter du travail effectué par nos voisin transalpins.
Peut-être que le DVD, sans doute à venir, compensera cette déception et, qu'une fois de plus, nous confortera dans l'idée que nos installations, décidément, nous permettent de voir les trésors du cinéma dans de meilleures conditions que dans les salles dites "d'art et essai" qui, ça devient une généralité, proposent des copies indignes, même prétendûment restaurées.
Quel gâchis.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Ah justement je voulais savoir si la copie était bonne. Dommage pour un aussi beau film !
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Ann Harding
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Message par Ann Harding »

Alfred Kralik a écrit :Peut-être que le DVD, sans doute à venir, compensera cette déception et, qu'une fois de plus, nous confortera dans l'idée que nos installations, décidément, nous permettent de voir les trésors du cinéma dans de meilleures conditions que dans les salles dites "d'art et essai" qui, ça devient une généralité, proposent des copies indignes, même prétendûment restaurées.
Quel gâchis.
Je crois qu'il faut nuancer le propos. J'ai vu nombres de superbes copies restaurées dans les salles parisiennes et à la cinémathèque. Et je n'échangerai cela pas une minute pour un DVD à la télé.

Par contre, les films italiens sont un cas à part. J'ai vu aussi une copie soit-disant restaurée de Nous nous sommes tant aimés, ils a 2 ans. Elle était également passablement délavée et granuleuse.....
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