Le Jardin des Finzi-Contini (Vittorio de Sica - 1970)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Message par Alfred Kralik »

Je crois qu'il faut nuancer le propos. J'ai vu nombres de superbes copies restaurées dans les salles parisiennes et à la cinémathèque. Et je n'échangerai cela pas une minute pour un DVD à la télé.
Je ne regarde pas mes dvd sur une télé. :wink:
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Message par Ann Harding »

Alfred Kralik a écrit :
Je crois qu'il faut nuancer le propos. J'ai vu nombres de superbes copies restaurées dans les salles parisiennes et à la cinémathèque. Et je n'échangerai cela pas une minute pour un DVD à la télé.
Je ne regarde pas mes dvd sur une télé. :wink:
Même pour un vidéoprojecteur! :wink:
Je préfère les salles de cinéma. 8)
Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Message par Alfred Kralik »

Je préfère les salles de cinéma. Cool
Moi itou quand les copies ne sont pas pourries, donc. :wink:
Si ce genre de problème survient souvent, ces salles deviendront des chapelles pour une espèce de cinéphiles en voie de disparition, si elles ne le sont pas déjà.
Seules subsisteront les mega-structures spécialisées dans le blockbuster pour ados décérébrés bouffeurs de popcorn...
Et crois bien que je le déplore.
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
Avatar de l’utilisateur
Ann Harding
Régisseur
Messages : 3144
Inscription : 7 juin 06, 10:46
Localisation : Paname
Contact :

Message par Ann Harding »

Je suis d'accord. Surtout quand les salles commencent à diffuser des films en support DVD!!! :twisted: cela m'est déjà arrivé plusieurs fois......

Mais, il faut aussi se mettre du côté de l'exploitant. Obtenir des copies est devenu TRES difficile, beaucoup plus que dans les années 80.

Les salles ont perdu pas mal de spectateurs à cause du câble, du DVD et de la Cinémathèque.....Je ne vois guère comme remède que d'offrir des films rares, non diffusés ailleurs. Pas facile pour attirer le chaland! :cry:
Avatar de l’utilisateur
odelay
David O. Selznick
Messages : 13136
Inscription : 19 avr. 03, 09:21
Localisation : A Fraggle Rock

Message par odelay »

Alfred Kralik a écrit :"Vu donc, hier : le film n'a rien perdu du charme suranné qui l'entourait déjà à l'époque.
.

En home-cinéphile-aussi, j'étais alléché par la restauration de la "pellicula" et, sur ce point, c'est une immense déception : en des temps où l'on fait des prodiges sur ce point (les mises au jour de "Vacances romaines" ou, récemment vus, des Lubitsch, par exemple, sont stupéfiantes !), on pourra être consterné de ce travail bâclé, surtout en ce qui concerne le son, saturé en aigus, agressif, massacrant la belle musique du fils De Sica.
Quant à l'image, elle ne rend pas justice, loin de là, à la photo "douce" du master original, nimbée de tâches et de rayures diverses qui font douter du travail effectué par nos voisin transalpins.
Peut-être que le DVD, sans doute à venir, compensera cette déception et, qu'une fois de plus, nous confortera dans l'idée que nos installations, décidément, nous permettent de voir les trésors du cinéma dans de meilleures conditions que dans les salles dites "d'art et essai" qui, ça devient une généralité, proposent des copies indignes, même prétendûment restaurées.
Quel gâchis.
Je ne suis pas d'accrod sur le travail de restauration. Soit tu es tombé sur une mauvaise copié (ou une ancienne??), soit tu n'imagine pas dans quel état peut être un film de 70 qui n'a pas été retouché.
Je pensais comme toi lors du générique de début qui non seulement était recouvert de rayures et aussi ne rendait effectivement pas honneur à la sublime musique de M. De Sica (qui était là de lors de la présentation avec la Sanda). Je me disais "ils se foutent de la g... de qui?". Et puis est venu le film et là tout c'est franchement arrangé. Plus de rayures, la photo un peu floutée et voilée (De Sica était là avant Hamilton! Je dis ça pour ceux qui seraient tentés de faire des comparaisons hasardeuses) passe très bien, la musique n'est plus saturée, bref, le travail est plus qu'acceptable surtout pour un film qui reste encore obscure pour le grand public. Le seul pb paradoxalement étant la version italienne qui à cause de sa nouvelle jeunesse semble encore un peu plus "rajoutée" que d'habitude pour les comédiens doublés; mais bon, c'était souvent le cas à cette époque.
J'ai remarqué que c'était fréquent que les restauration ne concernait pas les génériques.

Sinon pour ceux qui ceux demande la bo a été éditée en Italie en CD en 94 et on peut trouver le thème du générique dans l'excellente compile "ciné Latino (italien et espagnole donc) sortie en France il y a environ 10 ans (cette compile comprenait Talons aiguilles, attache moi, femmes au bord de la crise.., Nous nous sommes tant aimé, Affreux sales et méchants, Giu la testa, Cria cuervos, la fille du fleuve... bref elle proposait un beau mélange de "hits" et de choses bien rares)
Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Message par Alfred Kralik »

odelay a écrit :
Alfred Kralik a écrit :"Vu donc, hier : le film n'a rien perdu du charme suranné qui l'entourait déjà à l'époque.
.

En home-cinéphile-aussi, j'étais alléché par la restauration de la "pellicula" et, sur ce point, c'est une immense déception : en des temps où l'on fait des prodiges sur ce point (les mises au jour de "Vacances romaines" ou, récemment vus, des Lubitsch, par exemple, sont stupéfiantes !), on pourra être consterné de ce travail bâclé, surtout en ce qui concerne le son, saturé en aigus, agressif, massacrant la belle musique du fils De Sica.
Quant à l'image, elle ne rend pas justice, loin de là, à la photo "douce" du master original, nimbée de tâches et de rayures diverses qui font douter du travail effectué par nos voisin transalpins.
Peut-être que le DVD, sans doute à venir, compensera cette déception et, qu'une fois de plus, nous confortera dans l'idée que nos installations, décidément, nous permettent de voir les trésors du cinéma dans de meilleures conditions que dans les salles dites "d'art et essai" qui, ça devient une généralité, proposent des copies indignes, même prétendûment restaurées.
Quel gâchis.
Je ne suis pas d'accrod sur le travail de restauration. Soit tu es tombé sur une mauvaise copié (ou une ancienne??), soit tu n'imagine pas dans quel état peut être un film de 70 qui n'a pas été retouché.
Je pensais comme toi lors du générique de début qui non seulement était recouvert de rayures et aussi ne rendait effectivement pas honneur à la sublime musique de M. De Sica (qui était là de lors de la présentation avec la Sanda). Je me disais "ils se foutent de la g... de qui?". Et puis est venu le film et là tout c'est franchement arrangé. Plus de rayures, la photo un peu floutée et voilée (De Sica était là avant Hamilton! Je dis ça pour ceux qui seraient tentés de faire des comparaisons hasardeuses) passe très bien, la musique n'est plus saturée, bref, le travail est plus qu'acceptable surtout pour un film qui reste encore obscure pour le grand public. Le seul pb paradoxalement étant la version italienne qui à cause de sa nouvelle jeunesse semble encore un peu plus "rajoutée" que d'habitude pour les comédiens doublés; mais bon, c'était souvent le cas à cette époque.
J'ai remarqué que c'était fréquent que les restauration ne concernait pas les génériques.

Sinon pour ceux qui ceux demande la bo a été éditée en Italie en CD en 94 et on peut trouver le thème du générique dans l'excellente compile "ciné Latino (italien et espagnole donc) sortie en France il y a environ 10 ans (cette compile comprenait Talons aiguilles, attache moi, femmes au bord de la crise.., Nous nous sommes tant aimé, Affreux sales et méchants, Giu la testa, Cria cuervos, la fille du fleuve... bref elle proposait un beau mélange de "hits" et de choses bien rares)
C'était au St Germain des Près et, si l'image est effectivement "passable", quoique en deça des films que j'ai cités (beaucoup + anciens de surcroît !), c'est surtout la bande son, criarde, sans medium ni graves, qui était insupportable.
Ca devrait s'arranger avec le DVD à venir sans doute (eh oui) après traitement Dolby.
Tout cela dit, quel beau film !
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
Cosmo Vitelli
Pipeaulogue
Messages : 7754
Inscription : 13 avr. 03, 00:48
Localisation : Sur le forum DVDCLASSIK

Message par Cosmo Vitelli »

Je sais que c'était courant dans le cinéma transalpin , mais c'est toujours savoureux de voir que Fabio Testi a tourné aussi bien pour De Sica, Bolognoni, Chabrol...que pour Fulci, Castellari ou Sollima.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Message par Alfred Kralik »

Cosmo Vitelli a écrit :Je sais que c'était courant dans le cinéma transalpin , mais c'est toujours savoureux de voir que Fabio Testi a tourné aussi bien pour De Sica, Bolognoni, Chabrol...que pour Fulci, Castellari ou Sollima.
Sans oublier le très beau "L'important c'est d'aimer", de Zulawski.
Testi fut cascadeur avant d'être acteur (Le bon, la brute et le truand).
Leone lui donna ensuite un petit rôle dans "Il était une fois dans l'ouest".
Selon imdb, il tourne toujours.
Pour la télévision.

Je me souviens que le regretté "Ciné Revue" en parlait à l'époque comme du parfait latin lover, et d'une photo qui le montrait ... nu tenant en brides un pur-sang !
Ca m'a marqué, car la nudité masculine était plus que rare dans les magazines à cette époque.

Image

H.Berger et F.Testi dans le jardin qui nous intéresse...
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
SuperBouffon
Assistant(e) machine à café
Messages : 120
Inscription : 26 juil. 06, 23:21

Message par SuperBouffon »

un très beau film de de Sica...assez différent de ses chefs d'oeuvre néo-réalistes...plus psychologique c'est sûr et pas forcément pour le meilleur mais on n'est plus en 1945...ce qui frappe surtout dans ce film c'est son extrême pudeur pour évoquer une période aussi sombre de l'Italie...émouvant mais jamais larmoyant...et puis Dominique Sanda dont la beauté irradie l'écran à chaque apparition...
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

C'est un très beau film en effet, qui réussit merveilleusement à transposer au cinéma l'atmosphère de rêverie littéraire que procurent certains romans, grâce à une photo douce aux contours atténués et aux thèmes du récit. Quelques beaux aphorismes de Bassani, qui apparaissent ici et là dans les dialogues, trahissent un peu plus cette origine littéraire.

Sanda compose un personnage si attaché à ses souvenirs et aux délices de la mélancolie qu'elle se refuse à affronter le monde réel, non par manque mais par excès de lucidité. Ce refus se cristallise lorsqu'elle repousse Giorgio, son compagnon d'enfance. Elle l'aime lorsqu'il est loin d'elle, mais ses hésitations et sa pudeur l'irritent lorsqu'il est près d'elle. Elle recherche un absolu que seule la contemplation peut lui donner.

L'atmosphère de rêverie dans lequel baigne le film est si pregnante que l'évocation d'évènements historiques et des lois raciales anti-juives y sont comme les échos d'un monde lointain et étrange, qui se rapproche peu à peu du jardin des Finzi-Contini. Et lorsque ce monde lointain surgit et engloutit à la fin du film le monde ancien, le réveil est brutal, pour nous, mais aussi pour Miccol.
Cosmo Vitelli
Pipeaulogue
Messages : 7754
Inscription : 13 avr. 03, 00:48
Localisation : Sur le forum DVDCLASSIK

Message par Cosmo Vitelli »

Strum a écrit :C'est un très beau film en effet, qui réussit merveilleusement à transposer au cinéma l'atmosphère de rêverie littéraire que procurent certains romans, grâce à une photo douce aux contours atténués et aux thèmes du récit. Quelques beaux aphorismes de Bassani, qui apparaissent ici et là dans les dialogues, trahissent un peu plus cette origine littéraire.

Sanda compose un personnage si attaché à ses souvenirs et aux délices de la mélancolie qu'elle se refuse à affronter le monde réel, non par manque mais par excès de lucidité. Ce refus se cristallise lorsqu'elle repousse Giorgio, son compagnon d'enfance. Elle l'aime lorsqu'il est loin d'elle, mais ses hésitations et sa pudeur l'irritent lorsqu'il est près d'elle. Elle recherche un absolu que seule la contemplation peut lui donner.

L'atmosphère de rêverie dans lequel baigne le film est si pregnante que l'évocation d'évènements historiques et des lois raciales anti-juives y sont comme les échos d'un monde lointain et étrange, qui se rapproche peu à peu du jardin des Finzi-Contini. Et lorsque ce monde lointain surgit et engloutit à la fin du film le monde ancien, le réveil est brutal, pour nous, mais aussi pour Miccol.
Très joliment écrit.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
Joe Wilson
Entier manceau
Messages : 5463
Inscription : 7 sept. 05, 13:49
Localisation : Entre Seine et Oise

Message par Joe Wilson »

Strum a écrit :
Sanda compose un personnage si attaché à ses souvenirs et aux délices de la mélancolie qu'elle se refuse à affronter le monde réel, non par manque mais par excès de lucidité. Ce refus se cristallise lorsqu'elle repousse Giorgio, son compagnon d'enfance. Elle l'aime lorsqu'il est loin d'elle, mais ses hésitations et sa pudeur l'irritent lorsqu'il est près d'elle. Elle recherche un absolu que seule la contemplation peut lui donner.
En effet, il y a un refus de sa part de tout engagement temporel, qui ne serait dans la durée que souffrance et frustration. Sa révolte est précisément figée dans son environnement protecteur et clos, la poussant à nier l'existence même d'un espace extérieur, car dans son absolu elle est inacessible.
Et à la source il y a la perception, mature et grave, de la réalité inexorable d'un fascisme en marche. Son défi est de le nier jusqu'au bout par son rempart affectif. Si le final consacre une désagrégation, elle s'est déjà fanée avec ses souvenirs, restant encore une fois intouchable.
Image
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Message par Strum »

Merci Cosmo. :)

Comme tu le dis Joe, l'attitude de Miccol est celle du défi, et ses yeux en sont le foyer. Par son regard, qu'elle ne baisse jamais, elle défie la vie, les hommes, et, suprême adversaire, le cours de l'Histoire.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23898
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Tout en comprenant et en validant l'analyse étayée de Strum, je dois confesser que ce film, par ses choix de mise en scène distanciée, m'a maintenu à distance, et que, du coup, je me suis "poliment ennuyé" devant lui, conscient de la beauté de certains plans ou de la cruauté de certaines situation, mais toujours observées avec une distance qui m'a interdit tout empathie.

J'en ai été d'autant plus déçu que l'empathie était justement très présente dans le voleur de bicyclette ou Miracle à Milan...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Alfred Kralik
Machino
Messages : 1367
Inscription : 15 août 05, 18:57
Localisation : Au coin de la rue.

Message par Alfred Kralik »

cinephage a écrit : l'empathie était justement très présente dans le voleur de bicyclette ou Miracle à Milan...
Mais encore ? :roll:
Et faut-il nécessairement comparer le De Sica du néo-réalisme et celui des dernières années ?
"Le cinéma est un art. La télévision est un meuble."
Répondre