Joe Dante

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Kevin95
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Re: Joe Dante

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THE MOVIE ORGY - Joe Dante (1968) découverte

It's a bird ! It's a plane ! Non, c'est The Movie Orgy, objet inclassable, indéfinissable, improbable, indispensable. Culte parce qu’invisible, le délire potache de l’étudiant en cinéma Joe Dante a perdu du poids avec les années, passant des sept heures pour geeks de campus défoncés aux substances, à quatre heure pour spectateurs de cinémathèques défoncés aux substances. Quatre heures de programmes télé et d'extraits de films, une salade sans véritable ligne directrice où fusent les images, souvent timbrées, de la pop culture us des années 50-60. Dante parle d'une grosse connerie sans queue ni tête or il n'en est rien puisque chaque extrait dit quelque chose et que le montage, même chaotique, participe à un discours général qui est celui du réalisateur tout le long de sa carrière. The Movie Orgy traduit l'amour immodéré de son auteur pour la série B, l'imaginaire, le système D et son dégout du mercantilisme, de la bonne conscience yankee, de l'esprit républicain. On est en 68, Dante est étudiant, zone avec des contestataires et en profite pour dézinguer les raies sur le côté, Nixon, l'immoralité de la publicité, Nixon, le racisme d'antan et Nixon. On en ressort les jambes tremblantes, crevé par ce long zapping mais en même temps en état de jouissance devant des images cultes (quelques classiques de la série B sont de la partie), des pubs immondes (mon coup de cœur pour celles vantant les mérites de l'aspirine à destination des gens sensibles), d'émission de télé foireuse (dont ce cauchemar filmé qu'est le show Andy's Gang), de séries si neuneus qu'elles en deviennent fascinantes et plein d'autres choses. Comme dirait papy, des trucs comme ça on n'en voit qu'une fois dans sa vie. Chose faite, je peux avoir ma médaille ?
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Kevin95
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Re: Joe Dante

Message par Kevin95 »

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PIRANHA - Joe Dante (1978) découverte

Après avoir montré patte blanche auprès de Roger Corman avec Hollywood Boulevard, Joe Dante met enfin sa barque à l'eau, pas encore en pleine mer mais dans le lac de la série B qui vise le fric facile. Du contrat de départ (le plagiat de Jaws mâtiné de références à The Birds), le réalisateur réussit à faire son beurre, entre apparitions de figures bis (Kevin McCarthy ou Barbara Steele) et ironie vacharde. Plus violent mais aussi plus "méta" que le film de Steven Spielberg, Piranha avoue d'emblée son statut ingrat pour se faire pardonner puis dézingue à tout va pour mieux faire marrer le bouffeur de pop-corn. Pas indispensable clairement, mais jouissif au possible (surtout que le mômes ne sont pas épargnés). Dante se fait la main tout en gardant sa dignité, chapeau garçon !
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Alexandre Angel
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Re: Joe Dante

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :Image

PIRANHA - Joe Dante (1978) découverte

Après avoir montré patte blanche auprès de Roger Corman avec Hollywood Boulevard, Joe Dante met enfin sa barque à l'eau, pas encore en pleine mer mais dans le lac de la série B qui vise le fric facile. Du contrat de départ (le plagiat de Jaws mâtiné de références à The Birds), le réalisateur réussit à faire son beurre, entre apparitions de figures bis (Kevin McCarthy ou Barbara Steele) et ironie vacharde. Plus violent mais aussi plus "méta" que le film de Steven Spielberg, Piranha avoue d'emblée son statut ingrat pour se faire pardonner puis dézingue à tout va pour mieux faire marrer le bouffeur de pop-corn. Pas indispensable clairement, mais jouissif au possible (surtout que le mômes ne sont pas épargnés). Dante se fait la main tout en gardant sa dignité, chapeau garçon !
Je trouve qu'il s'agit là de la meilleure série B horrifique de l'époque : je ne lui vois pas de rival (je mets de côté les Cronenberg qui aspirent à une ambition supérieure et qui ne sont pas follement confortable pour le spectateur). Pourquoi? Je n'ai cessé de me le demander, de chercher à percer ce secret et puis je crois que j'ai trouvé. Au delà de l'"ironie vâcharde", d'une certaine excellence technique (avec les moyens du bord), on y trouve un petit truc qui a l'air de rien mais qui est beaucoup plus rare qu'on pourrait l'imaginer : la bonne ambiance. Non pas l'ambiance du film mais celle du tournage. On jugerait que tout le monde s'amuse à faire ce film, ce que l'on peut vérifier à l'écran (nonchalance assez screwball du jeu entre Heather Menzies et Bradford Dillman, panouilles déconnantes comme celle de Paul Bartel, en méchant directeur de colo, qui se fait bouffer le pif par un piranha). Le film y puise une énergie revigorante, pétillante et même bouillonnante grâce à sa bande son striée d'effets sonores très efficaces (les fameux wouzzou wouzzou wouzzou subaquatiques) . Et la musique de Pino Donnagio n'est pas inintéressante.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Kevin95
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Re: Joe Dante

Message par Kevin95 »

Je trouve le personnage de Bartel pas assez développé pour marquer. On sent que Dante fait bouffer les copains en laissant deux trois scènes vacantes pour eux avant de se rappeler qu'il a une intrigue à tenir. L'ami Bartel est bien plus à l'aise (et drôle) dans Hollywood Boulevard.
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Re: Joe Dante

Message par Max Schreck »

Etant donné les contraintes liées au budget et aux attentes des commanditaires, c'est quand même un petit miracle que Dante ait pu y injecter autant d'esprit. La première version du scénar était apparemment très 1er degré, et c'est sa réécriture par John Sayles qui a permis cette réorientation franchement satirique.
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Re: Joe Dante

Message par mannhunter »

"Je suis d’accord avec le constat de Martin Scorsese : le cinéma est mort"...entretien avec Joe Dante:

https://carbone.ink/chroniques/entretie ... joe-dante/
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Re: Joe Dante

Message par O'Malley »

mannhunter a écrit :"Je suis d’accord avec le constat de Martin Scorsese : le cinéma est mort"...entretien avec Joe Dante
Euh...Martin Scorsese semble dire en fait le contraire :

http://www.telerama.fr/cinema/scorsese- ... 107202.php
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Alexandre Angel
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Re: Joe Dante

Message par Alexandre Angel »

O'Malley a écrit :Euh...Martin Scorsese semble dire en fait le contraire :
Oui et puis "la mort du cinéma" , c'est le retour éternel du Père Fouettard, l'Arlésienne funeste de service...
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Joe Dante

Message par Flol »

Alexandre Angel a écrit :Oui et puis "la mort du cinéma" , c'est le retour éternel du Père Fouettard, l'Arlésienne funeste de service...
Plus communément appelé "AtCloseRange".
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Alexandre Angel
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Re: Joe Dante

Message par Alexandre Angel »

C'est une facette que je n'avais pas encore repérée :mrgreen:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Joe Dante

Message par Kevin95 »

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THE 'BURBS - Joe Dante (1989) découverte

Petite comédie passée sous les radars d'à peu près tout le monde à l'époque de sa sortie mais qui - entre nostalgie d'une époque et (re)découverte du film - ne cesse depuis de monter en grade. The 'burds, c'est du Joe Dante qui ne vise pas (ou plus) la famille et qui en profite pour égratigner (sans en avoir l'air) l'esprit beauf des quartiers résidentiels via une histoire de voisins chelous. Mais là où on aurait pu attendre à un message "We are the world" sur la peur de l'étranger et les esprits paranos, Dante remue les cartes (ou la m...) en faisant des nouveaux arrivants, de véritables figurants pour films de monstres des années 30. Kika tort, kika raison, au fond on s'en tape et le réalisateur surligne la monstruosité dans les deux camps que ce soit du côté des gargouilles emménageant que du côté des wasp tous un peu con-con (le père de famille en plein breakdown, l'ancien du Vietnam dérangé, le pique-assiette benêt...) Les femmes sont hors course, simples témoins d'une bêtise très américano-masculine. Ironique et référentiel (coucou Rear Window), The 'burbs passe tranquillement le cap des ans. Culte ? Peut-être.
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Re: Joe Dante

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THE HOWLING - Joe Dante (1981) révision

Relecture moderne du lycanthrope, qui ne cache jamais son héritage classique puisque le film Universal The Wolf Man (George Waggner – 1941) est constamment cité (diffusion télé, nom d'un personnage prenant le patronyme du réalisateur...) L'occasion pour Joe Dante de sortir des griffes de Roger Corman et de se faire un nom comme un grand garçon. The Howling balaye les quelques coquilles de Piranha (1978) pour s'assumer comme une vraie, solide péloche fantastique. L'introduction urbaine est à ce titre formidable, malsaine et craspec jusqu'il faut. Si la mise en place dans les bois manque de mordant (ne riez pas trop fort, le môme dort à coté) et rejoue les clichés façon Friday the 13th, Dante réenclenche la machine rapidement en donnant un parfum sexuel bienvenu à la bête poilue. Le tout pour arriver à un final génial, entre tragique et ironique, se concluant sur la cuisson d'un steak. The Howling donne un net coup d'accélérateur à la carrière de Joe Dante et reste l'une des meilleures pièces au rayon loups garous.
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Re: Joe Dante

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MATINEE - Joe Dante (1993) révision

Gros film personnel pour Joe Dante, bide à sa sortie et depuis (le coup classique), un film qui ne cesse d'être célébré un peu partout. Rien d'étonnant là-dedans, ce faux biopic autour de William Castle et surtout l'occasion pour le réalisateur de raconter sa jeunesse dans le 50's, la naissance de sa cinéphilie et surtout la peur panique de l'Amérique de l'époque sur un ton léger mais non exempt de mélancolie. Dante sort de Gremlins 2 (1990) et a suffisamment de points sur sa carte pour se raconter sans le souci de saigner le box-office. Mais Matinee est aussi une vraie comédie, fun lorsque John Goodman est dans la danse, jouissive face aux 1001 références et parfois trépidante comme lors de l'incendie final absolument tendu. Un plan résume assez bien l'aspect touchant du film, un très rapide glissement dans les couloirs d'un cinéma et la définition du spectacle cinématographique (en un mot, la surprise) en off via la voix de Goodman. C'est beau, c'est vrai, c'est peut-être le plus beau film de Joe Dante.
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Re: Joe Dante

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SMALL SOLDIERS - Joe Dante (1998) révision

Toy Story meets Gremlins. Après un long silence suite au bide de Matinee (1993), Joe Dante revient avec une grosse machine destinée à foutre en l'air le box-office et à faire dépenser les mères de famille au ToyRUs ou au Burger King (mécène du film) du coin. Le réalisateur rejoue sa partition pour Gremlins (1984), sourit au producteur et en douce, fait un film potache, irrévérencieux, référentiel, un film personnel en somme. Mais du temps des glorieuses 80's, Steven Spielberg pouvait bien laisser passer les audaces de son poulain et le public aimait ça, en 1998 c'est autre chose. Dante a toujours le mojo fiévreux mais le public n'est plus le même, moins au fait des références, moins client des pics balancés par le film. Le résultat est un nouveau bide, un dossier compliqué pour la Universal et un film tombé dans les limbes des 90's. Et pourtant Dieu que ce film est fun, généreux, barré, nutritif. Rien que le casting des voix d'Action Man, comme rescapés d'un film de Robert Aldrich, a de quoi faire délirer. Small Soldiers plombe les capitalistes de l'imaginaire, la génération 90 bêta, le conservatisme rampant et les va-t-en-guerre de tout poil. Les agissements du Commando d'Élite sont filmés comme un film de guerre épique et la mélancolie des Gorgonites comme un moment tragique. Même Jerry Goldsmith se marre en auto-parodiant ses scores pour Patton (Franklin J. Schaffner, 1970) ou First Blood (Ted Kotcheff, 1982) ! A l’heure qui l’est, le dernier grand film de Joe Dante.
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Re: Joe Dante

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Kevin95 a écrit :Image

SMALL SOLDIERS - Joe Dante (1998) révision

Toy Story meets Gremlins. Après un long silence suite au bide de Matinee (1993), Joe Dante revient avec une grosse machine destinée à foutre en l'air le box-office et à faire dépenser les mères de famille au ToyRUs ou au Burger King (mécène du film) du coin. Le réalisateur rejoue sa partition pour Gremlins (1984), sourit au producteur et en douce, fait un film potache, irrévérencieux, référentiel, un film personnel en somme. Mais du temps des glorieuses 80's, Steven Spielberg pouvait bien laisser passer les audaces de son poulain et le public aimait ça, en 1998 c'est autre chose. Dante a toujours le mojo fiévreux mais le public n'est plus le même, moins au fait des références, moins client des pics balancés par le film. Le résultat est un nouveau bide, un dossier compliqué pour la Universal et un film tombé dans les limbes des 90's. Et pourtant Dieu que ce film est fun, généreux, barré, nutritif. Rien que le casting des voix d'Action Man, comme rescapés d'un film de Robert Aldrich, a de quoi faire délirer. Small Soldiers plombe les capitalistes de l'imaginaire, la génération 90 bêta, le conservatisme rampant et les va-t-en-guerre de tout poil. Les agissements du Commando d'Élite sont filmés comme un film de guerre épique et la mélancolie des Gorgonites comme un moment tragique. Même Jerry Goldsmith se marre en auto-parodiant ses scores pour Patton (Franklin J. Schaffner, 1970) ou First Blood (Ted Kotcheff, 1982) ! A l’heure qui l’est, le dernier grand film de Joe Dante.
Je l'aime bien mais je préfère encore The Hole.
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