Cinéma Coréen contemporain

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Re: Cinéma Coréen contemporain

Message par bruce randylan »

LE FFCP a commencé mardi soir

Deja 8 films de vus, je sais pas si j'aurais le temps de parler de tout donc priorité aux bonnes surprises

Second life (Park Young-ju - 2018)
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Délaissée par des parents absents, une adolescente mal dans sa peau s'invente des mensonges pour être plus populaires, sans tromper ses camarades de classe. Après avoir été témoin d'un suicide, elle fugue.

Énième drame sur le malaise d'étudiants, Second life surprend par sa brièveté : 70 minutes ! Ce qui doit constituer un record pour la Corée.
J'ai beaucoup pensé à Philippe Faucon avec la même concision et richesse qui ne nuisent jamais à la sensibilité ni aux personnages. Les scènes conservent l'essentiel en quelques plans et dialogues, sans précipitation, avec sa propre respiration, jouant autant des ellipses que de la justesse de la direction d'acteurs. Celle-ci est à fleur de peau et il ne faut pas longtemps pour s'émouvoir du regard mélancolique de la jeune héroïne, timide et constamment inquiète. Contrairement à pas mal de films du genre coréen, l'écriture n'est pas complaisante ou démonstrative. Elle privilégie plutôt une forme de tendresse, d'humanité et de bienveillance qui n'exclut pas des rapports sociaux plus tendus, à la violence sous-jacente.
La conclusion est à ce titre d'une triste amertume dans sa fuite en avant qui condamne à l'exil permanent, sans qu'aucun réel espoir d'apaisement ne se profile.
Ce premier film fait preuve d'une maturité, d'une intelligence et d'une aisance stupéfiantes qui m'ont beaucoup touché. Que ce soit devant ou derrière la caméra, ces deux jeunes femmes s'imposent comme des révélations formidables.

"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

Extreme Job (Lee Byeong-heon - 2019)

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Une brigade criminelle constituée de 5 bras cassés est sur le point d'être démantelé vu leur piètre résultat. Sur la sellette, ils essaient de coincer un trafiquant de drogue sur le retour et se mettent en planque dans une restaurant de poulets frits. Comme ce dernier est sur le point de fermer, ils le rachètent et sont obligés de préparer les plats pour assurer leur couverture.

Lee Byeong-heon avait déjà été présent au FFCP avec son excellente comédie Twenty, il y revient deux films plus tard dans cette hilarante comédie policière menée tambour battant sur un tempo irrésistible. A part 2-3 gags/situations explicités par des dialogues, l'humour fait toujours mouche et s'impose comme un modèle du genre, servi par une équipe de comédiens savoureux qui campent idéalement leurs personnages. La réalisation n'est pas la plus inventive qui soit mais elle est entièrement consacrée à valoriser les situations avec une mécanique ultra-efficace : découpage, mini-ellipse, ralenti, interaction des comédiens... La première heure est à titre une pure réussite qui donne presque le tournis (et qui donne très faim aussi).
Ca faiblit un moment quand la partie policière/mafieuse reprend un peu le devant pour faire avancer une histoire qui est moins à l'aise quand elle sort du comique de situation. Heureusement les 20 dernière minutes redresse la barre avec bonne humeur et un peu d'action en prime (c'est pas du Ryoo Seung-wan mais ça fait le job).
Et puis, mine de rien, le film est aussi un joli hommage aux artisans et entrepreneurs face aux multinationales sans âme.

L'un des gros cartons coréens de cette année et ça me désespère qu'une comédie si vive et drôle ne sortira sans doute jamais en France. Sur Netflix, avec de la chance. :cry:
Je m'étais pourtant pas autant marré au cinéma depuis....Midnight runners en fait. Toujours pas sorti :( :(

Dernière modification par bruce randylan le 14 mai 21, 09:55, modifié 1 fois.
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Arn
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Message par Arn »

Tu fais envie :D :(
Sans parler du pitch :mrgreen:
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

House of us de Yoon Ga-eun

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Ha-na, 12 ans, tente tant bien que mal de maintenir l’unité de ses parents qui se déchirent. Yoo-mi et Yoo-jin sont un peu plus jeunes et vivent presque seules. Leur rencontre à toutes les trois le temps d’un été va les rapprocher. Elles vont former une famille à part, avec l’espoir que leur lien les aidera à sauver leurs familles respectives.

Yoon Ga-eun avait émerveillé avec son premier film The World of us (2016), où elle s’avérait une merveilleuse peintre des bonheurs et heurts du monde de l’enfance. Si cette œuvre inaugurale pouvait témoigner d’une influence du japonais Kore-eda, The House of Us voit s’ajouter celle de Shinji Somai et en particulier de son poignant Moving (1993) où cette candeur de l’enfance luttait pour subsister face aux maux des adultes. Le film de Yoon Ga-eun cumule et divise d’ailleurs les deux traumatismes de l’héroïne de Moving, la séparation des parents et l’arrachement d’un déménagement.

Hana (Kim Na-Yeon) est une fillette confrontée aux rapports de plus en plus tumultueux de ses parents qu’elle craint de voir se séparer. La scène du dernier jour de classe la voyant se faire décerner le prix du dévouement par ses camarades de classe la caractérise d’emblée. Plutôt que de subir le délitement du lien unissant ses parents, elle va chercher à le surmonter. Tout au long du film, la mise en scène souligne la nature d’observatrice et d’actrice de Hana sur son environnement à travers un point de vue subjectif sur les dysfonctionnement auxquels elle assiste, puis se focalise sur son visage bienveillant et déterminé pour nous faire comprendre qu’elle cherchera à y remédier par l’action. Ce dispositif fonctionne sur les séquences au sein de son propre foyer puis ensuite lorsqu’elle fera la rencontre de Yoo-mi (Kim Si-a) et Yu-jin (Joo Ye-rim), deux fillettes plus jeunes pour lesquelles elle fera office de grande sœur. Hana va ainsi d’abord observer envier à distance la cohésion familiale de ses futures amies avec leurs parents, puis plus tard leurs facéties dans un supermarché. C’est ensuite seulement quand elle pourra se rendre utile que l’interaction entre les fillettes aura lieu quand Hana va aider la cadette Yu-jin perdue à retrouver sa sœur.

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L’empathie, la dévotion et la sensibilité de l’héroïne se ressent ainsi en quelques vignettes, avant de la confronter à des situations que ses qualités ne pourront pas compenser. La naïveté d’Hana lui amène è espérer que les instants partagés, d’un simple repas à un voyage en famille, permettront de ressouder les liens et éviter le divorce de ses parents. Le parallèle entre cette candeur et les échanges acerbes des parents est frappant, la réalisatrice se montrant universelle mais aussi plus spécifiquement critique envers la société coréenne pour souligner les failles des adultes. L’exigence et le carriérisme forcené de la mère se confronte ainsi au dilettantisme du père, illustrant une éducation opposée des enfants en filigrane (on comprend que comme beaucoup d’enfant coréens Hana a subit des cours du soir (élément évoqué dans The World of Us), que le père laisse plus les enfants vivre que la mère bien plus pressante, les deux approches étant contre-productives). Les solutions d’Hana sont à la fois juste et trop simple pour répondre à des problématiques trop complexes, mais que les situations souligne avec tendresse et humour et espièglerie – Hana cachant le portable de son père pour qu’il ne parle plus à sa maîtresse, faisant du chantage à son frère pour convaincre les parents de faire le fameux voyage en famille.

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Yoo-mi et Yu-jin doivent quant à elle affronter un déménagement de plus dont elles vont souffrir. Avec l’aide d’Hana, une nouvelle fois les solutions les plus innocentes et drôles seront mise en œuvre pour empêcher cet arrachement en sabotant de manières diverses toutes les visites de potentiels locataire de l’appartement. Entre le foyer à couteaux tirés où l’on ne peut plus rester et celui duquel on nous arrache, les fillettes en façonne un autre, celui de leur amitiés et moments complices, celui de leur enfance mise à mal en somme. La réalisatrice accorde de longue plages contemplative aux activités banales de coloriages, de rires et de jeux où se façonne se cocon enfantin où tous les problèmes s’oublie - dans un écrin formel solaire et estival qui se conjugue au couleurs douce de l'enfance dans les tenues et environnements au couleurs douces et pastels. Une scène résume parfaitement cela lorsque Hana prise d’un coup de blues après un énième conflit de ses parents retrouve le sourire quand Yoo-mi lui offrira une petite boite contenant un cœur souriant. Ce leitmotiv de la boit court d’ailleurs tout au long du récit, réceptacle de nos douleurs, nos secrets, mais aussi socle de ce second foyer où l’on peut se réfugier puisque c’est dans cette matière cartonnée que les enfants vont se construire symboliquement une maison.

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Toutes les jeunes actrices sont incroyable justes et touchante (Yoon Ga-eun confirmant ce talent de directrice d’enfant déjà stupéfiant dans The World of US) en particulier Kim Na-Yeon faisant passer d’infinies nuances pour exprimer sa détresse. L’amitié les unissant se ressent avec une force implicite latente tout du long, et explose parfois aussi de manière plus explicite et bouleversante (la séparation finale où Yoo-mi demande à Hana si elle sera toujours leur grande sœur). Ce monde de l’enfance ne sera cependant pas une bulle à l’abri du monde, la fuite en avant finale (lorgnant cette fois sur I Wish (2010) de Kore-eda) montrant comment cette découverte du mur des problématiques adulte peut même briser l’allant de la lumineuse Hana. Il faut donc accepter chaque bonheur comme provisoire, le foyer n’en est pas moins chaleureux le temps d’une nuit sous une tente, que durant un repas pour se faire pardonner. C’est l’éphémère de ces moments qui les rend si précieux, et le titre The House of Us désigne finalement le foyer que l’on se façonne plutôt que celui que l’on nous impose. 5,5/6
bruce randylan
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Another Child (Kim Yun-seok – 2019)

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Une lycéenne découvre que son père a une liaison avec la patronne d'un restaurant dont la fille fréquente son établissement scolaire. Celle-ci dernière prévient la mère de la première de l'infidélité de son mari.

L'acteur de The chaser passe derrière la caméra pour mon deuxième gros coup de cœur du festival avec un postulat finalement assez simple. Mais dès les premières scènes, on sent que l'écriture veut surtout pour développer les relations entre les personnages plutôt qu'une histoire mélodramatique conventionnelle. On est dans une sorte d'équation insolvable dont les inconnues évoluent au fur et à mesure : les deux adolescentes se toisent et rejettent la responsabilité à leurs parents, la mère cherche à rencontrer sa rivale et le passage à la maternité rabat une nouvelle fois les cartes en rajoutant plusieurs sentiment de culpabilité.
Les personnages sont plus étoffés qu'on ne leur croiraient et révèlent leur complexité à tour de rôle sans tomber heureusement dans une construction mécanique. La construction du scénario est très habile à ce titre et semble découler logiquement du tempérament des protagonistes. En filigrane, il y a une critique assez caustique sur la lâcheté des hommes coréens où aucun mari/époux/ex n'est là pour rattraper l'autre. Peut-être presque trop car certaines péripéties sont presque de trop pour surligner leur dimensions pathétiques (l'agression du mari). Les femmes apparaissent davantage comme des victimes qui décident de n'être plus passive de leur vie. C'est vraiment un très belle galerie de personnages, touchants, humains, juste et parfois très émouvant. Juste ce qu'il faut pour faire monter les larmes sans chercher à les faire couler.
Au travers du portrait des deux jeunes héroïnes (et même de leur mère), il y a l'arrivée d'une maturité involontaire qui n'efface pas non plus les actions impulsives aussi anticonformistes que candides. Le final a justement fait grincer pas mal de dents (voir écœurer) une partie du public, c'est pourtant une scène irrésistible, drôle et poétique quelque part.
La réalisation est certes discrète mais son découpage retranscrit bien les rapports à l'image avec ce qu'il faut dans le hors champ les ellipses pour lui conférer ce qu'il faut de personnalité. On sent quoiqu'il en soit un réelle sensibilité derrière la caméra. J'espère que Kim Yun-seok va continuer de ce côté de la caméra.

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Message par bruce randylan »

A boy and sungreen (Ahn Ju-young – 2019)

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Un garçon de 14 ans apprend par accident que son père qu'il croyait mort est en fait toujours en vie et que sa mère lui ment depuis des années. Accompagnée de sa meilleure amie, au fort tempérament, il tente de le retrouver en contactant sa demi-soeur.

L'un des volonté du festival cette année était de mettre à l'honneur des femmes cinéastes débutant dans le long-métrage.
Celui-ci commence de manière anodine, avec une réalisation et une photographie sans réelle personnalité. On suit un peu détaché les doutes d'un pré-adolescent timide et introverti, contrastant avec celui de sa camarade qui passe son temps à filmer toutes ses réactions (elle veut faire du cinéma). L'histoire avance doucement, n'évolue pas significativement et on se demande même où elle veut nous conduire.
Et puis finalement, dans sa seconde moitié, le film trouve sa petite musique dans ses relations entre le jeune héros et ses proches, surtout le petit ami de sa demi-soeur qui devient une sorte de père et de grand frère de substitution. Ça donne des séquences pleine de tendresse et de chaleur, entre introspection, apprentissage de la vie, philosophie (et quelques touches d'humour). Ce héros s'ouvre alors doucement à l'importance de ses proches, de ses sentiments envers eux et trouve une sorte d'éveil spirituel.
A boy and sungreen parvient alors de dépasser son simple statut de « film mignon » pour trouver ce qu'il faut de profondeur et d'universalité même si on peut regretter une direction artistique faible et un scénario qui aurait gagné à être dégraisser.
Enfin, pour un premier film, c'est plutôt encourageant. Ce n'est pas une révélation du niveau de second life mais je vais surveiller comment la réalisatrice va évoluer, sachant qu'il semble compliquer pour de nombreux indépendants de dépasser le premier film.



Birthday (Lee Jong-un – 2018)

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Après des années d'absence, un homme revient dans la ville où vit sa femme et sa fille. Son épouse ne veut plus le revoir depuis la mort de leur garçon lors du naufrage du ferry Sewol.

C'est cette fois une ancienne collaboratrice de Lee Chang-dong qui passe derrière la caméra. L'affiliation semble être assumé puisque ce dernier produit le film et que le casting réunit deux de ses acteurs emblématiques.
Le résultat est très intéressant avec une structure narrative qui révèle aux comptes gouttes ses éléments : on ne sait pas pourquoi le père est coupé de sa famille ; pourquoi le fils est au cœur de leur tensions ; comment il est décédé ; pourquoi le père est-il absent ; qui sont les personnages secondaires qui semble graviter autour du fils décédé...
Ca permet de relancer fréquemment l'intrigue sur de nouveaux terrains dramatiques, enrichissant ainsi l'histoire et les rapports entre les protagonistes. En reposant beaucoup sur des non-dits et des douleurs muettes, Lee Jon-un fait preuve d'une pudeur et d'une retenue plutôt rare dans le mélodrame coréen qui aime habituellement pousser les potards à 11. Les comédiens sont à ce titre très juste. Birthday possède ainsi une émotion à fleur de peau qui donne de nombreuses séquences émouvantes tant sur l'incommunication, l'irréconciliabilité, les difficulté de se reconstruire comme parents et surtout sur l'impossibilité d'un deuil. Ce deuil repose bien-sûr sur une tragédie qui dépasse les nombreux parents ayant perdu leur enfant pour un sentiment d'injustice, d'impuissance et de lassitude devant la lenteur de l'enquête. Qui blâmer dans ce cas ? Est-il justifié de vouloir se rapprocher des autres victimes ? A quoi servent les réunions des parents ? Doit-on rester dans le souvenir ou le déni ? Comment se comporter envers les parents ayant perdu un enfant alors que les siens sont en bonne santé ?
Un sujet complexe et vaste que le scénario réussit à ne pas rendre théorique pour une émotion qui n'en finit plus de s'accumuler sans réussir à s'exprimer, comme si les mots ne suffisaient plus.
Les séquences se font de plus en plus poignantes, douloureuses et bientôt déchirantes comme lorsque la mère cède une nouvelle fois à une crise de larmes, inconsolable, face à des voisins partagés entre la compréhension résignée et l'agacement.
Malheureusement la cinéaste ne parvient pas à contourner tous les pièges évitées jusque là et cède aux grandes effusions lacrymogènes durant les 10-15 dernières minutes quand le film se veut autant une thérapie familiale que nationale. Alors certes, on pleure nous aussi durant les premiers témoignages des proches mais on finit par grincer des dents devant cette surcharge reposant sur des ficelles grossières au point que d'être totalement sorti du film à un moment pour ma part.
C'est vraiment rageant car durant 1h45 (sur 2h10), le film, son traitement et ses comédiens sont admirables de sobriété et de justesse, avec une économie de paroles qui touchent droit au cœur. On était plusieurs à avoir inondé la moquette de la salle quoiqu'il en soit.



Je précise que le sujet du naufrage du Sewol (304 morts) me touche particulièrement puisque mon épouse a organisé plusieurs manifestations de soutiens à Paris envers les famille et que lors de notre voyage en Corée, nous étions allées nous recueillir devant l'épave du navire qui venait d'être renfloué.
Ça avait été peu relayé en France mais ce drame a eu un énorme retentissement en Corée en générant d'énormes manifestations populaires et plusieurs scandales politiques.
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Message par Coxwell »

bruce randylan a écrit :
Je précise que le sujet du naufrage du Sewol (304 morts) me touche particulièrement puisque mon épouse a organisé plusieurs manifestations de soutiens à Paris envers les famille et que lors de notre voyage en Corée, nous étions allées nous recueillir devant l'épave du navire qui venait d'être renfloué.
Ça avait été peu relayé en France mais ce drame a eu un énorme retentissement en Corée en générant d'énormes manifestations populaires et plusieurs scandales politiques.
Il y a un chapiteau qui s'est presque "durcifié" à Gwanghwamun d'ailleurs. Pour dire.
Ton épouse a perdu un proche dans cette tragédie ?
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Re: Cinéma Coréen contemporain

Message par bruce randylan »

Coxwell a écrit : Il y a un chapiteau qui s'est presque "durcifié" à Gwanghwamun d'ailleurs. Pour dire.
Ton épouse a perdu un proche dans cette tragédie ?
Un proche d'une proche.

On était aussi passé à Gwanghwamun (on avait participé à un atelier de confection de rubans jaunes).
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Re: Cinéma Coréen contemporain

Message par Coxwell »

bruce randylan a écrit :
Coxwell a écrit : Il y a un chapiteau qui s'est presque "durcifié" à Gwanghwamun d'ailleurs. Pour dire.
Ton épouse a perdu un proche dans cette tragédie ?
Un proche d'une proche.

On était aussi passé à Gwanghwamun (on avait participé à un atelier de confection de rubans jaunes).
Tu ne vis pas en Corée ? Je pensais.
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Non, j'étais juste venu rencontrer une partie de la belle-famille.
Je suis bien à Paris :mrgreen:
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Message par Coxwell »

bruce randylan a écrit :Non, j'étais juste venu rencontrer une partie de la belle-famille.
Je suis bien à Paris :mrgreen:
Ah oui ? Tu n’as jamais eu envie d’y vivre (même peu de temps) ?
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Re: Cinéma Coréen contemporain

Message par bruce randylan »

Coxwell a écrit :
bruce randylan a écrit :Non, j'étais juste venu rencontrer une partie de la belle-famille.
Je suis bien à Paris :mrgreen:
Ah oui ? Tu n’as jamais eu envie d’y vivre (même peu de temps) ?
Pas plus que ça. J'ai pas eu de coup de cœur comme Hong-Kong ou Kyoto. Et puis, j'aime pas le kimchi. :twisted:
Dans les bonnes choses du festival :

Move the grave (Jeong Seung-o - 2019)

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Même si leur frère est absent, quatre sœurs se réunissent pour aller en voiture dans l'île où est enterré leur père et dont la tombe doit être déplacé.

Chaque année, le festival met à l'honneur un cinéaste débutant dans une section "portrait" réunissant ses court-métrages et son premier long. C'est donc Jeong Seung-o qui était invité cette fois-ci avec la preuve qu'il possède déjà un œuvre cohérente avec des thèmes bien établis. Move the grave est dans la parfaite lignée de ses 5 courts-métrages, pour ainsi dire tous consacré aux dysfonctionnements de la famille coréenne. On peut même dire qu'il s'agit d'une suite/prolongement de son court Birds fly back to the nest (2016 et le meilleur du lot) où une famille se réunit pour rendre visite à leur mère hospitalisée. On y retrouve d'ailleurs quelques comédiennes.
En revanche Move the grave fait preuve d'une maturité que n'offrait pas ses court-métrages où la technique était souvent secondaire ou balbutiante. Ici, Jeong témoigne d'une vraie assurance derrière la caméra. Rien de virtuose ni de démonstratif mais une réalisation qui relève discrètement quelques défis comme les nombreuses séquences en voiture réunissant une demi-dizaine de personnages qui sont découpée avec fluidité et précision. Son sens du cadre - en scope - est variée, aérée et toujours à l’affût des réactions de ses personnages. La aussi, le montage se fait oublier et ne cherche pas la rapidité mais reste dans un timing presque musicale. Il est toujours rare qu'un film trouve sa parfaite respiration et celui-ci en fait partie, jamais contemplatif, jamais précipitée, pas trop elliptique avec ce qu'il faut pour laisser vivre chaque scènes et ses personnages. L'alchimie entre les différents comédiens est évidente et leur personnages sont bien écrits, attachants même si on peut reprocher une caractérisation un trop marquée pour que chaque personnage soit bien identifiable. C'est toutefois le cœur du sujet, à savoir les rapports au sein d'une famille "typique" coréenne qui la particularité de n'avoir de des filles comme ainées et que le seul garçon soit un cadet lâche et fuyant. Or dans la tradition confucianiste (encore très présente dans les comportements actuels), c'est au premier garçon de choisir pour la famille. Une des nombreuses bonnes idées du scénario est de lui affilier une ex copine très remontée qui permet de donner encore un autre portrait féminin différent des précédents et qui les complète habilement.

Jeong Seung-o mêle ainsi étude de moeurs, road-movie, chronique familiale, comédie sociale, critique d'un système patriarcale et conservateur avec un équilibre délicieux.




Exit (Lee Sang-geun – 2019)

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Eternel looser d'une trentaine d'années, Yong-nam vit toujours chez parents et, à part l'escalade, n'a pas grand chose pour remplir sa vie. Lors de la cérémonie d'anniversaire de sa mère dans un grand hôtel, il croise un ancien amour de lycée qui organise ce genre d'événements. C'est justement ce soir là qu'un camion contenant des produits chimiques mortels explose au pied du bâtiment. Les convives et les employés sont obligés de rester dans l'immeuble alors que les vapeurs toxiques gagnent en hauteur.

Ryoo Seung-wan co-produit le premier film d'un de ses anciens assistants, également scénariste. C'est une excellente surprise qui mélange les codes du film catastrophe avec un peu de romance et surtout beaucoup d'humour et de second degré. Ca apporte un grand vent de fraîcheur à un blockbuster au budget modeste, assez astucieux, en évitant les grosses scènes de foule et les destructions massives ; la menace étant de la fumée se rapprochant des toitures.
Pour un premier film, le cinéaste fait déjà preuve d'une bonne maîtrise dans son dosage des genres avec quelques francs éclats de rires, des personnages attachants, plusieurs situations originales et quelques moments bien tendus dans ses séquences d'escalades en façade qui parviennent à donner le vertige. Ce n'est certes pas la réalisation du siècle, tout en restant fluide, évitant le surdécoupage pour un bon sens de l'espace et un rythme bien géré où les premières scènes statiques laissent place à de plus en plus de mouvements jusqu'à la course finale effrénée.
Le film détourne assez bien certains poncifs du genre comme les réactions des téléspectateurs que la technologie rend moins passifs. Ca donne presque un côté Capra dans le dernier acte qui a l'intelligence de ne pas se prendre trop au sérieux, en assumant aussi certaines invraisemblances.
Les deux acteurs principaux obtiennent pour la première fois de leur carrière un premier rôle et comme leur âge (et leur physique) correspondent à ceux de leur personnage, ça renforce leur caractère anonyme et lambda, et donc l'identification et leur crédibilité.
Pour un film d'ouverture c'était un choix parfait et le divertissement du samedi soir par excellence qui fait sortir de la salle de bonne humeur.

Encore un titre qui mériterait amplement une sortie en salle... :cry:

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Message par bruce randylan »

Ode to the goose (Zhang Lu - 2018)

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Un homme et une femme (plus âgée) viennent d'arriver dans une ville de province pour y passer quelques jours, et peut-être conclure leur jeux de séduction.

J'avais déjà beaucoup apprécié A quiet dream du même cinéaste il y a quelques années et qui confirme un sillon proche de Hong Song-soo - en autrement plus abouti et intéressant.
On retrouve la même liberté narrative faîte de variations internes pour une narration nébuleuse, labyrinthique et décalée avec une galerie de personnage à la fois farfelue, imprévisible et dégageant une profonde mélancolie.
Avec ces deux heures, le rythme n'est pas toujours concis et on pourrait presque somnoler par moment. C'est cependant sans doute volontaire et calculé de la part du cinéaste qui parvient à brouiller nos repères temporels dans le dernier tiers où l'on se demande s'il s'agit de la suite logique de l'histoire, d'un flashback ou d'une possibilité alternative.
Une fois la réponse trouvée, Zhang Lu nous rend d'autant plus complices des relations qui se jouent sous nos yeux. Et quand la boucle est bouclée lors du générique de fin, on est obligé d'esquisser un petit sourire d’allégresse.

Contrairement à Hong Song-soo (ouais,désolé :P ), il y a vrai cinéaste derrière la caméra avec une très belle photographie, un bon dosage entre une caméra statique et des mouvements toute en fluidité et un art certain dans les ruptures de ton et les touches d'humour.
Un pur cinéma de déambulation narrative, émotionnelle et cérébrale qui fonctionne peut-être mieux à rebours que sur le moment où ses flottements déstabilisent et déconcertent. Tout en déployant régulièrement un charme irréfutable.




House of the hummingbird (Kim Bora - 2018)
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En 1994, une collégienne sent naître une envie de rébellion face à sa famille soit absente, soit brutale, et un système éducatif rébarbatif et conservateur.

Sans être totalement autobiographique, la cinéaste a clairement nourri ce film de souvenirs et d'expériences personnelles et donne à son héroïne le même âge qu'elle avait à l'époque. On le ressent très bien dans la justesse de sa description de l'époque assez finement abordée sans que ces éléments virent aux clins d’œil appuyés et systématiques. Ils sont au contraire toujours bien intégrés pour accompagner la psychologie de cette adolescente coincée entre deux époques : la fin de la dictature et une reprise économique avec ses laissés-pour-compte : les mutations du monde du travail, les discours moralisateurs et lénifiant des professeurs, une jeunesse plus turbulente, rapports familiaux tendus, un début d'ouverture sur le monde...
Sur le papier, cette chronique intimiste et familiale avait tout pour me plaire mais Kim Bora a du mal à savoir où tailler dans le gras et préfère donc tout garder. Elle accouche ainsi d'un récit de 2h20 qui finit par desservir son immersion comme les différentes sous-intrigues sur ses premiers troubles sexuels.
Si les 20-30 premières minutes sont formidables dans sa peinture d'une époque, le reste avance à l'oeil sans direction au gré de séquences inégales et souvent trop longues. La dernière demi-heure renoue heureusement avec la qualité d'écriture initiale. L'éveil et la prise de conscience de l'héroïne donnent des moments fragiles, touchants et émouvants. Elle parvient enfin à appréhender ses sentiments, à caractériser son insatisfaction, à savoir dire non (ou stop) et à s'émanciper des dictats de la société et de la famille au travers d'une prof de chinois indépendante et individualiste.
Si on prend le début et la fin, on tient une petite merveille, à interprétation sobre et toujours dans le bon ton. Seulement entre ça, il y a quand même une grosse heure maladroite qui m'empêche de rejoindre l'enthousiasme de beaucoup de personne dont l'équipe du festival qui sont unanimes sur ce titre... et un paquet de festivals vu le nombre de récompenses récoltés par Kim Bora.

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Re: Cinéma Coréen contemporain

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Toujours découverts au FFCP

Swing Kids (Kang Hyeong-cheol - 2018)

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En 1951, l'armée américaine a établi un camp de prisonnier communistes dans une île de la Corée du Sud. A cause des tensions entre prisonniers désormais dépolitisés et ceux toujours fidèles aux idéaux du Nord, de nombreuses violences ont éclaté et commence à attirer l'attention de la communauté internationale. Pour calmer les tensions, le nouveau directeur du camp essaie de trouver des activités pour canaliser ses détenus. Il songe entre autres à un numéro de claquettes. Le prisonnier ayant le plus de potentiel est un nord-coréen violemment anti-américain ayant suivi des cours de danses russes.

Le réalisateur de l'excellente comédie (dramatique) Sunny revient avec un projet étonnant et presque improbable : un ambitieux film musical basé sur des événements réels, à savoir les violentes émeutes dans le camp de Geoje.
Le résultat est hautement réjouissant et époustouflant durant deux tiers de son récit avant malheureusement que le mélange des genres accouche d'un final trop radical dans son alternance et sa volonté de souffler le chaud et le froid. J'en suis sorti sans trop savoir quoi en penser tant le déséquilibre est grand, avec le risque de trouver ça artificiel, grossier et manipulateur ; surtout avec son épilogue pré-fabriqué et usé jusqu'à l'os. Même si sa démarche est justifié par les faits historiques (même si l'histoire des claquettes semble être évidement une invention), ça contredit plusieurs séquences volontairement anachroniques dans ses choix musicaux ou scénaristiques.

Un sentiment frustrant puisque durant facilement 1h30, c'est pur morceau de bravoure cinématographique euphorisant qui n'a pas peur d'aller sur le fil du rasoir à plusieurs reprises comme un battle dance entre GI's et prisonniers sur fond de tube des années 80 (coréen et américain). Passé la surprise, ça fonctionne car la comédie musicale a foncièrement quelques choses de la fantaisiste et de l'ordre du fantasme. De plus, les acteurs se donnent à fond et surtout la réalisation est d'une virtuosité affolante. Et pas seulement le temps de plusieurs moments musicaux mais presque tout le temps : plan-séquences, mouvements de caméra étourdissants, photographie classieuse, travail sur le montage et le mixage débordant d'idées. Sans parler de nombreux gags brillants et de situations amples. L'énergie que déploie Kang derrière la caméra donne le tournis entre une séquence de bal que n'aurait pas renié le Spielberg de 1941 jusqu'aux règlements de comptes scorsesiens en passant par l'obsession grandissante d'un communiste pour les claquettes ou un montage parallèle sur deux protagonistes se délivrant de leur chaîne par la danse (beau à en donner des frissons – malgré un emprunt un peu trop appuyé à Frances Ha).
Et puisque, je suis dans les superlatifs, je vais continuer. De mémoire, on trouve dans Swings Kids, les numéros de claquettes les plus enthousiasmant et impressionnant vus depuis plusieurs décennies. Point. 8) Pour un amateur comme moi, il y a de nombreux moments vertigineux, pas tant pour les chorégraphies que l'harmonie entre la mise en scène, la photo, le mixage et l'implication des comédiens.
A ce titre le duo entre Jared Grimes et Do Kyung-soo fait de sacré étincelles. Leur relation est le cœur du film, à savoir le dépassement des cultures, des dogmes et des idéologies. La danse devient une passerelle d'apprentissage, de respects et de compréhensions entre deux mondes que tout sépare. Un mot quand même sur Do Kyung-soo qui a permis au film de se concrétiser. Ce dernier est en fait le membre d'un fameux boys band (EXO) et après plusieurs seconds rôles (Cart ; les deux Along with the gods), il brille ici dans une prestation remarquable à tout point de vue.

Je regrette donc d'autant plus que les ruptures du dernier tiers qui m'empêche d'en faire un authentique chef d'oeuvre. Ca ne m'empêche d'avoir un furieuse envie de le revoir car ça reste un spectacle total.
Et je suis plus que ravi d'avoir pu le découvrir au Publicis avec un son à la hauteur. C'est clairement un film a voir sur grand écran. Mais les chances que ça reproduise en France sont plus que mince.



Et un petit extrait pour le fun (la scène est raccourcie ici)

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bruce randylan
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Re: Cinéma Coréen contemporain

Message par bruce randylan »

J'essaie de rattraper le retard du FFCP 2019 avec des films moins marquant

Last scene (Park Bae-il – 2018)
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Ce documentaire aborde la fermeture d'un cinéma de quartier indépendant dans un pays où les films d'arts et d'essais sont difficilement visibles.
Un sujet en or qui ne fonctionne cependant qu'à moitié à cause d'un manque de point de vue. Sa construction est assez bancale, passant d'un cinéma à un autre assez maladroitement, et en oubliant malheureusement une réelle dimension sociologique comme le profil des spectateurs, leur évolution, ou la vie du quartier qui doit pourtant subir des mutations assez prononcées aussi. La meilleure séquence est justement une petite respiration qui capte la vie au alentour.
On aimerait être ainsi emporté et ému par un tel sujet mais l'impression de superficialité prédomine malgré quelques séquences justes et touchantes.

Army (Kelvin Kyungkun Park – 2018)
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Habitué du FFCP, le documentariste avait déjà été présent avec des œuvres très travaillées et hypnotiques (Dream of iron). C'est encore en partie le cas ici pour ce surprenant documentaire très aboutie plastiquement (en scope!) qui évite de radiographier le rapport entre la Corée et son modèle militaire (à l'inverse de l'excellent film de fiction Seeds of violence) pour privilégier davantage l'introspection. Le cinéaste confronte ses propres souvenirs de service militaire avec l'expérience de nouveaux appelés.
Toutefois Park semble découvrir son sujet au gré du tournage où il finit par s'intéresser à une recrue vivant mal le service au point de faire une dépression. Ce traitement donne donc des séquences inégales ; ce qui veut dire que certaines ne sont pas stupéfiantes comme la messe protestante sous forme de show k-pop avec starlettes aguicheuses devant une foule en transe.
Reste que la beauté plastique et la texture des images en fait une œuvre fascinante.

Mal.mo.e (Eom Yuna – 2019)
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Dans les années 30, l'occupant japonais essaie d'éradiquer la culture coréenne en les forçant à abandonner leur langues, écritures et nom de famille. Un club littéraire essaie de travailler dans la clandestinité pour concevoir un vaste dictionnaire englobant également les dialectes afin de préserver leur langue. Ils sont aidés par un petit escroc qui ne comprend pas leur cause.

Un sujet en or, tirée d'une histoire vraie, totalement gâchée par un scénario et une mise en scène qui enchaîne tous les poncifs et clichés sud-coréens du genre, sans la moindre surprise évidement. C'est convenu, balisé et terne du début à la fin avec une reconstitution étriquée qui ne fait guère illusion avec l'intégralité du film se déroulant dans trois intérieurs et une rue piétonne. C'est la scénariste de A Taxi driver qui tourne son premier film et elle ne s'est pas foulée la cheville en copiant-collant la formule : le père célibataire non-politisé qui se trouve confronté à des militants pro-démocratie pour des enjeux qui le dépassent dans un premier temps avant bien-sûr de rallier leur cause au péril de sa vie. Tout en surfant sur la crise actuelle entre la Corée et le Japon.
On est a des années lumières du génial et sublime Généalogie d'Im Kwon-Taek sur un thème très proche.
Le film est tellement mainstream et formaté qu'il a remporté le prix du public au festival ( :? ), face il est vrai à beaucoup de films d'auteurs moins grand public.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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