The Square (Ruben Östlund - 2017)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Billy Budd
Bordeaux Chesnel
Messages : 26835
Inscription : 13 avr. 03, 13:59

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Billy Budd »

Les défauts que pointe Strum étaient déjà tous présents dans Snow Therapy, que je suis pas loin d’avoir détesté pour ces raisons.
Everybody's clever nowadays
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Strum »

Billy Budd a écrit :Les défauts que pointe Strum étaient déjà tous présents dans Snow Therapy, que je suis pas loin d’avoir détesté pour ces raisons.
Merci, tu m'épargnes le désagrément de le voir.
Demi-Lune a écrit :Ce n'est pas tout à fait ça, pour moi. Dans les deux scènes que tu cites, Christian est d'abord en retrait et mis devant le fait accompli. Si je me souviens bien, la nana se précipite sur l'autre gars pour qu'il la protège, et c'est justement le fait que ce soit l'autre gars qui gère la situation qui fait retenir Christian, visiblement désarçonné par ce qu'il se passe, ne sachant pas comment réagir. Il n'aide pas spontanément, et encore moins de manière chevaleresque - et on sent que c'est une libération pour lui lorsque cette situation de crise prend fin. Quant à la migrante désagréable (scène géniale d'humour politiquement incorrect), si je me souviens bien là encore, c'est elle qui demande la charité parce qu'elle a faim, et profite du bon-vouloir de Christian, manifestement un peu coincé (mais pas mauvais bougre non plus), pour lui faire commander un menu Maxi best of au prix fort et le toiser d'un regard méprisant. Cette scène est à mettre inversement en parallèle avec celle, plus tard, où Christian demande à un migrant SDF, dans le centre commercial, de bien vouloir garder toutes ses courses de luxe (et le gars le fait, en plus!) et le méprise ainsi d'une manière incroyable, dans une forme d'aveuglement benoit magnifique.
Tout ça pour dire que le personnage n'essaie pas nécessairement d'aider, ça n'aurait aucun sens à ce stade du récit puisque le but de tout cela est qu'il en vienne justement à aider par libre-arbitre. Ça se retourne contre lui parce qu'il est tout engoncé d'une raideur de classe qui n'aime pas être directement prise à partie.
Tu es bienveillant avec le film. Tout cela me parait très artificiel et incohérent avec le jeu de massacres en filigrane. Ce film ne définit pas un carré, mais un cercle retors. Enfin, il y a quelques scènes qui m'ont fait rire.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Demi-Lune »

Strum a écrit :Tout cela me parait très artificiel et incohérent avec le jeu de massacres en filigrane.
Mais pourquoi ? J'avoue que je ne comprends pas.
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Jack Griffin »

Ostlund décrit un personnage qui vit dans une bulle, pas méchant mais un peu à la ramasse. Le monde extérieur lui est incompréhensible et il ne fait que se dédouaner de ce qu'il lui arrive (d'où l'importance du hors champs dans le film). Ses actes de charité, il les fait d'abord pour lui, parfois de manière indécente (la manière dont il donne les billets à celle qui mendit devant le 7eleven) et s'il aide la femme agressée c'est pour ensuite s'auto-congratuler de façon ridicule.
Il ne voit même pas les limites conceptuelles de l'oeuvre "The Square", le problème de cette frontière. Il flippe à la moindre atteinte à son environnement.
il est moins dans de belles déclarations de principes que dans une duperie permanente par rapport à lui même. C'était déjà le cas du père de famille de "Force majeure".
Derrière ce regard satirique Ostlund parvient à conserver l'humanité de ses personnages. Ce qui fait qu'on plaint plus Christian. On le regarde comme quelqu'un de dépassé, un peu comme le regarde ses filles dans le dernier plan du film.
Strum
n'est pas Flaubert
Messages : 8464
Inscription : 19 nov. 05, 15:35
Contact :

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Strum »

Demi-Lune a écrit :
Strum a écrit :Tout cela me parait très artificiel et incohérent avec le jeu de massacres en filigrane.
Mais pourquoi ? J'avoue que je ne comprends pas.
Je ne sais pas quoi te répondre à part dire à nouveau que la contradiction entre le sujet du film et les ennuis qui commencent à partir du moment où il aide cette jeune femme (parce qu'à sa façon, avec ses moyens, ses maigres réflexes, ses préjugés, il aide, il ne s'enfuit pas comme les autres) m'a sauté aux yeux et gêné ensuite. Ostlund ne donne pas envie d'aider. Son regard sur Christian est surtout clinique, il ne lui laisse aucune chance.
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Jack Griffin »

Des détails sur l'origine de l'oeuvre "The Square"
Le projet de The square est né d'une exposition artistique montée par Ruben Östlund et Kalle Boman au musée du design de Vandalorum à Värnamo en 2015. Elle est reprise telle quelle dans le film. Il s'agissait pour les deux hommes, d'une part, d'installer un sanctuaire humanitaire, un carré situé sur la place principale de la commune où les citoyens auraient les mêmes droits et les mêmes devoirs. Si l’on se trouve à l’emplacement du Carré, il est de son devoir d’agir – et de réagir – si quiconque a besoin d’aide. A l'intérieur du musée de Värnamo, Ruben Östlund et Kalle Boman proposaient, d'autre part, une autre œuvre. Une salle à double entrée qui jouait sur l’idée que l’harmonie sociale dépend d’un simple choix fait par tout un chacun au quotidien : « j’ai confiance en la société » ou « je me méfie de la société ». Les visiteurs du musée avaient le choix entre deux portes : si l’on passait à gauche, c’est que l’on avait confiance en la société, et si l’on choisissait celle de droite, non. La plupart des gens choisissaient d’avoir « confiance en la société », mais étaient ensuite réticents lorsqu’à l’étape suivante, il leur était demandé de poser leur portable et leur portefeuille sur le sol du musée... Cette contradiction illustre bien à quel point il est difficile d’agir selon ses principes.

Les deux installations d'Östlund sont reprises telles quelles dans le film. Le carré de 4x4 mètres illustre l’idéal de consensus censé gouverner la société dans son ensemble, pour le bien de tous, est devenue une installation permanente sur la place centrale de la ville de Värnamo. Cet espace virtuel a déclenché un mini-mouvement citoyen dans cette ville perdue au centre de la Suède. Il y a deux autres Square aujourd’hui, en Norvège. Ruben Östlund en a proposé un chez lui, à Göteborg, mais il voulait pour cela faire déplacer la statue de Charles IX et la rapprocher de celle de son père, Gustave Ier. Il proposait ainsi de faire descendre les rois de leur piédestal et d’accompagner cette nouvelle installation d’une légende : "Où est la mère ?". Östlund a du reculer devant le scandale alors que, dit-il, la grande majorité de gens qui défend ces emblèmes ne savent pas que Charles IX est un roi qui a provoqué d’innombrables bains de sang et relancé la chasse aux sorcières. Mais, du moins, Ruben Östlund s'est-il vengé dans son film avec la séquence burlesque du début où la statue s'effondre et se disloque.

Le tournage qui a eu lieu à Göteborg, Stockholm et Berlin met en scène le musée du Palais Royal de Suède, transformé en 2015 par Gert Wingårdh (né en 1951), un architecte suédois qui s’est réclamé du courant postmoderne dans les années 80 avec des ouvrages qui témoignent d’une forme de baroque contemporain. Il revendique de nombreuses influences d’architectes comme Frank Lloyd Wright, Hans Scharoun, Carlo Scarpa, Frank Gehry et Peter Zumthor.
https://www.cineclubdecaen.com/realisat ... square.htm
Crève-cœur
Stagiaire
Messages : 17
Inscription : 13 oct. 17, 11:53
Localisation : un endroit où j'aimerais ne plus demeurer

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Crève-cœur »

Une pénible pantalonnade deux fois trop longue et surtout beaucoup trop brouillonne, tant et si bien que le spectateur ne sait plus où donner de la tête. Östlund (déjà auteur du tout aussi pénible Snow Therapy) se veut caustique et éclairant sur le sujet du malaise moderne mais sombre dans l'étalage de lieux communs (l'homme moderne est égoïste et parano, les riches prônent l'entraide mais sont déconnectés de la réalité) et claquage de portes ouvertes (la société se portait mieux avant).

C'est moralisateur, putassier (ces plans insistants sur les SDF dans la rue, peut-on faire plus grossier ?) et seulement sauvé par ses acteurs, tous très justes, et son humour qui fait miraculeusement mouche par moments
Sit here. Now look in the mirror
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 14746
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Zelda Zonk »

Découvert hier soir.
C'est curieux, je peux pointer de nombreux défauts au film, notamment sa durée excessive, ses longueurs, son côté poseur, démonstratif et donneur de leçons, ou encore sa misanthropie excessive, et pourtant je ne parviens pas à le rejeter totalement. Au contraire, je peux même dire que j'ai globalement aimé. Peut-être que la force du film tient davantage à quelques séquences fortes (celle de "l'homme singe" reste à mon sens la plus percutante et la plus réussie) qu'à son propos pris dans sa globalité. Snow Therapy m'avait laissé au seuil de la porte, la faute à une distanciation trop forte avec les personnages, à une certaine froideur, à un manque cruel d'empathie que j'ai d'ailleurs également ressenti dans The Square (tous les personnages sont antipathiques, à part peut-être le gamin qui se révolte). Pourtant, pour une raison étrange et malgré ces griefs, le film ne m'a pas déplu. J'ai du mal à analyser pourquoi. Peut-être l'humour caustique qui fait souvent mouche ou l'interprétation malgré tout remarquable. Au final, je dois quand même reconnaitre que le compatriote de Ruben Östlund, Thomas Vinterberg (Festen, La chasse) me touche beaucoup plus. 6,5/10
Avatar de l’utilisateur
Miss Nobody
heureuse d'être contente
Messages : 9561
Inscription : 23 oct. 05, 16:37
Localisation : Quelque part ailleurs

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Miss Nobody »

Zelda Zonk a écrit : le compatriote de Ruben Östlund, Thomas Vinterberg (Festen, La chasse) me touche beaucoup plus.
L'un est suédois, l'autre danois ! :o

Mais c'est vrai que tous les deux ont un cinéma de malaise qui égratigne l'image proprette/consensuelle scandinave...
Avatar de l’utilisateur
Zelda Zonk
Amnésique antérograde
Messages : 14746
Inscription : 30 mai 03, 10:55
Localisation : Au 7e ciel du 7e art

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Zelda Zonk »

Miss Nobody a écrit :
Zelda Zonk a écrit : le compatriote de Ruben Östlund, Thomas Vinterberg (Festen, La chasse) me touche beaucoup plus.
L'un est suédois, l'autre danois ! :o

Mais c'est vrai que tous les deux ont un cinéma de malaise qui égratigne l'image proprette/consensuelle scandinave...
Exact, autant pour moi :wink:
Avatar de l’utilisateur
Eusebio Cafarelli
Passe ton Bach d'abord
Messages : 7895
Inscription : 25 juil. 03, 14:58
Localisation : J'étais en oraison lorsque j'apprends l'affreuse nouvelle...

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Eusebio Cafarelli »

Jack Griffin a écrit :Des détails sur l'origine de l'oeuvre "The Square"
Le projet de The square est né d'une exposition artistique montée par Ruben Östlund et Kalle Boman au musée du design de Vandalorum à Värnamo en 2015. Elle est reprise telle quelle dans le film. Il s'agissait pour les deux hommes, d'une part, d'installer un sanctuaire humanitaire, un carré situé sur la place principale de la commune où les citoyens auraient les mêmes droits et les mêmes devoirs. Si l’on se trouve à l’emplacement du Carré, il est de son devoir d’agir – et de réagir – si quiconque a besoin d’aide. A l'intérieur du musée de Värnamo, Ruben Östlund et Kalle Boman proposaient, d'autre part, une autre œuvre. Une salle à double entrée qui jouait sur l’idée que l’harmonie sociale dépend d’un simple choix fait par tout un chacun au quotidien : « j’ai confiance en la société » ou « je me méfie de la société ». Les visiteurs du musée avaient le choix entre deux portes : si l’on passait à gauche, c’est que l’on avait confiance en la société, et si l’on choisissait celle de droite, non. La plupart des gens choisissaient d’avoir « confiance en la société », mais étaient ensuite réticents lorsqu’à l’étape suivante, il leur était demandé de poser leur portable et leur portefeuille sur le sol du musée... Cette contradiction illustre bien à quel point il est difficile d’agir selon ses principes.

Les deux installations d'Östlund sont reprises telles quelles dans le film. Le carré de 4x4 mètres illustre l’idéal de consensus censé gouverner la société dans son ensemble, pour le bien de tous, est devenue une installation permanente sur la place centrale de la ville de Värnamo. Cet espace virtuel a déclenché un mini-mouvement citoyen dans cette ville perdue au centre de la Suède. Il y a deux autres Square aujourd’hui, en Norvège. Ruben Östlund en a proposé un chez lui, à Göteborg, mais il voulait pour cela faire déplacer la statue de Charles IX et la rapprocher de celle de son père, Gustave Ier. Il proposait ainsi de faire descendre les rois de leur piédestal et d’accompagner cette nouvelle installation d’une légende : "Où est la mère ?". Östlund a du reculer devant le scandale alors que, dit-il, la grande majorité de gens qui défend ces emblèmes ne savent pas que Charles IX est un roi qui a provoqué d’innombrables bains de sang et relancé la chasse aux sorcières. Mais, du moins, Ruben Östlund s'est-il vengé dans son film avec la séquence burlesque du début où la statue s'effondre et se disloque.

Le tournage qui a eu lieu à Göteborg, Stockholm et Berlin met en scène le musée du Palais Royal de Suède, transformé en 2015 par Gert Wingårdh (né en 1951), un architecte suédois qui s’est réclamé du courant postmoderne dans les années 80 avec des ouvrages qui témoignent d’une forme de baroque contemporain. Il revendique de nombreuses influences d’architectes comme Frank Lloyd Wright, Hans Scharoun, Carlo Scarpa, Frank Gehry et Peter Zumthor.
https://www.cineclubdecaen.com/realisat ... square.htm
Il y avait d'ailleurs un documentaire sur le film, sur Arte après le film (découverte de ce réalisateur pour moi), où Östlund explique, outre ses réalisations artistiques reprises dans le film, son projet de montrer comment le modèle suédois d'État-providence et de société fondée sur le collectif et la confiance est remis en cause et comment l'individualisme gagne (plus la question des réactions de la société face à l'augmentation du nombre de migrants et de mendiants). Il parle aussi du concept sociologique d'apathie de masse (et des actions rationnelles et émotionnelles) illustré plusieurs fois (pickpocket, homme-singe). Le film en ressortait comme un film profondément politique mais aussi comme un film interrogeant les actions individuelles (Östlund expliquant que l'État-providence suédois avait fini par déresponsabiliser les individus face à la pauvreté, qui renvoient à la prise en charge de celle-ci par l'État : cf. les justifications du remarquable acteur principal lorsqu'il téléphone pour s'excuser auprès de l'enfant).
J'ai trouvé le film très intéressant, assez froid et en même temps souvent assez "comique", très bien interprété et mis en scène, peut-être trop long et répétitif au bout d'un moment avec un petit côté "cours de sociologie filmé" mais bon... belle découverte.

Du coup, comme Arte rediffuse en replay Snow Therapy... belle découverte aussi.
Avatar de l’utilisateur
Jack Griffin
Goinfrard
Messages : 12389
Inscription : 17 févr. 05, 19:45

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par Jack Griffin »

Je conseille fortement « Play » lui aussi dispo sur Arte.
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7301
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par El Dadal »

Un peu circonspect face à ce Square. La mise en scène ne manque pas d'idées, Östlund fait montre d'une précision assez chirurgicale dans la composition des plans, le rythme général et le rythme interne des scènes, et il jongle assez judicieusement avec le tragi-comique, voire la comédie tout court (l'agent de nettoyage qui détruit les tas de cailloux :mrgreen:).

Cela étant dit, je trouve que l'ensemble est par trop théorique, à l'image d'une de ces œuvres d'art contemporain dont le film regorge. Exemple type avec la séquence de la performance de l'homme singe, pas réaliste pour un sou dans le comportement de tous ces invités impassibles. Ce qui amène à se poser la question : ces derniers sont-ils des performers à leur insu, ou bien des acteurs rodés d'une mise en scène un peu laborieuse ? (outre le fait qu'ils sont tous acteurs du film). La simple démonstration behavioriste atteint vite ses limites je trouve.

Et puis à qui The Square est-il destiné ? Ne s'adresse-t-il pas à un public cible similaire à celui de l'exposition ? Car sa volonté universaliste se heurte violemment à la réalité de sa portée. 4 ans et une Palme d'or plus tard, que voit-on ? Un film pour se donner mauvaise conscience ? Une tape sur la main et puis s'en va ? Est-il purement contemporain de 2017 et explore-t-il une contrée psycho-sociale aux limites marquées ? J'ai lu ici et là des références à la crise des migrants et aux mouvements de population. S'il nous est possible de faire ces associations aujourd'hui, quid du spectateur qui découvrira le film dans 30 ans, sans l'avantage d'une bonne contextualisation ? J'ai beaucoup pensé à Haneke ici, en bien comme en mal...
Ou bien le film tend-il réellement à une forme d'universalité et d'atemporalité ?

Encore une fois, je trouve le "propos" diffus. Heureusement que l'interprétation est sans faille, et que le film regorge de micro-séquences passionnantes (ou pas), comme différentes salles d'une même exposition. The Square, c'est quoi ?
Avatar de l’utilisateur
AtCloseRange
Mémé Lenchon
Messages : 25415
Inscription : 21 nov. 05, 00:41

Re: The Square (Ruben Östlund - 2017)

Message par AtCloseRange »

Strum a écrit : 30 oct. 17, 15:33 Le côté jeu de massacres avec comme cible l'art contemporain est réjouissant, même si le systématisme critique et clinique finit par lasser. Et puis c'est trop long (il y a bien 30 minutes de trop). Mais ce qui m'a surtout gêné, c'est le côté retors du film qui pointe derrière la posture morale. D'un côté, Ostlund montre l'écart entre les discours abstraits sur la bienveillance dans le carré et le fait qu'en dehors des migrants dorment dans la rue, et de l'autre, quand Christian aide une femme qui a l'air de se faire agresser (aide qui répond à la critique énoncée par le film), les ennuis commencent pour lui (aider semble donc pire que ne pas aider car on se fait alors détrousser et ceux qu'on veut aider n'en valent pas la peine ...) : Ostlund ne laisse aucune chance à son personnage, qui se trouve prisonnier de ce cercle retors. Cet aspect "'petit malin" en fait in fine un film presque aussi vide et dépourvu de sens que l'art contemporain qu'il dénonce.
Strum a presque tout dit mais je suis encore plus dur. Le point de départ est presque aussi crétin que celui de L'Homme Irrationnel de Woody Allen (le coup des lettres, WTF??).
Quelques scènes amusantes avec Elisabeth Moss mais tellement de scènes gênantes (volontairement ou pas - montrer les SDF comme une installation d'art moderne...) et le comble est atteint avec la fameuse scène du dîner (qui est sans doute la raison de la Palme d'Or - quelle tristesse), provocation potache gratuite.
Bref, même si on ne peut nier un certain talent de mise en scène, j'ai détesté.
Si j'avais aimé "Snow Therapy", je me vois difficilement tenter "Sans Filtre" après une telle débâcle.
Répondre