Demi-Lune a écrit :Film en effet fragile (euphémisme), menaçant à tout moment de s'aliéner le spectateur avec sa direction artistique fauchée, sa lenteur très calculée, ses opacités de scénario et ses incongruités pour le moins déconcertantes. Cependant, si la patience est mise à rude épreuve et si les faiblesses sont manifestes, il me semble que le film travaille quand même sur le long terme quelque chose d'envoûtant et d'entêtant justement grâce à la souveraineté des choix de la cinéaste. D'aucuns trouveront l'entreprise aride et mal aimable, sinon ridicule : pour ma part, j'ai vu un film qui ne ressemble à rien de connu dans le paysage hexagonal et qui stimule par l'expression de ses idées, le pouvoir évocateur de son ambiance minimaliste (l'infini et le néant de l'espace transpirent du film de tous ses pores, de même que l'angoisse métaphysique d'une arche de Noé sans but cherchant illusoirement à se perpétuer), l'empreinte que laisse ses interrogations. Film sans doute inabouti mais digne d'intérêt.
Film très étrange sur lequel j'ai du mal à le faire un avis.
Je l'ai vu dimanche après midi. En sortant de la salle je n'avais aucune idée si j'avais aimé ou non.
Le lendemain je pensais que finalement non.
Maintenant qu'il me travail je le dis que si.
La séance était un peu pareil "c'est genial", "ah mais en fait non c'est vraiment de la branlette au propre comme au figuré".
Je l'ai trouvé beau., plutôt bien foutu. Un peu vain mais en même temps il me travail encore, donc peut être pas tant que ça ?
Pas trop convaincu par l’essai dédaigneusement SF de Claire Denis, mise en perpective hétéroclite des thèmes du film carcéral ( enfermement, violence, pulsion sexuelle), essai à la narration elliptique et éclatée présenté sous la forme d’un voyage sépulcral. Si l’approche résolument anti spectaculaire et contemplative de Denis, avec ces descriptions sensibles et autres éléments posant une ambiance, produit un envoutement certain, elle s’accommode, en revanche, plutôt mal de la structure en blocs et des débordements pulsionnels qui parsement le film. Le manque d’unité du film, dû à un déficit de liant sentimental, spirituel, ajoutée à la caractérisation sommaire des personnages, réduits ici à de l’archétype, des corps, prive le film de la dimension nécessaire pour le rendre cohérent. La fédération du sentiment n’étant qu’une triste affaire de corps assagi ou révolté chez Claire Denis, il est normal que le sens du voyage final, sa vérité intime, échoue à se concrétiser. Reste une imagerie, ou disons deux images à jamais séparées d’un père et d’une fille, que le film n’aura jamais à réussi à combler, ni à incorporer. Décevant.
C'est beau mais c'est chiant.
Le problème est que les thématiques de fond portées par le film ne sont finalement pas terriblement approfondies, tandis qu'il en est de même pour les personnages, réduits en quasi-majorité à des feuilles de papier à cigarette ambulantes. Si le casting fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne (et certains ne sont vraiment pas gâtés), ils ne peuvent remplir à eux seuls les deux longues heures que durent le film.
Le résultat est fondamentalement frustrant et décevant, définitivement enterré par une construction narrative trop heurtée et achevant tout semblant de fluidité que pourrait avoir le film.
Pour autant, l'imagerie convoquée et l'atmosphère général peuvent facilement envoûter et absorber, et c'est pour cela que j'ai, personnellement, du mal à être profondément négatif, mais je ne suis pas sûr qu'une sorte de consensus mou soit bien mieux.
Vu hier , film très ambitieux car il mèle beaucoup de choses qu'on retrouve dans le cinéma de Claire Denis (la paternité, le sexe, divers tabous sociétaux), qu'il se passe en huis clos sur un rythme relativement lent, et que beaucoup d'éléments de l'histoire laissent tout place à l'interprétation.
Au final pourtant, je pense que ce film est une réussite. Certaines images sont splendides (le jardin, les scènes dans l'espace), d'autres sont audacieuses, par exemple la scène où Juliette Binoche est dans la fuckbox, qui est plutôt bien faite, alors que c'est le genre de scène qui aurait pu plomber le film. Par ailleurs, le spectateur est pris dans le rythme du film, ce rythme lent, auquel se déplace le vaisseau dans la galaxie, et aussi celui auquel se déplace Pattinson dans le vaisseau, pendant tout le film. Ce rythme s'accorde bien avec les éllipses insérées dans l'histoire.
Ce qui fait la force du film, selon moi, c'est sa capacité à faire entrer le spectateur dans cet univers, et à l'inciter à réfléchir par lui même aux morceaux de l'histoire qui ne sont pas explicitement énoncés, à construire en fait une partie du film. C'est exactement la raison pour laquelle Claire Denis est sans doute une des réal françaises les plus talentueuses sur ce plan là. On a presque l'impression de connaître le vaisseau, après 1h40 de film !
Côté négatif, on pourra reprocher à cette dystopie des décors un peu discount, un scénar un peu confus (
les taulards vont dans l'espace, pour servir la science grâce au don de leur semence, mais aussi pour ramener l'énergie du trou noir ? Que fait le vaisseau avec les chiens ?
), des thèmes exploités en vitesse, mais connait on un seul autre réal français capable de faire ça aujourd'hui?? 7 / 10
"I know you gentlemen have been through a lot, but when you find the time, I'd rather not spend the rest of this winter TIED TO THIS FUCKING COUCH!"
Aurélien Barrau, Astrophysicien, en septembre 2018, a écrit :J'ai été conseiller sur un film de science-fiction, et ça me fait chier d'avance parce qu'on va me dire que les scènes avec les trous noirs ne sont pas réalistes. Moi je trouve que le film est très bien... High Life de Claire Denis, qui vient d'être présenté au festival de Toronto, qui a fait scandale. Moi j'adore, il y a des gens qui sont partis avant la fin. Il y a des gens qui disent que c'est le nouveau Tarkovski, que c'est formidable... Très bien, il divise et du coup ce n'est pas fade. Mais moi en tant que scientifique, on m'attend au tournant. On va me dire : "Ouais mais là, votre trou noir ne ressemble pas à ce que devrait être un vrai trou noir !" Mais ça me casse les couilles, j'en ai rien à foutre que ça ne ressemble pas à un vrai trou noir. C'est pas le problème ! Et alors ? Vous croyez vraiment que quand Picasso peignait les deux yeux du même côté ça ressemblait à une bonne femme ? Ça exemplifie autre chose. Il faut rendre sensible. L'art est exactement là pour ça. On en a tous besoin, même les plus intelligents d'entre nous...
Après avoir copieusement détesté son Un beau soleil intérieur, j'ai quand même redonné une chance au tandem Denis - Binoche car je suis en général client de la SF "auteurisante". Et après tout, un film de SF aux ambitions poétiques et sensorielles ne peut pas m'ennuyer plus que les histoires de fesses des CSP+++ de la rive gauche.
Certes, c'est moins ennuyeux (au moins j'ai pu aller jusqu'au bout), mais je crois vraiment que Claire Denis n'est pas pour moi. J'y vois toujours une caricature de cinéma "intellectualisant". J'entends par là un cinéma basé sur l'envie d'illustrer des réflexions, mais aucunement sur l'envie de raconter (bah oui ma bonne dame, les récits c'est trop populaire!). Celui qui semble être fait pour les critiques sans penser aux spéctateurs. Et quand on voit le décalage entre les accueils critique et public, les faits semblent donner raison (même si je ne suis pas dans la tête de Claire Denis). Vous allez me dire qu'il existe un cinéma sensoriel qui n'est pas basé sur le récit. C'est vrai, mais en y réfléchissant bien, quand Tarkovski filme Solaris ou Stalker, il prend le temps d'embarquer le spectateur dans un récit, où le personnage a un objectif et rencontrera des obstacles. Après on pourra être rebuté par le rythme et les digressions poétiques et philosophiques, mais ce n'est pas pour cela qu'il ne raconte rien. Ici, rien de tout cela. Claire Denis se fiche de créer des personnages, de leur donner un objectif, de créer une tension. Elle semble se satisfaire de l'illustration de ses idées. On y verra donc une scientifique inséminer des femmes, se masturber (dans une scène bluffante ou grotesque au choix), violer un homme (on peut le dire), sans que l'on sache vraiment pourquoi cet objectif est si important pour elle. Elle est entourée d'un équipage tout aussi inerte, avec au centre un Robert Pattinson qu'elle semble avoir plaisir à filmer (on la comprend) mais ce n'est pas ça qui suffit à rendre son rôle intéressant. J'imagine très bien Claire Denis dans son salon, raconter à ses amis qu'elle a voulu questionner ce qu'était la reproduction, la parentalité, l'humanité, et le sperme, etc... mais tellement auto-convaincue de l'intérêt de son sujet qu'elle ne réfléchit pas à le rendre intéressant à l'écran, pour le pauvre spectateur qui ne prend pas le thé avec elle et veut juste être captivé par un film. Comme je l'avais pensé avec les autres films que j'ai vu d'elle, ça reste sec, théorique, trop auto-satisfait de ses images (bien photographiées mais pas transcendantes non plus) pour se transformer en vrai voyage sensoriel.
Pour revenir à Tarkovski, si ses films de SF restent narratifs, vous allez me dire que par exemple Le Miroir ou Nostalghia se fichent bien aussi du récit. Ce n'est pas faux (et d'ailleurs je n'ai pas accroché du tout à Nostalghia). Mais franchement, Claire Denis a-t-elle le quart de la moitié du talent formel de Tarkovski? Certains cinéastes géniaux comme Tarkovski ou Fellini ont pu, parfois, faire tenir des films juste par leur fougue poétique et formelle. Mais ce n'est pas donné à tout le monde et certainement pas à Claire Denis.
De la madame, j'étais intrigué par Trouble Every Day. Mais je crois que je vais m'arrêter car pour le moment, avec Beau Travail, White Material, Un beau soleil intérieur, et ici High Life, je n'ai eu le choix entre l'ennui et la consternation (ou les deux en même temps).
Très Bonne Critique DE Ballard73 :je n'ai pas tout compris au film, mais j'ai été complètement happé par l'ambiance.
Belle photographie, décors fauchés mais réalistes(c'est un vaisseau prison, c'est crade, ça pue ), des effets spéciaux rares mais réussis(un film de
S. F pas bouffé par les effets numériques, merci Claire! ) . Le design sonore et la bande-son de Stuart A. Staples(du groupe de rock Tindersticks) sont formidables(très Cliff Martinez like).
La mise en scène de Claire Denis est à l'aune du film, lente mais hypnotique, avec des ellipses bien intégrées, Robert Pattinson(émouvant en
Le vaisseau des chiens est il un essai avant le vaisseau de Pattinson, mais pourquoi arrive - t-il 15 ans après.?Peut être les derniers survivants d'une Terre détruite? Un hommage au roman Demain Les Chiens de Simak, où les chiens sont les derniers habitants de la Terre, après le départ de tous les Terriens vers une planète paradis?
High Life est un film organique(les fluide corporels, les corps, les serres hydroponiques) et sensoriel(le vide de l'espace, les coups, le sexe).
Une réussite de la S F française, loin devant Dante01 de Marc Caro, autre film fauché dans un vaisseau prison mais complètement raté
:je n'ai pas tout compris au film, mais j'ai été complètement happé par l'ambiance. 