Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Watkinssien
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Watkinssien »

7swans a écrit :
Watkinssien a écrit : Alexandre Angel a pourtant justement évoqué la séquence où Sharon Tate et la hippie qu'elle prend en stop se font une accolade totalement pacifique et en accord avec l'image véhiculée par ce mouvement.
C'est un bien léger soubresaut. D'autant plus que la scène était absente du montage cannois. Tarantino, probablement conscient de la limite de sa proposition, a eu le temps de réviser sa copie et a décidé de rajouter/rallonger la scène pour tenter de proposer un contre point.

C'est se contenter de peu...
Non, se contenter de peu, c'est réduire les hippies aux tarés de chez Manson et de se persuader que le cinéaste nous certifie qu'ils ne sont que ça.
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mannhunter
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

Billy Budd a écrit :
mannhunter a écrit :Comment, insinuerais-tu que le film est misogyne aussi.. :mrgreen:
Pas du tout, mais disons que dans un film
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évoquant Polanski, je ne puis m'empêcher de m'interroger sur les intentions de QT.
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Je ne sais pas trop quoi penser de cette scène moi aussi, et ce personnage féminin qui est présenté comme finalement manipulateur, menant le personnage joué par Pitt vers le repaire des méchant(e)s...
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Supfiction
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Supfiction »

Billy Budd a écrit :Bon et sinon personne pour s'interroger sur les intention de QT lors de la scène au cours de laquelle
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la future pas gentillet hippie propose une pipe à Booth ?
J’en ai parlé plus haut il y a quelques semaines.. j’y ai vu un possible clin d’oeil à Polanski lorsque Cliff lui demande ses papiers. Mais bon, va savoir, car cette liberté sexuelle, notamment entre mecs mûrs et jeunes filles ne le concernaient pas que lui, loin s’en faut.
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Billy Budd
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Billy Budd »

Supfiction a écrit :
Billy Budd a écrit :Bon et sinon personne pour s'interroger sur les intention de QT lors de la scène au cours de laquelle
Spoiler (cliquez pour afficher)
la future pas gentillet hippie propose une pipe à Booth ?
J’en ai parlé plus haut il y a quelques semaines..
J'avais raté ton message, désolé.


Supfiction a écrit :j’y ai vu un possible clin d’oeil à Polanski lorsque Cliff lui demande ses papiers. Mais bon, va savoir, car cette liberté sexuelle, notamment entre mecs mûrs et jeunes filles ne le concernaient pas que lui, loin s’en faut.
Sauf que Booth, lui, ne "cède" pas.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

Je ne partage pas l'avis de G.T.O et 7swans sur l'idée que le film serait anti-hippies.
Ou, plutôt, qu'on comprenne que certains puissent le penser puisque Tarantino ne nous propose pas de suivre des gentils hippies (ce qui est faux, voir l'exemple de Alexandre Angel).
C'est pas le sujet du film donc on s'en balance, de la bonne ou juste représentation des hippies, dans cette histoire. Le réalisateur veut nous raconter autre chose.

Le fait que Rick Dalton ne puisse pas encadrer la nouvelle génération, c'est tout à fait compréhensible. Une de ses trajectoires dans le récit, en tant qu'acteur sur le point de devenir has-been, c'est de le voir se sentir menacé par l'arrivée d'un nouveau courant auquel il n'appartient pas et qu'il ne comprends pas.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Aussi, ça prépare efficacement le final au lance-flamme.
Un peu comme la cigarette LSD de Cliff Booth, le "pay off" est très bien géré à ce niveau-là.
D'ailleurs, Cliff Both...
Quand il sèche, d'un coup de poing au ralenti, le hippie blond édenté, Steve Dennis "Clem" Groganh.
Eh bien, c'est autre chose que juste une volonté de vouloir ridiculiser une communauté toute entière.
On est dans l'hommage vibrant à Donald Shea, comme pour Sharon Tate.
C'est plus discret et, pour sûr, il faut connaitre le détail des événements pour pouvoir l'apprécier.

Bref, ce film est tout sauf simpliste.

Hâte de découvrir une possible version longue de 4h00 sur Netflix.
( Avec plus de Sharon Tate... et plus de gentils hippies, qui sait ? :mrgreen: )
Dernière modification par Mosin-Nagant le 13 sept. 19, 13:56, modifié 1 fois.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par 7swans »

Plus je viens sur ce topic, et moins j'aime le film.
Je vais rester un peu à l'écart, je crois.
Comme les Notting Hillbillies : "Missing...Presumed Having a Good Time (on Letterboxd : https://letterboxd.com/ishenryfool/)"
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

Te force pas, oui.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par G.T.O »

mannhunter a écrit :
7swans a écrit :
C'est un bien léger soubresaut.
C'est l'exception qui confirme la règle!
Comme l'écrivent Ténia et G.T.O, la partie vendetta est décrite avec une certaine insistance notamment graphique...le cassage de tête après le pneu crevé, le final.
D'autant plus que ladite scène est largement moqueuse, empreinte d'une distance ironique. Quasi paternaliste, la scène tourne en dérision les élans naïfs du flower power. Caricaturale, elle reste focalisée sur les moeurs présumées hippies, de cet amour sans frontière. Jamais Tarantino nous montre, au cours du film, l'ombre de son enracinement politique, le fait que ce mouvement ait été une forme de rejet de la société dominante...C'est juste une matière à moqueries, à aimanter de la haine face à leur duplicité et hypocrisie.
mannhunter a écrit :
Billy Budd a écrit :Bon et sinon personne pour s'interroger sur les intention de QT lors de la scène au cours de laquelle
Spoiler (cliquez pour afficher)
la future pas gentillet hippie propose une pipe à Booth ?
Comment, insinuerais-tu que le film est misogyne aussi.. :mrgreen:
La scène est-elle liée/réponse à Weinstein, ancien producteur et ami de Tarantino?
Le film est aussi misogyne: voir cette scène censée être drôle dont parles Billy Budd, du faux suspense du tuera tuera pas sa femme Cliff Booth. Scène douteuse, dont le rire présumé participe pleinement de sa fondamentale misogynie, et qui d'ailleurs fait l'objet d'un relance SAV actuellement pas très heureuse: à longueur d'interview, Pitt disait qu'il connaissait le fin mot de l'histoire. Mouarf, mouarf.
Dernière modification par G.T.O le 13 sept. 19, 14:15, modifié 2 fois.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Alexandre Angel »

Je crois qu'il y aurait peut-être aussi autre chose qu'un simple pour ou contre les hippies.
Il n'est pas impossible que Tarantino, cinéaste pervers (pour mon plus grand plaisir égoïste et personnel :mrgreen: ), prend aussi son pied à malmener l'image consensuelle largement répandue concernant les hippies (même quand on se fout de leur tronche).
Il y a déjà eu dans les années 70 des bad guys aux cheveux longs mais ils lorgnaient sur le Hell's angélisme. Là on a de vrais hippies, de vrais babas pas cool du tout. J'y vois là une manifestation comme une autre du côté libertaire, au sens d'affranchi des codes de représentation en vigueur, de Tarantino.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

Mosin-Nagant a écrit :D'ailleurs, Cliff Both...
Quand il sèche, d'un coup de poing au ralenti, le hippie blond édenté, Steve Dennis "Clem" Groganh. On est dans l'hommage vibrant à Donald Shea, comme pour Sharon Tate.
La réponse des personnages/Tarantino avec ce côté oeil pour oeil, dent pour dent dans cette scène ou le final n'est pas forcément réjouissante non plus...alibi de la cigarette LSD ou pas!
Dernière modification par mannhunter le 13 sept. 19, 14:09, modifié 1 fois.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Supfiction »

D’accord avec Mosin-Nagant sur les hippies. D’autant plus que Pussycat n’est pas un personnage fondamentalement négatif et manipulateur. Je la vois davantage comme une jeune fille naïve et manipulée, pouvant passer en quelques secondes de l’innocence juvénile à la haine (un peu comme Breezy chez Eastwood). Elle fait confiance dans un premier temps à Cliff, envisage peut-être même d’en faire un nouveau membre avant de brutalement changer d’attitude à son égard à partir du moment où il insiste pour aller rendre visite à Bruce Dern par suspicion.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Watkinssien »

G.T.O a écrit :
mannhunter a écrit :
C'est l'exception qui confirme la règle!
Comme l'écrivent Ténia et G.T.O, la partie vendetta est décrite avec une certaine insistance notamment graphique...le cassage de tête après le pneu crevé, le final.
D'autant plus que ladite scène est largement moqueuse, empreinte d'une distance ironique. Quasi paternaliste, la scène tourne en dérision les élans naïfs du flower power. Caricaturale, elle reste focalisée sur les moeurs présumées hippies, de cet amour sans frontière.
Ah?

Bon...

Ceci est vraiment une question de point de vue. Pour ma part, j'y vois également un moyen de mettre en avant le caractère lumineux, joyeux et paisible de Sharon Tate, à travers les valeurs originelles d'un mouvement qui correspondraient aussi à la manière dont l'actrice (dans le film) profite de sa vie (même si elle patauge dans le luxe, les élans de liberté sont sensiblement les mêmes).
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par O'Malley »

Des bons hippies, le cinéma nous en montré en grande majorité pendant 40 décennies... C'est intéressant qu'un film puisse montrer un autre visage, marginal, du mouvement, la dark side, ce qui rend l'approche inédite (et renforce la qualité du film) à mon sens.

Après, le film n'est pas un film à thèse-antithèse-synthèse sur le mouvement hippie mais un film sur la transformation de Hollywood au tournant des années 70 (dont Tarantino n'a pas à se justifier de quoi que se soit sur le sujet) : l'avant (le cinéma classique - les personnages principaux), le pendant (le Nouvel Hollywood - la forme du film), l'après (le cinéma d'horreur et d'exploitation des années 70 et 80 et son lot de violence graphique qui allait l'irriguer -le final fantasmé). Pour moi, l'intrusion de ce final (et qui jure avec le reste du métrage) est consubstantielle au projet du film, d'autant plus que le coup du joint, comme le rappelle sans cesse Mosin-Nagant, (et les derniers plans) montre bien que Tarantino nous dit ici implicitement que nous sommes dans une réalité alternative qui ne substitue pas à la vraie.
Dernière modification par O'Malley le 13 sept. 19, 14:22, modifié 7 fois.
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

Alexandre Angel a écrit :(...)pas impossible que Tarantino(...)prend aussi son pied à malmener l'image consensuelle largement répandue(...). J'y vois là une manifestation comme une autre du côté libertaire, au sens d'affranchi des codes de représentation en vigueur, de Tarantino.
Absolument. Comme il le fait avec Bruce Lee.
Mais là, certains parlent de racisme. :mrgreen:
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Re: Il était une fois à Hollywood (Quentin Tarantino - 2019)

Message par mannhunter »

Supfiction a écrit :(un peu comme Breezy chez Eastwood).
Le personnage de Breezy dans le film d'Eastwood est quand même plus écrit, consistant que les personnages féminins - Sharon Tate, Pussycat et les autres hippies- du dernier Tarantino...et le regard d'Eastwood via William Holden ne semble pas être spécialement critique de la communauté hippie, il essaie de comprendre les uns et les autres sans les juger.
Dernière modification par mannhunter le 13 sept. 19, 14:29, modifié 1 fois.
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