Ad Astra (James Gray - 2019)
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Donc si les partis pris radicaux du film ne nous ont pas plu on est un faquin ?
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Quand il résume La nuit nous appartient en disant que c'est l'histoire de deux frères, l'un policier, l'autre gangster, j'ai envie de le traiter de faquin, car Joaquin Phoenix n'est absolument pas gangster dans le film, mais pas du tout, hein.Flol a écrit :Bon d'accord...
Et on n'oublie pas non plus notre ami Anal Genocide, qui explique ici aux faquins à quel point ils n'ont rien compris au film - et je partage son point de vue, ayant moi-même dû faire face au même type de réactions de la part de collègues ayant vu le film ("c'est chiant, il se passe rien") :
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Je n'étais pas clair. Je ne voulais pas dire qu'il n'y avait pas de liens entre ce film et Gravity, je voulais dire que je ne m'y attendais pas et que cela m'a surpris. En gros, je m'attendais de la part de James Gray, à un film sans "scènes d'action" pour aller vite.Spike a écrit :L'accident dans l'espace au début, les épreuves qui servent au protagoniste à résoudre son problème psychologique d'ordre familial, la fin prévue au départ par James Gray (), ...
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En revanche, je trouve que dans Gravity, le film reste crédible pour le peu que je connaisse du sujet. Ici, on sent que la crédibilité n'est pas le sujet:
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Pas du tout, c'est plus compliqué que ça. Ce qu'il met en avant, et ce à quoi j'ai aussi été confronté, c'est cette impression qu'il y a des gens qui ont une grille de lecture biaisée, notamment en ce qui concerne les films "de genre", et il semblerait que ces personnes ne soient pas suffisamment armées pour juger et appréhender un certain type de films.Spongebob a écrit :Donc si les partis pris radicaux du film ne nous ont pas plu on est un faquin ?
Ça peut paraitre méprisant de penser ça, mais je m'en fous car je reste persuadé que nous ne sommes pas tous égaux face au cinéma. Certaines oeuvres demandent un bagage culturel, un certain recul et une ouverture d'esprit que tout le monde n'a pas. C'est comme ça, et c'est normal.
Et ça ne m'empêche pas d'avoir moi aussi des réserves sur le film hein (j'en ai déjà parlé dans mon avis quelques pages plus tôt), mais ces réserves n'ont strictement rien à voir avec "beuh c'est nul il se passe rien et puis ça manque d'action, pour un film de SF !" (pour parler une nouvelle fois de ce à quoi j'ai été confronté).
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Assez perplexe face à ce long-métrage, et face à la complaisance générale de la critique vis-à-vis d'un truc quand même particulièrement mal écrit et lourdingue dans le déploiement de ses symboles (le face à face avec le père, au secours...). Au-delà des incohérences grosses comme des châteaux, du caractère ultra-programmatique du récit aussi, la dramaturgie est d'une paresse sans nom, chaque étape du voyage s'accompagnant d'une péripétie à deux balles dont la seule visée semble de contribuer à dessiner le portrait paradoxal du personnage campé par Pitt - seul élément à peu près creusé et intéressant de l'ensemble, à la fois être de détachement et d'absence, et être d'instinct et de survie accroché à l'existence.
Après oui, bon, c'est joli, quoi. Mais le film a dix ans de retard au bas mot dans son propos - sur le sujet du deuil et des réponses cherchées dans les étoiles, rien que les récents Gravity, First Man et même le maladroit Interstellar sont déjà passés par là ; sur celui de la quête métaphysique et psychanalytique, Apocalypse now, qui semble être le modèle de ce film, a quand même une autre dimension.
Après oui, bon, c'est joli, quoi. Mais le film a dix ans de retard au bas mot dans son propos - sur le sujet du deuil et des réponses cherchées dans les étoiles, rien que les récents Gravity, First Man et même le maladroit Interstellar sont déjà passés par là ; sur celui de la quête métaphysique et psychanalytique, Apocalypse now, qui semble être le modèle de ce film, a quand même une autre dimension.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
sur la complaisance de la critique, je pense surtout que cela vient de la continuité thématique de l'auteur. Il continue de maîtriser sa mise en scène et surtout, en plus d'assumer ses choix, il donne ici un contre point direct à son avant dernier film. D'un récit dans le passé centrée sur le père, on passe à un récit dans le futur centré sur le fils. Difficile, en tant que critique, de ne pas louer cette cohérence.LordAsriel a écrit :Assez perplexe face à ce long-métrage, et face à la complaisance générale de la critique vis-à-vis d'un truc quand même particulièrement mal écrit et lourdingue dans le déploiement de ses symboles (le face à face avec le père, au secours...). Au-delà des incohérences grosses comme des châteaux, du caractère ultra-programmatique du récit aussi, la dramaturgie est d'une paresse sans nom, chaque étape du voyage s'accompagnant d'une péripétie à deux balles dont la seule visée semble de contribuer à dessiner le portrait paradoxal du personnage campé par Pitt - seul élément à peu près creusé et intéressant de l'ensemble, à la fois être de détachement et d'absence, et être d'instinct et de survie accroché à l'existence.
Après oui, bon, c'est joli, quoi. Mais le film a dix ans de retard au bas mot dans son propos - sur le sujet du deuil et des réponses cherchées dans les étoiles, rien que les récents Gravity, First Man et même le maladroit Interstellar sont déjà passés par là ; sur celui de la quête métaphysique et psychanalytique, Apocalypse now, qui semble être le modèle de ce film, a quand même une autre dimension.
Pour le reste, il s'agit effectivement d'un récit peu crédible et programmatique, comme toute quête de ce type, dont la trame ici n'est qu'un décalque, qu'une variation. On peut être sensible ou non à ce choix.
En revanche, je n'ai pas vraiment trouvé trace d'écriture métaphysique ou psychanalytique dans le film. On peut en faire de telles lectures, mais étant donné la "réponse" du film à la question métaphysique de la solitude, je crois que le propos se veut plus pragmatique. Sur la recherche du père, c'est trop évident (au sens de thème abordé frontalement) dans la filmo du réalisateur pour relever de la dimension psychanalytique, enfin, à mon sens.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Bien sûr, c'est une oeuvre qui prête aisément le flanc à la glose, mais est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Pour moi Gray radote davantage qu'autre chose, le parcours du personnage n'exprimant à mon avis rien de plus que ne disait déjà Lost City of Z dans son quart d'heure final - au passage le meilleur film de son auteur selon moi, et qui souffrait déjà de deux ou trois scories comme le passage grotesque de l'oracle au front...Wuwei a écrit :sur la complaisance de la critique, je pense surtout que cela vient de la continuité thématique de l'auteur. Il continue de maîtriser sa mise en scène et surtout, en plus d'assumer ses choix, il donne ici un contre point direct à son avant dernier film. D'un récit dans le passé centrée sur le père, on passe à un récit dans le futur centré sur le fils. Difficile, en tant que critique, de ne pas louer cette cohérence.LordAsriel a écrit :Assez perplexe face à ce long-métrage, et face à la complaisance générale de la critique vis-à-vis d'un truc quand même particulièrement mal écrit et lourdingue dans le déploiement de ses symboles (le face à face avec le père, au secours...). Au-delà des incohérences grosses comme des châteaux, du caractère ultra-programmatique du récit aussi, la dramaturgie est d'une paresse sans nom, chaque étape du voyage s'accompagnant d'une péripétie à deux balles dont la seule visée semble de contribuer à dessiner le portrait paradoxal du personnage campé par Pitt - seul élément à peu près creusé et intéressant de l'ensemble, à la fois être de détachement et d'absence, et être d'instinct et de survie accroché à l'existence.
Après oui, bon, c'est joli, quoi. Mais le film a dix ans de retard au bas mot dans son propos - sur le sujet du deuil et des réponses cherchées dans les étoiles, rien que les récents Gravity, First Man et même le maladroit Interstellar sont déjà passés par là ; sur celui de la quête métaphysique et psychanalytique, Apocalypse now, qui semble être le modèle de ce film, a quand même une autre dimension.
Pour le reste, il s'agit effectivement d'un récit peu crédible et programmatique, comme toute quête de ce type, dont la trame ici n'est qu'un décalque, qu'une variation. On peut être sensible ou non à ce choix.
En revanche, je n'ai pas vraiment trouvé trace d'écriture métaphysique ou psychanalytique dans le film. On peut en faire de telles lectures, mais étant donné la "réponse" du film à la question métaphysique de la solitude, je crois que le propos se veut plus pragmatique. Sur la recherche du père, c'est trop évident (au sens de thème abordé frontalement) dans la filmo du réalisateur pour relever de la dimension psychanalytique, enfin, à mon sens.
Et je n'ai rien contre les récits programmatiques lorsque leur dramaturgie procède d'une articulation interne forte. Mais je ne suis pas d'accord sur l'idée qu'on devrait se foutre de toute cohérence à partir du moment où on raconte une odyssée - soit le récit d'un voyage intérieur autant qu'extérieur. Ce n'est même pas une question de crédibilité, à vrai dire (même si là, certaines choses sont vraiment trop grosses), c'est une affaire de cohésion d'ensemble : ici rien n'existe en dehors du personnage en présence, tout n'est que décor, arène de circonstance où mettre en scène son sang-froid désenchanté et vitaliste à la fois. Aucune piste lancée n'est réellement explorée concernant le monde dans lequel évolue le personnage. En ce sens, les péripéties sont à peu près interchangeables, on a en main tous les éléments de ce qui fonde la quête de Roy McBride dans les premières minutes, et à partir de là rien ne bouge - il pourrait tout aussi bien arriver directement dans les anneaux de Neptune que ça ne changerait pas grand chose.
Sur la question de la dimension métaphysique et psychanalytique, je ne vois pas bien comment on peut la nier dans le film. Rien que la scène de séparation du père et du fils, on aurait un panneau clignotant "Symbole" qui barrerait l'image que ça ne serait pas moins lourd. Pareil sur le moment où le fils explique à son père qu'il n'a pas échoué, mais qu'il n'a qu'à tirer les conséquences de ses découvertes...
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
LordAsriel a écrit : [...]
Bien sûr, c'est une oeuvre qui prête aisément le flanc à la glose, mais est-ce que ça en fait un bon film pour autant ? Pour moi Gray radote davantage qu'autre chose, le parcours du personnage n'exprimant à mon avis rien de plus que ne disait déjà Lost City of Z dans son quart d'heure final - au passage le meilleur film de son auteur selon moi, et qui souffrait déjà de deux ou trois scories comme le passage grotesque de l'oracle au front...
Et je n'ai rien contre les récits programmatiques lorsque leur dramaturgie procède d'une articulation interne forte. Mais je ne suis pas d'accord sur l'idée qu'on devrait se foutre de toute cohérence à partir du moment où on raconte une odyssée - soit le récit d'un voyage intérieur autant qu'extérieur. Ce n'est même pas une question de crédibilité, à vrai dire (même si là, certaines choses sont vraiment trop grosses), c'est une affaire de cohésion d'ensemble : ici rien n'existe en dehors du personnage en présence, tout n'est que décor, arène de circonstance où mettre en scène son sang-froid désenchanté et vitaliste à la fois. Aucune piste lancée n'est réellement explorée concernant le monde dans lequel évolue le personnage. En ce sens, les péripéties sont à peu près interchangeables, on a en main tous les éléments de ce qui fonde la quête de Roy McBride dans les premières minutes, et à partir de là rien ne bouge - il pourrait tout aussi bien arriver directement dans les anneaux de Neptune que ça ne changerait pas grand chose.
Complètement d'accord avec toi, Lord. Toujours problématique sont les films qui n'opposent rien à leur focalisation interne. Le décor y est juste un support neutre, effectivement interchangeable, d'une pensée sur, ou réduit à un simple jeu d'observations, de perceptions. Le personnage n'interagit plus avec son environnement.
Ça reprend, en partie, une discussion que j'ai eu avec Strum, sur notamment l'aspect tautologique des images de Gray. Où j'expliquais que les images dans Ad Astra, à la différence de Lost City of Z, ne se dissociaient pas d'une pensée en images, celle du narrateur Roy, et qu'à ce titre, elles n'offraient qu'une répétition de sa pensée, sensations et sentiments
Ça reprend, en partie, une discussion que j'ai eu avec Strum, sur notamment l'aspect tautologique des images de Gray. Où j'expliquais que les images dans Ad Astra, à la différence de Lost City of Z, ne se dissociaient pas d'une pensée en images, celle du narrateur Roy, et qu'à ce titre, elles n'offraient qu'une répétition de sa pensée, sensations et sentiments
LordAsriel a écrit : Sur la question de la dimension métaphysique et psychanalytique, je ne vois pas bien comment on peut la nier dans le film. Rien que la scène de séparation du père et du fils, on aurait un panneau clignotant "Symbole" qui barrerait l'image que ça ne serait pas moins lourd. Pareil sur le moment où le fils explique à son père qu'il n'a pas échoué, mais qu'il n'a qu'à tirer les conséquences de ses découvertes...
Difficile de faire l'impasse tant la démonstration, avec une confrontation vite annoncée par le film comme pour en annuler le suspense, est ici martelée. Le film n'est peut être pas ouvertement psychanalytique dans ces images, assez peu symboliques faut dire, que dans son parcours, mouvement. L'incident déclencheur d'un deuil pas effectué, la remontée avec étapes jusqu'à Pluton, confrontation avec un papa déjà mort qu'il faut laisser partir "Let me go !". Suivi du rétablissement prompte d'une morale guérie, à base "de la vie c'est çà...". Et d'une femme qui te rejoint au bar du coin.
Dernière modification par G.T.O le 27 sept. 19, 13:03, modifié 1 fois.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
comme quoi, c'est exactement l'un des points du film qui m'a plu.LordAsriel a écrit :ici rien n'existe en dehors du personnage en présence, tout n'est que décor, arène de circonstance où mettre en scène son sang-froid désenchanté et vitaliste à la fois.
Encore une fois, je vois ce personnage comme héros parfait en fonction des normes qui sont celles que l'on impose pour l'être. Il est le meilleure, il sait quand agir, comment agir et il accepte tout avec flegme et contrôle. De fait, l'humanité a colonisé une part du système solaire en mettant de la consommation partout, on continue à piller des ressources et à se battre pour cela et rien ne semble l'émouvoir. Sans doute parce qu'il a mieux à faire pour aller chercher son père mais aussi (et c'est comme ça que je le perçois) parce qu'il s'en moque totalement, parce que sa perfection l'éloigne de tout esprit critique, de toute remise en cause, qu'il est apte à apprécier le juste moment, le geste juste et la beauté des choses mais que cela le prive de sensation et du lien émotionnel aux autres.
c'est un point de vue "lourd" parce que Gray le place dans une situation épique (quoi de plus épique aujourd'hui que la conquête spatiale) ce qui accentue le contrepied, parce qu'il filme cela sans vraiment de concession au genre qu'il embrasse : le récit d'exploration/quête initiatique il passe par toutes ces étapes et les vide de sens une à une.
J'ai trouvé cette proposition osée.
après, sur l'aspect psychanalytique, d'un point de vue perso, c'est une grille de lecture trop utilisée en littérature qui a essaimée un peu partout et à laquelle on a tendance à vouloir recourir quand il y a du symbolisme. C'est peut-être un biais mais quand c'est justement si frontal et marqué au fer rouge "symbole", j'y vois plus une quête psychologique, identitaire, émotionnel qu'un levier psychanalytique (parce que là, c'est justement tellement premier degrés qu'il n'y aurait plus rien à analyser).
Dernière modification par Wuwei le 30 sept. 19, 08:43, modifié 1 fois.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Phnom&Penh a écrit :Quoiqu'on pense de Gravity, c'est un film réaliste et relativement crédible.
Ce qu'il n'est pas du tout, car Gravity est avant tout un film d'immersion mais sans prétention scientifique (il a même été très controversé à sa sortie, comme au sein de la communauté scientifique qui ne lui a rien trouvé de crédible, on est comme avec Interstellar toujours à la limite du grand n'importe quoi - cette vidéo d'un geek spécialisé dans l'astronomie revient sur quelques gros soucis). Mais ça ne l'empêche pas d'être un très bon film.Phnom&Penh a écrit :En revanche, je trouve que dans Gravity, le film reste crédible pour le peu que je connaisse du sujet.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Oui, la réussite du film se situe ailleurs que dans sa viabilité scientifique : je trouve que c'est un des très rares films ultra-technologiques de ces dernières années dont l'esthétique reste assujettie au cinéma. Il y a une vraie force plastique.Major Tom a écrit :Ce qu'il n'est pas du tout, car Gravity est avant tout un film d'immersion mais sans prétention scientifique (il a même été très controversé à sa sortie, notamment au sein de la communauté scientifique qui ne lui a quasiment rien trouvé de crédible, on est comme avec Interstellar toujours à la limite du grand n'importe quoi - cette vidéo d'un geek spécialisé dans l'astronomie revient sur quelques gros soucis). Mais ça ne l'empêche pas d'être un très bon film.Phnom&Penh a écrit :En revanche, je trouve que dans Gravity, le film reste crédible pour le peu que je connaisse du sujet.
Et le film a le bon goût de ne durer qu'1h30.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
J'entendais crédible pour un spectateur lambda. Il est évident que je n'y connais rien. Mais Gravity reste mécanique, il n'y a pas besoin d'effort pour y croire. Interstellar, que j'aime beaucoup, c'est déjà plus compliqué et il faut vouloir y croire. Ad Astra, c'est assez mécanique mais ça ne fait même pas l'effort de tenter d'être crédible. Ça ne me dérange pas plus que ça mais on sent que c'est moins l'espace que la distance qui inspire Gray.Major Tom a écrit :Phnom&Penh a écrit :Ce qu'il n'est pas du tout, car Gravity est avant tout un film d'immersion mais sans prétention scientifique (il a même été très controversé à sa sortie, comme au sein de la communauté scientifique qui ne lui a rien trouvé de crédible, on est comme avec Interstellar toujours à la limite du grand n'importe quoi - cette vidéo d'un geek spécialisé dans l'astronomie revient sur quelques gros soucis). Mais ça ne l'empêche pas d'être un très bon film.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Le nouveau film de Gray démontre encore une fois les qualités du cinéaste américain. Un cinéaste complet, qui maitrise à la fois la forme et le fond. Sur la forme, le film est d'une beauté époustouflante, mais surtout d'un grand "réalisme", au sens où, bien que le voyage dans l'espace tel qu'il est présenté dans le film demeure aujourd'hui du domaine du fantasme, le réalisateur parvient à nous faire croire à sa vision du futur proche. Les images sont magnifiques, que ce soit celles sur la Lune, Mars ou Neptune. Les scènes d'action sont réussies (la première spécialement, la tentative de réparation du pylone) Le réal utilise le potentiel fourni par la géographie du système solaire pour dérouler son scénario. Il est je crois le seul à l'avoir fait avec cette ampleur. Pour ce qui est de la véracité de la longueur des voyages au sein du système solaire et autres caractéristiques techniques, je ne saurais dire si tout est plausible (pas à l'heure d'aujourd'hui, hein, mais dans un futur lointain...). En tout cas, d'un point de vue cinématigraphique, le spectateur (enfin, moi) est immergé.
Sur le fond, James Gray se propose de traîter ses obsessions habituelles (relation père/fils, sacrifices personnels/réussite professionnelle), déjà rencontrées dans The Lost City of Z et dans We own the Night, cette fois dans le cadre d'un voyage à travers le système solaire du cosmonaute Roy MacBride. La question qui occupe une grande partie du fil semble être la suivante : comment un cosmonaute fait il face aux sacrifices auxquels il a dû se plier pour réaliser ses rêves (sont-ce bien des rêves d'ailleurs?) ?
Gray adopte une position assez critique sur la conquête de l'espace et le poids des USA.
Le réalisateur montre aussi qu'il a digéré les films fait par les grands réal avant lui sur l'espace (2001 de Kubrick, Gravity de Cuaron, Alien de Ridley Scott, Mission to Mars de De Palma), en intégrant des clins d'oeils scénaristiques à chacun de ces films. Les scènes d'action m'ont fait penser à du Peckinpah (les ralentis sur la Lune). Gray montre aussi qu'il va plus loin, en utilisant notre système solaire comme terrain de jeu, s'affichant métaphoriquement en cela comme un explorateur de nouveaux espaces cinématographiques qui aurait digéré les oeuvres "spatiales" des maîtres du cinéma.
A mon sens une vraie réussite, je suis tout de même resté un peu en retrait sur la fin du film, pour des raisons scénaristiques. Déclencher des émotions au cinéma, chez le spectateur, passe par une forme d'empathie, il me semble, que le réalisateur doit avoir construit depuis assez tôt dans le film. Ici, aucun ressort scénaristique ne permet d'avoir de l'empathie envers Roy avant le dernier quart d'heure du film. Cliff, père du héros, est présenté comme un être égoïste, tout comme Roy d'ailleurs. On n'a que peu d'infos sur la vie de couple de Roy (malgré quelques messages de sa compagnes). Dès lors, le voir pleurer la mort de son père lorsque celui-ci demande de le lacher dans l'espace ne déclenche chez moi aucune émotion, et à peine plus quand Roy débite son laïus sur le sens de la vie. Certes, Roy a "tué le père", il a atteint un nouveau stade de maturité. Pour autant, je trouve que cela a été dit et redit dans d'autres films, et que le manque d'empathie à l'égard de ce sur-homme qu'est Roy McBride ne permet pas d'emporter totalement le spectateur sur les 15 dernières minutes. J'aurais aimé que le film s'arrête sur l'image de Roy usant de l'énergie provoquée par l'explosion nucléaire pour rentrer sur Terre, plutôt que ce happy end trop artificiel à mon goût.
Une oeuvre grandiose, qui souffre légèrement cependant, je crois, de la froideur qui caractérisent les espaces infinis dans laquelle se déroule l'intrigue. 7,5/10
Sur le fond, James Gray se propose de traîter ses obsessions habituelles (relation père/fils, sacrifices personnels/réussite professionnelle), déjà rencontrées dans The Lost City of Z et dans We own the Night, cette fois dans le cadre d'un voyage à travers le système solaire du cosmonaute Roy MacBride. La question qui occupe une grande partie du fil semble être la suivante : comment un cosmonaute fait il face aux sacrifices auxquels il a dû se plier pour réaliser ses rêves (sont-ce bien des rêves d'ailleurs?) ?
Gray adopte une position assez critique sur la conquête de l'espace et le poids des USA.
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Le réalisateur montre aussi qu'il a digéré les films fait par les grands réal avant lui sur l'espace (2001 de Kubrick, Gravity de Cuaron, Alien de Ridley Scott, Mission to Mars de De Palma), en intégrant des clins d'oeils scénaristiques à chacun de ces films. Les scènes d'action m'ont fait penser à du Peckinpah (les ralentis sur la Lune). Gray montre aussi qu'il va plus loin, en utilisant notre système solaire comme terrain de jeu, s'affichant métaphoriquement en cela comme un explorateur de nouveaux espaces cinématographiques qui aurait digéré les oeuvres "spatiales" des maîtres du cinéma.
A mon sens une vraie réussite, je suis tout de même resté un peu en retrait sur la fin du film, pour des raisons scénaristiques. Déclencher des émotions au cinéma, chez le spectateur, passe par une forme d'empathie, il me semble, que le réalisateur doit avoir construit depuis assez tôt dans le film. Ici, aucun ressort scénaristique ne permet d'avoir de l'empathie envers Roy avant le dernier quart d'heure du film. Cliff, père du héros, est présenté comme un être égoïste, tout comme Roy d'ailleurs. On n'a que peu d'infos sur la vie de couple de Roy (malgré quelques messages de sa compagnes). Dès lors, le voir pleurer la mort de son père lorsque celui-ci demande de le lacher dans l'espace ne déclenche chez moi aucune émotion, et à peine plus quand Roy débite son laïus sur le sens de la vie. Certes, Roy a "tué le père", il a atteint un nouveau stade de maturité. Pour autant, je trouve que cela a été dit et redit dans d'autres films, et que le manque d'empathie à l'égard de ce sur-homme qu'est Roy McBride ne permet pas d'emporter totalement le spectateur sur les 15 dernières minutes. J'aurais aimé que le film s'arrête sur l'image de Roy usant de l'énergie provoquée par l'explosion nucléaire pour rentrer sur Terre, plutôt que ce happy end trop artificiel à mon goût.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
C'est douloureux à dire quand on aime autant James Gray mais le terme bancal me semble totalement justifié pour décrire le film. Tout a déjà été dit alors il n'est pas tellement utile de développer à quel points les scènes dites wtf sabotent la possibilité d'une immersion totale. La première marche que fut Lost city of z vers une sortie de Gray de son cercle intimiste urbain, oserais-je dire, de confort, était parfaitement franchie mais il semble bien que celle menant au confins des mondes était trop haute. Pas tant sur l'intention ni même l'esthétique, la technique ou le rythme mais bel et bien en écriture.
Je retiens tout de même une des plus belles interprétations de Pitt qui dans ce rôle sans composition (et donc sans tics ni grimaces) est d'une puissance qui m'a confondu. La première demi heure et pas seulement pour la fameuse première scène d'action est également réussie. L'action sur la lune est distrayante mais à quoi sert-elle ? Et enfin, cette trajectoire holistique de la filiation comme mécanique d'un appétit de connaissance absurde voué au néant m'a donné un peu matière à réfléchir, juste avant d'être interrompu par Liv Tyler qui m'a brutalement ramené à la réalité d'une séance en demi teinte.
Je retiens tout de même une des plus belles interprétations de Pitt qui dans ce rôle sans composition (et donc sans tics ni grimaces) est d'une puissance qui m'a confondu. La première demi heure et pas seulement pour la fameuse première scène d'action est également réussie. L'action sur la lune est distrayante mais à quoi sert-elle ? Et enfin, cette trajectoire holistique de la filiation comme mécanique d'un appétit de connaissance absurde voué au néant m'a donné un peu matière à réfléchir, juste avant d'être interrompu par Liv Tyler qui m'a brutalement ramené à la réalité d'une séance en demi teinte.
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Re: Ad Astra (James Gray - 2019)
Bien aimé le film de mon côté (plus encore que Gravity ). Brad Pitt est formidable. Adaptation d'Au cœur des ténèbres oblige, j'ai beaucoup pensé à Apocalypse Now dans certaines scènes, d'autant que Pitt commente en voix off d'une manière assez proche. Loin de me déplaire. Alors au delà de l'ensemble du récit qu'il ne faut bien sûr pas prendre au premier degré, car il n'y a pas grand chose de crédible d'un point de vue technique (c'est de la pure science-fiction pour parler sous forme d'allégorie d'un sujet plus philosophique), c'est surtout la fin qu'il faut réussir à accepter, on franchit le "too much" (et les dernières images du retour sont de trop). Mais jusque là, James Gray m'a montré qu'il restait une valeur sûre à mes yeux.
Étant passionné d'astronomie, je ne me rends pas vraiment compte. Pour moi, des tas de choses m'avaient sauté aux yeux (en fait... du début avec Clooney qui se balade l'air de rien avec ses propulseurs jusqu'à la fin où elle se relève rapidement, rien n'est crédible une seconde dans ce film, mais on s'en fiche) sans me gêner pour autant, puisque c'est un très bon film. Mais même sans aucune connaissance scientifique, je me dis qu'il y a quand même la scène où elle se propulse dans le vide avec un extincteur façon Wall-e, où elle est dans une combinaison russe... sans oxygène. Le film passe les 15 premières minutes à nous la montrer dans son énorme combinaison de la NASA, avec des gros réservoirs dans le dos et ses 2% d'oxygène restants. Et là, comment elle respire ?Phnom&Penh a écrit :J'entendais crédible pour un spectateur lambda. Il est évident que je n'y connais rien. Mais Gravity reste mécanique, il n'y a pas besoin d'effort pour y croire.