Convoquant 3 époques (la maison de retraite - un voyage vers Detroit pour assister à un mariage et au passage récolter des fonds - différentes époques du passé), Scorsese joue avec maestria pour illustrer le temps qui passe, les regrets, ce qu'on a perdu et ce qu'on a gagné (ou pas). Passé les 10 premières minutes où il faut se faire au système et notamment au procédé de rajeunissement des acteurs, au fur et à mesure qu'on découvre les personnages, on se laisse emporter dans un tourbillon d'événements souvent violents. Scorsese prend son temps et ménage quelques moments tendus comme il en a rarement offert. Mais là où Le loup de Wall-Street par exemple était un rollercoaster alternant morceaux de bravoure survoltés et passages plus apaisés, Casino et Les affranchis étaient plus nerveux, fougueux, The Irishman déroule ses 3h30 sur le ton de l'élégie, constant, calé sur la narration de De Niro. C'est une petite musique triste traversée par des moments de violence, mais toujours retenus. Exactement le ton de l'homme qui se retourne avec mélancolie sur sa vie et c'est superbe.
Vu au ciné, en VO hier. Fabuleux, mais à l'instar de Joker, on en sort terrassé.