Nanni Moretti

[Strum]

Oui, sans doute : En évoquant la crise existentielle d'une cinéaste (Margherita Buy) qui se met à douter de la capacité du cinéma politique à changer le monde au moment où sa mère est en train de mourir, Nanni Moretti signe avec Mia Madre un nouveau film d'inspiration autobiographique, rendant compte d'une période de sa vie où il se sent impuissant.

Mais là n'est pas le plus important. Et même si Moretti mélange le rêve à la réalité, nous ne sommes pas chez Fellini. Avant d'être un film sur le doute (comme l'était Habemus papam, le précédent Moretti), Mia Madre est d'abord un chant d'amour à une mère, à ce qu'elle a apporté, à ce qu'elle a légué, à ses enfants. Il n'y a rien de plus important qu'elle. Devant elle, le travail perd ses vertus tranquillisantes, le cinéma perd sa faculté à transcender la vie. Lucrèce, que le film cite, ne peut davantage consoler Margherita ; Lucrèce, fidèle continuateur du matérialisme d'Epicure, pour qui la mort n'est rien, car l'âme étant mortel il n'y a pas de vie après la mort. Même l'énergie euphorisante d'un acteur américain (formidable John Turturro, qui à défaut d'égayer Margherita égaye le spectateur) ne peut dérider Margherita (pire, elle ne le supporte pas). La vie, y compris la vie rêvé du cinéma, a momentanément perdu ses arômes.

Mais bientôt, le film apprend à Margherita à regarder la vie en face, ce qu'elle se refusait à faire en se cachant derrière un écran, en vivant "à côté" comme elle demande à ses acteurs de jouer. Bientôt, elle crie enfin sur l'acteur américain qui ne connait pas ses répliques. Bientôt, elle admet que sa mère ne peut plus marcher et va mourir. Bientôt, maman est morte et la crise est passée. Comme Lucrèce, Margherita a regardé la mort en face. Il faut maintenant regarder l'avenir (la dernière réplique du film le dit explicitement), avec comme bagage et viatique l'image d'une mère souriante. Et en sortant du cinéma, c'est ce visage souriant dont on se souvient. Bientôt, Margherita/Nanni pourra se remettre au travail et la vie retrouvera ses arômes. Merci Nanni.

[Thaddeus]

Eh oui.

Pendant ce temps-là, j'en connais un qui maugrée contre le cinéma actuel et qui ne va pas voir Mia Madre.

[Jeremy Fox]

Bianca par Jean Gavril Sluka qui vous donne rendez vous la semaine prochaine pour l'autre film du coffret, La Messe est finie.

[Alibabass]

D'ailleurs Bianca sera diffusé le jeudi 6 août à partir de 20h45 sur France3 Via Stella, et dans sa version restaurée.

[Jeremy Fox]

Bianca par Jean Gavril Sluka qui vous donne rendez vous la semaine prochaine pour l'autre film du coffret, La Messe est finie.

Chose promise

[Jeremy Fox]

Aprile par Jean Gavril Sluka

[MJ]

Je serais bien venu dire que la seule bonne chose au sujet de Tre Piani c'est que ce n'est pas Quattro Piani (elle n'est pas de moi), mais le fait est qu'il y a plein de bonne choses dans ce Moretti plus romanesque qu'à l'accoutumée.
Je regrette quand même cette photo délavée qui surligne la morosité (allant en progressant) de son cinéma. Bellocchio s'en tire mieux, dans cette esthétique-là.

[cinéfile]

[Alexandre Angel]

Une pensée émue et solidaire pour Nanni en ce jour sinistre (mais pas sinistra hélas).

[manuma]

Une pensée émue et solidaire pour Nanni en ce jour sinistre (mais pas sinistra hélas).

Tiens, j'ai aussi pensé tout de suite à lui en écoutant le flash info,ce matin (à lui ainsi qu'à Scola).

[Alexandre Angel]

Une pensée émue et solidaire pour Nanni en ce jour sinistre (mais pas sinistra hélas).

Tiens, j'ai aussi pensé tout de suite à lui en écoutant le flash info,ce matin (à lui ainsi qu'à Scola).

Je pense que ce qui arrive (des adorateurs déclarés de Mussolini au pouvoir), c'est un crachat à la gueule de 70 ans de cinéma italien (en prenant en compte la décélération des trente dernières années).

[manuma]

Un peu dur à avaler effectivement, pour tout ceux qui aiment tant ce cinéma !

[Alexandre Angel]

D'ailleurs, j'en profite pour dire que j'ai vachement envie de me payer le BR de Tre Piani, film mal aimé, un peu rêche, mais qui, bien que je n'ai pas eu envie de le revoir séance tenante, s'est fichtrement logé dans un coin de ma caboche comme un éclat de pistache entre deux molaires.
Je pense qu'il s'agit là du dernier beau film italien sorti sur un écran.

[beb]

...

[Buzare]

Un réal dont j'ai envie de creuser l’œuvre. J'ai vu pour l'instant Habemus Papam, La Chambre du fils, Aprile et Journal Intime.

Je ne peux que vous conseiller Aprile où il met en scène la naissance de son premier enfant, c'est drôle et touchant.

En passant niveau qualité d'image les trois blu ray studio canal Aprile, Journal Intime et La Chambre du Fils sont vraiment magnifiques