Les films sur l'occupation, il y en avait en effet déjà plusieurs, et de très sérieux (d'ailleurs Les bons et les méchants (1975) de Lelouch en est un bon exemple). Là, je parlais plus particulièrement de la Shoah. Il y a bien sûr des précédents (Resnais évidemment) puis le monument de Lanzmann (mais 1985 seulement). Je peux me tromper, mais pour le grand public (je ne pense pas que le public populaire ait vu Shoah), je peux me tromper, mais je pense que c'est un des premiers films à aborder le sujet de façon frontale, accessible et sérieuse.Supfiction a écrit :Alors, la comparaison avec le puy du fou n'était pas forcement une bonne idée. Je cherchais une image pour exprimer l'idée que l'on reste loin des personnages et que l'on regarde tout ça comme une fresque historique, un spectacle bien fait, instructif mais peu impliquant. En ce sens, Les Misérables est une sorte de remake réussi qui corrige les erreurs des Uns et des Autres. Lelouch va d'ailleurs jusqu'à reprendre pratiquement à l'identique certaines scènes. Je pense tout particulièrement à la scène ou un allemand demande à l'écolier juif de lui réciter le Je vous salue Marie, scène qui sera reprise par sa fille Salomé.
Comme je le disais, le film se suit sans déplaisir mais peut-être parce que aujourd'hui on a trop vu ce genre de films, on s'y ennuie un peu. Je retiens cependant la séquence du retour d'Auschwitz de Nicole Garcia et la reconstitution historique qui va avec, son arrivée comme un zombi parmi la foule, le fait qu'elle n'ose pas dire ce qu'est devenu son mari.
Effectivement, tu fais bien de le pointer, ces éléments étaient sans doute relativement nouveaux en ce début des années 80 et si le film a tant marché c'est qu'il apportait quelque-chose en tant que fresque populaire. Et pourtant de nombreux films avaient déjà été fait (Les guichets du louvre, Le dernier métro, L'armée des ombres, etc). Les uns et les autres, "c'est votre histoire" comme l'aurait dit Jacques Martin.
D'ailleurs il a du se rendre compte de l'effet produit puisqu'il a relancé la machine avec Partir, revenir (de belles scènes, de grands acteurs, mais pas un grand film, cela dit je préfère Rachmaninov au Boléro de Ravel), puis, comme tu le dis avec Les misérables, que j'aime beaucoup mais qui est quand même très lelouchien (le "petit ramoneur" de Belmondo est quand même bien lourd ).
Les uns et les autres, finalement, reste un film sobre, très bien dirigé et très émouvant, qui mérite d'être revu.
Ma référence à Paxton est sans doute une mauvaise idée, comme toi pour Le Puy du Fou, parce que le livre traite plus du régime de Vichy que de la Shoah. D'ailleurs, je fais partie de ceux qui trouve qu'on a beaucoup exagéré l'importance de Paxton sur ce que l'enseignement français disait de Vichy à l'époque. Mais sur la Shoah, je pense qu'avec ce film, Lelouch a apporté quelque chose dans le ressenti général, qui n'est bien sûr pas du niveau de Lanzmann, mais plus accessible au grand public. Un peu comme Un sac de billes avait été un événement littéraire populaire en 1973, mais qui traitait de la traque plus que de la suite.