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Publié : 24 août 06, 16:29
par Bartlebooth
allen john a écrit :De la même manière, je crois qu'il serait inutile de vouloir à tout prix rapprocher ces deux films du Diabolique Dr Mabuse de 1960.
Il y a un lien pourtant : à chacune de ses apparitions, Mabuse sert de révélateur à son époque : les années 1920 dans le diptyque (sur fond de spéculation boursière et de décomposition de la République de Weimar), l'arrivée du nazisme dans le Testament. Quant au mal-aimé Diabolique Docteur Mabuse, c'est, à l'orée des années 1960, un film prémonitoire sur la télésurveillance, la transformation de la société du spectacle en société d'espionnage généralisé et de transparence mensongère. Personnellement, je les aime tous les quatre.

Publié : 24 août 06, 16:48
par Malek
Bartlebooth a écrit :
allen john a écrit :De la même manière, je crois qu'il serait inutile de vouloir à tout prix rapprocher ces deux films du Diabolique Dr Mabuse de 1960.
Il y a un lien pourtant : à chacune de ses apparitions, Mabuse sert de révélateur à son époque : les années 1920 dans le diptyque (sur fond de spéculation boursière et de décomposition de la République de Weimar), l'arrivée du nazisme dans le Testament. Quant au mal-aimé Diabolique Docteur Mabuse, c'est, à l'orée des années 1960, un film prémonitoire sur la télésurveillance, la transformation de la société du spectacle en société d'espionnage généralisé et de transparence mensongère. Personnellement, je les aime tous les quatre.
je n'ai pas vu le dernier, et j'ai vraiment hâte de le voir j'ai l'impression de rouler avec une voiture à trois roues :)
De toute façon les avis mitigés sur ces films sont tout à fait respectable, il n'y a que des chefs-d'oeuvre comme ceux de Lang qui suscitent autant de débacles :D

edit: d'ailleurs j'ai omis de dire que j'ai trouvé la chronique écrite d'une belle plume. félécitations Alex
J'aime les chroniques qui vont à l'essentiel et qui sont limpides.

Publié : 24 août 06, 19:50
par allen john
Bartlebooth a écrit :
allen john a écrit :De la même manière, je crois qu'il serait inutile de vouloir à tout prix rapprocher ces deux films du Diabolique Dr Mabuse de 1960.
Il y a un lien pourtant : à chacune de ses apparitions, Mabuse sert de révélateur à son époque : les années 1920 dans le diptyque (sur fond de spéculation boursière et de décomposition de la République de Weimar), l'arrivée du nazisme dans le Testament. Quant au mal-aimé Diabolique Docteur Mabuse, c'est, à l'orée des années 1960, un film prémonitoire sur la télésurveillance, la transformation de la société du spectacle en société d'espionnage généralisé et de transparence mensongère. Personnellement, je les aime tous les quatre.
Oui, mais ces thêmes sont inhérents au cinéma de Lang dans son entier, pas seulement aux Mabuse. On pourrait imagibner un Mabuse à Metropolis, ou du reste tout le monde espionne tout le monde. La montée du Nazisme est en filigrane dans M, et beaucoup de films langiens(Les Espions, Les Araignées, voire Moonfleet traitent de sociétés secrètes; la manipulation des foules est au coeur de Fury... etc...
Quant à la chronique, elle s'imposait et elle ne déçoit point, loin de là! :mrgreen:

Publié : 27 août 06, 19:11
par Julien Léonard
Oulala, comme je ne suis pas beaucoup venus sur le site récemment, j'ai du retard à rattraper... Très belle chronique au demeurant !! Et quel film : un de mes Fritz Lang préférés !! :D Mais je lui préfère encore "Le testament du Dr Mabuse" que je trouve encore bien plus puissant... Une claque, et j'en avais besoin, tant j'ai été déçu par la séance "Le tigre du bengale"/"Le tombeau hindou" que je me suis faite y'a pas longtemps... :wink:

Publié : 28 août 06, 14:52
par Cinzano
Je me souviens que lors de ses diffusions au Cinéma de Minuit, Dr. Mabuse, der Spieler était accompagné d'une musique de jazz qui correspondait très bien à l'atmosphère de l'Allemagne weimarienne. Cette musique est-elle présente sur le DVD, en plus du nouvel accompagnement ?

Publié : 28 août 06, 14:56
par AlexRow
Non, seul le nouvel accompagnement figure sur le disque. Il remplit vraiment très bien son office d'ailleurs.

Publié : 28 août 06, 14:59
par Cinzano
AlexRow a écrit :Non, seul le nouvel accompagnement figure sur le disque. Il remplit vraiment très bien son office d'ailleurs.
Merci. Et bravo pour la chronique.

Publié : 28 août 06, 14:59
par AlexRow
Merci :wink:

Publié : 28 août 06, 15:10
par Boubakar
Superbe chronique, mais les analyses développées par AlexRow laissent penser qu'il est compliqué à "comprendre", non ?

Publié : 28 août 06, 15:12
par AlexRow
Absolument pas. Ce film est avant tout un sérial : un feuilleton d'aventures. Fritz Lang a toujours mis un point d'honneur à faire des films divertissants, seulement au-delà des apparences il y a un contenu dense et complexe. C'est un film susceptible d'intéresser tous les publics.

Publié : 29 août 06, 14:51
par Julien Léonard
AlexRow a écrit :Non, seul le nouvel accompagnement figure sur le disque. Il remplit vraiment très bien son office d'ailleurs.
Un accompagnement certes agréable, mais un peu didactique et peut-être trop froid à mon sens... Mais cela colle merveilleusement au film !! :wink:

Publié : 5 sept. 06, 15:29
par Jack Sullivan
Voi-là :D J'ai vu, j'ai lu (le papier d'Alex) et je suis enchantée! La chronique (excellente, écrite d'une plume enlevée) restitue bien le fait que sous le divertissement memé tambour battant se cache un tableau désenchanté et ironique de l'époque qui a vu naître le film. Comme souvent (toujours? je ne sais pas, j'ai encore vu trop peu de films) chez Lang, l'esthétique participe copieusement à l'établissement d'ambiances fantastiques et à la narration, c'est un bonheur. Au fond le Dr Mabuse ne serait-il pas un peu la part refoulée, honteuse, de l'Allemagne de Weimar, défaite et cherchant à s'étourdir dans les tripots et la cocaïne? Plus qu'un criminel, il serait alors celui qui ose affirmer sa soif de pouvoir et sa débauche alors que ses concitoyens sont encore tout occupés à essayer d'oublier le passé.

Publié : 5 sept. 06, 15:36
par AlexRow
Merci de m'avoir lu :wink:
Jack Sullivan a écrit :Plus qu'un criminel, il serait alors celui qui ose affirmer sa soif de pouvoir et sa débauche alors que ses concitoyens sont encore tout occupés à essayer d'oublier le passé.
Il y a en effet beaucoup de la figure de l'ogre chez Mabuse ; mais par bien des aspects il est aussi malade que les autres, au point de s'abuser - une interprétation savoureuse de son nom qui a été faite par certains psychanalistes je crois - et de se dévorer lui-même.

Publié : 5 sept. 06, 15:42
par Jack Sullivan
AlexRow a écrit : Il y a en effet beaucoup de la figure de l'ogre chez Mabuse ; mais par bien des aspects il est aussi malade que les autres, au point de s'abuser - une interprétation savoureuse de son nom qui a été faite par certains psychanalistes je crois - et de se dévorer lui-même.
On voit ça surtout dans le second volet: à la fin du premier, il enlève la comtesse Told, et immédiatement après la déchéance commence. Lui, le maniaque du contrôle et de la dissimulation, se saoûle avec ses sous-fifres (alors qu'il réprimandait son valet drogué dans le premier volet), invite le procureur Wenck à une démonstration de ses pouvoirs (sous un faux nom) et se montre à lui (sous son vrai nom et son vrai visage), bref tout un comportement auto-destructeur qui clame "Arrêtez-moi!" aussi bien que "Voyez comme je suis brillant!". Il apparaît alors clairement comme un mal malade de lui-même, personnifiant tellement une certaine décadence qu'elle finit par avoir raison de lui.

Publié : 5 sept. 06, 15:49
par AlexRow
C'est exactement ça. Une application assez brillante du thème - tellement classique en littérature - "grandeur et décadence". Ici, c'est toute la période qu'il incarne.