Dvdclassik : cinéma et DVD

Dans les faits, un James Bond indien, chinois, jamaïcain ou martiniquais ; ça serait forcément différent des Bond que l'on a connu jusqu'à présent ...

Major Tom a écrit :Let the marketing begin!

We, ca va. C'est pas trop mal fait et c'est pas trop putassier. On a vu pire.

Je trouve les propos du tandem Wilson/Broccoli pétris de bon sens effectivement, avec les explications avancées pour les différents points.

Changer la couleur de peau du personnage ferait un Bond "différent" certes, mais n'est-ce pas déjà le cas avec tous les changements d'acteur ? Le Bond de Daniel Craig n'a quasi rien de commun avec celui de Roger Moore. Autant féminiser le rôle serait bouleverser complètement l'ADN du personnage — défini en large part par son rapport à l'idée même de masculinité (... et par la façon dont il traite les femmes), au point que certains ont pu arguer que c'était le vrai sujet de certains des films —, autant que le prochain élu soit, mettons, Idris Elba, Tom Hiddleston ou Charlie Hunnam (pour s'en tenir à des noms qui ont circulé et que, très subjectivement, je vois bien dans le rôle), le résultat sera forcément "différent" d'une manière ou d'une autre, mais ce sont 1/ de bons acteurs et 2/ que je peux très bien imaginer dans n'importe quelle situation-type d'un 007 plus ou moins récent.

L'ADN du personnage a déja largement evolué!
Il est bien moins misogyne, arrogant et invulnérable que les premiers ...

Comte Vertigo a écrit :Autant féminiser le rôle serait bouleverser complètement l'ADN du personnage — défini en large part par son rapport à l'idée même de masculinité.

Ce serait surtout une idée complètement débile… A la base je ne comprends même pas comment elle a pu ne serait-ce que traverser l'esprit des gens.

hansolo a écrit :L'ADN du personnage a déja largement evolué!
Il est bien moins misogyne, arrogant et invulnérable que les premiers ...

Oui. On pourrait aussi mentionner un certain degré de racisme/colonialisme surtout dans les plus anciens. Mais le fait que le personnage soit un playboy ambulant (voire un Playboy ambulant, complet avec les pubs pour accessoires de luxe) me semble un des traits qui a le plus résisté au passage du temps, avec des "ajustements" qui restent mineurs.

Comte Vertigo a écrit :

hansolo a écrit :L'ADN du personnage a déja largement evolué!
Il est bien moins misogyne, arrogant et invulnérable que les premiers ...

Oui. On pourrait aussi mentionner un certain degré de racisme/colonialisme surtout dans les plus anciens.

Comment ça ?

Parodie du Bond theme par Billie Eilish à 3:14 par Stephen Colbert :

"Est ce que je dois passer la vidéo a quelqu'un si je veux pas mourir dans 7 jours?"

Yaplusdsaumon a écrit :

Comte Vertigo a écrit : Oui. On pourrait aussi mentionner un certain degré de racisme/colonialisme surtout dans les plus anciens.

Comment ça ?

Dr. No en particulier est quand même particulièrement gratiné de ce point de vue.

L'aspect colonialiste est rendu encore plus flagrant (au point d'en devenir presque involontairement comique) quand on remet le film dans son contexte historique : la Jamaïque ayant accédé à l'indépendance deux mois jour pour jour avant la sortie du film, qui montre l'agent anglais et son allié américain y sécuriser les intérêts occidentaux contre les risques que font peser sur eux les nègr... ahem, les autochtones, passés à la solde d'un diabolique sang-mêlé germano-chinois.

On notera que le mulâtrisme a visiblement été une des obsessions de Fleming, au point de devenir un des traits récurrents de la plupart des méchants de ses romans : outre ici, donc, le Dr. No (et sa complice sino-jamaïcaine Miss Taro), le Chiffre, Blofeld et Goldfinger sont tous des résultats de mélanges slavo-méditerranéo-juifs pas très nets, Mr Big est un Haïtien "à moitié Noir et à moitié Français", et Hugo Drax un faux Anglais.

Pour revenir au film proprement dit et à ce qui est du décor jamaïcain, la présentation du pays est empreinte de toute la supériorité du Commonwealth, le seul rôle positif dévolu à un Noir est celui d'un simplet dévoué, les autres cachant derrière leur apparence burlesque — si ce sont des hommes (les trois aveugles) — ou séduisante — si c'est une femme (la photographe jouée par une Miss Jamaïque) — une menace pour l'homme Blanc (ou la femme Blanche, d'ailleurs).

Les films suivants sont moins "chargés", mais disons qu'entre l'exotisme et le cliché plus ou moins condescendant la frontière fut parfois ténue et périlleuse...

L'affiche de 1917 dit beaucoup plus qu'on pourrait le croire au premier abord:

Spoiler (cliquez pour afficher)

"Par le réal de Skyfall" ...
et moi qui croyait que ce même réal avait aussi dirigé un petit film 3 ans plus tard; un certain Spectre

Comte Vertigo a écrit :

Yaplusdsaumon a écrit : Comment ça ?

Dr. No en particulier est quand même particulièrement gratiné de ce point de vue.

L'aspect colonialiste est rendu encore plus flagrant (au point d'en devenir presque involontairement comique) quand on remet le film dans son contexte historique : la Jamaïque ayant accédé à l'indépendance deux mois jour pour jour avant la sortie du film, qui montre l'agent anglais et son allié américain y sécuriser les intérêts occidentaux contre les risques que font peser sur eux les nègr... ahem, les autochtones, passés à la solde d'un diabolique sang-mêlé germano-chinois.

On notera que le mulâtrisme a visiblement été une des obsessions de Fleming, au point de devenir un des traits récurrents de la plupart des méchants de ses romans : outre ici, donc, le Dr. No (et sa complice sino-jamaïcaine Miss Taro), le Chiffre, Blofeld et Goldfinger sont tous des résultats de mélanges slavo-méditerranéo-juifs pas très nets, Mr Big est un Haïtien "à moitié Noir et à moitié Français", et Hugo Drax un faux Anglais.

Pour revenir au film proprement dit et à ce qui est du décor jamaïcain, la présentation du pays est empreinte de toute la supériorité du Commonwealth, le seul rôle positif dévolu à un Noir est celui d'un simplet dévoué, les autres cachant derrière leur apparence burlesque — si ce sont des hommes (les trois aveugles) — ou séduisante — si c'est une femme (la photographe jouée par une Miss Jamaïque) — une menace pour l'homme Blanc (ou la femme Blanche, d'ailleurs).

Les films suivants sont moins "chargés", mais disons qu'entre l'exotisme et le cliché plus ou moins condescendant la frontière fut parfois ténue et périlleuse...

Oui mais au départ tu parlais du racisme du personnage. Et puis de toute façon tout le monde sait qu’avant, les noirs étaient trop bêtes pour comprendre qu’ils jouaient dans des films racistes.

Yaplusdsaumon a écrit :Oui mais au départ tu parlais du racisme du personnage.

Mais le personnage (ou plus précisément : là encore le personnage à un certain stade de son évolution) semble bien une parfaite extension de la vision du monde de son créateur sur ce point. C'est le gendarme de la supériorité britannique chez les métèques. Ses actions et son langage dans Dr. No, pour rester sur cet exemple, témoignent de ce sentiment de supériorité. Et dans les livres les remarques xénophobes et antisémites (pas seulement vis-à-vis des "méchants" d'ailleurs) passent aussi par lui.

Bond n'est pas censé être parfait (même à l'aune du contexte de l'époque à laquelle il a été créé, sans parler des vues plus répandues aujourd'hui). Fleming a déclaré en interview que le personnage avait plus de vices que de vertus*. Il me semble néanmoins, à moins que quelqu'un n'ait des précisions qui me manqueraient, qu'il a opportunément omis de souligner quels étaient exactement ces vices et ces vertus. Le fait qu'une partie de la franchise à l'écran ait cherché à "lisser" Bond et à le poser en modèle, sans trop se soucier de ses ambiguïtés, n'arrange évidemment pas ce petit "problème de lisibilité" quant à savoir ce qui est cautionné ou condamné dans son comportement ici ou là...


_________
* Un peu HS, mais ça me rappelle que j'ai revu il y a quelques mois, alors que je ne l'avais plus vu depuis sa sortie en salles, Le Tailleur de Panama de John Boorman d'après le roman de John Le Carré. Le fait d'y retrouver un Pierce Brosnan alors encore en pleine franchise 007 donne une coloration des plus acides à sa prestation, tant, dans ce contexte, Andy Osnard apparaît comme une vacharde parodie de James Bond, dont le personnage aurait retenu les défauts sans aucune des qualités. Le gars exsude ce qu'on appelait pas encore la "masculinité toxique" par tous les pores, saute sur tout ce qui a une paire de seins sans trop se soucier de consentement ou de contexte, donne dans le tourisme sexuel, et se montre à côté de ça cynique, déloyal, incompétent, et finit par s'envoler avec la caisse après avoir causé un incident international. On sent un petit côté cathartique dans la prestation de Brosnan.

Comte Vertigo a écrit :C'est le gendarme de la supériorité britannique chez les métèques.

Tu connais seulement UN britannique pour qui le monde ne soit pas peuplé de métèques ??

Yaplusdsaumon a écrit :

Comte Vertigo a écrit :C'est le gendarme de la supériorité britannique chez les métèques.

Tu connais seulement UN britannique pour qui le monde ne soit pas peuplé de métèques ??

Comme les français qui sont persuadés d’être le peuple le plus intelligent du monde?