Mizoguchi (années 50)
Publié : 13 sept. 06, 21:14
Si on a eu plusieurs fois l'occasion de parler de ses films dans divers topics, il est quand même dommage que cet immense réalisateur n'ait pas le sien. Comme il y a déjà un sujet sur la partie années 40 de sa carrière, en voici un pour parler de ses films des années 50, période que beaucoup considèrent comme le sommet de son brillant parcours.
Donc je commence par parler des derniers que j'ai vu:
Les Amants Crucifiés
Le style de Mizoguchi, à savoir les plans séquences distanciés et un cadrage millimétré(entre autres), s'adaptent parfaitement à cette histoire d'amour racontée sous forme de "thriller''. En effet, la mise en scène implacable et distante instaure une tension et une fatalité qui ne sont pas sans rappeler Fritz Lang. Pourtant, Les Amants Crucifiés reste un film profondément mizoguchien, où la distanciation sert avant tout à rendre compte du pathétique de la situation des personnages, à observer leur souffrance, à éveiller la compassion, ce qui peut sembler indispensable pour toute bonne histoire d'amour tragique. Le personnage de Osan, femme de la haute société blessée qui ira contre l'ordre établi pour défendre sa liberté, interprétée par la sublime Kyôko Kagawa, est le plus beau personnage de femme que j'ai vu chez Mizoguchi, pour ne pas dire un des plus beaux personnages que j'ai jamais vu dans un film. Mohei attire aussi l'empathie, par sa sincérité et la pureté de son amour, et Kazuo Hasegawa donne aussi une interprétation marquante. L'alchimie entre le couple passe parfaitement, et ainsi le film dégage une intensité érotique dûe au grand pouvoir de suggestion de la mise en scène et au talent des acteurs(c'était chaud les années 50 en y réfléchissant).
Si au niveau plastique, le film est je trouve moins éblouissant que l'Intendant Sansho, on a quand même le droit à nombre de grandes scènes, comme entre autres le passage inévitable de la barque ou la fuite de Mohei. Bref, avec L'Intendant Sansho mon Mizoguchi préféré, et un Chef-d'oeuvre(je cours éditer mon top 100).
Le Héros sacrilège
Je l'ai vu en me disant que je n'allais pas le comparer avec Les Amants crucifiés, mais je suis quand même déçu. Pourtant c'est loin d'être un échec. L'usage de la couleur est un succès, avec des scènes de nuit de toute beauté, ou les rencontres avec la voisine, qui m'a évoqué John Ford. D'ailleurs je me rends compte que chez Mizoguchi, dès que dans le même plan on a de l'eau et du vent, c'est automatiquement sublime(et le mot n'est pas trop fort). Malgré tout, j'ai eu du mal à compatir aux malheurs de Raizo Ichikawa, tant son personnage est plus souvent niais que naïf, et comme à peu près tout le drame tourne autour de ça, j'ai rarement été intéressé par ce qui se passait à l'écran, sauf lors des envolées formelles. Donc si le récit est quand même efficacement mené dans la 1ere partie, où malgré les reproches que l'on peut faire à la dramaturgie, on accepte le film pour ce qu'il est, à savoir un bon divertissement populaire, le rythme s'essoufle un peu dans la 2eme, et jusqu'à l'attaque finale, j'ai regardé ma montre. Donc pas un ratage, mais pas un succès non plus. Un film bancal, en somme.
Donc je commence par parler des derniers que j'ai vu:
Les Amants Crucifiés
Le style de Mizoguchi, à savoir les plans séquences distanciés et un cadrage millimétré(entre autres), s'adaptent parfaitement à cette histoire d'amour racontée sous forme de "thriller''. En effet, la mise en scène implacable et distante instaure une tension et une fatalité qui ne sont pas sans rappeler Fritz Lang. Pourtant, Les Amants Crucifiés reste un film profondément mizoguchien, où la distanciation sert avant tout à rendre compte du pathétique de la situation des personnages, à observer leur souffrance, à éveiller la compassion, ce qui peut sembler indispensable pour toute bonne histoire d'amour tragique. Le personnage de Osan, femme de la haute société blessée qui ira contre l'ordre établi pour défendre sa liberté, interprétée par la sublime Kyôko Kagawa, est le plus beau personnage de femme que j'ai vu chez Mizoguchi, pour ne pas dire un des plus beaux personnages que j'ai jamais vu dans un film. Mohei attire aussi l'empathie, par sa sincérité et la pureté de son amour, et Kazuo Hasegawa donne aussi une interprétation marquante. L'alchimie entre le couple passe parfaitement, et ainsi le film dégage une intensité érotique dûe au grand pouvoir de suggestion de la mise en scène et au talent des acteurs(c'était chaud les années 50 en y réfléchissant).
Si au niveau plastique, le film est je trouve moins éblouissant que l'Intendant Sansho, on a quand même le droit à nombre de grandes scènes, comme entre autres le passage inévitable de la barque ou la fuite de Mohei. Bref, avec L'Intendant Sansho mon Mizoguchi préféré, et un Chef-d'oeuvre(je cours éditer mon top 100).
Le Héros sacrilège
Je l'ai vu en me disant que je n'allais pas le comparer avec Les Amants crucifiés, mais je suis quand même déçu. Pourtant c'est loin d'être un échec. L'usage de la couleur est un succès, avec des scènes de nuit de toute beauté, ou les rencontres avec la voisine, qui m'a évoqué John Ford. D'ailleurs je me rends compte que chez Mizoguchi, dès que dans le même plan on a de l'eau et du vent, c'est automatiquement sublime(et le mot n'est pas trop fort). Malgré tout, j'ai eu du mal à compatir aux malheurs de Raizo Ichikawa, tant son personnage est plus souvent niais que naïf, et comme à peu près tout le drame tourne autour de ça, j'ai rarement été intéressé par ce qui se passait à l'écran, sauf lors des envolées formelles. Donc si le récit est quand même efficacement mené dans la 1ere partie, où malgré les reproches que l'on peut faire à la dramaturgie, on accepte le film pour ce qu'il est, à savoir un bon divertissement populaire, le rythme s'essoufle un peu dans la 2eme, et jusqu'à l'attaque finale, j'ai regardé ma montre. Donc pas un ratage, mais pas un succès non plus. Un film bancal, en somme.