Re: John Ford (1894-1973)
Publié : 28 févr. 18, 07:25
Ils sont une minorité et se comptent surtout parmi les jeunes cinéphiles. L'admiration pour Ford vient parfois sur le tard. Welles qui adorait Ford ne pensait certes pas que celui qu'il considérait comme son maitre avait volé son oscar. Cela dit, ce sont surtout des films extrêmement différents en effet. Personnellement, ma préférence va nettement au Ford et pourtant j'aime beaucoup Welles.Rick Blaine a écrit :Il ne faut pas dire qu'il est meilleur que le Welles, c'est aussi absurde que les américains qui pensent que le Ford est une bourde des oscars.
Te reste plus qu'à venir le noterRick Blaine a écrit :c'est un film profondément émouvant, une merveille.
Je précise que j'aime beaucoup aussi Citizen Kane, dans un autre genre. Je réagissais juste à chaud sur la comparaison oiseuse entre les deux films, qui outre-Atlantique tourne toujours à l'avantage du Welles, sans doute parce que son originalité est plus facile à appréhender.Rick Blaine a écrit :Qu'elle était verte ma vallée est un film formidable. Il ne faut pas dire qu'il est meilleur que le Welles, c'est aussi absurde que les américains qui pensent que le Ford est une bourde des oscars. Ce sont deux films radicalement différents, et des chef d'oeuvre dans leur genre.
Les récompenses pour le Ford sont méritées en tout cas, c'est un film profondément émouvant, une merveille.
Le style cinématographique de Ford est celui d'un poète alors que la plupart des cinéastes filment en prosateur. Mais en réalité, ses films racontent énormément de choses sur notre monde. Je suis donc en désaccord avec l'idée selon laquelle ils ne raconteraient "pas grande chose, voire rien du tout". Ils racontent beaucoup, mais de manière subtile et mélancolique (lui aussi sans doute pensait que "l'essentiel était invisible pour les yeux"). Qu'elle était verte ma vallée par exemple fourmille de thèmes et de destins à démêler.Rashomon a écrit :Dans un cinéma hollywoodien classique qui donne la priorité à l'intrigue sur les personnages (et un cinéaste comme Hitchcock était parfaitement raccord de ce point de vue) Ford choisit l'inverse. Bon nombre de ses films ne racontent pas grand-chose, voire rien du tout. C'est en cela que je le juge aussi radical, voire plus, que Welles, et son succès est d'autant plus surprenant.
Je reformule, d'une manière peut-être un peu plus claire: bon nombre de ses films n'ont pas de véritable intrigue, ne racontent pas d'histoire au sens traditionnel (hollywoodien) du terme. Je pense ceci dit que Ford est l'un des très rares réalisateurs qui sache rendre l'invisible visible, si je puis m'exprimer ainsi. Il arrive toujours à tirer le maximum d'intensité, de signifiance d'une scène rien que par le positionnement de la caméra et des personnages, et ce parfois sans aucun dialogue. Je pense que de tous les cinéastes qui ont débuté dans le muet, il est l'un de ceux qui ont su le mieux importer ses acquis et ses conquêtes dans le nouveau média qu'était le parlant.Strum a écrit :Le style cinématographique de Ford est celui d'un poète alors que la plupart des cinéastes filment en prosateur. Mais en réalité, ses films racontent énormément de choses sur notre monde. Je suis donc en désaccord avec l'idée selon laquelle ils ne raconteraient "pas grande chose, voire rien du tout". Ils racontent beaucoup, mais de manière subtile et mélancolique (lui aussi sans doute pensait que "l'essentiel était invisible pour les yeux"). Qu'elle était verte ma vallée par exemple fourmille de thèmes et de destins à démêler.Rashomon a écrit :Dans un cinéma hollywoodien classique qui donne la priorité à l'intrigue sur les personnages (et un cinéaste comme Hitchcock était parfaitement raccord de ce point de vue) Ford choisit l'inverse. Bon nombre de ses films ne racontent pas grand-chose, voire rien du tout. C'est en cela que je le juge aussi radical, voire plus, que Welles, et son succès est d'autant plus surprenant.
Oui. C'est le plus grand cinéaste américain et mon cinéaste préféré encore aujourd'hui. J'ai écrit sur quelques-uns de ses films, dont Qu'elle était verte ma vallée. Mais ses films racontent quand même des histoires.Rashomon a écrit :Je reformule, d'une manière peut-être un peu plus claire: bon nombre de ses films n'ont pas de véritable intrigue, ne racontent pas d'histoire au sens traditionnel (hollywoodien) du terme. Je pense ceci dit que Ford est l'un des très rares réalisateurs qui sache rendre l'invisible visible, si je puis m'exprimer ainsi. Il arrive toujours à tirer le maximum d'intensité, de signifiance d'une scène rien que par le positionnement de la caméra et des personnages, et ce parfois sans aucun dialogue. Je pense que de tous les cinéastes qui ont débuté dans le muet, il est l'un de ceux qui ont su le mieux importer ses acquis et ses conquêtes dans le nouveau média qu'était le parlant.
Tout en étant d'accord sur l'importance du récit chez Ford, on peut lui reconnaître un gout, mais aussi et surtout un grand talent pour les digressions narratives. Qu'on pense par exemple à Wagon Master, un des films qu'il préférait, qui peine à se concentrer sur son intrigue principale... Plus largement une bonne partie des films de Ford possède une structure épisodique, dans laquelle diverses rencontres, pauses, ou moments festifs ponctuent le déroulé de l'intrigue, qu'on pourrait aborder sur un mode plus direct.Strum a écrit :Oui. C'est le plus grand cinéaste américain et mon cinéaste préféré encore aujourd'hui. J'ai écrit sur quelques-uns de ses films, dont Qu'elle était verte ma vallée. Mais ses films racontent quand même des histoires.Rashomon a écrit :Je reformule, d'une manière peut-être un peu plus claire: bon nombre de ses films n'ont pas de véritable intrigue, ne racontent pas d'histoire au sens traditionnel (hollywoodien) du terme. Je pense ceci dit que Ford est l'un des très rares réalisateurs qui sache rendre l'invisible visible, si je puis m'exprimer ainsi. Il arrive toujours à tirer le maximum d'intensité, de signifiance d'une scène rien que par le positionnement de la caméra et des personnages, et ce parfois sans aucun dialogue. Je pense que de tous les cinéastes qui ont débuté dans le muet, il est l'un de ceux qui ont su le mieux importer ses acquis et ses conquêtes dans le nouveau média qu'était le parlant.
Bien sûr car Ford est notamment un cinéaste de l'errance, et cela se voit dans plusieurs de ses films. Je voyais bien ce qu'essayait de dire Rashomon, l'intention y était - ce n'était qu'une question de formulation, la sienne m'ayant paru initialement imprécise.cinephage a écrit :Tout en étant d'accord sur l'importance du récit chez Ford, on peut lui reconnaître un gout, mais aussi et surtout un grand talent pour les digressions narratives. Qu'on pense par exemple à Wagon Master, un des films qu'il préférait, qui peine à se concentrer sur son intrigue principale... Plus largement une bonne partie des films de Ford possède une structure épisodique, dans laquelle diverses rencontres, pauses, ou moments festifs ponctuent le déroulé de l'intrigue, qu'on pourrait aborder sur un mode plus direct.
D'autres cinéastes sont plus concentrés sur la trame de leur récit, sans s'embarrasser de ces pauses et détours narratifs, qui constituent chez Ford une partie importante de l'histoire elle-même. C'est peut-être en ce sens que Rashomon trouve que ses films "n'ont pas de véritable intrigue".