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Publié : 28 oct. 05, 22:23
par Tony Hunter
Les options que tu proposes me paraissent plutôt comme des défis ou "exercices de style" chocs, à sensations, que des sujets intéressants à traiter.
Deja qu'on accuse Noé d'être un provocateur là je me demande ce que certains diraient :wink:

Publié : 29 oct. 05, 22:28
par Coxwell
Banane a écrit :
Coxwell a écrit :Ce n'est pas parce qu'il s'inscrit pleinement dans un microcosme social (en particulier le Rectum ou la communauté gay) qu'il ne soit pas marginal à l'échelle plus grande, à savoir la collectivité tout entière. Je vois son acte comme une espèce de vengeance, de message ordurier au monde d'en haut, celui peut-être mieux intégrée, mieux accepté que lui, dans un environnement plus confortable que le sien.
Je dois dire que cette vision "sociale" ne m'a pas DU TOUT traversé l'esprit, pas de revanche-sur-le-système qui rentre en compte (qu'Alex cristalliserait par sa seule présence :?: ). Le violeur m'a l'air de se complaire dans le "système" où il est (encore faudrait-il le déterminer).
C'était peut être le cas dans les précédents films (moi je ne les ai pas vus), mais ça veut pas forcément dire qu'il brodera sur le même thème dans toute son oeuvre.

Noé est un grand metteur en scène, mais n'a rien de spécial à dire.

De manière générale, je trouve que les "films-coups-de-poing" sur la violence de ce type ne fonctionnent pas car ils fonctionnent sur une surenchère sur l'innocence de la victime, ce qui ne me semble pas pertinent et artificiel (on apprend qu'Alex est enceinte, et le joker "maternité" a le don "d'angéliser" une femme - pour nous faire dire "vous avez vu comme c'est dégueulasse de chez dégueulasse ? Hein ? En plus elle est en cloques !"). Idem pour celui qui est puni. Je trouve que ça aurait été plus fort si c'était le bon qui était puni, plus fort si on faisait un film choc sur le calvaire méticuleux d'un personnage dont on sait qu'il a été une crapule, qui a tortué les autres, ou même un personnage insipide ou banal, et qu'on lançait un défi sur la capacité de compassion du spectateur de manière brute au yeux.
Ainsi le débat sur l'usage de la violence prendrait vraiment sens. Ces exemples de personnages innocents (ou dont on appuie l'innocence - je pense aussi au Jésus -mythe immaculé- réduit à peu à près à un amas de chair sanguignolante chez Gibson) violentés de manière inouïe ratent leur cible, car on a l'impression que la compassion, l'horreur ou la gène ne peuvent être naître que parce que le personnage est immaculé. Ce qui est très cynique et déshonnorant pour "nous". Et si le personnage ne l'est pas ? Et si la fille violée n'était pas jeune, plutôt moche, sans qualités réelles mais sans être une connasse finie, pas enceinte, son calvaire ne se serait-il pas tout aussi dégueulasse ? Et si un mec qui a violenté de manière crapuleuse subit la même chose à son tour, n'est-ce pas tout aussi dégueulasse ? Ou est-ce que ça l'est (pour la dernière option) ?
Bref de présenter une victime qui ne soit pas un cliché "d'innocence" (femme enceinte, enfant, mauvais coupable, Jésus), pour faire sentir la dégueulasserie de son calvaire.

Allez je propose à Noé le sujet suivant :

Un pédophile en série se retrouve en tôle où il se fait violer à son tour, tabasser, et chope le sida. 3 options :
1°/ Il a mérité et on applaudit la justice de la chose,
2°/ Réussir à nous faire éprouver de la compassion ou du moins de la gène sur son sort, bref que la violence même dirigée contre les gens violents est dégueulasse, parce que le principe en soi est dégueulasse, peu importe le degré d'innocence de celui ou celle qui la subit,
3°/ Il ne prend pas partie.
La 2ème option est la plus difficile à rendre crédible.

Alice
Je n'ai jamais dit cela, vous devriez relire ce que j'ai déjà écrit plus haut. Irréversible est dans la droite ligne de son précédent métrage (ce n'est pas pour rien qu'il commence par Nahon), une dénonciation toujours plus dure et plus abjecte de la misère humaine sous toutes ses formes, avec toute l'ambihuité que cela suppose aussi.

Publié : 29 oct. 05, 22:44
par Jordan White
Je ne vois pas de dénonciation de la misère humaine, d'attaque anti-bourgeoise ou je ne sais quoi - Monica Bellucci serait alors victime parce qu'elle bourge ( qu'est-ce qu'on en sait ?) - dans Irréversible. J'y vois surtout un film funambule, sur la corde raide, prêt à tomber dans le glauque mais se rattrapant par son final, un des plus beaux que j'ai vu toutes époques confondues.
Le film parle du couple, des instants où tout peut déraper, de la naissance, de la mort, de l'amour et de la vengeance.
Si le film s'était terminé par Marcus éclatant la tête du mec et se sentant revivre parce qu'il aurait vengé sa femme je serais, je crois sorti en colère de la salle. Au contraire, j'en suis ressorti apaisé- après quelques minutes où je me suis remis la tête à l'endroit- comme jamais auparavant, totalement foudroyé par l'expérience unique que je venais de vivre. Seules les images comptaient, le discours, si il y en a un, ne m'a pas préoccupé et j'avoue que je ne l'ai jamais vu sous cet angle là d'ailleurs.
Irréversible est tout autant que Seul contre tous un film romantique, et un cri d'amour. Après la misère sociale, économique, le danger de la fuite en avant vers ce qui peut sembler inexcusable ( le viol, l'inceste) sont des thèmes durs à aborder, mais les deux parlent surtout je trouve d'une possibilité et d'un espoir. Le boucher n'est pas un salaud fini. Noé met en scène des personnages qui luttent pour la vie et non contre elle. Dans ce qu'il fait, il est grand, peut-être même le meilleur.

Publié : 30 oct. 05, 08:36
par Coxwell
Jordan White a écrit :Je ne vois pas de dénonciation de la misère humaine, d'attaque anti-bourgeoise ou je ne sais quoi - Monica Bellucci serait alors victime parce qu'elle bourge ( qu'est-ce qu'on en sait ?) - dans Irréversible. J'y vois surtout un film funambule, sur la corde raide, prêt à tomber dans le glauque mais se rattrapant par son final, un des plus beaux que j'ai vu toutes époques confondues.
Le film parle du couple, des instants où tout peut déraper, de la naissance, de la mort, de l'amour et de la vengeance.
Si le film s'était terminé par Marcus éclatant la tête du mec et se sentant revivre parce qu'il aurait vengé sa femme je serais, je crois sorti en colère de la salle. Au contraire, j'en suis ressorti apaisé- après quelques minutes où je me suis remis la tête à l'endroit- comme jamais auparavant, totalement foudroyé par l'expérience unique que je venais de vivre. Seules les images comptaient, le discours, si il y en a un, ne m'a pas préoccupé et j'avoue que je ne l'ai jamais vu sous cet angle là d'ailleurs.
Irréversible est tout autant que Seul contre tous un film romantique, et un cri d'amour. Après la misère sociale, économique, le danger de la fuite en avant vers ce qui peut sembler inexcusable ( le viol, l'inceste) sont des thèmes durs à aborder, mais les deux parlent surtout je trouve d'une possibilité et d'un espoir. Le boucher n'est pas un salaud fini. Noé met en scène des personnages qui luttent pour la vie et non contre elle. Dans ce qu'il fait, il est grand, peut-être même le meilleur.
Je n'insinue pas que les actes des protagonistes sont des choses contre la vie, mais plutôt des manifestations exacerbées de nettes frustrations sociales qui tendent à s'exprimer par la violence. Ces actes en eux-mêmes ne sont pas définis intentionnellement par les protagonistes, mais notre recul et notre distanciation permet d'y faire une étude sociologique et de comprendre que derrière ces pulsions, ces tensions, se cachent des thèmes contemporains quant aux contrastes sociaux aigus.
Ne soyez pas réducteur quant à ce que j'ai dit. ce n'est pas qu'un simple message contre la bourgeoisie, c'est une forme de contestation implicite des codes sociaux qui régissent les rapports humains en général, dont les classes sociales.

Publié : 30 oct. 05, 16:56
par Jordan White
J'avoue ne pas trop savoir où tu veux en venir, donc de là à parler d'étude sociologique parce que nous possédons du recul, je ne sais qu'en penser....

Publié : 30 oct. 05, 17:00
par Coxwell
Jordan White a écrit :J'avoue ne pas trop savoir où tu veux en venir, donc de là à parler d'étude sociologique parce que nous possédons du recul, je ne sais qu'en penser....
Ajoute - y des guillemets et le mot "esquisse" et tu auras ta réponse.

Publié : 30 oct. 05, 17:02
par MJ
Je trouve Coxwell difficilement compréhensible. :?

Publié : 30 oct. 05, 17:03
par Coxwell
MJ a écrit :Je trouve Coxwell difficilement compréhensible. :?
Désolé :/ je peux difficilement être plus clair

Publié : 30 oct. 05, 17:04
par MJ
Je trouve ton argumentation confuse dans son ensemble.

Publié : 31 oct. 05, 09:28
par Coxwell
MJ a écrit :Je trouve ton argumentation confuse dans son ensemble.
J'ai recours davantage à des concepts que l'on utilise en socio et en histoire qu'en termes cinématographiques. Je ne peux pas faire plus clair que de dire que le film et son message haineux, violent est une des expressions des tensions sociales exacerbées, éclatées. Voilà, de façon très simpliste le propos que j'ai ressenti en voyant ce film. Le fait qu'il soit la continuité voulue ou non de Seul contre tous conforte mon idée initiale.

Publié : 31 oct. 05, 11:37
par Super Seb le Bat Coco
Banane a écrit :De manière générale, je trouve que les "films-coups-de-poing" sur la violence de ce type ne fonctionnent pas car ils fonctionnent sur une surenchère sur l'innocence de la victime, ce qui ne me semble pas pertinent et artificiel (on apprend qu'Alex est enceinte, et le joker "maternité" a le don "d'angéliser" une femme - pour nous faire dire "vous avez vu comme c'est dégueulasse de chez dégueulasse ? Hein ? En plus elle est en cloques !").
je me permet... mais quand un jour tu te fais sauvagement agressé (comme une fois ça m'etais arrivé) je peux te dire que toutes les sensastions que vivent les personnages du film (l'ami, le petit ami !) ont des reactions qui ne sont pas artificielle ! :?

Banane, va te faire peter la gueule, et tu verra que c'est loin de ce que tu pense vouloir dire !

la violence n'est pas dans terminator, la violence n'est pas dans star wars, la violence elle est dans la rue... et Irreversible est une violence de rue...

Publié : 31 oct. 05, 22:02
par Banane
Tony Hunter a écrit :Deja qu'on accuse Noé d'être un provocateur là je me demande ce que certains diraient :wink:
Je veux juste dire assumer le côté "défi pour défi" jusqu'au bout alors. On dirait qu'il veut faire participer le spectateur. Mais bon, je sais bien que c'est bâteau. Il faut juste apprécier ce film pour sa mise en scène, mais pour un débat sur la violence, mieux vaut lorgner sur Fuller ou d'autres.

Banane

Publié : 1 nov. 05, 10:26
par Super Seb le Bat Coco
Banane a écrit :mais pour un débat sur la violence, mieux vaut lorgner sur Fuller ou d'autres.

ouai mais non...

Publié : 15 déc. 06, 16:17
par Sergius Karamzin II
J'ai enfin retrouvé le génial petit docu des réactions à chaud de la projection à Cannes, un régal :


Publié : 15 déc. 06, 16:51
par AtCloseRange
Sergius Karamzin II a écrit :J'ai enfin retrouvé le génial petit docu des réactions à chaud de la projection à Cannes, un régal :

Je n'aime pas vraiment le cinéma de Gaspard Noé (ni le personnage) mais ce sont les réactions de beaucoup de ces personnes que je trouve "fascistes", tous ces VIPs en costard-cravate.
J'ai d'ailleurs davantage pris le film dans la tête pour "sa" scène de violence plutôt que pour la scène du viol.
Je trouve un film comme "Tueurs Nés" beaucoup plus irresponsable.
Comme quoi, on a chacun nos garde-fous, nos interdits, ce qui rend ce genre de réaction (même à chaud à la sortie de la salle) inacceptable.
Moi, c'est Cauet que je voudrais interdire d'antenne. Je le trouve bien plus "dangereux" (lui et son employeur TF1 ou M6) que Gaspard Noé.