Dossiers

Introduction à la série

Les épisodes de la saison 1

Les épisodes de la saison 2

Les épisodes de la saison 3

Les épisodes de la saison 4

Les épisodes de la saison 5

Les Episodes de la saison 6

A signaler d'emblée que tous ces textes devraient être garantis sans importants spoilers.

  • 6.01- Reckoning (L'Homme qui nous a donné)
  • Réalisation : Charles S. Dubin
  • Scénario : Ed waters
  • Guest stars : Charles Bronson & Dick Foran
  • Première diffusion 13/09/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4/10

Le Pitch : John Grainger, accompagné par son régisseur, arrive dans une petite ville du Texas pour affaires ; il a emmené Elizabeth avec lui pour lui faire voir du pays et afin qu'elle prenne un peu de bon temps. Un bandit qui se trouve sur place remarque le Virginien et part vite de l’autre côté de la frontière prévenir Harge Talbot (Charles Bronson), son chef. Ce dernier le recherche depuis de nombreuses années, persuadé qu’il s'agit du traître qui les a dénoncés alors qu’ils allaient cambrioler une banque, ce fiasco s’étant soldé en plus par la mort de son frère bien-aimé. Il a pour idée de se venger et va dans un premier temps faire enlever Elizabeth...

Mon avis : Nous avions terminé la saison précédente sans grand enthousiasme ; malheureusement cette sixième ne démarre guère mieux, malgré la participation de Bernard Herrmann à la musique ainsi que celle de sa prestigieuse guest star qu’est pour la seconde fois Charles Bronson. Le comédien, qui allait vraiment faire décoller sa carrière deux ans plus tard avec le rôle de l’homme à l’harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, avait déjà participé à la série, dans Nobility of Kings durant la saison 4. Avant le film de Leone, Bronson commençait néanmoins déjà doucement mais sûrement à avoir ses fans grâce principalement à John Sturges (Les Sept mercenaires, La Grande évasion), et venait même deux ans plus tôt de se voir attribuer par Vincente Minnelli un très beau personnage dans son superbe et méconnu Le Chevalier des sables (The Sandpiper). Ici encore, Bronson reste charismatique et son interprétation tout à fait honorable à défaut d’être mémorable ; tout comme dans Nobility of Kings, il est tout autant crédible lorsqu’il se fait inquiétant que lorsqu’il retrouve son sang-froid, son calme et qu’une part d’humanité semble vouloir prendre le dessus. Il campe ici le rôle de Harge, le chef d’un gang qui se terre au Mexique depuis que le cambriolage d’une banque a foiré voici sept années. Son frère bien-aimé s’était fait tuer lors de ce hold-up raté faute à un "donneur" qui les avait dénoncés à la police. Cette "balance", Harge est persuadé qu’il s’agit du Virginien.

En effet, à cette époque, ils travaillaient comme cow-boys dans la même équipe et Harge avait alors proposé au Virginien de faire partie du coup. Le futur régisseur de Shiloh avait refusé. Mais puisque ce dernier était le seul à l’exception des autres membres du gang à connaitre l’existence de ce cambriolage, il va de soi que Harge l'a toujours cru coupable de cette trahison. Pourtant par loyauté, le Virginien n’avait averti personne ; le finale de l’épisode, quitte à faire grincer quelques dents, poursuivra cette éthique indulgente. Une piste dramatique passionnante que celle de cette probité peut-être mal placée pour certains, mais néanmoins grandement humaine et tolérante, que l’auteur Ed Waters ne parviendra pas à enrichir, l’ensemble de son scénario peinant à nous captiver. Il s'agit du gros point faible de cet épisode, sinon assez efficacement réalisé. Car oui, Charles S. Dubin semble vouloir redonner un peu d’ampleur à la série, à la manière d’un Don McDougall, en prenant son temps pour filmer de belles chevauchées sans transparences et à travers des paysages non seulement très agréables à l'oeil mais qui également se renouvellent un peu par rapport à ceux habituels que l’on commençait à connaitre un peu trop par cœur. Quant au style musical de Bernard Herrmann, il ne faut pas plus de deux notes successives pour le reconnaitre ; seulement, le compositeur commençait sérieusement à tourner en rond et si ses morceaux mouvementés possèdent toujours autant de puissance lyrique, ses autres thèmes deviennent vite rébarbatifs et lassants, toujours construits sur le même mode du "tournoiement" justement.

Nous ne ferons pas plus longuement la fine bouche en ce qui concerne la forme qui se révèle néanmoins tout à fait satisfaisante. Non, là où le bât blesse avant tout comme nous l’avons déjà dit, c’est au niveau de l’écriture. Ce n’est pas le suspense qui manque à partir du moment où le Virginien est kidnappé par les hommes à la solde de Charles Bronson, d’autant que ces derniers sont des bêtes cruelles et sans scrupules... Sauf qu’ils sont dépeints à la hache, sans vraiment de nuances, n’attendant qu’une seule chose, que leur patron leur donne l’ordre d’abattre notre héros. On ne trouve pas plus de richesse dans la palette du personnage féminin, celui de la femme de Charles Bronson interprété par Miriam Colon (La Vengeance aux deux visages de Marlon Brando, L’Homme de la Sierra de Sidney J. Furie), un protagoniste fade, sans aucun charisme et à vrai dire un peu nunuche ; les auteurs du Virginien ne nous avaient pas vraiment habitués à autant de facilités jusqu’à présent. Le chef de la bande - Bronson - n’est guère mieux loti dans l’ensemble, pas plus que l’hôte des Grainger ou les shérifs que campent Dick Foran et Kenneth Tobey, sympathiques mais assez ternes eux aussi. On ressent surtout à travers les faiblesses de l’interprétation un manque de conviction de l’ensemble ; car comment s’intéresser au fait qu’Elizabeth, emprisonnée dans le repaire des hors-la-loi, soit chargée d’aider l’épouse du bad guy à accoucher tandis que le Virginien doit se démener à essayer de défaire ses liens pour s’évader de la grange où il est enfermé durant presque toute la durée de l'épisode ? Pour une reprise, ce n’est pas très motivant pour le spectateur qui sait pourtant très bien que les épisodes, indépendants les uns des autres, peuvent faire souffler successivement le chaud et le froid.

Nous aurons cependant eu quelques occasions de nous réjouir durant cette fiction médiocre mais plutôt bien réalisée et photographiée, notamment lors des séances de chevauchées assez enlevées en début et fin d’épisode, et nous aurons été très agréablement surpris par un finale optimiste auquel nous n'étions pas préparés et qui prouve une fois de plus le caractère de grande probité de notre Virginien. De Charles S. Dubin (véritable réalisateur de cet épisode, et non Abner Biberman comme indiqué dans imdb), plutôt que de ce The Reckoning ou encore du mélodramatique et larmoyant Letter of the Law, nous nous souviendrons de son remarquable The Laramie Road avec Harold J. Stone et Leslie Nielsen et pour thème principal le lynchage. Pour la petite histoire, il faut savoir que The Reckoning ainsi que l'épisode réalisé par Samuel Fuller dans la première saison avec Lee Marvin en guest star (pas vraiment ce qu’a fait de mieux le réalisateur) ont été réunis - je ne sais pas comment - pour en faire un film sorti en salles sous le titre Il était une fois deux salopards (The Meanest Men in the West), qui vient de sortir chez Elephant Films. Aux dires de certains, il serait totalement ridicule dans sa construction, ce qui n’est guère surprenant d'autant qu'il a été monté à partir d’éléments au départ on ne peut plus disparates.

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  • 6.02- The Deadly Past (La Liste)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Phyllis & Robert White
  • Guest stars : Darren McGavin
  • Première diffusion 20/09/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Trampas a reçu trois lettres consécutives contenant une liste de sept noms dont le sien ; il ne connaît aucune des personnes citées sauf qu’à chaque fois un nom est barré avec la mention R.I.P. Stacey, qui reconnait l’un des noms, donne un indice à Trampas pour le retrouver. Voulant savoir de quoi il en retourne et angoissé d’être sous la menace d’un inconnu, Trampas part enquêter dans une ville voisine et rend visite à la veuve d’un conducteur de diligence, le dernier nom à avoir été "rayé de la liste". Il arrive dans ce lieu accompagné d’un de ses "compagnons de liste" rencontré en chemin, un tueur à gages (Darren McGavin)...

Mon avis : La saison précédente avait vraiment mis du temps à décoller ; la sixième nous avait fait craindre la même chose mais The Deadly Past vient immédiatement nous rassurer après un premier épisode très décevant. Exit le Virginien, ici c’est au tour de Trampas de se retrouver en solo dans un de ces remarquables épisodes où il quitte seul la région pour une raison ou une autre, des épisodes en principe plus sombres que la moyenne et qui se sont quasiment tous révélés comme faisant partie des meilleurs de la série. The Deadly Past ne déroge pas à la règle, superbe whodunit à la manière d’Agatha Christie ; et pourtant c’est peu de dire que ces derniers ne sont en général pas trop ma tasse de thé. Mais ici le couple de scénaristes Phyllis et Robert White nous délivre un scénario constamment captivant, Abner Biberman ficelant le tout aux petits oignons et ayant parfaitement bien choisi son casting. Mais avant d’en reparler, revenons-en à ce postulat de départ très intrigant. L’épisode débute de manière habituelle, sur un ton assez léger, Stacey venant distribuer le courrier aux cow-boys de Shiloh, se moquant de Trampas en reniflant l’enveloppe qui lui est destinée, essayant de deviner le parfum utilisé par sa énième conquête féminine. Mais Trampas lui explique de quoi il en retourne et c’est évidemment bien plus grave que ce que Stacey imaginait...

Il s’agit de la troisième lettre anonyme sur le même modèle : elle contient une liste de sept noms dont le sien, à chacune des nouvelles lettres un nom est rayé avec la mention "Rest in Peace" et la date à laquelle la personne a été tuée. Il va de soi que Trampas ne voulant plus subir cette pression et cette angoisse perpétuelles, il préfère désormais aller de l’avant pour essayer de savoir qui est l’auteur de ces missives et de ces crimes qui précèdent leur envoi. Stacey connaissant l’un des noms, celui du dernier assassiné, un conducteur de diligence, Trampas se rend dans la petite ville où il vivait auprès de sa femme. Malgré l’aide proposée par Stacey, Trampas décide de régler seul cette dangereuse affaire. Le voilà donc parti loin de Shiloh et dès lors, le spectateur n’aura de cesse de s’inquiéter pour le sort de notre sympathique héros, s’attendant à chaque coin de rue et à chaque rencontre à ce qu’il se fasse dessouder. Bien évidemment, le suspense est éventé par le fait que l’on sache pertinemment que Trampas ne peut pas mourir vu qu’il sera au rendez-vous de la série jusqu’au dernier épisode ; néanmoins l’efficacité du scénario fait que nous ne sommes jamais vraiment tranquilles pour lui et que l'on se passionne pour cette enquête inhabituelle. Et cela dès la première confrontation nocturne de Trampas avec un homme qui va se révéler être lui aussi dans la même situation, à savoir faire partie de la fameuse liste mortelle.

On apprend bien vite qu’il s’agit d’un violent gunman dès lors qu’une de ses victimes, un modeste fermier délogé par un rancher sans scrupules, aura cherché à s’en venger cette même nuit pleine de surprises. Quoi qu’il en soit, Trampas s’en accommode et poursuit sa quête avec son nouvel allié dont on comprend très peu de temps après qu’il est l’ex-mari d’une des autres personnes listées, une jolie blonde qui est désormais l’épouse du shérif de la ville, chez lequel ils se rendent pour enquêter sur la mort du conducteur de diligence. Après de nombreuses réflexions, il s’avère que le seul point commun qui unit les sept noms de la liste soit une petite ville nommée Wicksville, où ils se sont tous rendus un jour. Il faut donc qu'ils y retournent puisque si c'est dans ce lieu que tout a commencé, la solution du mystère doit s'y trouver. Comme vous aurez pu vous en rendre compte à la lecture de cette description, on rencontre beaucoup de mystère, pas mal de suspense et énormément de retournements de situations au cours de cette intrigue superbement bien écrite. Le postulat est intrigant, le récit ne se relâche jamais même si comme l'on pouvait s'en douter la résolution n’est pas à la hauteur de ce qui a précédé. N’essayez même pas de vous transformer en Sherlock Holmes, il y a très peu de chances pour que vous réussissiez à résoudre l’énigme avant que le fin mot de l’histoire nous soit dévoilé au sein d’un flash-back dans un hôtel. Un flash-back d'ailleurs, une foi n'est pas coutume, assez bien fait : Biberman nous octroie de jolis plans - des éclairages jouent avec efficacité sur les ombres - ainsi que de beaux mouvements de caméra. Il en sera d'ailleurs ainsi tout du long, même l’utilisation des décors nocturnes en studio s’avère satisfaisante, le spectateur oubliant vite le côté factice de l’ensemble captivé qu'il est par une histoire bien servie par la mise en scène.

Quant au casting, il finit de faire de cet épisode l’un des plus réussis de la série : outre Doug McClure toujours excellent lorsqu’il se retrouve seul protagoniste récurrent, il faut noter les très belles prestations de Darren McGavin - déjà mémorable dans The Intruders (saison 2) dans le rôle de l’intelligent chef de gang avec comme homme de main un tout jeune David Carradine inquiétant à souhait - ici dans la peau du gunman ; de la jolie Mary-Robin Redd, dont on se souviendra longtemps de la gifle retentissante qu’elle administre à son ex-époux ; de Linden Chiles qui interprète son shérif de mari qui fait ici sa quatrième et dernière apparition dans la série, déjà parfait dans An Echo of Thunder dans la saison 5 également réalisé par Biberman ; et enfin de Bing Russell, un habitué de la série, ici dans le rôle du principal suspect. Une fiction solidement écrite - qui en profite même pour aborder en sous-main des thématiques très westerniennes comme celle des expropriations des petits fermiers par de gros ranchers -, superbement jouée et rondement menée qui devrait plaire au plus grand nombre - notamment aux friands de mystères policiers - et y compris à ceux qui ne sont pas spécialement attirés par le western. Pour information, sachez que cet épisode fait partie de ceux diffusés sur la 2ème chaine de l’ORTF, plus précisément en deuxième partie de soirée le samedi 30 juin 1973. Maintenant nous attendons au moins aussi bien de Don McDougall, qui prend le flambeau dès l'épisode suivant.

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  • 6.03- The Lady from Wichita (Une  dame de Wichita)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : True Boardman
  • Guest stars : Joan Collins
  • Première diffusion 27/09/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Un rancher voisin de Shiloh décède et laisse ses terres et sa fortune en héritage à une mystérieuse Lorna (Joan Collins) dont personne ici n’a jamais entendu parler. Il s’agit d’une femme de Wichita qui arrive à Medicine Bow avec sa "tante". Ce qu’elles s’efforcent bien de cacher aux habitants de cette petite ville tranquille, c’est qu’elles étaient au Kansas tenancières d’un saloon qu’elles ont vendu pour venir toucher cette somme colossale avec dans l’idée de s’en servir pour ouvrir une autre maison à San Francisco. Sauf que Trampas tombe sous le charme de Lorna et que cette dernière n’est pas insensible aux égards de la population.

Mon avis : Que plaisir juste après le captivant The Deadly Past de tomber à nouveau sur une superbe réussite mais dans un ton totalement opposé, très léger cette fois sans que l'ensemble ne sombre une seule seconde dans la gaudriole. The Lady from Wichita nous fait un peu penser au 4ème épisode de la série, l’attachant et amusant The Big Deal d'Earl Bellamy, au cours duquel se pavanait un mémorable Ricardo Montalban. Comme à cette époque-là de ma découverte de la série, j'avoue avoir éprouvé une petite appréhension avant de visionner ce Lady from Wichita, surtout après les déconvenues durant la saison précédente causées par des épisodes à l’atmosphère frivole - un adjectif néanmoins aucunement péjoratif de mon point de vue. Ayant lu qu'il s’agissait d’un épisode s’apparentant à une comédie, j’ai craint à nouveau de tomber soit sur une pantalonnade un peu lourde soit sur un épisode un peu naïf voire mièvre, d’autant plus lorsque l’on sait que cette fiction narre le récit de deux tenancières de saloon allant au contact des habitants de Medicine Bow retrouver une certaine "respectabilité", avec tout ce que cela pourrait faire sous-entendre de moralisme bon teint. Mais j’aurais dû ne pas m'effrayer pour si peu car l'épisode s’avère tout à fait harmonieux dans le mélange des genres, la légèreté des trois premiers quarts allant bifurquer ensuite vers plus de gravité sans que cela ne détonne ni ne tourne au mélodrame. Le ton reste constamment juste d’autant que la direction d’acteurs s’avère parfaite avec notamment deux guest stars féminines absolument adorables de charme et de malice.

Il faut dire que l'épisode est signé par le plus talentueux de ceux ayant travaillé sur la série, Don McDougall, alors que True Boardman commence sérieusement à se faire le spécialiste des histoires - légères ou graves - à tendances féministes. C’est lui qui avait déjà récemment écrit Doctor Pat sur la femme-médecin ayant du mal à se faire accepter dans la prude communauté de Medicine Bow. Ici, ce sont deux femmes de Wichita, Lorna et Belle, qui y tiennent une maison de jeux ; la plus jeune hérite d’une fortune et des biens d’un gros rancher du Wyoming qui vient de décéder. Énormément d'étonnement ici et là puisqu’à Medicine Bow jamais personne n’a entendu parler de cette dame alors qu’encore plus surprenant, Lorna ne sait pas qui peut bien être son donateur ! Quoi qu’il en soit, elle ne va pas cracher sur une telle aubaine et la voilà partie avec son associée pour récupérer l'argent de son bienfaiteur inconnu. Elles se font évidemment passer pour des femmes très honorables qui connaissaient le mort afin de ne pas trop se faire remarquer et d'éviter trop de questionnements. Elles ont dans l’idée de récupérer la somme qui résulterait de la vente de la propriété afin d’aller ouvrir un saloon de luxe à San Francisco. Mais après un long voyage depuis le Kansas, à peine arrivée sur place, Lorna, la plus jeune, commence à se prendre au jeu d’un changement de vie dès qu’elle découvre le domaine et la maison dont elle est désormais propriétaire. De plus, elle tombe sous le charme de la région et de ses habitants qui ne manquent pas d’attentions à son égard.

Le régisseur du domaine lui apprend néanmoins que, ne se sentant pas travailler pour une femme, il démissionne ; son voisin John Grainger a alors dans l’idée de lui prêter Trampas pour lui enseigner le métier d’éleveur le temps qu’elle trouve un nouvel intendant. Comme vous l’aurez deviné, Trampas accepte avec grand plaisir d’autant qu’il compte bien se faire une nouvelle petite amie de sa ravissante patronne aux manières cependant parfois incompréhensibles de la part d’une supposée "grande dame". L’on comprendra certainement sans difficultés le ton de comédie de cet épisode et les quiproquos qui peuvent découler du fait que deux femmes "de mauvaise vie" se fassent passer pour des dames très respectables, s'obligeant à se rendre à l'église, se faisant inviter par les membres de sociétés de couture, par les vieilles dames de l’orphelinat et celles des œuvres de charité... Même si ce changement ne plaît guère à Rose, qui insiste auprès de Lorna pour vendre et se rendre à San Francisco, la jeune femme voit au contraire l’occasion de pouvoir changer de vie... jusqu’au jour fatal où l’un de ses anciens "clients" arrive à Medicine Bow et décide de la faire chanter sous peine de révéler aux habitants sa véritable identité. Je n’en dirai pas plus sauf que le final n’est absolument pas moralisateur mais au contraire sacrément délicieux, le secret des deux femmes quant à leurs précédentes activités n’en ayant peut-être pas été un pour tout le monde, et la partie plus sombre ne sombre néanmoins à aucun moment dans une noirceur qui n’aurait pas eu lieu d’être et aurait semblé peu crédible.

Malgré quelques savoureuses apparitions de Ryker et Stacey - ce dernier se désespérant de ne pas être à la place de Trampas auprès de Lorna - voici un deuxième épisode consécutif avec le seul Doug McClure en acteur principal parmi les protagonistes récurrents de la série. Et il s’avère à nouveau très convaincant, tout autant que la ravissante Joan Collins - que l’on ne présente plus -, la piquante Rose Marie qui aurait mérité d’être plus connue malgré une carrière assez prolifique débutée à 10 ans, ainsi que Harry Lauter parfait en maître-chanteur. Ajoutez à tout ceci un excellent thème musical, d'amples panoramiques sur de beaux paysages, une réalisation très professionnelle... et vous aurez un épisode de très grande qualité que, comme le précédent, même ceux qui n’ont que peu d’affinités avec le western devraient pouvoir grandement apprécier. Les aficionados pourront en revanche être déçus par le manque d’action, de tension et de suspense. A l'actif du progressisme de la série, on appréciera une communauté de Medicine Bow prête à accepter et à se lier d’amitié avec les femmes pécheresses fustigées par leur révérend, mais qui lui aussi saura reconnaitre in fine le grand cœur de ces deux femmes. Certes, il s'agit un sujet pas tout neuf basé sur les quiproquos qui naissent par la dichotomie entre la position sociale annoncée et réelle de deux protagonistes mais on trouve beaucoup d’humour et jamais de lourdeurs pour ce qui reste un épisode extrêmement plaisant, très bien écrit, très bien réalisé et très bien interprété. Uagréable moment de détente et une véritable bouffée de fraicheur en partie due à une Joan Collins, aussi jolie que pleine de vitalité.

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  • 6.04- Star Crossed (L'Homme de l'Oklahoma)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Don Tait
  • Guest stars : Tom Tryon
  • Première diffusion 04/10/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6/10

Le Pitch : Alors que Ryker croit reconnaître un vieil ami en la personne d’un fermier arrivant pour s’installer à Medicine Bow, ce dernier, Cliff Darrow (Tom Tryon), lui dit qu’il doit faire erreur, trop d’oreilles indiscrètes l’entourant à son avis. Mais lorsqu’ils se retrouvent tous deux seuls, l’étranger demande à Ryker de ne pas dévoiler sa véritable identité. En effet, recherché par la police, il s’est enfui et a changé de nom afin de ne pas être retrouvé. Un cruel dilemme pour Ryker qui ne sait pas quoi faire : être loyal envers son ami au risque de perdre son poste ou le livrer à la justice pour le plus grand malheur de son épouse et de son fils adoptif ?

Mon avis : Alors que ce Star Crossed est globalement très fortement apprécié par une majorité - remarquablement bien noté sur imdb par exemple - je dois avouer avoir éprouvé une certaine déception malgré son niveau certes très honorable et sa belle histoire d’amitié. Mais j’attendais mieux d’un des rares récents épisodes à mettre Clu Gulager sur le devant de la scène et surtout au vu de la passionnante thématique mise en avant, celle de la loyauté envers un ami, qui aurait dû nous émouvoir plus intensément. La faute de cette relative fadeur d’ensemble incombe, à mon humble avis, à une écriture manquant de mordant de la part du scénariste Don Tait ainsi qu’à une direction d’acteurs d'Abner Biberman ici un peu relâchée. Ce récit avait pourtant tous les atouts pour être susceptible de nous bouleverser s’il était tombé entre les mains de l’autre réalisateur clé de la série, Don McDougall. Don Tait - qui travaillera dans les années 70 principalement pour les studios Disney et ses films non animés - manque en effet un peu de conviction, comme c’était déjà le cas pour ses deux précédentes participations au Virginien, Two Men Named Laredo et Ride to Delphi, deux épisodes pourtant eux aussi grandement appréciés par les amateurs de la série. Donc qui sait si vous ne serez pas vous aussi dans ce cas de figure ? La scène d’introduction met cependant d’emblée mal à l’aise, les auteurs semblant avoir oublié que la série avait débuté par un épisode impitoyable à l’encontre de la peine de mort : ici Ryker, le Virginien et Stacey se montrent au contraire grandement satisfaits d’une pendaison qui vient d’avoir lieu. Mais passons !

Puis Ryker est étonné de voir arriver en ville un homme qu’il croit reconnaître, Cliff Darrow, ex-compagnon d’aventures et de coups pas spécialement glorieux. Heureux de cette rencontre, il va le saluer mais ce dernier lui dit qu’il y a méprise, de ne pas s’appeler ainsi mais Andrew Hiller. Il est accompagné de son épouse, de son beau-fils, un jeune garçon de 8 ans, et il vient de s’installer en tant que fermier aux alentours de Medicine Bow. Mais personne n'est dupe et, se retrouvant tous les deux seuls, ils peuvent enfin parler tranquillement : Darrow supplie son ami d’oublier son passé ; car s’il cache son identité c’est parce qu’il est recherché par la police pour un suppisé simple cambriolage et qu’il ne veut pas que la femme qu’il vient d’épouser, veuve depuis peu, découvre que son ancienne vie été faite de menus larcins puisqu’il a désormais définitivement décidé de se ranger. Un cruel dilemme pour Ryker ; en tant qu’homme de loi devrait-il dénoncer son ami ou bien par loyauté et convaincu de sa bonne foi, en voyant que Darrow est revenu sur la bonne pente, doit-il fermer les yeux et occulter le fait qu’il soit recherché ? En son âme et conscience, il prend la décision de ne rien dévoiler et même de lui apporter son aide pour démarrer dans sa nouvelle vie, profitant de ses moments libres pour lui donner un coup de main pour son installation. Ce qui rend le shérif un peu curieux. Pas de chance pour Darrow, le Virginien a recruté voilà peu un homme qui le reconnaît lui aussi et qui n’a pas les scrupules de Ryker. Il se rend chez le shérif pour consulter les avis de recherche, bien décidé à empocher la récompense s’il y en a une. Et effectivement, Darrow est recherché... pour meurtre. Avant de tenter sa chance auprès du shérif, il essaie de faire chanter Darrow, espérant en tirer encore plus. Mais le maître-chanteur, chassé peu de temps avant de Shiloh pour fainéantise, est retrouvé mort, et Darrow volatilisé. Le shérif, qui sait désormais tout de ce dernier, commence par destituer son adjoint, estimant que tout ce qui vient de se produire de tragique est avant tout dû à son silence, le fait d’avoir caché un meurtrier n'étant pas pardonnable pour un homme de loi.

Ryker, qui n’admet pas avoir été trahi par son ami, part à sa poursuite, l'appréhende sans grandes difficultés et le ramène en ville afin qu’il y soit jugé. Sauf qu'il ne s'attendait pas à ce que Darrow soit condamné à être pendu après avoir plaidé coupable pour le crime qui lui était imputé, s'étant vu acculé et poussé dans ses derniers retranchements par un homme qui avait l'intention de l'essorer et de révéler son passé à sa nouvelle famille ! Nous ne vous dévoilerons pas le dénouement et son coup de théâtre final moyennement convaincant, mais au vu de cette description du récit, on comprend l’énorme potentiel émotionnel qu’il y avait, les questionnements moraux que cela allait impliquer, la détresse de tous les personnages, aussi bien le condamné que sa femme, son fils et Ryker qui se voit ainsi responsable de la mort prochaine d’un de ses meilleurs amis. L’ensemble se suit sans ennui et avec beaucoup de plaisir, mais sans grande passion non plus faute à des comédiens qui soit paraissent moins convaincus qu’à l’habitude (Tom Tryon, bien plus mémorables à l’intérieur de la série dans The Man from the Sea ainsi que dans The Girl on the Glass Mountain, idem pour Lisabeth Hush dans le formidable The Payment) soit que leur jeu semble moins tenu d’ordinaire comme c’est le cas pour Clu Gulager qui nous avait habitués à un peu plus de finesse même si son travail est loin ici d’être mauvais. Il faut dire aussi que les personnages, aussi attachants soient-ils, manquent un peu d'épaisseur et l’on ne peut que constater la fadeur de ceux campés par Brian Nash (l’enfant) ou Kiel Martin (le maitre-chanteur). Ce manque de rigueur dans la direction d’acteurs et cette faiblesse dans l’écriture empêchent l’épisode de se hisser aux sommets pourtant prometteurs sur le papier.

Ma déception étant validée, il serait dommage d’en rester sur une note médiocre d’autant que ce ne serait absolument pas mérité. Nous aurons eu notamment l’occasion d’une intéressante réflexion sur le métier de shérif au travers des discussions passionnantes entre le shérif et son adjoint, les deux étant d’accord sur la difficulté de leur profession surtout lorsqu’il s’agit de faire appliquer des lois qu'ils désapprouvent ou de devoir faire profil bas face à des jugements pour lesquels ils sont en total désaccord. Nous retiendrons également une belle histoire d’amitié avec beaucoup de jolies scènes durant la première partie lorsque Ryker vient apporter son aide à la famille Darrow lors de son emménagement, la mise en place des barrières pour délimiter leur terrain et le regroupement des premières têtes de bétail du nouveau et modeste cheptel. Et nous ne pourrons enfin qu'approuver les auteurs - comme cela a d'ailleurs souvent été le cas tout au long de la série - par le fait de vouloir une fois de plus accorder une deuxième chance à chacun, la plupart des êtres humains étant capable de repartir sur de bonnes bases malgré un mauvais départ dans la vie. Un épisode qui devrait plaire à une majorité même s'il manque un peu d'ampleur à mon humble avis.

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  • 6.05- Johnny Moon (Johnny Moon)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Stanford Whitmore
  • Guest stars : Tom Bell & Ben Johnson
  • Première diffusion 11/10/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6/10

Le Pitch : Un groupe mené par Joe Hogan (Ben Johnson) tire sur un homme seul qui semblait les gêner, un certain Johnny Moon (Tom Bell). Laissé pour mort, il est retrouvé par le Virginien qui le conduit à Shiloh afin qu’il y soit soigné. Johnny Moon est d’origine anglaise et faisait partie de la police montée canadienne avant de la déserter pour partir à la poursuite de "braconniers" qui avaient également tué deux Indiens de ses amis. Un détective privé est à sa recherche, missionné par l’armée canadienne. Un choix cornélien pour le Virginien : doit-il aider son nouvel ami dans sa mission vengeresse ou doit-il le livrer aux autorités ?

Mon avis : Johnny Moon est un anglais très extraverti aux idéaux surprenants et à la philosophie ma foi assez curieuse pour l’époque, pensant avant tout à la sauvegarde de la nature et des animaux, capable d’en venir aux poings pour une corneille abattue, de faire sortir un scorpion de dessous une manche de pantalon en l'appelant comme s'il s'agissait d'un chaton - à la plus grande frayeur d'un Virginien ayant senti ses dernières heures venir ! Furieux de voir un groupe de chasseurs utiliser des méthodes légales mais qu’il trouve pour sa part scandaleuses et cruelles - à savoir tuer une bête dont la carcasse sera ensuite empoisonnée afin que cet appât fasse un massacre parmi le groupe de loups qui viendrait s’en repaitre - il déserte la police montée canadienne pour partir à leur poursuite et leur faire payer non seulement leurs méfaits animaliers mais également le meurtre de deux Indiens qui pour les autorités n’ont guère plus d’importance que les loups décimés. On comprend à la lecture de ce pitch que l’argument initial de cet épisode est assez original pour l’époque, à forte tendance environnemental et écologique avant l’heure. L’acteur britannique Tom Bell est vraiment réjouissant dans le rôle-titre, très volubile sans jamais être agaçant pour autant. Les amateurs de la série seront étonnés de voir l’habituellement plutôt sobre et réservé Virginien nous octroyer plusieurs rires fortement tonitruants à l’écoute des histoires de cet homme qu’il a sauvé et qu’il aurait bien voulu garder à Shiloh dans son équipe ; comme si James Drury s’était lâché et s'esclaffait véritablement devant les saillies de son convive.

Autre motif de surprise, après Bernard Herrmann qui s’était invité sur quelques épisodes pour en signer la musique, c’est au tour du non moins talentueux Leonard Rosenman (La Fureur de vivre - Rebel without a Cause de Nicholas Ray, La Gloire et la peur - Pork Chop Hill de Lewis Milestone, Le Voyage fantastique - Fantastic Voyage de Richard Fleischer) de se faire reconnaitre dès les premières mesures de sa partition ; impossible de cacher son identité au vu de l’orchestration et du style qu’il déploie d’emblée sur un superbe et ample panoramique de presque 360°. S’étant a priori plu à faire cet exercice, il reviendra officier sur cinq autres épisodes. On appréciera également la mise en scène d'Abner Biberman, qui nous offre quelques excellentes scènes d’action, notamment la première séquence du guet-apens au cours de laquelle Johnny Moon est laissé pour mort - une fois n'est pas coutume, les noms des principaux participants à l'épisode arrivent immédiatement et non pas après un long prologue - jusqu’au final pétaradant voyant notre intrépide Anglais essayer presque à lui seul de décimer la bande des "tueurs de loups". Une réalisation non sans efficacité, une histoire assez curieuse et bien aérée se déroulant souvent en extérieurs dans des paysages rocailleux où se cachent nos ignobles "braconniers" ; un chef de ce groupe impeccablement interprété par le toujours aussi charismatique Ben Johnson (qui fut toujours parfait, que ce soit chez John Ford ou Sam Peckinpah) ; un protagoniste principal très attachant... Dommage que le scénariste Stanford Whitmore nous délivre un scénario qui manque de rigueur et de finesse car autrement tous les éléments étaient là pour accoucher d’un grand épisode.

Johnny Moon - l’épisode comme le protagoniste d’ailleurs - s’avère également un peu trop bavard, certaines séquences se révèlent être étirées plus que de raison, faisant parfois poindre l’ennui. On comprendra néanmoins qu’avec un tel personnage les auteurs aient voulu lui donner toute latitude pour s’exprimer d’autant que ses idées s’avèrent aussi surprenantes qu’admirables, surtout face à la rudesse de l’époque et de ses hommes. Nous trouvons également une réflexion passionnante sur la différence entre ce qui est légal et ce qui est juste, les actes légiférés pouvant s’avérer dans les faits profondément arbitraires et discutables quant à la morale. Le Virginien, au départ assez sceptique, en vient plus ou moins à comprendre ce mode de raisonnement à tel point qu'il décide d'accompagner Johnny pour accomplir l'acte illégal qu'il s'est mis en tête, mettre fin aux agissements cruels du groupe conduit par Ben Johnson. On est également témoin d’un double poursuite, celle donc des "chasseurs criminels" par Johnny Moon, celui-ci étant dans le même temps poursuivi par un détective privé missionné par l’armée canadienne pour le ramener afin d’être mis sur le banc des accusés et jugé pour désertion. Bref, un programme assez chargé... peut-être un peu trop pour que l’ensemble soit globalement satisfaisant sur tous les points, chacune des pistes dramatiques n’ayant pas le temps d’être enrichie correctement.

Un épisode tout à fait honorable et très curieux mais pas aussi réussi qu'on l'aurait souhaité. Cela étant dit, nous nous souviendrons sans doute longtemps de l’image de ce grand dégingandé en plein milieu d’un paysage désertique, sortant de derrière son rocher revêtu de sa tunique écarlate de la police montée canadienne, se montrant à découvert avec un courage déraisonnable et n’éprouvant aucune peur alors qu’il frôle la mort à chaque coup de fusil de ses ennemis acharnés. Une histoire très intéressante que cette expédition vengeresse pour laquelle un déserteur de l’armée canadienne entraîne un Virginien un peu dépassé par les évènements et déconcerté par le tempérament de son "invité" (impossible d’oublier la séquence du scorpion déjà évoquée en début de texte) ; il manque donc juste un peu de rigueur dans l’écriture et de rythme dans l'ensemble mais sinon Johnny Moon devrait plaire à une majorité de téléspectateurs.

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  • 6.06- The Masquerade (Shérif pour rire)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Norman Katkov
  • Guest stars : Lloyd Nolan & David Hartman
  • Première diffusion 18/10/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : L’employé de banque George Foster (David Hartman) reçoit un courrier qui lui apprend l’arrivée prochaine de son père (Lloyd Nolan), un ancien célèbre shérif ; voyageant en train, il doit en profiter pour venir saluer son fils durant une brève halte de 2 heures à Medicine Bow. Afin de ne pas le décevoir, George a toujours fait croire à son père qu’il exerçait le même métier que lui ; pour que cette mascarade continue, tous les habitants acceptent de se plier au jeu durant ce bref laps de temps... Sauf que la voie ferrée ayant été endommagée, le père devra demeurer trois jours complets sur place. George est complètement désemparé...

Mon avis : Si l’on s’en tient au seul titre français, il est fort à craindre que la plupart de ceux qui sont allergiques aux comédies westerniennes feront demi-tour sans même jeter un œil à cet épisode, certes léger et non dénué d’humour, mais à cent lieues d’une comédie lourdingue à laquelle on pouvait s’attendre. Outre en l’occurrence le scénariste Norman Katkov, nous ne remercierons jamais assez le réalisateur Don McDougall sans qui la série n’aurait jamais été aussi attachante, nous ayant jusqu’à présent offert un sans-faute au travers de tout un tas de très bons épisodes, que leur ton soit dramatique ou non. Il en signera 42 au total et aura également participé à quasiment toutes les séries cultes des années 60 et 70, dans le domaine du western et autres. Et encore une fois, il nous gratifie ici d’une fiction tout à fait savoureuse, dans la lignée et du niveau de sa première incursion dans cette sixième saison, le réjouissant The Lady from Wichita avec Joan Collins en guest star. Le thème principal de The Masquerade ressemble un peu à ceux de ces westerns du style Destry Rides Again (Femme ou démon) dans lesquels le personnage du shérif est un homme qui a priori n’en a absolument pas la carrure, souvent un tenderfoot timoré ou (et) naïf n’ayant jamais fait de mal à une mouche. Et comme c’est déjà le cas dans cet exemple cité, la réussite est au rendez-vous sans que jamais l’ensemble ne sombre ni dans la gaudriole ni dans la vulgarité attendues.

Il faut dire aussi que David Hartman - la même année aux côtés de Doris Day dans The Ballad of Josie d'Andrew V. McLaglen - se révèle un choix absolument parfait pour ce rôle d’un modeste employé de banque devant se faire passer quelques jours pour le shérif d’une petite ville le temps que son père, qui vient rapidement lui rendre visite, puisse continuer à en être fier. En effet, George lui a toujours fait croire avoir suivi la même voie que lui, à savoir faire respecter la loi et l’ordre. L’épisode débute par une séquence au cours de laquelle notre sympathique antihéros sort de chez la belle Laura qui vit seule avec son fils d’une dizaine d’années. Cela fait plusieurs mois - "One year, eight months, and two weeks" plus exactement - qu’il s’y rend tous les samedis soirs avec l’espoir sans cesse renouvelé qu’il aura enfin le courage de lui demander sa main. Laura n’est pas dupe de la cour qu’il lui fait mais aime le laisser mijoter d’autant que son veuvage lui pèse encore ; quant au fils de cette dernière, il s’avère posséder un caractère bien trempé voire parfois irrespectueux qui par contraste rend celui de George encore plus faible. Une délicieuse entrée en matière, déjà constamment juste dans l’écriture des protagonistes. Et effectivement, George ne sera jamais un personnage moqué par les auteurs, seul Trampas s’en amusera mais avec bienveillance, profitant de la situation, lors de séquences assez cocasses, pour inventer des actes héroïques à ce shérif malgré lui. Le problème de George est qu’il ne sait donc pas comment cacher à son père qu’il est en fait un modeste employé de banque. Après que le Virginien a tenté de lui faire comprendre qu’il s’agissait d’un métier tout à fait honorable et dont il ne devrait pas avoir honte, comprenant que George ne voudrait néanmoins pas déroger et l’avouer à son paternel, il décide avec Ryker et la complicité de tous les habitants de mettre en place cette "mascarade", d’autant que celle-ci doit durer à peine deux heures. Mais voilà que l’on annonce le déraillement d’un train et son dommage collatéral qui fait que la circulation ne pourra pas reprendre avant trois jours.

Cette gentille tartuferie devra ainsi durer bien plus longtemps, ce qui n’est pas pour arranger le banquier pour qui son employé modèle est devenu indispensable. Très belle idée que celle de ce patron conciliant, acceptant de se prêter au jeu lui aussi en laissant George aller exercer son faux métier la journée et en lui confiant la clé de la banque pour qu’il vienne mettre à jour en cachette quelques dossiers dès qu’il en aurait le temps. Une marque de confiance et de grand respect que George apprécie, ce qui ne l’empêche pas d’avoir ensuite du mal à exercer ses deux fonctions par manque de sommeil... surtout lorsqu’au moment d’enfin pouvoir se coucher, il est réveillé à la minute même où il plongeait dans les bras de Morphée par sa "fiancée" qui vient lui dire que son fils vient de fuguer. Image drôle et cocasse suivie par celle toute aussi savoureuse où il part à la recherche du jeune garçon et où il manque de peu de tomber de cheval à chaque pas tellement il est fatigué. Même si les auteurs parviennent à éviter tous les pièges inhérents à ce genre de pitch, à savoir ne pas nous octroyer une farce pas drôle basée sur l’humiliation du pauvre bougre qui se voit du jour au lendemain parachuté dans une position qui lui est inconfortable, le récit est ponctué d’humour et de séquences réjouissantes comme celle du premier verre de whisky ingurgité cul-sec par le pied-tendre, la séance de tir alors qu’il n’a jamais tenu une arme... Mais encore une fois sans que jamais l’ensemble ne paraisse exagéré. Connaissant le talent, la délicatesse, l’intelligence et le tact de Don McDougall, j’imagine qu’il doit avoir sa part dans le fait que The Masquerade reste tout du long une comédie si ce n’est spirituelle, en tout cas hautement divertissante et plus qu’honorable par son humanité et sa tendresse ; le seul reproche qu'on pourrait lui faire est qu'elle se rapproche par son écriture parfois un peu trop d’un film à sketchs.

On se souviendra longtemps du coup de théâtre final totalement inattendu, des relations entre George et son père (le toujours superbe Lloyd Nolan : La Légion des damnés de King Vidor, Le Lys de Brooklyn d'Elia Kazan, La Dernière chasse de Richard Brooks, Susan Slade de Delmer Daves), celles non moins attachantes entre George et Laura (charmante Diana Muldaur, l’héroïne de la série Vivre Libre mais aussi à l’affiche de films comme L’Autre de Robert Mulligan ou Un Silencieux au bout du canon de John Sturges) ainsi que de nombreuses scènes en extérieurs vraiment très bien réalisées, y compris les séquences d’action mouvementées de la fin, notre apprenti shérif se trouvant dans l'obligation d'arrêter un gang de hors-la-loi. On est très content d'avoir appris que David Hartman allait la saison suivante intégrer la série dans un rôle récurrent, en espérant que sa prestation sera au moins aussi mémorable que dans cet épisode. A noter aussi qu’après Bernard Herrmann et Leonard Rosenman, c’est au tour de Dave Grusin de tenir la baguette avec une partition qui fait facilement son bout de chemin dans notre tête. Nous espérons une saison qui se maintiendra à ce niveau, tout autant dans la gravité que dans la légèreté ; au niveau de cet hymne à l’entraide et à la fraternité, à l’estime de soi et à l’acceptation de son tempérament et de ses désirs même si ces derniers pourraient n’être vus que comme bien modestes. Une très jolie histoire jamais mièvre ! “When a sheriff goes after outlaws he's just doing his job, but when a bank clerk does he's brave, foolish maybe, but brave.”

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  • 6.07- Ah Sing Vs. Wyoming (Le Procès de Ah Sing)
  • Réalisation : Charles S. Dubin
  • Scénario : Irve Tunick
  • Guest stars : Edmond O'Brien
  • Première diffusion 25/10/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Ah Sing, le cuisinier de Shiloh, décide de quitter les Grainger pour aller s'occuper de son propre restaurant à Medicine Bow. Alors qu’il va demander son autorisation pour ouvrir son établissement, le juge de paix le lui refuse par le seul fait d’être chinois ; les ranchers ne veulent pas contrarier le juge de paix qui doit actuellement résoudre un problème de voisinage qui les concerne. Mais Ah Sing, qui tient absolument à mener son idée à terme, va se battre seul comme un beau diable pour faire cesser cette injustice, son affaire étant portée par un avocat alcoolique (Edmond O’Brien) jusque devant la Cour suprême...

Mon avis : De prime abord, deux intrigues semblent se chevaucher dans ce très bon épisode puisqu’il débute par une réunion entre ranchers qui s’inquiètent du déclenchement probable d'une sanglante War Range ; en effet, un de leurs voisins vient de barricader sa propriété, ce qui condamne par la même occasion l’accès de leurs bêtes dans les pâturages qui se situent de l’autre côté des terres de ce gêneur. Puis l’on s’intéresse à un tout autre sujet, celui du départ de la maison des Grainger de leur cuisinier, un Chinois du nom de Ah Sing. Les trois membres de la famille ne cachent pas leur tristesse et raillent les capacités de cuisinière d’Elizabeth comme quoi ils vont dorénavant mal être nourris. Sa fiancée n’allant pas tarder à arriver aux États-Unis, Ah Sing a en fait décidé de travailler désormais à son compte en ouvrant un restaurant à Medicine Bow. Il a déjà loué un local et y a fait tous les arrangements pour que son établissement puisse commencer à proposer ses services dans les jours qui viennent. Seulement, alors qu’il l’inaugure avec des invités qu’il apprécie plus que tout et notamment les Grainger, Ryker vient faire le rabat-joie en lui demandant de fermer son restaurant tant qu’il n’aura pas été demander l’autorisation au juge de paix. Ce qui semble aisé et devoir être réglé en quelques minutes ne va pas l’être, Ah Sing tombant sur un os en la personne de Temple qui refuse de lui accorder la licence par peur du "péril jaune" ; pour la tranquillité de la ville, il ne veut pas que l’un des membres de cette communauté puisse avoir pignon sur rue, estimant que les Chinois représentent déjà un peu la "racaille" qui met le "bazar" dans les rues de San Francisco... On ne peut plus actuel comme sujet ; la transposition est assez facile et parions qu'il résonnera très clairement pour beaucoup en ces périodes de xénophobie galopante.

Bref, d’un côté une réflexion sur le racisme, de l’autre une guerre des ranchs qui s’annonce : quel rapport entre les deux ? L’auteur Irve Tunick y répond avec clarté et intelligence, nous octroyant par la même occasion un scénario parfaitement bien agencé. Les ranchers emmenés par Grainger vont rencontrer le juriste Luke Evers afin qu’il trouve une solution à leur problème de voisinage. Ce dernier leur conseille d’aller demander au juge de paix de leur rédiger une injonction afin d’assigner en justice l’importun pour qu’il daigne retirer les barrières qui risquent de provoquer une véritable tragédie parmi les troupeaux de bovins. On se souvient qu’il s’agit du même homme qui refuse que Ah Sing ouvre son restaurant. Et donc, même si Grainger veut absolument défendre son ex-cuisinier et cette décision discriminatoire, Evers lui recommande de ne pas se mêler de cette affaire auquel cas le juge de paix risque de ne pas vouloir s’occuper de la question qui les préoccupe encore plus et qui risque de faire couler le sang. Les Grainger se voient en quelque sorte dans l’obligation de ne rien entreprendre pour porter secours au jeune Chinois, qui se voit ainsi privé de toute l’aide qu’on aurait pu lui apporter mais qui ne va pas se démonter pour autant, rouvrant son établissement à la fin de chacun de ses emprisonnements (séquences chez le shérif assez cocasses, au cours desquelles Ryker profite des dons culinaires de son prisonnier). Une situation qui met néanmoins très mal à l’aise toutes les parties mais qui donne à l’épisode une intéressante complexité et une belle dignité ; John Grainger, quitte à se fâcher avec ses amis, va tenter de recoller les morceaux dans les deux affaires en demandant du soutien à une de ses vieilles connaissance, un juriste avili par l'alcool.

Ce personnage est tenu par Edmond O’Brien, comédien que tout le monde connaît au moins de visage : il fut le policier infiltré dans le chef d’œuvre de Raoul Walsh, L’Enfer est à lui (White Heat) ; il tint aussi des rôles de grande importance dans des chefs-d’œuvre comme La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Comtessa) de Joseph Mankiewicz ou L’Homme qui tua Liberty Valance de John Ford. Enfin, les aficionados de westerns l'apprécient bien puisqu’il en tourna une bonne dizaine, que ce soit dans de médiocres séries B Paramount, celles de Byron Haskin entre autres, ou dans de grands films comme La Horde sauvage (The Wild Bunch) de Sam Peckinpah. Dans la peau de cet avocat déchu car alcoolique et qui ne cherche à trouver aucune excuse à son vice (ce n’est pas banal au sein d’une fiction hollywoodienne), il s’avère parfait, son discours final - permettant un happy-end de circonstance mais tout à fait émouvant - fustige avec une grande dignité l’atteinte à la liberté individuelle et aux fameux 5ème et 14ème amendements de la constitution. Ses partenaires, que ce soit Aki Aleong dans le rôle de Ah Sing, Lloyd Bochner (Le Point de non-retour de John Boorman, Fureur Apache de Robert Aldrich) dans celui de l’avocat représentant le Wyoming contre le restaurateur chinois, ou Robert Ellenstein (3h10 pour Yuma de Delmer Daves, La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock) dans celui du juge de paix raciste mais qui comprendra in fine son erreur, ils sont tous parfaitement bien dirigés, personne ne cabotinant outre mesure là où il était assez aisé de tomber dans ce piège de la surenchère.

Direction d’acteurs aux petits oignons, scénario solidement charpenté, réalisation toute à fait honorable. Voici un épisode peut-être un poil bavard et qui manque d’un peu de puissance mais qui n’en demeure pas moins constamment captivant et surtout d’une belle dignité dans sa défense des minorités et des droits civils, dans la critique de la pudibonderie américaine, de l’injustice et de la xénophobie ambiante. Il marque la dernière apparition de Charles Bickford dans le rôle du patriarche de Shiloh puisque le comédien décèdera d’une infection sanguine deux semaines après la diffusion télévisée de l’épisode. Notons qu’il s’agit peut-être là de sa meilleure interprétation dans ce rôle et qu’il tire ainsi sa révérence avec les honneurs, malgré le fait qu’il ait mis du temps à rentrer dans la peau de son personnage et qu’il ne nous fera pas oublier pour autant en tant que propriétaire de Shiloh ni Lee J. Cobb ni John Dehner. Rendons cependant un dernier hommage à ce formidable acteur que l'on a vu dans des centaines de films, et dont les adieux s’avèrent si ce ne sont mémorables néanmoins tout à fait dignes d’intérêt. "Something that is morally wrong can never be legally right", telle est la morale hautement recommandable de cet épisode qui ne l’est pas moins !

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  • 6.08- Bitter Autumn (Automne amer)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Ken Finley, Andy & Dave Lewis
  • Guest stars : Jeanette Nolan, John McIntire, John Anderson
  • Première diffusion 01/11/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Des cow-boys texans arrivent près de Medicine Bow avec un troupeau qu’ils doivent vendre à Shiloh. Malheureusement Trampas constate que les bêtes pourraient être infectées par la maladie du charbon. Un souci n’arrivant jamais seul, deux des membres du groupe s’étant rendus en ville pour fêter leur arrivée, l’un d’eux tue accidentellement une femme sous les yeux de son jeune fils. Le mari (John Anderson), ami des Grainger, espère que le "coupable" sera châtié par la justice auquel cas contraire il le punira lui-même. Pas facile à gérer pour Clay Grainger qui remplace à la tête de Shiloh son frère John parti en voyage d’affaires...

Mon avis : Bitter Autumn est un épisode d’une telle densité qu'il aurait mérité d’être traité en deux parties, d’autant plus qu’il marque également la venue de nouveaux arrivants à la tête Shiloh, le frère de John, Clay, et son épouse Holly que l’on va retrouver tous deux durant un grand nombre d’épisodes. Néanmoins, grâce à Don McDougall dont la mise en scène est toujours aussi affutée, à la qualité du scénario et de l’interprétation, sans atteindre des sommets faute à trop de pistes dramatiques à traiter en même temps, Bitter Autumn est une très belle réussite. Après la mort de Charles Bickford quelques semaines auparavant, on assiste donc ici à l’arrivée du quatrième patron de Shiloh, Clay Grainger, frère de John. Les scénaristes, qui ont été pris de court par le décès prématuré du comédien, n’ont pas encore eu l’idée de faire mourir son personnage dans la série - peut-être cela ne sera-t-il jamais fait - et ont trouvé comme excuse un voyage d’affaires du vieil homme avec son petit-fils Stacey. Lorsque l’épisode débute, Clay et sa femme Hollie sont déjà installés à Shiloh ; ils sont venus pour accueillir des cowboys texans tout juste arrivés pour leur vendre du bétail. Après l’inoubliable Lee J. Cobb qui en a sans doute eu assez au bout d’un moment, le génial John Dehner malheureusement peu apprécié par les fans de la série à cause de son personnage trop rigide, ainsi que Charles Bickford qui avait malgré tout un peu gâché la saison 5 par son apparent manque de conviction - mais qui s’était rattrapé par la suite et qui dans ses dernières apparitions nous avait fait belle impression -, c’est au tour du formidable John McIntire de venir diriger le ranch, notre Virginien restant bien évidemment son régisseur.

Tous les cinéphiles et amateurs de westerns le connaissent parfaitement bien ; au sein de ce genre, il a tourné avec la plupart des maîtres et l'on ne compte plus ses participations à de très grands films voire à quelques chefs-d’œuvre : Convoi de femmes de William Wellman, Le Traître du Texas de Budd Boetticher, Fort Bravo de John Sturges, Victime du destin de Raoul Walsh, Bronco Apache de Robert Aldrich ; Winchester 73 et Je suis un aventurier d'Anthony Mann... Autant dire qu’il s’agissait d’un comédien chevronné pour ce genre de rôle et, effectivement, il se glisse sans aucun mal dans la peau de Clay Granger. Pour la première fois, le patron du ranch Shiloh sera accompagné de sa femme, les précédents ayant tous été veufs. Et les auteurs ont eu la très bonne idée d’octroyer ce personnage à l’épouse à la ville de John McIntire, la douce et charmante Jeannette Nolan que l’on a pu voir dans de très nombreux films hollywoodiens, y compris elle aussi dans des westerns et non des moindres : Saddle Tramp de Hugo Fregonese, The Secret of Convict Lake de Michael Gordon, Le Relais de l'or maudit de Roy Huggins, Ville sans Loi de Joseph H. Lewis ou encore L'Homme qui tua Liberty Valance de John Ford. Il va sans dire que le couple fonctionne à merveille et que nous sommes ravis d’avoir l’occasion de pouvoir les retrouver à de très nombreuses reprises tout au long de la série. Outre ces nouveaux venus, nous allons suivre une histoire composée de deux trames dramatiques, voire tragiques, d’une extrême importance : la maladie du charbon détectée par Trampas sur le troupeau qui doit leur être vendu, auquel cas les Texans auraient fait non seulement le voyage pour rien mais auraient également perdu énormément d’argent ; l’accident mortel provoqué par un des cowboys, sa balle ricochant alors qu’il s’amuse à tirer sur un poteau en pleine rue, tuant une femme qui passait par là accompagnée de son jeune fils. Vraiment pas de chance pour ce groupe, d’autant que la victime n’est autre que l’épouse d’un homme venu s’installer dans la région en tant que maquignon à la demande de sa femme pour y trouver un peu de quiétude et de sécurité après avoir exercé un métier qu’elle estimait trop dangereux pour leur famille, celui de shérif.

Ce dernier est interprété par l’excellent John Anderson, comédien qui aura été au casting de quelques-uns des plus mémorables épisodes de la série et notamment Harvest of Strangers ; on regrettera cependant ici qu’il soit réduit à une figure presque hiératique, cet ancien homme de loi ayant décidé de "camper" devant la prison sans un mot jusqu’à ce qu’il connaisse le dénouement du procès, bien décidé à se substituer à la justice si cette dernière devait s’avérer trop timorée. Intéressant personnage cependant tout comme les quelques cowboys texans dont ceux interprétés par Steve Carlson ou Richard X. Slattery. Ce scénario très dense est signé par Dave et Andy Lewis, ce dernier étant déjà à l’origine du remarquable Bitter Harvest au cours de la saison 5, réalisé lui aussi par Don McDougall avec en guest stars John Lupton, Russ Conway et Larry Pennell. Il fallait un solide talent d’écriture pour mettre en scène autant de nouveaux personnages et arriver à boucler le tout en à peine 75 minutes ; et même si l’on regrette que les auteurs n’aient pas eu l’occasion de prendre plus de temps pour enrichir ce grand nombre de pistes dramatiques toutes aussi captivantes les unes que les autres, leur travail se révèle objectivement de haute volée. On signalera aussi quelques changements au niveau de la photographie, Walter Strenge et ses beaux éclairages en intérieurs remplaçant Enzo A. Martinelli qui avait officié quasiment sur toute la saison précédente, ainsi que concernant la musique, le nouveau venu Ralph Ferraro qui apporte un style un peu différent de tout ce qui s’était fait jusqu'à présent au sein de la série, son orchestration utilisant souvent guitare sèche et piano.

S’il n’y a encore une fois rien à redire sur la mise en scène toujours aussi douce et précise de Don McDougall, pas plus que sur sa direction d’acteurs constamment parfaite, il n’y a pas non plus à s’inquiéter pour la résolution de l’intrigue que l’on aurait pu penser un peu trop expéditive. Il n’en est rien et après une efficace montée de tension dramatique, les solutions trouvées par les auteurs pour résoudre tous ces écheveaux sont non seulement assez crédibles mais d’une belle dignité notamment en ce qui concerne la vengeance attendue ; encore un bel exemple de non-violence recherchée. Et puis on peut noter la présence de nombreuses séquences très attachantes comme les deux au cours desquelles se retrouve seul le couple Grainger, ou encore celle du souper réunissant les Grainger, les cowboys, l’épouse et le fils du vendeur de chevaux juste avant que la femme se fasse bêtement tuer et après qu’elle a décrit avec une grande tendresse l’amour qui existait au sein de leur couple. Nous retiendrons également cette scène au cours de laquelle Hollie essaie de rassurer Elizabeth, qui s’inquiète à la fois du retour tardif de son frère et de son grand-père ainsi que de la situation inextricable dans laquelle se sont fourrés les cowboys, en lui disant cette phrase pleine de philosophie : "Life has a way of moving us along like a tree branch in a river. Sometimes it gets caught in a whirlpool but then breaks through and life goes on." Ce nouveau couple Grainger à la tête de Shiloh promet vraiment de bons moments !

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  • 6.09- A Bad Place to Die (Un endroit pour mourir)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Judith & Robert Guy Barrows
  • Guest stars : Victor Jory & Susanne Benton
  • Première diffusion 08/11/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Trampas est déclaré coupable de meurtre et condamné à être pendu ; en effet, dans cette petite ville du comté de Rock Falls, après qu’il a eu une dispute avec le fils d’un éleveur à propos du droit de passage des bêtes de Shiloh à travers ses terres, on a retrouvé le jeune homme mort, Trampas penché au-dessus avec une arme à la main. Le bourreau étant attendu dans six jours, Clay Grainger et le Virginien n’ont que ce court délai pour prouver son innocence. Tandis que le nouveau patron de Shiloh va remuer ciel et terre pour faire appel de la décision du tribunal, le Virginien part enquêter en infiltrant l’équipe de cowboys que dirigeait la victime...

Mon avis : Encore un épisode très dense et avec encore peut-être plus de pistes dramatiques et personnages que dans le précédent qui n’en était pourtant déjà pas avare. Les auteurs de Bitter Autumn s’étaient très bien sortis de cette abondance qui aurait pu facilement être rédhibitoire sur une durée aussi courte ; à nouveau il en va de même pour le couple/duo Robert Guy et Judith Barrows toujours sous la direction de celui que l’on pourrait qualifier de "bienfaiteur de la série", Don McDougall. Les scénaristes avaient auparavant signé le très bon Requiem for a Country Doctor avec Cloris Leachman et Coleen Gray, déjà une histoire similaire à celle qu’ils vont développer ici puisque c’était Stacey qui était sur le point d’être pendu, accusé d’avoir tué l’homme le plus respecté de la ville, son médecin. Dans A Bad Place to Die, encore un cran au-dessus au niveau de l’écriture, c’est au tour de Trampas de se retrouver en très fâcheuse posture. Et ça ne traine pas car il y a énormément de fils à dérouler : dès la séquence prégénérique, Trampas vient d’être jugé et condamné à la peine de mort dans une petite ville qui n’est pas Medicine Bow mais celle où il s’était rendu pour négocier avec le plus gros rancher du coin, qui avait mis des barrières en plein milieu de la piste où devaient passer les troupeaux de Shiloh. On l’a surpris un soir une arme à la main, penché au-dessus du fils de ce grand propriétaire découvert mort. Des conflits ayant précédemment éclaté entre eux deux, le jury ne va pas chercher plus loin et à l’unanimité lance la procédure qui va aboutir au dressage la potence.

Clay Grainger, Stacey et le Virginien qui ont assisté au procès ne veulent évidemment pas laisser Trampas dans cette position d’autant que la pendaison doit avoir lieu dans à peine six jours, le temps que le bourreau arrive en ville. Le patron de Shiloh va tout tenter pour faire appel, obtenir un sursis, et même chercher à rencontrer le gouverneur pour demander la grâce de son employé. Stacey va enquêter de son côté ; quant à notre intendant, il va infiltrer le ranch appartenant au père de la victime en se faisant passer pour un cowboy. Notre héros - qui prend pour la première fois un nom d’emprunt et se vêt d’une manière inhabituelle pour ceux qui suivent la série depuis longtemps - espère ainsi récolter quelques témoignages ou trouver des preuves qui pourraient faire innocenter son meilleur ami. A Shiloh, Elizabeth est seule et a du mal à contenir la pression que lui font subir ses employés qui non seulement s’inquiètent pour leur collègue mais commencent aussi à s’impatienter, n’ayant à cette époque de l’année pas grand-chose à faire et qui attendent que la piste soit rouverte afin de convoyer le bétail. L’on voit à travers cette brève description que chacun est sur le qui-vive et qu’ils n’ont qu’un temps très limité pour résoudre tous ces problèmes. Clay ne parvient pas à faire bouger la justice tandis que Stacey a du mal à trouver des témoins qui iraient à l’encontre de la version d’un Trampas meurtrier. Le Virginien pense avoir compris ce qui s’est réellement passé, soupçonnant une machination ourdie contre Trampas pour couvrir un crime passionnel, convaincu que son homologue dans ce ranch rival, amoureux de la bru de son patron, n’a trouvé que cette solution meurtrière pour se l’accaparer. Il faut dire que la femme en question est d’une remarquable beauté, les spectateurs regrettant par la même occasion que l’actrice Susanne Benton n’ait pas bénéficié d'une plus belle carrière d’autant que son talent dramatique semblait être à la hauteur de son physique vraiment très avantageux.

Sans trop en dire mais sans non plus éviter de spoiler (attention à ceux qui n’aiment pas ça ; qu’ils arrêtent ici leur lecture jusqu’à la fin de ce paragraphe), il est intéressant de constater à quel point notre héros peut se tromper et accuser à son tour un homme qui s’avèrera totalement innocent. En tout bien tout honneur, il reconnaitra néanmoins son erreur et s’excusera platement, ce qui le rendra encore plus humain, sympathique et attachant. Quant au véritable coupable, il viendra comme un cheveu sur la soupe, la résolution de l’intrigue se révèle ainsi être ce qu’il y a de moins satisfaisant dans cet épisode, la courte durée de ce dernier par rapport à la densité de l'intrigue ayant empêché les auteurs de trouver une meilleure solution. Pour le reste, l’ensemble est remarquable, du scénario toujours fluide à la mise en scène toujours aussi carrée et efficace, McDougall nous octroyant de nombreux gros plans très percutants et sachant comme personne d’autre dans la série utiliser au mieux de miteux décors de studio comme celui de la prison. Car ce dont nous avions oublié de parler en décrivant les différentes pistes dramatiques est celle du principal intéressé, à savoir Trampas. Car les auteurs ne le laissent pas de côté, bien au contraire : il va avoir des relations très intéressantes - une amitié naissante - avec son codétenu interprété à la perfection par Victor Jory (qui en était à sa quatrième participation à la série, toujours impeccable dans des rôles pourtant pas faciles et qui auraient tous pu tenter le comédien d’en faire des tonnes), un vieil homme qui vient de passer 18 ans dans cette cellule et qui a pour idée de s’en évader pour aller se cacher au Canada. Ayant compris que la procédure légale n’allait pas réussir à le faire sortir de prison, non seulement Trampas aide à préparer cette évasion avec aussi deux autres voisins de geôles mais le quatuor réussit son coup en déclenchant un incendie et en prenant en otage l'un des gardiens... Et l’épisode devient alors également prodigue en séquences d’action avec notamment bagarres, chevauchées, fusillades et poursuites au grand air, toujours en décors naturels dans lesquels Don McDougall s’est toujours plu à tourner, les privilégiant un maximum, n'ayant jamais eu l'air de supporter les stock-shots et les transparences.

A signaler - une fois n’est pas coutume - que Luke Nichols, le personnage joué par Victor Jory, aura droit à une autre apparition dans un futur épisode de la saison 7, Fox, Hound and The Widow : un assassin pour lequel il n’est pas difficile de se prendre d’empathie puisque son crime s’est exercé à l’encontre d’un patron qui se fichait totalement des conditions de travail de ses ouvriers, les envoyant à la mine au mépris de tout danger et s’étant par son inconscience rendu responsable de la mort de beaucoup d’entre eux, dont le frère de Luke. Comme on peut le constater, en plus d’un scénario dense et touffu ainsi que d’une intrigue riche en rebondissements, les auteurs n'en ont pas oublier pour autant d’aborder des thématiques sociales assez progressistes. Si l’on excepte un final un peu bâclé, il s'agit d'un épisode superbement bien écrit, parfaitement bien réalisé et interprété, les toujours excellents Myron Healey et Ken Lynch complétant ce casting quatre étoiles avec également pour une petite apparition le tout jeune Harrison Ford que l’on avait néanmoins déjà croisé dans des rôles de bien plus grande importance au sein de la série. Encore une grande réussite au suspense constant au sein de ce premier tiers de saison qui se révèle être presque un sans-faute.

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  • 6.10- Paid in Full (Une dette à payer)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Richard Wendley
  • Guest stars : James Whitmore & Don Stroud
  • Première diffusion 22/11/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Frank (Don Stroud) sort de prison ; il vient retrouver son père Ezra (James Whitmore) qui travaille à Shiloh. Le vieil homme est diminué depuis qu’il s’est jeté sous le sabot de chevaux pour sauver Trampas. Frank ne comprend pas pourquoi les Grainger n’offrent pas à son père une rente à vie ; mais Ezra n’a jamais accepté, ayant préféré leur demander d’embaucher son fils dès qu’il aurait purgé sa peine. Malgré les réticences du Virginien qui connait son tempérament, Frank intègre l’équipe mais deux autres cowboys veulent à nouveau l’entrainer sur la mauvaise pente : ils ont dans l’idée de voler le bétail qu’ils sont chargés de rassembler...

Mon avis : A cette occasion, la fin du premier tiers d’une saison qui débute remarquablement bien, il faut se souvenir que la cohérence entre les épisodes n’était pas une priorité pour les scénaristes de l’époque, ces derniers considérant plutôt chaque histoire comme pouvant être visionnée individuellement, le point positif de ce mode de fonctionnement étant que le téléspectateur peut désormais entamer la série par n’importe quel bout sans que cela ne le gêne de trop. Et heureusement car lorsque ces séries des années 60/70 étaient diffusées à la télévision française, les programmateurs ne les proposaient que dans le désordre le plus total en fonction des épisodes ou des saisons achetés, doublés... Pourquoi ce petit rappel ? Car beaucoup seront peut-être surpris par le fait que Clay se soit installé dans la série et dans le ranch comme s’il y avait toujours vécu alors qu’il ne s’agit ici que de la troisième participation de John McIntire dans la peau de ce personnage, ou que rien ne soit rappelé quant à l’absence de son frère John et qu'il ne soit même plus fait mention de ce dernier. De même, Ezra, le personnage interprété par James Whitmore et qui a quand même sauvé la vie de Trampas lors d’un stampede, nous n’en avions évidemment jamais entendu parler avant : ce qui est tout à fait normal concernant Le Virginien mais qui pourra surprendre ceux qui n’ont l’habitude que de visionner des séries contemporaines qui font toutes attention à ce genre de détail et à la cohérence de l’ensemble. Il faut juste se remettre dans le contexte ; il s'agit de deux manières différentes de travailler, l'une n'étant pas nécessairement meilleure que l'autre. Cette longue parenthèse étant refermée, revenons sur ce Paid in Full réalisé une fois encore à la perfection par le "maître de la série", à savoir Don McDougall.

On fait d’abord connaissance avec Ezra, un vieil homme, ex-cowboy qui depuis qu’il a accompli une action héroïque pour sauver la vie de Trampas - ayant failli se faire piétiner par des chevaux - est devenu très amoindri par son handicap (il boite désormais), ne pouvant maintenant plus ne s’occuper que de l’intendance. Grainger lui en étant reconnaissant et estimant avoir une dette envers lui l’a donc gardé au ranch malgré le fait qu’il ne puisse plus monter à cheval et lui a même promis d’embaucher son fils une fois qu’il aura purgé sa peine de prison. Et c’est justement le jour de la sortie de ce dernier que l’épisode débute. Frank revient vivre auprès de son père dont il découvre l'atrophie et lui avoue d'emblée n'estimer pas suffisantes les solutions trouvées par leur patron pour le dédommager : il accepte mal la situation et parle de manque de reconnaissance. Il aurait cru que Grainger aurait accordé à son père une pension d’invalidité à vie pour son geste héroïque. Même si Ezra n’a jamais voulu mendier ce qu’aurait souhaité son fils, estimant que ce qu’il a fait était de son devoir et qu’il a été suffisamment remercié, Frank a de son côté beaucoup de mal à pardonner à Grainger, au Virginien et à Trampas avec qui il continue de travailler mais avec beaucoup de rancune. Deux voleurs s’étant fait embaucher dans l’équipe des cowboys de Shiloh, voyant en cette amertume une occasion idéale pour se faire un complice de plus dans le coup qu’ils préparent - à savoir s’emparer d’une bonne partie du cheptel -, ils décident de convaincre Frank de se joindre à eux en lui faisant miroiter une sorte de vengeance contre ceux qui n’ont pas récompensé le "sacrifice" de son père à sa juste valeur.

L’épisode est avant tout très réussi grâce à la richesse de la description des relations entre le fils et le père d’autant que James Whitmore et Don Stroud sont remarquablement bien dirigés, bien plus que lors de leurs précédentes participations à la série dans deux de ses épisodes les plus ratés, le premier qui en faisait des tonnes dans Nobody Say Hello d'Alf Kjellin durant la saison 4, le second dans The Long Way Home d'Abner Biberman dans la cinquième. Ici, Don McDougall fait preuve une fois de plus son aptitude inégalée - en ce qui concerne la série - dans la direction d’acteurs et les deux comédiens sont au diapason. Le récit de Richard Wendeley accuse un petit ventre mou dans le dernier tiers mais on lui pardonnera aisément sachant qu’il n’était pas un spécialiste de ce genre de travail, n’ayant fourni qu’à peine une dizaine de scénarios, télévision et cinéma compris. Mais avant ce dernier quart d’heure qui semble tourner en rond et ne pas savoir vers quelle direction se diriger, les spectateurs auront pu se régaler une fois de plus et notamment se passionner par un thème àa priori rébarbatif mais pourtant sacrément intéressant par son côté "documentaire", à savoir les difficultés financières d’un gros rancher de l’époque dues au marché du bétail qui l’oblige à vendre ses bêtes non suffisamment engraissées et qui doit par ailleurs prendre des décisions quant aux budgets à resserrer ou à ne pas toucher. Nous serons également témoins de discussions tout aussi captivantes, toujours d’un même point de vue, à propos d’une "route" qui doit traverser la propriété. Des détails qui ennuieront certains mais qui donnent à la série un cachet encore plus réaliste, le genre de notations pécuniaires et banquières que l’on trouvait beaucoup durant les premières saisons et qui avaient été malheureusement mises un peu de côté ces derniers temps.

Bref, entre toutes ces considérations purement matérialistes mais vitales, voire même foncièrement humaines (la future route nécessitant de détruire le bout de terrain sur lequel se trouve la tombe de la femme d’Ezra), les relations père-fils parfois conflictuelles, celles encore plus tendues entre le fils et ses co-équipiers pour qui il a beaucoup de ressentiment, l’influence néfaste qu’il va subir de la part de deux larrons, son caractère difficile et irascible, la thématique chère aux auteurs de la série de la "seconde chance", celle non moins captivante de la culpabilité ("The facts don't need changing, just the way you're looking at them" dit Le Virginien à Trampas qui se croit condamnable quant à l’infirmité d’Ezra)... de quoi plaire à un maximum de téléspectateurs. On se délectera également des relations de plus en plus amicales entre Trampas et Elisabeth Grainger. Dommage que le final ne soit pas du niveau de tout ce qui a précédé ; néanmoins voici encore une réussite dans cette saison 6 qui n’en est définitivement pas avare et qui, si elle se poursuit en restant à un tel niveau, pourrait bien se révéler être la plus satisfaisante de toutes.

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  • 6.11- To Bear Witness (Défense de témoigner)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Sy Salkowitz
  • Guest stars : Malachi Throne
  • Première diffusion 29/11/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Trampas assiste à une altercation verbale assez virulente entre Walter Verig, un commerçant, et le docteur Baldwin (Malachi Throne). Le même soir il tombe sur le cadavre de Verig alors qu’il venait de croiser le médecin. Seulement Trampas est retrouvé auprès du corps les mains ensanglantés, le docteur niant s’être trouvé dans les parages ce soir-là. Emprisonné, Trampas va être bientôt innocenté, le docteur prenant sa place en cellule. Malgré le fait qu’il semblerait lui non plus ne pas être coupable, il refuse de parler même si son silence risque fortement de lui couter la vie : qui cherche-t-il à protéger et pourquoi ?

Mon avis : Après plusieurs épisodes signés Don McDougall, c’est Abner Biberman qui va officier le plus souvent durant le deuxième tiers de cette saison, réalisant pas moins de la moitié des épisodes de cette partie médiane. Le travail du réalisateur de l’agréable Gun for a Coward (une Arme pour un Lâche) avec Fred MacMurray est toujours un peu moins rigoureux que celui de son collègue, sa patte moins précise et plus grossière, mais ce qu’il parvient à accomplir sur la série s’avère néanmoins la plupart du temps très honorable. C’est le cas à nouveau pour ce To Bear Witness qui s’apparente plus au film criminel qu’au western, le principal de l’intrigue étant basé sur l’enquête autour d’un meurtre ; ici celui d’un homme que tout le monde en ville haïssait pour n’avoir pas tenu sa parole quant à la vente d’un de ses terrains pour bâtir un hôpital. Évidemment le principal intéressé, le docteur, lui en veut encore plus que les autres et l’épisode débute avec une altercation publique entre les deux hommes dans la boutique de Verig. Plus tard dans la journée, Trampas entre à son tour en conflit avec ce paria et en vient aux mains pour l’empêcher de harceler de ses assiduités la jolie assistante du docteur, une infirmière secrètement amoureuse de son patron interprétée par Joanna Moore, la maman de Tatum O’Neal dans la vie et que l’on avait pu voir au sein du genre aux côtés de Audie Murphy dans le sympathique L’étoile brisée (Ride a Crooked Trail) de Jesse Hibbs. Puis notre cowboy se blesse à la main et comme par hasard cette même soirée se retrouve penché sur le cadavre de Verig avec sa main toujours ensanglantée.

Face à cette situation qui parait de prime abord sans équivoques, Ryker emprisonne Trampas, ne se comportant pas spécialement amicalement avec lui malgré leurs relations habituelles : une fois n'est pas coutume, le devoir l’emporte sur l’amitié en ce début d’épisode et le spectateur est un peu étonné de découvrir une telle froideur et une telle animosité chez le shérif. De plus l’accusé clame son innocence avec sincérité alors même que nous avons vu le docteur quelques secondes auparavant quitter le lieu du drame. Mais ce dernier affirme avec véhémence que ça ne pouvait pas être lui et que Trampas a dû confondre ; même si nous avons donc été très brièvement témoin de la présence du médecin dans son buggy au grand galop, le personnage semblait tellement aimable et droit que le doute s’installe même pour le spectateur imaginant peut-être avoir vu quelqu’un d’autre en invoquant la vitesse à laquelle la carriole est passée dans le plan. S’ensuit une preuve qui innocente Trampas et une autre qui vient suspecter le docteur qui atterrit ainsi à son tour en cellule. Même s’il risque la potence en se taisant, ce dernier préfère rester muet, paraissant par cette décision chercher à protéger quelqu’un qui lui serait tellement précieux qu’il semblerait être capable de se sacrifier pour lui. Bref, il va y avoir du boulot pour Trampas et Ryker qui essaient chacun de leurs côtés de démêler ce mystère et de prouver l’innocence du docteur Baldwin, les habitants de Medicine Bow en voulant énormément à Trampas de l’avoir par son témoignage envoyé en prison, ce notable ayant de tout temps été respecté voire adulé par chacun d'entre eux.

On va non seulement mettre la pression à notre sympathique cowboy de Shiloh pour qu’il renie son témoignage, pour le discréditer et lui faire comprendre qu’il n’est plus le bienvenue en ville, mais voyant que ça n’entame pas sa détermination à continuer ses investigations, certains, masqués, vont aller jusqu’à l’intimidation par son enlèvement et son passage à tabac en pleine campagne. Un épisode très intrigant et qui aurait été presque constamment séduisant si le scénariste Sy Salkowitz avait été un peu plus chevronné ; ce n'est néanmoins pas forcément une surprise puisque que l’on a déjà constaté qu’il avait été jusque-là l’un des auteurs les moins satisfaisants de la série. Son récit est néanmoins bien mieux mené que les précédents, Salkowitz parvenant à nous captiver durant les 3/4 de sa durée par le fait de parvenir à le maintenir opaque et mystérieux presque jusqu'au bout, le spectateur sachant pertinemment que Trampas n’aurait pas pu commettre un meurtre et doutant tout autant que le docteur ait pu lui aussi le faire. Mais vous aurez beau essayer de jouer les Sherlock Holmes, il y a fort peu de chances pour que vous réussissiez à deviner le coupable ! C’est d’ailleurs là que le bât blesse un peu, car comme souvent dans ce genre d’intrigues, la résolution est bien décevante, un peu tirée par les cheveux et donc bien en deçà de tout ce qui lui a précédé. Cependant elle ne nous aura pas amené à être découverte lors d’un procès comme nous l’aurions pensé mais grâce à une petite fille mignonne à souhait, la très jeune Lorette Strome dont on regrette qu’elle n’ait pas poursuivi sa carrière plus avant, vraiment assez douée pour son très jeune âge.

A défaut d’être inoubliable, To Bear Witness aura été vraiment très agréable grâce aussi à une très bonne interprétation d’ensemble (Malachi Throne dans le rôle du docteur, Mary Carver dans celui de son épouse, William Windom dans celui de l’avocat, Paul Carr en fils haineux du défunt…) et à un épilogue assez savoureux montrant la complicité chaleureuse entre le Virginien et Trampas, le premier plaisantant le second sur son absence de ses derniers jours et s’amusant à faire comme s’il ne le connaissait pas. D’ailleurs il serait extrêmement agréable de retomber sur un épisode possédant la légèreté et l’humour de cette dernière séquence comme il nous a été donné l’occasion d’en voir deux excellents durant le premier tiers de cette saison. Cette fin nous en a mis l’eau à la bouche. En attendant, celui qui nous concerne ici est un épisode qui ravira certainement les amateurs d’énigmes policières.

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  • 6.12- The Barren Groud (La Terre qui tue)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Andy Lewis
  • Guest stars : Jay C. Flippen
  • Première diffusion 06/12/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 2.5/10

Le Pitch : Le Virginien a tué par légitime défense un jeune homme qui lui volait sa monture. Il ramène son corps à son père Asa (Jay C. Flippen), un vieil homme handicapé qui comprend parfaitement le drame ; ce qui n’est pas le cas du frère du défunt, un hors-la-loi, qui a dans l’idée de se venger. Le père qui souffre de problèmes cardiaques demande au Virginien d’aller chercher sa fille qu’il voudrait revoir une dernière fois et lui proposer sa ferme en héritage ; autrefois kidnappée par les indiens à l’âge de dix ans, elle vit désormais au sein d’une tribu Shoshone avec son fils. La propriété de Asa est convoitée car elle semble receler un minerai précieux…

Mon avis : Il fallait bien que la saison 6 ait elle aussi ses canards boiteux ; c’était déjà le cas du premier épisode, Reckoning, avec Charles Bronson en Guest Star. Celui-ci est encore plus raté - voire même mauvais - principalement par la faute d’un casting bien mal choisi et par l’incapacité qu’à Abner Biberman a bien diriger ses acteurs. Car il y avait du potentiel dans le postulat de départ, à commencer par ce thème toujours à priori captivant de la difficile réintégration dans la société des blancs des femmes ayant été capturées enfants par les indiens et étant restées vivre parmi eux de longues années durant ; on a tous bien évidemment en tête l’exemple de La Prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford. Malheureusement on sait aussi que cette thématique aussi passionnante soit-elle a rarement bénéficié de scénarios à la hauteur et c’est donc le cas en ce qui concerne ce The Barren Ground, Andy Lewis ayant déjà été capable au sein de la série du meilleur (Bitter Harvest avec Larry Pennell et John Lupton) comme du pas terrible (The Return of Golden Tom avec Victor Jory) ; The Barren Ground est son travail le moins satisfaisant, mais comme nous l’avons déjà évoqué juste avant, il n’a pas été vraiment aidé non plus par les comédiens qui devaient interpréter son adaptation d’une histoire de Joy Dexter, ce dernier ayant déjà fourni au Virginien deux précédents récits, pas les plus mémorables non plus, Chaff in the Wind avec Ed Begley aini que The Challenge avec Dan Duryea. Bref, deux auteurs assez moyens et des acteurs peu efficaces ne pouvaient guère faire déboucher sur un must de la série !

Le début nous rappelle un peu cette même année 1967 celui de Eldorado de Howard Hawks, lorsque John Wayne ramène le jeune homme qu’il a tué par accident jusqu’au ranch familial du défunt. Ici c’est le Virginien qui a abattu un jeune homme en état de légitime défense et qui convoie son cadavre jusqu'à la ferme où vit en solitaire son père handicapé, Asa Keogh ; comme si c'était vraiment nécessaire, l'on assiste à la scène de la tuerie en flash-back à l’enterrement, ce qui ne présageait d’emblée rien de bon, cette figure stylistique alliée à une séquence larmoyante s'avérant très rarement de bon augure mais au contraire étant souvent synonyme de mauvais goût ; Abner Biberman en fera d’ailleurs preuve à quelques autres reprises dont cette utilisation de la caméra bougée comme ‘à l’épaule’ sans que ce ne soit ici vraiment nécessaire. On l’aura compris, après une entrée en matière assez remarquable et l’apparition du toujours très bon Jay C. Flippen dans le rôle du père du défunt qui, estropié, se déplace en fauteuil roulant et qui n’en veut aucunement au meurtrier de son fils, sachant pertinemment avoir eu deux rejetons qui ont mal tournés et estimant que le Virginien a bien fait de sauver sa peau au dépens de la vie de celui qui le menaçait. Une relation d'amitié assez intéressante s’instaure entre le vieil homme et le meurtrier de son fils -ce qui n'est pas banal - sauf que la mauvaise santé du patriarche va précipiter les choses. Il demande au Virginien d’aller chercher sa fille qui vit au sein d’une tribu Shoshone avec le fils qu’elle a eu d’un indien l’ayant autrefois kidnappée.

En sursis, Asa veut faire de Sarah son unique héritière parmi ses enfants, ayant renié son fils encore vivant par le fait d’être devenu hors-la-loi. Héritage qu’elle partagera à moitié avec le régisseur de Shiloh qui est très touché par un tel geste mais qui bien évidemment ne voudra pas accepter jusqu'au bout. Quoiqu’il en soit le voilà parti à la recherche de Sarah au campement indien ; un stock-shot pour le situer et ensuite plus aucun plan avec le moindre Native. Et les voilà tous trois repartis jusque chez le vieil Asa qui n’aura pas eu le temps de vivre encore longtemps, son cœur ayant vite lâché peu après leur arrivée. Sarah veut bien reprendre la ferme mais n’est pas acceptée par la communauté qui voit d’un mauvais œil une blanche devenue squaw d’autant qu’elle a amené un métis avec elle ; de plus le Virginien ayant trouvé sur les terres des Keogh un morceau de minerai, il est allé le faire analyser et il s’avère que le gisement d’où il provient contiendrait de l’or. Les notables véreux de la ville qui convoitent toutes richesses faciles à obtenir vont s’allier au chimiste pour tenter de s’approprier la propriété ainsi que le précieux métal. Comme on peut le constater, si l’on ajoute le désir de vengeance de l’ainé des frères, il y avait assez d’éléments dramatiques pour faire aboutir à une histoire constamment captivante voire bouleversante. Les clichés en pagaille, une mauvaise écriture ainsi qu’une mise en scène approximative qui semble parfois se chercher pour pallier aux défauts du scénario, font que le résultat s’avère être catastrophique surtout lorsqu'en plus on doit se coltiner un procès fastidieux, gênés également par les rires incontrôlables et incompréhensibles de Sarah, la comédienne nous ayant déjà auparavant mis mal à l’aise lors de ses retrouvailles avec Jay C. Flippen, faisant sombrer par son jeu assez ridicule le récit dans le mélodrame le plus péniblement larmoyant.

Parmi les points positifs de cet épisode décevant, caricatural, mollasson, ennuyeux, voire parfois gênant faute avant tout au manque de talent des comédiens (Dave Peel, Collin Wilcox et Byron Mabe, les interprètes des trois Keogh encore vivants), nous noterons la philosophie toute à fait respectable du Virginien qui au manque de courage dont l’accuse le fils métis de Sarah - une véritable tête à claques que ce jeune comédien soit dit en passant - lorsqu’il refuse de répondre aux provocations du hors-la-loi qui le défie, lui rétorque plus tard que si certains ont peur des serpents, des mouvements de panique des troupeaux ou de l’emballement d’un cheval, lui a peur des comportements humains qui mènent à la violence. Encore une fois bravo aux auteurs de nous avoir créé un héros aussi vénérable qui préfère aux principes d’honneur machiste l’intelligence, la non-violence et l'instinct de survie.

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  • 6.13- Execution at Triste (Le Tireur d'élite)
  • Réalisation : Robert L. Friend
  • Scénario : John Dunkel
  • Guest stars : Sharon Farrell & Robert Lansing
  • Première diffusion 13/12/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Trampas convoie un troupeau qui doit être vendu à l’armée. A son arrivée, n’ayant pas de liquide pour le payer, les militaires lui disent d’aller percevoir son argent à la banque de Triste. Il s’avère qu’il s’agit d’une ville presque fantôme dans laquelle n’habitent plus qu’à peine une dizaine de personnes dont Mavis (Sharon Farrell) qui tient le bar et son amant Knight (Robert Lansing), un inquiétant et taciturne tireur d’élite, ancienne connaissance de Trampas à l’époque où ils se trouvaient tous deux à Abilene. Knight n’a plus qu’une idée en tête, vérifier qu’il tire toujours plus vite que Trampas qu’il défie en duel en lui en le prévenant qu’il va le tuer…

Mon avis : Comme c’était le cas au sein de la médiocre cinquième saison, un mauvais épisode était toujours immédiatement suivi d’un grand cru ; ce qui permet à la déception et à la relative perte de confiance d’être de courte durée. Après donc l’épisode raté et larmoyant de Abner Biberman qui suivait très mal les traces du chef-d’œuvre de John Ford, La Prisonnière du désert, faute surtout à une interprétation d’ensemble assez calamiteuse et à un scénario larmoyant, voici que le méconnu Robert L. Friend nous offre une petite pépite au ton pour l’instant assez unique dans la série, se rapprochant néanmoins un peu du paranoïaque Nightmare at Fort Killman par son atmosphère également cauchemardesque, à la lisière du fantastique. L’on se dit également parfois durant le visionnage que John Dunkel avait dû aussi être marqué par les séries cultes de l’époque qu’étaient Les Mystères de l’Ouest ou La Quatrième dimension. L’épisode débute d’ailleurs par une séquence nocturne presque surréaliste, les décors de studio accentuant cette irréalité. Trampas et deux cow-boys sont venus dans la région pour vendre un troupeau à l’armée dans un poste isolé ; en cette nuit de bivouac, les trois hommes voient passer un âne chargé de bois sans personne pour le conduire. En retournant près de leur feu de camp, ils découvrent un mexicain qui s’est installé devant sans demander son reste. Il leur sort un jeu de cartes de sa fabrication et leur prédit l’avenir proche qui doit les faire croiser danger et malheurs, leur annonçant même un mort. A ce moment-là, encore dans le prologue, au vu de cette séquence toujours sur le fil du ridicule sans jamais cependant y verser, l’on se dit que c’est quitte ou double : soit nous nous dirigeons vers un récit aux frontières du risible soit l'ensemble sera bien écrit et le résultat sera aussi captivant que l’entrée en matière aura été intrigante.

Il ne faudra pas longtemps pour se rendre à l’évidence ; c’est la deuxième option qui s'offre à nous et qui l’emporte haut la main, nous faisant par la même occasion confirmer ce que nous avions pu déjà constater à plusieurs reprises : hormis quelques contre-exemples fâcheux, les épisodes dans lesquels, loin de Shiloh, seul Trampas est présent parmi les personnages récurrents de la série, s’avèrent être de formidables réussites. Revenons-en à ce Execution at Triste de haute volée et qui devrait pouvoir passionner un maximum de personnes, amateurs ou non de westerns. La nuit étant passée, le ‘Nostradamus’ mexicain parti, nos trois hommes arrivent au fort où on leur annonce que, ne possédant aucune liquidité sur place pour une question de sécurité, pour se faire payer ils doivent se rendre dans la petite ville de Triste. Le ‘voyage’ de Trampas vers cette bourgade se fait en douceur, le réalisateur prenant son temps à nous filmer sa chevauchée au milieu des plaines et plateaux environnants. Son arrivée à Triste nous impressionne d'autant que par contraste sa 'promenade' fut plutôt bucolique, le décor naturel trouvé pour camper la ville étant tout à fait étonnant, une Ghost Town un peu effrayante dans laquelle ne vivent plus que des 'Freaks' ou apparentés : un banquier qui parle avec une lenteur extrême ainsi qu'une curieuse intonation, qui lui dit qu’il n’a pas la clé du coffre et qu’il faudra qu’il attende le lendemain que son patron revienne pour pouvoir récupérer son argent ; un épicier qui semble savoir tout sur chacun et qui conseille à Trampas de ne pas s'attarder ; un hôtelier aussi sale que louche ; un graveur de pierre aveugle qui est en train de marquer une pierre tombale au nom de... Trampas ; une très jolie barmaid qui semble s’ennuyer à mourir et qui passe son temps à scruter derrière sa fenêtre ; un shérif couard qui ne cesse de manger et qui apparemment ne lèverait pas le petit doigt pour aller au secours de son prochain…

... et enfin, un certain Lee Knight, inquiétant tireur d’élite qui est ravi de tomber sur Trampas, une connaissance de l'époque où ils étaient tous deux à Abilene… Ravi non par plaisir des retrouvailles mais se réjouissant de pouvoir se confronter à lui en duel sachant qu’ils étaient tous deux des tireurs émérites et voulant se prouver qu’il est toujours le plus fort. Il lui dit même sans préambule qu’il faut qu’il se prépare à mourir dès le lendemain. Contrairement à cet homme menaçant qui s’avère très vite être un véritable fou dangereux par le fait de tuer toutes les personnes qu’il provoque, notre cowboy possédant désormais beaucoup de bon sens a dans l’idée de ne pas accepter le défi même s’il doit rester la nuit à Triste pour pouvoir récupérer son argent le lendemain. Sauf que Knight pour le pousser à bout… tue l’un de ses deux coéquipiers, ces derniers ne l'ayant pas écouté lorsqu’il leur a fortement conseillé – voire ordonné - de rester dans l’enceinte de la fortification militaire plutôt que d’aller boire une bière en ville... A la lecture de cette description on comprend aisément la tension qui peut régner tout au long cet épisode et le suspense qui va sans cesse en grandissant d’autant que les habitants de la ville semblent être devenus tous plus ou moins fous par le fait d’être resté vivre dans un endroit aussi déserté et pour ainsi dire presque mort. L’on apprendra également par la suite que la charmante tenancière de bar n’est autre que la maitresse du tireur, leurs relations se révélant sacrément ambiguës tout au long du récit, paraissant s’aimer autant que se haïr, témoin cette gifle magistrale que Knight assène à Mavis. Enfin les amateurs de westerns purs et durs en auront eux aussi pour leur compte car l’épisode se termine par l’inévitable duel, ici digne de ceux des grandes heures du genre, magistralement mis en place et filmé à la perfection, le dernier travelling arrière ascendant ne manquant pas d’ampleur et se révélant extrêmement cinématographique.

Un épisode aussi passionnant qu’intrigant et superbement interprété notamment par Robert Lansing, plus inquiétant que jamais de par sa manière de parler, ses regards et ses mouvements ; fade dans The Fatal Journey mais au contraire ici remarquable comme il l’était déjà dans The Brothers dans lequel il jouait un sympathique fermier ami de Ryker qui décidait d’aller délivrer son frère cadet condamné à mort. Sharron Farrell est d’une indécente beauté et d’un potentiel érotique certain qu’utilise à merveille le réalisateur ; quant à Doug McClure, il aura rarement été si bon, son Trampas rarement aussi déterminé, avouant même avoir toujours eu un côté cabochard. Superbe travail sur les décors intérieurs miteux (tableaux penchés, poussière et toiles d’araignées…) ainsi que de la part de Water Strenge à la photo, témoin ces éclairages nocturnes sur le papier tue-mouche qui donne un effet de reflets très esthétique et assez saisissant. Ajoutez à tout cela une musique aux accents ‘herrmanniens’ et une canicule qui se ressent sur le jeu tendu des acteurs, la chaleur prégnante faisant qu’ils sont tous constamment en sueur… On n’oubliera pas de sitôt cet épisode quasi surréaliste et assez impressionnant de menace, de suspense et de tension, un des grands moments de cette excellente sixième saison.

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  • 6.14- A Small Taste of Justice (En toute justice)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Edward J. Lasko
  • Guest stars : Susan Oliver, John Lupton & Peter Brown
  • Première diffusion 20/12/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Alors qu’il chevauche loin de Medicine Bow, le Virginien est éconduit par des cowboys un peu éméchés conduits par Tom Conlan (Peter Brown) ; ils lui volent sa monture et le blessent. Soigné par le médecin de la petite ville dans laquelle il a atterri et recueilli par une de ses anciennes maitresses, le régisseur a bien l’intention de récupérer son cheval et de donner une leçon à ses agresseurs. Il apprend que Conlan fait régner la terreur sur la région depuis longtemps mais que ses concitoyens n’ont jamais osé lever la main sur lui. Il va devoir se charger de la sale besogne, acceptant durant son séjour de devenir l’adjoint du shérif…

Mon avis : Don McDougall est de retour aux manettes pour un épisode réalisé avec son tact habituel et son efficacité coutumière, solidement écrit, très bien interprété mais qui manque néanmoins d’un peu d’ampleur et de chair ; la faute en incombe avant tout au scénariste Edward J. Lasko qui accomplit certes du bon travail sans néanmoins jamais réussir à le transcender, gâchant même quelques belles idées d’écriture par quelques décisions hasardeuses ; et ça commence dès la séquence pré-générique ! Pour l’une des rares fois au cours de la série, l’épisode débute donc par une voix-off qui nous explique que parfois, dans le courant de l’année, les cow-boys n’ont plus grand-chose à faire durant une courte période ; ils en profitent donc pour faire relâche. Belle idée pour un éventuel épisode en son intégralité sauf que ça n’aura strictement aucune incidence sur le récit qui va suivre. Et là où le bât blesse aussi ce sont les quelques images choisies pour illustrer ce moment de ‘farniente’, des stock-shots de précédents épisodes (Beyond the Border et An Echo of Thunder) dans lesquels Trampas est mis en avant alors qu’il ne fera à aucun moment partie de l’histoire, A Small Taste of Justice ne mettant en scène que le Virginien parmi les protagonistes récurrents. On se dit alors d’emblée que tout ceci manque un peu de rigueur ; mais immédiatement après, exit la voix-off et les ‘images d’archives’ pour plonger sans plus tarder dans une intrigue certes parfois un peu trop mélodramatique mais cependant parfaitement bien construite et menée.

Après s’être fait voler et blesser, le Virginien arrive donc pour se faire soigner à Three Falls, une petite ville en partie sous la coupe de son agresseur, Tom Conlan, jeune patron de ranch interprété par l’excellent Peter Brown, l’acteur sur les épaules duquel reposait l’épisode de la saison 3, Return a Stranger, se révélant alors magistral, capable d’exprimer la complexité de son personnage tout à la fois haïssable et attachant, d’une acuité et d’une intelligence telles qu’on avait presque tendance à lui pardonner sa diabolique roublardise. Ce même Peter Brown qui incarnera le héros d’un spin off de la série, le Texas Ranger Chad Cooper dans Laredo dont le pilote sera en fait la reprise de We've Lost a Train, l’épisode qui concluait cette même saison 3 du Virginien. Le jeune comédien est ici peut-être moins mémorable que précédemment mais il continue néanmoins à marquer les esprits dans le rôle de ce jeune loup au sang un peu trop chaud qui a repris les rênes du domaine familial depuis que son père est mort ; ce dernier ayant possédé énormément de charisme, il régnait en quelque sorte sur la ville et Tom a jugé logique de prendre sa succession sans néanmoins posséder loin s'en faut ni son aura ni son intelligence. Par son tempérament fougueux et inconséquent, il effraie cependant encore plus ses concitoyens qui n’ont pas le courage de le contenir ; la mère du jeune homme (Virginia Christine pour sa quatrième et dernière participation à la série) ne semble pas connaitre les comportements immatures de son fils et continue à le défendre envers et contre tous malgré le danger qu'il représente pour son entourage ainsi que pour les habitants.

Jusqu’au jour où par bravade, déçu qu'il n'accepte pas de trinquer avec lui, Conlan vole donc la monture ainsi que l’arme du Virginien et le blesse. Mais ce qu’il ne sait pas encore c’est qu’il est tombé sur un os : le régisseur de Shiloh n’est pas homme à se laisser faire ; il va non seulement vouloir récupérer son bien mais également lui donner une leçon pour la manière dont il l’a traité. Tout va s’accélérer le jour où Conlan et ses hommes blessent certes accidentellement mais gravement une petite fille alors qu’ils essayaient d’effrayer les notables ; vu qu’il a un peu de temps devant lui du fait de cette période très calme pour les cowboys, le Virginien accepte d’être adjoint du shérif le temps qu’il accomplisse la mission qu’il s’est donné, à savoir mettre un terme à la menace que Conlan fait peser sur la petite bourgade. Une autre piste mélodramatique s’ajoute à ce récit de ‘Law and Order’ d’une petite bourgade aux habitants manquant de courage - thème récurrent dans le genre, pour ne citer que le plus célèbre, Le Train sifflera trois fois – High Noon de Fred Zinnemann -, celle de l’enfant gravement blessé ; il s’agit de Kathy, la fille de Ellen, la belle jeune femme qui a recueilli le Virginien, l’épouse du télégraphiste (excellent John Lupton qui n’en est pas lui non plus à sa première participation à la série) qui ne fut autre également quelques années en arrière que la maitresse du Virginien et qui pourrait aussi avoir été celle d’un autre homme dont nous tairons le nom afin de ne pas dévoiler trop de surprises. Sans donner plus d’explications ni en dévoiler la teneur, nous soulignerons – une fois n’est pas coutume – la très belle tenue du final qui ne parait pas du tout bâclé mais qui s'avère au contraire grandement émouvant.

Parmi les autres comédiens du casting, signalons le toujours sympathique Vaughn Taylor dans le rôle du docteur ainsi que dans celui de l’hôtesse de notre héros et mère de l’enfant mise à mal, la blonde aux yeux bleus Susan Oliver qui était déjà l’institutrice dont tombait amoureux le Virginien dans A Little Learning de la saison 4 ; elle est dans l’ensemble très bien mais semble néanmoins parfois un peu ailleurs. Ajoutons à tout ceci quelques bonnes scènes d’action, notamment celle à l'intérieur du saloon au cours de laquelle le Virginien tue un homme de Conlan par légitime défense, pour en conclure que l’épisode ne s’envole jamais vraiment vers les sommets mais demeure cependant toujours à un niveau grandement honorable et qu'il devait plaire à une majorité de téléspectateur par sa solidité d'ensemble.

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  • 6.15- The Fortress (Le Troupeau volé)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Sy Salkowitz & W.R. Burnett
  • Guest stars : Barbara Bouchet & Leslie Nielsen
  • Première diffusion 27/12/1967 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Le Virginien termine le convoyage d’un immense troupeau à la frontière canadienne. Alors qu’il empoche son chèque, la somme de 100.000 dollars qu’il avait gagné est volée par deux hommes ; le chèque n’est du coup plus valable. Les voleurs étant passés au Canada, les autorités américaines ne peuvent plus rien faire ; mais le régisseur de Shiloh ne compte pas en rester là et va tout faire pour récupérer son dû même s’il doit pour se faire traverser la frontière. Sa piste l’amène jusqu’au domaine de l’acheteur de ses bêtes, un dénommé Winthrop (Leslie Nielsen) qu’il soupçonne immédiatement du coup monté pour le flouer…

Mon avis : Alors que la saison 6 se révèle être dans l’ensemble bien supérieure à la précédente, il lui manque néanmoins à quelques exceptions une chose à laquelle la série nous avait bien plus souvent habitué depuis le début, à savoir de beaux portraits de femmes. On le remarque à cette occasion puisque de ce point de vue nous attendions beaucoup d’un récit qui met en scène deux femmes de très grande importance pour l’avancée de l’intrigue, sans que malheureusement ni l’une ni l’autre ne nous touche de quelque manière que ce soit ; faute en incombant non seulement au scénariste - le très inégal Sy Salkowitz – mais aussi au réalisateur Abner Biberman qui n’est décidément pas le plus doué de l’écurie ‘Le Virginien’ en ce qui concerne la direction d’acteurs, et enfin évidemment aux comédiennes, ni Barbara Bouchet ni Kipp Hamilton ne se révélant ici à la hauteur de leurs partenaires masculins. Il faut dire que Leslie Nielsen domine tellement le casting que face à lui tous les autres semblent fades à l’exception de James Drury qui parvient étonnement bien à lui tenir tête. Dans le rôle du vil Winthrop, Leslie Nielsen prouvait à nouveau après ses mémorables prestations dans les excellents The Laramie Road et No Drums, no Trumpets - tous deux issus de la saison 4 - qu’il était aussi convaincant en étant sérieux qu’en jouant les crétins jubilatoires (l’inspecteur Drebin de la franchise des Y-a-t-il un flic... des ZAZ). Dans No Drums, no Trumpets, son personnage était foncièrement cynique, avouant sans honte que sa seule motivation était l’appât du gain ; il en va de même dans cet épisode au cours duquel il s’avère à nouveau très doué dans la peau de ce 'gentleman salopard' qui n'a absolument aucun scrupules !

Alors que l’épisode débute par des stock-shots plutôt en bon état nous montrant l’avancée d’un important troupeau de bétail au sein d’immenses étendues, et nous amène dans un coin encore rarement foulé par nos héros à la frontière canadienne, on ne peut ensuite pas vraiment assimiler The Fortress au genre westernien mais plutôt à celui de la comédie policière, le Virginien devant inventer des stratagèmes pour réussir à récupérer son argent. En effet, alors qu’il allait toucher son chèque de non moins de 100.000 dollars pour la vente de son troupeau, le vol dans la foulée des billets déposés à la banque annule immédiatement la transaction, la traite du paiement n’ayant alors plus de valeur. Décidément, après s’être fait voler monture et arme dans A Small Tale of Justice, l'épisode précédent, le régisseur de Shiloh continue à être pris pour cible par des voleurs. Ici l’on sait dès le départ que le coupable est le personnage joué par Leslie Nielsen qui s’en félicite d'emblée à ses ‘partenaires’ une fois sa victime ayant le dos tourné ; mais le Virginien le comprend très vite lui aussi : les autorités n’estimant pas nécessaire de l’aider à récupérer sa somme d’argent puisque les brigands ont certainement déjà dû traverser la frontière, il part lui-même à leur poursuite, ce qui l’amène directement dans l’immense propriété de l’acheteur de son troupeau, le fameux Winthrop qui se retrouve avoir gagné gratuitement cet immense cheptel. Ce qui n’est pas pensable pour le Virginien qui va tout mettre en œuvre pour se réapproprier la forte somme qui lui revenait et qui doit servir en partie à payer ses hommes ; tous les habitants étant à la botte de Winthrop et personne ne souhaitant lui apporter la moindre aide, le Virginien va être obligé de jouer au plus fin en terrain hostile. Alors que je parlais de comédie, tout ceci n’est en fait pas forcément drôle mais Sy Salkowitz, d’après une histoire de W.R. Burnett (scénariste du Scarface de Howard Hawks, High Sierra de Raoul Walsh ou Yellow Sky de Willam Wellman) s’amuse à concocter un plan si ce n’est très crédible plutôt savoureux dans son exécution.

L'intendant de Shiloh va se faire passer pour le fiancé d’une belle blonde d’origine française qui ne cherche qu’à gagner de l’argent pour pouvoir rentrer au pays après que son père soit décédé sans lui laisser le moindre dollar. A eux deux ils montent un plan destiné à duper Winthrop, à le faire tomber amoureux de la jeune femme, rendre jaloux sa maitresse actuelle elle-même amourachée du comptable, déstabilisant un peu cette parfaite organisation afin de tirer parti de la confusion engendrée et des chantages exercés. Sauf que la jeune femme va réellement être attirée par sa victime… et je ne vous en dirais pas plus ! Comme je l’évoquais peu de temps avant, tout n’est pas forcément très cohérent mais les séquences où sont réunis James Drury et Leslie Nielsen sont tellement jubilatoires - au travers notamment leurs dialogues - que ce duo haut en couleurs arrive la plupart du temps à nous faire oublier un ensemble qui dans sa progression dramatique n’aura cependant pas été mémorable voire même parfois assez laborieux ou inutilement compliqué. La majorité de la durée de l’intrigue se déroule comme une pièce de théâtre située dans le domaine luxueux d'un tyran aussi courtois que cynique à qui tout le monde obéit avec déférence ; nous sont néanmoins proposées quelques échappées vers l’extérieur ainsi qu’au saloon où auront lieu quelques bagarres assez teigneuses. On appréciera également le personnage du Bodyguard de Winthrop interprété par H.M. Wynant qui aura une certaine importance dans l’astucieuse et surprenante résolution de l’intrigue malgré le fait de ne quasiment pas parler, tellement secret et anonyme qu’on ne le surnomme que ‘The Man’.

Relativement bien écrite et correctement réalisée, une histoire assez séduisante au cours de laquelle deux hommes s’affrontent à savoir qui sera le plus malin, chacun parvenant à comprendre à l’avance le coup préparé par son adversaire ; dommage que les deux comédiennes principales n’aient pas le talent escompté auquel cas l’épisode aurait pu atteindre un niveau bien supérieur. On se demande aussi l’intérêt des quelques séquences se déroulant à Shiloh et mettant en scène John McIntire et Doug McClure dans une de ses dernières apparitions dans la série. On signalera aussi dans le rôle du banquier le scénariste d’un nombre considérable d’épisodes de la série, True Boardman. Pas grandiose mais loin d'être désagréable.

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  • 6.16- The Death Wagon (La Fièvre)
  • Réalisation : E. Darrell Hallenbeck
  • Scénario : James Menzies
  • Guest stars : Tim McIntire, Albert Salmi & Michael Constantine
  • Première diffusion 03/01/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8.5/10

Le Pitch : Trois soldats transportent un prisonnier (Tim McIntire) enfermé dans un chariot cellulaire. En manque d’eau, ils traversent les terres de Shiloh pour arriver plus vite à Medicine Bow. Trampas les dépanne mais il découvre que le hors-la-loi est atteint de la scarlatine, maladie qui lui rappelle de très mauvais souvenirs, non moins que la mort de toute sa famille. Plus tard, Elisabeth s’arrête pour désaltérer l prisonnier mais ce dernier en profite pour s'évader. Un bandit en fuite porteur d’un virus, voilà de quoi inquiéter pas mal de monde, beaucoup ne voyant d’autres solutions que de l’abattre à vue pour éviter la contamination…

Mon avis : En pleine psychose à propos du coronavirus, pur hasard que le visionnage de cet épisode ayant pour thématique principale la peur de la contagion d’une maladie, en l’occurrence la terrible - pour l’époque - Scarlet Fever, plus connue ici sous le nom de scarlatine. Mais alors que la réputation de cet épisode ne semble être pas bien fameuse au vu de ce que l'on peut en lire, j’ai trouvé au contraire ce The Death Wagon remarquable à quelque niveau que ce soit, au point d'en faire l’un des sommets non seulement de la saison mais également de la série. Cette réussite on la doit tout autant au réalisateur E. Darrell Hallenbeck - qui fut assistant de Nicholas Ray et Vincente Minnelli sur Traquenard (Party Girl) et Gigi puis à de très nombreuses reprises sur la série The Twilight Zone, celle pour laquelle il aura le plus participé en tant que réalisateur ayant été Des Agents très spéciaux (The Man from U.N.C.L.E.) – qu’au scénariste James Menzies ainsi qu’à une interprétation d’ensemble de très belle tenue malgré les accusations de cabotinage excessif tout à fait injustes concernant les comédiens qui interprètent les deux soldats antagonistes, à savoir les excellents Albert Salmi et Michael Constantine. Doug McClure ainsi que Tim McIntire dans le rôle de Veda, le hors-la-loi infecté, ne sont pas en reste et nous délivrent des performances assez marquantes ; à noter que Tim McIntire n’est autre que le fils du couple à la ville comme à l’écran formé par les formidables John McIntire et Jeanette Nolan, et qu’il réussit l’exploit de nous rendre son personnage attachant malgré la violence dont il fait preuve dès les premières séquences.

Dès le début l’on remarque l’art du metteur en scène pour mettre en valeur des paysages et leur topographie : les premiers plans sur ce chariot cellulaire avançant en plein milieu désertique ainsi que ceux sur Trampas venant vérifier l’état des barrières sont vraiment très beaux, parfaitement bien cadrés ; et ceci sera valable durant toute la durée du récit, Hallenbeck ayant de plus choisi des lieux encore assez peu – voire pas du tout – fréquentés par la série. Le seul reproche qu’on pourra lui faire concernant son travail est le trop grand nombre de faux raccords ou d’angles de prises de vues peu crédibles en ce qui concerne la continuité d’un plan à l’autre comme lors de la séquence de poursuite du fugitif par les deux soldats dans les paysages rocheux et escarpés, scène néanmoins très prenante malgré cette impression d'être un peu 'perdu'. Ceci étant dit, il ne reste que grand bien à écrire à propos de ce remarquable suspense plein de surprises, de personnages hors normes, de détails assez cocasses (le dentier de Michael Constantine) et de situations plutôt curieuses ou rarement vues. Les trois militaires chargés de convoyer le prisonnier jusqu’au lieu de son procès ne sont que de simples soldats, le trio étant commandé par un cuistot mandaté pour cette mission et 'galonné' caporal à cette occasion ; son second est un homme jaloux de la promotion obtenue par son chef de convoi qu’il n’arrête pas de titiller à ce propos et qu’il semble profondément haïr. L’homme qui est enfermé dans le chariot est un jeune homme faisant partie d’un gang de dangereux malfaiteurs, mais il semblerait avoir été le seul de la bande à ne jamais avoir tué quelqu’un, servant plutôt de grouillot à ses comparses. Alors qu’il demande à boire, on découvre qu’il a attrapé la scarlatine, maladie grandement contagieuse et surtout mortelle.

De nombreux brefs flashbacks nous montrent le jeune Trampas alors âgé de huit ans qui enterre sa mère et ses frères victimes de cette terrible épidémie. Une fois n'est pas coutume, la manière dont le réalisateur les utilise n’est absolument pas lourde, ses cadrages alambiqués et hallucinatoires ainsi que la sinistre musique font que ces séquences imbriquées presque en images subliminales possèdent au contraire une sacré puissance, surtout lorsque l’on voit l'enfant creuser sa propre tombe, y planter son épée en bois en guise de croix et enfin s’allonger dans le trou à même la terre. Alors qu’Élisabeth - après s’être plainte à sa tante de devoir être engoncée dans des vêtements trop contraignants pour cette forte chaleur ; notation assez réaliste - , s’approche du chariot pour voir qui appelle ainsi à l’aide, un homme visiblement assoiffé, le prisonnier en profite pour entourer le cou de la jeune femme avec la chaine lui liant les mains dans le but qu’on le délivre auquel cas contraire il l'étranglerait. Le voici prenant la poudre d’escampette avec les chevaux qui tiraient le chariot, les marques de la maladie sur son visage, Elisabeth probablement contaminée. Les deux soldats partent à sa poursuite ayant surtout peur des représailles de leurs supérieurs, ayant dans l’idée de tuer leur prisonnier afin de ‘couvrir’ leur erreur d'inattention ; Trampas fait de même de son côté mais dans un but plus honorable, le poursuivant pour empêcher les habitants de Medicine Bow de réussir à lui mettre la main dessus avant, la foule ayant décidé la mise en œuvre d'une solution radicale, le supprimer purement et simplement pour se débarrasser de la maladie. Clay Grainger est lui aussi partant pour cette idée et irait se joindre aux ‘lyncheurs’ si son épouse et sa nièce ne l’en avaient pas empêché, trouvant l’excuse qu’il est bien trop âgé pour ce genre d’expéditions. Encore une fois on se rend compte que le manichéisme n'est pas de le partie.

Le caporal ancien cuistot c’est Albert Salmi qui une fois encore après Brother Thaddeus dans la saison 2 et A Little Learning dans la saison 4 s’avère toujours d’une étonnante justesse, ne tombant jamais dans les pièges du cabotinage outrancier alors que ses personnages le lui prédestinaient. L’autre officier c’est Michael Constantine qui lui aussi dans la saison 4 nous octroyait dans The Dream of Stavros Karas une prestation déjà pleinement convaincante dans un rôle pourtant difficile de prime abord, son personnage ayant pu très facilement s’avérer péniblement larmoyant et ici rapidement insupportable. Le prisonnier ayant contracté la scarlatine, c’est donc Tim McIntire qui nous avait déjà fait forte impression dans Sue Ann la saison précédente. Quant à Doug McClure, en absence de tout homme de loi, il est à nouveau le représentant d’une justice humaine, refusant que l’on liquide le fugitif même si ça pourrait mettre fin à l’épidémie, estimant que chacun a le droit de vivre et d’être jugé, refusant quelque lynchage que ce soit ; ce thème récurrent était déjà le principal du mémorable premier épisode de la série, le Virginien - la série comme le personnage - prenant d'emblée une position progressiste. Les amateurs d’action et de suspense seront à la fête, l’épisode se concluant par une prise d’otages suivie par une bagarre à poings nus d’une rare sécheresse et enfin une surprise de taille concernant la maladie. Ceux qui apprécient d’en connaitre un peu plus sur le passé des principaux protagonistes auront eu un aperçu du tragique passé de Trampas et enfin l’on notera l’alchimie fonctionnant toujours aussi bien au sein du couple McIntire/Nolan qui nous gratifie de quelques séquences très touchantes. Excellent scénario, personnages d’une belle épaisseur psychologique, réalisation efficace, suspense constant quant à une probable contamination, pour un épisode original, trépidant et captivant, pas très tendre envers l’armée pas plus qu’envers le phénomène de foule. Grande réussite !

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  • 6.17- Jed (Jed)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Arthur Heinemann
  • Guest stars : Sammy Jackson, Steve Ihnat & Brenda Scott
  • Première diffusion 10/01/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Grainger tente de raisonner les ranchers voisins qui veulent entrer en guerre avec les colons nouvellement installés ; ces derniers ont décidé que le bétail ne pourrait plus traverser leurs terres à l'époque de la transhumance. Le principal opposant aux fermiers est Tallman qui missionne son régisseur (Stuart Margolin) pour aller embaucher un tueur à gages. Il trouve la perle rare en la personne du taciturne Jed (Steve Ihnat) ; ce dernier ne soupçonne pas un seul instant qu’il se trouve alors dans le camp adverse de celui où travaille son vieil ami Trampas, celui également de la femme dont il tombe amoureux, la charmante Abby (Brenda Scott)…

Mon avis : Une saison 6 qui confirme sa très haute tenue avec ce deuxième très grand épisode consécutif juste après donc l’étonnant The Death Wagon et sa captivante histoire d'un bandit évadé portant les germes d'un virus extrêmement contagieux. Ici, le thème est plus classique et déjà abordé à plusieurs reprises au sein même de la série, à savoir les éternels conflits entre éleveurs et fermiers, les premiers se voyant privés par les seconds de grandes parcelles de terre pour faire paitre ou seulement passer leurs bêtes ; ce sujet avait d’ailleurs déjà été l’occasion pour la série de nous octroyer de très grands moments, et ce dès le troisième épisode, Throw a Long Rope de Ted Post avec Jack Warden en Guest Star. Cependant le personnage de Jed est un peu particulier et amène le petit plus à ce thème rebattu mais souvent pourvoyeur dans le genre de passionnants récits. Les ranchers se sont réunis pour discuter d’un problème qui vient de leur tomber dessus ; pour leur transhumance annuelles, les troupeaux ne pourront plus passer par le Nord de la région, ce qui nécessiterait aux bêtes de traverser les terres récemment acquises par les colons pour leurs cultures. Leur trajet serait donc rallongé d’une centaine de kilomètres, ce qui n’est évidemment pas pensable pour certains qui y voient surtout une perte de temps et d’argent ainsi qu’une baisse de poids pour les bêtes. Alors que Grainger essaie de faire entendre la voix de la raison, demandant à ne pas entrer en conflit et de faire contre mauvaise fortune bon cœur, estimant que les fermiers ont autant le droit que les éleveurs de préserver leurs parcelles acquises en toute légalité, certains propriétaires n’ont d’autres idées en tête que de passer outre quitte à déclencher une War Range. “It’s the end of Medicine Bow” declare dépité l’un des habitants de la petite ville.

Parmi les plus violents à l'encontre des nouveaux arrivants, Tallman (Walter Coy) qui demande à Yeager (l’inquiétant Stuart Margolin), son régisseur, de réfléchir à une solution quitte à ce qu'elle soit radicale. Ce dernier va donc aller trouver un certain Jed, tueur à gages de son état, et va lui proposer de louer ses services. Jed est un homme profondément triste, taciturne et blasé qui semble ne pas s’être remis de la variole contractée par le passé et qui lui a laissé des séquelles psychologiques assez profondes. Il accepte de se faire embaucher, n’ayant aucune attache et rien à perdre, estimant qu’il n’a pas la patience d’attendre des années pour être riche. “Je t’admire : tu es un homme sans rancunes” dit-il à l’homme qui vient de lui faire cette proposition ; en effet c’est lui qui avait tué son frère et l’on comprend alors à quel point le Bad Guy de l’histoire, bien plus que Tallman ou le 'Gunman', pourrait être ce diabolique et cynique intendant qui fait embaucher le meurtrier de son propre frère. En arrivant à Medicine Bow pour aller prendre son poste, Jed croise Trampas et lui tombe dans les bras : en effet ils ont tous deux travaillé ensemble dix années plus tôt : c’est en quelque sorte Jed qui avait pris Trampas sous son aile et lui avait appris le métier de cow-boy. Jed comprend rapidement qu’il va devoir travailler pour le camp adverse. En arrivant chez Tallman, ce dernier lui explique que ce qu’il attend de lui est d’infiltrer Shiloh afin de connaitre les futures décisions de Grainger et de pouvoir ainsi les contrer pour faire traverser quand même ses bêtes au moment opportun, lorsque les fermiers seront 'paralysés' ou mis hors d'état de nuire. Jed accepte et va se faire embaucher par le Virginien, travaillant aux côtés de Trampas tout en glanant des informations ici et là. Un jour il a un petit accrochage sans conséquences avec Ron Keefer (Sammy Jackson), un jeune fermier. Le lendemain il vient en aide à la jolie Abby dont une roue de carriole vient de casser. En la reconduisant chez elle il découvre qu’il s’agit de la sœur de Ron mais il en tombe amoureux. Travailler pour les ennemis de la femme dont il vient de s’amouracher, une situation assez embarrassante, rendue encore plus difficile le jour où son régisseur incendie la grange des colons.

Grainger ainsi qu'un groupe d’autres ranchers s’étant rangés à son idée de cessation des conflits décident d’apporter leur aide pour la reconstruction ; Jed redouble alors d’efforts pour ces travaux. Le maître de Shiloh propose même de laisser deux de ses hommes dans chaque ferme afin de protéger leurs habitants le temps que le convoyage de bétail soit terminé. C’est Trampas et Jed qui devront rester chez les Keefer, la romance entre Jed et Abby prenant alors son envol, des idées de mariage leur traversant l’esprit, Jed tentant d’abord de persuader Abby de quitter la région avant qu’un sanglant conflit n’éclate. Jusqu’au jour où l’on apprend que Jed était employé comme espion par Tallman ; même s’il avait démissionné quelques jours avant, Jed laisse son histoire d’amour se briser sans rien dire, son amitié avec Trampas se terminer, la confiance s’étant volatilisée. L’émotion qui nous étreint à ces moments-là est bel et bien réelle ; nous avons du mal à comprendre pourquoi Jed ne dit rien de son revirement, ce qui aurait facilement pu lui faire pardonner se atermoiements ; trop fier sans doute et aussi trop blasé, ne croyant plus en rien qu’à la malchance le poursuivant. On devine assez bien comment tout ceci va se terminer et l’on pressent que ce personnage très attachant risque de ne pas sortir indemne de "la guerre des terres" qui se prépare… mais on vous laisse néanmoins la surprise. Sachez juste que le final est sombre et poignant, qu’aucune échappatoire ne nous est autorisée. Si Steve Ihnat n’était pas à son avantage dans l’épisode The Fatal Journey, il s’avère au contraire ici absolument mémorable, son personnage de Jed s'avérant l’un des plus attachants qu’il nous ait été donné de croiser au sein de la série ; dommage qu’il n’ait pas eu le temps de nous faire profiter plus longtemps de son talent car il décèdera quelques années plus tard d’une crise cardiaque à l’âge de 37 ans.

Steve Ihnat est parfait mais il n'est pas le seul ; déjà inoubliable dans Dark Destiny et Men with Guns, Brenda Scott, son talent et sa beauté aident à ce que la romance entre Abby et Jed soit totalement crédible et émouvante, les séquences la réunissant avec son partenaire s’avérant vraiment superbes, d’une belle sensibilité et d’une grande délicatesse, comme c’était déjà le cas avec Doug McClure dans Dark Destiny. Malgré un ton plutôt sombre, une histoire de tensions entre éleveurs et colons qui met pourtant en avant la solidarité, la confiance, le bon sens, la diplomatie et les compromis, éleveurs et fermiers trouvant in fine une solution qui satisfera les deux parties. A signaler que c’est le premier épisode pour lequel John McIntire remplace enfin au générique Charles Bickford décédé depuis maintenant plusieurs mois. Du suspense, de la romance, de l’action et beaucoup d’émotion (les confidences et souvenirs partagés entre Trampas et Jed ; le ciel qui tombe sur la tête du premier lorsqu’il apprend la véritable situation de son ami et son passé de tueur à gages…), ce récit réalisé de main de maître par Abner Biberman contient absolument tous ces éléments dans un dosage parfaitement équilibré qui en fait l’un des grands épisodes de la série avec à signaler une seule mais marquante apparition du Virginien qui fait montre une fois de plus d’un certain charisme et d’une grande fermeté lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. La Saison 6 n’est pas avare en très grandes fictions westerniennes pouvant facilement rivaliser avec les meilleurs films de la décennie ; Jed en fait partie.

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  • 6.18- From Help from Ulysses (Avec l'aide d'Ulysse)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : True Boardman
  • Guest stars : Barbara Rhoades
  • Première diffusion 17/01/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 6.5/10

Le Pitch : Alors qu’il doit se rendre à Springsdale pour Shiloh, Trampas demande à Grainger à ce qu'il puisse s'y attarder quelques jours afin d’aller rendre visite à une amie. Sur son chemin, il croise un chien qui le conduit à son maître, un vieux prospecteur solitaire. Se sentant mourant, il aimerait bien que sa nièce vienne lui faire ses adieux et confie à Trampas une mission, la lui ramener. Seulement, il ne se rappelle ni son prénom ni à quoi elle ressemble. Le seul indice qu’il lui donne est une tâche de naissance au-dessus du genou. Accompagné du chien qui l’a suivi voici Trampas parti pour une aventure assez cocasse et pleine de quiproquos…

Mon avis : Avec True Boardman à l’écriture d’un épisode humoristique, nous aurions pu craindre un résultat du style A Bride for Lars réalisé par Earl Bellamy, un précédent épisode de la saison 2 partant d’un postulat assez similaire et dans lequel Trampas partait ramener la femme avec laquelle l’un de ses concitoyens d’origine suédoise s’était marié ‘par correspondance’. Cette fiction était plus ridicule que drôle ; From Help from Ulysses est quant à lui vraiment amusant et divertissant à défaut d’autre chose, ce qui est déjà tout à fait suffisant d’autant plus qu’il est réalisé à la perfection par Don McDougall qui ne lâche rien, sa direction d’acteurs aidant à maitriser un cabotinage par ailleurs difficilement évitable pour ce genre d’histoires. Si Doug McClure semble parfaitement rôdé à l’exercice, parfait en ahuri complet lorsqu’il se retrouve confronté à des situations gênantes – ce qui lui arrive constamment tout au long de ce récit -, ses partenaires s’en sortent également plutôt bien même si aucune de leurs prestations ne resteront dans les annales de la série. From Help from Ulysses débute à Shiloh avec une scène qui fait immédiatement comprendre que le ton sera à la légèreté et au cours de laquelle le Virginien fait marcher Trampas quelques secondes, lui faisant croire que Grainger lui a refusé d’aller rendre visite à une amie alors qu’il sera à Springsdale pour faire des achats pour Shiloh. La tête que fait Trampas lorsqu’il apprend ce refus et la moutarde qui lui monte au nez, estimant que son régisseur ne l’a pas beaucoup aidé dans cette affaire, juste avant se rendre compte avoir été gentiment manipulé par plaisanterie - puisqu'il n'est rien de plus drôle que de faire réagir au quart de tour les personnes les plus susceptibles - … toutes ses réactions successives s’avèrent savoureuses.

Il en sera de même des autres situations qui se présenteront à nous durant toute la durée de l’épisode, Trampas en étant constamment la ‘victime’. Le voilà donc parti, tout heureux de pouvoir retrouver une jeune femme lui ayant fait forte impression lors de son passage à Shiloh. Mais voilà qu’il tombe sur un chien mignon à croquer mais un peu encombrant et qui ne le lâche pas d’une semelle, le contraignant même à le suivre. L’animal le conduit jusqu’à son maître alité qui croyant qu’il n’a plus longtemps à vivre – on pencherait plutôt pour une fainéantise aiguë le fait qu’il ne veuille plus sortir de son lit - aimerait néanmoins revoir l’un des membres de sa famille avant de quitter la terre, sa nièce. Ce Old Timer, prospecteur de son état, demande donc à Trampas de lui apporter une lettre lui demandant de venir lui rendre visite et de la lui amener ; sauf que ça fait tellement longtemps qu’il ne l’a pas revu qu’il ne sait même pas lui dire son prénom, pas plus que son nom de famille puisqu’elle s’est mariée ; il est même incapable de la décrire un tant soit peu si ce n’est qu’il se souvient d’un détail : elle a une tache de naissance en forme de fraise juste au-dessus du genou. Et Trampas de repartir sur les routes avec cette mission pour le moins originale, suivi par le chien Ulysse qu’il fait vite rebaptiser Fred suite aux questions incessantes sur le pourquoi de ce nom mythologique. Tout en étant parti à la recherche de cette perle rare, il retrouve donc la femme à qui il était venue rendre visite, toujours sous le charme du cow-boy. Les parents de la jeune fille acceptent même de loger Trampas le temps de son séjour…

… jusqu’au jour où les trois membres de la famille pensent avoir affaire à un véritable pervers et à un redoutable coureur de jupons, une femme venant lui rendre visite au beau milieu de son pique-nique en amoureux avec Betty, puis Trampas étant surpris dans une chambre d’hôtel avec deux femmes en même temps lui dévoilant leurs jambes. Au vu de ce qui a été décrit précédemment on comprend aisément qu’il était en train de vérifier la fameuse marque de naissance sur deux entraineuses s’étant toutes deux présentées comme étant la nièce du chercheur d’or. Mais pourquoi cette accumulation de postulantes à se dire membre de la famille d'un vieil homme malade ? Car deux bandits ayant découvert de la poussière d’or en voulant caresser le chien se sont trouvés une ou des complices qui pourrait (ent) les mener eux aussi jusqu’à la cabane du vieil homme qui à leur avis serait détenteur d’une grosse somme. On voit bien que tout ceci n’est pas très sérieux et même extrêmement tiré par les cheveux ; mais c’est aussi de cette absurdité du récit que provient la principale saveur de cette histoire certes totalement idiote mais qui assume tout en ne se prenant jamais au sérieux. Il faut avoir vu dans le dernier quart les relations tendues entre les deux soit disant nièces, les deux femmes se faisant la guerre en prenant Trampas comme 'Punching Ball', ce dernier n’étant pas loin de péter les plombs. Un peu de suspense sur le final avec les deux hors-la-loi qui suivent ce trio infernal jusqu’au repère du soit disant millionnaire mais évidemment tout finira dans la bonne humeur et au milieu de surprises dont celle consistant à connaitre l'identité de la véritable nièce, le tout ‘avec l’aide d’Ulysse’ comme le décrit si bien le titre, le chien étant constamment mis en avant dans cette histoire qui plaira d'ailleurs surement aux plus jeunes spectateurs.

Donc ne pas s’attendre à un sommet de la série même si celle-ci a déjà été pourvoyeuse de superbes réussites dans le domaine de la pure comédie. Mais le métier de True Boardman et de Don McDougall fait en sorte que l’ensemble se suit vraiment avec beaucoup de plaisir et sans aucun ennui tellement les situations et les quiproquos se suivent sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Les trois jeunes comédiennes (Eileen Wesson, Barbara Rhoades and Jill Donahue) font quasiment leurs débuts derrière la caméra avec cet épisode ; sans faire des étincelles, elles parviennent néanmoins à jouer le jeu et à nous amuser ; tout comme J. Pat O’Malley dans le rôle du prospecteur qui lui n’en était pas à sa première participation à la série. Mais on se souviendra surtout du chien Boot, véritablement attachant et drôle par sa manière de se jeter dans les bras de tout le monde. Un peu de légèreté ne fait pas de mal au sein d'une saison plus tournée vers des atmosphères sombres.

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  • 6.19- The Gentle Tamers (Prisonniers sur parole)
  • Réalisation : Anton Leader
  • Scénario : Don Tait
  • Guest stars : James Griffith & Anthony D. Call
  • Première diffusion 24/01/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4/10

Le Pitch : Un ami de Clay, directeur de prison, demande au patron de Shiloh de l’aider à réaliser un test sur la réhabilitation de prisonniers, persuadé que beaucoup pourraient s’en sortir si on leur offrait une seconde chance. D’abord réticent, Clay accepte d’embaucher temporairement trois détenus qui travailleraient sous les ordres du Virginien. Si le plus jeune (ex voleur de chevaux) semble vouloir se ranger en tombant sous le charme d’Elizabeth, il ne semble pas y avoir de progrès concernant les deux autres (un escroc et un criminel) puisqu’ils ont même dans l’idée de s’emparer d’une partie du troupeau. Mais un infiltré du gouvernement les surveille…

Mon avis : J’écrivais à peu près ceci à l’occasion d’un précédent épisode également réalisé par Anton Leader, cette remarque désobligeante pouvant malheureusement à nouveau s’appliquer ici : encore une fois, il est fort dommage que ce soit lui qui ait été choisi comme réalisateur pour mettre en scène cette réflexion sur la réhabilitation de détenus à priori fort intéressante, ne se révélant décidément pas le plus doué de la série, ses nuits américaines continuant de paraitre assez épouvantables tout autant que son utilisation des décors studios et surtout des transparences absolument catastrophiques (voire toutes les séquences dialoguées se déroulant au sein de la carriole). Non seulement Leader ne possède pas le talent nécessaire pour magnifier n’importe quelle intrigue mais surtout pas celle au départ déjà assez médiocre du scénariste Don Tait - qui travaillera dans les années 70 principalement pour les studios Disney et ses films non animés – dont l’écriture manque en effet sacrément de conviction et de mordant comme c’était déjà le cas concernant ses trois précédentes participations au Virginien, Two Men Named Laredo, Ride to Delphi et Star Crossed, trois épisodes pourtant eux aussi grandement appréciés par les amateurs de la série. On pourra donc d’emblée affirmer qu’il s’agit là d’un épisode fort décevant voire plus que moyen par son incapacité à nous captiver pour un récit qui avait pourtant toute les chances d’être passionnant.

L’épisode débute au sein d’un pénitencier : le directeur a convoqué son ami Clay Grainger pour lui faire une proposition. Voulant prouver que la majorité des mauvais garçons pourraient aisément se racheter une conduite s’ils n'étaient pas obligés de rester confiné en cellule, il lui demande de l’aider dans sa démonstration progressiste de mise en liberté conditionnelle. Il devra emmener trois détenus avec lui à Shiloh pour qu’ils travaillent au ranch quelques mois et soient ensuite libérés sur parole s’ils se sont bien comportés et fait amende honorable. Au début réticent, Grainger finit par accepter même s’il n’est pas aussi confiant que son ami interprété par le très bon Paul Comi (comédien qui a souvent joué sous la direction d’Edward Dmytryk et notamment dans le genre qui nous concerne dans WarlockL’Homme aux colts d’or) ; le boss de Shiloh accueille donc cette idée avec circonspection mais, surtout pour lui faire une faveur et au nom de l'amitié, décide de participer à l’expérience. Il ne devra cependant dévoiler à personne d’autre qu’à son régisseur l’état de prisonnier des trois hommes, un escroc (Anthony D. Call), un voleur de chevaux (Darwin Joston) et un meurtrier par accident (Don Pedro Colley). Le Virginien reste lui aussi un peu sceptique et est un poil vexé de ne pas avoir été consulté concernant l’embauche de ces hommes pour laquelle il se serait opposé s’il avait dû prendre seul la décision.

Ce que Grainger ne sait pas – et ce qui est grandement tiré par les cheveux ‘scénaristiquement’ parlant... en plus d’être un spoiler – est que la police a infiltré un homme dans l’équipe du Virginien afin de surveiller les trois hors-la-loi et espérer pouvoir les prendre sur le fait de quelconque délit afin de rendre caduque la démonstration humaniste de l’innovateur directeur de prison. Bien évidemment que l’idée est intéressante surtout qu’elle va in fine dans le sens du réformisme, sauf que l’on a du mal à croire à toutes ces circonstances fortuites d’un infiltré à la dernière minute sans que personne ne se pose de questions quant à son identité et son passé. Le plus jeune des trois outlaws va tomber sous le charme d’Elizabeth d’autant plus qu’ils sont tous les deux de grands amateurs de chevaux. Mais le début de cette romance ne sera guère plus convaincant que le reste, faute en incombant avant tout au réalisateur peu doué pour la direction d’acteurs, aucun des trois comédiens interprétant les prisonniers ne parvenant à nous toucher. L’escroc aura dans l’idée de se faire la malle en volant plusieurs centaines de bêtes du ranch pour lequel il travaille, arrivant à convaincre de le suivre sur cette mauvaise pente le troisième homme - le criminel - qui s’avère être un bon bougre mais un peu simple d’esprit et par le fait très influençable. Ces deux-là, en plus de ne pas vouloir continuellement se plier à la discipline et au contraire provoquant quelques troubles, se révèlent souvent non seulement maladroits mais incapables, ce qui ne leur attire pas les faveurs de leurs camarades et qui ne facilite guère leur intégration au sein du groupe. Malgré toutes ces embûches, une tragédie dont je tairais la teneur va renforcer l’envie de Clay de faire aboutir positivement le 'test' de réhabilitation…

Trois délinquants pour le prix d’un, un infiltré et un ex-outlaw (James Griffith) qui vient de sortir de prison et dont on se demande à quoi il a bien pu servir durant ce récit ; ce n’est pourtant pas payant puisque cette accumulation de personnages accouche d’un épisode bavard et mollasson, médiocrement écrit, réalisé et interprété, au scénario peu captivant. On notera pourtant un effort de progressisme mais ce n’était pas nouveau pour la série qui sur un sujet à peu près similaire avait déjà proposé bien meilleur, à commencer par l’épisode de la saison 2 avec un tout jeune Robert Redford en Guest Star, The Evil that Man do réalisé par Stuart Heisler. A signaler aussi la venue d’un nouveau ‘singing cowboy’ au sein de l’équipe (Jean Peloquin) et, plus triste, pour les admirateurs de l’excellent Clu Gulager, la dernière apparition de Ryker dans la série ; dommage qu’il ne soit pas parti avec plus de panache, son personnage – qui a acquis des rouflaquettes - étant ici vraiment très peu présent. On compte sur le prochain épisode pour effacer cette double déception d’un épisode moyen et d’un départ passé inaperçu du grand comédien qui nous aura fait presque plus grande impression à l'occasion de ses participations en Guest Star qu'en tant que Ryker.

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  • 6.20- The Good-Hearted Badman (Le Bandit au grand coeur)
  • Réalisation : James Sheldon
  • Scénario : Robert Van Scoyk
  • Guest stars : Pete Duel, Anthony Zerbe & Jon Larch
  • Première diffusion 07/02/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8/10

Le Pitch : Elizabeth trouve un homme gravement blessé et le ramène à Shiloh afin d’y être soigné. Sans le savoir les Grainger hébergent un dangereux hors-la-loi nommé Jim Dewey (Pete Duel), chef de gang recherché activement à la fois par ses hommes conduits par l’impitoyable Jake (Anthony Zerbe) ainsi que par un redoutable chasseur de primes (Jon Larch) que Clay ne veut absolument pas aider, réprouvant son métier. Aimable au point de faire succomber Elizabeth et ses parents sous son charme, Jim se rétablit alors que tous les cowboys du ranch sont partis pour convoyer un troupeau. Le danger se rapproche du ranch...

Mon avis : Alors que je découvrais The Brazen Bell en tout début de saison 1 – l’épisode 5 plus précisément – j’écrivais "même si tout à fait subjectivement ces histoires de prises d'otages en huis clos ne m'ont jamais vraiment passionné, je dois avouer que l'écriture du scénario, sa construction, la qualité de l'interprétation et de la mise en scène ont fait que l'ennui n'a quasiment jamais pointé le bout de son nez. Ajoutez à cela une astucieuse utilisation des ellipses, une belle gestion du suspense, une mise en scène de qualité... et la rigueur de l'ensemble finit d'entériner la réussite de cet épisode dans lequel James Drury et Doug McClure n'ont pas un grand temps de présence. Le réalisateur James Sheldon, qui aura fait sa carrière entière à la télévision, signera encore sept autres épisodes de la série ; on s'en réjouit par avance !" Il aura fallu attendre six saisons pour voir réapparaitre James Sheldon à la baguette et cette conclusion du texte à propos de The Brazen Bell pourrait à nouveau tout à fait s’appliquer ici sans presque en changer la moindre virgule, seuls les trois Grainger étant de la partie parmi les personnages récurrents – content d’ailleurs de revoir Stacey qui s’était fait invisible depuis un bon moment – la prise d’otage en huis-clos étant de nouveau au programme dans le troisième tiers avec encore plus de suspense, de tension et de qualité d’écriture que dans le précédent. Autant le dire de suite, un très grand cru de la série au sein d’une saison qui n’en est vraiment pas avare et qui va certainement être la première conseillée à ceux qui voudraient découvrir la série dans les meilleures conditions. Savoir que James Sheldon signera encore six épisodes assez rapprochés dans le temps n’est pas non plus pour nous déplaire !

Quant au scénario tout aussi formidable que la mise en scène de Sheldon, il est signé par Robert Van Scoyk qui écrira par la suite encore 9 autres épisodes de la série, ce qui nous promet également quelques superbes récits à venir. The Good-Hearted Badman débute par une séquence en plein air voyant un homme gravement blessé qui finit par tomber de sa monture et être trouvé par Elizabeth. Se sentant incapable de le ramener sans aide, elle va chercher son oncle et sa tante, restés seuls au ranch alors que tous les cowboys sont partis convoyer un troupeau durant plusieurs semaines. Alors que Clay voudrait l’emmener directement en ville chez un docteur, Elizabeth le convainc de lui offrir l’asile à Shiloh ; un peu réticent, Clay finit par accepter tout en prévenant sa nièce : "This is not a bird with a broken wing. There are a lot of reasons why a man shoots another man, and none of them are any good." Nous sommes cependant plus enclins à faire confiance à l’intuition féminine d’Elizabeth ; et même à nouveau lorsque l’on vient à apprendre la véritable identité du blessé, le chef d’une dangereuse bande de hors-la-loi, l’homme étant recherché pour meurtre, condamné à la pendaison, sa tête mise à prix pour une somme non négligeable de 5000 dollars. Car la jeune fille est intimement persuadée que le bandit a un bon fond, sa conviction étant renforcée par un journal qu’elle retrouve et qui narre les aventures de cet homme un peu comparé à un Robin des Bois du Far-West. Pleine de compassion, elle va aller à l’encontre de tous les conseils de méfiance. L’attitude du jeune homme ne vient en rien contrarier cette croyance, pas plus auprès des téléspectateurs d’ailleurs, le comédien Pete Duel jouant parfaitement bien le bandit au grand cœur du titre, véritablement aimable, poli et charmant ; un acteur mort prématurément à l’âge de 31 ans et qui fut surtout célèbre pour avoir été le héros de la série Opération Danger (Alias, Smith and Jones) au début des années 70. On comprend aisément l’empathie que le personnage suscite auprès d’Elizabeth, Sara Lane nous octroyant pour l’occasion sa prestation la plus touchante.

On peut difficilement aborder le dernier tiers de l’épisode sous peine de dévoiler de surprenants retournements de situation que nous n’avions pas vu venir, grâce non seulement à l’intelligence de l’écriture mais aussi et surtout à l’interprétation de chaque comédien. L’on sait juste que beaucoup de monde va bifurquer vers le ranch alors même qu’il est déserté de tous ceux qui auraient pu le protéger : d’un côté un impitoyable chasseur de primes qui va à son tour embaucher quelques hommes peu fréquentables pour l’aider à appréhender le bandit ; de l’autre le reste des membres de la bande de Jim venus le rechercher, tout aussi cruels que les hommes du premier groupe, n’hésitant pas à tuer froidement des innocents afin de ne pas laisser de témoins dans leur sillage. Difficile à dire qui de Jon Larch ou Anthony Zerbe est le plus effrayant, le premier – déjà Guest Star peu rassurante du premier épisode de la série - dans la peau de ce Bounty Hunter capable de prendre en otage un membre de la famille Grainger afin qu'il serve de monnaie d’échange contre le blessé que ces derniers ont recueilli, le second dans celui du bras droit du hors-la-loi qui ne s’embarrasse de guère plus de scrupules. Parmi les acteurs récurrents, outre Sara Lane qui nous fait une fois n’est pas coutume très bonne impression, nous nous arrêterons à nouveau sur le couple à la ville comme à l’écran interprété par John McIntire et Jeanette Nolan, véritablement convaincants, et pour cause ! On ne compte plus les séquences les réunissant où il n’est pas difficile de se rendre compte de l'amour qu'ils se portaient hors plateaux tellement la tendresse qui les unissait rejaillit sous nos yeux. On notera aussi de très jolies séquences comme celle au cours de laquelle Jeannette Nolan se substitue à sa nièce pour raser le bandit, une superbe mise en scène utilisant à merveille les nuits venteuses avec à signaler le fait très appréciable que pour une des rares fois dans le courant de la série, les scènes nocturnes ont été tournées de nuit et non en nuits américaines, avec à la clé quelques très beaux plans éclairés par Enzo Martinelli, le tout rehaussé par une partition de toute beauté signée Leonard Rosenman, son style étant immédiatement reconnaissable.

Un épisode aussi tendu que touchant abordant le thème de la confiance et du mensonge avec cette phrase d’Elizabeth qui aurait pu être mise en exergue : "I know there's more pleasure in giving than taking, and lying and cheating never pleased a person as much as loving and trusting" ; il devrait plaire tout autant aux amateurs de suspense que d’action, le dernier quart d’heure gâtant les seconds lors de fusillades vraiment très efficaces pour de la télévision. On se félicitera de l’attitude de Clay envers le Bounty Hunter, refusant de l’aider, préférant même se mettre en danger plutôt que de fermer les yeux devant ce qu’il considère presque comme un lynchage, plutôt que d’accorder quelconque crédit à cette profession qu'il juge malsaine et indigne ; on appréciera à nouveau des notations sur le Guerre de Sécession et ses dommages collatéraux ainsi que cette petite réflexion à propos de la notion de romantisme qui se fait parfois jour autour des légendes populaires, parvenant parfois à transformer de viles crapules en héros martyrs – l’épisode parle à quelques reprises de Billy The Kid -, le personnage de Jim étant lui aussi absolument passionnant de ce point de vue sans pouvoir en dire plus sous peine de révéler trop de choses. L’envie me tente néanmoins de citer ici les deux dernières répliques/spoilers de dialogue tellement elles montrent la belle humanité des Grainger :

Elizabeth : "He was worth saving. He was good"
Clay : "He was Elizabeth. But he never really believed that until he met you."

R.I.P. James Drury décédé ce 6 avril à l'âge de 85 ans !

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  • 6.21- The Hell Wind (Le Vent de l'enfer)
  • Réalisation : Don McDougall
  • Scénario : Leonard Praskins & Barbara Merlin
  • Guest stars : Pat Crowley & Ford Rainey
  • Première diffusion 14/02/19686 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7/10

Le Pitch : Trampas, Stacey et Elizabeth reviennent de Silver Springs où ils s’étaient rendus pour la fête du 04 juillet. Surpris par une tempête de sable, ils sont obligés de faire une halte dans une maison abandonnée où heureusement restent des vivres encore mangeables. D’autres personnes égarées les rejoignent bientôt : un couple dont le mari est un banquier blessé à l’épaule, son épouse que semble bien connaitre Trampas, puis le comptable de cette même banque qui apprend à son patron que l’établissement a été dévalisé. On retrouve aussi quelques pièces d’or au sol et dans un renfoncement du mur… Etranges coïncidences…

Mon avis : Don McDougall à la baguette et nous voilà confortablement installés et très confiants sachant que, sa direction d’acteurs ayant toujours été irréprochable, un épisode 'théâtral' confiné dans une petite cabane faute à une tempête de vent et de sable qui empêche quiconque de sortir devrait ne pas lui poser de problèmes. Et c’est effectivement le cas : là où un grand nombre de réalisateurs moins chevronnés nous auraient sans doute vite ennuyés, McDougall s'en sort haut la main et nous offre un récit extrêmement plaisant. Mais avant ce semi huis-clos, l’épisode débute d’une manière très légère, ce que réussit aussi souvent très bien McDougall : Stacey (pour l’une de ses trois dernières participations à la série ; un peu triste pour nous qui commencions seulement à apprécier le jeu de Don Quine après qu’il ait beaucoup tâtonné : pareil pour Sara Lane d’ailleurs, sauf qu'elle sera au rendez-vous presque jusqu’à la fin), Elizabeth et Trampas se sont rendus à Silver Springs à la foire du 04 juillet, jour de la fête nationale ; ils y présentaient un de leurs taureaux de compétition et en ont profité pour s'amuser, Elizabeth se révélant très habile au tir à la carabine. Cinq minutes très agréables et sans aucune prétention, séquences indolentes que j’ai tendance à beaucoup apprécier au sein la série surtout lorsqu’elles sont bien réalisés et interprétées. Puis voilà nos trois habitants de Shiloh sur le chemin du retour en carriole : décidément ces scènes de 'transport' sont les plus hideuses qui soient en ce qui concerne les transparences ; c’était déjà le cas concernant celles d’un des précédents épisodes signé Anton Leader, The Gentle Tamers, sauf que Don McDougall ne nous avait par contre pas habitué à un tel relâchement, évitant jusque là au maximum ce genre de plans. Mais il pouvait difficilement ici en faire l’impasse d’autant que la tempête se lève alors qu’ils sont en route. [La saison de tournage devait d'ailleurs être bien venteuse car le précédent épisode – le superbe The Good Hearted Badman - évoquait déjà ces vents violents.]

Concernant ces séquences en studio, un défaut néanmoins mineur d’autant que tout ce qui suivra n’aura pas à souffrir de ce manque de budget, le décor de la maison isolée où Trampas et les deux Grainger sont obligés de se réfugier s’avérant au contraire plutôt crédible. Coincés dans ce havre de fortune, nos trois compagnons vont voir les rejoindre plusieurs personnes, pas moins de quatre successives, soit disant perdues elles aussi au sein de la tempête. Tout d’abord un couple constitué par une jeune femme et son époux un peu plus âgé. Ce dernier est patron d’une banque et il s’est blessé à l’épaule durant la tempête. Sa jeune épouse se fait prénommer Angela mais Trampas la connaissait en tant qu'entraineuse de cabaret sous un autre prénom, celui de Pearl : il s’était même fait arnaquer par la jeune femme qui avait triché aux cartes pour lui substituer tout l’argent qu’il avait sur lui, avant de se volatiliser et de le laisser totalement démuni. Elle assure néanmoins à Trampas qu’elle s’est rangée depuis, qu'elle souhaite se faire pardonner, qu’elle est fière d’être devenue respectable et lui demande surtout instamment de ne pas révéler à son mari le secret sur son passé pas très glorieux. Le banquier c’est Ford Rainey, comédien fort apprécié par Delmer Daves qui l’a fait jouer dans 3 heures 10 pour Yuma, L’or du hollandais (The Badlanders) ou encore Parrish. Dans le western, on pouvait également le voir dans Les Deux cavaliers de John Ford ou encore dans Les Rôdeurs de la plaine (Flaming Star) de Don Siegel. Son épouse c’est Pat Crowley qui faisait partie de la distribution de Demain est un autre jour (There's Always Tomorrow) de Douglas Sirk et qui se révélait vraiment très bien dans L'Homme de San Carlos (Walk the Proud Land) de Jesse Hibbs aux côtés de Audie Murphy.

Les deux acteurs sont vraiment très convaincants, tout autant que ceux qui interprètent les deux qui les rejoignent encore un peu plus tard, le comptable de la banque (Woodrow Parfray) ainsi qu'un jeune cow-boy à qui la cabane sert souvent de refuge et grâce à qui des vivres encore mangeables s’y trouvaient encore, joué par Kiel Martin. Ce dernier se révèle même bon chanteur nous octroyant au passage deux sympathiques mélodies. Pour l’anecdote, Jerry Schatzberg se félicitait d’avoir bénéficié sur le tournage de Panique à Needle Park de son expérience d’ancien junkie. Sans vous en dévoiler plus, Kiel Martin nous prouve ici sa grande qualité de jeu dans deux registres totalement antagonistes. Concernant l’intrigue, le spectateur est constamment en train de se questionner quant à savoir pourquoi tant de personnes se sont rassemblées dans ce même endroit perdu, le hasard semblant ne pas faire long feu surtout après que Trampas et Stacey aient découvert des pièces d’or cachées derrière le mur – faute ou grâce au taureau qui a rué dans les brancards, effrayé par le bruit du vent - et avoir appris que la banque où travaillent les deux autres hommes ayant trouvé refuge dans cette cabane a été très récemment dévalisée, 10 000 dollars ayant été volés. Trois suspects sont ainsi présents sur place : sont-ils complices ? Au quel cas contraire qui est le coupable si seulement il y en a un parmi eux ? A part cette discrète enquête par Trampas et Stacey, il ne se passe à vrai dire pas grand-chose tout au long de cet épisode ; mais le talent hors pair de Don McDougall pour nous captiver à propos de très petits détails – comment Trampas se prépare à faire un somme sur sa chaise ; comment il triche pour ‘réparer’ l’épaule du banquier afin que ce dernier ne s’attende pas si tôt à la douleur ; comment Elizabeth arrange la maison afin qu’elle fasse moins sordide le temps de leur ‘confinement’… - fait que l’on ne s’ennuie jamais.

Il faut répéter aussi que la direction d’acteurs aide grandement à ce que l’on parvienne à se passionner pour aussi peu. Il ne faudrait néanmoins pas oublier le beau travail des scénaristes Barbara Merlin et Leonard Praskin (ce dernier dont c’est le dernier job en écrivit beaucoup durant les années 30 dont par exemple celui de L’appel de la forêt de William Wellman). Une réussite de plus à l’actif de Don McDougall et au sein de cette formidable sixième saison qui s’avère être qualitativement parlant la plus régulière dans les sommets. Un script bavard et il est vrai plutôt mince mais jamais lourd ni ennuyeux, même assez malin, faussement décousu et pour tout dire assez captivant jusqu’au final ; un épisode qui devrait plaire un peu plus aux amateurs d’intrigues policières qu’aux westernophiles et dans lequel Doug McClure nous fait encore une très sympathique impression tout autant que Sara Lane, le rôle d'Elizabeth s'étoffant vraiment ces derniers temps après être resté terne et dans l’ombre durant beaucoup trop d’épisodes.

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  • 6.22- The Crooked Path (Le Chemin tortueux)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Robert Presnell Jr. & Jerrold L. Ludwig
  • Guest stars : Kevin Coughlin & Tom Skerritt
  • Première diffusion 21/02/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 4/10

Le Pitch : Cheever, shérif à la retraite, n’en peut plus du comportement dangereusement infantile de son fils Kiley (Kevin Coughlin) qui passe son temps à provoquer ceux qu’il rencontre. Après que son père l’ait humilié en public, Kiley décide de quitter sa petite ville du Texas et de se rendre à Shiloh où il sait que travaille Trampas, vieil ami de la famille. Il est embauché par le Virginien mais, peu fiable et surtout gros affabulateur, il va s’attirer des animosités et notamment celle de Moran (Tom Skerritt), qui le prend en grippe. Melissa, la nièce de Clay Grainger en visite au ranch, va au contraire tomber sous son charme…

Mon avis : La saison 6 a beau être d'une formidable richesse, la série a pourtant vraiment du mal avec les histoires mettant sur le devant de la scène des personnages au sang chaud et aux caractères un peu exubérants/agaçants, que ce soient des repris de justice à qui l’on offre une seconde chance ou alors - comme c’est le cas ici - de jeunes vaniteux qui n’ont pour se faire remarquer et s’épanouir que le choix de la provocation. Kiley, en plus d’être totalement immature de ce point de vue, s’avère être un indécrottable affabulateur. Lassé de ce comportement infantile et dangereux, son père l’humilie en public au cours d’un prologue nocturne vraiment tendu et qui promettait un grand cru. Après qu’il ait failli tuer son père – le suspense est vraiment très réussi à ce moment là – Kiley décide de quitter le Texas sans jamais y revenir et d’aller se faire embaucher à Shiloh, Trampas ayant été un grand ami de la famille alors que le jeune homme n’avait alors qu’une dizaine d’années et que le cowboy "le faisait sauter sur ses genoux". Après ce démarrage très encourageant, voilà que les auteurs, sans plus tarder, nous font tomber des nues avec une séquence totalement grotesque au sein d’un camp indien, les Natives décrits durant ce court moment pouvant aisément rivaliser de ridicule avec ceux des pires productions A.C. Lyles au cinéma. Durant cette scène heureusement très courte, Kiley se fait voler sa monture par les indiens – dont des femmes et des enfants - qui estiment en avoir le droit, puis repart à pied jusqu’à Medicine Bow. En à peine cinq minutes, Abner Biberman a fait souffler le chaud et le froid sur le téléspectateur ; malheureusement, la température restera bien faible tout du long faute en incombant principalement à la direction d’acteurs et à des comédiens guère convaincants.

Car que ce soient Kevin Coughlin dans la peau du blanc-bec à la forte tête, Ellen Moss dans le rôle de la nièce des Grainger, ou encore John Marley dans celui du Old Timer qui va accepter de se faire licencier pour protéger le jeune homme qu’il a pris en affection, aucun des trois n’arrive à nous faire éprouver de l’empathie pour leurs personnages, soit par le fait que leur jeu soit trop terne (Ellen Moss & John Marley) soit au contraire insupportable de cabotinage concernant le protagoniste principal de l’histoire qui finit très vite par nous lasser. Dans ces cas-là, sans aucun moyen de pouvoir se rattacher à qui que ce soit, il est difficile de ne pas s’ennuyer même devant une histoire qui tiendrait la route. Heureusement une autre Guest Star parvient à nous faire sortir de notre torpeur, le jeune Tom Skerritt (l’un des membres de l’équipage du Nostromo dans le Alien de Ridley Scott) qui interprète le cowboy de Shiloh qui prend Kiley pour tête de turc à force de ne plus supporter son incompétence et ses mensonges de mythomanes. Doug McClure n’est évidemment pas mauvais lui non plus et à eux deux ils permettent à The Crooked Path de ne pas être aussi pénible qu’il semblait devoir le devenir. Sans oublier également celui qui nous aura fait forte impression au cours du prologue, Karl Swenson dans le rôle du père du jeune sauvageon ; un comédien que tous les amateurs de western connaissent parfaitement, ayant aussi bien tourné sous la direction de Delmer Daves que de Jack Arnold, Don Siegel, Henry Hathaway, John Sturges, Sam Peckinpah ou Robert Aldrich. Excusez du peu et autant dire qu’il est difficile pour les aficionados d’être passé à côté ! Dommage que son personnage dans cet épisode ne soit présent que durant la première séquence.

Il ne va pas se passer grand-chose au cours de cette fiction que l’on semble avoir déjà vu et revu, le laborieux apprentissage du métier de cow-boy du jeune Kiley n’ayant guère plus d’intérêt que la romance assez niaise qui va l’unir à la nièce des Grainger venue en visite à Shiloh le temps d’un seul épisode. Le récit va donc sans cesse passer des vantardises de Kiley qui ne pense qu’à ce que l’on soit témoin de son habileté dans le maniement des armes à ses visites romantiques à Melissa, l’histoire d’amour faisant malheureusement partie des plus mièvres depuis le début de la série, elle qui nous a pourtant offert tant de beaux portraits de femmes depuis ses débuts. L’amitié entre le vieil alcoolique et le jeune fanfaron aurait pu faire ressortir une bonne dose d’émotion mais se révèle elle aussi plus nigaude que touchante faute une fois encore à des personnages pas spécialement bien écrits et à des comédiens ici au moins sans grand talents. Les amateurs d’action assisteront à quelques combats à poings nus pas spécialement excitants ainsi qu’à une séquence d’incendie guère plus palpitante. Le final sombrera quant à lui dans le plus mauvais mélodrame avec la longue lettre du père lue en voix off et qui nous semble interminable.

Abner Biberman fait ce qu’il peut et utilise lui aussi ces mêmes vilaines transparences des séquences ‘à carriole’ que l’on peut déjà voir depuis plusieurs épisodes. Et, puisque nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent pour pouvoir en parler plus longuement, notons que Ellen Moss ne fera pas une longue carrière en tant qu’actrice et qu’elle préfèrera se tourner vers le médical, alors que le jeune Kevin Coughlin trouvera un rôle récurrent dans la série Bonanza mais qu’il mourra bêtement heurté par une voiture à l’âge de 31 ans. Un mythomane voulant être pris au sérieux mais qui se retrouve la risée de tous ses compagnons de travail, voilà qui aurait pu fournir une bonne histoire assez touchante ; sauf que ce boulet pour le Virginien - qui est en même temps obligé de prendre soin de la nièce de son patron - devient vite également un boulet pour les téléspectateurs que nous sommes. Espérons un prochain épisode d’une toute autre trempe !

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  • 6.23- Stacey (La Fracture)
  • Réalisation : Leo Penn
  • Scénario : Douglas Morrow
  • Guest stars : Robert H. Harris
  • Première diffusion 28/02/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 2.5/10

Le Pitch : Stacey se casse le bras alors que la calèche dans laquelle il était avec sa petite amie Janie (Lee Kroeger) se renverse. Si la fracture est vite réparée, le bras reste toujours inerte ; inquiet, le docteur de Medicine Bow envoie Stacey voir un spécialiste. Il se trouve qu’un nerf coincé pourrait le laisser paralysé à vie sans une opération. Celle-ci a lieu mais Stacey ne retrouve toujours pas l’usage de son bras. Il a un autre motif de soucis ; depuis que l’on a appris qu’il pourrait rester amoindri de manière permanente, Janie vient de moins en moins souvent lui rendre visite ; son éducation pourrait être à l’origine de cette ‘peur’ de la faiblesse…

Mon avis : Pour son dernier épisode lui étant consacré – Don Quine ne sera plus au générique que d’un seul et semble-t-il pour une participation minimale - le personnage de Stacey n’est pas vraiment gâté par les auteurs qui nous octroient à cette occasion l’un des épisodes les plus mièvrement mélodramatiques - car le mélodrame en soi n'est pas une tare - en même temps qu'un des moins palpitants de la série. Les premiers plans assez bucoliques laissaient pourtant présager bien mieux que ce qui allait suivre ; mais dès que l’on fait la connaissance de Janie, la nouvelle petite amie de Stacey, on devine que le manque de talent de la comédienne Lee Kroeger va ne pas tirer cette histoire vers le haut ; et c’est effectivement ce qui se passe, le choix des acteurs n’étant pas seuls en cause, le scénario de Douglas Morrow s’avérant très vite sans grand intérêt. Il fut pourtant en début de carrière l’un des spécialistes des Biopics sportifs hollywoodiens, son travail nous ayant donné trois films tout à fait agréables se déroulant dans les milieux du football américain ou du base ball : The Stratton Story de Sam Wood avec James Stewart et June Allyson ainsi que deux autres signés Michael Curtiz, Le Chevalier du stade (Jim Thorpe All-Americans) avec Burt Lancaster et Phyllis Thaxter ainsi que le savoureux Un homme pas comme les autres (Trouble along the Way) avec John Wayne et Donna Reed. On ne pourra malheureusement pas en dire autant de son script pour cet insipide Stacey.

Par une belle après-midi ensoleillée la calèche dans laquelle se trouvait Stacey et Janie se renverse en passant sur une branche et le neveu des Grainger est blessé, son bras cassé. Malgré le jeu d’emblée très limité de la jeune Lee Kroeger mais aussi de son personnage pas spécialement attachant, le début reste assez sympathique par sa légèreté, basé principalement sur les blagues et moqueries que s’envoient les cowboys et Stacey, les premiers lui disant de ne surtout pas trop se fatiguer, le second ayant de la répartie et rentrant dans le jeu en les rendant jaloux d’aller devoir trimer pendant que lui pourra se prélasser à sa guise. Tout ceci est assez amusant sauf que l’on en a vite fait le tour, le running gag devenant finalement assez vite lassant. Mais finalement nous aurions préféré que le récit se poursuive de la sorte car à la fin du premier tiers le récit bascule vers le mélodrame jamais ni crédible ni captivant. En effet, alors que la fracture de Stacey se répare, son bras reste étrangement toujours inerte. On fait alors venir un spécialiste qui constate qu’un nerf de l’épaule à été touché durant la chute et que si on ne l’opère pas pour le décoincer Stacey risque de perdre le bras. L’opération empêcherait la mutilation mais rien ne dit qu’il ne perdrait quand même pas l’usage de son bras. C’est l’un des ‘suspenses’ qui va devoir nous tenir en haleine jusqu’à la fin de l’épisode : c’est quand même bien peu d’autant que l’autre est de savoir pourquoi Janie ne vient plus rendre visite à son amoureux depuis qu’elle a apprit qu’il pourrait rester paralysé à vie.

Les comédiens auraient été convaincants que l’ensemble aurait pu être touchant. Ce qui n’est pas le cas, même Don Quine - probablement dans sa tête déjà sur le départ - semblant se fiche un peu de ce qui arrive à son personnage. Avant de le quitter définitivement, on se souviendra donc surtout de lui dans cet épisode assez surprenant en fin de saison 5, le paranoïaque, kafkaïen et cauchemardesque Nightmare at Fort Killman réalisé par Abner Biberman et qui en plus de son insoutenable suspense s’avérait être un virulent pamphlet contre la discipline dans l'armée et les règlements militaires. Dans Stacey, il passe son temps à déprimer, nous agaçant assez vite par la même occasion d’autant que l’on a du mal à comprendre qu’il puisse être tombé amoureux d’une godiche comme Janie qui n’ose même pas le masser afin de lui faire retrouver des sensations dans les bras. On comprendra à la fin les raisons de cette méfiance par l'intermédiaire d'explications psychologico-fumeuses assez ridicules – même si dans la réalité tout à fait possibles - faisant reposer cette crainte sur l'éducation que lui a donné sa mère et des mensonges qu'elle lui a toujours proféré quant au véritable caractère de son père ; tout autant grotesque se révèle la stratégie mise au point par Clay Grainger pour faire sortir Stacey de sa torpeur selon lui à l’origine de cette paralysie, à savoir le bousculer jusqu’à ce qu’il s’énerve, qu’il craque et que dans le feu de l’action il se serve de son bras sans s’en rendre compte. Le Virginien devra donc le pousser à bout en le ridiculisant et en le faisant sortir de ses gonds jusqu’à provoquer un teigneux pugilat qui n’est pas ce que les auteurs nous auront proposé de mieux, la réalisation de Leo Penn ayant également du mal à suivre, faisant de cette séquence un moment plutôt gênant, tout autant lorsque notre héros ayant réussi sa ‘mission’ se met à rire plusieurs secondes durant à gorge déployée.

Une dernière déception, les relations mère-fille qui auraient pu donner des séquences psychologiquement assez intéressantes mais qui faute encore à deux actrices moyennes ainsi qu’à un scénario souvent mièvre et ridicule tombent au contraire à l’eau. Bref, au sein d’une saison quasi parfaite, nous aurons quand même eu droit à deux mauvais épisodes successifs, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de la série. Et du coup, on se prend à attendre avec anxiété le prochain en espérant ne pas à avoir utiliser l’expression ‘jamais deux sans trois’ ! Nous n’aurons néanmoins pas tout perdu en bénéficiant de quelques répliques assez amusantes, de quelques séquences réunissant Jeanette Nolan et John McIntire toujours aussi justes ainsi que d’un final assez léger et plutôt sympathique contrairement à l'heure qui aura précédé.

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  • 6.24- The Handy Man (Un Homme à tout faire)
  • Réalisation : Abner Biberman
  • Scénario : Mel Tormé
  • Guest stars : Mel Tormé
  • Première diffusion 06/03/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 8.5/10

Le Pitch : Ward Borden fait pression sur son père afin qu’il s’approprie le chemin qui traverse leurs terres ; il souhaite ainsi priver Shiloh de pouvoir les traverser en espérant qu’ainsi leur propre ranch pourra prospérer autant que celui des voisins. Trampas fait en premier les frais de ce début de 'War Range' lorsque Ward lui tombe dessus avec violence. Mais un certain Jim (Mel Tormé) qui passait par là lui vient en aide. L’un des deux agresseurs reconnait en lui un redoutable tireur et chasseur de primes ; la nouvelle comme quoi Grainger aurait embauché un tueur à gages pour contrer Borden se propage comme une trainée de poudre…

Mon avis : A la fin de mon texte sur Stacey de Leo Penn qui mettait pour la dernière fois en scène ce neveu des Grainger, j’écrivais qu’au sein d’une saison quasi parfaite, nous avions quand même eu droit à deux mauvais épisodes consécutifs, ce qui ne s'était encore pas produit depuis le début de la série. Et du coup, on se prenait à attendre avec anxiété le prochain en espérant ne pas avoir à utiliser l’expression ‘jamais deux sans trois’ ! Nous pouvons donc principalement remercier Mel Tormé d’avoir exaucé nos prières dans les grandes largeurs : non seulement il est scénariste de cette formidable réussite mais c’est également lui l’invité vedette tout à fait convaincant de ce The Handy Man qui fait d’ors et déjà partie des sommets de la série. Et comme nous l’avions déjà détecté à plusieurs reprises et qui se confirme à nouveau ici, ce sont principalement les histoires basées sur les conflits entre éleveurs qui sont à l’origine de quelques-uns des récits les plus rigoureusement écrits du Virginien. Mais avant d’aller plus avant, rendons brièvement hommage à Mel Tormé qui le mérite, ne serait-ce que pour avoir composé parmi des milliers peut-être la plus belle chanson de Noël, la fameuse ‘Christmas Song’ immortalisée par la voix chaleureuse de Nat King Cole et son orchestration qui ne l'est pas moins avec ses guitares hawaïennes ensoleillées. Né à Chicago, Tormé fût un enfant prodige puisqu’il commença à chanter dans un Band à l’âge de quatre ans et écrivit sa première chanson à treize. Trois ans plus tard, il eut déjà un succès à son actif (pour Harry Williams) et de 1942 à 1943 il fit partie d’un groupe dirigé par Chico Marx. Puis il fit ses débuts au cinéma en même temps que Frank Sinatra dans Higher and Higher de Tim Whelan, comédie entraînante et bon enfant. On retrouvera ce superbe crooner bien trop méconnu dans le sympathique Good News de Charles Walters aux côtés de June Allyson ou encore dans The Duchess of Idaho de Robert Z. Leonard avec Esther Williams.

Dans cet épisode du Virginien, il incarne avec justesse et une grande subtilité, Jim, petit bonhomme assez frêle que l’on croise pour la première fois alors qu’il tire Trampas d’une fâcheuse posture. En effet, alors qu’il emprunte un chemin de tout temps utilisé par Shiloh, Trampas est pris à partie par Ward qui lui rappelle que l’on va statuer dans la semaine quant à savoir qui sera propriétaire de la parcelle de terre qu’il traverse, son père ayant demandé – sous la pression de son fils - à ce qu’elle devienne privée sans que plus personne ne puisse s'y aventurer. Notre jeune cowboy au sang chaud s’énerve et se fait sauvagement assommer par Ward lorsque Jim apparait qui fait mettre fin à un possible combat encore plus violent. Le bras droit de Ward a reconnu en ce sauveteur providentiel un célèbre tueur à gages basé à Virginia City ; les Borden vont vite propager cette nouvelle comme quoi Grainger aurait embauché un Gunman pour les intimider ; ceci est évidemment très mal accueilli par les habitants de Medicine Bow qui ont toujours eu en horreur ce genre d’individus. Il n’en est cependant rien, mais en apprenant cette rumeur, le Virginien et Trampas vont avoir dans l’idée de ne pas la démentir afin que les Borden n’osent pas entrer en conflit jusqu’au délibéré de la justice quant au droit de passage. Pour le remercier d’être venu au secours de Trampas et vu qu’il recherche un emploi, le régisseur propose donc à Jim de le faire travailler non comme cowboy car pas du tout doué pour ça mais comme homme à tout faire. Le shérif – Ross Elliott de retour puisque Clu Gulager a définitivement quitté la série – qui déteste lui aussi les Bounty Hunters va vouloir se rendre compte lui-même en allant faire une visite à Shiloh : au vu de l’aspect chétif de Jim il ne croit pas une seule seconde qu’il puisse être cet homme de très mauvaise réputation.

La qualité première du scénario de Mel Tormé est qu’il réussit tout du long à faire également douter le téléspectateur qui à la dernière image pourra encore continuer à se poser la question de savoir si oui ou non Jim est bien un chasseur de primes. Outre se révéler superbe quant à la description de ce personnage très original - d’une rare douceur mais expert en armes à feu, réputé être une bête sauvage mais pourtant très frêle… - le scénario de Mel Tormé est d’une efficacité totale à tout autres points de vue : il met en scène multiples autres protagonistes tous aussi bien croqués – Ward Borden, son père, son homme de main… - ; nous propose des réflexions jamais ennuyeuses quant à la propriété, au pouvoir de l’argent, à la solidarité, aux interactions entre amour et affaires ; une intéressante romance réunissant Elizabeth qui est amoureuse de Ward, soit désormais 'l’ennemi numéro 1' de son père puisque allant empêcher dorénavant ce dernier de pouvoir traverser ses terres, lui faisant perdre au passage beaucoup de temps et d’argent ; de captivantes relations père-fils, le premier n’osant pas trop contredire son fils même s’il sent que son ‘sens de l’éthique’ n’est pas vraiment le même que le sien ; de passionnantes questions juridiques concernant ce litige à propos d’un dossier d’attribution d’une parcelle de terrain qui pourrait changer la donne dans la région si un des éleveurs devait en devenir seul propriétaire ; de très efficaces scènes d’action dont d’incroyables fusillades - surtout celle finale dans le saloon - ou des bagarres à poings nus très teigneuses entre Doug McClure et Tom Simcox, acteur déjà invité à deux reprises au cours de la série ; de superbes et émouvantes séquences au cours desquelles Trampas et Jim se confient de manière assez intimes ; ou encore d’étonnantes surprises scénaristiques que je ne m’abaisserais pas à vous décrire, bien évidemment concernant surtout ce superbe protagoniste qui restera plus ou moins énigmatique jusqu'au bout.

Un épisode remarquable, solidement bien écrit, très correctement réalisé par Abner Biberman qui est désormais bien rodé aux rouages de la série, bénéficiant d’un magnifique scénario et d’une direction d’acteurs irréprochable. Le final est peut-être l’un des plus beaux et mystérieux qu’il nous aura été donné de voir, le personnage de Mel Tormé nous ayant tout du long un peu fait penser à celui de Shane dans le superbe L’homme des vallées perdues de George Stevens. A signaler qu’en l’absence de John McIntire/Clay, son épouse Jeannette Nolan/Holly prend les rênes du ranch et ne se démonte pas lorsqu’il faut aller parler aux cowboys et leur faire part de ses décisions et conseils ; elle se révèle une fois encore remarquablement à l’aise dans ce très beau rôle. Grande réussite dans laquelle tous les ingrédients du western sont réunis ainsi que de très nombreux protagonistes récurrents ! Les amateurs de la série devraient facilement en faire l'un de leurs épisodes préférés.

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  • 6.25- The Decision (La Décision)
  • Réalisation : E. Darrell Hallenbeck
  • Scénario : Richard Carr
  • Guest stars : Monica Lewis & Kenneth Tobey
  • Première diffusion 13/03/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Son épouse ayant décidé de le quitter par peur constante qu'il se fasse tuer, Dan Porter (Kenneth Tobey) abandonne son poste de shérif de la petite ville de Mason City et vient se faire embaucher à Shiloh car il a appris qu'Emily s’était installée chez sa sœur à Medicine Bow. Il espère ainsi apprendre le métier d’éleveur et, une fois un certain pécule accumulé, recommencer une nouvelle vie en s’achetant sa propre ferme et en partant à la reconquête de sa femme. En attendant il doit gérer un conflit avec Trampas ; ce dernier lui voue une rancune tenace pour l'avoir emprisonné et molesté alors qu'il était accusé de tricher aux cartes…

Mon avis : E. Darrell Hallenbeck, le réalisateur de cet épisode - qui fut aussi assistant de Nicholas Ray et Vincente Minnelli -, avait déjà signé l’un des plus intrigants de la série quelques mois auparavant, The Death Wagon, dont le thème principal était la peur de la contagion rapide d’une maladie ; il comptait parmi ses Guest Stars, Tim McIntire, Albert Salmi & Michael Constantine, tous trois mémorables dans leurs rôles respectifs. Même s’il s’avère plus classique, The Decision représente une autre grande réussite de la saison et de la série. Il aborde entre autres ce sujet assez classique dans le genre westernien, celui de l’homme de loi dont la dangerosité de son travail quotidien fait passer des nuits blanches à son épouse qui ne cesse de s’inquiéter de savoir s’il passera ou pas la journée. En l’occurrence, après qu’il ait failli perdre la vie en se mesurant à deux jeunes hommes imbibés par l’alcool, Dan Porter reçoit un télégramme qui le décide à rendre son étoile : l’on ne connait pas immédiatement la teneur de ce câble – lecteurs que vous êtes le devinez surement en ‘connaissance de pitch’ - mais on le retrouve quelques temps plus tard à Shiloh où le Virginien le présente ainsi qu’un autre jeune homme comme les deux nouveaux embauchés au ranch. Porter a donc abandonné non seulement son métier mais également la ville où il exerçait depuis 8 ans pour se retrouver du jour au lendemain cow-boy sans expérience. On est donc également étonné que le régisseur ait accepté de le prendre à son service mais il est dit quelques minutes après, tout à l’honneur de notre héros, qu’il a pour habitude de laisser sa chance au plus grand nombre, qu'il soit ou non chevronné ; il faut bien que chacun débute un jour et ce à n’importe quel âge, suite à n’importe quelle situation ("he is a great man to work for ; he gives every man an even break") : belle ouverture d’esprit de notre Virginien qui en l'occurrence connait quand même le secret de Porter, ce qui l'a encore moins fait hésiter à le faire travailler.

Il se verra dans l’obligation de le dévoiler à Trampas pour faire cesser une rivalité qui se transformait rapidement en haine, l’ami du Virginien s’étant rarement révélé aussi sadique, ayant reconnu en Dan l’homme de loi qui l’avait cogné et arrêté pour tricherie voici plusieurs années, et en concevant toujours une tenace rancune. Chargé par son boss de le former au métier de cow-boy, Trampas ne perdait alors pas une occasion pour le faire suer et s’en moquer, ayant eu l’interdiction de se battre avec lui. Néanmoins, lorsqu’un violent combat à mains nus est sur le point de violemment dégénérer, l’intendant va trouver Trampas lui expliquant que Dan est venu ici apprendre le métier afin de pouvoir plus tard s’acheter son propre ranch pour renouer avec son épouse qui l’a quitté et est venue habiter auprès de sa sœur à Medicine Bow, ne supportant plus l’ancien métier de son mari. Evacuons d'emblée un aspect assez déplaisant du superbe scénario de Richard Carr – auteur dans le domaine du western du curieux Le Tueur et la belle (Man from Del Rio) avec Anthony Quinn et Katy Jurado et réalisé par Harry Horner en 1956, ou encore de L’enfer est pour les héros de Don Siegel avec Steve McQueen –, la leçon de morale assénée en fin d’épisode à propos de l’épouse du shérif qui aurait été trop égoïste pour se mettre à la place de son mari et qui l'aurait ainsi injustement laissé tomber ; à moins qu’il ne faille en faire porter la responsabilité à Trampas qui décidément ne se sera pas montré toujours sous son meilleur jour au cours de cet épisode, son personnage étant celui qui agresse verbalement et moralement Emily en lui tenant ce discours un peu rétrograde sur la place de la femme. Nous aurions aimé pouvoir dire qu'il s'agissait ici du second cas de figure car l’on sait que les auteurs n’approuvent pas toujours leurs protagonistes, aussi héroïques soient-ils ; et c’est tant mieux, faisant éviter ainsi trop de manichéisme à leurs récits. Sauf qu’en l’occurrence, l’épilogue paraissant le confirmer, la femme semble ne pas avoir les faveurs des auteurs qui la remettent vite 'à sa place' puisqu’elle décide in fine de retourner vivre auprès de son mari même s’il a décidé de remettre son insigne ; elle va donc probablement encore souffrir d’angoisse durant toute la carrière de son homme.

Un épisode à la morale pas très progressiste mais qui se sera néanmoins révélé remarquable sur quasiment toute sa durée, tout du moins durant ses trois premiers quarts, la dernière partie de retour à Mason City où l’ex-shérif s’y retrouve en tant que simple cowboy s’avérant un peu en deçà et surtout moins crédible. Mais finissons une fois pour toute de chipoter et revenons-en aux éléments qui font de cet épisode une très belle réussite, et parmi eux, l'interprétation : Kenneth Tobey - L'Attaque de la malle-poste ; La Chose d'un autre monde ; L'Aigle vole au soleil… - est très convaincant, bien meilleur que dans Reckoning en tout début de saison ; tout comme Richard Carlson dans le rôle de son adjoint pas vraiment fait pour le métier car trop 'gentil' ainsi que Monica Lewis et ses faux airs de Ida Lupino, déjà très attachante en institutrice dans Lost yesterday de Don McDougall durant la troisième saison. Richard Carr mettra dans la bouche de Kenneth Tobey un superbe et touchant discours quant à la profession de shérif lors d’une attachante séquence au coin du feu avec Trampas après que les deux hommes soient devenus grands amis à partir du moment où Trampas aura appris la vérité sur Dan puis qu’il décide de prendre en charge sa formation : "Le métier d'homme de loi n’est pas fait pour tout le monde. Ça doit être fait mais personne ne veut s’en charger. On est encensé lorsque l’on sauve une vie mais vilipendée à la moindre erreur. Alors on applique la loi en restant insensible aux louanges et aux injures. On ne vous enseigne rien du tout ; chacun doit développer son instinct et son expérience. Un bon shérif sent quand il peut bluffer ou quand il doit dégainer. Il sent quand la foule devient dangereuse ou quand les gars ont juste bu un coup..."

Un épisode dense et captivant, très bien mis en scène par E. Darrell Hallenbeck qui n’hésite pas à utiliser des cadrages alambiqués lors des séquences d’action - et notamment les bagarres - pour en renforcer l’impact. Les auteurs en profitent également pour mettre en avant quelques notifications presque documentaires sur la vente et l’achat de bétail, la manière de se servir d'un lasso ou encore de convoyer un troupeau. A noter aussi un deuxième personnage de relative importance en terme de minutes de présence même s'il n'aura aucun effet dramatique sur le récit, celui du jeune cowboy arrivé à Shiloh en même temps que Dan et interprété par Ben Murphy dont tous les cinquantenaires se souviennent pour avoir tenu le rôle de Gemini Man, le nouvel homme invisible, série ayant marqué certains esprits comme le mien à la fin des années 70. Il apporte ici un peu de fraîcheur et de naïveté pas désagréable, bien plus que Don Quine / Stacey encore malheureusement sous employé pour sa dernière apparition dans la série. Plus qu'un seul épisode que l'on espère au moins de cette trempe pour terminer de la meilleure manière qui soit cette formidable sixième saison !

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  • 6.26- Seth (La Chasse au cougar)
  • Réalisation : Joel Rogosin
  • Scénario : Reuben Bercovitch
  • Guest stars : Michael Burns
  • Première diffusion 20/03/1968 aux USA
  • DVD : VOSTF - VF
  • Note : 7.5/10

Le Pitch : Un cougar commençant à faire des ravages parmi le bétail de Shiloh, le Virginien demande à Trampas de partir le chasser. Une nuit, alors qu’il dort à la belle étoile, il surprend un jeune adolescent en train de lui voler ses victuailles. Seth (Michael Burns) s’excuse mais ne donne aucune explication quant à sa présence en ces lieux même s’il semble tendu et sur le qui-vive. Un peu à contrecœur et toujours aussi taciturne le jeune homme accepte d’aider Trampas à chercher la bête sauvage. Après la mission menée à bien, Trampas demande au régisseur d’embaucher le jeune garçon jusqu’à ce que l’on retrouve une trace de sa famille…

Mon avis : Cette sixième saison qui avait débuté sur un épisode très décevant s’est finalement révélée être au fur et à mesure de son avancée la plus satisfaisante sur la durée, les épisodes mauvais voire moyens pouvant se compter sur les doigts d’une main, les amateurs trouvant au contraire à foison de grands épisodes dont pourrait faire partie celui qui la clôture ici en beauté. Joel Rogosin qui est un des très bons producteurs de la série (51 épisodes à son actif à partir de celui qui nous aura fait découvert Clu Gulager dans le rôle du shérif Ryker) a décidé à l’occasion de passer également derrière la caméra ; et autant dire qu’il semble avoir été bien conseillé car son travail s’avère on ne peut plus professionnel à défaut d’être mémorable. Il avait pourtant à filmer de nombreuses chevauchées au travers de multiples paysages et il s’en sort remarquablement bien, les scènes d’extérieurs nuit en studio ne faisant pas non plus trop cheap, l’excellent scénario de Reuben Bercovitch – qui écrivit entre autres l’histoire de Duel dans le Pacifique réalisé par John Boorman en 1971 - aidant le spectateur à ne pas trop s’appesantir sur ces paramètres budgétaires. Une réalisation carrée et un scénario intrigant aux personnages bien dessinés ; ne manquait plus que des comédiens parvenant à incarner avec conviction leurs protagonistes : que ce soient les acteurs récurrents ou les invités, ils sont tous au rendez-vous, excellemment bien dirigés. D’où un formidable épisode même s’il ne pourra cependant pas prétendre intégrer le top 20 de cette remarquable série.

Pour ceux qui auraient pu être attirés par le titre français, sachez qu’il est un peu trompeur contrairement au titre original car la chasse au cougar ne dépassera pas la demi-heure, le félin étant mis hors d’état de nuire finalement assez vite après malgré tout de belles séquences de poursuites prenant tout leur temps à travers forêts, plaines et montagnes. Même si l’on reconnaitra l’insertion de stock-shots, le montage est fait avec assez de discrétion pour que l’ensemble passe plutôt bien et que les apparitions du puma – autre appellation du cougar – se révèlent plutôt efficaces. Ensuite on rentre à Shiloh et Medicine Bow jusqu’à la fin de l’épisode. Mais cette chasse n’est qu’un prétexte pour le scénariste afin de faire partir Trampas en solitaire au milieu de la nature sauvage et désertique. Une nuit, alors qu’il est endormi, il surprend un jeune adolescent en train de lui voler une partie de ses victuailles. Il a beau l’interroger sur les raisons de sa présence en cet endroit, sur sa famille et son lieu d’habitation, il ne parvient pas à lui faire décrocher de réponses et finit par s’en accommoder, celui se faisant prénommer Seth lui rappelant beaucoup lui-même au même âge de 15 ans, un vagabond rebelle et fugueur. Refusant dans un premier temps de le suivre, Seth finit par accepter d’aider Trampas à pourchasser le puma. En le laissant relativement tranquille sans trop le questionner, Trampas aura réussi à gagner sa confiance ; le jeune homme lui fera néanmoins faux bond à quelques reprises, s’enfuyant la nuit pour revenir penaud le matin sans plus d’explications qu’auparavant. Le spectateur aura cependant été témoin qu’il se rendait dans une cabane cachée dans la forêt, à la recherche de quelqu’un qu'il ne trouve pas et retournant ensuite au campement du cow-boy de Shiloh. Nous aurons également assisté à des séquences mettant en scène deux personnages assez énigmatiques que l’on devine être des bandits et qui semblent être à la recherche de Seth, l’un des deux disant vouloir lui faire payer sa ‘désertion’.

La grande force du scénario provient du mystère bien entretenu autour de tous ces personnages, du flou concernant leurs liens et interactions, faisant de cette histoire un récit constamment intrigant presque jusqu’à son final. Une fois la chasse au cougar ayant pris fin, Seth suit Trampas jusqu’à Shiloh où on l’embauche le temps qu’une enquête soit faite pour retrouver sa famille. Rarement le Virginien se sera montré sous un meilleur jour, confirmant non seulement son ouverture d’esprit mais également sa capacité empathique et sa compréhension malgré ses dehors toujours un peu bourrus. Comprenant que Seth compte désormais beaucoup pour Trampas, tout en faisant comprendre à ce dernier que Shiloh n’est pas un orphelinat ou un refuge pour enfants abandonnés ("Shiloh is a ranch, not a foundling home as you well know. You're a top hand, he's not your burden"), il accepte de donner sa chance au jeune garçon le temps que le mystère soit levé sur ses origines familiales, ne voulant pas qu’un quelconque membre de sa famille puisse s’inquiéter. Trampas et le Virginien terminent donc la saison en beauté faisant ici preuve de beaucoup d’humanité sans que jamais le scénario n’effleure la naïveté voire la mièvrerie ; le travail de Reuben Bercovitch est parfaitement dosé pour demeure sobre et posé jusqu’à son épilogue qui aurait cependant pu nous faire espérer le remplacement de Don Quine par le jeune Michael Burns qui s’est révélé ici excellent comédien sans jamais trop en faire. Il poursuivra presque l’ensemble de sa carrière à la télévision ; dommage que ce n'ait pas été pour Le Virginien ! Très bon également, l'inquiétant Kevin Hagen (Les Prairies de l'honneur ; Le Pistolero de la Rivière Rouge… plus connu des téléspectateurs français pour avoir tenu le rôle du docteur Baker dans La Petite maison dans la prairie) qui va vite nous être présenté comme l’oncle du jeune homme lorsqu'il comprend en lisant la gazette de Medecine Bow que le dernier embauché à Shiloh pourrait être son neveu ; il se rend donc dans cette ville du Wyoming pour réclamer son retour. Mais nous n’en dirons pas plus afin de ne pas dévoiler les quelques mystères qui finissent de faire de cette histoire un modèle de scénario intrigant, le final un efficace suspense avec pour Seth un choix crucial concernant la voie qu’il devra suivre et qui définira son avenir.

Au vu de la très grande qualité de cette saison, je me sens obligé de la conseiller en premier à ceux qui voudraient découvrir la série sans nécessairement vouloir visionner son intégralité. Elle contient assez d’excellentes histoires pour avoir le temps de l’apprécier et d’apprendre à connaitre les personnages même s’il faut bien être conscient que l’on passera à côté de ceux inoubliables interprétés au préalable par Lee J. Cobb (le premier propriétaire de Shiloh) ou John Dehner (celui qui prendra sa succession pour malheureusement très peu de temps). Quoiqu’il en soit, outre la première également assez égale en qualité, cette sixième saison me parait être la meilleure porte d’entrée à la série. Quant à Seth, il aura été un superbe épisode final pour cette formidable sixième saison avec pour point d’orgue une belle marque d’amitié du Virginien à l'égard de Trampas lorsqu'il lui trouve une excuse pour se rendre en ville afin de pouvoir faire ses adieux au jeune homme pour qui il s’est pris d’affection. Attendons maintenant la septième saison avec impatience d’autant que de nouveaux arrivants vont se révéler à nous dont le sympathique David Hartman.

A suivre...

Lien vers le test du coffret DVD saison 6 vol.1

Lien vers le test du coffret DVD saison 6 vol.2

Lien vers le test du coffret DVD saison 6 vol.3

Par Erick Maurel - le 23 novembre 2019