Critique de film
Le film
Affiche du film

Coeur de Pierre

(Das Kalte Herz)

L'histoire

Le sud-ouest de l'Allemagne à la fin du XVIIIème siècle. Nous sommes dans la région de la forêt noire, où le bois des arbres est récolté par les bûcherons tandis que notre héros, Peter Munch, s'en sert pour fabriquer du charbon qu'il vend au village voisin. Insatisfait de son sort, qui le condamne à la pauvreté et à être constamment couvert de suie, le jeune homme décide d'aller trouver un petit homme de verre doté de pouvoirs magiques qui vit au cœur de la forêt. Celui-ci peut en effet accorder trois souhaits aux enfants nés le dimanche, ce qui est le cas de Peter. Le charbonnier souhaite, grâce à lui, devenir aussi riche que le négociant Ezéchiel et être le meilleur danseur du village, de sorte à pouvoir séduire la belle Lisbeth, son amour de jeunesse. Le petit homme de verre exaucera ses souhaits, non sans mettre en garde Peter contre la démesure de ses désirs. Justement Peter sera bientôt dépassé par sa nouvelle situation, il devra cette fois se tourner vers le mystérieux Michel le Hollandais, qui lui proposera d'échanger son cœur battant contre un cœur de pierre...

Analyse et critique

Parmi les plus grandes réussites artistiques du studio est-allemand DEFA se retrouvent incontestablement les films pour enfants et adaptations de conte de fée. Moins chargées en contenu politique tout en respectant souvent les morales traditionnelles des œuvres classiques qu’ils adaptent, ils font surtout l’objet d’un soin technique et esthétique qui rappelle parfois la tradition cinématographique allemande héritée des plus grandes heures de la UFA de F.W. Murnau (mais aussi certains des films de divertissement produits à grands frais par le régime nazi). Cœur de Pierre est le premier d’entre eux et l’un des plus réussis. Cher au cœur de la population d’ex-RDA, son charme opère encore aujourd’hui presqu’aussi bien qu’à sa sortie en 1950. Jamais parvenu jusqu’à nos salles françaises, il ne fut projeté qu’en Belgique en 1955, parallèlement à sa sortie tardive en Allemagne de l’ouest. Disponible aujourd’hui chez nous dans sa plus récente restauration grâce à Artus Films, c’est l’occasion d’évoquer les conditions particulières de sa production ainsi que sa place dans le corpus mal connu des productions de feu l’Allemagne socialiste.

LE PREMIER FILM DE CONTE DE FÉE DE LA NOUVELLE ALLEMAGNE DE L’EST

Après les quatre années d’occupation soviétique imposées à la fin de la seconde guerre mondiale, la RDA (République Démocratique d’Allemagne) est fondée en 1949 et la société production DEFA, installé à la suite de la UFA dans les studios de Babelsberg au sud de Berlin, devient une entité est-allemande indépendante. Le studio produit alors une petite dizaine de film par an et ils doivent autant que possible s’en tenir aux principes du réalisme socialiste édicté par Moscou puis repris par le parti communiste allemand (le SED) au pouvoir. Les plus marquants de ces premières années sont ainsi des films de retour critique sur le nazisme comme Les assassins sont parmi nous (W. Staudte, 1946) et Mariage dans l’ombre (K. Maetzig, 1947) ou sur la difficile vie dans les ruines, Keine Platz für Liebe (H. Deppe, 1947) ou 1-2-3 Corona (H. Müller, 1948). Une première adaptation d’un classique de la littérature allemandes voit également le jour, l’adaptation de la pièce de théatre Woyzeck de Georg Büchner en 1947 par G.C. Klaren, insistant sur l’aspect antimilitariste de l’intrigue (une pièce qu’adaptera à son tour Werner Herzog à l’ouest en 1979).

Le film qui nous intéresse dans cette chronique détonne ainsi par rapport à ces modèles aux ressorts éminemment politiques, il est l’adaptation du conte de fée de Wilhelm Hauff [1] paru en 1828 : Das Kalte Herz (qui se traduit littéralement par « Le cœur froid » mais fut traduit en français par « Cœur de pierre »). La mise en en chantier du projet s’explique par le succès récent dans les salles du film de conte de fée soviétique d’Alexander Ptuschko, La Fleur de Pierre (d’après Pavel Bajov, sorti en 1947 en Allemagne), et par le désir des dirigeants de rajeunir le public des salles. Le court récit de Hauff, une vingtaine de pages, faisait partie d’un recueil destiné à l’éducation des enfants du duc de Wurtemberg, région du sud-ouest de l’Allemagne dont il est originaire, et plus généralement aux « fils et filles des classes éduquées », c’est-à-dire des classes bourgeoises. Il se déroule dans une version mythifiée du monde rural allemand, dans les environs d’un village reculé installé au cœur de la forêt noire, toujours dans la région du Wurtemberg. Notre héros, le modeste charbonnier Peter Munch, aux prises avec les créatures merveilleuses de la forêt, dont les profondeurs inexplorées regorgent de mystères de phénomènes magiques. Il s’agit d’une fable morale voyant Peter pécher par envie et jalousie en faisant le souhait auprès du malicieux petit homme de verre, puis du fourbe Michel le Hollandais, de devenir aussi riche que le plus gros marchand de bois du village, meilleur danseur que le meilleur séducteur, ainsi que propriétaire de la plus grosse fabrique de verrerie. Ne parvenant pas à assumer toutes ses nouvelles responsabilités il sera durement puni et devra faire acte de repentance pour retourner à une vie simple.  

 

UNE ADAPTATION FIDÈLE, UNE RÉVÉRENCE SOCIALISTE MODÉRÉE

Les scénaristes n’opéreront pas beaucoup de changements par rapport au récit originel de Hauff pour l’adapter aux idéaux communistes. Bien que destiné à une jeunesse fortunée le conte fait en effet l’éloge de la sobriété, d’une éthique de la mesure et de la capacité à se satisfaire de ce que l’on a déjà plutôt que souhaiter plus, ou d’envier ses voisins plus chanceux. Des valeurs chrétiennes classiques correspondant à l’éducation religieuse traditionnelle de Hauff. Rien à redire cependant pour les contempteurs du modèle capitaliste bourgeois. Tout au plus peut-on identifier dans le texte une injonction à respecter les représentants des classes supérieures et donc à la docilité. Ces allusions, ainsi que des références chrétiennes, disparaissent logiquement dans l’adaptation. La seule modification notoire concerne l’activité finale de Peter, au lieu de redevenir charbonnier celui-ci rejoint les rangs des bûcherons, présentés à l’image comme des ouvriers hautement qualifiés à la discipline irréprochable, idéalisés en tant que modèles de force, de beauté et de réussite collective. On ne nous dit pas, cependant, qui occupera le poste désormais vacant du charbonnier…

Malgré ces prérequis les critiques de la part du comité directeur du parti au pouvoir sont nombreuses. Tout d’abord, même si ce n’est que temporaire, il n’est pas souhaitable de voir un héros se plaindre de sa condition prolétaire, il aurait mieux valu selon eux une représentation manichéenne avec en son centre un héros purement positif. Il n’est pas souhaitable non plus de représenter et rentre attrayantes des légendes et superstitions pouvant inciter les spectateurs au mysticisme. Enfin le cout de fabrication est trop élevé par rapport aux films réalistes réalisés dans les ruines ou des décors naturels. Bien qu’ayant décidé de plus laisser reproduire ce genre d’erreur dans les prochaines années, face à l’immense succès du film en salle, le comité laissera un sursis ponctuel à ce genre particulier du film de conte de fée pour enfant.

Le scénario reste par ailleurs exemplaire aussi bien en termes de restitution de l’esprit du conte que d’efficacité narrative. Les quelques modifications apportées se justifient de façon évidente pour rendre l’implication avec le personnage principal plus forte, ou pour préserver un peu plus de mystère [2]. Le spectateur adulte ne sera en tout cas guère surpris par le déroulement des évènements, conforme aux modèles de conte moral pour enfants. On retrouve en revanche toute la fantaisie propre à ce genre d’auteur romantique du début du XIXème, et cet imaginaire à la fois merveilleux et folklorique spécifique à la région de la forêt noire. A ce titre le film n'est souvent pas loin de rappeler certains poncifs du genre du "heimatfilm" dont les Allemands sont si friands et qui ont souvent pour décor les reliefs du sud du pays, heureusement c'est pour mieux s'en détourner une fois que la cupidité et les mauvais sorts s'invitent dans l'intrigue [3]

LE RETOUR DE L’AGFA COLOR ET DES TECHNICIENS CHEVRONNÉS

La réussite ne s’apprécie bien sûr pas seulement dans le scénario mais aussi dans la resplendissante image couleur du film, le premier à avoir droit à ce privilège à la DEFA. Le procédé employé est l’Agfa Color, développé par la société allemande du même nom à la fin des années 30 et utilisé pour la première fois en long-métrage en 1939 durant la période nazie. Endommagée durant la guerre, l’usine, située côté est à Wolfen en Saxe-Anhalt, ne put redevenir opérationnelle qu’en 1950, expliquant qu’il n’y eut pas de film couleur plus tôt [4]. C’est l’occasion de s’intéresser aux techniciens à l’œuvre sur ce film et à leur CV aussi rempli que problématique.

C’est en effet le chef opérateur Bruno Mondi qui est en charge de la lumière, bien qu’ayant débuté sa carrière au milieu des années 20 il s’est surtout illustré dans les productions en couleur et en étant le collaborateur fidèle du réalisateur Veit Harlan, notamment sur le tristement célèbre Juif Süss (1941), ou sur le film de propagande militariste Kolberg (1945). Cantonné dans les années 50 au registre du Heimatfilm on le retrouvera également au générique de la célèbre trilogie Sissi d’Ernst Marischka. Il est ici associé au réalisateur Paul Verhoeven (à ne pas confondre avec son homonyme néerlandais mieux connu), Allemand, né en 1901, acteur devenu metteur en scène issu du théatre, qui débuta sa carrière au cinéma en 1937, durant la période nazie, en réalisant principalement des films de divertissement romantique. Cœur de Pierre est son film le plus connu, et probablement son meilleur (bien qu’aussi le seul que l’auteur de ces lignes ait pu voir).

La réalisation est en tout cas irréprochable. Bien que sans brio ni génie elle parvient sans peine à articuler l’univers rural et prosaïque du village à celui, fantastique et mystérieux, de la forêt. Verhoeven et Mondi savent mettre décor et figurants au service de l’histoire de l’ambiance qu’ils veulent installer, à l’image de l’élégant travelling inaugural qui nous fait traverser une grande fête de village tout en nous introduisant aux personnages secondaires. L’ambiance chatoyante des premières scènes cède rapidement la place à l’espace ténébreux de la forêt, jusqu’aux atmosphères nocturnes et hivernales de la dernière partie, qui voient Peter corrompu par son cœur de pierre.

Les effets spéciaux constituent également une indéniable réussite. Bien que, pour la plupart d’entre eux, les « ficelles » soient bien visibles, ils restent en accord avec l’esthétique du film et ne cassent jamais la suspension d’incrédulité. Peut-être faut-il voir parfois les limites en termes de moyens dont disposait alors la DEFA. Les effets de disproportion font cependant exception, tant les écarts de taille entre Peter et l’Homme de verre, puis Michel Le Hollandais, sont saisissants et très bien mis-en-scène. On doit par ailleurs la réalisation de ces effets à un autre vétéran du cinéma allemand, Ernst Kunstmann, qui officia aussi bien pour les grands de la république de Weimar (Le cabinet du Docteur Caligari de Wiene, Mabuse, Les Nibelungen, Metropolis de Lang, Le dernier des hommes de Murnau) que pour les films à grands spectacle du troisième Reich (Le triomphe de la volonté et Olympia de Riefensthal, Titanic de H. Selpin et Münchausen de J. Von Baky).

A l’époque il était encore possible pour les techniciens ou artistes de travailler alternativement à l’ouest et à l’est, mais les tensions et la méfiance s’amplifiant avec le temps cela se raréfia jusqu’à la construction du mur. Mondi et Verhoeven, pour leur part, retourneront à l’ouest après ce film pour y rester. A l’inverse Kunstmann travaillera principalement à l’est mais offrira ponctuellement ses services en RFA. Parmi les derniers films de sa carrière on trouve d’autres adaptations de conte de fée mais aussi les effets du premier film de science-fiction spatiale du studio DEFA, L’étoile du silence de Kurt Maetzig en 1960.Il en va de même pour l’excellent interprète de Peter, le jeune Lutz Moik, dont le sourire d’abord angélique devient vite carnassier, dégageant lui-même quelque chose de surnaturel. Résidant de Berlin-Ouest, l’acteur ne parviendra plus à retourner travailler pour l’est, le reste de sa carrière ne sera malheureusement pas à la hauteur de ces brillants débuts.

SUCCÈS, RECUL ET ÉMULES

Le film sort sur les écrans est-allemands pour Noël 1950. C’est immédiatement une réussite au box-office, attirant au total 9,3 millions de spectateurs, devenant le 2ème plus gros succès depuis la fin de la guerre, et le 5ème de l’histoire globale de l’état est-allemand. Devenu immensément populaire il sera multirediffusé à la télévision et reste très apprécié de la population allemande, aussi bien de l’est que de l’ouest. Comme nous l’avons évoqué plus haut le comité directeur du parti avait plusieurs griefs mais s’inclina temporairement face à l’engouement populaire. Une nouvelle adaptation en couleur d’un conte de Hauff fut mise en chantier, L’histoire du petit Muck (1952, Wolfgang Staudte) qui couta encore plus cher et attira 3 millions de spectateurs supplémentaires (ce qui en fait le 2ème plus gros succès de l’histoire du pays). Le comité d’état du Cinéma nouvellement créé mit cependant le holà, ramenant la production de film jeunesse vers plus de sobriété et d’orthodoxie socialiste. C’est surtout dans les années 60 que l’on retrouvera un peu plus de fantaisie avec des adaptations des frères Grimm comme Blanche Neige (1961, Gottfried Kolditz) ou Die Goldene Gans (1964, Siegfried Hartmann, d’après le conte L’oie d’or).

La réputation acquise par cette adaptation du Cœur de Pierre, ainsi que celles des autres contes de Hauff, fit cependant de nombreux émules, aussi bien en Allemagne de l’ouest qu’en URSS. Plusieurs nouvelles adaptations virent le jour, dans différents formats, cinéma, télévision, en animation, marionnettes ou prise de vue réelle à nouveau. La plus récente à ce jour est une luxueuse production allemande de 2016 signée Johannes Naber. Elle n’a cependant rien du charme ou de la maitrise du film de 1950. S’efforçant de façon assez artificielle de rafraîchir le conte à l’aide d’une esthétique très contemporaine à base de plans longs, de focales courtes et d’un rythme alangui. Son seul véritable apport est de mettre l’accent sur des problématiques de protection de l’environnement, aux dépends de l’essence éthique de la fable. Alors que ce Cœur de pierre incarne peut-être un genre de film socialiste parfait, comme si le communisme ne s’accommodait de rien de mieux que du conte de fée, que du récit fantasmagorique, allégorique, qui oppose l’entrepreneur cupide au mal et l’homme généreux au bien. Ici les plus égoïstes sont ceux qui ont littéralement le cœur remplacé par une pierre. En bref, le film de Paul Verhoeven reste un excellent et intemporel film de conte de fée, qu’il ne faut pas hésiter à faire découvrir aux nouvelles générations.

NOTES :

[1] Wilhelm Hauff, bien que mort jeune en 1827 à l’âge de 25 ans, est l’un des auteurs de conte de fée et récits romantiques les plus populaires d’Allemagne. Peu connu chez nous (la première traduction complète de ses contes en Français a été publiée en 1998 chez Actes Sud) il est, avec les frères Grimm l’auteur de contes le plus adapté par le cinéma allemand. Si Cœur de Pierre fit déjà l’objet d’une adaptation muette en 1923 par Fred Sauber, puis à nouveau en 1930, ses autres récits le plus adaptés sont L’Histoire du petit Muck, Le nain au long-nez et L’Histoire du Calife Storch. Également connu pour ses idées antisémites exacerbées on lui doit malheureusement d’avoir popularisé dans un de ses contes la figure repoussoir du « Juif Süss », d'après un personnage historique réel issu de la même région que lui, le Wurtemberg. 

[2] Deux éléments pour exemple : dans le conte le personnage de Lisbeth n’apparait qu’à la fin du récit, elle est ici introduite comme une amie d’enfance de Peter à qui le garçon n’a jamais osé avouer ses sentiments, trop honteux de son statut. Une idée qui renforce notre attachement au personnage et explicite sa demande de devenir le meilleur danseur du village, comme un moyen naïf de la séduire. Un autre changement est celui-ci qui reporte tardivement dans le scénario l’explication quant au parcours de Michel le Hollandais, dont est détaillé ses mésaventures en tant que marchand de bois ainsi que plusieurs mauvaises actions. Dans le film ces évènements sont ceux que vit Peter lui-même lorsqu’il obtient le cœur de pierre et devient marchand. Nous sommes ainsi plus directement touchés par l’évolution négative que traverse le personnage, en même temps que nous découvrons plus tard que Michel avait lui-même eu une expérience similaire.  

[3] Les extérieurs du film sont en tout cas tournés non pas dans la vraie forêt noire, située à l’ouest, mais dans les collines toute aussi verdoyantes de Thüringe.

[4] L’Allemagne de l’ouest profite également de la réouverture de l’usine Afga de Wolfen, se servant de la pellicule fabriquée chez le voisin antagoniste pour réaliser son premier film en couleur, le « Heimatfilm » La fiancée de la Forêt-Noire en 1950. Amusant hasard voulant que, pour ce retour à la couleur, les deux pays choisissent des scénarios se situant dans le même décor, la fameuse forêt noire. L’Allemagne de l’ouest disposera en 1951 de sa propre pellicule d’après le même procédé, grâce à la création par le groupe Bayer d’une nouvelle usine à Leverkusen en Rhénanie du Nord-Westphalie.

En savoir plus

La fiche IMDb du film


cœur DE PIERRE
Blu-Ray+DVD

Sortie le 05 novembre 2024
éditions Artus Films / collection Aventures et Merveilles

Acheter sur Amazon


SOURCES :

Défunte DEFA, Cyril Buffet, cerf-corlet, 2007

Le cinéma allemand, Bernard Eisenchitz, Armand Colin, 2008

• Article en ligne au sujet de l'Agfacolor : Gert Koshofer, Agfacolor – Geschichte eines Farbverfahrens (sur Filmportal.de)

• Site Web de la fondation DEFA : www.defa-stiftung.de

• Livret de l’édition Allemande chez Film Juwelen par le Dr. Rolf Giesen

• Bonus vidéo de l’édition Artus Films réalisé par Christian Lucas

Par Nicolas Bergeret - le 19 février 2025