L'histoire
La cité d’Argos et son roi Acrisios oppressent la cité de Sephiros, qui ne peut bénéficier d’un accès à la mer, empêchée par les armées de la cité rivale ainsi que par le monstre du lac, et la terrible Méduse. Acrisios a en fait usurpé son trône dont Persée, qui ignore tout de son passé, est en fait l’héritier légitime. Amoureux d’Andromède, la fille du roi de Sephiros, Persée va combattre les différents ennemis de la ville.
Analyse et critique
De tous les genres à succès durant l’âge d’or du cinéma italien, le péplum est celui pour lequel il est le plus difficile d’identifier de grands auteurs et de grands chefs d’œuvre. Directement né du succès de grands films américain tournés en Italie, le genre, bien que construit sur le patrimoine historique et culturel italien, est difficile à lier à la réalité contemporaine du pays et peut surtout être vu comme un terrain d’entrainement pour des cinéastes en devenir, comme ce fut le cas pour Sergio Leone avec Le Colosse de Rhodes. Pourtant, entre les mains d’un de techniciens chevronnés, le péplum peut offrir des divertissements réjouissants et spectaculaires. Le réalisateur Alberto De Martino est de ceux-là. Efficace dans de nombreux registre, il débute sa carrière derrière la caméra avec le péplum, Persée l’invincible étant son troisième effort dans le genre.
Le film est une interprétation très libre du mythe de Persée, le scénario reprenant certains éléments de la légende, parfois en les mélangeant, pour construire le récit comme une succession d’évènements intenses : le traquenard tendu par l’armée d’Argos à celle de Sephiros, la découverte du monstre du lac puis de la Méduse et de ses victimes transformées en statue de pierre, le duel au fouet entre Persée et Galenore, le fils d’Acrisios, le grand tournoi et enfin la lutte de Persée, qui culmine lors de son combat contre la Méduse. Entre ces séquences, le récit se réduit au strict minimum, permettant toutefois au spectateur de trouver les enjeux suffisants pour maintenir son attention entre deux moments spectaculaires. Des moments qui, il faut bien le dire, se suffisent à eux même, et ce dès l’ouverture du film, avec ce décor fascinant qui sert d’écrin au premier duel entre les armées d’Argos et de Sephiros, le long d’un lac dont va bientôt émerger un monstre. Tout est en place, nous savons d’emblée que nous allons nous trouver devant un plaisant divertissement.
Persée l’invincible n’est pas, du point de vue des moyens, une superproduction mais bénéficie du talent d’un spécialiste des effets spéciaux encore inconnu, Carlo Rambaldi, qui se distinguera bien plus tard en contribuant à King Kong, Alien ou E.T. l’extra-terrestre. Pour le film de De Martino, il crée notamment une Méduse qui pourrait paraitre pauvre, d’une certaine naïveté, mais qui fonctionne parfaitement dans ce récit traité au premier degré, et qui n’est pas sans évoquer les créations contemporaines de Ray Harryhausen. Le travail de Rambaldi est indissociable de celui du directeur artistique du film, Franco Lolli, qui nous offre de très beaux décors, notamment ceux du lac et de la Méduse, particulièrement marquants. Ils font la valeur d’un film qui se distingue par une certaine poésie visuelle, que De Martino sait mettre en valeur comme il sait emballer avec efficacité les différentes scènes d’action, notamment le tournoi organisé par Andromède qui va révéler Persée.
De Martino s’appuie sur une distribution typique du cinéma de genre dont Leo Anchóriz ou Arturo Dominici et l’inénarrable Richard Harrison, encore convainquant dans les rôles d’homme fort avant de multiplier, dans les années 80, les apparitions dans des œuvres navrantes. L’ensemble est solide, mené avec rythme, et offre, avec une certaine naïveté, un divertissement tout à fait plaisant, incarnation des péplum mythologiques qui se multiplièrent au début des années 60 et qui offrent au spectateur d’aujourd’hui, sinon des chefs d’œuvres, au moins de très bons moments.
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Persée l'invincible
combo BR-DVD
sortie le 6 février 2024
éditions Artus Films