L'histoire
John Howard (Kris Kristofferson) est le leader d’un groupe de rock qui remplit les stades mais ses excès portent préjudice à son succès autant qu’à sa santé. Un soir de tournée, alors qu’il passe la nuit après son concert à enchaîner les verres dans un bar, il est séduit par une jeune femme qui chante sur scène, Esther Hoffman (Barbra Steisand). Il décide de l’embarquer sur sa tournée et la pousse même à chanter face à son public. Petit à petit Esther gagne en confiance et se fait remarquer par une maison de disque. John et Esther tombent amoureux et se marient, mais l’épanouissement de leur relation n’empêche pas le rockeur de replonger dans la dépression et l’abus de substances psychotropes. Tandis qu’Esther devient elle-même une star John met en danger sa carrière, son couple et peut-être plus encore.
Analyse et critique
Une étoile est née est un film musical tendance rock qui sort à une époque où le genre du musical est en pleine désuétude à Hollywood. Mais il est surtout le deuxième remake du film de William Welman sorti en 1937, après la version de George Cukor sorti en 1954. C’est ce dernier film, avec Judy Garland dans le rôle principal, qui marqua les esprits, tant par la réussite artistique qu’il représentait que pour les aléas très médiatisés de sa difficile production. Etonnamment le film que réalisa Franck Pierson en 1975 fit au moins autant, si ce n’est plus, couler d’encre que son prédécesseur, ce qui ne l’empêcha pas de devenir le deuxième plus gros succès de l’année 76 (derrière Rocky et devant le King Kong de John Guillermin). En France le film passa presque inaperçu, réalisant moins de 300 000 entrées, il reste quasiment ignoré par rapport au film de Cukor et, désormais, au nouveau remake réalisé en 2018 par Bradley Cooper. Sans être exceptionnel le film n’est pas dénué de qualité, notamment dans son effort d’actualisation du récit d’accès à la célébrité, pour la place qu’il donne à la musique populaire du moment, ainsi qu’à son traitement du protagoniste féminin. Mais plus encore que le film lui-même c’est peut-être le rocambolesque récit de sa gestation et de sa fabrication qui mérite d’être connu des cinéphiles, des mélomanes et des amateurs d’anecdotes croustillantes sur les caprices de stars.
RUMEURS, SCANDALES ET TRAHISONS
Tout cela tient beaucoup à la personnalité fantasque des deux principaux responsables de la réalisation du projet, la star Barbra Streisand et son nouveau compagnon, coiffeur propulsé producteur, Jon Peters. Streisand règne sur le box-office depuis le succès de Funny Girl en 1968 et sur le hit-parade grâce aux albums studio qu’elle produit au rythme effréné d’un à deux par an depuis 1963. Le couple qu’elle forme avec Peters depuis le tournage de Ma femme est dingue (Peter Yates, 1974), sur lequel Peters était perruquier, suscite la curiosité et bientôt les moqueries, alors que celui-ci s’implique de plus en plus dans les choix artistiques de sa célébrissime compagne. Plusieurs articles paraîtront dans les magazines avant, pendant et après le tournage du film Une étoile est née, pour dévoiler les coulisses de ce qui, avec l’arrivée du réalisateur Franck Pierson, est devenu un instable ménage à trois. Mais c’est Pierson lui-même qui donnera une tout autre dimension à cette histoire, transformant ce qui n’était que rumeurs et anecdotes en un véritable scandale de lèse-majesté.
Après un tournage chaotique le réalisateur est éjecté de la post-production par le couple Streisand/Peters, producteurs exécutifs ayant négocié pour eux le droit au Final Cut. Excédé, il rédige un article pour le magazine New West qui parait un mois avant la sortie du film, intitulé « Mes batailles avec Barbra et Jon ». Il y fait état de toutes les difficultés qu’il eut à collaborer avec eux et tente de défendre sa vision du film, qu’il craint de voir dénaturé par l’aveuglement égocentrique de ses producteurs. Il s’agit là d’une situation assez unique que de voir un réalisateur faire le récit détaillé de ses mésaventures avant même la sortie du film, critiquant ouvertement sa star et ses producteurs, le tout à chaud, sans aucun recul sur ce qu’il vient de vivre. Ce geste sera considéré logiquement, par Streisand ainsi que par le studio, comme une impardonnable trahison, en ce qu’il met en péril la carrière commerciale du film. Pierson perdit sur les deux tableaux, ayant désavoué une œuvre qui devint un énorme succès il n’en retira aucun véritable crédit, tandis que Barbra fut, malgré toutes les critiques, confortée en tant que valeur sûre du box-office. Nous reviendrons plus bas sur la chronologie de cette production houleuse mais nous invitons tous les amateurs de coulisses de tournage à lire par eux-mêmes cet étonnant et rare récit de première main, malheureusement uniquement accessible en anglais, dont nous mettons le lien à la fin de la chronique.
UNE ROMANCE à LA GLOIRE DE BARBRA STREISAND
Mais alors que dire du film en lui-même ? Simplement qu’il n’est pas à la hauteur de la théâtralité des tribulations de sa fabrication, et encore moins à la hauteur de ses prédécesseurs. Non seulement on peut identifier à l’écran l’absence d’un consensus quant à la direction artistique générale du film, mais on peut sans doute imputer à Pierson de manquer lui-même d’une personnalité, d’un sens de la mise-en-scène assez fort, pour proposer autre chose qu’un drame romantique dans l’air du temps (mais pour la défense du réalisateur, c’est une caractéristique que partagent tous les films mettant en scène Streisand entre Nos Plus Belles Années et Yentl). A l’exception des séquences de concert de John Howard, filmées en caméra portée et qui témoignent d’une belle énergie, tous les choix semblent particulièrement conventionnels. L’image est globalement statique, majoritairement en longue focale, les mouvements de caméra rares et purement décoratifs. Les concerts de Streisand sont, quant à eux, tous filmés (et montés) de manière à mettre en valeur la performance vocale et l’interprétation de la star, c’est-à-dire principalement en gros plan. Il s’agit là d’une demande spécifique de la chanteuse, qui détestait l’exercice du playback. Elle imposa ainsi que toutes ses chansons soient enregistrées sur le plateau. Pour ce faire il fallait que les micros soient positionnés au plus proche et nécessitait donc de tourner un grand nombre de prise en gros plan, reléguant les plans larges et mouvements de caméra à la fin des journées de tournage. Un choix peu commun dans le genre du musical au cinéma [1] et qui s'avéra dans le cas présent particulièrement limitant en termes de découpage.
C’est dans son entreprise de réécriture néanmoins que réside la véritable réussite créative, en ce que la transposition de l’univers du cinéma à celui de la musique est très bien exécutée. C’est Joan Didion et John Dunne, les premiers scénaristes, qui apportèrent la matière documentaire relative au milieu pop/rock [2] tandis que Pierson intégra et actualisa de nombreux éléments issus du film de Wellman pour donner au récit une véritable épaisseur romantique et mélodramatique. Pour autant c’est le détail de la psychologie des personnages qui pose problème. Qu'il s'agisse de leurs dialogues ou de la direction artistique, de leur look, leur caractérisation manque d'uniformité. Un problème qui s’explique notamment par les rapports conflictuels entre la star et son réalisateur, mais plus généralement par le désir de contrôle et d’appropriation de Streisand. L’actrice fut non seulement très attentive à l’écriture de son personnage, qu’elle voulait proche d’elle-même, mais aussi à son apparence, choisissant de s’habiller avec des pièces issues de sa garde-robe personnelle. Un élément superficiel en apparence mais révélateur. Son personnage d’Esther change ainsi complètement de style vestimentaire scène après scène, sans aucune justification en termes de progression narrative. Elle arbore des tenues particulièrement extravagantes qui semblent en décalage avec cette figure de jeune provinciale modeste qui découvre tout juste le milieu du show business. On reconnaît bien en revanche la star protéiforme qu’est Streisand elle-même après 15 ans de carrière, au détriment du récit.
Le film souffre également d'une imagerie de la romance que l'on pourrait aisément qualifier de douceâtre, pour ne pas dire ringarde. Montage séquence de construction de maison et conduite de tracteur, scène de cavalcade au coucher de soleil, jacuzzi aux chandelles... ces tableaux paraissaient déjà désuets à la sortie du film et furent moqués par la plupart des critiques. La figure "destroy" de rockeur qu'incarne Kristofferson n'est pas à sa place dans ces situations de bluettes et c'est toute l'intrigue romantique qui chancelle devant l'invraisemblance d'une telle idylle. Après l'avoir vu s'oublier dans la drogue et l'alcool ou tirer à l'arme à feu sur un hélicoptère de journaliste, le revirement est brutal.
SEXE, DROGUES, ROCK N'ROLL & EMPOWERMENT
Pour autant Pierson semble avoir bien compris la nécessité de mettre à jour l’opposition masculin/féminin vis-à-vis des versions de 37 et 54, tout en gardant l’essence tragique des trajectoires opposées. Il sait aussi que le rapport aux interdits a changé, que les attentes en termes de moralité des célébrités ont bien diminuées, particulièrement dans l’univers de la musique. Aussi la part de jalousie est-elle moindre dans cette version, tandis que les pulsions autodestructrices sont exacerbées. Comme toute rock star qui se respecte John n’est plus seulement alcoolique mais abuse d’autres substances, est agressif avec son entourage et ose jusqu’à l’infidélité. Ainsi Pierson déplace-t-il le nœud du conflit dramatique, la pulsion d’autodestruction de John ne s’explique pas seulement par la contemplation passive et jalouse de la trajectoire fulgurante de sa femme mais plus essentiellement dans son besoin d’exister en tant qu’artiste et en tant qu’homme. Ceci car son identité de musicien, de star, mais aussi d’homme, s’incarne dans ses excès. S’adaptant à la nature de Streisand, il fait d’Esther une chanteuse qui se découvre auteur et qui, comme Streisand elle-même, sait imposer sa vision artistique à son manager, son éditeur. A l’image de la femme moderne dans la société américaine des années 70, Esther peut avoir le contrôle sur sa vie sans l’aval d’un homme, et l’homme ne pas (trop) en souffrir.
Sont également bien représentées les coulisses du monde de la production musicale, introduisant aux spectateurs les dynamiques entre agents, managers, maisons de disque, et autre intermédiaires entre l'artiste et son public. Comme dans les versions Wellman et Cukor le grand adversaire, et peut-être la cible la plus facile, reste la presse, incarné ici par un journaliste radio cynique que le personnage de John Howard finira par agresser physiquement. Mais c'est la figure paternaliste et bienveillante du producteur qui disparait également, le manager de John finira par le lâcher complètement tandis qu'Esther se retrouve aux prises avec un producteur musical dont elle rejette les propositions créatives qu'elle trouve trop commerciales. C'est également un plaisir que de voir Kris Kristofferson, que le public américain connaissait à cette époque plus en tant que chanteur country qu'en tant qu'acteur, mettre en avant ses talents de musicien. La production cherchait en effet une véritable star de la musique à mettre en face de Streisand, approchant également Mick Jagger et Elvis Presley pour le rôle. Malheureusement pour Kristofferson, à cause d'un conflit juridique avec sa maison de disque, il ne lui était pas possible de jouer ses propres chansons dans le film.
UNE LUTTE POUR LE CONTRôLE
Hollywood est un univers cruel envers les femmes et Streisand incarne bien le genre de force contradictoire qui résiste et rend coup pour coup, malheureusement au détriment de l’esprit collaboratif de la création. Sa réputation légendaire d’artiste aussi difficile et capricieuse que talentueuse n’est sans doute pas usurpée. Elle est en définitive à la fois l’une des grandes forces et des grandes faiblesses du film. Elle apporte son énergie folle, sa personnalité unique, son sens de la comédie et bien sur son talent musical indéniable, mais ne laisse jamais vraiment exister son partenaire masculin. Il faut dire qu’au milieu des années 70 elle rêve d’avoir au cinéma autant de liberté qu’en musique, cela fait déjà plusieurs années qu’elle a en tête le projet qui deviendra Yentl et qu’elle envisage de passer à la réalisation, mais les financiers sont réticents. Quand la Warner Bros. lui propose, courant 1974, ce projet de remake rock, la star refuse. C’est Jon Peters qui convainc finalement sa compagne d’accepter le projet, il y voit le moyen idéal de rafraîchir l’image de la jeune femme au cinéma (alors qu’elle vient d’incarner une Fanny Brice d’âge mur dans le Funny Lady de Herbert Ross). Streisand revient sur sa décision mais réclame que Jon Peters et elle obtiennent le statut de producteurs exécutifs, ce que la major accepte [3].
Tout néophyte qu’il est Jon Peters producteur fait preuve d’une ambition démesurée, déjà très sûr de lui et de son instinct. Sa détermination et son enthousiasme s’accordent parfaitement avec les grandes exigences et le profond désir de contrôle de Streisand. En prenant les rênes du projet ils ont imposé ensemble une vision qui a fait fuir les premiers artistes impliqués, le duo d’auteurs originels mais aussi le réalisateur Jerry Schatzberg. Ils embauchèrent plusieurs scénaristes, firent des réécritures ensemble, et Peter alla jusqu’à envisager de réaliser lui-même… avant de renoncer. C’est à cause de leurs indécisions, et alors que les termes du contrat avaient fixé une date butoir pour le début du tournage, que la Warner recruta Franck Pierson, auteur confirmé mais réalisateur débutant [4]. Il profita de la situation d’urgence pour imposer ses conditions, il réécrira le film en prenant en compte les instructions de Streisand/Peters seulement si la réalisation lui est confiée. La collaboration commence bien mais Pierson sera rapidement mis en difficulté par les nombreuses, et souvent déconcertantes, demandes du duo de producteurs.
Concrètement Pierson ne parvient pas à convaincre Streisand de sa légitimité et chacune de ses décisions est discutée, quand elle n’est pas rejetée. Dans les récits favorables à l’actrice/productrice certains acteurs ou techniciens affirment qu’elle a pratiquement réalisé elle-même plusieurs séquences du film. Une version que Pierson dément, se considérant, malgré les nombreux compromis qu’il concéda, comme le véritable auteur du film. Kris Kristofferson souffre particulièrement de la situation. Se sentant délaissé, insatisfait des musiques composées pour lui, ne sachant vers quel décideur se tourner, il s’oublie dans l’alcool à la manière de son personnage. Vers la fin du tournage a lieu la 48ème cérémonie des oscars durant laquelle Pierson remporte l’oscar du meilleur scénario pour Un après-midi de chien, réalisé par Sidney Lumet. Malgré un regain de confiance et de crédibilité cela n’empêche pas de nouvelles crises d’éclater entre la comédienne et lui. A l’issue du tournage la rupture est complète, comme nous l’avons dit plus haut. Streisand prend désormais en charge seule le montage final et la post-production sonore, elle ne consultera jamais le réalisateur jusqu’à la sortie.
EXIGENCES SONORES ET MUSICALES
Le film est par ailleurs pionnier du point de vue sonore et doit beaucoup à la persévérance de la chanteuse, laquelle obtint une rallonge d’un million de dollar auprès de la Warner, sur un budget déjà rondelet de six millions, pour peaufiner le montage et le mixage sonore, supervisé par Phil Ramone. Celui-ci permit au film d’être le premier à être mixé et diffusé dans les salles sous le label Dolby Stéréo, qui offrait un son « Surround » aux salles équipées mais permettait aussi, avec la même copie 35mm, une diffusion mono classique. Ce n’était évidemment pas le premier film à offrir un son immersif, mais il inaugura un format qui allait bientôt devenir la norme (bien aidé par la sortie d’un certain Star Wars l’année suivante).
En termes de musique plusieurs auteurs furent impliqués tout au long de la préparation, Rupert Holmes, qui avait déjà écrit pour elle, fit plusieurs contributions avant de céder la place à Paul Williams (bien connu des cinéphiles pour Phantom of the Paradise). Avec son collaborateur Kenny Ascher il compose, dans la douleur, la majorité des chansons. Si elles sont toutes assez représentatives du registre pop/rock grand public de l’époque, à la fois agréables à écouter et rapidement oubliées, il en reste néanmoins une qui fit sensation. Il s’agit de « Evergreen », dont Streisand composa la mélodie, que Williams développa et dont il écrivit les paroles. Elle est le « thème romantique » du film, elle obtint l’Oscar de la meilleure chanson originale, un Golden globes et un Grammy. Elle compte parmi les titres les plus important de l’ensemble de la carrière de Streisand, reprise à chacun de ses concerts.
Mais c’est plus généralement en tant que film musical dans la décennie 70’s que le film peut être apprécié. Ces années-là virent réellement se produire la chute du genre musical à l’ancienne, ces adaptations de « Broadway show » ou créations improbables, souvent boursouflées, de plus de trois heures, que bouda la nouvelle génération. Les productions rocks du mi-temps de la décennie eurent plus de succès, à l’image de Jesus Christ Superstar (1973) ou de Tommy (1975), mais ce film est l’un des rares à réellement mettre en scène les coulisses de la fabrique de la musique populaire. Son succès permit peut-être à The Rose (1979), ce portrait sans concession d’une chanteuse de rock à bout de souffle inspiré du destin de Janis Joplin, d’exister. Le film de Mark Rydell, avec Bette Midler dans le rôle-titre, ose confronter cette figure de femme rockeuse à ses contradictions et en dit beaucoup plus sur la réalité de la condition féminine dans ces milieux profondément misogynes.
UNE éTOILE éPHéMèRE
Si l’égo de Pierson n’avait pas été reboosté par son tout récent Oscar du scénario peut-être n’aurait-il jamais osé faire publier le récit amer de ses batailles avec Barbra et Jon. Toujours est-il que sa carrière de réalisateur au cinéma en paya le prix. Il réalisera un troisième film qui ne trouvera pas le succès (Le roi des gitans, 1979) et basculera à la télévision, réalisant des téléfilms de prestige jusqu’en 2004. Barbra Streisand, quant à elle, vécut difficilement le traitement médiatique très agressif à son encontre ainsi que la mauvaise réception critique du film. Mais elle profita indubitablement du succès commercial pour assoir son statut de superstar auprès du public. Il lui faudra cependant attendre encore plusieurs années pour parvenir à faire financer son projet de chevet, Yentl, qui marquera enfin ses débuts comme réalisatrice. Un film atypique et maîtrisé dans lequel elle sera cette fois complètement libre d’accorder toute l’attention du récit au protagoniste qu’elle incarne. Jon Peters et elle se séparèrent en 1982, mais cela n’empêcha pas l’ex-coiffeur de devenir un des producteurs les plus influents du Hollywood des années 80/90 (ainsi qu’un des plus controversés).
Quand bien même le film qu’ils fabriquèrent ensemble n’imprima pas les mémoires aussi profondément que ses itérations précédentes on lui doit d’avoir grandement inspiré le plus récent remake, réalisé par Bradley Cooper et sorti en 2018. Celui-ci conserve, avec cette fois Lady Gaga dans le rôle d’Esther, l’ancrage musical et pop/rock alors même qu’une version plus rap/r’n’b avait envisagée. Tout en retenant beaucoup des bonnes idées du scénario, Cooper apportera dans sa mise en scène et son traitement des personnages l’authenticité et la profondeur émotionnelle qui manquaient à cette version 1976.
NOTES :
[1] Une demande que Streisand formula pour la première fois sur le film Funny Girl de William Wyler, de manière à pouvoir donner le meilleur d’elle-même dans son interprétation de la chanson « My Man ». D'autres films firent ponctuellement ce choix, on peut citer Enfin l'amour (1975) de Peter Bogdanovich, Evita (1996) d'Alan Parker ou Les Misérables (2012) de Tom Hooper.
[2] Dunne et Didion avaient alors en tête le couple de musiciens Carly Simon et James Taylor comme modèles, dont les carrières étaient « rivales ».
[3] Le film est produit par la First Artists, société dont Streisand est actionnaire. Elle fut fondée sur le modèle de la United Artists par l’agent Freddie Fields, qui souhaitait que plusieurs des comédiens principaux de son écurie (incluant également Paul Newman, Steve McQueen et Sidney Poitier) obtiennent plus de contrôle créatif sur leurs projets.
[4] Pierson était un auteur confirmé en télévision, il avait également signé les scénarios d’une poignée de film dans les années 60 (dont Luke la main froide, Le dossier Anderson) et plus récemment d’Une après-midi de chien (qui n’était pas encore sorti lorsqu'il commença l’écriture d’Une étoile est née). Réalisateur débutant, il n’avait à son crédit qu’un petit film d’espionnage adapté de John Le Carré, Le miroir aux espions (1970) et quelques épisodes de série TV.
En savoir plus
SOURCES :
- L’article de Franck Pierson, “My Battles with Barbra and Jon”, publié en novembre 1976, dans le magazine New West : https://web.archive.org/web/20120720030546/http://barbra-archives.com/bjs_library/70s/new_west_battles_barbra_jon.html
- William J. Mann, « Hello, Gorgeous: Becoming Barbra Streisand », 2012, Robson Press
- Jeffrey Vance, Lorna Luft, « A Star Is Born », 2018, TCM, Running Press