SUSPIRIA
Wild Side – Les introuvables
Édition Collector 2 DVD (2008)
A l'occasion d'une énième vision de
Suspiria, j'ai enfin glissé le second DVD des Bonus dans le lecteur, et bien m'en a pris, puisque c'est du tout bon, tant dans la quantité des suppléments proposés (plus de 3 heures de contenu) que dans leur qualité très constante.
- Entretiens avec l'équipe du film : toutes les interventions méritent le détour, la plus intéressante étant, à mon sens, celle de Luciano Tovoli, le directeur de la photo, qui explique son travail et ses méthodes, son rôle ayant été primordial dans l'expérience esthétique et la flamboyance visuelle du film. A noter également des interviews très intéressantes de Claudio Simonetti, le compositeur des Goblin, du chef décorateur qui évoque ses influences picturales et architecturales, et de Daria Nicolodi, co-scénariste et ex-femme du réalisateur, qui explique que le scénario du film trouve sa source dans sa propre histoire familiale, sa grand-mère, pianiste, ayant été elle-même victime de magie noire dans son conservatoire de musique et de danse, en suisse. Nous avons enfin droit à deux conversations avec Dario Argento, la première dans un français très maîtrisé, et la seconde réalisée par une équipe italienne. Où l'on apprend notamment que sa première source d'inspiration pour le film était… Blanche neige et qu'il est très reconnaissant à la France pour le succès international du film, l'accueil en Italie ayant été très mitigé en 1977.
- Argento Connection : un module consacré à la « famille »Argento, autrement dit à ses collaborateurs fidèles qui le suivent plus ou moins depuis son début de carrière, à commencer par son père, Claudio Argento, dont le rôle a été primordial à ses débuts.
- Argento vu par Pascal Laugier, Alain Schlockoff et Jean-Baptiste Thoret : il n'étonnera personne que Thoret, en grand fan du réalisateur, ne tarisse pas d'éloges sur Argento et
Suspiria. Sa culture du cinéma de genre (mais pas seulement), sa connaissance profonde du Giallo et du cinéma d'horreur, et la façon dont il communique sa passion et son enthousiasme, restent toujours un bonheur pour les cinéphiles. Quant à Laugier, il n'y va pas avec le dos de la cuillère et n'hésite pas à égratigner les critiques bien-pensant de l'époque, à commencer par Télérama qui conseillait à Argento, après ses premiers films, de « changer de métier, car il n'était pas fait pour le cinéma » (sic). Autre saillie décoiffante (je cite de mémoire) : « À l'époque, tous les critiques intello se branlaient devant le
Blow Up d'Antonioni, mais dédaignaient copieusement Argento, alors que le film d'Antonioni, que j''apprécie pourtant beaucoup, n'arrive pas à la cheville de
Profondo Rosso ». Et vlan !…
- Module sur la restauration réalisée par une équipe française (Cocorico !), qui a dû travailler manuellement sur la pellicule d'origine retrouvée à Rome, pour l'expurger des nombreuses traces de moisissure et autres poussières accumulées au fil du temps. Un travail de fourmi, réalisé en concertation avec Luciano Tovoli, le chef opérateur de
Suspiria, qui a pris plus de 250 heures et dont le résultat, aujourd'hui visible sur DVD, nous laisse émerveillé tant la colorimétrie du film est d'une beauté stupéfiante.
- Rediffusion de l'émission de radio « Mauvais genre », sur France Culture, consacrée à Claudio Simonetti (compositeur des Globlin) et à l'importance de la musique dans l'œuvre de Dario Argento. Avec la participation, notamment, de Jean-Baptiste Thoret. Plus d'une heure d'émission qui revisite les grandes dates de la filmo du réalisateur et l'évolution de la musique dans ses œuvres, de
L'oiseau au plumage de cristal jusqu'au
Sang des innocents. Claudio Simonetti revient sur son travail avec les Goblin, sur les instruments pour le moins originaux parfois utilisés, et sur l'évolution de leur style suivant le sujet traité et la « couleur » des films. Il se met également parfois au piano pour interpréter les scores les plus emblématiques des Goblin. Passionnant.
Au final, de grands Bonus pour un très grand film.
