Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Rubrique consacrée aux DVD de films tournés avant 1980.

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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

Palm Spring Week Ends (1963) - Norman Taurog

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Une bande de jeunes gens dont une équipe de basket se retrouve durant le week end de Paques à Palm Spring.

Curieux film, mélange de comédie burlesque poussive et de comédie dramatique sur la fin. Le teenager movie a toujours fait recette aux USA et c'est le cas de ce film qui évoque les amours de jeunes gens durant un week end, mais année 60 obligeant, les idylles sont plus poussées, on évoque les désirs sexuels de manière beaucoup plus nette. Le film sert surtout à mettre en valeur Troy Donahue, bellatre blondinet qui fit tourner le coeur des jeunes filles américaines à l'époque, en gendre idéal, différent des autres jeunes gens qui pensent essentiellement à boire et à draguer. Le début est particulièrement poussif avec les personnages recurrents du dragueur lourd, de la jeune fille "laide" qu'aucun garçon ne regarde, la jeune fille bien sous tout rapport fille d'un policier local, l'autre jeune fille qui n'est évident pas celle qu'elle prétend, du play boy dragueur. A partir de la seconde moitié du film, on a l'impression que Norman Taurog ne sait plus dans quelle direction aller, et lorgne du côté des Fureur de vivre, avec ces adolescents rebelles qui cherchent la bagarre, ces coupables repentis, etc. Même si le film se laisse voir, il n'est en rien imperissable, il permet juste de voir Robert Conrad et Stéfanie Powers au cinéma avant qu'ils évoluent tout deux dans deux séries devenues assez cultes, Les Mystères de l'Ouest pour le premier, L'amour du Risque pour la seconde. Quant à Connie Stevens, elle sort un peu de l'image de jeune fille victime du destin sordide de Susan Slade.


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Susan Slade (1961) - Delmer Daves

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Susan Slade fille d'un ingénieur tombe amoureuse d'un jeune alpiniste durant la traversée qui la ramène aux USA avec ses parents.

Delmer Daves retrouve deux ans après Summer Place Dorothy MacGuire et naturellement Troy Donahue dans un mélodrame très mélo. Connie Stevens remplace la piquante Sandra Dee par contre. Si dans Summer Place, l'intrigue mélangeait habilement les sentiments des parents aux aventures des deux jeunes gens, ici nous sommes surtout dans le portrait d'une jeune femme qui a "pêché" et qui en paye lourdement les conséquences. Toujours dans ce vent de libération "sexuelle" qui commence à souffler, la jeune femme vit ouvertement ses relations, même si elles ne sont qu'évoquées. Delmer Daves en vieux routier d'Hollywood réalise un mélodrame très conventionnel dans son histoire, en effet tous les rebondissements sont évidents, on sait d'avance ce qui va se passer, mais bon, il y a cette mise en scène, ces décors, ces couleurs qui font que malgré tout cela on se laisse prendre par les aventures de Susan Slade. Connie Stevens est moins charismatique que Sandra Dee. Par contre le réalisateur oublie en cours de route, l'histoire du père du héros interprété par Troy Donahue, qui s'est pendu suite à des suspicions de malversation. Bon ceci étant, il est bien évident que s'il y avait pensé, le père aurait été blanchi, mais bon ! Ceux qui sont allergiques aux films sentimentaux risquent de trouver ce film absolument indigeste, par contre ceux et celles qui ont gardé une âme de midinette ne pourront être que touchés par les aventures de la jeune Susan Slade.

Ps : J'ai oublié de mentionner aussi les très belles de chevauchées qui rappellent que Delmer Daves fut un grand du Western ! Quant à la musique, on retrouve une citation du fameux thème de Summer Place !
Dernière modification par Cathy le 29 janv. 09, 08:23, modifié 1 fois.
Tom Peeping
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Tom Peeping »

Au moins un coffret qui ne reste pas dormir sur tes étagères, Cathy ! J'attends de pied ferme le mien qui doit être au-dessus de l'Atlantique...
... and Barbara Stanwyck feels the same way !

Pour continuer sur le cinéma de genre, visitez mon blog : http://sniffandpuff.blogspot.com/
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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

La vision de Summer Place m'avait enthousiasmée et donné envie de découvrir les films de ce coffret avec impatiernce. Je vais donc continuer par Parrish et terminer par Roman Adventure je pense. Pour une fois qu'un coffret ne dort pas sur mes étagères pendant de longs mois voire de longues années :fiou: !
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Jeremy Fox
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Jeremy Fox »

Vivement la suite de tes avis ; ça me fera patienter un mois le temps que le mien arrive (Pacific ne l'a toujours pas réceptionné) :wink:
joe-ernst
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par joe-ernst »

Jeremy Fox a écrit :Vivement la suite de tes avis ; ça me fera patienter un mois le temps que le mien arrive (Pacific ne l'a toujours pas réceptionné) :wink:
Merci à Cathy pour ses deux critiques. Vivement que mon coffret arrive ! :D

Jeremy, tu devrais annuler ta commande sur Pacific et la passer sur Amazon US. C'est ce que j'ai fait lundi et elle m'a été expédiée le jour-même et cela ne devrait pas te revenir beaucoup plus cher... :wink:
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Jeremy Fox
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Jeremy Fox »

joe-ernst a écrit : Jeremy, tu devrais annuler ta commande sur Pacific et la passer sur Amazon US. C'est ce que j'ai fait lundi et elle m'a été expédiée le jour-même et cela ne devrait pas te revenir beaucoup plus cher... :wink:
Tu as raison. Done.
Effectivement, le tarif est presque identique
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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

En plus sur Pacific, tous ces titres sont "on order" et pas "in stock", ce qui laisse vraiment penser qu'il y a un problème avec Pacific
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Jeremy Fox
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :En plus sur Pacific, tous ces titres sont "on order" et pas "in stock", ce qui laisse vraiment penser qu'il y a un problème avec Pacific
C'est uniquement pour cette raison que je suis passé par Amazon car les délais sont pour moi quasi identiques : 3 ou 4 semaines pour le colis arrive
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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

Parrish (1961) - Delmer Daves

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Parrish fut réalisé après Summer Place et avant Susan Slade. Le film narre les aventures d'un jeune homme qui apprend la culture du tabac et s'oppose à son beau père, puissant propriétaire de champs de tabac, le tout sur fond de romances. Ici Delmer Daves se noie moins dans le sentimentalisme et le mélodramatisme. En effet, on a plus l'impression d'un Geant sur fond de culture du tabac, avec documentaire sur cette culture très intéressant au demeurant. Mais la trame dramatique n'est pas absente, avec la mère de Parrish divinement jouée par Claudette Colbert dont ce sera le dernier grand rôle au cinéma dont la morale est sauve car elle épousera le magnat du tabac qui sème la terreur dans la région, et trois jeunes femmes différentes. La première est interprétée par Connie Stevens, loin de son personnage de Susan Slade, elle est y est une jeune travailleuse aux champs, fille facile, aguicheuse, qui vit toutefois relativement bien grâce à une famille soudée sa mauvaise "réputation". Diane Mc Baine est la seconde fille, si elle est aussi aguicheuse, elle est d'une relativement bonne famille et du coup montre les travers de cette jeunesse dorée qui pense à la liberté, à s'amuser et vit sans complexe des aventures sexuelles, sans être mariée (assez curieux d'ailleurs pour l'époque' que l'on montre aussi facilement deux jeunes gens vivant visiblement ensemble sans être marié
Spoiler (cliquez pour afficher)
Ceci étant leur seule véritable confrontation en tant que couple sera celle de leur rupture
et enfin la fille de bonne famille à l'éducation rigide qui semble rester sage (Sharon Hugheny). Ici aucune relation ou allusion au sexe n'est évoquée. On sait juste qu'elle est amoureuse de Parrish. Ce triangle féminin est complété par les personnages des fils du magnat, veuls, faibles, odieux à l'opposé des valeurs idéales que véhicule Parrish. Troy Donahue prête sa stature de gendre idéal à ce personnage qui certes a des relations sexuelles assez facilement pour l'époque, mais a de véritables valeurs. Le dernier personnage mais non des moindres est ce fameux magnat interprété avec brio par Karl Malden. Il campe un personnage absolument odieux avec bonheur.
Si le film débute comme une bluette, on se dit que l'on va assister à un véritable grand mélo aux multiples rebondissements, il change complètement de genre avec cette évocation du monde féroce de la culture. Delmer Daves filme avec talent ces champs de tabac, cette culture, mais aussi cet incendie qui va sceller le destin du protagoniste.
Ici nous ne sommes donc pas dans le pur registre du mélodrame développé dans Summer Place et Susan Slade, mais dans ces grandes sagas pleine d'amour, de fureur, même si le rythme est parfois un peu lent, il n'en reste pas moins que l'on passe un agréable moment dominé par les prestations de Claudette Colbert et surtout Karl Malden
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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

Rome Adventure (1962) - Delmer Daves

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Une jeune bibliothécaire américaine va en Italie pour découvrir la vie amoureuse, et tombe amoureuse d'un jeune architecte.

Dernier film du coffret Warner dont la vedette est Troy Donahue en réalité, mais sans doute était-ce plus vendeur d'en faire un Classic Romances qu'un Troy Donahue Boxset.
Ici nous sommes dans une histoire d'amour traditionnelle, même si les premiers échanges nous laissent supposer un film plus sulfureux que Susan Slade ou Summer Place. En effet dès le début sont évoquées très clairement les désirs "sexuels" des jeunes filles et ce qu'on ne leur permet pas d'apprendre car trop licencieux. La première scène dans la pension pour jeunes filles où travaille Susan Pleshette, ou surtout la confrontation très explicite avec Rossano Brazzi. Car en Italie, les filles sont libres, elles vivent ouvertement leurs relations. Après nous restons dans le domaine de la romance, où sans doute l'amour a-t'il été consommé, mais sans aucune conséquence facheuse pour la jeune fille qui malgré son désir d'éveil sexuel, veut rester une jeune fille fréquentable et qui a peur du "qu'en dira-t'on". Delmer Daves filme donc une belle histoire d'amour sur fond de documentaire sur l'Italie d'abord Rome puis ensuite Pise, Sienne, le Lac majeur tout y passe, avec naturellement l'inévitable roucoulade italienne "Al di la". Le côté vraiment sulfureux est évoqué par l'aventure qu'a vécu ouvertement Troy Donahue avec une jeune Angie Dickinson avant sa rencontre avec Susan Pleshette. Angie Dickinson campe la mauvaise fille sans réelle moralité opposée à Susan Pleshette. Troy Donahue devient un good boy en tombant amoureux de la jeune bibliothécaire et la morale sera naturellement sauve. Même Rossano Brazzi, pourtant bien plus séduisant que ce fade Troy Donahue reste un homme digne, amoureux mais qui restera galant, le charme italien incarné ! On se demandera par contre l'intérêt de la présence du trompettiste Al Hirt dans une scène sans aucun intérêt pour le film, hormis de montrer une italienne fille facile.
Côté sulfureux, on reste donc un peu sur notre faim, la bande annonce étant bien plus prometteuse que le film, il n'en reste pas moins un film porté par la lumineuse et charmante Susan Pleshette (qu'on a souvent l'habitude de voir dans les productions Disney telles Quatre bassets pour un Danois, ou le Fantôme de Barbe noire),Angie Dickinson parfaite en garce.
Bref nous avons une très jolie carte postale de l'Italie, même un peu languissante parfois au départ où on est presque dans le registre du documentaire "à droite le Colisée, à gauche le Mont Palatin, etc".
Mais bon pour ceux qui ont encore une âme de midinette, cette histoire d'amour séduira. Les autres devront passer leur chemin.
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Jean Itard »

Jeremy Fox a écrit :
Fatalitas a écrit :interessé par les Delmer daves (quel dommage que A Summer place ne soit pas reproposé, en plus de ces films, avec des stf, c'est celui que j'aurai voulu voir en prioroté)
Oui, ç'aurait été plus logique qu'il soit intégré à la place du film de Norman Taurog, nous aurions eu la quadrilogie.
Oui, d'autant plus que le film de Norman Taurog est assez catastrophique. On y retrouve Connie Stevens et Troy Donahue mais hélas, plus aucune des qualités (la caméra aérienne, les couleurs,...) qui faisaient le charme des films de Daves.
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Supfiction
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Supfiction »

Jerémy, vu qu'on a souvent les mêmes goûts, comment as-tu apprécié les films de ce coffret Warner Bros. Romance Classics Collection (depuis 3 ans, ton coffret a du arriver :uhuh: depuis) ?
Merci à Cathy pour ses critiques, en passant.
Il est actuellement à $17.49 sur Amazon, je suis tenté de le prendre en même temps que le coffret Errol Flynn westerns (même si deux coffrets, c'est peut-être un peu risqué vis à vis de la douane).
J'hésite aussi avec les Warner Gangsters Collection: Vol. 3 et 4, également bradés au même prix..
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Jeremy Fox
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Jeremy Fox »

supfiction a écrit :Jerémy, vu qu'on a souvent les mêmes goûts, comment as-tu apprécié les films de ce coffret Warner Bros. Romance Classics Collection (depuis 3 ans, ton coffret a du arriver :uhuh: depuis) ?
Je suis un immense fan des mélos de fin de carrière de Daves. Le plus beau ne ss situe d'ailleurs pas dans ce coffret : il s'agit de Spencer's Moutain que l'on trouve à l'unité
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Delmer Daves poursuit son bonhomme de chemin, celui qui continue de le placer bien au chaud parmi mes réalisateurs préférés.

Image Image
La soif de la jeunesse (Parrish) 1961

Alors que Parrish est ici moyennement apprécié, le scénario n'étant certes pas exempt de défauts (trop de dispersion de l'intrigue, trop grand nombre de personnages certains étant sacrifiés en cours de route...), le style de Daves, son utilisation de la couleur et sa vision du mélodrame restent uniques ; sa mise en scène transcende tout ! Esthétiquement c'est constamment superbe et impressionnant (voir l'incendie par exemple) et Daves n'a pas son pareil dans l'utilisaton des gros plans (notamment ici sur les deux actrices blondes) qui suintent la sensualité. Bref, même si je reconnais comme vous les failles de l'écriture, le réalisateur n'a pas son pareil pour, avec l'aide d'Harry Stradling en tant que chef opérateur et de Max Steiner à la musique (étonnamment l'un des thèmes et son orchestration ressemblent étrangement à certaines 'ritournelles' que l'on entend dans les films d'Ozu :o ), nous offrir des mélodrames qui ne ressemblent à aucun autre, qui osent parler de la sexualité de front et que j'apprécie tout particulièrement, toujours à la limite du ridicule mais sans jamais y tomber grâce un lyrisme exacerbé, une grande sincérité de ton et un sidérant sens plastique.


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Susan Slade (1961)
Cathy a écrit :
Susan Slade fille d'un ingénieur tombe amoureuse d'un jeune alpiniste durant la traversée qui la ramène aux USA avec ses parents...
Delmer Daves retrouve deux ans après Summer Place Dorothy MacGuire et naturellement Troy Donahue dans un mélodrame très mélo. Connie Stevens remplace la piquante Sandra Dee par contre. Si dans Summer Place, l'intrigue mélangeait habilement les sentiments des parents aux aventures des deux jeunes gens, ici nous sommes surtout dans le portrait d'une jeune femme qui a "pêché" et qui en paye lourdement les conséquences. Toujours dans ce vent de libération "sexuelle" qui commence à souffler, la jeune femme vit ouvertement ses relations, même si elles ne sont qu'évoquées...
Delmer Daves en vieux routier d'Hollywood réalise un mélodrame très conventionnel dans son histoire, en effet tous les rebondissements sont évidents, on sait d'avance ce qui va se passer, mais bon, il y a cette mise en scène, ces décors, ces couleurs qui font que malgré tout cela on se laisse prendre par les aventures de Susan Slade. Ceux qui sont allergiques aux films sentimentaux risquent de trouver ce film absolument indigeste, par contre ceux et celles qui ont gardé une âme de midinette ne pourront être que touchés par les aventures de la jeune Susan Slade.
Voilà, même si A Summer Place reste pour l’instant le plus réussi car le mieux équilibré dans son scénario, il est évident que le cycle des mélos de fins de carrière de Delmer Daves est d’une formidable cohérence ; en effet les films, malgré leurs défauts, sont immédiatement identifiables et possèdent un ton totalement unique. Ce sont des films à la naïveté assumée, sans aucun second degré et qui, par là même, peuvent se permettre d’aborder des sujets plus ou moins tabous à l’époque, comme la sexualité, la virginité, sans aucun complexe, presque comme si de rien n'était. Aujourd’hui, tout paraitra bien évidemment plus que sage mais à l’époque, on peut imaginer comment ces films ont pu marquer les esprits adolescents qui firent une ovation au bellâtre de service, Troy Donahue. Même s’il ne brille certes pas par son charisme, je ne trouve pas non plus que ce soit forcément un mauvais acteur ; il convient en tout cas parfaitement aux rôles que les scénaristes de Daves lui ont écrit d'autant plus que le réalisateur, en excellent directeur d'acteur, arrive à le rendre attachant à défaut de mieux.

Pour en revenir à Susan Slade, Delmer Daves prend de plus en plus de risques et fonce la tête la première dans le mélodrame et ses clichés les plus éculés ; à première vue, on pourrait penser à une intrigue ‘Harlequin’ mais encore une fois, comme le dit Cathy, la mise en scène remporte une nouvelle fois le morceau et, au diapason de l’histoire, arrive à rendre cette dernière captivante même si la dernière demi-heure patine un peu et finit par donner une oeuvre moins passionnante que A Summer Place et moins lyrique que Parrish qui arrivait parfois à faire penser au King Vidor de Our Daily Bread ou An American Romance par sa description documentaire ‘Bigger than Life’, ici de la culture et des exploitations du tabac.

Il faut cependant une nouvelle fois être prévenu : Max Steiner fait jouer les violons jusqu’à plus soif (mais ses leitmotivs s’avèrent immédiatement mémorisables et je le soupçonne d’avoir une fois encore vu et apprécié les musiques des films d’Ozu), les larmes intempestives et les cris ne manquent pas, les baisers langoureux sur fond de couchers de soleils sont de la partie…il faut aimer la romance dans ce qu’elle a de plus ‘midinette’ effectivement. Mais l’utilisation des couleurs, des gros plans, des plongées et contre plongées est tellement géniale et cohérente avec le sujet que l’on en redemande. De plus, l’on savait que Delmer Daves était l’un des paysagistes les plus doués dans le domaine du western ; il le demeure encore dans ses mélos utilisant à merveille les décors les plus variés et exotiques qui soient pour nous offrir un total dépaysement.

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Rome Adventure (1962)

Le désir d'émancipation d'une jeune bibliothécaire qui ne supporte plus le rigorisme de ses employeurs en Nouvelle Angleterre et qui décide de partir en Italie où, croit-elle, l'amour est plus libre.

Dernier des 4 films que Delmer Daves réalisa avec l’acteur Troy Donahue qui a fait de sacré progrès et qui se révèle ici vraiment convaincant. Le couple qu’il forme avec la toute nouvelle actrice (et charmante) Suzanne Pleshette fonctionne divinement ; pour la petite histoire, ils se marieront deux ans après et reformeront un couple dans l’ultime chef-d’œuvre de Raoul Walsh, La Charge de la 8ème brigade. Si Rome Adventure possède bien des points communs avec les trois précédents, nous n’avons plus ici à faire à un mélodrame mais à une flânerie romantique assez douce dans l’Italie des années 60. Les personnages sont plus matures, plus adultes et plus cultivés ; ils raisonnent au lieu de se jeter à corps perdus dans les cris et les larmes et ont des comportements plus ‘sobres’ que dans les 3 films précédents. Il faut dire que les conflits sont minimes et que la romance prime avant tout.

Encore une fois, Delmer Daves n’a pas son pareil pour filmer et magnifier les paysages : la visite qu’il nous offre de cette Italie de cartes postales (mais quelles cartes !!!) est un véritable bonheur surtout lorsqu’il arrive en montagne avec cette idée de la sublime chanson ‘Al di la’ reprise dans les hauts parleurs lors de ‘la montée des deux amants au sommet du monde’. Quelques fautes de goûts comme, effectivement Cathy, cette séquence inutile et ‘bêtement clichée’ avec le trompettiste Al Hirt qui gâche un peu la balade. Mais le réalisateur n’a pas non plus son pareil pour parler d’amour et ses dialogues et idées sont très en avance même si la morale finale, donnée par l’excellent Rossanno Brazzi (acteur de très grande classe, l’inoubliable comte Torlato-Favrini de la Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz) pourrait ressembler à un retour arrière un poil réactionnaire ; il ne faut pas oublier que la morale chrétienne était très importante pour Delmer Daves, autre paramètre qui rend ses mélodrames aussi singuliers.

Ceux qui se délectaient du baroquisme et de l’outrance des deux films précédents risquent d’être surpris pas un retour à une relative sérénité et une certaine douceur pour le dernier film du cycle à l'image aussi du score de Max Steiner plus apaisé ; c’est autre chose mais plastiquement toujours aussi génial et franchement attachant. J’ai aussi beaucoup aimé l’acteur Hampton Fancher (qui lui aussi a fait des progrès depuis Parrish) et les scènes se déroulant avec Angie Dickinson sur fond de Borodine lors de la dernière demi-heure sont superbement écrites et interprétées (même si j’ai toujours autant de mal avec l’actrice).

Aucun des 4 films n’est exempt de défauts (nous n’atteignons pas la perfection d’un 3h10 pour Yuma ou de La Dernière Caravane) mais méritent incessamment d’être redécouverts car possédant un ton assez unique qui pourra en agacer certains mais qui pourra aussi au contraire en ravir d’autres dont je fais partie. Heureusement que Lourcelles et Tavernier les ont un peu fait sortir de l’oubli en étant quasiment les seuls à les défendre (quoique le second n’ait pas du tout apprécié Susan Slade)

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Si je devais faire un top (qui pourrait facilement être modifié lors de prochaines visions), ça donnerait ça dans un mouchoir de poche :

1- A Summer Place
2- Parrish
3- Rome Adventure
4- Susan Slade
et j'ai même apprécié le 4ème film :wink:
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Cathy
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Cathy »

Spencer's Mountain que j'ai également beaucoup aimé, n'est pas un mélo. Je pense que c'est plus une "comédie" familiale, même si le terme "comédie" est à prendre au sens large du terme.

Ce que j'écrivais sur la Montagne des neuf Spencer
Spoiler (cliquez pour afficher)
La Montagne des neuf Spencer, Spencer's Mountain (1963)

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Delmer Daves réalise ici une très belle comédie dramatique qui n'est pas dans la lignée mélodramatique de ses précédents films, mais au contraire, le ton est plus léger, plus frais, même si le drame se cache au tournant. On sent que Daves a vraiment le don de filmer la vie de famille avec amour, tendresse, des petites touches comme les relations entre ce grand frère et sa petite soeur notamment. Le réalisateur continue à filmer cette jeunesse qu'il semble adorer, mais ici nous sommes dans des jeunes gens qui ne vivent aucun drame réel. Certes on y parle encore de libération sexuelle, que ce soit dans les propos des parents, ou dans ce jeune couple qui a sans doute des relations, mais sans conséquence dramatique, contrairement à Parrish, Summer Place, ou Susan Slade.

Le Charme du film vient sans doute aussi du couple principal formé par Henry Fonda, excellent en patriarche père de neuf enfants, qui a tendance à se souler, mais ne vit que pour sa famille. Maureen O Hara est pétillante dans le rôle de son épouse, un peu coincée. La religion est aussi au centre du film avec ce père qui ne va pas à l'église et sa femme qui au contraire élève ses enfants dans les préceptes religieux. La rencontre entre le pasteur et ce père donne d'ailleurs lieu à une savoureuse partie de pêche !

Il y a aussi cette nature magnifiée par la caméra de Daves, le parc des Tetons, sublimé par le cinémascope. Si le film démarre un peu lentement, on finit par rentrer dans cette vie familiale qui tourne autour de la réussite de l'ainé de la famille qui doit entrer à l'université. Contrairement à ses mélos, nous sommes ici dans un milieu moins aisé socialement, mais sans doute plus heureux, assez manichéen, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur finalement. Nous sommes touchés par la mort du grand père, attendris par ces enfants, charmé par le fils ainé. La force du film vient sans doute de son casting exemplaire, James Mac Arthur est très attachant en fils qui passe son temps à courir, Mimsy Farmer est piquante en petite amie, Donald Crisp campe aussi un superbe grand père.

Bref Delmer Daves signe encore une subtile évocation de la vie familiale, pleine de sensibilité, et à la fin du film, on regrette de ne pas pouvoir rester encore avec ces Spencer si sympathiques, malgré leurs défauts, leurs emportements, mais aussi leur amour !
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Re: Warner romantic classics le 27 janvier 2009

Message par Supfiction »

Merci pour l'info sur Spencer's Mountain, que je ne connaissais pas. C'est pourtant un Henry Fonda + Maureen O'hara, il devrait être bien plus connu que ça !
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