Père Jules a écrit : Mais ma priorité reste Thé et sympathie.
J'aimerai bien avoir ton avis sur celui-là. Je ne l'ai encore jamais vu.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.
Thé et Sympathie (Tea and Sympathy) 1956 de Vincente Minnelli MGM
Tom se souvient : dix années auparavant au collège, alors âgé de 18 ans, il avait été l'objet des moqueries et quolibets de ses camarades à cause de sa sensibilité qui le portait plus vers la lecture, la musique et la solitude que vers les sports violents, les filles et le chahut. Traité de 'Sister Boy', il avait heureusement trouvé le soutien de Laura, l'épouse du professeur de gymnastique. Ne trouvant plus ni réconfort ni amour au sein de son couple, cette dernière allait reporter son affection sur ce jeune homme déphasé, n'arrivant pas à trouver sa place auprès de ses camarades qui plaçaient la virilité au dessus de tout.
Avant de commencer le tournage européen de Lust for Life, Pandro Berman avait déjà demandé à Minnelli de diriger l'adaptation de la pièce de Robert Anderson jouée sur scène par Deborah Kerr, John Kerr et Leif Erickson qui reprendront donc leurs rôles respectifs à l'écran. C'est Elia Kazan qui avait monté cette pièce sur l'homosexualité. Censure oblige, pas d'homosexualité dans le film mais un jeune homme artiste, rêveur et plus sensible dont on se moque pour ses goûts et ses habitudes. Le thème en devient donc plus universel, le droit à la différence.
Le résultat est un film en demi-teinte, doux-amer, d'une extrême délicatesse à tous les niveaux, du score d'Adolph Deutsch jusque dans la photographie de John Alton qui s'éloigne de la flamboyance habituelle du Technicolor pour des couleurs plus pastel. Les décors, costumes et dialogues participent de cette extrême élégance de ton et de traitement cinématographique. On pourra regretter un manque des quelques flagrances lyriques coutumières du cinéaste et un traitement trop théâtral du scénario avec de très longues séquences dialoguées à deux ou trois personnages mais l'intelligence et la sensibilité du propos sont bien là malgré des personnages un peu trop typés et manquant ainsi un peu de subtilité. John Kerr reprend avec tact un personnage assez similaire à celui qu'il interprétait dans La Toile d'araignée, celui d'un jeune homme tourmenté et mal dans sa peau du fait de se trouver 'hors-norme' au sein d'une société prônant le machisme et la virilité ; Deborah Kerr est égale à elle-même dans son rôle de femme sensible, compréhensive et aimante et Leif Erickson parfait dans celui de l'époux cachant ses penchants artistiques sous une vulgarité de façade et de 'sociabilité'. Minnelli est un peu moins à l'aise lorsqu'il ne met en scène que des jeunes gens ; la séquence entre Tom et son camarade de chambre, ce dernier lui expliquant comment effacer ses 'anormalités', se révèle manquer de finesse (Delmer Daves, dans ses derniers mélos, sera plus à l'aise avec la jeunesse). Et dans l'ensemble, à force de gommer tout élan lyrique, Minnelli nous empêche d'être aussi touché que nous aurions aimé l'être (enfin là, je parle pour moi). Tea and Sympathy reste cependant un très beau film et son dernier quart d'heure d'une rare mélancolie est bouleversant tout en restant d'une extrême douceur. La scène finale de la lettre lue par la voix off de Deborah Kerr mérite de rester dans une anthologie du cinéaste ; d'une grande amertume et d'une sublime beauté.
Thé et Sympathie (Tea and Sympathy) 1956 de Vincente Minnelli MGM
Tom se souvient : dix années auparavant au collège, alors âgé de 18 ans, il avait été l'objet des moqueries et quolibets de ses camarades à cause de sa sensibilité qui le portait plus vers la lecture, la musique et la solitude que vers les sports violents, les filles et le chahut. Traité de 'Sister Boy', il avait heureusement trouvé le soutien de Laura, l'épouse du professeur de gymnastique. Ne trouvant plus ni réconfort ni amour au sein de son couple, cette dernière allait reporter son affection sur ce jeune homme déphasé, n'arrivant pas à trouver sa place auprès de ses camarades qui plaçaient la virilité au dessus de tout.
Avant de commencer le tournage européen de Lust for Life, Pandro Berman avait déjà demandé à Minnelli de diriger l'adaptation de la pièce de Robert Anderson jouée sur scène par Deborah Kerr, John Kerr et Leif Erickson qui reprendront donc leurs rôles respectifs à l'écran. C'est Elia Kazan qui avait monté cette pièce sur l'homosexualité. Censure oblige, pas d'homosexualité dans le film mais un jeune homme artiste, rêveur et plus sensible dont on se moque pour ses goûts et ses habitudes. Le thème en devient donc plus universel, le droit à la différence.
Le résultat est un film en demi-teinte, doux-amer, d'une extrême délicatesse à tous les niveaux, du score d'Adolph Deutsch jusque dans la photographie de John Alton qui s'éloigne de la flamboyance habituelle du Technicolor pour des couleurs plus pastel. Les décors, costumes et dialogues participent de cette extrême élégance de ton et de traitement cinématographique. On pourra regretter un manque des quelques flagrances lyriques coutumières du cinéaste et un traitement trop théâtral du scénario avec de très longues séquences dialoguées à deux ou trois personnages mais l'intelligence et la sensibilité du propos sont bien là malgré des personnages un peu trop typés et manquant ainsi un peu de subtilité. John Kerr reprend avec tact un personnage assez similaire à celui qu'il interprétait dans La Toile d'araignée, celui d'un jeune homme tourmenté et mal dans sa peau du fait de se trouver 'hors-norme' au sein d'une société prônant le machisme et la virilité ; Deborah Kerr est égale à elle-même dans son rôle de femme sensible, compréhensive et aimante et Leif Erickson parfait dans celui de l'époux cachant ses penchants artistiques sous une vulgarité de façade et de 'sociabilité'. Minnelli est un peu moins à l'aise lorsqu'il ne met en scène que des jeunes gens ; la séquence entre Tom et son camarade de chambre, ce dernier lui expliquant comment effacer ses 'anormalités', se révèle manquer de finesse (Delmer Daves, dans ses derniers mélos, sera plus à l'aise avec la jeunesse). Et dans l'ensemble, à force de gommer tout élan lyrique, Minnelli nous empêche d'être aussi touché que nous aurions aimé l'être (enfin là, je parle pour moi). Tea and Sympathy reste cependant un très beau film et son dernier quart d'heure d'une rare mélancolie est bouleversant tout en restant d'une extrême douceur. La scène finale de la lettre lue par la voix off de Deborah Kerr mérite de rester dans une anthologie du cinéaste ; d'une grande amertume et d'une sublime beauté.
...extrême délicatesse - l'intelligence et la sensibilité du propos sont bien là - Tea and Sympathy reste cependant un très beau film et son dernier quart d'heure d'une rare mélancolie est bouleversant tout en restant d'une extrême douceur.
Tout cela devrait amplement suffire à mon bonheur malgré les quelques réserves que tu émets. Merci Jeremy
Et la copie, elle est bien ?
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.
Merci Jack ! Pas au top pour profiter de la flamboyance du technicolor, alors
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.