Columbo

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Jerome
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Re: Columbo

Message par Jerome »

j'aime bcp le packaging de l'intégrale anglaise qui vient de sortir. Je suis moins fou des palmiers sur les jaquettes

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Wagner
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Re: Columbo

Message par Wagner »

Pour complément, un internaute a renseigné les st dispo sur cette éditions UK:

The sub-titles vary, from series to series:

Season 1: English SDH
Season 2: English SDH, French, Italian, Spanish, German, Dutch, Danish, Finnish, Norwegian, Swedish
Season 3: None
Season 4: English SDH
Season 5: English SDH, Danish, Finnish, Norwegian, Swedish
Seasons 6 to 10 inclusive: English SDH
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Alligator
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Columbo : Forgotten Lady (La femme oubliée) (1975, Harvey Hart):

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -lady.html

Episode riche mais quelque peu décevant car le meurtrier a l'extrême mauvais goût de ne pas apparaitre antipathique. On nous prive ici du duel féroce qui fait souvent le sel de la série. C'est tout de même un réel plaisir cinéphile de retrouver Janet Leigh, une des plus belles femmes de l'histoire du cinéma ("Psychose", "La soif du mal", "L'appat", etc), une méga star pour entamer cette cinquième saison. Vedette futée comme sa filmographie le démontre, elle fait preuve d'une grande force de caractère en jouant une star déchue, obnubilée par sa jeunesse fânée, une personnage ô combien pathétique, si folle de sa gloire cinématographique passée qu'elle passe ses soirées à revoir ses films dans une salle de projection privée. Complètement folle, elle va jusqu'à tuer son mari qui refuse de financer son retour triomphal sur la scène. Leigh est fascinante comme toujours jouant de son image et de la réalité avec une distance impressionnante.
Ce qui est encore très intéressant et enrichissant c'est le renouvellement de la structure narrative que l'épisode impose avec une ingénieuse participation d'un tiers dans la résolution de l'affaire entre Columbo et Leigh. John Payne -fichtre il a tellement vieilli que je ne l'ai pas reconnu- permet d'installer une sorte d'auditoire au lieutenant dans l'élaboration de son raisonnement. A la manière d'un Hastings pour Poirot, c'est lui qui est confronté à la pensée de Falk, la meurtrière étant incapable de l'entendre. Subtil, novateur, ce dispositif n'est pas sans charme mais n'égale en rien, à mon avis, l'affrontement direct entre Columbo et son assassin. Ici Falk élabore un lieutenant toujours aussi entêté mais totalement impuissant devant cette Janet Leigh désarmante. D'abord fan absolu et révérencieux, il cherche en vain à enclencher un autre type de relation, plus vindicatif. Mission impossible. Le film se termine sur une pirouette, élégante, classieuse et que d'aucuns qualifieront de "révolutionnaire", mais que je ne parviens pas à vraiment estimer autrement que comme une mise en touche, mi-figue, mi-raisin, je ne me résouds pas à ce final. Je crois que l'essentiel de ma déception, légère je le répète, vient de drôle de dénouement.

A noter que l'élément comique du téléfilm réside ici sur l'aversion de Columbo pour les armes. Tanné par ses supérieurs de venir passer ses tests de tir qu'il évite depuis trop longtemps, le lieutenant va s'échiner à éluder la pression hiérarchique, jusqu'à gruger son monde de manière tout à fait effrontée, histoire de se rendre encore plus sympathique chez les spectateurs.

PS. Oups, je n'ai pas reconnu Maurice Evans, le Dr Zaius de la Planète des singes. Je l'ai même trouvé moyennement bon, excessif dans ses bouderies et ses renfrognements trop voyants à l'encontre de Columbo.
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hansolo
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Re: Columbo

Message par hansolo »

Jerome a écrit :j'aime bcp le packaging de l'intégrale anglaise qui vient de sortir. Je suis moins fou des palmiers sur les jaquettes
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effectivement, très sympa ...
en revanche ça doit couter assez cher!
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Alligator
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Columbo : A case of immunity (Immunité diplomatique) (1975, Ted Post):

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... unity.html

Un très bon épisode. Après l'absence de confrontation entre Janet Leigh et Peter Falk lors de l'épisode précédent, un peu frustrant, nous voilà magnifiquement servis par un affrontement des plus féroces. C'est sans doute le plus violent qu'il nous ait été donné de voir en raison de la position très fragile du lieutenant. Ayant débusqué son assassin, Columbo, le mord et refuse coûte que coûte de lacher sa proie. Pourtant, cette victime de la tenacité légendaire du policier n'en est pas moins un homme d'Etat étranger en villégiature sur la côte ouest américaine, prêt à tout pour arriver à ses fins et prendre le pouvoir dans son pays. L'intrusion dans son plan d'un petit fonctionnaire fouineur a de quoi lui faire perdre patience. C'est donc sur le plan diplomatique que va se jouer le sort du lieutenant. Très rapidement excédé, Hector Elizondo fait peser des menaces d'exclusion de la police sur Columbo. On sent véritablement le lieutenant en danger. Le péril est palpable et il parait difficile d'y faire face. C'est au charme que Columbo s'en sort. Le dénouement est intéressant malgré le fait que je reste toujours un brin dérangé par les moyens détournés dont Columbo use quand il parvient pas à trouver des preuves irréfutables. L'extorsion d'aveu est pourtant ici amené avec une certaine maestria, je dois le concéder.

L'épisode vaut essentiellement pour cette très belle empoignade, entre deux hommes sûrs d'eux. Columbo par son entêtement fait preuve d'un fort caractère pendant que son ennemi affiche une certitude et une morgue que l'on a vite hâte de voir défaillir. Belle combinaison d'égos. Hector Elizondo a une sale tête d'hypocrite, suscite sans mal une antipathie salutaire pour la série.

J'ai bien aimé également la lente érosion du ton volontiers mielleux des deux personnages, la détérioration de leurs échanges, un doux et savant crescendo dans la violence de leurs rapports. Columbo marche d'abord sur des oeufs et finit par braver le danger de manière très effrontée.

On notera le passage éclair de Sal Mineo (non, non, ce n'est pas Arthur, je vous assure!), le pote de James Dean dans La fureur de vivre et qui ne réussira jamais à véritablement faire décoller sa carrière.
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Re: Columbo

Message par Chip »

Non Janet Leigh n'est pas une "forgotten lady", sublime et inoubliable actrice. :wink:
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Columbo : Identity crisis (Jeu d'identité) (1975, Patrick McGoohan)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... risis.html

Que de récurrence! Cet épisode fourmille de petits et grands bonhommes qu'on a vu et reverrons dans la série : Patrick McGoohan (3 autres columbos : By dawn's early light, Agenda for murder et Ashes to ashes), Leslie Nielsen (1 autre columbo : Lady in waiting), Vito Scotti (5 autres columbos : Any old port in a storm, Candidate for a crime, Swan song, Negative reaction, Murder a self portrait), Val Avery (3 autres columbos : Dead weight, The most crucial game, A friend in deed). Aimant par-dessus tout les acteurs, cet épisode constitue un formidable festival, bonbon sucré pour moi!

Le préambule et l'élaboration du meurtre est très long et permet de profiter pleinement de la participation de Leslie Nielsen, un acteur très fin, sûr. D'amant de la meurtrière dans "Columbo : Lady in waiting", il s'offre ici le rôle de victime alors que McGoohan se paye une nouvelle fois celui du meurtrier. Tous deux sont des espions. Le premier reste sobre, très éloigné de ses rôles du "Naked gun", policier impénitent gaffeur. Sa prestation est solide, fort convaincante. Le second avec un rôle "multiple" cabotine à tout va. Le rôle d'espion fûté lui va comme un gant, son oeil bleu perçant captive toute l'attention. McGoohan brille par sa grande classe. Avery et Scotti sont moins colorés qu'à l'accoûtumée.
Dans la distribution, David White, le Larry de "Ma sorcière bien aimée" fait deux ou trois apparitions remarquées en directeur de la CIA, dans une composition plus sérieuse, évidemment.

Cette immersion dans le milieu des magouilles d'un agent secret est l'occasion de placer comme il se doit Columbo dans une position hiérarchique encore plus inférieure que d'habitude, ce qui accentue davantage le plaisir de le voir vaincre son adversaire. L'affrontement est délicieux, révêlant plusieurs couches de relations entre McGoohan et Falk. Dédain, menaces, condescendance, charme ne parviennent pas à étouffer l'hardiesse et l'obstination légendaires du lieutenant à connaître la vérité.

Il est un aspect du personnage encore peu dévoilé jusque là par la série : sa sexualité. Et cet épisode en révèle une toute petite part. Il est amené à enquêter dans un cabaret de danse orientale sur le bord de mer, où une danseuse du ventre le tient presque hypnotisé, hagard pendant de longues minutes. Son sourire et son regard lointain en disent long. Et votre femme, lieutenant?
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Message par Alligator »

Columbo : A matter of honor (Question d'honneur) (1975, Ted Post)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... honor.html

Un épisode un peu faiblard mais qui a au moins l'audace d'avoir tenté de se renouveller. Il sort des sentiers battus. Columbo est en vacance au Mexique. Un accident de voiture l'immobilise opportunément. Son séjour se prolonge au plus grand plaisir d'un "commandante" (Pedro Armendáriz Jr.) de la police locale qui l'invite à l'accompagner dans un élevage de taureaux de combat où un homme a été accidentellement tué. Bien entendu, d'accident, il n'y a point. L'enquête à deux est un procédé très rare dans la série. Du reste, même dans cette option, Columbo garde toujours la main et dans cet épisode c'est toujours le cas : il erre, il questionne, furête tout seul à de nombreuses reprises et prend toute liberté. Mais les échanges avec le commandante permettent de bien suivre l'évolution de sa réflexion.

Cet épisode est surtout l'occasion de retrouver un acteur ethnique célèbre, un des premiers hispaniques d'Hollywood, Ricardo Montalban. Bien plus connu pour son personnage axial de "L'ile fantastique", il a également pu participé à de multiples autres séries télévisées mais personnellement, je l'attache bien plus à son rôle d'Armando dans les séquelles de la planète des singes ("Les évadés de la planète des singes" d'abord et "A la conquête de la planète des singes" ensuite). Plus récemment, j'ai pu le découvrir dans un petit film noir d'Anthony Mann, excusez du peu, "Border incident". Ce comédien élégant cotoie ici un Pedro Armendáriz Jr. dont le nom indique bien la filiation avec Pedro Armendariz, un des acteurs mexicains les plus fameux. Le fiston occupe une place spéciale dans le cinéma français : on l'a vu dans "La chèvre", "Maine-Ocean", "La bataille de San Sebastian". Pour les midinettes -c'est ma femme qui l'a reconnu- il sera fait mention de la jeune participation de A Martinez : 496 épisodes dans "Santa Barbara", le pauvre.

La tâche de commenter ici le mobile du crime est malaisée pour moi qui essaie tant bien que mal de ne pas déflorer l'intrigue dans mes chroniques. Mais tout aussi difficile de ne pas aborder le sujet tant le bât blesse à ce propos. En gros, l'enquête de Columbo et du commandante butte sur les motivations de Montalban qui n'apparaissent qu'à la toute fin. Une fois que le meurtrier est embarqué, Columbo explique... mais ne convainct pas. Les scénaristes ont misé toute l'intrigue sur ce point. Le mode opératoire du meurtre passe au second plan. Il était pourtant innovant mais jamais les enquêteurs ne sont gênés par le manque de preuves irréfutables. Soit, ils passent dessus. Passons. Cependant, je ne saisis toujours pas en quoi la réaction de Montalban au piège qu'ont élaboré les policiers constitue matière à l'inculper. Finalement c'est sur de fortes présomptions de culpabilité mais en aucun cas des preuves qu'il est arrêté. Le final est par conséquent pour moi très décevant. Un goût de queue de sardine pas franche.
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Re: Columbo

Message par hansolo »

La voix de Columbo s'est eteinte il y a une semaine :(

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Le comédien français Serge Sauvion et l'acteur Peter Falk le 21 novembre 2006 dans les studios d'Europe 1.

Issu du Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, il a réussi le tour de force de reprendre une voix inimitable et en adéquation avec le personnage du lieutenant Columbo.
Il a également prêté sa voix à Peter Falk dans quelques films interprétés par l’acteur, mais il a aussi doublé Jack Nicholson, Richard Burton, Montgomery Cliff, Marcello Mastroianni, Mickey Rourke, Charles Bronson, Burt Reynolds et Sidney Poitier.

Peter Falk et Serge Sauvion se sont rencontrés à deux reprises, en 1973 et en 2006.
Interrogé à ce sujet, Peter Falk déclarait : « Serge Sauvion est un acteur formidable. Il est fantastique ! Je l’adore ! Je ne vois pas comment on pourrait faire mieux.».
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Message par Jerome »

j'aimais bien ce qu'avait Sauvion sur le doublage de columbo dans les années 70. mais je trouve qu'il surjoue énormément sur la série de 1990, dégradant alors le jeu de peter falk, dans une série déjà un ton en dessous de la première série.
Et depuis, j'ai découvert la série en VO grâce aux dvd, et je ne reviendrai sans doute pas à la VF.
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Re: Columbo

Message par hansolo »

la "serie" des annéers 90 n'ayant pas grand chose a voir avec le grand cru de Columbo des 70' (excepté quelques moments interessants et des fulgurances de Falk); je pense que Sauvion ne peut pas à lui tout seul relever le niveau.
Jerome a écrit : Et depuis, j'ai découvert la série en VO grâce aux dvd, et je ne reviendrai sans doute pas à la VF.
pourtant sur les quelques épisodes que j'ai vu en VF & VO, j'ai trouvé la VF très en accord avec l'original! Aussi bien dans le ton que dans le sens des repliques! Un peu comme le doublage exemplaire du Prisonnier.
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Re: Columbo

Message par Jerome »

la vo apporte énormément d'ambiance là où la VF supprime des bruitages, voire des musiques. Ce n'est pas spécifique à columbo, cela était courant dans les années 60/70. Avengers avait le même problème.
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Re: Columbo

Message par hansolo »

Jerome a écrit :la vo apporte énormément d'ambiance là où la VF supprime des bruitages, voire des musiques. Ce n'est pas spécifique à columbo, cela était courant dans les années 60/70. Avengers avait le même problème.
Le désastre est encore plus flagrant sur des classiques de l'âge d'or d'Hollywood comme Casablanca, ou la partition est proprement massacrée et la beauté des dialogues escamotée!
Dans le cas de Columbo, ça m'a en revanche moins choqué.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Columbo : Now you see him (Tout n'est qu'illusion) (1976, Harvey Hart)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... e-him.html

Ah que voilà un excellent produit! Et déjà, quelle bonne idée d'avoir pris pour écrin à l'intrigue le monde ô combien merveilleux qu'est celui de l'illusionnisme! Quasiment en huis-clos, ce cabaret de magie avec ses petites unités de lieu, la salle, la scène, le bureau, les cuisines et le sous-sol offrent une galerie de séquences intérieures, un peu sombres qui accentuent l'aspect ténébreux de l'enquête.
De même la remarquable musique de Bernardo Segall donne une ambiance jazzy un brin surannée mais dont le feutré accompagne harmonieusement les tintements de verre et les applaudissements.

Quel meilleur défi pour le lieutenant que de battre un maître-chef de l'escamotage, de l'entourloupe, de la dissimulation, de la manipulation? A ce propos, j'ai beaucoup apprécié la prestation de Jack Cassidy. Dans un rôle de parfait salopard, il l'incarne avec toute la subtilité et l'ambiguité nécessaires : personnage complexe, ancien S.S., assassin de son maître chanteur, doublé d'un charmeur dont la vanité, péché mortel le condamnera.
Pourtant il peut s'enorgueillir d'avoir donner un fameux fil à retordre à Columbo. Il est si rare de le voir ainsi plongé dans un tel doute. Il faut le voir essayer de "comprendre l'impossible" dans les cuisines au moment du "coup de feu", seul être immobile dans la tourmente. Falk perplexe, cela vaut son pesant de cacahuètes.
De manière étonnante, la confrontation reste pûrement intellectuelle, Cassidy et Falk ne se livrant pas à un duel féroce, formé de piques, ni de menaces.

L'épisode est agrémenté sur le mode humoristique par deux données assez savoureuses. D'abord, Columbo arrive contrarié sur les lieux du crime. Il passe tout l'épisode dans cet état de perpétuel dérangement car sa femme a eu la navrante idée de lui acheter un imperméable tout neuf. Trop petit, trop serré, trop propre, c'est trop. Il tente en vain de l'oublier mais il se trouve toujours une mauvaise âme pour le lui ramener.
Le premier à montrer autant de zêle est Wilson. Jeune policier incarné par Bob Dishy, Wilson est volontiers sûr de lui, un peu benêt sur les bords. Il avait déjà sévi dans la série sur "Dites-le avec des fleurs" (The greenhouse jungle). Il ne manque pas de volonté, juste un peu de finesse d'observation. Hart le réalisateur a particulièrement insisté sur ces plans où l'on voit Falk tirer une triste mine quand Wilson entre en scène. C'est d'un effet comique imparable à chaque fois. Dishy en rajoute dans la candeur et rend son personnage d'autant plus sympathique qu'il le plonge dans un océan de ridicule. Le voir tout sourire tapoter sur la machine à écrire qu'il adore depuis l'école de police le rend très humain, proche de l'enfance encore. Petit prince, boulet de naïveté, Wilson donne du piquant et de la drôlerie à tout l'épisode, dans un juste équilibre.

Deux autres comédiens, habitués des plateaux télévisés, Nehemiah Persoff et Robert Loggia se font remarquer. Persoff a peut-être un rôle plus déterminant mais ces deux-là au final ne font que de courtes apparitions.
En somme, je pense que c'est le meilleur épisode de la saison 5, sans doute un des meilleurs de toute la série.
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Re: Columbo

Message par Alligator »

Columbo : Last salute to the Commodore (La montre témoin) (1976, Patrick McGoohan)

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... odore.html

Oula, que de choses à dire qui se bousculent dans ma petite tête! Mon coeur tangue sans chavirer. Tombera, tombera pas? Cet épisode est si spécial et je ne sais pas trop encore si j'en suis ravi. Pas trop je le crains. Essayons tout de même de mettre des mots sur tout ça.

D'abord, en découvrant le générique, je suis pendant quelques minutes persuadé de découvrir là un épisode. Une perle rare : un Columbo qui m'avait échappé! Joie de courte durée. Un plan montrant John Dehner assis à côté d'un cadran de navigation et je me souviens. Oh, je n'ai pas dû le voir souvent. C'est donc une relecture presque en territoire redevenu sauvage, une nouvelle exploration. Et dans un certain sens, cela m'a garanti quelques effets de surprises bienvenus.

Ce que le générique m'apprend est on ne peut plus alléchant, un casting de choix, des figures connues du petit écran comme Dehner mais également des récidivistes de la série : Vaughn, Fred Draper et Wilfrid Hyde-White. Bref, une distribution d'habitués qui colle parfaitement avec l'esprit de troupe qui imprègne la création de la série, grâce notamment à la passion et l'investissement de Peter Falk. Dès le générique, le plaisir est au rendez-vous. On s'en pourlèche les babines.

Et puis surprise, après la mise en situation des différents personnages très nombreux, on assiste éberlué au maquillage du meurtre en accident par Vaughn : on n'a rien vu de l'assassinat. Une première qui interpelle agréablement. Que voilà une gentille initiative scénaristique qui donne une dynamique à l'installation de l'intrigue, me dis-je alors benoîtement. Car sans trop entrer dans les détails qui vous gâcherait le plaisir, cet épisode est très différent des autres. La structure habituelle veut que l'on assiste au meurtre, au procédé de camouflage et à l'enquête. On y voit Columbo soupçonner le meurtrier et partir à la recherche de preuves. Enfin il les trouve et arrête son bonhomme. Or, ici, rien de tout cela n'arrive comme prévu. Pour faire vite et ne pas trop s'appesantir là dessus, disons que les scénaristes ont voulu innover et nous gratifient d'un final à la Agatha Christie, version Hercule Poirot. Tous les personnages -c'est bien pour cette raison qu'ils sont si nombreux au départ- sont réunis par Columbo pour démasquer le coupable dont l'identité n'est pas connue du spectateur. Ce jeu de récits contradictoires m'a énormément plu. J'avoue pourtant lui préférer la structure columbienne habituelle, qui fait toute sa spécificité, mais j'admets que la surprise a bel et bien fonctionné et cette surprenante démarche m'a contenté.

Non, ce qui me rebute c'est le type d'humour ou pour être plus précis, la mise en scène de ce type d'humour. Je m'explique. Tout le long du téléfilm, Patrick McGoohan, metteur en scène que j'avais trouvé formidable jusque là (5 Columbo en tout derrière la caméra), présente des petites scènes censées faire respirer l'intrigue en injectant une certaine dose d'humour. Ce n'est pas tant cet humour qui me gène que le dispositif très grossier, modelé pour produire du sourire lourdaud. Les acteurs adoptent des attitudes totalement irréelles, surjouées. De plus, le rythme sur lequel ils jouent ces saynètes est d'une lenteur qui annihile tout envie de sourire, du moins quant à moi. Cela sonne faux du début à la fin. A vrai dire, en découvrant cela, au départ, ces silences, ces pauses bizarroïdes m'ont paru être utilisés afin d'accentuer un certain mystère à l'intrigue. Mais très vite, il s'avère que c'était bien pour faire rire. Pitoyable. Les gesticulations burlesques de Falk autour de Vaughn -dans la voiture ou dans le salon du bateau par exemple- sont tellement imbéciles et incroyables de grotesque que je ne comprends toujours pas comment ils ont pu penser que cela pourrait faire rire. Le mystère est bien plutôt là. On se retrouve alors avec des dialogues ineptes comme par exemple entre Columbo et Mac sur les origines écossaises de ce dernier alors que le lieutenant n'a qu'une question à poser "pourquoi veux-tu que l'on t'appelle Mac?" Mais non, rien de sensé ne vient. Situations improbables et ridicules. C'est comme le fou-rire de Columbo à la toute fin, faux rire devrais-je dire. En fait, tout l'épisode sonne faux à cause de cette mise en scène ratée. A vouloir faire rire de force McGoohan a fini par m'irriter. C'est tout juste si on n'a pas eu droit aux sous-titres "riez ici".

Vraiment dommage car dans le dur, dans le drame, les acteurs sont excellents. L'intrigue est subtile, pleine de rebondissements et il y avait là de quoi faire un magnifique épisode pour clore la saison 5 en beauté.
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