Boardwalk Empire (HBO, 2010 - 2014)

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Max Schreck
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Re: Boardwalk Empire (HBO, 2010 - 2014)

Message par Max Schreck »

Effectivement, même pas une page pour une série qui est quand même un gros morceau, produite par des noms importants. Je pensais même avoir déjà posté ma bafouille.

S.1 : Du pur HBO : luxe des moyens, absence de frilosité voire complaisance dans les représentations du sexe et de la violence. Le spectacle est donc ultra-léché (costumes impeccs, beauté de la photo et des décors), et permet de faire revivre toute une époque avec plein de personnages réels (on sent que c'est documenté). C'est un peu comme si on regardait les Sopranos jouer à Sim city à l'ère de la prohibition. Je ne m'explique pas cependant, malgré la qualité et l'intelligence des scenars, une relative molesse dans le rythme. Tous les enjeux sont réunis pour aboutir à quelque chose de puissant et d'émouvant, y'a un paquet de personnages tous très bien peints et interprétés (Buscemi trouve sans doute là le rôle de sa vie) mais ça prend vraiment trop son temps. Les scènes s'enchaînent, brodent, brodent, mais c'est comme si les auteurs ignoraient de combien d'épisodes ils disposent et n'osaient pas trop boucler leur barnum. Je peux très bien comprendre ceux qui ont choisi de s'arrêter là. Or le meilleur est à venir.

S. 2 + 3 : Après une première saison digne d'éloges mais qui manquait de peu de passionner à cause d'une narration un peu trop diluée, le show atteint ici des sommets et s'affirme comme un nouveau classique. C'est la quintessence du gangster movie, profitant de tout l'héritage du genre à la fois sur le plan filmique (des films Warner des 30's aux Coppola-Scorsese-Leone) mais aussi historique (c'est incontestablement documenté et ce souci d'authenticité n'est pas le moindre charme). Le format télé, par sa longueur, amène de plus une dimension épique franchement sans équivalent.

Les enjeux sont désormais bien resserrés sans sacrifier à la complexité, et les personnages ont tous acquis une profondeur que la qualité des interprètes achève de rendre touchante. Buscemi a toujours la grande classe, mais il est vraiment bien entouré. Chaque personnage voit exposé ses tourments, sans manichéïsme, et le spectateur ne cesse de basculer entre émotion et répulsion à leur égard. En fait, les épisodes se développent de façon constamment imprévisible. Le tout est magistralement mis en scène, avec élégance mais aussi brutalité, et ça donne lieu à des scènes vraiment marquantes, qu'il s'agisse de séquences intimes ou de grandes scène d'action, avec plein d'idées visuelles.

La saison 3 s'achève de façon assez parfaite. J'ignore pourquoi ils se sont acharnés à prolonger l'aventure... En l'occurence, je n'ai pas réussi à accrocher au-delà de la moitié de la 4e saison. L'impression de redémarrer de zéro, mais sur des bases franchement inintéressantes. Ça ne rebondit pas, et on n'arrive pas à se consoler de la perte de personnages et d'un contexte patiemment bâtis.
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Alexandre Angel
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Re: Boardwalk Empire (HBO, 2010 - 2014)

Message par Alexandre Angel »

Joshua Baskin a écrit :Je me suis à vrai dire un peu forcé. Je rejoins les commentaires de nombre d'entre vous ici. Visuellement c'est une splendeur, la reconstitution est vraiment parfaite, les acteurs sont au diapason. Mais que tout ceci est froid, sans âme.
J'avoue avoir du mal à comprendre ces reproches de froideur, et d'absence d'âme. Pourquoi, parce que c'est luxueux? Pour l'instant (mais je suis parti pour tout voir), Boardwalk Empire m'emballe totalement. A tel point que je me demande si la série ne surclasse pas toutes les meilleures séries récentes. Je pense même avoir été victime des commentaires peu chaleureux que j'ai pu lire, sans lesquels je me serais précipité bien avant sur les coffrets. Je me souviens avoir craint quelque chose d'un peu figé par le prestige, nous la jouant Cotton Club avec un zeste de souffre à la sauce HBO à base de sexe et de violence. Or, si ces éléments sont loin d'être absents, ils sont fondus dans une écriture extrêmement lisible, viciant de l'intérieur la belle ligne claire de l'ensemble. BE me paraît délesté de tout ce qui pèse dans les autres séries HBO : le systématisme des trucs scénaristiques (la colonne vertébrale psy parfois trop ramenarde des Sopranos ou la trop grande profusion chorale de The Wire, dans laquelle il nous arrivait de nous perdre). Tout dans BE se suit avec limpidité et l'évocation de la Prohibition s'en trouve rassérénée, ré éclairée par une tonicité formelle et narrative qui est tout le contraire du figé. C'est à la fois plaisant, agréable et subtilement toxique. En un mot, passionnant, un peu comme si la densité romanesque de Ragtime s'accouplait aux sarcasmes (dé)culottés du Loup de Wall Street.
Et si, sur la foi des dires de mon prédécesseur, les saisons 2 et 3 sont encore mieux, eh bien, j'en jouis d'avance.
Dernière modification par Alexandre Angel le 5 avr. 16, 17:20, modifié 2 fois.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Alexandre Angel
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Re: Boardwalk Empire (HBO, 2010 - 2014)

Message par Alexandre Angel »

Ai commencé la seconde saison. Que c'est bien! Déjà shakespearien..Quelle série sous-estimée! Je n'arrive pas à imaginer que je puisse me lasser de ça à la quatrième ou à la cinquième saison. On verra bien..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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