Le Virginien (1962-1971) Universal

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Jeremy Fox
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1.11 – The Devil's Children

Réalisation : William Witney
Scénario : John Hawkins & Ward Hawkins
Guest Star : Charles Bickford
Première diffusion 05/12/1962 aux USA – 22/09/1973 en France
DVD : VF & VOSTF
Note : 6.5/10

Le Pitch : Tabby, fille d’un père tyrannique (Charles Bickford), abat sans raison apparente un taureau du cheptel du juge Garth. Le Virginien la rattrape et la sermonne vertement. Pour se venger elle met le feu à l’écurie du ranch Shiloh et s’enfuit. Malheureusement elle reçoit une balle perdue et on la retrouve morte le lendemain, vidée de son sang. Son père et son frère ne vont avoir de cesse que de la venger même s’ils savent parfaitement que sa mort fut accidentelle. Quant au petit ami de Tabby, il est accusé de l’incendie au grand dam de sa mère dont le mari fut déjà lynché par ses concitoyens…

Mon avis : Metteur en scène hollywoodien très prolifique, William Witney fit surtout les beaux jours du serial, ayant notamment mis en scène en 1939 l’un des plus réputés auprès des aficionados, Zorro's Fighting Legion, mais également des aventures des célèbres Dick Tracy, Fu Manchu ou encore du docteur Satan. Il réalisa aussi bon nombre de série B ou Z avant de terminer sa carrière toute aussi féconde à la fois au cinéma –notamment en collaboration avec Audie Murphy, avec au programme aussi bien du bon (Apache Rifles) que du mauvais (Arizona Raiders)- et surtout à la télévision avec de nombreux épisodes de Bonanza, Chaparral, Tarzan ainsi donc que du Virginien. The Devil’s Children fait partie de ces épisodes solennels –peut-être un peu trop- sans aucun humour ni aucune fantaisie. Il s’agit au contraire d’une tragédie familiale assez sombre et surtout fortement mélodramatique qui se déroule sous nos yeux, certains comédiens ne pouvant s’empêcher de cabotiner à commencer par l’insupportable Carl Reindel qui ne sait rien faire d’autre que de rouler des yeux. Il est vrai que son personnage d’adolescent perturbé n’est pas très nuancé mais l’interprétation ne l’est guère plus. Joan Freeman qui joue sa sœur -le personnage qui ouvre l’épisode et par qui tous les malheurs vont arriver- n’est guère plus sobre alors que Katherine Squire qui endosse le rôle de la mère de ces deux ‘enfants du diable’, son personnage est tellement larmoyant et bêtement puritain qu’il agace plus qu’il ne nous touche.

Ce sont donc les principaux défauts de cet épisode que son atmosphère bien trop appuyée du côté mélodrame ainsi que l’interprétation moyennement canalisée qui en découle pour les comédiens tenant les rôles de protagonistes perturbés. Les deux enfants on été élevés par un père tyrannique qui n'a jamais hésité à user de la ceinture en guise de fouet ainsi que par une mère soumise à son époux ; cette vieille femme pense que tout est de la faute de leur couple si leur progéniture est devenu aussi diabolique -Tabby avait déjà dès l'enfance tué son premier poney ; Bruce est prêt à assassiner tout ceux qui toucheront à sa famille-, et que Dieu les a puni de les avoir eu sur le tard. L’on s’étonnera que vers la fin de l’épisode, alors que le père part à la poursuite de son fils qui est cette fois allé trop loin dans la violence, le Virginien aille dans le sens de leurs superstitions religieuses lorsqu’il dit au père que sa chute de cheval est un signe de Dieu pour lui signifier qu’il ne devrait pas continuer sa traque ; à moins -et c’est mon humble avis- que les scénaristes n’aient pas été assez clairs et que le régisseur du ranch Shiloh ait agit ainsi dans le but de ne plus avoir le père ‘dans les pattes’ et que tout ne se termine pas par un nouveau bain de sang. Car l'on notera à nouveau que l’une des thématiques principales de cet épisode -et qui par sa récurrence devait grandement tenir à cœur au producteur Charles Marquis Warren- est la mise en avant des mutations du Far West de la fin du 19ème siècle qui font que la loi du plus fort tende à disparaitre alors que la justice expéditive soit progressivement remplacée par une justice plus réfléchie, le lynchage et la vengeance étant une fois encore violemment fustigés par les auteurs, témoin aussi cette excellente séquence de délibération du jury qui nous montre qu’une majorité était à l’époque encore très dure concernant les punitions mais que celle-ci doit désormais ployer sous les décisions plus raisonnées de personnes plus modérées ; et c’est tout à l’honneur de cette série que cette prise de position progressiste !

Les défauts d’une écriture un peu rêche et d'une direction d’acteurs moyennement maitrisée ayant été posés, il faut dire que l’épisode se suit néanmoins sans aucun ennui, s'avérant dans l’ensemble même plutôt très réussi d’autant que le reste du casting se révèle tout à fait convaincant, du jeune Burt Brinckerhoff dans le rôle de l’amoureux de Tabby, jeune homme attachant et intelligent, à Russell Thorson et sa ‘gueule’ burinée qui remplace le temps d’un épisode Ross Elliott dans la peau du shérif de Medicine Bow, sans oublier Charles Bickford, habitué de ces rôles de patriarches dictatoriaux aigris et avides de vengeance, et qui à partir de la saison 5 remplacera Lee J. Cobb à la tête du ranch Shiloh dans un personnage qui évidemment n’à rien à voir avec celui qu’il tient ici. Quant à James Drury il impose une nouvelle fois sa présence et sa grande détermination, faisant oublier l’absence de Lee J. Cobb et les participations plus que brèves de Trampas et Steve. Comportant beaucoup de séquences mouvementées, William Witney tient l’occasion de prouver que dans ce domaine il est toujours resté un réalisateur chevronné. Les nombreuses chevauchées, poursuites, bagarres, fusillades et scènes d’action sont non seulement très bien rythmées mais également parfaitement montées, à commencer par cette très efficace séquence d’incendie à partir de laquelle les morts vont commencer à s’accumuler. La superbe traque finale permettra même au réalisateur de se replonger dans ses mirifiques années 'serialesques' avec cette idée d'une cachette sise sous un amas rocheux ; bloc de pierres que Le Virginien fait s'écrouler devant l'entrée de la planque en glissant dessus.

Le Happy End se révèle assez peu en phase avec tout ce qui a précédé ; mais peu importe car il fait cependant le plus grand bien, faisant retomber la tension et nous donnant envie de repartir suivre la vie quotidienne des habitants du ranch Shiloh. The Devil's Children aura été un épisode un peu trop chargé mais qui ne s'en sera pas moins révélé captivant, bien mené et comportant son lot de surprises à commencer par quelques scènes d’une violente brutalité -pour de la télévision de l’époque- comme le coup de crosse de fusil asséné au père par son fils, ou encore la fascination de la jeune adolescente manipulatrice pour les 'meurtres' d’animaux. De très belles utilisations des nombreux extérieurs finissent de faire de cet épisode mineur une fiction loin d’être désagréable à regarder.



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Jeremy Fox
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1.12 – Fifty Days to Moose Jaw

Réalisation : Maxwell Shane
Scénario : Maxwell Shane & Donald S. Sanford
Guest Stars : James Gregory & Brandon De Wilde
Première diffusion 12/12/1962 aux USA – Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 7.5/10

Le Pitch : Afin d’éviter que le juge Garth ne fasse faillite, le Virginien doit conduire pour les vendre un troupeau de 2000 têtes de bétail au Canada en un laps de temps très limité ; un périple d’autant plus difficile que les cowboys du ranch Shiloh ne sont guère aguerris à convoyer des bovins sur d’aussi longues distances. En route ils seront rejoints pas Slim (James Gregory), ex-patron du Virginien aujourd’hui recherché pour meurtre, ainsi que par le jeune James (Brandon De Wilde) qui a fui le domicile familial, y trouvant les conditions de vie trop difficiles…

Mon avis : Dans ce 11ème épisode, les cowboys du ranch Shiloh sont obligés de convoyer sur une longue distance un troupeau de quelques 2000 bovins afin d’éviter que le juge Garth soit ruiné. L’on apprend rapidement qu’ils n’en ont pas l’habitude et que parcourir quelques 650 kilomètres en 50 jours est un périple extrêmement difficile voire quasiment impossible. Quoiqu’il en soit, ils n’ont pas le choix s’ils veulent conserver leur travail et les voilà partis pour un voyage éreintant, devant supporter quotidiennement chaleur, nuages de poussières, dangereuses traversées de rivières et embûches diverses… Maxwell Shane, ici auteur presque complet de l’épisode (réalisateur, producteur et scénariste), ne manque pas d’ambitions en partant sur les traces de Howard Hawks et de son superbe Red River. Alors bien évidemment que les moyens ne sont pas à la hauteur d’une telle épopée que du coup les stock-shots ne sont pas toujours du meilleur effet -notamment dans la séquence un peu ratée de ce point de vue du Stampede final sous l’orage- ou encore que les décors connus sont recyclés sans grands changements, la gare de Moose Jaw étant celle de Medicine Bow, seul le panneau indiquant le nom de la ville ayant été changé ; mais rappelons nous que les séries A -de la Warner par exemple- n’étaient déjà pas avares de telles pratiques avec pourtant des budgets autrement plus confortables et de grandes vedettes à l'affiche. Une fois cela admis, il faut se rendre à l’évidence : à nouveau la série de Charles Marquis Warren n’a pas à rougir en comparaison des meilleurs films du genre à cette époque et ce 50 Days to Moose Jaw s’avère excellent.

Non content de délier en prenant son temps et avec une certaine ampleur une histoire de convoi, Maxwell Shane vient en ajouter deux autres qui se mêlent avec harmonie, permettant de mettre en scène les deux Guest Stars de l’épisode, les impeccables James Gregory et Brandon De Wilde, l’un plus âgé allant prendre sous son aile le plus jeune, non moins que le petit garçon qui voyait en Shane son héros dans le très beau film du même nom de George Stevens. Le premier, Slim, a tué accidentellement un homme jaloux avant de s’enfuir de peur d’être lynché ; depuis ce jour le frère du mort -qui lui a évité la pendaison ; thème récurrent et éminemment honorable de la série- n’a de cesse que de le poursuivre afin de l’arrêter pour qu’il soit jugé. Le second, James, a fui lui aussi mais uniquement le domaine familial composé de son beau-père et d’un vieil homme. Trouvant ses conditions de vie trop difficiles, le jeune garçon de 16 ans a décidé de rejoindre le convoi qu’il a vu passer un jour devant chez lui alors qu’il était en train de retourner la terre ; devant ce rêve d’une vie aventureuse qui se concrétise devant ses yeux, il casse par inattention le soc de sa charrue, ce qui lui vaut une gifle retentissante de la part de son beau-père qui se trouve totalement démuni alors que les semences doivent être imminentes pour ne pas mourir de faim la saison suivante : le scénariste évoque avec une grande justesse la rudesse, la difficulté et la pauvreté de la vie quotidienne des paysans, l’insalubrité et l’étroitesse de leur masure… Une nuit, James fera son baluchon -emmenant le seul souvenir de sa mère morte alors qu’il n’avait que 9 ans, un violon- et se fera embaucher par un Virginien au départ fortement réticent mais qui se rendra à l’avis de Slim pour qui il avait autrefois travaillé et qui lui a en quelque sorte appris son métier. L’on apprendra aussi durant le périple que la plupart des cowboys ont quitté eux aussi leurs foyers très tôt.

Le difficile convoyage du bétail emmené par un Virginien sur les nerfs, la poursuite de Slim par des hommes de loi, la jalousie de Trampas qui voit se faire subtiliser son travail par ce nouvel arrivant que le régisseur estime plus aguerri pour conduire le troupeau, la fuite du jeune homme de son misérable cabanon, recherché lui aussi par son beau-père qui a besoin de son aide, l’amitié qui se noue entre Slim et James, les conversations le soir autour du feu de camp… Tout ceci se mélange à la perfection dans un épisode où le réalisateur n’hésite pas à tenter des trucs de mise en scène purement cinématographiques comme d’amples et longs travellings dont celui qui ouvre l’épisode, ou encore celui qui opère avec la grue un lent et beau mouvement ascendant d’appareil qui se termine en surplombant les cowboys alors qu’ils écoutent avec émoi Brando De Wilde jouer du violon. Ces tentatives ne sont pas toujours heureuses -les plans où l’on voit James s’avancer vers la caméra à trois reprises alors qu’il tente de récupérer son instrument- mais elles auront eu le mérite de nous démontrer qu’une série TV pouvait prendre quelques risques d'un point de vue formel et que les différents cinéastes pouvaient imposer quelques idées originales. Des risques que l’on retrouve dans le scénario et qui prouvent par leur volonté de réalisme que nous n’étions pas dans une série familiale ; témoin cette splendide séquence du veau qui vient de naitre mais que l’on est obligé de tuer afin qu’il ne ralentisse pas le troupeau ; témoin les réactions pas toujours aimables de Trampas qui continuent à nous le rendre que plus humain ; idem pour le Virginien qui n’aura encore jamais été aussi rude et bourru depuis le début de la série.

Un scénario superbement écrit et interprété pour un épisode qui arrive à rester fluide malgré le fait de conjuguer trois intrigues en une. Tour à tour réaliste –quasi documentaire-, dramatique et émouvant –la lettre du beau-père de James…-, cette belle histoire d’apprentissage n’en oublie pas pour autant l’humour et la légèreté au travers les relations qui se tissent entre les cowboys : blagues autour de la nourriture infecte, vantardises de Trampas concernant une certaine Lulubelle qui semblerait l’attendre comme le Messie à Moose Jaw, chanson qu’il entonne pour agacer son patron, bagarre homérique engagée afin de détourner l’attention des poursuivants de Slim… Du rire, des larmes, de l’émotion, des actes héroïques, de la solidarité, de l’aventure, des grands espaces, de l’action et de belles valeurs humaines mises en avant ; que demander de plus ?! Juste un petit regret malgré le très bon travail effectué par Maxwell Shane : qu'un réalisateur plus aguerri tel Ted Post ne s'y soit pas attelé, ayant peut-être pût faire de cette superbe histoire un véritable chef-d’œuvre.


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1.13 – The Accomplice

Réalisation : Maurice Geraghty
Scénario : Howard Browne, William P. McGivern & Winston Miller
Guest Star : Bette Davis
Première diffusion 19/12/1962 aux USA – 26/08/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 6.5/10


Le Pitch : Alors que Trampas fête son anniversaire, le shérif vient perturber la fête, accompagné par deux hommes de loi de Rocky Point. Ils arrêtent Trampas pour un hold-up qui a eu lieu l’année précédente dans leur petite ville et qui a couté la vie au directeur de la banque cambriolée. Malgré le fait que le cowboy du ranch Shiloh clame son innocence, il a été dénoncé par un complice et reconnu par deux témoins travaillant dans l’établissement bancaire dont la très respectée Celia Miller (Bette Davis). Le Virginien va accompagner Trampas dans le Wyoming, assister à son procès et tenter de son côté de découvrir la vérité…

Mon Avis : 178 votants sur IMDB pour une note globale de 9.3/10 ; ce qui en fait en quelque sorte l’épisode de la série qui s’avère être le préféré des internautes ! Autant dire qu'au vu de cette cote j’en attendais monts et merveilles mais que la déception fut au rendez-vous-même si ce 13ème épisode n’a évidemment rien de déshonorant. A mon humble avis cette élogieuse réputation est due principalement au fait que la guest star en soit Bette Davis, actrice énormément appréciée -à juste titre d’ailleurs-, les fans de cette grande dame ayant dû voter en masse. Et effectivement elle se révèle ici absolument parfaite dans le rôle d’une vieille femme arrogante, cynique et calculatrice qui serait prête à faire lyncher un innocent pour récupérer un petit pactole pour prix de son silence, puisque son intelligence affutée lui a fait comprendre le fin mot de l’histoire et mettre en place un chantage diabolique. C’est d’ailleurs cette même année 1962 que Bette Davis tenait l’inoubliable rôle de Baby Jane dans le film éponyme de Robert Aldrich. Elle prouvait ainsi en peu de temps d’intervalle être tout aussi capable de cabotiner à outrance -avec délectation pour le spectateur puisque dans le film-monstre du ‘gros Bob’ c’était le but recherché- et au contraire de jouer tout en nuances comme c’est le cas dans ce deuxième épisode du Virginien signé Maurice Geraghty, déjà réalisateur de Impasse avec Eddie Albert, l’épisode le plus mémorable de la série jusqu’à présent ; épisode qui se déroulait intégralement en extérieurs à l’inverse de The Accomplice.

En effet l’intrigue policière et procédurale de ce dernier prend place principalement dans la salle de tribunal, à l’intérieur de la prison ou encore dans les chambres d’hôtels où ont atterri le Virginien venu soutenir et défendre son ami ainsi qu’un mystérieux journaliste qui révélera assez vite sa véritable identité. Je ne pourrais guère vous dire grand-chose de plus sur cette histoire sous forme d’enquête pour ne pas ni déflorer les quelques mystères ni éventer le suspense. Avant d’en arriver à cette partie policière, l’épisode démarrait sur une de ses délectables séquences qui permettent de nous replonger immédiatement et avec douceur dans l’univers du ranch Shiloh, les cowboys s’étant réunis autour d’une table pour fêter l’anniversaire de Trampas, la charmante fille du juge Garth lui ayant préparé un gâteau. Blagues, complicité puis émotion lors du discours improvisé d’un Trampas touchant de maladresse. A peine le temps de savourer un beau moment de jovialité et voilà que déboulent en plein milieu de la fête trois hommes de loi, le shérif de Medicine Bow -désormais constamment interprété par l’excellent Ross Elliott- ainsi que deux adjoints d’une petite ville du Wyoming où eut lieu quelques mois plus tôt un hold-up s’étant soldé par la mort d’un habitant de la ville de Rocky Point. Trampas n'ayant commencé à travailler au ranch Shiloh qu’un mois après ce fait divers tragique et ayant été dénoncé par un soi-disant complice, il ne peut faire autrement que se laisser arrêter malgré son innocence clamée haut et fort.

Trampas est donc conduit dans cette ville du Wyoming afin d’y être confronté à deux témoins -qui disent le reconnaitre- puis d’y être jugé. Même si dans notre for intérieur l’on se doute bien que Trampas n’y est pour rien quant à ce sanglant cambriolage, durant une demi-heure on se prend quand même à s’interroger, ayant pu constater que la série n’avait précédemment pas été avare en surprises pas toujours très glorieuses sur le passé de ses principaux protagonistes. Dommage que les auteurs aient décidé de nous dévoiler ce qui s’était réellement passé ce triste jour dès la fin du premier tiers, auquel cas contraire l’épisode aurait probablement été beaucoup plus captivant. Le seul suspense qu’il nous reste dès lors est de se demander comment Trampas va pouvoir se sortir de cette mauvaise passe, d’autant que par vengeance un des voleurs appréhendés l’a fait passer pour son complice et que le principal témoin du hold-up disant l’avoir reconnu est l’une des personnes les mieux considérées et les plus influentes de cette communauté, une vieille employée de la banque à qui tout le monde fait confiance. Le principal intérêt de The Accomplice résidera bien évidemment non seulement dans ce suspense mais surtout dans la description de cette dame ‘honorable’ d’un cynisme assez sidérant mais qui retrouvera sur le tard un regain de conscience. Un épisode qui tient donc avant tout sur les épaules d’une excellente Bette Davis, parfaitement bien entourée par James Drury et Doug McClure ainsi que par un Lin McCarthy dont le rôle assez vicieux est à l’opposé de celui qu’il tenait avec talent dans le superbe Face of a Fugitive (Le Salaire de la haine) de Paul Wendkos, un shérif intègre jusqu’au bout des ongles.

Une intrigue sans grande surprises ni originalité mais cependant bien écrite –notamment par William P. McGivern, auteur de romans policiers dont parmi les plus célèbres quelques-uns ayant été adaptés au cinéma tels Le Coup de l’escalier, Règlement de compte, Colère noire- et efficacement menée, au cours de laquelle on se régalera surtout des confrontations entre James Drury et Bette Davis ou encore entre cette dernière et Lin McCarthy. On retiendra également une séquence nocturne d’une sèche violence qui aurait pu permettre à Trampas d’être plus vite libéré si les participants au procès en avaient été également témoins ; malgré une enquête finalement assez banale, les scénaristes sont assez malins pour maintenir le suspense par ce genre de séquences ‘manipulatrices’ auxquelles nous aurions voulu ne pas assister seuls derrière notre écran mais faire partager aux membres du jury. Un épisode policier sans grande thématique –hormis celle de la fragilité du témoignage-, manquant un peu d’émotion, assez banalement réalisé mais sinon encore une fois de grande qualité. A signaler qu’à partir de cet épisode -et à l’exception encore du suivant-, le créateur Charles Marquis Warren cède la place en tant que producteur exécutif au non moins talentueux Roy Huggins, très bon scénariste et surtout réalisateur d’un unique film, petit chef-d’œuvre de la série B westernienne, le superbe Le Relais de l'or maudit (Hangman's Knot) avec Randolph Scott. L’éclatement de joie de Trampas et du Virginien à la fin de l’épisode fait plaisir à voir, faisant rejaillir la complicité qui existait entre les deux comédiens.


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Jeremy Fox a écrit :1.13 – The Accomplice
Pardon Jeremy, je suis un peu perdu : c'est toujours le premier coffret?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

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Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :1.13 – The Accomplice
Pardon Jeremy, je suis un peu perdu : c'est toujours le premier coffret?

Si tu prends l'intégrale de la saison 1, oui
Sinon, c'est celui-ci :wink:
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

Ah ok merci :) (pardon pour la flemme :roll: )
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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1.14 – The Man From The Sea

Réalisation : Herschel Daugherty
Scénario : Morton Fine & David Friedkin
Guest Stars : Carol Lynley, Shirley Knight & Tom Tryon
Première diffusion 26/12/1962 aux USA – 02/08/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 7/10


Le Pitch : A la mort de leur père, les jumelles Susan (Shirley Knight) et Judith (Carol Linley) se rendent chez le juge Garth qui, grand ami du défunt, a accepté d’être leur tuteur. Par le même train est arrivé Kevin Doyle (Tom Tryon), un marin ayant enfin décidé de jeter l’ancre après avoir sillonné le monde avec dans l’idée d’acheter et de s’occuper d’une ferme ainsi que de prendre femme. Tout ce petit monde se retrouve à Medicine Bow le jour où la petite ville fête avec faste ses 25 ans. La personnalité trouble et instable de Judith va quelque peu gâcher les réjouissances... voire même conduire au drame…


Mon Avis : On retrouve à l'écriture de ce 14ème épisode le duo de scénaristes ayant déjà œuvré sur les deux excellents premiers de la série ; leurs principales préoccupations familiales et psychanalytiques sont toujours présentes dans The Man from the Sea, épisode assez original par le fait de passer sans cesse d’un ton très jovial à une certaine noirceur due exclusivement au personnage psychologiquement instable joué par Carol Linley, la comédienne inoubliable du western romantique de Robert Aldrich, El Perdido (The Last Sunset), dans lequel elle interprétait la fille de Dorothy Malone de qui Kirk Douglas tombait amoureux. Ses troubles mentaux dans l’épisode du Virginien, on ne commence à s’en rendre compte qu’après 20 minutes alors qu’elle trouve un pistolet chez le juge Garth et appuie sur la gâchette sans néanmoins blesser personne. Contrairement à sa sœur douce et équilibrée qui décide de s’intégrer à la communauté en ouvrant un atelier de poterie dans la petite ville qui l’accueille, la romanesque Judith n’a toujours qu’une seule idée en tête, partir découvrir le monde et s’ouvrir au plus grand nombre d’expériences possibles. Seulement, pour une raison que nous n’apprendrons qu’en fin d’épisode de la bouche même de Susan, Judith estime qu’elle ne fait qu’un avec sa sœur jumelle et que pour trouver sa liberté elle doit la tuer sans quoi elle se sentira toujours ‘prisonnière’. Une sorte de folie assez bien jouée par la jeune actrice -qui en fait néanmoins parfois un peu trop dans les regards sombres- qui parvient à rendre son personnage souvent très inquiétant.

Malgré un début délicieux et léger, on pressent ensuite assez vite que l’obsession morbide de Julie et le malaise qu’elle engendre chez les autres protagonistes -tout autant que chez le spectateur- pourrait virer d’un instant à l’autre vers la tragédie ; et l’épisode de Herschel Daugherty saute sans arrêt du suspense découlant de cette aliénation à un ton bon enfant, ce curieux mélange des genres -que certains pourraient trouver incongru- en faisant la principale originalité, d’autant plus qu’il ne se passe autrement quasiment rien de dramatique, le scénario se basant par ailleurs surtout sur la recherche d’une femme par le nouvel arrivant ainsi que sur la fête qui bât son plein dans les rues de Medicine Bow. Comme Ricardo Montalban dans The Big Deal ou Aldo Ray dans Big Day, Great Day -auxquels d’ailleurs ce nouvel épisode ressemble le plus- Tom Tryon (Le Cardinal de Preminger aux côtés de Romy Schneider ; également très bon dans quelques westerns des 60’s) nous gratifie d’une interprétation savoureuse rendant grandement attachant son personnage de marin très extraverti ayant voyagé sur toutes les parties du globe et ayant acquit une culture et une expérience qui attisent grandement la curiosité de ceux qui l’approchent ; à commencer par la belle Molly dont ce sera malheureusement la dernière apparition dans la série, ses partenaires n’ayant eu qu’assez peu d’atomes crochus avec la comédienne. Il faut donc profiter pour son ultime apparition du sourire radieux de Pippa Scott dont on apprendra seulement dans la saison 2 la fin tragique de son personnage. Molly a beau trouver captivantes les conversations de Kevin, elle lui dit sans ambages ne pas être une fille pour lui, éternelle célibataire déjà courtisée par Steve, Trampas et le Virginien sans jamais avoir cédé à leurs avances, seul Ricardo Montalban -dans le 4ème épisode- ayant réussi à la séduire et à la faire tomber dans ses bras.

Le marin se tournera ensuite vers Julie de qui il tombe sincèrement amoureux mais qui va néanmoins finir par l’effrayer après qu’elle lui ait demandé de tuer sa sœur. Totalement déstabilisé par cette inacceptable demande, désemparé à s'en saouler à mort, ayant l’alcool mauvais il va commencer à saccager la ville avant d’être arrêté ; on retrouve ici une scène assez similaire à l'une de The Executionners, le pilote de la série déjà scénarisé par ce même duo Friedkin/Fine. Avant ce pétage de plomb, ‘The Man from the Sea’ -d'où le titre de l'épisode- aura été dans sa relation avec Trampas à l’origine de très nombreuses séquences légères et humoristiques. Dès la première seconde, empêché de pousser la chansonnette par Trampas que ça empêchait de dormir, le marin le menace avec un couteau ; même si l’on se rend compte qu’il s’agit de plaisanterie, le soupe-au-lait qu’est Trampas le prend très au sérieux et ne digère pas ce geste ; situation d’où découlera leur amusant conflit tout au long de l’épisode, le cowboy du ranch Shiloh cherchant par tous les moyens à titiller Kevin afin d’engager un combat à poings nus. Nous les verrons ainsi se battre sur un ring, dans le saloon avant de se défier à la course à pieds lors d'une scène qui vaut son pesant de cocasserie sans jamais que ça ne tourne à la vulgaire pantalonnade. Parmi les autres scènes assez drôles, on se souviendra de celle qui voit Trampas et Steve qui, voulant impressionner les jumelles, se vantent de leur expérience avec les chevaux, en font la démonstration avant de se rendre compte que les jeunes femmes chevauchent aussi bien qu’eux. On se réjouira également du retour de Lee J. Cobb qui se voit attribuer de nombreuses séquences où il fait en quelque sorte office de psychologue, tentant d’insuffler sa sagesse auprès des deux jumelles, outre Carol Linley en écorchée vive, la seconde étant superbement interprétée par l’exquise Shirley Knight (Doux oiseaux de jeunesse de Richard Brooks).

Même si le montage n’est pas toujours harmonieux et la construction pas spécialement d’une grande fluidité, même si la mise en scène est dénuée de personnalité particulière et si quelques effets s'avèrent assez ratés (les reflets dans l’eau), l’ensemble se révèle néanmoins très satisfaisant grâce surtout aux guest stars effectuant tous trois un travail remarquable -Tom Tryon se révélant également un agréable chanteur- à Lee J. Cobb qui tient une place ici plus considérable que les habituels protagonistes principaux, ainsi qu'à Doug McClure qui nous aura bien fait rire. Un épisode tendance 'Soap' assez inégal, dénué de toute action et autres séquences mouvementées, mais qui par son originalité arrive presque à se hisser au niveau des meilleurs de cette première saison même s'il est fort probable qu'il déplaira à de nombreux afficionados du western pur et dur.

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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Pour le 15ème épisode narrant l'arrivée de Steve au ranch Shiloh, les auteurs adaptent à nouveau le roman Man Wihtout a Star pour un épisode qui n'a rien à envier au film de Vidor (dont l'épisode reprend des stock-shot), peut-être même encore plus âpre et violent :o Avec en guest star non seulement Brian Keith reprenant le rôle de Kirk Douglas mais également DeForest Kelley et Ben Johnson. Mon avis plus détaillé dans les jours qui suivent.
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :les auteurs adaptent à nouveau le roman Man Wihtout a Star pour un épisode qui n'a rien à envier au film de Vidor
J'espère que tu réalises le très haut degré de responsabilité qu'implique l'assertion ci-jointe :shock:
Quoiqu'il en soit, félicitations et merci pour tes chroniques fouillées et fournies! L'achat ne saurait tarder.. :D
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Jeremy Fox
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :les auteurs adaptent à nouveau le roman Man Wihtout a Star pour un épisode qui n'a rien à envier au film de Vidor
J'espère que tu réalises le très haut degré de responsabilité qu'implique l'assertion ci-jointe :shock:
Quoiqu'il en soit, félicitations et merci pour tes chroniques fouillées et fournies! L'achat ne saurait tarder..
Pas au niveau mise en scène hein ! Faut pas non plus exagérer et même si l'épisode est signé Jerry Hopper.

En même temps j'ai toujours eu un peu de mal avec l'interprétation de James Best et Gary Clarke s'avère ici bien meilleur que ce dernier. Brian Keith cabotine également beaucoup moins que Kirk Douglas même si ce dernier était excellent.

J'avoue que la première vision m'a déstabilisé car j’étais sans arrêt en train de comparer au film (3/4 de séquences communes, surement dans le roman) et qu'il m'a fallu une deuxième vision pour pleinement l'apprécier.
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Alexandre Angel
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Re: Le Virginien

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit :James Best
William Campbell, je pense..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit :
Jeremy Fox a écrit :James Best
William Campbell, je pense..

Oui, je n'avais pas vérifié et je les confonds tous le temps tous les deux :oops:
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Re: Le Virginien

Message par Jeremy Fox »

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1.15 – Duel At Shiloh

Réalisation : Jerry Hopper
Scénario : Don Ingalls, Borden Chase & D. D. Beauchamp d’après une histoire de Dee Linford
Guest Star : Brian Keith
Première diffusion 02/01/1963 aux USA – 18/07/1983 en France
DVD : VF et VOSTF
Note : 7/10

Le Pitch
: Steve se rend au cimetière se recueillir sur une tombe. Flash-back : il se remémore son arrivée à Medicine Bow avec Johnny Wade (Brian Keith), un aventurier, tous deux passagers clandestins dans un train à bord duquel ils ont assisté au meurtre d’un ‘garde-frein’. Ayant été innocentés de cet assassinat et avoir été embauchés par un voisin du juge Garth, Johnny a pris Steve sous son aile en lui apprenant toutes les ficelles du métier de cowboy. Seulement leur patronne n’a pas la même conception que les autres ranchers de la vallée quant à l’élevage du bétail ; un conflit violent entre éleveurs devient inéluctable…

Mon avis : Un cowboy indompté ayant roulé sa bosse du Nord au Sud, fuyant une région à chaque fois qu’y ont été installés des barbelés ; la naissance d’une amitié entre cet aventurier et un jeune homme inexpérimenté qu’il va prendre sous son aile et dont il va faire l’apprentissage en lui dévoilant toutes les ficelles du métier de cowboy ; un régisseur qui s’oppose à sa nouvelle patronne venue de l’Est avant de la quitter, en complet désaccord avec ses idées de richesse et d’agrandissement de son cheptel qui risquent non seulement de saccager toutes les prairies alentour mais également de faire naître des heurts et conflits violents avec les éleveurs voisins ; une lutte sanglante autour de barrières de fil de fer barbelés érigées en plein milieu de la vallée… Vous aurez sans doute reconnu l’histoire du superbe western de King Vidor, L’Homme qui n’a pas d’étoiles (The Man without a Star) ; et il s’agit effectivement d’une nouvelle version du roman de Dee Linford, basée principalement sur l’adaptation qu’en avait écrite le prestigieux duo de scénaristes composé par Borden Chase et D.D. Beauchamp et qui en reprend d’innombrables séquences, s’en distinguant néanmoins un peu dans son dernier tiers, dans son final -très émouvant- et par l’absence du personnage de la prostituée jouée par Claire Trevor.

Signé par Jerry Hopper –réalisateur très efficace dans le domaine du western avec par exemple le trépidant Le Triomphe de Buffalo Bill (Pony Express) ou le très plaisant Le Fleuve de la dernière chance (Smoke Signal)- ce 15ème épisode s'avère ainsi très fidèle au scénario du célèbre western de King Vidor et reprend même pour ses séquences d’actions finales -le Stampede lancé contre les barbelés- des stock-shots du film original. Le scénariste de télévision Don Ingalls se sert donc de la trame du roman de Linford et du scénario du film de Vidor pour narrer l’arrivée au ranch Shiloh d’un des protagonistes principaux de la série, à savoir le troisième larron du trio d'amis faisant partie de la troupe de cowboys du domaine du Juge Garth aux côtés de Trampas et du Virginien, le jeune Steve. Trampas se fera embaucher un peu plus tard, étant du coup absent de Duel at Shiloh, le terme duel faussant d’ailleurs un peu la donne, 'conflit' ayant été beaucoup plus approprié. Steve est au début de l’épisode un jeune homme naïf et expérimenté venant de fuir Kansas City et le cocon familial pour tenter l’aventure au Far-West et s’y occuper de bétail ("I also wanted to work cattle. My folks wouldn't let me go West"), un personnage qu’interprétait William Campbell dans la version cinéma au travers un cabotinage éhonté ; autant dire que Gary Clarke s’avère bien meilleur et beaucoup plus crédible. Avant de rejoindre le Juge Garth et ses hommes, son parcours n’aura pas été de tout repos dans la petite ville de Medicine Bow, violemment frappé par un ‘garde-frein’, ayant failli être écrasé par le train, accusé de meurtre, battu et molesté à de nombreuses reprises et enfin violemment égratigné en tombant sur une barrière de barbelés.

Steve aura dû également rejoindre le camp adverse de celui de son nouvel ami après que ce dernier se soit fait embobiner par la nouvelle propriétaire du ranch, lui offrant non moins que ses charmes en échange de la place de régisseur laissée vacante par le précédent en totale opposition à ses nouvelles idées. En effet cette femme de tête arrogante, avide et dénuée de scrupules ne pense qu’à une seule chose : engranger un maximum d’argent en trois ans par la vente de ses bêtes avant de partir faire fortune ailleurs tout en ne se cachant pas savoir qu’elle laisserait ainsi la vallée ravagée et les pâturages épuisés : "Maybe ranching is some sort of religion to you Judge Garth ; To me it's just business!" Cette femme -dont le rôle était tenu par Jeanne Crain dans la version grand écran- ne cache pas ses ambitions ; elle dira même à son nouveau régisseur/amant qu’elle veut un homme qui lui ressemble, à savoir tellement déterminé à atteindre son but qu'il est prêt à tout pour y arriver. Autant dire que le personnage joué par Geraldine Brooks n’est absolument pas aimable sans que ça n’en fasse néanmoins un monstre puisque non seulement sa redoutable franchise joue parfois en sa faveur ainsi que sa remise en cause finale devant les dégâts qu’elle aura occasionnés. A savoir que sa séquence de séduction de Brian Keith est vraiment assez osée et que la musique qui l’accompagne n’est autre que le très beau thème d’amour du premier épisode. Quant à Brian Keith justement, son jeu pourra paraitre de prime abord un peu déstabilisant, interprétant son rôle à l’inverse de Kirk Douglas, faisant presque de l’underplaying à la Brando ; on s’en apercevra surtout durant les premières séquences dans le train ou lors de cette étonnante scène d’apprentissage du tir au pistolet, d’une longueur inaccoutumée, à la fois très réaliste et non dénuée d’humour. Les dialogues se révèlent d’ailleurs tout du long de très haute tenue.

Ceux qui avaient été un peu lésés niveau action avec le précédent épisode devront cette fois être comblés ; non seulement les séquences mouvementées sont très nombreuses mais également sacrément efficaces et d’une âpreté dont on ne s’attendait pas au sein d’une série télévisée de l’époque. Les combats à poings nus sont teigneux, la violence est d’une grande sécheresse -le Virginien n’intègre l’épisode qu’au bout d’une heure pour une scène au cours de laquelle il tue deux hommes sans s’émouvoir- et la mise en scène jouant beaucoup sur les contrastes entre gros plans et plans d’ensemble s’avère assez dynamique. Enfin, les amateurs de westerns seront ravis de retrouver en seconds rôles de relative importance Ben Johnson et celui qui deviendra le célèbre docteur de la première série Star Trek, DeForest Kelley. Pas l’un des sommets de la série mais cependant un très bon épisode faisant se confronter trois sujets, l’apprentissage d’un jeune cowboy inexpérimenté, une réflexion sur l’individualisme ("Un homme malin s’installe, prend ce qu’il veut et déguerpit" disait Dempsey dans The Man Without a Star, phrase reprise par Brian Keith) ainsi que le portrait de la fin d’une époque suite aux violents conflits entre éleveurs, ceux qui voulaient garder les Open Range sachant qu’ils leurs rapporteraient contre ceux qui pensaient plus à préserver leur terres. Evidemment pas aussi fulgurant au niveau des cadrages et de la mise en scène que le film dont il est en quelque sorte le remake ; néanmoins il ne démérite pas !
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Re: Le Virginien

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1.16 – The Exiles

Réalisation : Bernard Girard
Scénario : Howard Browne & William P. McGivern d’après une histoire de Roy Huggins
Guest Stars : Ed Nelson, Tammy Grimes
Première diffusion 09/01/1963 aux USA – Jamais diffusé en France
DVD : VOSTF
Note : 6.5/10

Le Pitch : Le Juge Garth est condamné pour meurtre ; en effet l’on ne retrouve aucune arme sur l’homme qu’il avoue avoir tué en état de légitime défense. Le Virginien décide de mener l’enquête ; son seul indice, des traces d’un cheval boiteux à proximité du mort. Cette piste va le conduire dans une petite bourgade du Montana où il arrive en compagnie d’une jeune femme rencontrée à bord du train, Angie (Tammy Grimes) ; cette dernière espère y trouver un emploi de chanteuse mais certains la menacent d’emblée, lui intimant de quitter la ville au plus vite. Une double énigme à résoudre pour le Virginien...


Mon avis : Il semble qu'au sein de cette série westernienne le duo de scénaristes Howard Browne et William P. McGivern ait été principalement affecté aux épisodes consacrés aux mystères policiers, puisqu’ils étaient déjà aux manettes du fameux épisode avec Bette Davis, The Accomplice ; il faut dire que William P. McGivern était également un auteur assez réputé de romans noirs dont les plus célèbres sont devenus pour la plupart des classiques du genre au cinéma comme par exemple, pour ne citer que le plus connu, Règlement de comptes (The Big Heat) de Fritz Lang. The Exiles contient en gros quasiment les mêmes éléments principaux que The Accomplice aussi bien concernant la construction -avec interpénétration de deux enquêtes parallèles- qu'au niveau des situations dramatiques mises en place : ici et là l’un des membres du ranch Shiloh a été accusé de meurtre -Trampas dans le précédent, le juge Garth ici-, toutes les apparences sont en leurs défaveurs et laissent à penser qu’ils sont effectivement des criminels ; le Virginien va devoir se charger lui-même de l’enquête pour empêcher ses amis de finir en prison, voire même au bout d’une corde ; l’intrigue se déplace dans une ville éloignée de Shiloh et se déroulera en grande partie en intérieurs, ici principalement à l'hôtel et au saloon ; un personnage est prêt à faire lyncher un innocent avec qui il n’a pourtant rien à voir -et qu’il ne connait même pas personnellement- dans le seul but de récupérer un pactole qui pourrait être soutiré par chantage au riche propriétaire de Shiloh. Pour ce qui est de la construction, comme nous l'avons dit ci-avant, deux mystères à priori différents sont à résoudre et qui finissent par s’imbriquer tant bien que mal.

Car là où le bât blesse le plus dans cet épisode -comme c’était déjà le cas dans The Accomplice-, ce sont justement dans ces deux intrigues policières parallèles qui ont du mal à interagir et à s’unir avec fluidité : la première concerne la recherche de preuves destinées à disculper le juge dans l’affaire de meurtre dans laquelle il est impliqué ; la seconde –qui tient d’ailleurs une plus grande place au sein du scénario- nous fait nous questionner sur les menaces -réelles ou non- qui sont faites à la jeune chanteuse par un adjoint du shérif qui semble expressément l’effrayer afin qu’elle quitte les lieux au plus vite : les auteurs ayant la bonne idée de ne rien nous montrer, ne pourrait-elle pas avoir tout inventé par paranoïa, folie ou toute autre raisons plus vicieuses ? Mais, comme pour l’épisode avec Bette Davis, je ne pourrai néanmoins guère vous dire grand-chose de plus sur cette histoire sous forme de deux enquêtes pour ne pas ni déflorer les surprises de l'intrigue ni éventer le petit suspense mis en place. Pourtant, pas vraiment de spoiler quant à la culpabilité du juge par le fait de ne pas avoir retrouvé d’arme pouvant appartenir à son agresseur sur les lieux du crime ; en effet l’épisode commence par cette levée de mystère, un homme à pied aux côtés de son cheval boiteux arrivant à l’endroit où s’est déroulé la tuerie -dont on ne fait qu’entendre les coups de feu- et, ayant vérifié que le tireur n’était plus sur place, s’empare non seulement de l’argent du cadavre mais également de son fusil qui -on le comprend très vite- n’est autre que le témoignage évident de l’innocence du juge.

L’intrigue tirée d’une histoire de Roy Huggins –qui, rappelons-le, est devenu entre temps le producteur exécutif de la série en lieu et place de Charles Marquis Warren- s’avère sans grandes surprises ni originalité mais, malgré ses quelques trous, flous et complications inutiles, plutôt bien écrite et efficacement menée. Au cours de ce 16ème épisode, on se régalera surtout des confrontations entre James Drury et Ed Nelson -et notamment celle se déroulant dans la chambre d'hôtel du Virginien- ainsi que de la romance qui voit le jour entre Le Virginien et la Saloon Gal, première fois au sein de la série que l’on voit notre protagoniste principal avoir une idylle qui s'avère d'ailleurs toute aussi douce que touchante. Il faut dire que, comme avec Bette Davis précédemment, The Exiles repose avant tout sur les épaules d’une Tammy Grimes savoureuse qui arrive à rendre son personnage grandement attachant ; le style de rôle ‘chaleureux-vulgaire’ qui aurait parfaitement convenu à Shirley McLaine par exemple, celui d’une femme de petite vertu au grand cœur, un peu naïve, expansive et d’un naturel confondant malgré un physique pas spécialement gratifiant -d'ailleurs pour le coup on ne remerciera pas le coiffeur des équipes Universal- et une voix à la fois rauque et éraillée -à la Joanna Newson- qui pourrait écorcher les oreilles mais qui fait au contraire partie de son charme, également lorsqu’elle se met à chanter, ce qu'elle fait à plusieurs reprises au cours de l'épisode. Agaçante de prime abord, Angie devrait finir par séduire la plupart d’entre nous comme elle a réussi à le faire avec Le Virginien qui, sans en être passionnément amoureux, semble la porter en très grande estime, appréciant avant tout sa franchise et sa gentillesse. Il s’en servira d’ailleurs ensuite comme 'appât' -avec son complet assentiment- pour l’aider à résoudre son enquête.

Un épisode policier non dénué d'humour et une fois encore sans thématique marquante, assez banalement mis en scène -décidément Bernard Girard est bien meilleur scénariste (le superbe Impasse) que réalisateur- mais sinon encore une fois de très bonne qualité grâce surtout à l’interprétation de James Drury, Tammy Grimes ou encore Ken Lynch dans le rôle du shérif de North Bend, à l’écriture des relations entre Angie et Le Virginien, à d’excellents dialogues ainsi qu’à une stupéfiante utilisation des ellipses. Pour l’anecdote, Elizabeth Montgomery doit beaucoup à la comédienne Tammy Grimes qui, heureusement pour elle, a refusé le rôle de Samantha pour Ma Sorcière bien aimée. Jusqu'à présent, même si les 'épisodes' purement westerns s'avèrent plus convaincants que les épisodes 'policiers', ces derniers sont loin d'être honteux.

Avec illustrations
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