Respect aux producteurs (parmi lesquels Brad Pitt) qui ont accepté de financer une série aussi étrange, qui n'a pas du être évidente à pitcher.
The OA repose en effet sur un équilibre fragile, jouant sur la fascination exercée par un récit qui semble constamment échapper aux étiquettes et aux genres. Mélange de thriller, de fantastique, de drame intimiste poignant. Et tout ça sans jamais à mes yeux tenir du patchwork de petit malin, parce qu'on sent les scénaristes soucieux avant tout de peindre des personnages justes dans leurs émotions, eux-mêmes formant un assemblage très hétéroclite.
Les épisodes jouent habilement la carte du suspense, nous maintenant en haleine en distillant les informations par petits morceaux. Et le spectateur se retrouve ainsi clairement invité à s'interroger lui-même sur le degré de croyance qu'il est prêt à accorder à un récit qui assume de pouvoir sombrer dans le ridicule. Cette interrogation fait partie du projet, et l'on va ainsi tantôt basculer du côté des auditeurs, tombés inexplicablement sous le charme, sans distance, tantôt du côté des parents restés sur le seuil de la raison.
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- Le dernier épisode propose une des séquences les plus dingues que j'aie pu voir sur un écran, sorte d'apothéose, d'épiphanie qui donne une évidence à tout ce qui a précédé sans pour autant être réductible à la moindre explication. Séquence à l'impact d'autant plus puissant qu'elle se produit de façon totalement inattendue, bousculant nos émotions (on passe d'un sentiment glaçant et horrifié à une sorte d'euphorie grisante).
Inteprétation à fleur de peau, élégance de la mise en scène, et beauté de la musique. L'ensemble compose une atmosphère profondément triste et en même temps porteuse d'espoir parce qu'empreinte d'une forme de bienveillance qui la rend très touchante (jusque dans le regard porté sur le personnage de Hap).
Je vois donc ça un peu comme un grand long-métrage, pensé comme un tout du début à la fin, profitant sans doute de la spécificité d'une plateforme comme Netflix pour s'offrir le luxe d'épisodes à durée variable (et j'adore le démarrage ultra-tardif du générique au premier épisode). Ça m'a tellement convaincu que je ne suis pas certain de la nécessité de prolonger ça sur une seconde saison. Mais je ne vois pas non plus pourquoi je retirerais ma confiance à ses auteurs.