Fassbinder, coffret N°3
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Fassbinder, coffret N°3
Notre expert classikien es Fassbinder refait parler de lui !
John Constantine s'est attaqué au troisième coffret édité par Carlotta et nous fait part de ses commentaires aussi érudits que passionnants.
Coffret Fassbinder n°3
John Constantine s'est attaqué au troisième coffret édité par Carlotta et nous fait part de ses commentaires aussi érudits que passionnants.
Coffret Fassbinder n°3
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- Duke forever
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Les chroniques fassbinderiennes de Constantine (ça fait très titre de livre SF ) font aussi la fierté d'un site comme le nôtre.
A titre plus personnel, il est dommage que je n'accroche pas beaucoup au cinéma du réalisateur allemand (sur le fond comme sur la forme) quand je me rends compte de qu'il tend à exprimer.
A titre plus personnel, il est dommage que je n'accroche pas beaucoup au cinéma du réalisateur allemand (sur le fond comme sur la forme) quand je me rends compte de qu'il tend à exprimer.
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Excellente chronique, magnifiquement écrite !! Je comprend que ça fasse la fierté du site, entre autres. Mais j'avoue n'aimer que très peu Fassbinder...Roy Neary a écrit :Les chroniques fassbinderiennes de Constantine (ça fait très titre de livre SF ) font aussi la fierté d'un site comme le nôtre.
A titre plus personnel, il est dommage que je n'accroche pas beaucoup au cinéma du réalisateur allemand (sur le fond comme sur la forme) quand je me rends compte de qu'il tend à exprimer.
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Incontournable !AlexRow a écrit :Je vous conseille de faire un détour par le blog de John Constantine
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Grand fou, va!Roy Neary a écrit :Les chroniques fassbinderiennes de Constantine (ça fait très titre de livre SF ) font aussi la fierté d'un site comme le nôtre.
A titre plus personnel, il est dommage que je n'accroche pas beaucoup au cinéma du réalisateur allemand (sur le fond comme sur la forme) quand je me rends compte de qu'il tend à exprimer.
Cela dit sur le fond, vu qu'un film de RWF s'achève à peu près toujours dans les larmes, je comprends qu'on n'ait pas forcément envie de se taper des films si plombés, si joyeux. Aliénation, liberté contrariée, mélos vicieux tous les jours. Quand à la forme, ce que j'adore chez lui, c'est sa capacité à trousser des films avec pas grand chose, son mix ciné-théâtre, ses actrices / acteurs (on se sent en famille) et plus généralement une réalisation pas dupe, paradoxale, où on te dit "entre dans la fiction, petit, identifie-toi" et en même temps "ce n'est que du cinéma, mon pote, arrête de rêver".
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T'es fou, ça me force à l'actualiser!AlexRow a écrit :Je vous conseille de faire un détour par le blog de John Constantine
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En ce qui concerne la forme, il faut quand même signaler que les copies exceptionnellement restaurées présentées dans ces coffret viennent quand même modifier l'idée que l'on se fait du cinéma de Fassbinder, à savoir une imagerie grise-verte. Si en effet on ne rate rien des différentes variétés de papier-peint, on peut enfin apprécier un travail sur les couleurs vraiment intéressant.
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Toutafé. Le flashy de Lola, les noirs et blancs hyper-contrastés de Veronika Voss (ou moins mais somptueux d'Effi Briest) et un paquet de films dans le coffret 4 : les pastels un peu éthérés du Marchand de quatre saisons par exemple. Y avait quand même - même si pas toujours - Michael Scorsese Ballhaus dans les parages.Swan a écrit :Si en effet on ne rate rien des différentes variétés de papier-peint, on peut enfin apprécier un travail sur les couleurs vraiment intéressant.
Et Querelle reste un genre de Suspiria queer.
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J'adore (c'est grotesque et en même temps assez beau)
Très bonnes analyses qui s'évertuent à aller au delà des étiquettes qu'on a vite tendance à mettre à la fin de la projection.
Les 2 oeuvres miroirs (Roti de satan / roulette chinoise) m'amusent pas mal mais j'avoue avoir eu un peu plus de mal avec les deux autres films du coffret (je n'ai pas vu le soldat américain) même s'il me reste, plusieurs mois après leur découvertes, des images et une ambiance assez marquantes pour chacun d'eux.
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Gloire à Johannes Konztantine !
J'avais adoré Le Soldat américain, une vraie perle, pleine d'idées et d'audaces, à laquelle je reste très attaché. Je recycle ce que j'en avais écrit à l'époque de sa découverte :
Un régal que ce faux film noir, emballé dans un superbe noir et blanc aux ombres particulièrement profondes.
« Il ne se passe jamais rien en Allemagne », dit le protagoniste, ex-GI ayant servi au Vietnam et venu faire le tueur à gages à Münich. Alors Fassbinder invente des histoires à partir de matériau ramené d'Outre-Atlantique : le film noir avec ses femmes-objets tout juste bonne à se faire baffer ou à s'entendre dire « ta gueule », des types au chapeau mou, des inserts de Batman, Clark Gable. On se moque du mélodrame (la serveuse qui se poignarde d'amour et tout le monde s'en fout). Des Allemands portent le nom de Lang ou Murnau.
Fafa s'amuse à provoquer les censeurs, avec les cartes de poker porno, la nudité totale des personnages lors d’une scène de lit. Scène dont je cherche encore la raison d'être, qui nous montre la serveuse, face caméra au coin du lit, raconter pour elle seule (et le spectateur avec elle) l'histoire d'Emmi et Ali, sujet d'un film à venir 4 ans plus tard. Toujours plaisir à retrouver toute la bande de l'antiteater, pour des apparitions aussi brèves qu’enigmatiques (savoureuse composition d'Ulli Lommel grimé en gitan).
Une très belle ballade pop, oeuvre de R.W.F. et Peer Raben vient rythmer le film et imprimer une mélancolie latente sans laquelle je ne pense pas que l'émotion passerait.
Enfin, génial dernier plan(-séquence) avec son ralenti tout à fait inattendu
Roulette chinoise est assez marrant, Le Roti de Satan est époustouflant (dans tous les sens du terme). Et Rio das mortes est effectivement un très joli film. Allez hop, je refourgue pour lui aussi mon vieil avis :
Clairement fauché et à coup sûr faisant partie de ses films tournés en une semaine, il s’agit ici de son premier en couleurs.
Conte moral qui parle de la jeunesse allemande des 70’s, du monde du travail, du désir d’utopie (symbolisée ici par le Perou, que veulent rejoindre à tout prix deux potes d’enfance), le tiraillement entre le confort bourgeois et la revendication de ses droits (notamment ceux des femmes). L’ironie est de tous les plans, l’artificialité des situations et du jeu des acteurs est ici poussée assez loin.
Il faut quand même que ceux qui ont des a priori concernant le cinéma de Fafa le sachent : ce regard caméra plein d’ironie sur ses personnages fait qu’on s’amuse beaucoup devant ses films. Le cinéaste est plein d’humour et propose une fable au fond assez triste, tout en s’amusant avec les clichés du drame et de l’amour, ce qui donne parfois de très belles scènes amoureuses entre Hanna Shygulla et son Julesl. Le summum du drame est atteint lorsque ce dernier renverse par maladresse une salière.
La dernière bobine est à ce titre du vrai sabotage, avec un monologue volontairement inintéressant qui dure incroyablement longtemps alors que l’émotion du spectateur est à son comble et qu’il attend le dénouement. La toute fin elle-même, déjouant une nouvelle fois l’attente, n’en est alors que plus belle, et on se rend compte alors qu les personnages qu’on a suivi depuis le début ne manquaient pas d’âme.
J'avais adoré Le Soldat américain, une vraie perle, pleine d'idées et d'audaces, à laquelle je reste très attaché. Je recycle ce que j'en avais écrit à l'époque de sa découverte :
Un régal que ce faux film noir, emballé dans un superbe noir et blanc aux ombres particulièrement profondes.
« Il ne se passe jamais rien en Allemagne », dit le protagoniste, ex-GI ayant servi au Vietnam et venu faire le tueur à gages à Münich. Alors Fassbinder invente des histoires à partir de matériau ramené d'Outre-Atlantique : le film noir avec ses femmes-objets tout juste bonne à se faire baffer ou à s'entendre dire « ta gueule », des types au chapeau mou, des inserts de Batman, Clark Gable. On se moque du mélodrame (la serveuse qui se poignarde d'amour et tout le monde s'en fout). Des Allemands portent le nom de Lang ou Murnau.
Fafa s'amuse à provoquer les censeurs, avec les cartes de poker porno, la nudité totale des personnages lors d’une scène de lit. Scène dont je cherche encore la raison d'être, qui nous montre la serveuse, face caméra au coin du lit, raconter pour elle seule (et le spectateur avec elle) l'histoire d'Emmi et Ali, sujet d'un film à venir 4 ans plus tard. Toujours plaisir à retrouver toute la bande de l'antiteater, pour des apparitions aussi brèves qu’enigmatiques (savoureuse composition d'Ulli Lommel grimé en gitan).
Une très belle ballade pop, oeuvre de R.W.F. et Peer Raben vient rythmer le film et imprimer une mélancolie latente sans laquelle je ne pense pas que l'émotion passerait.
Enfin, génial dernier plan(-séquence) avec son ralenti tout à fait inattendu
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Roulette chinoise est assez marrant, Le Roti de Satan est époustouflant (dans tous les sens du terme). Et Rio das mortes est effectivement un très joli film. Allez hop, je refourgue pour lui aussi mon vieil avis :
Clairement fauché et à coup sûr faisant partie de ses films tournés en une semaine, il s’agit ici de son premier en couleurs.
Conte moral qui parle de la jeunesse allemande des 70’s, du monde du travail, du désir d’utopie (symbolisée ici par le Perou, que veulent rejoindre à tout prix deux potes d’enfance), le tiraillement entre le confort bourgeois et la revendication de ses droits (notamment ceux des femmes). L’ironie est de tous les plans, l’artificialité des situations et du jeu des acteurs est ici poussée assez loin.
Il faut quand même que ceux qui ont des a priori concernant le cinéma de Fafa le sachent : ce regard caméra plein d’ironie sur ses personnages fait qu’on s’amuse beaucoup devant ses films. Le cinéaste est plein d’humour et propose une fable au fond assez triste, tout en s’amusant avec les clichés du drame et de l’amour, ce qui donne parfois de très belles scènes amoureuses entre Hanna Shygulla et son Julesl. Le summum du drame est atteint lorsque ce dernier renverse par maladresse une salière.
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« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
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Merci.
Je l'avais raté lors de la rétro et c'est en effet une heureuse découverte.Max Schreck a écrit :Rio das mortes est effectivement un très joli film.
Puissant, corrompu et menteur
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Mes finances me forçant à établir des ordres de priorité, voire à me rationner (horreur! malheur!), dans mes achats de DVDs, je n'ai pas encore acquis les deux derniers coffrets Fassbinder. Fidèle à ma prudence coutumière, je me garde donc la copieuse chronique de John pour plus tard, quand j'aurai visionné tout ça... mais si cet article est à l'avenant de ceux que John avait rédigés pour les deux premiers coffrets, je sais que je vais me régaler!
Pour rebondir sur l'aveu (penaud) de Roy, et ce qu'en dit John: non, c'est sûr, Fassbinder n'est pas un réalisateur "facile", rien n'est anodin dans ses films, et je ne peux pas imaginer comment on pourrait y pénétrer sans effort.... Mais il est loin, bien loin d'être inaccessible, en tout cas pas à la mesure de la réputation à la fois cérébrale, politisante et underground-cracra qu'on lui a taillée! Je trouve à ce sujet que Carlotta a fait un boulot éditorial tout bonnement épatant en assemblant exactement les entretiens, éclairants pour les analyses, chaleureux pour les témoignages de proches, les courts-métrages, bref tout ce qui permet de mettre en perspective le travail de Fassbinder, sa place dans l'Allemagne d'après-guerre.... et surtout, surtout (ce que je considère comme la découverte la plus forte pour moi), cela nous permet d'approcher le bonhomme.
John dit qu'il apprécie sa capacité à faire flèche de tout bois, j'ajoute que je suis fascinée par l'incroyable énergie et la foi inébranlable qu'il mettait dans la concrétisation des oeuvres qu'il portait en lui, parfois sur des années. S'il y a bien une chose qui ressort, du maillage serré que constitue la succession de ses films, et des récits de ses intimes, c'est que Fassbinder était mû par un sentiment d'urgence personnelle terrible, réaliser n'était pas un pique-nique pour lui, il lui fallait absolument mettre ces films au monde et cela n'avait rien de confortable, car il ne laissait rien passer, ni pour lui-même ni pour les autres. Et c'est sans doute l'une des choses les plus respectables chez un artiste.
Pour rebondir sur l'aveu (penaud) de Roy, et ce qu'en dit John: non, c'est sûr, Fassbinder n'est pas un réalisateur "facile", rien n'est anodin dans ses films, et je ne peux pas imaginer comment on pourrait y pénétrer sans effort.... Mais il est loin, bien loin d'être inaccessible, en tout cas pas à la mesure de la réputation à la fois cérébrale, politisante et underground-cracra qu'on lui a taillée! Je trouve à ce sujet que Carlotta a fait un boulot éditorial tout bonnement épatant en assemblant exactement les entretiens, éclairants pour les analyses, chaleureux pour les témoignages de proches, les courts-métrages, bref tout ce qui permet de mettre en perspective le travail de Fassbinder, sa place dans l'Allemagne d'après-guerre.... et surtout, surtout (ce que je considère comme la découverte la plus forte pour moi), cela nous permet d'approcher le bonhomme.
John dit qu'il apprécie sa capacité à faire flèche de tout bois, j'ajoute que je suis fascinée par l'incroyable énergie et la foi inébranlable qu'il mettait dans la concrétisation des oeuvres qu'il portait en lui, parfois sur des années. S'il y a bien une chose qui ressort, du maillage serré que constitue la succession de ses films, et des récits de ses intimes, c'est que Fassbinder était mû par un sentiment d'urgence personnelle terrible, réaliser n'était pas un pique-nique pour lui, il lui fallait absolument mettre ces films au monde et cela n'avait rien de confortable, car il ne laissait rien passer, ni pour lui-même ni pour les autres. Et c'est sans doute l'une des choses les plus respectables chez un artiste.