Fassbinder, coffret N°4
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Fassbinder, coffret N°4
Léo Soesanto remet Fassbinder sous les feux de l'actualité avec sa chronique du 4° coffret consacré au cinéaste par Carlotta. L'occasion de revenir sur Les Dieux de la peste, Le Marchand des quatre saisons, Martha, Effi Briest et L’Année des 13 lunes.
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- cinephage
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Concernant Effi Briest, juste une petite intervention pour signaler qu'ici, le regard d'autrui joue un rôle majeur dans la contrainte qu'il exerce sur chacun. L'oppression de la femme est sociale, et c'est par le regard qu'il s'exerce.
Sinon merci et bravo pour ce remarquable texte.
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I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Joie Ca m'aura permis de visionner les films entre-temps, ce qui n'était pas gagné avec le retard accumulé....
Je prendrai le temps de le lire, juré.
Mais juste ceci en réponse à cinéphage: les miroirs ont toujours eu une place de choix dans les cadrages de Fassbinder, et la difficulté que tu soulignes (les montrer reflétant les personnages sans que la caméra elle-même y soit visible) est un point discuté par Michael Ballhaus dans un supplément accompagnant Martha (par ailleurs riche en prouesses techniques).
Aussi, pour avoir rapidement parcouru l'article de Léo: Peur de la peur me fait penser, plus encore qu'à Une femme sous influence, à Rosemary's baby, dans la manière qu'il a de prendre pour sujet (pour prétexte?) l'état "sur-naturel" qu'est la grossesse afin de confronter une femme à la métamorphose délétère de son univers familier (ou à la métamorphose de la perception qu'elle a de cet univers, car toute l'ambiguïté est là....).
Je prendrai le temps de le lire, juré.
Mais juste ceci en réponse à cinéphage: les miroirs ont toujours eu une place de choix dans les cadrages de Fassbinder, et la difficulté que tu soulignes (les montrer reflétant les personnages sans que la caméra elle-même y soit visible) est un point discuté par Michael Ballhaus dans un supplément accompagnant Martha (par ailleurs riche en prouesses techniques).
Aussi, pour avoir rapidement parcouru l'article de Léo: Peur de la peur me fait penser, plus encore qu'à Une femme sous influence, à Rosemary's baby, dans la manière qu'il a de prendre pour sujet (pour prétexte?) l'état "sur-naturel" qu'est la grossesse afin de confronter une femme à la métamorphose délétère de son univers familier (ou à la métamorphose de la perception qu'elle a de cet univers, car toute l'ambiguïté est là....).
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Je ne l'avais pas remarqué auparavant (je n'ai vu que 6 à 8 films du gaillard, et ça ne m'avait pas frappé). Pour Martha, je ne l'ai hélas pas vu, mais dans Effi Briest, c'est extrêmement systématique (miroirs, reflets sur une fenêtre, une coiffeuse...), disons que ce thème dans l'image est vraiment insistante.Jack Sullivan a écrit :Mais juste ceci en réponse à cinéphage: les miroirs ont toujours eu une place de choix dans les cadrages de Fassbinder, et la difficulté que tu soulignes (les montrer reflétant les personnages sans que la caméra elle-même y soit visible) est un point discuté par Michael Ballhaus dans un supplément accompagnant Martha (par ailleurs riche en prouesses techniques).
On en voit un exemple dans la photo choisie dans l'article, j'en ai 2 autres sous la main, il y en a facilement une quinzaine d'autres encore...
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Comme le note Jack, les miroirs sont en effet un tic de mise en scène dans tous les films de RWF. Je n'ai pas de compteur sous la main, mais Effi Briest a l'air bien d'être le film le plus fourni en plans de ce genre. Les miroirs sont riches thématiquement : division de soi, conflit intérieur, mirage de sa vie et comme tu le dis, source d'inquisition sociale. Le personage est partagé entre soi et - le reflet - l'image qu'il veut, doit donner de soi à la société. C'est particulièrement pertinent pour Effi Briest. Et montre que chez RWF, on ne peut jamais être seuls à deux, en couple dans une scène : il y a toujours ce foutu reflet comme rappel de la pression de la société.cinephage a écrit :mais dans Effi Briest, c'est extrêmement systématique (miroirs, reflets sur une fenêtre, une coiffeuse...), disons que ce thème dans l'image est vraiment insistante.
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Je n'y avais pas pensé - dans mon souvenir, Margot ne fait pas de fixette sur sa grossesse, qui est une brique parmi d'autres de sa prison personnelle - mais tout cet entourage qui vient te dire ce qui est le meux pour toi, ça rappelle effectivement le Polanski.Jack Sullivan a écrit :Peur de la peur me fait penser, plus encore qu'à Une femme sous influence, à Rosemary's baby
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Pour compléter la réflexion, ce sont tous les dispositifs de compartimentation du cadre qui abondent chez Fassbinder: aussi bien les miroirs que les encadrement de porte (Tous les autres s'appellent Ali, L'allemagne en Automne, La troisième génération, L'année des treize lunes.... un peu tous en fait), les couloirs, les poutres apparentes (Le mariage de Maria Braun, Les larmes amères de Petra von Kant), les pergolas et jardins d'hiver (Effi Briest, Martha)....John Constantine a écrit : Les miroirs sont riches thématiquement : division de soi, conflit intérieur, mirage de sa vie et comme tu le dis, source d'inquisition sociale. Le personage est partagé entre soi et - le reflet - l'image qu'il veut, doit donner de soi à la société. C'est particulièrement pertinent pour Effi Briest. Et montre que chez RWF, on ne peut jamais être seuls à deux, en couple dans une scène : il y a toujours ce foutu reflet comme rappel de la pression de la société.
Un autre cinéaste travaille aussi beaucoup ses fragmentations, et comme Fassbinder semble leur faire souligner la difficulté pour ses personnages à vivre une vie harmonieuse, "unifiée", entre le regard des autres (et les exigences sociales qui vont avec) et les aspirations intimes: c'est Almodovar (il suffit de voir La fleur de mon secret, qui pousse très loin cette recherche, et aussi le plus récent La mauvaise éducation). Le plus rigolo c'est qu'Almodovar ne peut pas sentir Fassbinder, qu'il trouve manichéen (!), alors que pour moi ils ont pas mal en commun (en-dehors d'être des réals gays, ce qui serait un raccourci facile).
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Ca, je l'avais remarqué, pour le coup.Jack Sullivan a écrit :Pour compléter la réflexion, ce sont tous les dispositifs de compartimentation du cadre qui abondent chez Fassbinder: aussi bien les miroirs que les encadrement de porte (Tous les autres s'appellent Ali, L'allemagne en Automne, La troisième génération, L'année des treize lunes.... un peu tous en fait), les couloirs, les poutres apparentes (Le mariage de Maria Braun, Les larmes amères de Petra von Kant), les pergolas et jardins d'hiver (Effi Briest, Martha)...
En revanche, le rapprochement avec Almodovar est intéressant.
Je n'y aurais jamais pensé, ne serait-ce que parce que chromatiquement, l'un est plutôt chaud, l'autre plutôt froid (c'est sans doute assez subjectif, comme interprétation).
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Disons que je pense que cette différence est surtout liée à une différence d'époque et de culture (et je ne parle même pas des milieux sociaux dépeints par chaque réal), et ne vaux pas dans tous les cas de figure: Lola, une femme allemande est bourré ras la gueule déclairages colorés, majoritairement chauds, alors que l'esthétique d'un film comme Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? joue la neutralité des beiges et des gris.cinephage a écrit : Je n'y aurais jamais pensé, ne serait-ce que parce que chromatiquement, l'un est plutôt chaud, l'autre plutôt froid (c'est sans doute assez subjectif, comme interprétation).
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Trop dur. Tu devrais le virer et garder les coffrets.LucyMuir a écrit :
Mon coloc ne veut pas me prêter ses coffrets Fassbinder.
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- cinephage
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Si je peux me permettre, les coffrets sont beaux, mais autant faire contre mauvaise fortune bon coeur. Laisse-les lui.LucyMuir a écrit :
Mon coloc ne veut pas me prêter ses coffrets Fassbinder.
Mais attend qu'il sorte acheter des cigarettes pour lui prendre tous les dvds qui sont à l'intérieur de ses coffrets. Plus vicieux encore, remplace-les par de vieux cds de Bernard Montiel. Voir ses coffrets intacts le rassurera.
Et bon films...
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L'Année des 13 Lunes est l'un des films les plus durs que j'ai jamais vu. Le monologue sur fond d'hommage au Sang des Bêtes, faut avoir une audace inouïe pour filmer un truc pareil... Croyez-moi ou pas, le désespoir du personnage jumelé à la crudité des images m'a presque fait rendre. Psychologiquement, ce film m'a laminé. Longues prises oblige, on a vraiment l'impression qu'il fait tout pour enfoncer le clou le plus profondément possible. Et c'est magnifique...