Exclu DVDclassik : Entretiens avec Kevin Brownlow

[julien]

J'aimerais bien pouvoir trouver ce fameux enregistrement de Napoléon par Marius Constant. Je savais pas qu'il avait composé pour une version du film. Je crois qu'il s'est basé en partie sur la composition originale d'Honegger. Curieux quand même que cette musique est mauvaise réputation parce qu'en général Constant c'est assez moderne et inventif. Les 24 préludes pour orchestre, par exemple ou Les Chants de Maldoror, c'est quand même un vrai truc de malade. Bon en 1992, c'est vrai que Constant était peut-être un peu fatigué aussi...

[Ann Harding]

Arthur Honegger a effectivement composé la partition lors de la première présentation de Napoléon à l'Opéra de Paris en 1927. Mais, Abel Gance a modifié constamment le montage de son film jusqu'au dernier jour. Le pauvre Honegger n'a pas eu le temps de 'caler' sa composition sur le film fini. Son travail a du s'en ressentir. J'ai lu une critique d'époque qui qualifie la musique de 'cacophonie'! Marius Constant s'est apparemment inspiré largement des oeuvres d'Honegger. Je ne l'ai pas entendu donc je ne peux rien dire... Mais, le fait d'utiliser Honegger ne signifie pas qu'il a réussi à intégrer les sentiments et les émotions à l'écran. Etre compositeur de film est un art différent de celui de compositeur classique.

Par contre, j'ai entendu la partition de Carl Davis qui utilise des thèmes et leitmotivs des grands compositeurs de l'époque Napoléonienne: Beethoven, Mozart, Gossec, Dittersdorf, Grétry, Haydn, etc. Il a composé également lui-même certains thèmes comme celui de Napoléon (The Eagle of Destiny). Carl Davis sait choisir instinctivement la musique qui reflète les émotions à l'écran. Et ce sur tous les films dont j'ai entendu sa musique. Il arrive à mettre en valeur le jeux des acteurs et une scène d'une manière étonnante. King Vidor dit, dans les premières minutes du documentaire Hollywood, que la musique comptait pour 50% de l'émotion ressentie en voyant un film muet. C'est absolument correct. Je me souviens de mon enchantement quand j'ai découvert Broken Blossoms avec la musique de Carl Davis inspirée de la partition originale de Louis Gottschalk. Je n'ai jamais rensenti la même chose en voyant d'autres versions, y compris la partition de Gottschalk! je pourrais multiplier les exemples comme pour Wings de William Wellman qui m'avait ennuyée à mourir avec un accompagnement avec orgue et qui soudain est devenu un autre film avec la partition de Carl Davis.

J'espère que bientôt Napoléon sera disponible en DVD avec la partition de Davis qui est certainement une de ses toutes meilleures compositions (dixit Brownlow).

Merci Monfilm et Joe Wilson! Allez-y le cinéma muet est une période fascinante! Et vous allez être étonnés par sa richesse!!!

[Watkinssien]

orgue et qui soudain est devenu un autre film avec la partition de Carl Davis.

J'espère que bientôt Napoléon sera disponible en DVD avec la partition de Davis qui est certainment une de ses toutes meilleures compositions (dixit Brownlow).

C'est un de mes plus grands souhaits de cinéphile, moins grand toutefois que de découvrir ce chef-d'oeuvre sur grand écran !

[allen john]

Carl Davis sait choisir instinctivement la musique qui reflète les émotions à l'écran. Et ce sur tous les films dont j'ai entendu sa musique. Il arrive à mettre en valeur le jeux des acteurs et une scène d'une manière étonnante.

Même si je continue à penser qu'un film muet, cela reste 100% d'un film muet, c'est vrai que les partitions de Davis sont toujours un ravissement. Celle de Wings, que tu cites, celle de Thief of Bagdad, d'après la partition originale, mais plus directement inspirée de Rimsky-Korsakoff, celle de Greed, bien sur, celle de Broken blossoms, celles des quelques Lloyd qu'il a composées (Il a un don pour la partition de comédie, c'est ce qui permet à sa version de Wings d'être si belle, justement: elle varie merveilleusement), et surtout, surtout celle de The Wind.

[Alphonse Tram]

J'ai lu dans le petit livret inclu dans le coffret "Centenaire David Lean" paru en Angleterre, que K. Brownlow était son biographe. En avez vous parlé durant votre entretient ?

[Ann Harding]

Effectivement, Kevin Brownlow a écrit une biographie (genre pavé) de David Lean qu'il a longuement rencontré. Cette biographie a d'ailleurs été traduite en français; c'est l'un de rares ouvrages de Brownlow disponible dans la langue de Molière.

Nous n'avons pas parlé de David Lean durant l'interview. J'aurais certainement pu faire un entretien deux fois plus long sur les sujets les plus divers; mais, il a fallu que je fasse un choix. Je regrette également de ne pas avoir passé du temps sur son deuxième film de fiction Winstanley (1975) qui va bientôt ressortir en DVD....

[Ann Harding]

Une interview récente de Kevin Brownlow réalisée durant un festival du film muet à Killruddery (Irlande) est visible sur YouTube:

[Geoffrey Firmin]

Je regrette également de ne pas avoir passé du temps sur son deuxième film de fiction Winstanley (1975) qui va bientôt ressortir en DVD....

Visiblement Winstanley est édité en blu ray par le British Film Institute (le meilleur éditeur Blu Ray du monde).
Il est annoncé en exclu chez Movie Mail le 27 avril (je ne l'ai pas trouvé ailleurs).
http://www.moviemail-online.co.uk/film/ ... instanley/

Les suppléments:

* It Happened Here Again (Mival, 1976)
* New 39 min interview with Kevin Brownlow and Andrew Mollo
* Booklet written by Marina Lewycka
* Kevin Brownlow's short film about the last Glasgow Tram.

[Ann Harding]

Cette nouvelle édition, disponible aussi en édition standard, devrait permettre d'apprécier le travail du directeur de la photo sur ce film car Brownlow voulait résolument obtenir le type d'images hyper contrastée que l'on voit dans les grands films muets. Ce fut fait, mais non sans problème, en particulier avec les laboratoires qui dans les années 70 avaient cessé de développer du N&B de manière routinière. Il put profiter de la ressortie de The Paths of Glory (les sentiers de la gloire) de Kubrik (qui venait d'être autorisé en France) et dont de nouvelles copies allaient être tirées pour pouvoir enfin obtenir un tirage correct de son film. Le tournage lui-même est une épopée sur 3 ans...mais, je pense qu'il doit en parler dans les suppléments sur le disque.

Il est interviewé sur BBC Radio 4 (équivalent de France Culture) sur Winstanley ici:
http://www.bbc.co.uk/radio4/arts/filmpr ... 1017.shtml

"I was baffled to discover I made old films that needed restoration!"

[Geoffrey Firmin]

J'ai reçu le Blu ray du BFI de Winstanley, effectivement sur ce que j'ai vu le noir et blanc est magnifique.
Le travail éditoriale du BFI est une nouvelle fois remarquable, il y a un tres beau livret de 32 pages .

[Ann Harding]

UKA Press va publier d'ici peu, un nouveau livre de Kevin Brownlow sur la production et le tournage de Winstanley intitulé: Winstanley: Warts and All. Je le recommande chaudement en complément du DVD du film. On y découvre les difficultés de la production d'un film à petit budget ainsi que le monde des producteurs dans les années 70, le tout avec une bonne dose d'humour.

http://www.ukapress.com/modules.php?nam ... ge&pid=138

[Ann Harding]

J'ai pu voir le nouveau DVD (version standard) de Winstanley. Le travail de restauration du BFI est excellent. Voici deux captures:

DVD édition Milestone:


Nouvelle édition BFI:


Le film et tous les suppléments sont équipés de sous-titres en anglais.
La version Blu-Ray doit être encore plus belle.

[Geoffrey Firmin]

La version Blu-Ray doit être encore plus belle.

Une merveille!

La scène d'ouverture est un hommage à Eisenstein, une bataille rangée tournée en 16 mm avec la musique de Prokofiev Alexandre Nevski.
J'ai beaucoup aimé le film par ailleurs.

[Ann Harding]

La version Blu-Ray doit être encore plus belle.

Une merveille!

La scène d'ouverture est un hommage à Eisenstein, une bataille rangée tournée en 16 mm avec la musique de Prokofiev Alexandre Nevski.
J'ai beaucoup aimé le film par ailleurs.

En fait, Brownlow s'est inspiré de Chimes at Midnight (1965) d'Orson Welles. Tout le monde pense à Eisenstein à cause de la musique de Prokofiev (qui a été utilisée à l'origine par hasard lors d'un premier montage) ; mais, ce n'était pas du tout son intention.

[Geoffrey Firmin]

En fait, Brownlow s'est inspiré de Chimes at Midnight (1965) d'Orson Welles. Tout le monde pense à Eisenstein à cause de la musique de Prokofiev (qui a été utilisée à l'origine par hasard lors d'un premier montage) ; mais, ce n'était pas du tout son intention.

Falstaff ?