José Giovanni (1923-2004)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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giftongue
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par giftongue »

Certes la version n'est pas très bonne mais j'aime la voix de Nicoletta de cette époque :oops:
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lecoinducinéphage
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par lecoinducinéphage »

Révélations sur José Giovanni et son passé trouble : http://bibliobs.nouvelobs.com/polar/201 ... ation.html
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Lino »

Lu cet été :

Les Aventuriers, Le Haut fer (Les grandes Gueules), Le Deuxième souffle, Classe tous risques.

Vivement conseillé (comme ses mémoires, Mes Grandes Gueules)
Federico
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Federico »

lecoinducinéphage a écrit :Révélations sur José Giovanni et son passé trouble : http://bibliobs.nouvelobs.com/polar/201 ... ation.html
Ce n'est pas vraiment un scoop... :?
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Jeremy Fox
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Jeremy Fox »

Comme un boomerang - 1976

Lors d'une soirée branchée sur la Côte d'Azur, Eddy Batkin (Louis Julien), un adolescent sous l'emprise de la drogue, tue par accident un policier. Aussitôt mis en examen, il doit attendre en cellule son prochain jugement. Jacques (Alain Delon), riche industriel et père d'Eddy, est déchiré. Maître Ritter (Charles Vanel), l'avocat de la famille, lui fait comprendre qu’il va être difficile au juge d'instruction d’être clément malgré les circonstances atténuantes. Grâce à son argent, à la sincérité de son désespoir et au fait de ressentir de l'empathie pour la la famille de la victime, Jacques est sur le point de faire pencher la balance vers la mansuétude ; sauf qu’à ce moment-là son passé de gangster ressurgit dans la presse, ce qui dessert totalement les affaires de son fils. Il décide alors de tout faire pour le tirer de ce mauvais pas, au prix de sacrifices irréversibles...

Valeur sûre du cinéma populaire français des années 60 et 70, l’ancien gangster José Giovanni (qui avait même été condamné à mort et sauvé in-extremis) avait commencé sa carrière au cinéma par le scénario adapté de sa propre histoire, celui du grand et inoubliable classique de Jacques Becker, Le Trou. Il continuera sur sa lancée en écrivant des films pour, excusez du peu, Jacques Deray, Claude Sautet, Robert Enrico, Henri Verneuil ou Jean-Pierre Melville. Parallèlement il réalisera ses propres films, des titres bien connus du public français – tout du moins les cinquantenaires les ayant vus très souvent programmés en prime time à la télévision - tels Le Rapace, Dernier domicile connu ou La Scoumoune. Il se révèle la plupart du temps un très bon artisan sans autre prétention que de raconter efficacement une bonne histoire qui s’inspire souvent un peu de son propre passé, ne perdant aucune occasion de tacler au passage la police, la presse ou la justice. Même après Comme un Boomerang, des films comme Les Égouts du paradis ou bien Le Ruffian, malgré des critiques assassines, seront encore à mon humble avis de solides réussites.

Entre 1973 et 1976, les trois films qu’aura réalisé José Giovanni auront eu comme acteur principal Alain Delon. Dans le poignant Deux hommes dans la ville qui narrait l’amitié entre un ex policier devenu éducateur pour délinquants et un ancien détenu il aura eu pour partenaire Jean Gabin ; dans le méconnu et superbe Le Gitan il était entouré entre autres par Paul Meurisse et Annie Girardot et le film racontait à nouveau le parcours d’un criminel poursuivi par la fatalité ; Comme un boomerang marquera la fin de l’association Delon/Giovanni, peut-être parce que le film était un peu en deçà des précédents et qu’il fit un bide au box-office, le public ayant eu souvent du mal à chaque fois que la star interprétait un nanti. Ceci étant dit Giovanni signe à nouveau avec ce film une jolie réussite, certes pas forcément mémorable mais constamment intéressante et captivante malgré quelques défauts dans l’écriture à commencer par la séquence inaugurale assez peu crédible, celle du meurtre d’un policier par un jeune drogué. Quelle étrange coïncidence que le fonctionnaire de police se trouvait justement à la porte-fenêtre de la villa au moment même où le jeune homme tirait un coup de fusil dans le vide sans d’ailleurs vouloir viser personne. Mais peu importe, le récit peu ainsi débuter, entrant immédiatement dans le vif du sujet.

Ce jeune assassin n’est autre que le fils d’un richissime chef d’entreprise, ce dernier superbement incarné par un Delon très impliqué dans ce rôle – il a cosigné le scénario -, impérial et charismatique à souhait. L'homme d'affaires revient donc plus tôt que prévu d’un voyage à l’étranger après avoir appris le drame ; un peu assommé par la nouvelle d’autant qu’il se sent un peu coupable de n’avoir pas assez participé à l’éducation de son rejeton, ne pas lui avoir prêté assez d’attention au point de penser que, baignant dans une situation sociale aussi confortable et respectable que lui octroient sa famille, il n’aurait jamais eu besoin de se droguer. Beaucoup de naïveté et d’égoïsme dont il se mord les doigts. Mais avec les conseils d’un grand ami avocat (magnifique Charles Vanel) et les moyens pour dédommager correctement les victimes, Jacques se sent assez confiant même s’il n’est pas dupe et sait très bien que son fils sera emprisonné quelques années même si le crime n’a pas été du tout intentionnel. Seulement son passé lui revient dans la figure comme un boomerang ; au moment où il était sur le point d’obtenir la mansuétude du plus grand nombre, la presse dévoile le passé trouble de ce chef d’entreprise respecté qui fut un ancien gangster ayant fait plusieurs années de prison. Et comme la foule n’est que rarement prête à pardonner, à accorder une seconde chance ni le droit de se racheter, et pense qu’aucun malfrat n’a jamais complètement payé sa dette envers la société, les circonstances atténuantes pour le fils se délitent alors que la vie antérieure du père refait surface tel un honteux boulet.

On aura vite compris au vu de cette brève description que Giovanni aborde non seulement les dangers de la drogue pour la jeunesse (sans didactisme mais avec parfois de gros sabots, voire la séquence assez malaisante de la visite de Jacques à des bijoutiers/dealers) mais aussi et surtout la difficulté de réinsertion des anciens détenus que souvent le corps social pousse à la récidive au lieu de chercher à les réintégrer. Et au vu de son passé on devine que le cinéaste connait parfaitement bien le sujet. Il nous dépeint également le portrait d’un homme qui décide de sacrifier sa position et sa carrière pour venir en aide à son fils quitte à replonger dans l’illégalité et redevenir hors-la-loi. Enfin il décrit avec beaucoup d’émotion et de retenue les relations qui évoluent entre un père et son fils, ce dernier tout d’abord en opposition puis en admiration devant son ainé, le drame qu’ils vivent allant les rapprocher. Un drame bénéficiant d’une belle puissance de conviction des auteurs, d’une interprétation solide (outre les comédiens déjà cités, on notera les honorables prestations de Pierre Maguelon en commissaire, Suzanne Flon dans le rôle de la veuve de la victime ainsi que du jeune Louis Julien assez convaincant), et d’un mélancolique thème musical de Georges Delerue. Pas de quoi s’en relever la nuit mais cependant une œuvre très attachante.
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par C2302t »

Jeremy Fox a écrit :Deux hommes dans la ville chroniqué par Julien Leonard. Le Bluray Pathé a été testé par Stéphane Beauchet.
Excellent film, vu récemment, qui tient surtout grace a la relation entre delon et Gabin. La fin est magnifique.
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Jeremy Fox
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Jeremy Fox »

Deux hommes dans la ville - 1973

Virulente dénonciation de la peine de mort et de la difficulté pour les prisonniers à se réinsérer dans la société, le film de Giovanni a cependant un peu vieilli je trouve. Il aurait eu plus de forces avec un scénario plus nuancé et moins cousu de fil blanc, des dialogues plus naturels et une mise en scène plus rigoureuse. Ici, les gros sabots sont de sortie que ce soit sur le fond et sur la forme. Ceci étant dit, Delon est magistral (je redécouvre vraiment l'acteur en ce moment), Gabin est égal à lui-même, la musique de Philippe Sarde très belle et la tripotée de seconds rôles tout à fait plaisante (parmi les premières apparitions de Giraudeau, Depardieu, Lanoux...) Quand au final, il est fait toujours aussi froid dans le dos et les relations entre Gabin et Delon sont touchantes. Dommage que le tout manque à ce point de finesse mais j'ai néanmoins passé un bon moment. Juste un peu déçu.
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :Deux hommes dans la ville - 1973

Dommage que le tout manque à ce point de finesse mais j'ai néanmoins passé un bon moment. Juste un peu déçu.
Je suis d'accord pour dire que le film ne fait pas dans la dentelle, mais pour moi au final Giovanni gère bien ses gros sabots, le sujet mérite cette force "brute" et finalement ce manque de finesse est transformé en émotion forte de manière assez efficace. Je l'ai revu récemment et j'ai été beaucoup touché.
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Kevin95 »

Tout pareil que Rick Blaine, pour moi Deux hommes dans la ville est du registre du mélodrame (ou de la tragédie si on veut user de gros mots) donc en prise avec certains clichés propres au genre. Vu que le bonhomme a échappé de peu à la faucheuse, on peut comprendre (sans excuser) qu'il souhaite bien faire passer le message.
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par blaisdell »

Deux hommes dans la ville n'est pas léger léger mais sa sincérité emporte le morceau et les acteurs sont tous excellents, notamment Michel Bouquet.

Dans un genre moins grave, La scoumoune est assez lourd et décousu, malgré la musique inoubliable de De Roubaix.

En revanche, Dernier domicile connu, bien que pourvu d'aspects caricaturaux (les pervers du cinéma, la famille doucereuse) est une franche réussite.
Et Les égouts du paradis est franchement sympa, meilleur que le récent film de Jean-Paul Rouve sur le même sujet, le casse de Spaggiari.
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Jeremy Fox
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Jeremy Fox »

blaisdell a écrit : Et Les égouts du paradis est franchement sympa.
Voire même très bon :wink:
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Grimmy »

Dernier domicile connu est même carrément génial !
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Rick Blaine »

Grimmy a écrit :Dernier domicile connu est même carrément génial !
Nous sommes d'accord !
Julien Léonard
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Julien Léonard »

Rick Blaine a écrit :
Grimmy a écrit :Dernier domicile connu est même carrément génial !
Nous sommes d'accord !
Excellent polar, humaniste et sans concession sur le milieu de la justice. Giovanni y fait encore des miracles.
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Jeremy Fox
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Re: José Giovanni (1923-2004)

Message par Jeremy Fox »

Le Gitan - 1975

Quelle bonne surprise que ce rare film à aborder - certes un peu à la marge de l'histoire principale - l'univers des gitans, et ceci avec une grande bienveillance ! Un polar nerveux, efficace et sans temps morts, à la mise en scène carrée, au casting 4 étoiles, mettant en avant les valeurs de l'amitié et de la loyauté, assez hostile à toutes formes de hiérarchie et au cours duquel la police en prend pour son grade. Je ne m'attendais pas à voir Delon aussi bon dans le rôle d'un gitan mais force est de constater qu'il y est parfait. Bonnes cascades de Remy Julienne, bonne musique de Bolling et Django Reinhardt, inoubliable personnage de Ninie par Annie Girardot, innombrables lieux de tournage du Nord au Sud de la France... Que du bonheur !
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