Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1965)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23918
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par cinephage »

Pour les défauts que tu signales (le manque d'empathie pour les personnages, la confusion de l'exposition, l'élogation de certaines séquences...) ce premier film m'a un peu pris de court. Quoiqu'impressionné par ce que j'avais vu, je ne pouvais totalement m'y abandonner. Heureusement, la suite est toujours aussi prodigieuse sur le plan de l'ampleur et de la recherche formelle, alors que les défauts s'estompent. On connait mieux les personnages, qui se révèlent peu à peu, et l'émotion vient progressivement. J'en suis sorti assez soufflé...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Anorya »

Est-ce que tu pourrais sinon mettre des captures en plus Demi-Lune ? :)
(enfin si tu en as le temps ;) )
Image
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :Est-ce que tu pourrais sinon mettre des captures en plus Demi-Lune ? :)
(enfin si tu en as le temps ;) )
Je vais voir ce que je peux faire, mon compte d'hébergement commence à un peu saturer. :mrgreen: En plus, c'est pas forcément évident car tout est constamment en mouvement. C'est vraiment un film qu'il faut savourer sur son écran, dans toute sa démesure.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

Effectivement cinéphage, les points que j'avais soulevés tendent à s'estomper dans cette seconde époque.
ImageImageImage
Natacha Rostov

La focalisation de cette seconde partie sur le personnage de Natacha apporte un souffle d'émotion et de chaleur qui faisait jusqu'ici défaut. La candeur et l'espièglerie de Natacha, idéalement servis par les traits adorables de Lioudmila Savelieva, contrastent avec les allures guindées et sévères du monde doré dans lequel elle évolue, dans le même temps qu'elles permettent une immédiate empathie pour ses jeunes tourments amoureux. Enfin, un personnage qui ne soit pas un glaçon ! L'amour, ou plutôt, l'éducation sentimentale, occupe le propos de la même manière que la mort contaminait de sa gravité la première époque. Paix militaire n'est pas synonyme de paix des cœurs et c'est un combat des sentiments que doit affronter Natacha, découvrant les joies éphémères de l'amour dans les bras du prince Andreï puis dans ceux du frère Kouraguine. Les questionnements et atermoiements de la jeune Natacha restent plutôt classiques et c'est l'exceptionnelle qualité du texte tolstoïen (dialogues, commentaires en voix-off) qui poétise une trame bien rodée. Trame qui, encore une fois, s'attarde dans des longueurs bien plus sensibles que dans la première époque : la chasse aux loups, le repas à la balalaïka, constituent notamment un gros creux d'une demi-heure qui, non seulement n'aurait sans doute pas été défiguré par une judicieuse concision, mais en plus marquent quand même un sacré coup d'arrêt après la phénoménale entrée en matière. L'amourette avec Kouraguine s'achève dans un tintamarre grandiloquent qui me pousse à condamner la musique du film, vraiment trop inégale. Au final, alors qu'elle commençait sur des chapeaux de roues, c'est une partie à mon sens moins intéressante que celle qui a précédé.
ImageImageImage
En effet, c'est surtout dans sa première demi-heure que Natacha Rostov m'a impressionné. La reconstitution des mondanités moscovites se fait dans un faste incroyable. Hélas difficile à retranscrire en screenshots car tout est constamment en mouvement : on pense forcément à Ophuls pour les longs plans-séquences chorégraphiques qui valsent dans les couloirs et les galeries pour suivre les différents personnages s'activer, arriver, etc. Pour rajouter à cette effervescence festive, le réalisateur n'hésite d'ailleurs pas à parasiter ses angles de prise de vue d'éléments extérieurs, tels des ombres d'épaulettes militaires (qui permettent de faire des raccords discrets), des dentelles ou une toile portée par des servantes qui la font passer par-dessus l'objectif comme s'il n'était pas là. Le point culminant demeure bien évidemment la séquence du bal, authentique morceau de bravoure évoquant une nouvelle fois la filiation du film avec Le Guépard (non pour la durée mais pour la monumentalité de la séquence). M'est avis que Scorsese, Joe Wright ou Sokhourov ont dû bien l'étudier. Certes, certains tics visuels peuvent avoir pris un petit coup de vieux. Mais la virtuosité de la séquence ne provient pas tant de sa mise en scène chiadée (double netteté de le plan, raccords incessants pour créer un sentiment de continuité dans la valse, travellings spectaculaires, etc) que du fait que cette même mise en scène épouse le point de vue de Natacha. Son émerveillement, quand elle arrive aux portes de la salle de bal, se traduit par un champ/contre-champ puissant entre son visage et l'immensité du lieu. L'effet est saisissant car la coupe au montage, sèche. Délaissée dans un coin, malheureuse qu'aucun cavalier ne l'invite à danser, on a alors droit à une remarquable composition de Natacha et du reflet dans une glace de ce monde magique qui ne semble pas vouloir d'elle. Son extériorité à cet univers est également retranscrit par des plans quasi oniriques où elle est comme détachée d'un l'arrière-plan flouté. Invitée par Andreï Bolkonski, son pouls s'accélère et ça se sent sur le rythme et les mouvements de caméra, qui deviennent virevoltants de concert avec les couples de valseurs, jusqu'à l'explosion amoureuse baignant dans un ralenti illusoire fait de reflets de cristal (c'est bôôoôôôô :mrgreen: ).
ImageImageImage
La mise en scène continue d'ailleurs sa petite entreprise expérimentale en recourant par exemple aux split-screens. Avant Woody Allen, l'effet est utilisé avec humour pour montrer les tourtereaux sonder leur entourage et les dialogues sont mutuellement calés de telle sorte qu'Andreï et Natacha semblent s'entre-répondre. Ailleurs, on aura droit à des coupes subliminales pour une scène affublée d'un espèce de voile opaque. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la scène de la tirade de la tragédienne française : la post-synchro et le montage dans le plan font qu'elle dit deux fois son texte, la première, à voix haute, pour son public ; la seconde, de manière douce et personnelle, comme si elle chuchotait tout ce que Natacha a alors sur le cœur.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

ImageImageImage
1812

Curieusement, assez peu de choses à dire sur cette troisième époque, la plus courte de la fresque. J'ai l'impression qu'elle hérite d'une place un peu bâtarde parce qu'elle doit faire la jonction entre les ressorts sentimentaux passés et la conclusion à venir. Côté cœur, la situation n'évolue guère puisque Pierre reste toujours l'amoureux transi de Natacha, laquelle vit toujours dans l'espoir du pardon d'Andreï, lequel, reprenant l'uniforme, est redevenu obsédé par son détachement vis-à-vis de la vie. Que ce soit un bal ou une bataille, cette troisième époque reprend d'ailleurs en apparence ce qui a fait la splendeur des épisodes précédents, ce qui fait que la surprise est désormais moindre, le spectateur étant désormais accoutumé à ces différents rituels et à la manière de les orchestrer de Bondartchouk. Hé, c'est qu'on devient exigeant.
ImageImageImage
Pour autant, on va pas se mentir, ça reste une fois de plus colossalement réalisé et ce qui occupe en grande majorité 1812, à savoir la reconstitution de la bataille désastreuse de la Moskova, explose en spectaculaire et démesure la bataille d'Austerlitz dans Andreï Bolkonski. Les moyens humains et techniques sont absolument dantesques, on se pince pour croire qu'un film ait réellement pu faire un truc pareil. C'est véritablement à partir de 1812 que se donne à voir l'exaltation d'un sentiment patriotique russe, dont la ferveur et l'unicité s'élèvent comme un rempart contre des ambitions napoléoniennes cette fois-ci à leur porte. La mise en scène de la bataille ne s'attache donc pas, une fois encore, à restituer fidèlement et clairement les différentes stratégies mises en œuvre par les belligérants (contrairement à Waterloo). D'ailleurs, les chefs militaires sur le champ de bataille ne semblent eux-mêmes pas comprendre ce qui est en train de se passer.
ImageImageImage
Pour le réalisateur, il s'agit plutôt de mettre en scène la force russe, qui résiste de tous ses fronts aux assauts et pilonnages français, telle une fourmilière grouillante et brave, sachant que son sort et celui de son pays est scellé sur les terres de Borodino. Cela n'empêche pas Bondartchouk d'étancher ses penchants formalistes crépusculaires durant cette apocalypse guerrière : si vous avez déjà vu des toiles de batailles, c'est exactement ça, mais en vivant. Par souci de réalisme, les chevaux en ont d'ailleurs fait impitoyablement les frais. Tiens d'ailleurs, puisqu'on parle de chevaux, il y a dans 1812 un embryon de travelling suivant un assaut de cavalerie depuis une tranchée en flammes (travelling malheureusement très confus) qui sera poussé à fond par Spielberg dans War Horse. Cela n'empêche pas non plus Bondartchouk d'étancher ses ambitions techniques impressionnantes : mouvements de grue perpétuels ; profondeurs de champ du Scope qui conjuguent simultanément différentes manœuvres militaires de l'infanterie, cavalerie et artillerie ; plans survolés époustouflants ; travellings de ouf qui cherchent constamment à synchroniser les attaques et englober les différentes lignes ; etc. Le temps d'une scène de procession d'une icône de la Vierge, il allie d'ailleurs son sens de la démesure à une émotion puissante. Mais moins qu'un récit strictement tactique, il s'agit bien d'un récit de résistance, de soldats qui tiennent toujours bon sous les yeux médusés du gros Pierre Bezouhkhov, venu en touriste sur le champ de bataille. On suppose aisément que cette coloration cocardière prépare l'apothéose finale et incendiaire.
ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImage
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Anorya »

Merci Demi-Lune pour ces chroniques passionnantes aussi bien par le texte que l'image (sublime). Un bonheur à parcourir. :D
Image
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8964
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par feb »

Woh Demi-Lune :shock: Tes captures sont de vrais tableaux. Bravo pour ces chroniques :wink:
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

Anorya a écrit :Merci Demi-Lune pour ces chroniques passionnantes aussi bien par le texte que l'image (sublime). Un bonheur à parcourir. :D
Rien que pour toi, j'ai d'ailleurs rajouté des screenshots pour ma première chronique. :wink:
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99625
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Jeremy Fox »

Oui ; autant dire que pour quelqu'un comme moi qui n'était pas très chaud à me lancer dans le visionnage d'une telle fresque, du coup, je commence à en avoir sacrément envie.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

Jeremy Fox a écrit :Oui ; autant dire que pour quelqu'un comme moi qui n'était pas très chaud à me lancer dans le visionnage d'une telle fresque, du coup, je commence à en avoir sacrément envie.
Le plus dur, c'est de trouver le temps. :mrgreen: Je ne sais pas si tu adorerais ; mais je pense que cinéphage me rejoindra si je dis que Guerre et Paix est une expérience à tenter au moins une fois. C'est tellement... titanesque, quoi ! J'aurai l'occasion d'y revenir une dernière fois avec quelques chiffres signifiants, et par ailleurs je n'élude pas les points plus faibles de l'édifice dans mes commentaires, mais pour moi c'est vraiment dans son ensemble un monument, comme peu dans leur démesure peuvent prétendre l'égaler. Ce n'est pas le film le plus cher de tous les temps pour rien. Le plus incroyable, c'est que Bondartchouk ne s'est en rien laissé bouffer par le gigantisme de son projet. Je crois que c'est John Huston qui disait qu'il fallait filmer toutes les scènes comme si c'étaient les plus importantes du récit. Ici c'est exactement ça : la moindre séquence, fût-elle d'une importance moindre, fait l'objet d'une recherche formelle et technique incessantes. Et pourtant, il se dégage de l'ensemble, au fur et à mesure, une impression d'homogénéité assez incroyable si l'on considère la masse narrative pharaonique et les moyens illimités dont dispose le réalisateur de la part de l’État russe. Franchement, le bal de Natacha ou la bataille de Borodino, notamment, sont pour moi proprement anthologiques : ces deux moments de cinéma suffisent à vérifier la réputation de cette fresque. Et il me reste encore l'ultime partie à regarder, la mise à feu de Moscou, qui semble être le clou du spectacle. :shock: Je pense que je finirai l'aventure sur les genoux. :mrgreen:
Dernière modification par Demi-Lune le 20 mai 12, 18:50, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
locktal
Assistant opérateur
Messages : 2474
Inscription : 19 mars 11, 01:03
Liste DVD
Localisation : Dijon

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par locktal »

Oui, ces magnifiques captures donnent vraiment envie de découvrir ce film apparemment monumental !

Merci pour les captures, Demi-Lune !
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Demi-Lune »

ImageImageImage
Pierre Bezoukhov - attention, ce commentaire va en faire des caisses. :fiou:

Eh voilà. Nous sommes arrivés au terme de l'Everest. De la même manière que les protagonistes russes pressentent la fin de leur monde avec l'arrivée napoléonienne aux portes de Moscou, le spectateur ressent immédiatement, instinctivement, la solennité de ce dernier acte vers lequel tant de sang et de larmes ont été versés. Et non content de nous avoir époustouflé à trois reprises, Bondartchouk parvient encore à faire de sa conclusion la partie de tous les superlatifs. On pourrait dire que la monumentalité de tout ce qui a précédé ne faisait que préparer cette apothéose, que j'ai accueillie avec d'autant plus d'émotion qu'il était légitime d'attendre, de la part d'un tel film-fleuve, un couronnement final à la hauteur. Et c'est très exactement ce qui nous est légué. La vue d'ensemble permet maintenant de mesurer à quel point toute la construction de ce monument tend vers ce spectaculaire aboutissement : tant d'heures écoulées, de personnages côtoyés, de batailles déployées, de figurants alignés, pour arriver à ce parachèvement qui colore la démesure du projet d'une émotion jusque là si souvent retenue à mon goût. C'est très difficile à expliquer, mais Pierre Bezoukhov m'a amené vers un bouleversement indescriptible et difficilement partageable, parce qu'il représente une forme de summum triomphal à tout ce qu'on a vu précédemment... émotion devant l'immensité de l'accomplissement orchestré par le réalisateur, et émotion devant la beauté crépusculaire de pratiquement chaque séquence.
ImageImageImage
De l'exode massif et apeuré des Russes à l'entrée de Napoléon dans un Moscou désertique, de la vision agonisante d'Andreï (avec une contemplation du Paradis m'ayant mis les larmes aux yeux) au rêve déchaîné du jeune Pétia Rostov, du silence méditatif de Napoléon errant à travers la grandeur architecturale du Kremlin au chant entonné par le captif français puis par toute l'armée russe (scène qui m'a ému comme l'a fait celle des Sentiers de la Gloire), de la terrible retraite militaire de la Berezina à la valse finale du souvenir (un peu, toutes proportions gardées, à la Parrain III), du discours à la fois triomphaliste et lucide de Koutouzov face à ses soldats et les Grognards épuisés, à l'appel final à l'unité des peuples européens, cette ultime partie laisse éclater sa fibre déchirante illustrée par des images d'une poésie fulgurante, sans doute les plus belles de toute la fresque. Le gigantisme des moyens évoque l'Histoire dans une fidélité que bien des réalisateurs doivent crever d'envie d'égaler : l'entrée des forces armées de Napoléon dans Moscou, et la mise à feu de la capitale, touchent quelque chose de profondément impressionnant car c'est un de ces rares moments de cinéma où la reconstitution est au moins aussi démesurée que les faits réels. Les textes et témoignages ne permettent que d'approcher une certaine idée des faits ; on se dit qu'en l'occurrence, jamais on ne pourra mesurer le traumatisme qu'a représenté pour les Russes l'arrivée de l'armée française dans leur ville. Là, les séquences monumentales semblent être des bobines oubliées d'un ingénieur fou qui aurait inventé la caméra dès 1812 : l'impression assez fascinante de ne plus être en train de regarder une superproduction historique, mais tout simplement l'Histoire. Le clou de ceci restant effectivement l'incendie de Moscou à proprement parler, où Bondartchouk n'hésite pas à faire enflammer tous ses immenses décors pour une séquence absolument chaotique, apocalyptique, impossible à restituer pleinement en images, où les flammes, le crachat torrentiel de cendres, la panique généralisée qui s'empare des Russes et la démence des Grognards qui détruisent et pillent tout sur leur passage comme des démons, accouchent d'une authentique vision de l'Enfer.

Déflorer plus serait un crime : il faut vraiment découvrir ce sommet. En ce qui me concerne, et j'y reviendrai avec une petite conclusion récapitulative, c'est la prosternation.
ImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImageImage

Image
Image
feb
I want to be alone with Garbo
Messages : 8964
Inscription : 4 nov. 10, 07:47
Localisation : San Galgano

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par feb »

Et là tu finis de nous achever :mrgreen: Chapeau Demi-Lune :shock:
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par bruce randylan »

Je ne peux que souscrire à l'enthousiasme tout en superlatif de Demi-Lune. :D

Je me permets de mettre le lien de mon propre avis :wink:
http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 4#p1768264
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Rick Blaine
Charles Foster Kane
Messages : 24136
Inscription : 4 août 10, 13:53
Last.fm
Localisation : Paris

Re: Guerre et paix (Sergei Bondarchuk - 1967)

Message par Rick Blaine »

Faute de temps, je n'ai fait que survoler le texte, mais déjà les captures font envie quant à la qualité esthétique de ce film.
Je vais lire ça dans le détail, mais déjà pour m'avoir flatté l’œil, merci Demi-Lune! :D
Répondre