Bette Davis (1908-1989)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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spideroman59
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Message par spideroman59 »

Une certaine femme, Edmund Goulding, 1937

Première collaboration entre Goulding et Bette Davis.
Bette Davis a un lourd passé; c'était la femme d'un gangster tué lors du massacre de la Saint-Valentin. Quatre ans plus tard elle est secrétaire dans un cabinet d'avocat mais son passé refait surface et le père de celui qu'elle aime, un jeune homme riche mais pas très affirmé (Henry Fonda, très amusant et suprenant dans ses premières scènes), obtient l'annulation de leur mariage.
Comme dans La vieille fille on trouve un personnage dont le bonheur est rendu impossible (ou compliqué) par les conventions sociales et qui, au lieu de s'imposer, d'abattre les obstacles, choisis (sagement ou pas...) de les accepter, de les contourner.
On peut soit être agacé soit trouver très beau l'esprit de sacrifice dont fait preuve le personnage dans ses multiples choix au long du film...

Une liste des choix contestables ou admirables (à lire si on a vu le film ou si on n'a pas l'intention de le voir, ou si on est vraiment trop curieux):
Spoiler (cliquez pour afficher)
Quand le père de son mari vient s'opposer au mariage elle prend ses affaires et rentre chez elle en espérant que son mari vienne.
Elle cache à son ancien mari l'existence du fils duquel elle était tombée enceinte pendant la nuit de noces.
Son ancien mari est remarié mais lui dit qu'il veut quitter sa femme pour se remarier avec elle; elle lui demande de ne pas le faire car sa femme est en chaise roulante et l'aime.
Elle confie son fils, qu'elle a élevé seule et qu'elle aime plus que tout, à son père.
Mais, après avoir fais souffrir le personnage,et nous avec, arrive enfin, comme dans la vieille fille, le moment du bonheur.
Et puis pour sourire il y a aussi le gamin qui joue le fils du personnage de Bette Davis qui est assez amusant en tenue de marin et quand il chante du yodle :uhuh:
Un drame intéressant, parfois lourd, certainement daté, mais que j'ai trouvé globalement agréable, en grande partie, je l'avoue, grace au couple formé par Bette Davis et Henry Fonda.
Peut-être plus qu'aux personnes elles-mêmes c'était à leur indocilité, à leur capacité à s'extirper de ce avec quoi on les confond, de ce qu'on voudrait qu'elles soient, qu'il fallait faire confiance.
Gentleman Jim
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Message par Gentleman Jim »

Nestor Almendros a écrit :LE GRAND MENSONGE d'Edmund Goulding (Cinéma de Minuit)
Ce qui plombe le film c'est aussi la performance à la limite du ridicule de Mary Astor, pourtant dans les autres films que j'ai vu avec elle, je trouvais cette actrice plutôt bonne, ici, elle m'a agacée.
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Gentleman Jim a écrit :
Nestor Almendros a écrit :LE GRAND MENSONGE d'Edmund Goulding (Cinéma de Minuit)
Ce qui plombe le film c'est aussi la performance à la limite du ridicule de Mary Astor, pourtant dans les autres films que j'ai vu avec elle, je trouvais cette actrice plutôt bonne, ici, elle m'a agacée.
Elle y est au contraire magnifique... Une de ses meilleures interprétations.
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Ducdame
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Message par Ducdame »

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Dernière modification par Ducdame le 29 janv. 09, 19:52, modifié 1 fois.
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

The Man Who Came to Dinner (1942), de William Keighley.

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Tiré d'une pièce à succès de Broadway, ce film se veut une satire des gens du spectacle de l'époque, avec des personnages rappelant Gertrude Lawrence Noel Coward ou Harpo Marx notamment. Il est servi par une excellente distribution : Monty Wooley, qui reprend son rôle et qui débite de fort réjouissantes vacheries à la mitraillette, rappelant par moments Sacha Guitry, Bette Davis, en secrétaire dévouée mais sans illusion, Ann Sheridan, en actrice croqueuse de diamants, ou encore Mary Wickes, Jimmy Durante, Billie Burke et Reginald Gardiner. Les dialogues sont ciselés, permettant d'oublier une mise en scène assez conventionnelle. Un très bon moment.
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Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

OF HUMAN BONDAGE (L'EMPRISE) de John Cromwell (1934)

Un mélodrame pas désagréable mais assez basique, où les personnages sont d'abord vite croqués, vite catalogués, pour alimenter une intrigue sans beaucoup de surprises. Leslie Howard campe un handicapé innocent qui tombe aveuglément amoureux de la malsaine Bette Davis. Leur relation tumultueuse tranformera peu à peu le personnage d'Howard, en le rendant plus solide et moins aveugle. Bette Davis campe une femme fourbe, et l'on peut déjà sentir le genre de performances pour lesquelles elle sera rapidement connue. Ici, elle joue avec un accent anglais, des regards de biais, une expressivité un peu appuyée (mais c'est le jeu de l'époque qui veut ça) et une transformation physique (décheance) assez pertinente et impressionante. C'est probablement grâce aux comédiens (et à Bette Davis :fiou: ) que le film passe aussi bien, aussi facilement, et que l'on fait abstraction d'un scénario qui parait bien vieillot aujourd'hui. Le réalisateur semble apposer les scènes les unes après les autres, sans forcément beaucoup de fluidité, et ce malgré un jeu répété avec des transitions visuelles (fondu au flou, panoramique filé, etc: il a l'air d'y prendre beaucoup de plaisir).

Je l'ai acheté il y a quelques temps à 1€ sur CDiscount. Le master (là encore) ne les vaut pas (domaine public) mais reste regardable, ne serait-ce que pour la découverte. Ajoutons des sous-titres aussi cheaps que la restauration, avec un nombre impressionnant de coquilles...

J'entame incéssamment le coffret métal Warner consacré à l'actrice...
Dernière modification par Nestor Almendros le 1 mai 08, 23:08, modifié 5 fois.
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Re: Bette Davis

Message par francesco »

Le coffret comporte réellement des merveilles :
L'Insoumise bien sûr mais surtout Victoire sur la nuit, qui reste pour moi son plus beau rôle de sa seconde période Warner (qui est celle que je connais le mieux : j'ai dû voir tous ses films entre 38 et 50) : je n'ai jamais vu un jeu aussi frémissant, à fleur de peau, chez aucune actrice. Dieu que j'ai pleuré avec ce film !
Et Femme aimée et toujours jolie est une superbe "composition" pour l'actrice, un tour de force (elle est magnifiquement accompagnée par Claude Rains).
Ce type de film est tellement bon qu'on a pas besoin de "réajuster" son esprit, contrairement à Femmes marquées ou l'Homme qui vint dîner, beaucoup plus tributaires de leurs temps, de leur studio, du genre auxquels ils appartiennent.

Sinon j'aime beaucoup la longue critique que Ducdame a fait de La Voleuse. C'est très finement analysé.
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Message par Nestor Almendros »

FEMMES MARQUEES de Lloyd Bacon (1937)

Le coffret métal consacré à Bette Davis commence très doucement avec ce film qui, sans être dénué d'intérêt, reste bien mineur par rapport à d'autres films de l'actrice. C'est surtout un bon exemple illustrant certains défauts que je trouve aux films de cette époque (30's) avec lesquels j'ai souvent du mal. Il faut dire que Lloyd Bacon n'est pas forcément connu pour être un très grand réalisateur, ce film souffre de beaucoup de défauts de mise en scène, de rendu, avec surtout un aspect "théatre filmé" très prononcé. Le rendu réaliste semble ainsi passer au second plan (surtout après un visionnage de nos jours), appuyé par une utilisation très parcimonieuse de la musique (beaucoup de dialogues, sans bruits de fond ou accompagnement musical): on ne voit que les acteurs dont le jeu semble parfois un peu exagéré.
De la même époque, j'ai déjà croisé d'autres oeuvres mieux bâties, laissant une impression plus satisfaisante (vu il y a peu JE SUIS UN EVADE... de 1933 je crois!), c'est pour cela que je trouve ce FEMMES MARQUEES déjà daté dans le style.

Le scénario reste parfois intéressant. On évolue dans un milieu à priori croustillant, avec un super méchant et d'innocentes victimes du système. Rien de bien nouveau, ni de réellement passionnant.

Attendons la suite.
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Message par Nestor Almendros »

UNE FEMME CHERCHE SON DESTIN (NOW VOYAGER) d'Irving Rapper - 1942

Suite du coffret métal avec ce mélodrame qui, sans me déplaire, offre incontestablement une surdose d'effets qui ont eu, sur moi, un peu l'effet inverse. Non que je n'ai pas été touché par le film, mais trop souvent cela manque tellement de finesse dans la structure et la gestion des sentiments que ce fut parfois presque la goutte d'eau. Bette Davis joue encore le rôle d'une vieille fille (après THE OLD MAID), sauf qu'ici le personnage s'émancipe rapidement. Heureusement, d'ailleurs, car on n'a pas à supporter longtemps le maquillage de l'actrice qui, au début, est un petit peu trop exagéré, notamment sur les sourcils épais. Difficile de ne pas voir, dès les premières minutes, de petites exagérations comme celle-là qui pourront apparaitre de temps en temps dans le film.

Si les détails psychanalitiques peuvent être pertinents (ça a bien vieilli aujourd'hui mais la naïveté de l'époque joue aussi), si le scénario offre de bonnes idées et de bonnes utilisation dans ce sens, j'ai parfois ressenti un élan pachydermique pour amener l'émotion et pour user l'intrigue sentimentale jusqu'à la corde. Ainsi, les multiples coups de théatre de l'intrigue amoureuse sont trop évidents pour passer inaperçus. Je suis aussi beaucoup moins client de quelques scènes à l'humour décalé qui viennent comme un cheveu sur la soupe: par exemple ce chauffeur brésilien qui gesticule après l'accident - évènement d'ailleurs salutaire mais trop facile pour faire rester Davis un peu plus longtemps avec son idylle.

J'ai beau comprendre et aimer les personnages, j'ai simplement trouvé que c'était un mélo très basique dans sa démarche émotionnelle. Je le répète, j'ai quand même apprecié mais c'est surtout dû au charme du film (et de l'époque), à l'interprétation de Bette Davis et à son personnage, ainsi que certaines parties du film qui sont réellement prenantes. Je repense, notamment, aux savoureuses confrontations entre la mère tyrannique et sa fille.

J'ai survolé pas mal d'appréciations positives sur le forum. En voici une
Kurwenal (le 23 août 2004) a écrit :Découverte de ce très beau mélodrame où les effets sont beaucoup moins appuyés qu'on aurait pu le craindre, c'est incontestable. Cinématographiquement, ce film ne renie pas ce qu'il doit au théatre et sur ce plan uniquement il se rapproche quelque peu de "Little Foxes" et moins de "Dark Victory", deux autres films avec Bette Davis que j'ai revus récemment.
En outre celui la me semble être de ceux qui ont ouvrert la voie au genre psycho-analytique auquel se sont frottés de nombreux metteurs en scène avec des bonheurs divers mais toujours, à cette époque, avec une simplification qui nous semble aujourd'hui assez naïve...soit! Alors même si la thématique mérite sans doute le qualificatif de "désuète" elle est admirablement traitée par une mise en scène efficace avec un sens de l'allant et du mouvement, édifice auquel la caractérisation des personnages et la qualité des dialogues apportent leur pierre.
Bien agréable score de Max Steiner et surtout interprétation éblouissante de Bette Davis qui dose savamment les effets sans jamais se fourvoyer malgré les risques...et l'ensemble ne fonctionne pas dans le larmoyant.
Quelle comédienne!

Recommandé sans la plus minime réticence aux amateurs de beaux et grands films hollywoodiens (Dvd impeccable, en plus)
Dernière modification par Nestor Almendros le 5 juil. 08, 22:44, modifié 1 fois.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Bette Davis

Message par someone1600 »

Dernierement j'ai regardé All about Eve que j'ai adoré. Comme d'habitude, Bette Davis est fantastique dans ce film. :wink:
Ducdame
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Re: Bette Davis

Message par Ducdame »

.
Dernière modification par Ducdame le 6 mai 09, 12:51, modifié 1 fois.
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cinephage
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Re: Bette Davis

Message par cinephage »

Mr. Skeffington, de Vincent Sherman (1944)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Pari osé pour la star de la Warner, puisqu'il s'agit pour elle d'incarner une coquette courtisée dont les appats résistent au temps, alors que Bette Davis n'a pas forcément le physique glamour. Pourtant, elle parvient à rendre crédible, de façon indéniable, son personnage, en portant son affeterie, son indifférence et sa vanité à un très niveau. On aboutit à un être qui oscille entre le monstrueux et la fragilité (on sent à quel point son équilibre repose sur peu de choses), qui parvient à choquer, mais aussi à toucher le coeur de son public. Il est d'ailleurs frappant, à la fin du film, lorsque Bette Davis se vieillit de façon extrême, d'y trouver cette faculté d'enlaidissement qui l'a tant suivie.
Grace à une interprétation sans faille (B.Davis est fabuleuse, mais elle est très bien entourée. Je suis par ailleurs surpris de découvrir un Claude Rains plus sensible et bon que dans les rôles pour lequel je le connaissais), une pléïade de seconds rôles succulents, héritée des films des années 30 (la floppée de ses courtisans, ses domestiques...), et c'est sans doute dans cette qualité de l'interprétation que réside le succès du film.
Ne connaissant Vincent Sherman que de nom (je le voyais un peu comme un tacheron), j'appréhendais un peu sa mise en scène, mais le film est suivi avec une certaine neutralité qui le nuit en rien à l'ambiance, bien au contraire. Le rythme est soutenu, le film porte quelques bonnes idées de cadrage et d'utilisation de la musique, bref, c'est bien fichu, rien à dire.

Au final, entre Eve, Baby Jane, Apple Annie et Mrs Skeffington (et, dans une moindre mesure, Elisabeth d'Angleterre), je retrouve chez cette comédienne un gout pour le risque et la remise en question de soi par l'enlaidissement et/ou l'incarnation de femmes au physique défaillant, contraintes par le temps ou leur position sociale à renoncer à l'amour des hommes, à la beauté ou à la gloire. Une comédienne qui, au dela de son impeccable cinégénie (elle mange vraiment l'écran), développe des rôles dangereux, se remet en question, et tire ses partenaires de jeux vers le haut. Une très grande dame.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Huw Morgan
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Re: Bette Davis

Message par Huw Morgan »

cinephage a écrit :Mr. Skeffington, de Vincent Sherman (1944)
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Pari osé pour la star de la Warner, puisqu'il s'agit pour elle d'incarner une coquette courtisée dont les appats résistent au temps, alors que Bette Davis n'a pas forcément le physique glamour. Pourtant, elle parvient à rendre crédible, de façon indéniable, son personnage, en portant son affeterie, son indifférence et sa vanité à un très niveau. On aboutit à un être qui oscille entre le monstrueux et la fragilité (on sent à quel point son équilibre repose sur peu de choses), qui parvient à choquer, mais aussi à toucher le coeur de son public. Il est d'ailleurs frappant, à la fin du film, lorsque Bette Davis se vieillit de façon extrême, d'y trouver cette faculté d'enlaidissement qui l'a tant suivie.
Grace à une interprétation sans faille (B.Davis est fabuleuse, mais elle est très bien entourée. Je suis par ailleurs surpris de découvrir un Claude Rains plus sensible et bon que dans les rôles pour lequel je le connaissais), une pléïade de seconds rôles succulents, héritée des films des années 30 (la floppée de ses courtisans, ses domestiques...), et c'est sans doute dans cette qualité de l'interprétation que réside le succès du film.
Ne connaissant Vincent Sherman que de nom (je le voyais un peu comme un tacheron), j'appréhendais un peu sa mise en scène, mais le film est suivi avec une certaine neutralité qui le nuit en rien à l'ambiance, bien au contraire. Le rythme est soutenu, le film porte quelques bonnes idées de cadrage et d'utilisation de la musique, bref, c'est bien fichu, rien à dire.

Au final, entre Eve, Baby Jane, Apple Annie et Mrs Skeffington (et, dans une moindre mesure, Elisabeth d'Angleterre), je retrouve chez cette comédienne un gout pour le risque et la remise en question de soi par l'enlaidissement et/ou l'incarnation de femmes au physique défaillant, contraintes par le temps ou leur position sociale à renoncer à l'amour des hommes, à la beauté ou à la gloire. Une comédienne qui, au dela de son impeccable cinégénie (elle mange vraiment l'écran), développe des rôles dangereux, se remet en question, et tire ses partenaires de jeux vers le haut. Une très grande dame.
Belle déclaration d'amour cinéphile. Je viens juste de découvrir Jezebel, The Letter & All this, and heaven too sur TCM. Le portrait "All about Bette" présenté par Jodie Foster laisse voir des images très intriguantes de Mr Skeffington. J'espère découvrir ce film un jour. J'ai surtout beaucoup apprécié l'atmosphère de The Letter, sa photographie très travaillée et, bien sur, ce rôle de sacrée menteuse !
Dernière modification par Huw Morgan le 28 sept. 08, 05:43, modifié 1 fois.
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Cathy
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Re: Bette Davis

Message par Cathy »

Juarez et Maximilien - Juarez (1939) - William Dieterle

Evocation de Juarez au moment de l'Empire du Mexique dirigé par Maximilien de Habsbourg, frère de l'empereur Franz Joseph.


Que dire de ce film si ce n'est qu'il est le reflet des films historiques hollywoodiens. Certes l'histoire est réelle, mais elle est quelque peu malmenée, Napoléon III est montré comme un salaud total alors que ce n'était pas tout à fait le cas et le pape n'est pas du tout évoqué alors qu'il avait affaire dans l'histoire. Le film repose sur l'interprétation de Paul Muni en Juarez qui campe le mexicain d''origine indienne d'une manière fabuleuse, même si quelque peu dérangeante notamment par le hiératisme et le monolithisme du personnage. On n'éprouve aucune sympathie pour ce personnage, et on admire juste le talent de l'acteur et la reconstitution de sa diligence-bureau. Brian Aherne campe un Maximilien très affecté, il est vrai que d'après la rumeur on évoque l'homosexualité du personnage, mais c'est assez curieux de voir cette interprétation à l'époque. Seule Bette Davis semble moderne entre les deux acteurs. Certes, elle fait son numéro dans le début de ses crises de paranoia, mais elle est touchante quand elle prie pour que Dieu lui accorde un enfant et ce sont sans doute les plus belles scènes notamment la fuite de Carlotta devant le Malin. Certes on trouve ici ou là de belles scènes filmées, mais le film n'en reste pas moins longuet et poussif, et on n'a guère de compassion pour la cause mexicaine.
Droudrou
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Re: Bette Davis

Message par Droudrou »

Pour essayer de répondre à Cathy (ce qui n'est guère évident) je penserai que notre vision présente des films historiques est devenue moins Hollywoodienne dans la mesure où nous serions plus exigents (!!! et ???) par rapport à certaines réalités même si des élipses ou des arrangements apparaissent parfois nécessaires...
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
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