Sybille a écrit :Vous conseillez quoi comme films de Belmondo dans les années 70/80 (voire 60 mais je pense pouvoir mieux m'y retrouver) ?
Naturellement ça dépend des goûts, mais je pense que
Le Magnifique est la valeur sûre des 70s, mettant jovialement en images les souffrances et délires du créateur dont la création lui échappe, ici François Merlin, écrivain pathétique, divorcé et fauché, clopant comme s'il était dans un film de Sautet, et son double imaginaire, Bob Saint-Clar (nom que l'autre va piquer, mais aux platines ici c'est Claude Bolling et il envoie du lourd), super-espion à la OSS 117 période Dujardin avant l'heure, accompagné de Tatiana (alias Christine, voisine thésarde dans la vie de Merlin), la plus belle femme de l'histoire de l'Univers. Littéralement, puisque c'est Jacqueline Bisset.
Si les 70s ne sont pas ma période préférée de l'acteur, ce film est quand même mon Belmondo favori, chaudement placé dans mon Top 10 des films préférés de tous les temps. Un véritable
cheffe-d'œuvre de comédie mélangeant deux films en un, quatre personnages avec deux acteurs, et deux coins du globe aux antipodes : le fantasme jamesbondien d'un Mexique romantique et burlesque, et le Paris pluvieux des quadras solitaires et mélancoliques.
Dans les autres comédies de l'époque, Zidi remporte la palme avec
L'Animal. C'est nettement plus léger, on passe surtout un moment sympa à voir Bébel s'autoparodier (encore un double-rôle, celui d'une star de cinéma et de sa doublure-cascade), le voir échouer à reconquérir sa petite amie jouée par... Raquel Welsh (!), pendant que Zidi pastiche les tournages de cinéma en faisant intervenir Claude Chabrol himself (et Johnny Hallyday!) dans un caméo où il joue son propre rôle.
Mais si tu veux quelque chose de plus "sérieux", que dirais-tu d'un excellent drame policier déstructuré en flash-backs dans le milieu, très chabrolesque, de la petite bourgeoisie provinciale (où ma nordique région minière d'origine offre un irremplaçable décor sinistre), avec
Le Corps de mon ennemi d'Henri Verneuil ? Franchement ? Pas mal du tout. Casting cinq étoiles (Marie-France Pisier, Bernard Blier, Claude Brosset, Nicole Garcia, Bernard-Pierre Donnadieu et les fidèles trognes amicales de Michel Beaune et Charles Gérard). Je suis beaucoup moins fan de
Stavisky d'Alain Resnais et de
L'Héritier de Labro.
Le Casse est assez moyen (pour être gentil), malgré une belle (mais trop longue) poursuite en Fiat dans les ruelles athéniennes, le charmant décorum seventies, et (la meilleure scène) la rencontre Bébel/Omar Sharif, le voleur et le flic tous deux décontractés, à une table d'un restau grec avec discussions autour d'imam bayildi et de moussaka, qui sera plus tard pompée en moins bien avec Pacino et De Niro dans
Heat.
Et surtout, quand même, Ennio Morricone aux partoches. Au moins écoute le CD, tout comme pour le fameux
Peur sur la ville. Celui-ci peut être considéré comme la meilleure tentative de "giallo" à la française (avec une des meilleures B.O. de toute l'immense carrière d'Ennio) mais aujourd'hui, mmmh ça passe ou ça... casse.
Avec
Le Voleur, où Bébel joue les gentleman-cambrioleur sous l'objectif de Louis Malle, on est dans le haut du panier, un très bon cru, mais c'est fin 60s (1967). Pareil avec le méconnu (et pourtant diablement bon)
Ho! (1968) de Robert Enrico, un bijou de petit film noir avec la très belle Joanna Shimkus dans une histoire de José Giovanni, chronique de vie avec ascension et déchéance d'une petite frappe devenue gangster, à l'ancienne, le tout magnifié par François de Roubaix.
D'ailleurs personnellement, je préfère la période des 60s de Bébel...
Classe tous risques, Léon Morin, prêtre, Le Doulos, Un singe en hiver, L'Homme de Rio, Echappement libre, Week-end à Zuydcoote, Cartouche, La Sirène du Mississpi, A bout de souffle, Pierrot le fou, Une femme est une femme...
mais bon sang, il n'y a rien à jeter là-dedans.
Années 80, c'est plus compliqué... On se réjouira tout de même d'y trouver une excellente leloucherie, le très bon
Itinéraire d'un enfant gâté (pour lequel il a eu son unique César - pour un rôle, donc en dehors du César d'honneur) ou, dans un tout autre genre,
L'As des as, une comédie d'aventures où Bébel fait la nique à Hitler, qui tournait en boucle dans mon enfance. Je suis incapable de le juger sévèrement, mais je pense que le meilleur moment de la vie pour le découvrir c'est quand on est gosse.
Si ton degré d'exigence est assez faible, et que tu aimes les pétoires dans la ceinture des jeans qui moulent les burnes des vrais mecs qui en ont,
Le Professionnel, Le Marginal et
Le Solitaire, c'est le trio infernal des 80's. Attention, je n'ai rien contre (deux d'entre eux sont musiqués par Ennio Morricone, encore et toujours, et même si l'une des
soundtracks ré-utilise un vieux thème lui-même ensuite
ré-ré-utilisé dans une célèbre pub pour alimentation canine, et que l'autre
soundtrack figure dans sa période "basse slappée", la zic du Maestro apportera
toujours une plus-value), mais je ne suis pas sûr que cela puisse correspondre à tes recherches.
En conclusion, le plus important, c'est de rappeler que je suis le vainqueur de trois quizz du jour.