George Cukor (1899-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

frédéric a écrit : 18 sept. 20, 17:26 L'oiseau bleu


Une grosse curiosité, l'avant dernier film de Cukor adapté d'une pièce de théâtre et tourné en Russie. Ca ressemble un peu au Magicien d'Oz mais en moins bien. La meilleure séquence est celle de la nuit jouée par Jane Fonda et des enfants du futur. Elizabeth Taylor est plutôt bonne dans un de ses derniers grands rôles, le visuel oscille entre le bon et le moins bon. Enfin la copie diffusée par TCM est très moyenne, peut être vu la rareté du film. Cela donne un ensemble inégal mais pas déplaisant, aimerai découvrir du coup la version des années 40 avec Shirley Temple.
Oui en voyant l'état de la copie j'ai préféré ne pas le regarder. Le Shirley Temple était passé en prime time dans les années 80, sur fr3 il me semble.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13985
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Alexandre Angel »

Idem pour L'Oiseau bleu : la laideur de l'image (est-ce seulement une question de copie?) et la réputation du film m'ont fait décrocher au bout de 5 minutes. C'était vraiment pas le film de ce soir-là.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
frédéric
1st Degree
Messages : 13648
Inscription : 28 août 04, 18:49
Localisation : Une galaxie lointaine, très lointaine
Contact :

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par frédéric »

Jeremy Fox a écrit : 18 sept. 20, 18:32 Oui en voyant l'état de la copie j'ai préféré ne pas le regarder. Le Shirley Temple était passé en prime time dans les années 80, sur fr3 il me semble.

Exact, dans mes souvenirs lointains.
Blogs Perso, Cinéma de Minuit : http://cineminuit.fr.over-blog.com/

Cinéma Actuel : http://sallesobscures2.over-blog.fr/

"And Now Mr Serling"
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re:

Message par Jeremy Fox »

Sybille a écrit : 16 déc. 06, 00:39
Born Yesterday / Comment l'esprit vient aux femmes
George Cukor (1950)
Tout à fait ça même si je suis toujours aussi admiratif de la mise en scène de Cukor, tout du moins ici de sa direction d'acteurs. Et puis moi qui suis en plein Les Soprano, j'ai cru voir tout du long en Broderick Crawford le modèle de James Gandolfini, son personnage en revanche bien moins fin et intelligent évidemment que celui de Tony : même gestuelle, même carrure, même manière de parler, mêmes intonations ; c'en était assez troublant :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Sybille
Assistant opérateur
Messages : 2147
Inscription : 23 juin 05, 14:06

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Sybille »

Oh là un message de 2006 :o (le côté pratique des forums !)

Ca commence à dater aussi mais j'avais revu le film en 2013 (là aussi, merci le topic 'film du mois') et avais baissé un peu ma note : 6,5/10.
Malgré tout, je sais que c'est un film que j'aime bien et que je reverrai volontiers un jour.

Au passage, j'admire et apprécie de plus en plus la filmographie de George Cukor :D
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Moi aussi. :wink:
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2390
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Barry Egan »

Femmes
Justin Kwedi a écrit :Ni misogyne, ni féministe mais simplement humain obéissant à leurs sentiments profonds : voilà la vision de la femme pour Cukor et le cheminement que suivra Norma Shearer.
Excellent résumé de ce que j'ai ressenti en regardant ce film, après son remake "The Opposite Sex" visionné la semaine dernière. L'absence d'acteurs masculins rend les thèmes universels, à l'inverse du remake (qui tombe souvent dans la misogynie et exonère les hommes de toute responsabilité, et que j'ai bien fait de voir tout de même parce qu'il éclaircit l'histoire, un peu obscurcie par le procédé de laisser les hommes de côté dans l'original). Norma Shearer est plus poignante que le chausson aux pommes, qui ne démérite pas pourtant. Le rôle de la séductrice est bien plus venimeux dans l'original, alors que le remake aplatit le personnage au nom d'une morale un peu mièvre, sauvée in extremis avec beaucoup moins d'aplomb. Et puis, l'original a plus de cœur (ces scènes entre la mère et la fille sont touchantes) et plus de profondeur. J'ai adoré les numéros musicaux dans le remake (le cowboy à la fin) mais ils ne m'ont pas manqué dans l'original. Un beau signe de réussite !
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Les Girls (1957)

Joy (Mitzi Gaynor), une américaine décomplexée, Sybil (Kay Kendall), une anglaise délurée et fantaisiste et Angèle (Taina Elg), une française très déterminée, étaient danseuses dans la troupe du chorégraphe Barry Nichols (Gene Kelly). Elles se retrouvent toutes trois, plusieurs années après, devant un tribunal. Les mémoires que Sybil vient de publier sont diffamatoires pour Angèle qui aurait soi-disant tenté de se suicider pour les beaux yeux de Barry après que celui-ci l’ait délaissé. Mariée à un puisant industriel français, Angèle désire que la vérité soit rétablie et que les rumeurs cessent. Elle affirme au cours de son témoignage que c’est au contraire Sybil, devenue entretemps Lady Wren, qui a voulu mettre fin à ses jours elle aussi à cause de Barry. Devant ces récits totalement contradictoires, la déposition de ce dernier devrait en principe faire éclater la vérité… ou pas !

A la lecture du sujet, on pourrait penser se trouver devant un austère film de procès. Il n’en est évidemment rien puisqu’il s’agit au contraire d’un des sommets de la comédie musicale hollywoodienne qui brillait ici encore de ses mille feux alors qu’elle n’allait pas tarder à progressivement s’éteindre (tout du moins telle qu’on la connaissait), son âge d’or - représenté surtout par les films sortis des studios RKO, Warner, Fox et évidemment MGM - étant derrière elle. Il s’agissait également de la première incursion de George Cukor dans le domaine du pur ‘Musical’, Une étoile est née (A Star is Born) devant plutôt être considéré comme un mélodrame avec certes de très nombreux numéros chantés et (ou) dansés, bien plus d’ailleurs que dans Les Girls qui n'en contient qu'à peine cinq. Dans les années 60, le grand réalisateur reviendra au genre à deux reprises avec la très sympathique confrontation Yves Montand/Marilyn Monroe dans Le Milliardaire (Let’s Make Love) et surtout avec son célèbre, à juste titre, My Fair Lady et le duo Rex Harrison/Audrey Hepburn Quoi qu’il en soit, comédies ou drames, quatre belles réussites alors que Cukor ne semblait avoir que très peu d’affinités avec le genre, l’avouant lui-même : "je ne me considère pas moi-même comme un metteur en scène de comédies musicales, ainsi que le sont Vincente Minnelli ou Stanley Donen. II y a quelque chose d’illogique dans les comédies musicales : les gens ouvrent leur bouche et se mettent soudain à chanter. Cela doit être fait d’une certaine manière, sans souci de réalisme."

En 1956, le producteur Sol Siegel vient de terminer Haute Société (autre grand moment de l’histoire du ‘Musical’) réalisé par Charles Walters, collaborant pour l’occasion avec deux grandes figures de Broadway, le musicien Cole Porter et le scénariste John Patrick (auteur entre autres au cinéma du magnifique Comme un torrent – Some Came Running de Minnelli). Enchanté du résultat, il décide de réunir à nouveau le duo pour un autre projet. Gene Kelly ayant envie depuis quelques temps d’interpréter un directeur de troupe de music-hall, Siegel acquiert les droits d’un livre de Vera Caspary (spécialiste des trios féminins, Chaines conjugales de Mankiewicz en étant l’exemple le plus célèbre) intitulé Les Girls, demandant au scénariste de partir du postulat de départ qu’il lui narra mais de ne pas lire le roman pour pouvoir réinventer tout le reste. Pour la cocasse anecdote, l’écrivaine s’amusera alors à dire qu’elle était devenue à ce moment-là l’auteure la mieux payée d’Amérique pour avoir touché 80.000 dollars de droits d’adaptation pour un simple titre ! Le producteur prévoit d’abord de confier le rôle des trois filles à Cyd Charisse, Leslie Caron et Carol Haney, mais ce sont finalement Kay Kendall, Taina Elg et Mitzi Gaynor qui seront retenues. Quant à Cukor, il est choisi après que le projet ait déjà bien avancé.

Cyd Charisse refuse la proposition pour tourner La Belle de Moscou (Silk Stockings) de Rouben Mamoulian, le remake du Ninotchka de Lubitsch avec Fred Astaire pour partenaire. Son remplacement par Mitzi Gaynor est remis en question par George Cukor qui doit néanmoins ployer devant son producteur. Carol Haney est remplacée par la talentueuse comédienne britannique, Kay Kendall, épouse de Rex Harrison, les spectateurs allant pouvoir admirer l’année suivante le couple dans une délicieuse comédie de Vincente Minnelli, Qu’est-ce que maman comprend à l’amour (The Reluctant Debutante). Quant à Leslie Caron, c’est la danseuse finlandaise Taina Elg qui prend sa suite. Un trio sur le papier bien moins prestigieux que celui prévu au départ mais qui s’en sort néanmoins haut la main. Devant être filmé sur les lieux de l’action à Paris, pour éviter les difficultés d’un tournage dans un appartement trop petit, l’équipe décide au final de tourner en studio à Hollywood de janvier à avril 1957. Bien leur en a pris car la reconstitution du lieu de vie des trois 'Girls' est d’une grande délicatesse, permettant au chef opérateur et à l’éclairagiste de faire de petits miracles, à l’image de ces onctueux plans nocturnes bleutés alors que l’on découvre les différents "suicides". Le film bénéficie d’ailleurs non seulement du panache et de l’élégance de Cukor (qui confirme au passage sa parfaite maestria dans l’utilisation du Cinemascope et du Technicolor) mais également de l’immense savoir-faire des équipes techniques de la Metro Goldwin Mayer et du charme inimitable des productions du studio dans le domaine.

Cukor, comme Minnelli, très attaché à l’aspect visuel de ses films fera appel au fabuleux Robert Surtees (Fort Bravo, Ben-Hur et j’en passe) en tant que chef opérateur, du non moins talentueux costumier Orry Kelly (Casablanca, Un Américain à Paris…) ainsi que du décorateur Richard Pefferle dont nous n’oublierons jamais le travail qu’il nous délivra pour ces chefs d’œuvres absolus du cinéma hollywoodien que sont Scaramouche et Kiss me Kate de George Sidney mais aussi pour l'inoubliable Les Contrebandiers de Moonfleet de Fritz Lang. Pour la partie musicale, Cole Porter compose des mélodies originales dont la chanson titre ainsi que 'Ça, c’est l’amour' qui deviendra un standard ou encore la délicieusement coquine 'Ladies in Waiting' entendue à deux reprises. Il faut néanmoins se rendre à l’évidence : même si ce sont de bonnes chansons, on est à des années-lumière des plus fameuses réussites du compositeur (Kiss me Kate notamment, probablement son chef d’œuvre) ; excepté la chanson-titre, et encore, aucune ne parvient à être entêtante même après avoir vu et revu le film. On peut imputer cette médiocrité d’ensemble - médiocrité pour du Cole Porter entendons-nous bien - au fait que le compositeur était alors très malade et qu’il demanda même à se faire assister par Saul Chaplin. A signaler qu’à l’exception de Kay Kendall qui fût doublée par Betty Wand, toutes les chansons sont interprétées par les comédiens du film.

Et bizarrement, ce n’est pas à Gene Kelly mais à Jack Cole que l’on confie la chorégraphie ; cependant lorsque ce dernier tombe malade en cours de tournage, c’est l’acteur qui règle lui-même certains numéros, dont le plus célèbre et le plus mémorable du film, le pastiche au milieu d’un très beau décor stylisé rouge et noir de L’Equipée sauvage (The Wild One) dansé avec Mitzi Gaynor. Entre nous, en espérant que ce ne sera jamais répété en dehors de ces lieux et en m’excusant par avance auprès des fans de Marlon Brando (dont je fais pourtant partie), il me semble avoir trouvé plus de cinéma et de talent dans ces trois minutes que dans l’intégralité du film de Laslo Benedek. Sorti en novembre 1957, Les Girls se révèle être un très grand succès mais s’il n’obtient que l’Oscar - tout à fait mérité - des meilleurs costumes et reçoit en revanche le Golden Globe du meilleur film et celui de la meilleure actrice, décerné à la fois à Taina Elg et Kay Kendall, cette dernière ayant étonné un grand nombre lors des séquences où elle est complètement éméchée. Il n’y a surement rien de plus difficile à jouer à l’écran sans que le résultat ne soit ni ridicule ni pénible ; miss Kendall évite les deux écueils avec une très grande classe et livre une performance comique assez ahurissante, au timing impeccable.

Alors bien évidemment, comme cela a souvent été dit, que Les Girls aurait pu être une comédie sans numéros musicaux tant il est évident que ceux-ci ne servent quasiment jamais à faire avancer l’intrigue et se contentent de servir de faire-valoir aux interprètes ! Les amateurs du genre vous rétorqueront que même si cela est vrai, là réside aussi l’une des constantes du genre et qu’ils aiment justement lorsque ça se met à chanter même si ces instants tant attendus ne font pas progresser d’un iota le récit. C'est du pur 'Entertainement' sur lequel ils ne crachent jamais, à condition - cela va de soi - que les chansons ou les numéros soient réussis. Les Girls s'avère donc être un harmonieux mélange d'une brillante satire de mœurs et de quelques beaux numéros musicaux. Alors que l’âge d’or des studios commençait à se déliter, Les Girls (avant le magnifique Gigi de Minnelli) est une des dernières comédies musicales de la MGM avec des musiques originales, les studios ne voulant ensuite plus prendre de tels risques, préférant la décennie suivante adapter les succès confirmés de Broadway. Le scénario ne se contente pas de relier les numéros chantés et dansés par une intrigue inepte mais reprend une structure analogue à celle déjà utilisée entre autres par Akira Kurosawa dans Rashomon, à savoir trois versions et trois points de vue différents sur les mêmes faits pour nous démontrer ici tout en légèreté, avec une habileté toute 'pirandellienne' et une savoureuse amoralité que le mensonge peut être un vecteur du bonheur, les ruses et roublardises de chacun des personnages leur permettant tous in fine de trouver l’âme sœur. Et d’ailleurs questionne le film au travers ses multiples fausses pistes et quasiment sans lourdeurs ni amertume : existe-t-il une vérité ? Chacun n’a-t-il pas la sienne ? L’homme sandwich à la fin de chacun des flash-back revient nous poser la question littéralement inscrite sur son panneau.

Un délicieux cocktail composé par la suprême élégance de la mise en scène, le rythme parfait de l’écriture, l'habileté et la sophistication du scénario, la savoureuse irrévérence des dialogues, la plaisante musique de Cole Porter (que l'on a donc connu pourtant bien plus inspiré), la chorégraphie impeccable de Jack Cole et Gene Kelly ainsi que par un parfait quatuor de pétillants comédiens dont Kay Kendall qui décèdera bien trop tôt alors qu’elle était partie pour entamer une grande carrière. L’une des dernières grandes comédies musicales de l’âge d’or du genre dont on retiendra aussi surtout une direction artistique absolument sublime dont la photo de Robert Surtees, que ce soit dans le chatoiement ou les tons pastel. Gene Kelly ne tournera ensuite plus aucun film pour la MGM : “From their hats to their nose, from the tips of their toes up to their curls, I simply adore Les Girls, les Girls, les Girls” entonnera-t-il encore pour la dernière fois pour le studio du lion qui lui a tout donné.

Un pur régal dans lequel si les femmes sont toutes des menteuses et des roublardes, les hommes ne sont pas mieux lotis, leur goujaterie, leur misogynie et leur égoïsme faisant passer leurs partenaires féminines pour des anges, George Cukor s’avérant une fois encore l’un des plus grands directeurs d’actrices du Hollywood de cette époque mais aussi l'un des plus grands défenseurs/louangeurs de la femme.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13985
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Alexandre Angel »

Jeremy Fox a écrit : 20 sept. 21, 22:09 Le scénario, adapté d’une nouvelle de Vera Caspary (Chaînes conjugales, La Femme au Gardénia…) ne se contente pas de relier les numéros chantés et dansés par une intrigue inepte mais reprend une structure analogue à celle déjà utilisée par Kurosawa dans Rashomon, à savoir trois versions et trois points de vue différents sur les mêmes faits
Et justement, puisque tu mets le doigt dessus, c'était aussi, sauf erreur, le principe de Chaînes conjugales, que je n'ai pas vu depuis longtemps.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit : 20 sept. 21, 22:27
Jeremy Fox a écrit : 20 sept. 21, 22:09 Le scénario, adapté d’une nouvelle de Vera Caspary (Chaînes conjugales, La Femme au Gardénia…) ne se contente pas de relier les numéros chantés et dansés par une intrigue inepte mais reprend une structure analogue à celle déjà utilisée par Kurosawa dans Rashomon, à savoir trois versions et trois points de vue différents sur les mêmes faits
Et justement, puisque tu mets le doigt dessus, c'était aussi, sauf erreur, le principe de Chaînes conjugales, que je n'ai pas vu depuis longtemps.
Pas tout à fait quand même car dans le Mankiewicz les flash back montrent trois histoires différentes il me semble, celles des trois femmes qui se remémorent chacune leur vie de couple. Dans les Girls, ce sont quelques journées qui sont racontées de trois points de vues différents.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 13985
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Alexandre Angel »

Oui, c'est vrai.
Disons qu'il y a aussi trois femmes et trois histoires qui s'articulent autour d'une quatrième femme, susceptibles d'avoir piqué le mari de l'une des trois. Et comme tu m'apprends (ou me rappelles, mais l'avais-je vraiment su ?) que Vera Caspary est le point commun aux deux films, ça faisait résonnance..

Dans mon souvenir, c'était un beau Mankiewicz.

Quant à Cukor, je me trouve incapable d'élire un film que je préfèrerais aux autres. Tout simplement parce que je pense ne pas maîtriser le sujet bien que j'en ai vu et aimé il y bien longtemps.
J'avais très longtemps élu My Fair Lady, qui m'avait ébloui au Max Linder, à l'occasion d'une reprise en 1988
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

Alexandre Angel a écrit : 20 sept. 21, 22:58
J'avais très longtemps élu My Fair Lady, qui m'avait ébloui au Max Linder, à l'occasion d'une reprise en 1988
Je le vois cette semaine. :wink:
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17066
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Watkinssien »

Jeremy Fox a écrit : 21 sept. 21, 06:07
Alexandre Angel a écrit : 20 sept. 21, 22:58
J'avais très longtemps élu My Fair Lady, qui m'avait ébloui au Max Linder, à l'occasion d'une reprise en 1988
Je le vois cette semaine. :wink:

En tout cas, je partage ton enthousiasme pour Les Girls, que j'ai toujours considéré comme une œuvre majeure de Cukor.
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Profondo Rosso
Howard Hughes
Messages : 18488
Inscription : 13 avr. 06, 14:56

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Profondo Rosso »

Ma vie à moi (1950)

Image

Lily Brannel James quitte sa petite ville du Kansas pour devenir mannequin dans une célèbre agence, celle de Thomas Caraway. Elle y rencontre la top model Mary Ashton qui devient immédiatement son mentor. Mais sa carrière est déclinante et, déprimée, elle se suicide lors d'une nuit d'ivresse. Lily devient la nouvelle coqueluche de l'agence. Son ami avocat Jim Leversee lui présente un riche propriétaire minier, Steve Harletgh. Lily et lui tombent rapidement amoureux mais Steve est un homme marié.

A Life of her own est un mélodrame et portrait féminin prometteur mais qui semble avoir été un peu dilué et gâché par sa production mouvementée. Le film adapte The Abiding Vision, l'une des quatre nouvelles du recueil The Harsh Voice: Four Short Novels de Rebecca West publié en 1935. Rebecca West était une autrice, journaliste et intellectuelle connue pour ses positions gauchistes et son engagement féministe, éléments qui persistent encore légèrement dans le film dans l'authenticité du personnage pauvre et ambitieux de Lana Turner, ainsi que dans la description du milieu du mannequinat. Le premier script apparemment assez fidèle à la nouvelle est rejeté par la commission Hays, tant par sa vision glauque des agences de mannequin lorgnant sur la prostitution, que par sa description dénuée de culpabilité d'une relation adultère. Un fois la production lancée les problèmes persistent avec un Vincente Minnelli initialement envisagé s'avère indisponible à cause des reports causés par les réécritures. George Cukor prend la suite mais reniera le film après la sortie à cause de la fin tragique envisagée qui sera édulcorée par le studio. Lana Turner refuse dans un premier temps le rôle avant d'être rappelée à ses obligation par le studio et la mésentente avec Wendell Corey initialement envisagé mènera à son remplacement tardif par Ray Milland.

Le résultat n'est pas inintéressant malgré ces écueils mais laisse un sérieux goût d'inachevé. On suit l'arrivée pleine de détermination à New York de Lily (Lana Turner), jeune femme bien décidée à se faire un nom dans la grande ville. La scène de départ à la gare, puis la première rencontre avec le directeur de l'agence (Tom Ewell) laisse deviner la rudesse de son existence passée et les efforts consentis pour quitter son Texas natal. Ses premiers pas lui laissent entrevoir le mauvais pas qu'elle pourrait prendre lorsqu'elle rencontre Mary (Ann Dvorak) une mannequin vieillissante et abîmée par les excès dont elle va indirectement constater le suicide. Dès lors Lily tout à sa carrière n'obéit qu'à son ambition, tout en ayant un sentiment de vide. Lana Turner est très convaincante dans ce registre, préfigurant en plus juvénile et taciturne son rôle à venir dans Mirage de la vie (1959), notamment dans la gouaille dont elle est capable pour repousser les prétendants corrupteurs et susceptible de la tirer vers le bas. Il y aurait presque un mimétisme à faire entre la vie de l'actrice et son personnage sur certains points tel que l'enfance difficile et la perte prématurée d'un parent, et le montage sur les photos de la carrière de mannequin de Lily semblent parfois reprendre certaines images d'exploitation de l'actrice pour la MGM, sans parler du dilemme entre la femme et l'icône papier glacée. Mais au lieu de nous faire découvrir les pans sombre de ce milieu professionnel, l'intrigue bascule vers le soap avec la relation adultère qu'elle va entretenir avec Steve (Ray Milland) un homme d'affaire marié. On sent toute la finesse de Cukor pour dépeindre les premiers pas de la romance où, lui à ses affaires et elle tout à sa carrière, semblent rejeter sans y parvenir leur attirance. Les silences avant une première séparation et les adieux d'une scène d'aéroport tout en émotion contenue offrent des moments très touchants et Lana Turner s'avère particulièrement émouvante. Le problème est que le film ne parvient pas complètement à rebondir après cela, la culpabilité après la découverte du mariage de Ray sentant effectivement l'appui des censeurs tant la fluidité manque dans l'intrigue pour instaurer ce dilemme qui ne tient qu'à la conviction des acteurs.

La quête d'absolu de Lily et le rapprochement progressif de ce destin avec celui de son amie disparue plane, et Lana Turner se perd un peu en jouant de façon trop forcée l'autodestruction dans une scène de fête. Il y a comme quelque chose de plaqué qui empêche l'ensemble de fonctionner, mais les personnages vont de nouveau maintenir l'intérêt. La poignante confrontation entre Lily et l'épouse (Margaret Phillips) de Steve est un beau moment de résignation, et les retrouvailles avec le sournois Lee (Barry Sullivan) ayant cherché à l'avilir au début offre un contrepoint assez sombre du cheminement de l'héroïne à travers un dialogue cruel. C'est donc assez inégal et souffrant de ses compromis, à l'image de sa séquence finale tournant le dos à la tragédie annoncée pour un happy-end très artificiel. 3,5/6
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99496
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

What Price Hollywood chroniqué par Nicolas Bergeret.
Répondre