La Comédie italienne

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Joshua Baskin
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Re: La Comédie italienne

Message par Joshua Baskin »

Jean-Pierre Festina a écrit : 26 févr. 21, 10:31 Détenu, c'est pas vraiment une comédie en fin de compte, je ne fais que relayer assez bêtement le malentendu lancé par Arca1943 en début de topic...

Et Au nom du peuple italien, je cherche encore ce que ça a de plus qu'un épisode de Columbo :mrgreen:
Dans ce cas-là, même si mon souvenir est un peu lointain, Une vie difficile est presque davantage un drame qu'une comédie non ?

Quant à Lina Wertmuller, le seul que j'ai vu d'elle jusqu'à présent (Chacun à son poste et rien ne va) m'a rapidement fatigué, trop d'énergie, trop de dialogues, trop de hurlements, trop de tout. Mais j'en ai quelques autres sous la main qu'il faudrait que je lance. Je suis très intrigué notamment par Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été, remaké 20 ans plus tard par John Schlesinger avec Madonna.
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

primus a écrit : 26 févr. 21, 14:01 Oui. Ton commentaire me fait penser à la plupart des Mocky des années 2000 qui sont tellement... tout ça, que ça en devient fascinant, merveilleux. Mocky qui aimait beaucoup la comédie italienne et lui rendait hommage très souvent.
Oui, un italophile, ce Mocky : il avait tourné, comme acteur, plusieurs films en Italie dans les années 50, et dès ses débuts de réalisateur, il s'inspirait du ton libre et insolent de certaines comédies contemporaines. Dans La Cité de l'indicible peur, la vie de village avec ces notables confits ou, de façon plus accessoire, le petit tic buccal de Poiret (directement inspiré, je pense, de celui de Mastroianni dans Divorce à l'italienne) viennent assez directement de l'autre côté des Alpes.
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:04 Quant à Lina Wertmuller, le seul que j'ai vu d'elle jusqu'à présent (Chacun à son poste et rien ne va) m'a rapidement fatigué, trop d'énergie, trop de dialogues, trop de hurlements, trop de tout. Mais j'en ai quelques autres sous la main qu'il faudrait que je lance. Je suis très intrigué notamment par Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été, remaké 20 ans plus tard par John Schlesinger avec Madonna.
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Joshua Baskin
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Re: La Comédie italienne

Message par Joshua Baskin »

ed a écrit : 26 févr. 21, 14:11
Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:04 Quant à Lina Wertmuller, le seul que j'ai vu d'elle jusqu'à présent (Chacun à son poste et rien ne va) m'a rapidement fatigué, trop d'énergie, trop de dialogues, trop de hurlements, trop de tout. Mais j'en ai quelques autres sous la main qu'il faudrait que je lance. Je suis très intrigué notamment par Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été, remaké 20 ans plus tard par John Schlesinger avec Madonna.
Par Guy Ritchie, alors époux de la Madonne
Exact.
J'ai confondu avec le dernier Schlesinger, toujours avec Madonna : The next best thing.
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:04 Dans ce cas-là, même si mon souvenir est un peu lointain, Une vie difficile est presque davantage un drame qu'une comédie non ?
Il y a toute une veine de ce qu'on appelle la "comédie italienne" qui n'a presque plus grand chose, en apparence, de la comédie, et qui pourtant, constitue la colonne vertébrale du genre (*).
Les gens qui me disent qu'ils se tapent les côtes sur Une vie difficile, La Grande pagaille, La Grande guerre, Nous nous sommes tant aimés ou Les Camarades, je les crois pas, et pourtant, ce sont des comédies italiennes indispensables. Ca fait d'ailleurs l'objet de mes premiers paragraphes (disons, le cinq premiers) dans mon texte sur La Grande pagaille publié cette semaine :
https://www.dvdclassik.com/critique/la- ... -comencini

* ed-it : si tant est qu'il y est un "genre" de la comédie italienne... Il y aurait, plus précisément, un certain âge d'or, entre Le Pigeon et Les Nouveaux monstres en gros, qu'on appelle parfois la comédie "à l'italienne", mais Dino Risi m'a interdit d'utiliser cette appellation :mrgreen:
Dernière modification par ed le 26 févr. 21, 14:18, modifié 1 fois.
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Re: La Comédie italienne

Message par Joshua Baskin »

ed a écrit : 26 févr. 21, 14:14
Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:04 Dans ce cas-là, même si mon souvenir est un peu lointain, Une vie difficile est presque davantage un drame qu'une comédie non ?
Il y a toute une veine de ce qu'on appelle la "comédie italienne" qui n'a presque plus grand chose, en apparence, de la comédie, et qui pourtant, constitue la colonne vertébrale du genre.
Les gens qui me disent qu'ils se tapent les côtes sur Une vie difficile, La Grande pagaille, La Grande guerre, Nous nous sommes tant aimés ou Les Camarades, je les crois pas, et pourtant, ce sont des comédies italiennes indispensables. Ca fait d'ailleurs l'objet de mes premiers paragraphes (disons, le cinq premiers) dans mon texte sur La Grande pagaille publié cette semaine :
https://www.dvdclassik.com/critique/la- ... -comencini
Exact, je n'avais pas fait le rapprochement avec Nous nous sommes tant aimés (pas encore vu les autres).
Et je me suis mis de côté ton texte sur la grande pagaille car j'ai pris le bluray mais pas encore vu. Je préfère généralement lire les textes une fois le film digéré.
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:16 Et je me suis mis de côté ton texte sur la grande pagaille car j'ai pris le bluray mais pas encore vu. Je préfère généralement lire les textes une fois le film digéré.
Dans les cinq paragraphes en question, je ne parle pas encore du film, c'est une intro générale :wink:
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Joshua Baskin
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Re: La Comédie italienne

Message par Joshua Baskin »

ed a écrit : 26 févr. 21, 14:16
Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:16 Et je me suis mis de côté ton texte sur la grande pagaille car j'ai pris le bluray mais pas encore vu. Je préfère généralement lire les textes une fois le film digéré.
Dans les cinq paragraphes en question, je ne parle pas encore du film, c'est une intro générale :wink:
OK lu, hyper intéressant. Mais je me suis arrêté aux 1ers paragraphes. :wink:
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Jean-Pierre Festina
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Re: La Comédie italienne

Message par Jean-Pierre Festina »

ed a écrit : 26 févr. 21, 14:14
Joshua Baskin a écrit : 26 févr. 21, 14:04 Dans ce cas-là, même si mon souvenir est un peu lointain, Une vie difficile est presque davantage un drame qu'une comédie non ?
Il y a toute une veine de ce qu'on appelle la "comédie italienne" qui n'a presque plus grand chose, en apparence, de la comédie, et qui pourtant, constitue la colonne vertébrale du genre (*).
Les gens qui me disent qu'ils se tapent les côtes sur Une vie difficile, La Grande pagaille, La Grande guerre, Nous nous sommes tant aimés ou Les Camarades, je les crois pas, et pourtant, ce sont des comédies italiennes indispensables.
Tout de même, dans La grande guerre, il y a quelques gags, et ils sont drôles ! A l'exception de Les Camarades et La Grande pagaille que je n'ai pas encore vus, on pourrait proposer pour les films que tu cites l'appellation (commode quoiqu'un peu bâtarde) de "comédie dramatique", même si l'on y trouve une nervosité qui est absente d'un film comme Cinéma Paradiso. On ne rit pas beaucoup bien sûr, mais on aime encore et toujours se jouer la comédie à soi-même comme aux autres.
Et pour en revenir un bref instant à "Détenu" qui a un peu lancé la discussion, celui-là je le rangerais sans trop de problème dans l'expressionisme muet...
Oui, je me suis fait la réflexion aussi (il y a pour moi au moins quatre ou cinq "sommets" dans la catégorie dédaigneuse des "bons films") mais - outre que je trouve que Le Sexe fou est un film qui mérite quand même qu'on s'y attarde, j'en ai parlé ici - JPF a aussi expliqué de ses "arbitrages" dans sa manière de privilégier certaines caractéristiques de la latinité aux dimensions satirique, sociale, politique ou esthétique (points sur lesquels, par exemple, Au nom du peuple italien ou Affreux sales et méchants me semblent être des absolus).
C'est à peu près ça, mais je ne crois pas avoir laissé de côté l'aspect "esthétique", c'est même celui autour duquel je croyais avoir concentré tous mes efforts :oops:
Si l'on doit s'accorder absolument sur une esthétique commune dans ces films, ce serait pour évoquer ce qu'ils ont de latin à mon avis. Et ce sont précisément ces traces de la commedia dell'arte (d'où la satire n'est pas absente) qui me tiennent à coeur puisque c'est elle qui isole la comédie italienne d'autres genres comme le documentaire ou le néo-réalisme. L'histoire politique de l'Italie y est bien sûr pour quelque chose, mais aussi ce ton de revendication bohème qui parcourt les moeurs en occident au même moment et qui trouve un écho dans les duducheries d'Yves Robert ou de Richard Lester, même si le propos de ces derniers est moins "ample".
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

Oui, je n'ai pas été précis quand j'ai employé le terme "esthétique", je pensais spécifiquement à ces questionnements autour du regard ou du point de vue, qui habitent les films historiques (à cause de la mise en perspective avec le passé) ou les films sociaux et politiques de Dino Risi (en premier lieu, Au nom du peuple italien, qui est un film constamment préoccupé par ces questions de subjectivité du regard).
Evidemment, il y a beaucoup d'autres choses à mettre derrière le simple terme d' "esthétique", et toute cette italianité des attitudes, des humeurs ou des corps, qui est particulièrement prégnante chez Fellini ou Ferreri entre autres, n'est certes pas moins importante.
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Jean-Pierre Festina
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Re: La Comédie italienne

Message par Jean-Pierre Festina »

ed a écrit : 26 févr. 21, 19:23(en premier lieu, Au nom du peuple italien, qui est un film constamment préoccupé par ces questions de subjectivité du regard).
Tu parles de la scène finale par exemple, avec le personnage de Gassman en chimère monstrueuse de l'imagination de Tognazzi ?
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Re: La Comédie italienne

Message par Père Jules »

Pas que je pense. Le spectateur est sans arrêt contraint d'adopter le point de vue de Gassman ou de Tognazzi, d'osciller entre la morale et la justice. A bien des égards un film parfaitement dérangeant.
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Jean-Pierre Festina
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Re: La Comédie italienne

Message par Jean-Pierre Festina »

Put1 de génial ! Allez zou je vais revendre mon DVD.
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Re: La Comédie italienne

Message par popcyril »

ed a écrit : 26 févr. 21, 13:56
primus a écrit : 26 févr. 21, 13:50

Tu peux nous dire pourquoi?
Moi j'aime énormément Wertmüller, mais je n'ai aucune peine à voir en quoi son cinéma peut susciter la détestation : c'est constamment outrancier, souvent braillard, avec une esthétique de la laideur très particulière, un sens presque puéril (de mon point de vue ô combien réjouissant) de la provocation ou de la vulgarité, des personnages rarement aimables...
Pasqualino, par exemple, je le tiens pour un chef d'oeuvre de "mauvais goût" : presque tout dans ce film est à ce point débectant que ça en devient sublime.
Tu as résumé ce qui m'y déplaît. J'ajouterais que ce qui me plait tant dans la comédie italienne, c'est une forme d'élégance dans le désespoir et la distillation subtile d'éléments comiques dans des situations dramatiques.
Je trouve le cinéma de Wertmüller un peu trop démonstratif, manquant de subtilité dans l'expression politique et assez lourdingue dans son humour.

Pour corriger ce que j'ai pu écrire, je n'aime aucun de ceux que j'ai pu voir, j'avais acheté tous ceux dispos dans la collection SNC, j'ai été assez perplexe mais c'est conforme avec l'évolution de la comédie italienne entre les années 60 et les années 70, qui avec l'affaiblissement de la censure deviennent progressivement des défouloirs et vont de plus en plus loin dans l'ouvertement politique, le graveleux, le sexuel, le laid.
Je le comprends et parfois je l'apprécie (Affreux Sales et Méchants) mais dans l'ensemble pour ma part ça n'a pas été une évolution très intéressante d'un point de vue cinématographique. Et Wertmüller est une des manifestations de cette tendance.
Oui, je sais, je caricature un peu.

Pour ce qui est de la comédie italienne, il me semble que ce qui en fait l'essence c'est justement cette étroite voie tracée entre la comédie et le drame. Dans ces comédie, l'équilibre penche légèrement en faveur des éléments comiques mais nombre de scénarios qui sont devenus des comédies auraient pu devenir des drames (le Fanfaron, Divorce à l'Italienne, la Grande Guerre...).
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Re: La Comédie italienne

Message par ed »

Jean-Pierre Festina a écrit : 27 févr. 21, 10:34
ed a écrit : 26 févr. 21, 19:23(en premier lieu, Au nom du peuple italien, qui est un film constamment préoccupé par ces questions de subjectivité du regard).
Tu parles de la scène finale par exemple, avec le personnage de Gassman en chimère monstrueuse de l'imagination de Tognazzi ?
Bien au-delà de ça. Le film n'est habité que de personnages qui posent un filtre sur la réalité, qui la déforment par leur regard orienté (le fameux "strabisme idéologique" du juge), à tel point qu'on ne sait jamais dans le film ce qui est vrai ou pas. Au début du film, les parents de la victime disent un truc du genre "l'imagination, c'est mieux que la réalité", toute la suite ne vient qu'illustrer cette assertion. J'en suis à un point où je suis prêt à défendre la théorie que la quasi intégralité du film n'est composée que d'images mentales, de fantasmes (dont le personnage de Santenocito, trop gasmanien pour être vrai)- j'ai un texte en réserve qui développe cette idée. Vu ainsi, le film est vertigineux, il est surtout très risien, dans la mesure où la question du "regard" est la problématique centrale de son cinéma des années 70 (Parfum de femme évidemment, mais aussi Âmes perdues, Le sexe fou, Telefoni Bianchi et tant d'autres).
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