Busby Berkeley (1895-1976)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

frédéric a écrit :Ca fait longtemps que Brion n'a pas passé un de ces films que j'aime bien, même si c'est un peu trop vieillot.
Les musicals Warner des années 30 n'ont au contraire absolument pas vieilli surtout ceux de la première moitié de la décennie, car la censure n'était pas encore sur la brèche ; en conclusion, les dialogues et les situations sont souvent assez osées et une telle liberté de ton, on ne la retrouvera pas par exemple dans les musicals MGM. De plus, le studio, contrairement aux autres Majors, se préoccupait de la situation de crise de l'époque et les scénarios n'étaient pas dénués de connotations sociales et économiques et osaient parler de la pauvreté, du crach boursier, du chomage... En tout cas, je les trouve bien moins "vieillot" que les Astaire/Rogers de la RKO. Au contraire, un film comme Gold Diggers of 1933 est toujours d'une étonnante modernité.
Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

Jeremy Fox a écrit :Mais me reste à voir Footlight Parade dont Cathy dit le plus grand bien. Ce sera vite réparé grâce au superbe coffret Warner.
Et Cathy a raison, Footlight Parade est la perfection même et de loin le meilleur film de la série Berkeley. Tout est culotté, inventif, euphorisant. Impossible de départager dans l'excellence deux des trois grands numéros du final : "By a Waterfall" ou "Shanghaï Lil" ? (pour ma part, je penche un peu pour Shanghaïl Lil"). Et James Cagney, d'une mobilité dingue (corps et visage) porte le film à un niveau d'énergie qu'aucun autre acteur n'aurait pu égaler. L'un des plus grands musical du cinéma et un film que j'aimerai découvrir pour la première fois. Bon show ! :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Tom Peeping a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Mais me reste à voir Footlight Parade dont Cathy dit le plus grand bien. Ce sera vite réparé grâce au superbe coffret Warner.
Et Cathy a raison, Footlight Parade est la perfection même et de loin le meilleur film de la série Berkeley. Tout est culotté, inventif, euphorisant. Impossible de départager dans l'excellence deux des trois grands numéros du final : "By a Waterfall" ou "Shanghaï Lil" ? (pour ma part, je penche un peu pour Shanghaïl Lil"). Et James Cagney, d'une mobilité dingue (corps et visage) porte le film à un niveau d'énergie qu'aucun autre acteur n'aurait pu égaler. L'un des plus grands musical du cinéma et un film que j'aimerai découvrir pour la première fois. Bon show ! :wink:
:D

C'est donc pour ce soir et je finirais le mois avec la redécouverte de Gold Diggers 1933. A mon avis, les films du coffret Berkeley devraient squatter les trois premières places de mon podium pour le film de ce mois.

Avril devrait être "Dream Factory" :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Tom Peeping a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Mais me reste à voir Footlight Parade dont Cathy dit le plus grand bien. Ce sera vite réparé grâce au superbe coffret Warner.
Et Cathy a raison, Footlight Parade est la perfection même et de loin le meilleur film de la série Berkeley. Tout est culotté, inventif, euphorisant. Impossible de départager dans l'excellence deux des trois grands numéros du final : "By a Waterfall" ou "Shanghaï Lil" ? (pour ma part, je penche un peu pour Shanghaïl Lil"). Et James Cagney, d'une mobilité dingue (corps et visage) porte le film à un niveau d'énergie qu'aucun autre acteur n'aurait pu égaler. L'un des plus grands musical du cinéma et un film que j'aimerai découvrir pour la première fois. Bon show ! :wink:
Et bien comme quoi... Shangaï Lil est celui des 3 numéros que j'ai le moins apprécié ayant eu une nette préférence pour Honeymoon Hotel. Sinon, concernant les chorégraphies, By a Waterfall est de nouveau un grand moment de délire effectivement.
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Cathy
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Message par Cathy »

Personnellement je préfère "Shangai Lili" à "Remember my forgotten man", mais les deux must sont pour moi "By the waterfall" et naturellement le numéro de Dames avec les Ruby Keeler multipliées.
Tom Peeping
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Message par Tom Peeping »

Pour ma part, le plus grand numéro de Berkeley, tous films confondus, est "Lullaby of Broadway" dans Gold Diggers of 1935. Le film lui-même est le plus faible de la série mais ce numéro final, qui est un vrai court-métrage dans le film, est l'une des choses les plus extraordinaires (au sens propre du terme) que le ciné hollywoodien ait jamais produit.

Maintenant "Dames" est formidable aussi et j'aime beaucoup "All is Fair in Love and War". Et puis, je les aime tous... :wink:
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Cathy
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Message par Cathy »

Curieusement, je n'apprécie guère Lullaby of Broadway, même si c'est énorme, je trouve qu'il ne se passe rien d'exceptionnel, l'exceptionnel étant plus dans la quantité que dans la grande origiinalité !
Lylah Clare
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Message par Lylah Clare »

Jeremy Fox a écrit :
frédéric a écrit :Ca fait longtemps que Brion n'a pas passé un de ces films que j'aime bien, même si c'est un peu trop vieillot.
Les musicals Warner des années 30 n'ont au contraire absolument pas vieilli surtout ceux de la première moitié de la décennie, car la censure n'était pas encore sur la brèche ; en conclusion, les dialogues et les situations sont souvent assez osées et une telle liberté de ton, on ne la retrouvera pas par exemple dans les musicals MGM. De plus, le studio, contrairement aux autres Majors, se préoccupait de la situation de crise de l'époque et les scénarios n'étaient pas dénués de connotations sociales et économiques et osaient parler de la pauvreté, du crach boursier, du chomage... [...] Au contraire, un film comme Gold Diggers of 1933 est toujours d'une étonnante modernité.
Oui, ces films ont les caractéristiques du cinéma américain du début des années 30, une liberté de ton, une audace thématique et visuelle pré-code Hays, qu'on ne retrouverait plus avant très longtemps aux USA .

Quelqu'un peut-il me dire si il ya sur le forum un topic consacré au cinéma US d'avant le code Hays ?
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Message par Tarkus1975 »

J'adore tous ses films (en tant que chorégraphe ou réalisateur) que j'ai vu. Un que j'aimerais beaucoup voir un jour sortir en DVD : Babes In Arms. Mes préférés : Gold Diggers Of 33 et 35 -le ballet "Lullaby On Broadway" est beaucoup plus sombre qu'il ne paraît- Footlight Parade (le ballet "Shanghai Lil" est une pure merveille, en effet), Dames, et Babes On Broadway (pour la chanson "How about you" et le ballet "Hoe Joe"). 42nd Street est son premier film que j'ai découvert, et même si c'était pour moi une sacrée baffe il y a quelques mois, j'avoue m'ennuyer maintenant pendant toute la première partie, plus "comédie (avec un peu de drame quand même)" que "musicale" du film. Il n'empêche que les numéros"Shuffle Off To Buffalo", "Young And Healthy" et "42nd Street" sont des grands moments de cinéma. Grâce à ses films, j'ai enfin posé des noms sur certains des visages caricaturés dans les cartoons Warner de l'époque (et dont je découvre la plupart en ce moment) : Ned Sparks et Hugh Herbert principalement. Ce qui m'a donné bien entendu envie de voir certains des films dans lesquels ces "character actors" jouaient, malheureusement indisponibles en DVD pour le moment (je pense notamment à Hellzapoppin pour Hugh Herbert et la version de Norman Z.McLeod d'Alice In Wonderland pour Ned Sparks).
joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Tarkus1975 a écrit :Un que j'aimerais beaucoup voir un jour sortir en DVD : Babes In Arms.
On va croiser les doigts pour que le responsable des dvd chez Warner maintienne son projet de sortir, pour la Saint-Valentin je crois, un coffret regroupant les comédies musicales tournées ensemble par Judy et Mickey. :D
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

JE SUIS UN CRIMINEL (1939) (Ciné Polar)

Eh non, Busby Berkeley n'a pas réalisé que des comédies musicales. La preuve avec ce THEY MADE ME A CRIMINAL, second film du grand (et regretté) John Garfield, et déjà avec la boxe en toile de fond (avant BODY & SOUL en 1947).

Le film oscille entre suspense (très très léger), comédie et drame dans un cocktail plutôt plaisant mais très cousu de fil blanc. C'est encore une histoire d'innocent qui doit prendre la fuite et qui fera le bien ailleurs, mais toujours poursuivi par les autorités.
Sous ce vernis assez lisse pointe toutefois le spectre de l'argent comme initiateur de certains rebondissements, et comme tentation vitale des hommes. Certains n'hésitent pas à voler un homme à terre, comme d'autres à se sacrifier physiquement pour pouvoir payer l'hopital de sa femme enceinte (le candidat boxeur vers la fin). On sent de toutes façons une certaine précarité d'une partie de la population qui se serre la ceinture.
Les scènes d'action ne sont pas oubliées avec plusieurs combats de boxe et une séquence dans un bassin d'eau où les personnages manquent de se noyer (plutôt impressionnant sans mise en scène tape à l'oeil).

John Garfield (dont je n'ai trouvé aucun topic sérieux au passage) crève déjà l'écran par son jeu et son charisme. Il est entouré d'Ann Sheridan et de la bande d'ados délinquants qui participaient déjà aux films LES ANGES AU FIGURES SALES, sorti l'année précédente, et RUE SANS ISSUE en 1937 (ils étaient vraisemblablement très à la mode à l'époque). Ils forment tous ensemble une belle équipe soudée qui apporte principalement l'aspect humoristique. On notera aussi la présence de May Robson, inoubliable Apple Annie du LADY FOR A DAY de Frank Capra, et Claude Rains.

Berkeley conduit correctement le film, bien que le style paraisse un peu léger aujourd'hui. Une curiosité, surtout, pour John Garfield.
bogart
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Message par bogart »

Nestor Almendros a écrit :JE SUIS UN CRIMINEL (1939) (Ciné Polar)

Eh non, Busby Berkeley n'a pas réalisé que des comédies musicales. La preuve avec ce THEY MADE ME A CRIMINAL, second film du grand (et regretté) John Garfield, et déjà avec la boxe en toile de fond (avant BODY & SOUL en 1947).



John Garfield (dont je n'ai trouvé aucun topic sérieux au passage)
Sérieux, je ne saurais dire! :mrgreen: Mais en tout cas, j'évoque succinctement ce comédien
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maximusleo
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Message par maximusleo »

Bonjour,

Quelqu'un peut me dire si le coffret berkeley est sous titré en Français ?
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

bogart a écrit :Sérieux, je ne saurais dire! :mrgreen: Mais en tout cas, j'évoque succinctement ce comédien
Tu devrais changer le titre du topic alors :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Banana Split (The Gang's all Here) : Busby Berkeley 1943


Le businessman Andrew Mason Sr (Eugene Pallette) encanaille son associé Peyton Potter (Edward Everett Horton) en l’emmenant sans que son épouse ne le sache assister à un spectacle de cabaret au célèbre Club New Yorker, dont le maître de cérémonie n’est autre que Phil Baker. Ils y croisent le fils d’Andrew (James Ellison), sergent au sein de L’US Army, qui vient passer du bon temps avant de repartir sur le front. Ce dernier est attiré par l’une des Chorus Girl, Eadie Allen (Alice Faye), alors qu’il est officiellement fiancé à Vivian Potter (Sheila Ryan), la fille du collaborateur de son père. Alors que Peyton se voit embarquer dans une danse endiablée avec la volcanique Dorita (Carmen Miranda), Andrew Jr suit Eadie jusqu’au Broadway Canteen où elle se produit également aux côtés des musiciens vedettes, non moins que le Big Band de Benny Goodman. Ils tombent amoureux et le lendemain Eadie accompagne Andrew à la gare où il part pour se battre dans les Iles du Pacifique. Les mois passent ; le père d'Andrew décide de donner une grande fête pour le retour de son fils qui revient du front avec moult médailles, espérant ainsi participer à l’effort de guerre en vendant des ‘War Bonds’…

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Les années 1942-1943 furent très logiquement celles au cours desquelles l’industrie cinématographique hollywoodienne mit le paquet sur la production de films dits de ‘propagande’, œuvres destinées avant tout à faire vibrer la fibre patriotique et participer à l’effort de guerre en poussant en fin de séance à faire acheter des ‘War Bonds’, ces titres de créance émis par le gouvernement américain dans le but de financer leurs opérations militaires. Il s’agissait surtout de films de guerre démontrant le courage et la ténacité des soldats américains, de films d’espionnage ou, dans un tout autre style, de comédies musicales colorées et joyeuses à souhait, ayant pour but principal de remonter le moral des troupes ainsi que des civils restés sur place à attendre les membres de leurs familles partis se battre sur le front. Parmi ce lot de ‘films de propagandes’, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, il y eut de très belles réussites ; pensons notamment dans le domaine du film de guerre au palpitant et émouvant Air Force de Howard Hawks, ou plus encore à ce chef d’œuvre intemporel qu’est le sublime Casablanca de Michael Curtiz. Il en fut de même dans le domaine de la comédie musicale ; pour n’en citer qu’un seul exemple, remémorons nous du film tourné pour la MGM par Busby Berkeley juste avant Banana Split, le tendre et touchant For me and my Gal qui voyait les débuts de Gene Kelly aux côtés d’une délicieuse Judy Garland. Néanmoins, il y eut effectivement aussi beaucoup de déchets parmi les films de guerre de l’époque mais aussi parmi les comédies musicales de la Fox, à commencer par Pin Up Girl de Bruce Humberstone avec Betty Grable. Banana Split n’en est pas un mais ne saurait non plus être inclus parmi les sommets du genre ; loin s’en faut !

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Banana Split est probablement en France la comédie musicale de la 20th Century Fox la plus connue des années 40. C’est également la plus représentative de ce que faisait le studio dans le domaine à cette époque. Autant dire que pour les cinéphiles français, il s’agit de tout un pan du cinéma hollywoodien tout à fait obscur si on le compare avec la comédie musicale de la MGM. Et pourtant, ce fut un des genres de prédilection du studio de Darryl F. Zanuck durant les années de guerre, la Fox en produisant presque tout autant que son concurrent direct. Mais, alors que la Metro Goldwin Mayer avait sous contrat des noms aussi célèbres que Gene Kelly, Frank Sinatra, Fred Astaire, Judy Garland, Cyd Charisse ou Debbie Reynolds, la 20th Century Fox mettait en avant John Payne ou Don Ameche chez les hommes, Alice Faye, Betty Grable (la Pin Up peinte sur les avions des membres de L’US Air Force) ou Carmen Miranda chez les femmes ; très clairement des comédiens/danseurs/chanteurs d’un niveau de notoriété aujourd’hui bien moindre que ceux du studio du lion. Mais la Fox se rattrapera par la suite grâce à de très gros budgets alloués aux adaptations des succès de Richard Rodgers & Oscar Hammerstein qui furent pour la plupart mises en chantier les décennies suivantes et qui obtinrent des succès phénoménaux. Il s’agira de Le Roi et moi – The King and I de Walter Lang, Oklahoma de Fred Zinnemann ou encore La Mélodie du bonheur – The Sound of Music de Robert Wise, pour ne citer que les plus connus. Pour en revenir à The Gang’s all here, il fait partie de toute une série de comédies musicales le plus souvent basées sur l’exotisme ou (et) la nostalgie avec presque toujours les mêmes comédiens et équipes techniques ; des films signés Irving Cummings (Sous le ciel d’Argentine - Down Argentine Way ; Une Nuit à Rio - That Night in Rio ; Lilian Russell), Walter Lang (Tin Pan Alley ; Week end in Havana), Bruce Humberstone (Hello Frisco, Hello ; Pin Up Girl) ou William A. Seiter (Four Jills in a Jeep). Paradoxalement, Banana Split, malgré l’étonnante virtuosité de Busby Berkeley derrière la caméra, s’avère l’un des moins satisfaisants de cette liste.

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Il s’agit du seul film que ce génial chorégraphe réalisa pour la Fox et son premier film en couleurs. Auparavant, il fut surtout réputé pour avoir réalisé à la Warner les extraordinaires numéros musicaux pour les films d’autres réalisateurs tels Lloyd Bacon (42nd Street) ou Mervyn LeRoy (Gold Diggers of 1933), deux purs joyaux du genre, mettant en scène l'intégralité de certains autres tout aussi délirants sur la forme tels Dames ou Gold Diggers of 1935. Il changea ensuite de studio pour atterrir à la MGM où il fit tourner trois fois le couple Mickey Rooney/Judy Garland avec les très grands succès que furent Place au rythme (Babes in arms), En avant la musique (Strike up the Band) et enfin Débuts à Broadway (Babes on Broadway), avant de réaliser cette petite merveille de sensibilité qu’est For me and my Gal. Après Banana Split, il ne réalisera plus que deux films dans leur intégralité ; son dernier, Match d’amour (Take me ou to the Ballgame), moins virtuose, n’en sera pas moins l’une des comédies musicales les plus amusantes de la célèbre équipe d’Arthur Freed à la MGM, Frank Sinatra, Gene Kelly et Esther Williams cabotinant et s’amusant comme des petits fous pour notre plus grand bonheur. "He was a dance director who couldn't dance. In a Berkeley production it was the camera that danced" a t’on entendu dire un jour. Et en effet, Berkeley se plait à mettre en place d’ahurissants plans séquences d’une précision étonnante, au cours desquels la caméra ne s’arrête pas une seule seconde d’être en mouvements ; on s'en rend compte d'emblée par l'époustouflante séquence 'Brazil' qui ouvre le film. C’est surtout pour ce brio technique que le film mérite d’être vu, car sinon, esthétiquement parlant (hormis des costumes et un Technicolor somptueux), les numéros sont plus extravagamment 'kitchisssimes' que réellement beaux contrairement aux innombrables séquences kaléidoscopiques semblables que Berkeley avait réglé pour la Warner dans les années 30, que ce soit dans ses propres films que dans ceux des autres. A budgets équivalents, on peut même dire que les décors et toiles peintes sont loin de posséder la magie de ceux du studio concurrent à la même époque.

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Le scénario n’est que prétexte à enchainer numéros sur numéros et on ne pourra d’ailleurs compter que sur ces séquences musicales afin d’avoir une chance de ne pas décrocher en cours de route, car les histoires parallèles sont non seulement dépourvues de charme mais ne présentent absolument aucun intérêt ; quant aux séquences censément amusantes elles ne s’avèrent finalement pas très drôles ; on a d’ailleurs connu Eugene Pallette, Edward Everett Horton et Charlotte Greenwood dans des situations beaucoup plus jubilatoires. Carmen Miranda (et ses chapeaux invraisemblables) continue à massacrer la langue anglaise avec allégresse (pour le plus grand plaisir -ou au contraire agacement- du spectateur) mais ne nous offre aucune chanson vraiment amusante contrairement à l’accoutumée ; son célèbre numéro 'The Lady in the Tutti Frutti Hat' ne vole vraiment pas très haut malgré le fait que ce soit un sommet du mauvais goût avec ce ballet de bananes phalliques géantes. Délirant mauvais goût poussé à son paroxysme lors des derniers plans qui nous dévoilent chacun leur tour tous les personnages principaux mal détourés au sein de cercles de couleurs criardes : une horreur ! Il faut bien aussi se rendre à l’évidence : si les numéros musicaux ne sont qu’à moitié convaincants c’est en partie également faute à un choix de chansons et musiques guère mémorables. On ne retiendra que les deux mélodies romantiques susurrées avec grâce par ‘the blondest of all baritones’ comme on avait l’habitude d’appeler la délicieuse Alice Faye : les enchanteurs ‘No Love no Nothing’ et ‘Journey to a Star’. A signaler qu’avec ce film, cette comédienne aussi méconnue qu’attachante mettra quasiment fin à sa carrière dans la comédie musicale après avoir fait un dernier petit tour de piste en interprétant une seule chanson dans le sympathique Four Jills in a Jeep en 1944. Elle décida de se retirer du cinéma l’année suivante avec Crime passionnel (Fallen Angel) d’Otto Preminger, Darryl F. Zanuck ayant refusé les rôles dramatiques auxquels elle aspirait. Elle fera cependant plaisir à ses fans en opérant un ultime retour plus de 15 ans plus tard, en 1962, dans le remake du State Fair de Walter Lang, réalisé cette fois par José Ferrer. En revanche Banana Split marqua les débuts à l’écran de June Haver et de Jeanne Crain qu’il est néanmoins assez difficile à repérer.

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Pour le reste, pas grand-chose à retenir, pas même les quelques mélodies par l’orchestre de Benny Goodman dont la présence est de bien moindre importance que celle de Glenn Miller dans quelques autres ‘musicals’ de la Fox, notamment le très agréable Sun Valley Serenade de Bruce Humberstone avec John Payne et la patineuse Sonja Henie. Ceci étant dit, malgré un scénario totalement idiot, le film peut se suivre sans déplaisir grâce aux démonstrations de virtuosité d’une caméra virevoltante, aux morceaux de bravoure et aux éblouissantes trouvailles visuelles de Busby Berkeley (rosaces, kaléidoscopes, effets psychédéliques…), à la somptuosité exubérante du Technicolor ou encore au charme d’Alice Faye (dommage qu'on lui ait donné ici un partenaire masculin aussi fade ; on aurait préféré les habituels Don Ameche ou John Payne) et à la vitalité de Carmen Miranda dont la sœur faisait elle aussi la même année la brésilienne de service (alors qu’elles étaient portugaises) dans Les Trois Caballeros des studio Disney, film dont les numéros s’avèrent d’ailleurs finalement plus charmants. Amis de la virtuosité mise au service du kitsch et du mauvais goût, il existe une comédie musicale tournée l’année suivante à la MGM, autrement plus jubilatoire et extravagante, l’étonnant Bathing Beauties (Le Bal des sirènes) de George Sidney avec l’improbable duo Esther Williams et Red Skelton. Contrairement à Banana Split, un véritable chef-d’œuvre du genre. Mais attention, ces films pourraient facilement faire venir des boutons d'urticaire à ceux qui n’auraient pas été prévenus ; à consommer avec modération !
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