Marcel Carné (1906-1996)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Commissaire Juve
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Commissaire Juve »

Bugsy Siegel a écrit :Les Visiteurs Du Soir.
Commissaire Juve a écrit :Au bout du compte, on obtient une oeuvre inégale, vaguement rasoir*. Côté "fantastique", je trouve La belle et la bête (1946) plus convaincant.
Ah, je n'ai pas trop aimé La Belle Et La Bête, beaucoup trop de magie à mon goût. Dans celui-là c'est différent ?
Ben, Les Visiteurs... se pose en film fantastique, mais le "merveilleux" n'y transparaît qu'à très petites doses. Ça reste assez prosaïque (faute de moyens peut-être... on était en 42). Incidemment, si ma mémoire ne me joue pas des tours, Carné avait pensé bosser sur ce projet avec Cocteau, mais, à l'époque, le gars qui surveillait la production cinématographique en France s'y était opposé.
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Phnom&Penh
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Phnom&Penh »

Commissaire Juve a écrit :Ben, Les Visiteurs... se pose en film fantastique, mais le "merveilleux" n'y transparaît qu'à très petites doses. Ça reste assez prosaïque (faute de moyens peut-être... on était en 42). Incidemment, si ma mémoire ne me joue pas des tours, Carné avait pensé bosser sur ce projet avec Cocteau, mais, à l'époque, le gars qui surveillait la production cinématographique en France s'y était opposé.
Je comprends qu'on puisse ne pas aimer ce film, il est très théatral, assez faux par certains côtés. Mais comme ces côtés sont assumés, je le trouve finalement plus agréable sur ce plan que Les enfants du Paradis, que je n'aime pas beaucoup pour cette même raison. Au bout du compte, cet émerveillement d'enfant est resté un très beau film que j'aime encore sans réticences. Il paraît d'ailleurs que c'était le film que Carné préférait, avant même Les enfants du Paradis. Techniquement, je le trouve parfait.
Le DVD est excellent avec de très bons bonus. Ils précisent tout le travail fait à partir des Très riches heures du Duc de Berry, qui venaient alors d'être rééditées pour la première fois depuis très longtemps...et effectivement, quand on le sait, le rapport est évident.
Sinon, Cocteau n'était pas sur le projet, même si Carné a peut-être pensé à lui. En revanche, pas de difficultés matérielles autre que celles de l'époque. C'est à dire que le film avait de gros moyens compte tenu du contexte de l'occupation, mais que ce contexte occasionnait de sérieux problèmes (les costumes ont ainsi coûté très cher tout en étant faits au dernier moment).
En fait d'après les bonus, la grosse difficulté du film, c'était Jules Berry qui travaillait sur trois films en même temps dans les mêmes journées et qui était incapable d'apprendre ses textes ni de répéter. Ce qui ne l'empêche pas d'être énorme.
Cuny n'est pas un bon acteur de cinéma, mais je le trouve justement très bien dans ce film qui assume son côté théâtral.
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Watkinssien
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Watkinssien »

Je plussoie sauf que j'adore aussi Les Enfants du Paradis !
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Nestor Almendros
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Nestor Almendros »

LE JOUR SE LEVE (1939)

Revisionnage intéressant de ce classique français que je n'avais pas revu depuis bien longtemps. NIveau scénario je reste un peu sur ma faim car il semble davantage insister sur l'amour maudit, la relation vouée à l'échec par un destin implacable, que sur une trame plus développée, un suspense plus travaillé, des coups de théâtre ou rebondissements qui ne viennent pas. Par exemple, je trouve qu'on s'attarde trop sur le sentimentalisme du personnage de Gabin, surtout en comparaison de ce qu'il deviendra plus tard (prisonnier d'une chambre/cellule, faisant les cent pas comme le condamné à mort). On se reporte alors sur les beaux dialogues de Prévert, ce qui est déjà pas mal, et sur le casting plus que réjouissant (j'aime décidément beaucoup Arletty).
C'est plus au niveau technique que j'y trouve "mon compte". Visuellement, le film a un cachet extraordinaire, entre les décors imposants (l'immeuble droit dans la rue), au charme buccolique (la rue de l'horticulteur), la photo travaillée de Philippe Agostini (qui est peut-être mon chef op' préféré de cette époque), et même la musique (qui est pourtant, pour moi, un ingrédient souvent faible dans le cinéma français de cette époque) qui s'applique à poser l'ambiance sans mélodie accessoire mais avec un certain sens de la dramaturgie.
Surtout, ce film est une nouvelle preuve de la maitrise technique de Carné dont la mise en scène est ici toujours très actuelle. Par ces choix précédemment cités (décors, musique, etc.) il crée un univers et le met en image de façon vivante, dynamique, cinématographique. On sent chez lui un sens visuel très efficace.

Vu au Ciné-Club de France 2 dans un master tout moisi qui servait (déjà...) de base au dvd sorti il y a bien longtemps chez StudioCanal. On retrouve ce "voile gris" dont parle Cathy avec le blu-ray Gaumont de LA MAIN DU DIABLE. Ce petit détail très impactant sur la qualité du transfert (car il annule les contrastes en quelque sorte) pourra je l'espère être corrigé lorsque StudioCanal se réveillera et sortira ce Carné en haute-définition. A n'en pas douter le rendu visuel du film, qui est déjà très repérable avec le master actuel, explosera encore plus avec un toilettage digne de ce nom (et ô combien nécessaire).
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
makaveli
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par makaveli »

je voulais l'enregistrer mais je me suis trompé de jour. :(
il repasserait pas par hasard ?
Nestor Almendros
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Nestor Almendros »

makaveli a écrit :je voulais l'enregistrer mais je me suis trompé de jour. :(
il repasserait pas par hasard ?
ah non...
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par vivian »

Nestor Almendros a écrit :LE JOUR SE LEVE (1939)

Vu au Ciné-Club de France 2 dans un master tout moisi qui servait (déjà...) de base au dvd sorti il y a bien longtemps chez StudioCanal. On retrouve ce "voile gris" dont parle Cathy avec le blu-ray Gaumont de LA MAIN DU DIABLE. Ce petit détail très impactant sur la qualité du transfert (car il annule les contrastes en quelque sorte) pourra je l'espère être corrigé lorsque StudioCanal se réveillera et sortira ce Carné en haute-définition. A n'en pas douter le rendu visuel du film, qui est déjà très repérable avec le master actuel, explosera encore plus avec un toilettage digne de ce nom (et ô combien nécessaire).
Merci Nestor pour cette remarque. C'est vrai qu'en dehors de Pathé qui restaure les Enfants du Paradis en 4k, on se demande quand Studio canal se réveillera pour restaurer leurs films de Carné. Le Jour se Lève bien sur mais aussi Le Quai des Brumes qui en aurait bien besoin.
Sinon, ça passe inaperçu mais LCJ Editions sortent un documentaire rare de Carné sur les mosaiques de la basilique de Monreale en Sicile (qui sont magnifiques), ça s'appelle malheureusement La Bible ce qui va en effrayer beaucoup :roll: surtout que le commentaire bien pompeux de Didier Decoin rend l'ensemble bien daté.
Si je vous en parle c'est qu'en bonus ils ont ajouté le premier court-métrage de Marcel Carné, le très rare Nogent Eldorado du Dimanche datant de 1929 et qui lui est admirable. Je me permets de vous renvoyer vers des captures que j'ai mis en ligne ici : http://www.marcel-carne.com/les-films-d ... copie-vhs/.
ça fait un peu cher pour juste ce court-métrage mais ça vaut le coup quand même vu sa rareté.
http://www.lcj-editions.com/index.php?l ... eetid=1579
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par vivian »

Je relance ce topic car quelque chose me dit qu'on va en parler cette semaine... :wink:

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Jeremy Fox
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Jeremy Fox »

A l'occasion de l'exposition Les enfant du paradis à la Cinémathèque française, voici un entretien avec Marcel Carné par Edward Turk
riqueuniee
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par riqueuniee »

La merveilleuse visite
Film projeté à la Cinémathèque à l'occasion de la rétrospective Carné.
Si le sujet n'est pas plus mal qu'un autre, qu'est-ce que le film est mauvais. Scenario et dialogues vraiment pas terribles (c'est parfois un peu n'importe quoi).Ca n'aide pas les comédiens . La musique de Stivell (ce n'est pas une composition originale, mais des extraits de divers albums, plus, pour le thème principal, des réinterprétations d'un thème traditionnel qu'il avait déjà utilisé- faites pour le film) n'est pas mal, mais elle est souvent mal utilisée. Et les arrangements avec choeurs, au début et à la fin du film, ce n'est vraiment pas possible.
Filiba
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Filiba »

riqueuniee a écrit :La merveilleuse visite
Film projeté à la Cinémathèque à l'occasion de la rétrospective Carné.
Si le sujet n'est pas plus mal qu'un autre, qu'est-ce que le film est mauvais. Scenario et dialogues vraiment pas terribles (c'est parfois un peu n'importe quoi).Ca n'aide pas les comédiens . La musique de Stivell (ce n'est pas une composition originale, mais des extraits de divers albums, plus, pour le thème principal, des réinterprétations d'un thème traditionnel qu'il avait déjà utilisé- faites pour le film) n'est pas mal, mais elle est souvent mal utilisée. Et les arrangements avec choeurs, au début et à la fin du film, ce n'est vraiment pas possible.
C'est celui avec Castaldi en pattes d'eph blanc ?
riqueuniee
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par riqueuniee »

Le personnage central (l'ange tombé du ciel) en porte un (qui est d'ailleurs censé appartenir à Castaldi). Je ne me rappelle déjà plus ce que porte Castaldi dans le film.
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Sybille
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par Sybille »

Le jour se lève
Marcel Carné (1939) :

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Au dernier étage d'un immeuble d'un quartier tranquille, un homme est tué, un second s'enferme alors, entre désespoir et colère. De multiples retours en arrière vont nous raconter toute l'histoire.
Carné met en oeuvre ce procédé avec une efficacité narrative troublée d'une sombre et dense poésie. Un objet, un regard, un rappel, une musique, et les images du passé apparaissent peu à peu en fondu sur l'écran.
Le personnage de Gabin, homme simple, de milieu populaire, est un contrepoint frappant à celui plus intellectuel incarné par le suave et doucereux Jules Berry. Leur affrontement est fondé sur l'amour, ou du moins son semblant, celui qu'ils éprouvent tous deux mais ne peuvent partager pour ces femmes que sont la sensible Arletty et la douce Jacqueline Laurent.
Les interprètes sont bons, très caractérisés, parfois plus finement nuancés, en particulier lorsque les émotions liées à l'abandon ou au désir les atteignent et les touchent. Mais le récit pâtit dans l'ensemble de cette opacité assez plate des caractères, d'évênements, de sentiments pas forcément bien amenés ou développés. Le film semble se restreindre, ne pas donner, dire tout ce qu'il contient. La justesse des acteurs, la beauté théâtralisée des décors, la lumière brumeuse, les dialogues poétiques aptes à dire toutes les vérités humaines : des atouts majeurs pour un film qui garde malgré tout son envol, qui peut-être parviendra à me convaincre mieux lors d'un lointain prochain visionnage. 6,5/10
lecoinducinéphage
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par lecoinducinéphage »

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A signaler la biographie de Marcel Carné par David Chanteranne "Marcel Carné, le môme du cinéma français" aux Éditions Soteca : http://www.la-chambre-claire.fr/photo-c ... s_id=29377
"Jamais je ne voudrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre." (Groucho Marx)
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Re: Marcel Carné (1906-1996)

Message par joe-ernst »

Du mouron pour les petits oiseaux (1963)

Disons-le tout de suite, ce film ne fait pas trop dans la finesse. De la gaudriole, des dialogues assez faciles, une franche misogynie, bref on est plus dans l’esprit théâtre de boulevard que sur un quai des brumes. Si l’on est prêt à accepter tout cela, on peut passer un bon moment de détente, d’autant plus qu’au-delà de son aspect potache, ce film est assez "frontal" sur certains sujets…

Certains acteurs tirent fort bien leur épingle du jeu, de Dany Saval totalement convaincante en ravissante idiote à Paul Meurisse, toujours suave dans la turpitude, en passant par Roland Lesaffre, qui a l’air de s’amuser comme un petit fou à jouer les cinglés ne s’exprimant qu’à travers des versets bibliques, ou encore Jeanne Fusier-Gir, délicieusement tyrannique. Je ne sais pas si dans la vie la grande Jean Parédès s’envoyait des pneumatiques pour pouvoir se taper ensuite les mignons petits facteurs qui les lui apportaient, mais il est parfait. D’autres en revanche sont assez ternes, comme Jean Richard, Suzy Delair ou Franco Citti. Mais il y en a une qui n’est pas seulement épatante, mais carrément géniale, c’est Suzanne Gabriello. Elle crève littéralement l’écran, volant sans aucun problème les scènes de Fusier-Gir ou de Meurisse. Elle a une présence incroyable, et en faisant très peu. Comment se fait-elle qu’elle n’ait pas eu une grande carrière ? Il est en tout cas vraiment regrettable que le cinéma ne l’ait pas davantage utilisée. Peut-être était-ce son choix à elle ?

Une chose m’a intriguée :
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Qu’a voulu dire Carné, avec la frangine poussant le landau et qu’elle finit par remplir de baguettes de pain à la fin du film ? Si quelqu’un a une réponse à apporter, je suis preneur…
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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