Mr. Smith au Sénat (Frank Capra - 1939)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

O'Malley
Monteur
Messages : 4602
Inscription : 20 mai 03, 16:41

Message par O'Malley »

Mr Smith au sénat de Frank Capra.
Très belle fable politique qui fustige les dérives de la politique américaine tout en étant un vibrant message d'amour vis-à-vis de la démocratie de ce même pays. Le film, de plus de 60 ans, n'a pas pris une ride; face aux collisions politiques et économiques de l'actuelle administration Bush, on ne peut que rester songeur au propos de Capra, idéaliste certes mais, en même temps, très lucide. SPOILERS Le happy-end arrive d'extrême justesse et Capra nous laisse comprendre que, dans la réalité, hélas, le sort reservé à Smith et à son message est d'être broyé par l'infernale machnie politico-économique...
James Stewart est formidable et je suis resté songeur en faisant le rapprochement, après le film, entre le comédien aux rôles d'idéaliste (un peu niais) de ses débuts et les roles torturés, névrosés offerts par Hitchcock et Mann dans les 50's...Je ne connaissais jusqu'alors que sa seconde partie de carrière et avec ce film de Capra, je découvre enfin ses premiers rôles...Un formidable acteur donc, et je n'ai plus qu'une seule envie: découvrir encore un peu mieux sa filmographie des 30-40's...
Avatar de l’utilisateur
Cathy
Producteur Exécutif
Messages : 7321
Inscription : 10 août 04, 13:48
Contact :

Message par Cathy »

Mr Deeds goes to Town

Très bon film de Frank Capra, comme toujours, avec son petit côté préchi precha, plaidoyer pour les pauvres. Mais bon un de ces films "jouissifs", Gary Cooper campe avec bonheur un Mr Deeds moins naif qu'on ne le croit, plus intelligent qu'il ne paraît. Jean Arthur est parfaite en Babe, la journaliste repentie. La scène de procès est magnifique notamment les deux vieilles dames de Mandrake falls, le plisseur de nez, etc., tout comme la scène de l'Echo drolissime ! Bref un bon moment !

Côté DVD, l'image est parfait au départ, par contre, il y a une légère dégradation de l'image au bout d'une heure pendant une dizaine de minutes où l'image semble beaucoup plus flou, même si c'est aussi la scène du brouillard, l'image a quand même un léger problème. Mais tout s'améliore ensuite. Par contre la version française est vraiment à fuir, visiblement ils ont aussi redoubler en Allemand et en espagnol. Curieusement le début du film qui annonce la mort du milliardaire est parlé dans les trois doublages, ce qui n'est aucunement le cas en VO !
paul_mtl
je sais de quoi je parle
Messages : 962
Inscription : 9 juil. 05, 00:00
Localisation : avec ta soeur
Contact :

Mr. Smith au Sénat (Frank Capra - 1939)

Message par paul_mtl »

Je viens de voir ce ce classique et je suis stupefait par la modernité et la justesse du propos politique pour l'epoque.

Mr. Smith Goes to Washington est réalisé en 1939 par Frank Capra, soit 2 ans avant Citizen Kane.
Image
Jefferson Smith (James Stewart) est très aimé des Boys Rangers, un club de jeunes garcons qu'il dirige. Cet homme populaire et naïf est une affaire pour le gouverneur Hopper et son chef politique Jim Taylor, qui en font un sénateur idéal pour couvrir leurs sombres histoires. Mr. Smith devient alors vite la risée du Congrès et est, malgré lui, compromis dans une affaire louche.

Une comedie-dramatique qui a la particularité d'avoir au dela du message patriotique amercain traditionnel
une mise en guarde contre la corruption des politiques avec les milieux d'affaires mais plus original les consequences dramatiques pour la démocratie si les medias doivent obeir a un seul groupe d'hommes d'affaire.
Si on retire le grotesque Happy End hollywodien d'une 1 min, les scenaristes nous disent deja en 1939
qu'une démocratie sans une presse independante et libre n'est qu'une démocratie de facade.
En effet l'opinion publique est manipulé et trahis par ces medias achetés.
Image

Cette avertissement a t'il etait entendu de nos jours aux USA ?

Partiellement pourrait on dire sous la presidence de Bush Junior.
Et Fox News en est la triste preuve.

Et sans oublier, l'Italie qui a connu Berlusconi 1er ministre et grand mania des medias italiens.
Un autre Taylor (*) que dénonce deja ce film visionnaire en 1939 !

(*)
Taylor etant dans ce film, l'homme d'affaire qui corrompt les politiques et grand mania de presse.
Comedie italienne - Top 250
C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour ; et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre - R.Devos
Shackleton, Casanova
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Message par Julien Léonard »

En dehors de cet intérêt effectif que l'on peut trouver au film de Capra (Bush et toute la famille républicaine actuelle), c'est sans conteste l'un des plus beaux films de Frank Capra, avec un James Stewart extraordinaire dans l'un de ses plus beaux rôles !! Et ce n'est pas peu dire... :wink:
Image
Alligator
Réalisateur
Messages : 6629
Inscription : 8 févr. 04, 12:25
Localisation : Hérault qui a rejoint sa gironde
Contact :

Message par Alligator »

La fibre patriotique vibrante de Capra mêlée aux bons sentiments habituels donne un film qui peut fatiguer aujourd'hui. Jefferson Smith est un pauvre benêt qui croit encore à 30 ans que les USA sont une démocratie représentative! Nommé sénateur par un gouverneur corrompu, il se prend une énorme giffle une fois à Washington. Tout le monde semble se liguer pour se foutre de sa gueule : les journalistes, les co-sénateurs et les femmes! La chute est douloureuse, triste réalité! Mais cette cruelle réalité n'existe pas chez Capra. Quand on croit le héros au fond du trou, il donne dans tous ses films un coup de pied pour remonter. C'est ici que l'humeur du spectateur est mise en joue. Soit l'on y adhère et l'on trouve là un film merveilleux, avec un message positif courageux, capable de renier l'affreuse réalité et même la transformer, soit on se lasse de cette fausseté, on peut se gausser de Mr. Paine corrompu jusqu'à la gueule et qui rongé de remords dévoile ses forfaitures au Sénat pour sauver l'honneur de Mr Smith! Personnellement, aujourd'hui, je penche plutôt vers cette route. J'ai trouvé la naïveté de Capra trop pesante. En même temps, à l'heure actuelle il est très étonnant de voir la force de la critique de ce film. Capra y décrie la corruption des politiques mais également des moyens d'information. On ne peut s'empêcher d'y voir une multitude de points communs avec les aléas de la vie politique actuelle. Mr Taylor n'est-il pas Murdoch?
Ce qui m'a le plus frappé, c'est la confondante habileté de James Stewart, son charisme, son talent à manier l'émotion d'un simple regard et les quelques touches et clins d'oeil très Capra
Bartlebooth
Georges Perec
Messages : 1844
Inscription : 8 déc. 03, 13:18
Contact :

Message par Bartlebooth »

Capra naïf, incurable optimiste ? Les choses sont-elles si simples ? Il m'a toujours fait l'effet d'un maniaco-dépressif. Compte tenu de sa réputation, je suis plutôt frappé par la noirceur et l'âpreté de M. Smith au Sénat. L'espèce de mauvais rêve où se débat James Stewart en fin de course, luttant contre le sommeil pour garder son droit à la parole, n'est pas sans rappeler le cauchemar de la Vie est belle. Le fragile happy end, expédié en quelques plans, est des plus incertains : Smith n'a gagné qu'une bataille, rien n'indique qu'il gagnera la guerre. L'optimisme de Capra reste un sursaut volontariste contre un désespoir suicidaire (l'Homme de la rue). Il y croit moins qu'il veut y croire, coûte que coûte, et c'est cela qui est émouvant.
Avatar de l’utilisateur
Roy Neary
Once upon a time...
Messages : 51384
Inscription : 12 avr. 03, 01:42
Liste DVD

Message par Roy Neary »

Bartlebooth a écrit :L'optimisme de Capra reste un sursaut volontariste contre un désespoir suicidaire (l'Homme de la rue). Il y croit moins qu'il veut y croire, coûte que coûte, et c'est cela qui est émouvant.
C'est tout à fait ça. La force de l'esprit de Capra est cette foi permanente pour un avenir meilleur, avec l'idée sous-jacente que cette entreprise est quasiment vouée à l'échec sans cette énergie du désespoir. Comme cette foi dans les institutions américaines qui contiennent en elles les germes de leur propre destruction. Le combat importe plus que le résultat qui n'est jamais acquis. Et c'est cette force dans l'espérance plus que dans la garantie des résultats qui rend son cinéma formidable et attachant. Ainsi, dans cette optique, les fins de ses films ne sont absolument pas niaises, faciles ou illusoires.
Ce sont souvent d'ailleurs les plus dépressifs qui sont les plus drôles et les plus dynamiques pour promouvoir une forme d'éspérance.
Image
Solaris
Accessoiriste
Messages : 1777
Inscription : 22 mai 04, 23:23
Localisation : avec Géhenne qui n'arrête pas de ronchonner, au 92, avenue des champs-élysées, 75008 Paris

Message par Solaris »

N'était-ce pas un film de propagande ?
« Quand la mort de mourir de la peur de mourir fait plus peur de périr de la mort de pourrir… de la mort »
paul_mtl
je sais de quoi je parle
Messages : 962
Inscription : 9 juil. 05, 00:00
Localisation : avec ta soeur
Contact :

Message par paul_mtl »

Je prefere parler de la lucidité des 2 scenaristes Lewis R. Foster (histoire) et Sidney Buchman
au dela de l'excelente réalisation de Frank Capra.

Le happy end dure moins d'une minute (sur 129min du film) et il faudrait le retirer pour donner plus d'impact au message politique.
D'un autre point de vue, si cette fin ne figurait pas dans l'histoire originale :?:, elle nous indique que le réalisateur a du changer la fin de son film pour plaire aux producteur$.
Il l'a rend si théatral et grotesque qu'on en sourit presque.

Le tour de force de cette comedie-dramatique c'est de faire passer
derriere le discours patriotique classique un message plus original qu'on retrouve avec Citizen Kane sur le pouvoir mediatique.
Ici on voit la foule manipulée comme une marionnette quand ce pouvoir est détenu par un groupe et qu'il le corrompt pour des interets privé$.

Reguarder ce que dit Smith dit justement de ces belles phrases patriotiques quand il découvre le mensonge de son pere spirituel et senateur.
Le personnage est naif au départ mais il n'est pas idiot d'ailleurs le senateur corrompu le sait "il est honnete pas idiot".
La suite lui donnera raison.

@Solaris
Un film de propagande ?
J'y ai pensé au début du film avec ces discours tres patriotique de Smith et l'année 1939 mais apres il prend justement le contrepied de tout ca en disant que ces belles phrases sont utilisés par des senateurs corrompus pour mieux manipuler les gens.
Cette scene importante apres qu'il a découvert le mensonge et qu'assis il pleure.
Comedie italienne - Top 250
C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour ; et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre - R.Devos
Shackleton, Casanova
Bartlebooth
Georges Perec
Messages : 1844
Inscription : 8 déc. 03, 13:18
Contact :

Message par Bartlebooth »

paul_mtl a écrit :D'un autre point de vue, si cette fin ne figurait pas dans l'histoire originale :?:, elle nous indique que le réalisateur a du changer la fin de son film pour plaire aux producteur$.
En 1939, Capra était son propre producteur depuis quelques années déjà. On peut tout à fait discuter cette fin (je n'en fais pas la même lecture que toi), mais c'est bien lui qui l'a voulue telle qu'elle est.
paul_mtl
je sais de quoi je parle
Messages : 962
Inscription : 9 juil. 05, 00:00
Localisation : avec ta soeur
Contact :

Message par paul_mtl »

Bartlebooth a écrit :
paul_mtl a écrit :D'un autre point de vue, si cette fin ne figurait pas dans l'histoire originale :?:, elle nous indique que le réalisateur a du changer la fin de son film pour plaire aux producteur$.
En 1939, Capra était son propre producteur depuis quelques années déjà. On peut tout à fait discuter cette fin (je n'en fais pas la même lecture que toi), mais c'est bien lui qui l'a voulue telle qu'elle est.
Merci Bartlebooth :) pour cette precision importante.

Donc Capra réalisateur et les scenaristes ont peut-être fait un compromis avec Capra producteur. :mrgreen:
Comedie italienne - Top 250
C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour ; et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre - R.Devos
Shackleton, Casanova
Ballin Mundson
O Captain! my Captain!
Messages : 7107
Inscription : 27 janv. 05, 20:55
Localisation : à l'abordage

Message par Ballin Mundson »

paul_mtl a écrit : J'y ai pensé au début du film avec ces discours tres patriotique de Smith et l'année 1939 .
En 1939, les usa n'étaient pas encore en guerre
Image
paul_mtl
je sais de quoi je parle
Messages : 962
Inscription : 9 juil. 05, 00:00
Localisation : avec ta soeur
Contact :

Message par paul_mtl »

Ballin Mundson a écrit :
paul_mtl a écrit : J'y ai pensé au début du film avec ces discours tres patriotique de Smith et l'année 1939 .
En 1939, les usa n'étaient pas encore en guerre
Justement, ils avaient besoin de preparer l'opinion publique a cette 2e guerre mondiale
mais l'attaque des Japonnais a Pearl Harbor le 7 décembre 1941 leur a facilité en quelque sorte la tâche. :mrgreen:

Mais comme je l'ai dit je ne trouve pas que c'est un film de propagande pour les raisons deja cités.
Comedie italienne - Top 250
C'est pour satisfaire les sens qu'on fait l'amour ; et c'est pour l'essence qu'on fait la guerre - R.Devos
Shackleton, Casanova
someone1600
Euphémiste
Messages : 8853
Inscription : 14 avr. 05, 20:28
Localisation : Québec

Message par someone1600 »

J'attend le coffret Capra pour me procurer le film. Coffret annoncé seulement sur les dvd du coffret Cary Grant.... :?
bruce randylan
Mogul
Messages : 11658
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Message par bruce randylan »

Et puis Mr Smith au sénat, il y a aussi cette magnifique scène où Capra ne filme que le chapeau d'un Stewart tout timide :oops:
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Répondre