Mr. Smith au Sénat (Frank Capra - 1939)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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paul_mtl
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Message par paul_mtl »

C'est mon sujet qui s'enflamme comme ca ?
:lol:
karmen a écrit :je ne remets pas en cause le talent de capra, mais mais ce qu'il dit. c'est pas pareil !
et combien même le titre de ce topic était "éloge de capra", je me premettrais quand-même de dire ce que j'en pense, sans voiloir te faire fuire. c'est pas mal de confronter parfois ses idées, non ?
Oui confronter les idées c'est même tres interessant a condition d'argumenter.
Ce qui serait interessant de savoir serait pourquoi tu fais cette interpretation.

il y a l'idée de l'artiste et puis les interpretations qu'on en fait et suivant les oeuvres ses interpretations peuvent varier bcp.
Et ce film peut effectivement être interpreter differement suivant ses connaissances et sa sensibilité.

Capra est un immigrant d'origine sicilienne.
C'est important de connaitre ses origines et sa culture italo-americaine.
il exprime un peu le rêve americain de ses immigrants.
rêve parfois décu.
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Julien Léonard
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Message par Julien Léonard »

Roy Neary a écrit :
karmen a écrit :et là, je suis aller trop loin, c'est ça ? je suis viré ?
Ah ben si on commence à bannir les gens qui disent des bêtises plus grosses qu'elle...
Sans aller jusque là (je ne me permetrai pas :) ), je dois dire que je suis vachement choqué quand même... ouais, la grosse surprise là !! Le parallèle avec le 3ème reich me déconcerte un peu beaucoup...
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paul_mtl
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Message par paul_mtl »

karmen a écrit :capra est un des fondateurs pour moi du cinéma hollywoodien réactionnaire moderne.
Après la guerre, désireux de s'affranchir des grosses machines que sont les studios hollywoodiens, Capra fonda avec George Stevens et William Wyler une compagnie indépendante
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Capra

Pour le reste, je trouve le message subtil derriere la naiveté de Smith.
Effectivement ca ressemble au début a un film de propagande, comme il en a fait d'ailleurs, mais au milieu et la fin il détourne le message et amene la réalité, la lucidité a travers les découvertes de son héros.
La preuve ?
la scene ou il pleure et la fin pessimiste excepté la derniere minute.
Plutôt maladroit pour un bon film de propaguande US un héros qui pleure et isolé parmi tous ses collegues députés US hostiles. :mrgreen:

il a clairement une idée élevée de la morale, de l'éthique qu'il defend.
Son film n'est pas si accessible que ca même s'il veut être populaire.
J'en veux pour preuve ton interpretation tres differente de la mienne.

Maintenant il faut aussi reguarder le travail des scenaristes qui ont écrit et adapté l'histoire.
Je passe la main :wink:
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Message par someone1600 »

Outlaw a écrit :
edit / j'en profite pour dire aux passionnés qu'il existe une version colorisée de "La Vie est belle" ("Its a wonderful life")
Une version colorisée ne m'enchante guere personnelement, ce film est magnifique en noir et blanc et doit le rester.
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Message par Alligator »

karmen a écrit :et puisque l'on parle de la nature politique du cinéma de capra, j'invite à voir (ou revoir) lost highway (horizons perdus). on dirait presque une adaptation de mein kampf. c'est aussi naïf et con. pour moi, capra fait autant parti de l'ennemi que riefenstal. et tout aussi dangeureux. quel talent il a !
:shock:
:)
:lol:
:P
Allez, plus la peine de te cacher, Serge Kaganski, tu es démasqué : après Amélie Poulain égérie du Front National, tu nous sers un Capra nazi!

Je suis désolé mais moi ça me fait rire.
J'attends avec impatience la révélation de l'antisémitisme des Dents de la mer puis l'apologie sataniste de la Guerre des Etoiles. :lol:

Certes, ce n'est pas très malin de se moquer de ses petits camarades, ni d'en remettre une couche, mais avouez que c'est drôle quand même... mein kampf, faut le faire...
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Mr Smith goes to Washington est une comédie obstinée, mais dans le bon sens du terme.

C'est un de ses films typique où l'idéalisme cher au cinéaste n'est qu'une formidable illusion.

Il faut en finir avec le Capra et son cinéma optimiste, civique, sentimentaliste ou autre.

Capra avait des espoirs, des croyances, il a sans cesse interrogé sur des thèmes graves qui pouvaient et arrivaient à nuire à un pays qu'il adore, le sien.

Pour ce film-ci, Capra confronte l'honnêteté à la manipulation, la vérité brute à la vérité détournée, la justice à l'utilisation de la justice. Monsieur Smith est un de ces Justes qui jalonnent tant la filmographie de son auteur, une sorte de modèle, le pur humaniste qui, comme tout le monde, doute de ses capacités en complément des réactions des autres. Capra façonne ainsi l'Idéal contre l'Autre. Il préfère ainsi montrer la victoire du Juste contre l'ambiant environnement sociétaire, tout en sachant pertinemment que c'est le contraire qui se passe le plus souvent dans la réalité.
Cette sensation est renforcée par deux éléments primordiaux : tout d'abord la mise en scène de Capra, précise, d'une souplesse narrative superbe, amenant les tenants et les aboutissants de ce qu'il veut raconter, puis l'interprétation magistrale de James Stewart, performance magnétique, physique et expressive.

Capra modèle Monsieur Smith, le sculpte pour trouver un semblant de perfection humaniste et généreuse, comme la plupart des protagonistes de ses films et le confronte au reste, bien concret lui, où les méthodes de fonctionnement sont clairement établies et amenant ainsi à une forte dose de pessimisme. Capra y croyait grâce au cinéma, pas grâce au monde dans le quel il vivait.
C'est un film important et salutaire.
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Julien Léonard
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Message par Julien Léonard »

Superbe mini-chronique !! Entièrement d'accord !! :wink:
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karmen
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Message par karmen »

je demande à tous ceux que j'ai choqué de bien vouloir m'excuser.
mais il est vrais que j'ai parfois des avis trés tranché sur certains films et je me permets de les exprimer. souvent des bétises, j'en conviens.
mais j'argumente.

pour lost horizon (et pas lost highway, pardon), le discours du film est de ceux que les personnes qui ont subis (subissent encore ?) les administrations coloniales et les discours qui les ont accompagnés ne peuvent plus entendre.
un pays arriéré où l'homme blanc et sa parole sacrée vient dire comment vivre. un pays où la civilisation n'a pas encore assez vécue pour s'être usée et subire quelques dérives que ce soit. et voila le paradis sur terre. ce film est une représentation de la phatasmagorie colonialiste et raciste de son époque, auant sur le fond que formelement. la mise ne scène s'organise autour d'un appartheid filmique (je vais encore m'en prendre plein la gueule) en séparant les allogènes qui sont à peu près relégués à la position de figurant des blanc qui ont droit à la parole, c'est à dire au texte. et les seuls allogènes qui ont ce droit sont ceux qui sont passé par l'école des blancs et qui partagent leur langue et leur morale, ceux qui sont devenus blancs.

pour Mr Smith, je pense que le parti pris du film, c'est de soutenir que le système étasunien est fondamentalement bon et juste. mais ceux qui composent les institutions dirigeantes les détournent des intérets qu'elle sont censées servir, ceux du peuple. ils ont oublié ce pourquoi ils sont là.
l'enjeux devient morale. peut-on rendre à ces institutions leur rôle originel ? peut-on faire prendre conscience aux bureaucrates ce pourquoi ils sont là ? si oui, alors la crise se résoudra.
viens alors le temps des grands discours. l'action politique est réthorique.

je pense que faire croire cela aux gens, c'est les rendre inoffenssifs. et ça me pousse à des réactions un peu violentes, c'est vrais.
ce discours n'est pas propre à capra, mais à tout un courant de pensée du début du XXe siècle, dit populisme républicain, auquel capra à trés vite adhéré (pour information, auquel une trés grande partie des immigrés siciliens ont adhéré dans cette période). je pense qu'il faut aussi voir les films de capra dans une perspective politique et historique précise, par rapport, par exemple au conflit politique dans la première moitié des années trente entre républicains (devenus "néo-populistes") et démocrates (pas encore roosveltiens). ce qui ouvre par exemple à une lecture des films de capra d'après 36 comme étant trés hostils à l'égard de Roosvelt et ce qu'il représente dans l'imaginaire conservateur : les USA riches de l'est, les des grands groupes capitalistes...

je pense qu'il est intéressant de le replacer capra dans son époque et dans son engagement politique presque systématiquement ignoré des cinéphiles (pour lui comme pour la plupart des cinéastes). cela donne en effet une lecture de ses films un peu différente, même si cela fait mal. capra cinéaste est aussi capra homme politique.
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Message par paul_mtl »

Le message du film est qu'au dela des discours politiques il faut que les actes suivent sinon c'est une vaste escroquerie politique.

Qu'il soit republicain ou democrate ne change rien au message.
C'est un message universel qui peut s'appliquer a tous les pays et tous les partis démocratiques de la planete.
Ce qui en fait sa force et son interet, j'ai dit.

:mrgreen:
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Message par karmen »

paul_mtl a écrit :Le message du film est qu'au dela des discours politiques il faut que les actes suivent sinon c'est une vaste escroquerie politique.

Qu'il soit republicain ou democrate ne change rien au message.
C'est un message universel qui peut s'appliquer a tous les pays et tous les partis démocratiques de la planete.
Ce qui en fait sa force et son interet, j'ai dit.

:mrgreen:
bon, bah... d'accord, hein ?
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

karmen a écrit :ce film est une représentation de la phatasmagorie colonialiste et raciste de son époque, autant sur le fond que formelement. la mise ne scène s'organise autour d'un appartheid filmique (je vais encore m'en prendre plein la gueule) en séparant les allogènes qui sont à peu près relégués à la position de figurant des blanc qui ont droit à la parole, c'est à dire au texte. et les seuls allogènes qui ont ce droit sont ceux qui sont passé par l'école des blancs et qui partagent leur langue et leur morale, ceux qui sont devenus blancs.
Par blancs, tu entends leucodermes ?
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Julien Léonard
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Message par Julien Léonard »

Mr. Smith au Sénat - 1939 (9/10) : Magnifique film que voici !! J'hésitais entre revoir Harvey ou Deux soeurs vivaient en paix, mais j'ai choisi le grand Frank Capra. On termine en beauté : ce film est une merveille, un de mes Capra et un de mes Stewart préférés. Le scénario offre à James Stewart l'occasion de construire son personnage fétiche, celui du naïf qui finit par découvrir la vérité et se battre contre la méchanceté humaine avec la force du désespoir !! Mise en scène sublime, interprétation parfaite, un film long mais sans longueurs... J'adore !! Même si La vie est belle reste mon favoris, j'adhère complètement à ce film (très politique pour beaucoup de cinéphiles), grâce à son humanité, son portrait de la politique qui fait mouche, son humour parfois touchant et sa fin belle comme du cristal. Tiens, ça me donne envie de revoir New York-Miami !! Je conseille à ceux qui ne l'ont pas vu, du plaisir et de l'émotion en barre !!
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:wink:
Dernière modification par Julien Léonard le 1 août 10, 19:43, modifié 1 fois.
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Jihl
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Re: Mr.Smith au Senat (Frank Capra)

Message par Jihl »

A côté de scénes brillantes ("la scene du chapeau" par exemple comme signalé plus haut dans le topic) et de l'interprétation effectivement impressionante de James Stewart, le film souffre de scènes trop longues (dialogues entre Diz et Clarissa) ou trop courtes (la fin est pour moi totalement râtée), de redites de surlignage (les citations du Memorial Lincoln) et globalement de l'interprétation de Jean Arthur.
Pourtant c'est un film que je trouve très important par les thématiques qui sont abordées (pervertion d'un idéal démocratique au profit d'une real politique, fabrique de l'opinion publique, rôle des médias) avec une certaine complexité symbolisé par le personnage du Sénateur Paine et je trouve Capra très lucide dans son film loin de l'image de boy-scout qui lui colle générallement aux basques.
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Re: Mr. Smith au Sénat (Frank Capra - 1939)

Message par Max Schreck »

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Tout ce que j'ai vu de Capra jusqu'ici m'a enthousiasmé. J'attendais peut-être trop de ce Mr Smith. Je me suis retrouvé avec une fable politique sans doute animée par une vraie sincérité dans ses convictions, mais assez peu subtile dans sa démonstration. Ça démarrait plutôt bien, avec Jimmy Stewart parfait dans son rôle de gentil provincial plein de bonne volonté. Son duo avec Jean Arthur est certes convenu, mais l'interprétation est suffisamment pétillante et les répliques cinglantes. Claude Rains est divin.

Capra s'efforce de tracer un portrait global du monde politique et de ce qui le lie à la fois au milieu des affaires et à la presse. Les élans de patriotisme sont émouvants parce qu'ils sont ici judicieusement inscrits dans des symboles forts (drapeau, monuments, personnalités, textes, etc., comme autant d'incarnations d'une Histoire nationale dont il y a tout lieu d'être fier). L'indignation du spectateur est titillée comme il faut quand il faut. Mais tout cela demeure un peu trop superficiel à mon goût.

Et surtout, selon moi, Capra rate complétement son climax qui avait tout pour être un grand moment. Au lieu de se focaliser sur la performance de Smith et de le laisser développer son discours, il ne cesse de sortir du Sénat pour nous montrer les réactions de la population et les manipulations de Taylor le véreux. Il casse ainsi la dynamique réthorique, trahissant un manque de confiance dans la toute puissance du langage, alors que c'est précisément ce qui est au cœur de la scène. Le plaidoyer de Smith n'est plus qu'une suite d'épisodes et le fond de son discours perd toute substance. Comme si seuls comptaient le concept, la forme, l'idée d'une lutte pour la parole, au détriment de la cause elle-même. On le laisse donc s'égosiller tout seul. C'est dommage cette frilosité de la part d'un scénariste aussi doué que Capra, parce que c'était l'occasion justement de mettre enfin sur le même plan les idées et l'âme,

Le film souffre également de son manque de moyens. Cette production Columbia a en effet toutes les apparences d'une modeste série B. On note quelques plans tournés en extérieurs, mettant en valeur les monuments emblématiques de Washington. La reconstitution de la grande salle du Sénat a du engloutir les 3/4 du budget. Pour le reste, Capra échoue un peu à transcender le manque de moyens. Les arrière-plans sont souvent nus, quand ils ne sont pas remplis par des rétroprojections assez moches. La mise en scène est la plupart du temps bien statique, très théâtrale dans son dispositif, ce qui tranche d'autant plus avec les séquences plus inspirées formellement (la bougeotte du chapeau de Smith, la scène du procès et ses jeux de regards). Ce n'est évidemment pas sur ces seuls aspects techniques que j'évalue la réussite du film, mais ce sont pour moi autant d'éléments qui brident mon appréciation finale et m'empêchent de souscrire à 100 %.
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Prolls
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Re: Mr. Smith au Sénat (Frank Capra - 1939)

Message par Prolls »

Est-ce que certains ici ont été confronté au problème du blu-ray français sans sous-titres français?
Existe-t-il une solution, via l'éditeur notamment?
D'avance merci.
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