Je serais intéressé de savoir ce que tu reproches aux autres.purée de nous autres a écrit :Il était une fois en amérique est le seul leone que j'arrive à regarder.
Il était une fois la révolution (Sergio Leone - 1971)
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- Colqhoun
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Je dois confesser que les westerns de Leone d'avant ...La Révolution m'ennuient un peu par leurs excès. Il y a une trivialité assumée, presque joyeuse. En revanche dans les deux derniers Il était une fois..., il y a un ménage poignant de mélancolie et de trivialité avec des personnages beaucoup moins cartoonesques (Il était une fois la révolution montre ce cheminement vers la mélancolie de manière progressive d'ailleurs, l'ambiance du film changeant totalement entre le début et la fin ; c'est vraiment étonnant). La trivialité et la brutalité des hommes deviennent des fardeaux. Ce sont des films d'une grande tristesse, où transparait une vision désabusée, mais sincère, de l'humanité perçue comme composée d'hommes ayant la tête dans les étoiles mais les pieds dans la boue. Des hommes qui ne sont pas à la hauteur de leur rêve en somme. Il était une fois en Amérique est aussi une merveille de montage, un des films les mieux montés que je connaisse.Colqhoun a écrit :pour moi, Il était une fois en Amérique est le moins bon des Leone que j'ai vu(c'est un peu paradoxal de dire cela, le film reste très bon), c'est à dire tous à partir de Pour une poignée de dollars.
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Comment les décrire mieux que ça. On a trop souvent tendance à résumer les western de Leone à la partie gaudriole or ce sont des films souvent mélancoliques (merveilleusement soulignés par les scores de Leone) et finalement assez pessimistes quant à la vision qu'ils offrent de l'humanité. Ses héros sont d'ailleurs plus souvent des anti-héros lâches, menteurs, vulgaires par moments que de véritables héros...Strum a écrit :En revanche dans les deux derniers Il était une fois..., il y a un mélange poignant de mélancolie et de trivialité avec des personnages beaucoup moins cartoonesques (Il était une fois la révolution montre ce cheminement vers la mélancolie de manière progressive d'ailleurs, l'ambiance du film changeant totalement entre le début et la fin ; c'est vraiment étonnant). La trivialité et la brutalité des hommes deviennent des fardeaux. Ce sont des films d'une grande tristesse, où transparait une vision désabusée, mais sincère, de l'humanité perçue comme composée d'hommes ayant la tête dans les étoiles mais les pieds dans la boue.
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Colqhoun a écrit :Je serais intéressé de savoir ce que tu reproches aux autres.purée de nous autres a écrit :Il était une fois en amérique est le seul leone que j'arrive à regarder.
1) Ils sont réalisés par Leone
2) Ils sont mis en musique par Morricone
3) 1 et 2 me dérangent moins dans Amérique, car ils se font plus discrets
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je pense comme toi mais je fais démarrer ça dès Il était une fois dans l'Ouest, célèbration nostalgique de la fin de l'Ouest mythique.Strum a écrit :Je dois confesser que les westerns de Leone d'avant ...La Révolution m'ennuient un peu par leurs excès. Il y a une trivialité assumée, presque joyeuse. En revanche dans les deux derniers Il était une fois..., il y a un ménage poignant de mélancolie et de trivialité avec des personnages beaucoup moins cartoonesques (Il était une fois la révolution montre ce cheminement vers la mélancolie de manière progressive d'ailleurs, l'ambiance du film changeant totalement entre le début et la fin ; c'est vraiment étonnant). La trivialité et la brutalité des hommes deviennent des fardeaux. Ce sont des films d'une grande tristesse, où transparait une vision désabusée, mais sincère, de l'humanité perçue comme composée d'hommes ayant la tête dans les étoiles mais les pieds dans la boue. Des hommes qui ne sont pas à la hauteur de leur rêve en somme. Il était une fois en Amérique est aussi une merveille de montage, un des films les mieux montés que je connaisse.Colqhoun a écrit :pour moi, Il était une fois en Amérique est le moins bon des Leone que j'ai vu(c'est un peu paradoxal de dire cela, le film reste très bon), c'est à dire tous à partir de Pour une poignée de dollars.
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Ha bon.Strum a écrit :
Je dois confesser que les westerns de Leone d'avant ...La Révolution m'ennuient un peu par leurs excès. Il y a une trivialité assumée, presque joyeuse. En revanche dans les deux derniers Il était une fois..., il y a un ménage poignant de mélancolie et de trivialité avec des personnages beaucoup moins cartoonesques .
C'est pourtant tout le contraire, la premiére demi-heure de La révolution est bardée d'excès en tout genre, et le coté cartoonesque comme tu dis, n'y a jamais était aussi présent (d'ailleurs ce terme ne correspond en rien au premiers westerns de Léone), ne serait-ce que la rencontre entre Coburn et Steiger qui vaut son pesant de cacahouétes...
Un second degrés plus présent dans cette demi-heure que dans tout le reste de sa filmographie.
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je suis d'accord aussi avec ça. et ne parlons pas du méchant de ce film, plus grotesque qu'aucun autre personnage de Leone (cf son brossage de dents par exemple).Addis-Abeba a écrit :Ha bon.Strum a écrit :
Je dois confesser que les westerns de Leone d'avant ...La Révolution m'ennuient un peu par leurs excès. Il y a une trivialité assumée, presque joyeuse. En revanche dans les deux derniers Il était une fois..., il y a un ménage poignant de mélancolie et de trivialité avec des personnages beaucoup moins cartoonesques .
C'est pourtant tout le contraire, la premiére demi-heure de La révolution est bardée d'excès en tout genre, et le coté cartoonesque comme tu dis, n'y a jamais était aussi présent (d'ailleurs ce terme ne correspond en rien au premiers westerns de Léone), ne serait-ce que la rencontre entre Coburn et Steiger qui vaut son pesant de cacahouétes...
Un second degrés plus présent dans cette demi-heure que dans tout le reste de sa filmographie.
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Précisément. Si tu m'avais quoté jusqu'au bout, tu aurais lu que je parle d'un passage vers la mélancolie au sein même de Il était une fois la révolution. L'excès de la première demi-heure est donc là pour créer un contraste d'autant plus fort avec la mélancolie, la maturité thématique, qui suit. Leone nous dit : Voilà ce qu'il y a après que l'on se soit amusé, lorsque que l'on se décide à regarder la réalité en face : la fuite du temps, la nostalgie, l'incapacité de l'homme à réaliser ses rêves, rêves qui sont illusoires. Cela fait d'Il était une fois la révolution un film profondément réflexif qui résume tout l'art de Leone, un pont vers le regard désabusé de la vieillesse. Voilà pourquoi la version réduite du film qui était sorti dans les années 70, sans la dimension lyrique et nostalgique du vrai film ressorti dernièrement, était une trahison sans nom de Leone.Addis-Abeba a écrit :Ha bon.
C'est pourtant tout le contraire, la premiére demi-heure de La révolution est bardée d'excès en tout genre, et le coté cartoonesque comme tu dis, n'y a jamais était aussi présent (d'ailleurs ce terme ne correspond en rien au premiers westerns de Léone), ne serait-ce que la rencontre entre Coburn et Steiger qui vaut son pesant de cacahouétes...
Un second degrés plus présent dans cette demi-heure que dans tout le reste de sa filmographie.
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Je t'ai lu jusqu'au bout c'est pareil, et je suis toujours pas d'accord avec tes propos sur les "premiers" films de Leone, je ne vois pas ce qu'il y a de joyeux dans Il était une fois dans l'ouest, qui est pourtant contrairement à ce que tu dis un film lui aussi très mélancolique.Strum a écrit :Précisément. Si tu m'avais quoté jusqu'au bout, .Addis-Abeba a écrit :Ha bon.
C'est pourtant tout le contraire, la premiére demi-heure de La révolution est bardée d'excès en tout genre, et le coté cartoonesque comme tu dis, n'y a jamais était aussi présent (d'ailleurs ce terme ne correspond en rien au premiers westerns de Léone), ne serait-ce que la rencontre entre Coburn et Steiger qui vaut son pesant de cacahouétes...
Un second degrés plus présent dans cette demi-heure que dans tout le reste de sa filmographie.
Par contre oui La révolution à bien une dimension lyrique palpable, mais pas tellement plus finalement que Dans l'ouest.
Et puis ce qui ma dérange surtout c'est que tu places Dans l'ouest avec ses autres premiers westerns, tu parles de personnages beaucoup moins cartoonesques, mais encore uen fois où tu vois des personnages cartoonesques dans Il était une fois dans l'ouest ? Je suis limite choqué.
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Il était une fois la révolution (Sergio Leone, 1971)
Il était une fois la révolution (Giù la testa) (- Sergio Leone - 1971 - 8.5/10
Très bon Léone, qui pourtant nous sert toujours la même salade, mais quelle salade mes aïeux! Coburn et Steiger forment un couple détonant dans tous les sens du terme.
La maitrise du récit par son découpage si particulier étonne encore par la fraîcheur, l'inventivité et l'audace de son cinéma, Leone est un grand incontestablement.
Que dire de la trame musicale qui fouille aux tripes.
Ce western politique est avant tout une histoire tragique, d'une profonde émotion, c'est également une histoire d'amitié comme Leone nous avait si peu habitué.
Je ne retiendrai pas les quelques faiblesses auxquelles Leone se laisse aller sur une ou deux scènes maximum :
C'est avant tout une histoire d'hommes, de leur lacheté, de leur cupidité, de leur honneur, de leurs blessures, de leurs souvenirs.
Très bon Léone, qui pourtant nous sert toujours la même salade, mais quelle salade mes aïeux! Coburn et Steiger forment un couple détonant dans tous les sens du terme.
La maitrise du récit par son découpage si particulier étonne encore par la fraîcheur, l'inventivité et l'audace de son cinéma, Leone est un grand incontestablement.
Que dire de la trame musicale qui fouille aux tripes.
Ce western politique est avant tout une histoire tragique, d'une profonde émotion, c'est également une histoire d'amitié comme Leone nous avait si peu habitué.
Je ne retiendrai pas les quelques faiblesses auxquelles Leone se laisse aller sur une ou deux scènes maximum :
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C'est avant tout une histoire d'hommes, de leur lacheté, de leur cupidité, de leur honneur, de leurs blessures, de leurs souvenirs.
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Etonnament, celui de la trilogie C'era una... qui me déprime le plus. La mélancolie du dernier acte m'a été presque insoutenable. Un film très désabusé, assez proche de Peckinpah dans l'esprit.
Et a noter l'une des scènes de bouffe les plus incroyables que j'ai pu voir. Antonia Bird a dû y penser en réalisant Ravenous.
Et a noter l'une des scènes de bouffe les plus incroyables que j'ai pu voir. Antonia Bird a dû y penser en réalisant Ravenous.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Pour moi, ce film passionnant est un chef-d'oeuvre, que je préfère de loin à Il était une fois dans l'Ouest. Mon film préféré de Leone avec Il Etait une fois en Amérique. Extraordinaire musique de Morricone. Leone nous propose avec ce film, mélange singulier de trivialité et de sublime, une intéressante définition de l'homme: les pieds dans la boue et la tête dans les étoiles.
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Re: Il était une fois la révolution (Giù la testa)
Je prends la suite du topic déjà existant mais ce film, sorti en 1971, devrait être en classiques naphtalinés.
Je suis un peu long mais c’est mon film préféré, alors je m’étends un peu . Et puis, c’est les vacances, il n’y pas grand-chose à lire .
Attention, nombreux et (très) gros spoilers !
« Avec Il était une fois dans l’Ouest, j’avais montré la naissance du matriarcat et l’arrivée d’un monde sans couilles. Ici, à travers cette époque de la révolution, j’arrivais à celle de la deuxième frontière américaine » Sergio Léone, conversations avec Noël Simsolo.
Film de commande que Sergio Léone ne souhaitait pas réaliser, Il était une fois la Révolution est devenu, par son tournage très personnel, le nécessaire second volet d’une trilogie mythique. S’il n’est pas le préféré du réalisateur, il reste le film qui lui est « le plus cher ». Un film tragique et picaresque qui a été longtemps livré dans des versions mutilées, et pas toujours apprécié à sa juste valeur.
Dans le bonus « Le mythe de la révolution » du DVD collector, Sir Christopher Frayling termine une présentation érudite et teintée d’humour de ce film en insistant sur la façon dont la coupure de quelques scènes peut détruire tout l’esprit d’une œuvre.
Coupée justement, l’ouverture sèche, froide et décalée historiquement sur la citation suivante :
« La révolution n’est pas un dîner de gala, elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance et de courtoisie. La révolution est un acte de violence… » Mao Tsé Toung.
Décalée historiquement certes, mais reflétant bien les préoccupations politiques de Sergio Leone qui s’inquiétait alors de voir l’Italie entrer dans les « années de plomb ».
L’ambiance est tout de suite plus sombre et, pour l’alourdir encore en rappelant l’esprit de l’époque, tout en retombant sur des pattes castillanes, je citerai ce petit extrait de Sixties de Chris Marker :
« …le président Mao, qui n’a pas dit que des bêtises – nous l’avions bien énoncé, « la Révolution n’est pas un dîner de gala ». Che, dont tout le monde aimait (déjà) la photo, et que presque personne n’avait lu, était encore plus technique. « La haine comme facteur de lutte, la haine intransigeante de l’ennemi qui entraîne plus loin que les limites naturelles de l’être humain, et le convertit en une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer ». Ca sonne encore mieux en castillan « Una efectiva, violenta, selectiva y fria maquina de matar » ». C.M., Sixties, Mai 2008
Castillane par ses outrances, un peu bordélique, la révolution que Leone nous conte dans ce film l’est certainement plus que savamment organisée. Librement inspiré des dix années de guerre civile qui enflammèrent le Mexique entre 1910 et 1920, le film ne rentre pas dans les détails et n’inclut aucun des personnages célèbres comme Emiliano Zapata ou Pancho Vila, figures de la révolution mexicaine. Entre bandits sans discours idéologique et prenant en main des paysans spoliés de leurs terres, un aventurier ancien de l’IRA à la présence historique improbable mais ressemblant à ces idéalistes européens rêvant de batailles garibaldiennes qu’on pouvait croiser au Mexique à cette époque, quelques intellectuels de la petite bourgeoisie des grandes villes et enfin, des troupes déjà modestement mécanisées,
Sergio Leone campe un Mexique de la guerre civile bien crédible. Une guerre civile faite d’échauffourées plus que de batailles, d’embuscades et de répressions féroces, une guerre civile qui fit un million de morts dans un pays qui comptait dix millions d’habitants.
Petit arrêt sur cette image, tiré de ce qui est l’un des plus beaux travellings de Sergio Léone. Allusion évidente aux camps de la mort nazis, dans un film qualifié de « western spaghetti » qui plus est, en salles en 1971, époque où l’on croyait encore à la morale des travellings, ces images n’ont jamais fait scandale. Sans doute parce que Sergio Léone est un génie et que le talent est la meilleure des morales.
Les chevaux sont encore là mais « Il était une fois…la révolution », c’est surtout dynamite et nitroglycérine, mitrailleuses et autos blindées. Léone met fin au western dès le premier quart d’heure du film. Une attaque de diligence, « je fais mettre toute l’aristocratie à poil. Et quand elle est balancée dans la poubelle, on entend la première explosion », dixit Léone. Nous passons définitivement aux temps modernes avec l’arrivée de Sean Mallory / James Coburn sur sa moto.
L’aventure se poursuit ensuite et Juan Miranda / Rod Steiger entreprend une longue et douloureuse marche vers la gloire. Il n’y gagnera pas beaucoup d’or, perdra sa famille dans les grottes de San Isidro mais terminera en illustre chef de bande.
Ultime retournement, Juan, qui avait su convaincre Sean de jeter les œuvres de Bakounine au loin, reprendra la flamme de la révolte et de la gloire dans les yeux de Sean blessé à mort…l’incorrigible Sean qui, au dernier instant, préfère faire l’éloge du Dr Villega / Romolo Valli, mort en « héros de la révolution », plutôt que de révéler à Juan la traîtrise de celui qui est responsable du massacre de sa famille, et qu’il vient de forcer à un suicide révolutionnaire. Dixit Leone à nouveau, « L’intellectuel finit toujours par baiser le peon ».
Malgré sa truculence, Il était une fois…la révolution serait un film bien noir et cynique si Sergio Léone n’avait pas choisi d’en faire une des plus belles histoires d’amitié du cinéma. Du premier et superbe plan de Mallory se retournant vers Miranda avec un sourire de joueur relevant un défi, de la fierté des victoires communes,
qui se paient par la douleur du massacre de la famille de Juan dans les grottes de San Isidro,
pour finir sur l’étreinte finale des deux amis, Sean et Juan se feront l’un à l’autre de bons coups de pute, mais resteront unis jusqu’au bout de leur destin commun.
Sergio Léone a souvent dit en quelle grande estime il tenait John Ford, et les fameux flashbacks irlandais sont un bel hommage au réalisateur de L’Homme Tranquille et du Mouchard. Ces flashbacks ajoutent une touche très poétique au film, l’équilibrent par leur force émotionnelle. Ils nous racontent une histoire d’amour, de jeunesse et de trahison mais, comme le Dr Villega, l’ami irlandais de Sean paiera sa traîtrise d’une mort honorable.
Scène souvent coupée, le dernier flash-back est très beau mais assez ambiguë.
Est-ce un rêve de réconciliation, ou un souvenir réel ?
Sean y étreint la jeune femme, l’embrasse puis, de ses bras, la remet aux bras de son ami qui l’embrasse à son tour. La scène se produit alors que Sean Mallory vient de dire adieu à Juan Miranda et Sergio Léone l’explique comme une sorte de transmission de flambeau, cette jeune femme symbolisant l’idéal de la révolution que tous veulent étreindre à leur tour. Elle est peut-être aussi le symbole de l’amitié de ces frères d’armes.
Si Il était une fois l’Amérique est l’aboutissement de la méditation pessimiste de Sergio Léone, Il était une fois la révolution reste un rêve, celui d’un homme pessimiste qui sait où la raison se trouve, mais qui rêve encore. Noodles sera trahi par cupidité, le traître ne méritera plus de mort honorable et se jettera lui-même à la poubelle. A Noodles, il ne restera que l’opium pour rêver que son futur ressemblera à son enfance. Sean fait la révolution et peut au moins partir glorieusement en fumée.
Un lien vers un beau texte de Roberto Donati, un des scénaristes de Sergio Léone, sur la nostalgie dans les films de Sergio Léone:
Nostalgia in the films of Sergio Léone
Je suis un peu long mais c’est mon film préféré, alors je m’étends un peu . Et puis, c’est les vacances, il n’y pas grand-chose à lire .
Attention, nombreux et (très) gros spoilers !
« Avec Il était une fois dans l’Ouest, j’avais montré la naissance du matriarcat et l’arrivée d’un monde sans couilles. Ici, à travers cette époque de la révolution, j’arrivais à celle de la deuxième frontière américaine » Sergio Léone, conversations avec Noël Simsolo.
Film de commande que Sergio Léone ne souhaitait pas réaliser, Il était une fois la Révolution est devenu, par son tournage très personnel, le nécessaire second volet d’une trilogie mythique. S’il n’est pas le préféré du réalisateur, il reste le film qui lui est « le plus cher ». Un film tragique et picaresque qui a été longtemps livré dans des versions mutilées, et pas toujours apprécié à sa juste valeur.
Dans le bonus « Le mythe de la révolution » du DVD collector, Sir Christopher Frayling termine une présentation érudite et teintée d’humour de ce film en insistant sur la façon dont la coupure de quelques scènes peut détruire tout l’esprit d’une œuvre.
Coupée justement, l’ouverture sèche, froide et décalée historiquement sur la citation suivante :
« La révolution n’est pas un dîner de gala, elle ne se fait pas comme une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie ; elle ne peut s’accomplir avec autant d’élégance et de courtoisie. La révolution est un acte de violence… » Mao Tsé Toung.
Décalée historiquement certes, mais reflétant bien les préoccupations politiques de Sergio Leone qui s’inquiétait alors de voir l’Italie entrer dans les « années de plomb ».
L’ambiance est tout de suite plus sombre et, pour l’alourdir encore en rappelant l’esprit de l’époque, tout en retombant sur des pattes castillanes, je citerai ce petit extrait de Sixties de Chris Marker :
« …le président Mao, qui n’a pas dit que des bêtises – nous l’avions bien énoncé, « la Révolution n’est pas un dîner de gala ». Che, dont tout le monde aimait (déjà) la photo, et que presque personne n’avait lu, était encore plus technique. « La haine comme facteur de lutte, la haine intransigeante de l’ennemi qui entraîne plus loin que les limites naturelles de l’être humain, et le convertit en une efficace, violente, sélective et froide machine à tuer ». Ca sonne encore mieux en castillan « Una efectiva, violenta, selectiva y fria maquina de matar » ». C.M., Sixties, Mai 2008
Castillane par ses outrances, un peu bordélique, la révolution que Leone nous conte dans ce film l’est certainement plus que savamment organisée. Librement inspiré des dix années de guerre civile qui enflammèrent le Mexique entre 1910 et 1920, le film ne rentre pas dans les détails et n’inclut aucun des personnages célèbres comme Emiliano Zapata ou Pancho Vila, figures de la révolution mexicaine. Entre bandits sans discours idéologique et prenant en main des paysans spoliés de leurs terres, un aventurier ancien de l’IRA à la présence historique improbable mais ressemblant à ces idéalistes européens rêvant de batailles garibaldiennes qu’on pouvait croiser au Mexique à cette époque, quelques intellectuels de la petite bourgeoisie des grandes villes et enfin, des troupes déjà modestement mécanisées,
Sergio Leone campe un Mexique de la guerre civile bien crédible. Une guerre civile faite d’échauffourées plus que de batailles, d’embuscades et de répressions féroces, une guerre civile qui fit un million de morts dans un pays qui comptait dix millions d’habitants.
Petit arrêt sur cette image, tiré de ce qui est l’un des plus beaux travellings de Sergio Léone. Allusion évidente aux camps de la mort nazis, dans un film qualifié de « western spaghetti » qui plus est, en salles en 1971, époque où l’on croyait encore à la morale des travellings, ces images n’ont jamais fait scandale. Sans doute parce que Sergio Léone est un génie et que le talent est la meilleure des morales.
Les chevaux sont encore là mais « Il était une fois…la révolution », c’est surtout dynamite et nitroglycérine, mitrailleuses et autos blindées. Léone met fin au western dès le premier quart d’heure du film. Une attaque de diligence, « je fais mettre toute l’aristocratie à poil. Et quand elle est balancée dans la poubelle, on entend la première explosion », dixit Léone. Nous passons définitivement aux temps modernes avec l’arrivée de Sean Mallory / James Coburn sur sa moto.
Ultime retournement, Juan, qui avait su convaincre Sean de jeter les œuvres de Bakounine au loin, reprendra la flamme de la révolte et de la gloire dans les yeux de Sean blessé à mort…l’incorrigible Sean qui, au dernier instant, préfère faire l’éloge du Dr Villega / Romolo Valli, mort en « héros de la révolution », plutôt que de révéler à Juan la traîtrise de celui qui est responsable du massacre de sa famille, et qu’il vient de forcer à un suicide révolutionnaire. Dixit Leone à nouveau, « L’intellectuel finit toujours par baiser le peon ».
pour finir sur l’étreinte finale des deux amis, Sean et Juan se feront l’un à l’autre de bons coups de pute, mais resteront unis jusqu’au bout de leur destin commun.
Sergio Léone a souvent dit en quelle grande estime il tenait John Ford, et les fameux flashbacks irlandais sont un bel hommage au réalisateur de L’Homme Tranquille et du Mouchard. Ces flashbacks ajoutent une touche très poétique au film, l’équilibrent par leur force émotionnelle. Ils nous racontent une histoire d’amour, de jeunesse et de trahison mais, comme le Dr Villega, l’ami irlandais de Sean paiera sa traîtrise d’une mort honorable.
Scène souvent coupée, le dernier flash-back est très beau mais assez ambiguë.
Est-ce un rêve de réconciliation, ou un souvenir réel ?
Sean y étreint la jeune femme, l’embrasse puis, de ses bras, la remet aux bras de son ami qui l’embrasse à son tour. La scène se produit alors que Sean Mallory vient de dire adieu à Juan Miranda et Sergio Léone l’explique comme une sorte de transmission de flambeau, cette jeune femme symbolisant l’idéal de la révolution que tous veulent étreindre à leur tour. Elle est peut-être aussi le symbole de l’amitié de ces frères d’armes.
Si Il était une fois l’Amérique est l’aboutissement de la méditation pessimiste de Sergio Léone, Il était une fois la révolution reste un rêve, celui d’un homme pessimiste qui sait où la raison se trouve, mais qui rêve encore. Noodles sera trahi par cupidité, le traître ne méritera plus de mort honorable et se jettera lui-même à la poubelle. A Noodles, il ne restera que l’opium pour rêver que son futur ressemblera à son enfance. Sean fait la révolution et peut au moins partir glorieusement en fumée.
Un lien vers un beau texte de Roberto Donati, un des scénaristes de Sergio Léone, sur la nostalgie dans les films de Sergio Léone:
Nostalgia in the films of Sergio Léone
Dernière modification par Phnom&Penh le 6 août 08, 20:42, modifié 1 fois.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker